ILYA15ANS,LEPONTDEL’EUROPE(1/7) Jospininaugurele100...

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Il y a 15 ans, Orléans inaugurait le pont de l’Europe. Si l’ouvrage fait aujourd’hui (quasi- ment) l’unanimité, il est sorti de terre dans la douleur. La Rep re- vient, toute la semaine, sur l’histoire de cette construction monu- mentale, la dernière réalisée à Orléans. IL Y A 15 ANS, LE PONT DE L’EUROPE (1/7) Jospin inaugure le 100 e pont sur la Loire Florent Buisson [email protected] O rléans est entré dans l’an 2000 un peu plus tard que les autres. C’était un jour de novembre, le 20, exacte- ment. Le moment choisi par la ville pour inaugurer son quatrième pont, le 100 e construit sur la Loire. Une liaison attendue entre le nord de l’aggloméra- tion, à Saint-Jean-de-la- Ruelle, et le sud, à Saint- Pryvé-Saint-Mesmin. Et une petite révolution pour des générations, habituées à faire le tour de la ville, ou presque, pour rejoindre la rive sud. 5.300 tonnes Mastodonte de 5.300 tonnes tant désiré par le maire Jean-Pierre Sueur (PS), et dessiné par l’architecte Santiago Cala- trava, le pont de l’Europe a les honneurs du Premier ministre, Lionel Jospin (PS), en cette fin novem- bre 2000. Un invité de marque qui franchit la Loire en bus, puis à pied, en fin de matinée, après une arrivée en hélicoptère. Les tireurs d’élite du Raid sont déjà là depuis un moment. Leurs collègues de la police traditionnelle quadrillent l’endroit pour contenir la grogne sociale. Et les ministres qui ac- compagnent leur chef ba- taillent pour ne pas être écrasés par la foule. Lo- quace, Lionel Jospin im- provise un point presse avant de le suspendre, manu militari, pour une question sur la vache folle (nous sommes toujours en 2000…). La traversée re- prend, il signe quelques autographes, puis dévoile une plaque. La seconde, côté sud, cette fois. Dans son discours, le Premier ministre vient cé- lébrer « une nouvelle mo- dernité urbaine », symbo- lisée par le pont, donc, et par le tramway, inauguré le même jour. Jean-Pierre Sueur, lui, si- gne un discours en forme de legs. Mais garde un pied dans le présent, pour répondre aux critiques, et un œil sur l’avenir. « Construire un pont sur la Loire n’est pas chose fa- cile. Il suffit de choisir un site pour qu’on vous expli- que que ce n’est pas le bon. […] Que sera la nou- velle urbanité du XXI e siè- cle ? À nous de concevoir et de multiplier aujour- d’hui les concours d’urba- nisme et d’architecture, ainsi que les dialogues ci- toyens, puisqu’il s’agit à la fois d’art et de démocra- tie. » Le lendemain, dès 7 heures, les voitures s’emparent du pont. La vie de la ville reprend le des- sus. DEMAIN Demain, le « papa » du pont de l’Europe. JOUR J. Le 20 novembre 2000, le pont de l’Europe est inauguré. Le 21, les premières voitures l’empruntent, dès 7 heures. ARCHIVES 1994 Le schéma directeur de l’agglomération orléanaise envisage la construction d’un quatrième pont se « raccrochant au nord de la porte de Blois (RN 152), au faubourg Madeleine et à la tangentielle ouest. » 7 juin 1996 Les élus de l’ancêtre de la communauté d’agglomération orléanaise actent le principe d’un « pont à l’ouest » de l’agglomération. Juillet 1998 Le projet définitif est approuvé en 1997 et les travaux débutent en juillet 1998. 20/11/2000 Avec 4 mois de retard, le pont est inauguré. ÉTAPE PAR ÉTAPE

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    8 LUNDI 19 OCTOBRE 2015 LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE

    Orléans Vivre sa ville

    938932

    Il y a 15 ans, Orléansinaugurait le pont del’Europe. Si l’ouvragefait aujourd’hui (quasiment) l’unanimité, ilest sorti de terre dansla douleur. La Rep revient, toute la semaine,sur l’histoire de cetteconstruction monumentale, la dernièreréalisée à Orléans.

    IL Y A 15 ANS, LE PONT DE L’EUROPE (1/7)

    Jospin inaugure le 100e pont sur la Loire

    Florent [email protected]

    O rléans est entré dansl ’ a n 2 0 0 0 u n p e up l u s t a rd q u e l e sautres. C’était un jour denovembre, le 20, exactement. Le moment choisipar la ville pour inaugurerson quatrième pont, le100e construit sur la Loire.Une liaison attendue entrele nord de l’agglomération, à SaintJeandelaRuelle, et le sud, à SaintPryvéSaintMesmin. Etune petite révolution pourdes générations, habituéesà faire le tour de la ville,ou presque, pour rejoindrela rive sud.

    5.300 tonnesM a s t o d o n t e d e

    5.300 tonnes tant désirépar le maire JeanPierreSueur (PS), et dessiné parl’architecte Santiago Calatrava, le pont de l’Europea les honneurs du Premierministre, Lionel Jospin(PS), en cette fin novem

    bre 2000. Un invité demarque qui franchit laLoire en bus, puis à pied,en fin de matinée, aprèsune arrivée en hélicoptère.Les tireurs d’élite du Raidsont déjà là depuis unmoment. Leurs collèguesde la police traditionnellequadrillent l’endroit pourcontenir la grogne sociale.

    Et les ministres qui accompagnent leur chef ba

    taillent pour ne pas êtreécrasés par la foule. Loquace, Lionel Jospin improvise un point presseavant de le suspendre,manu militari, pour unequestion sur la vache folle(nous sommes toujours en2000…). La traversée reprend, il signe quelquesautographes, puis dévoileune plaque. La seconde,côté sud, cette fois.

    Dans son discours, lePremier ministre vient célébrer « une nouvelle modernité urbaine », symbolisée par le pont, donc, etpar le tramway, inauguréle même jour.

    JeanPierre Sueur, lui, signe un discours en formede legs. Mais garde unpied dans le présent, pourrépondre aux critiques, etu n œ i l s u r l ’ a v e n i r .

    « Construire un pont surla Loire n’est pas chose facile. Il suffit de choisir unsite pour qu’on vous explique que ce n’est pas lebon. […] Que sera la nouvelle urbanité du XXIe siècle ? À nous de concevoiret de multiplier aujourd’hui les concours d’urbanisme et d’architecture,ainsi que les dialogues citoyens, puisqu’il s’agit à la

    fois d’art et de démocratie. »

    L e l e n d e m a i n , d è s7 h e u re s, l e s vo i t u re ss’emparent du pont. La viede la ville reprend le dessus. ■

    ■ DEMAIN

    Demain, le « papa » dupont de l’Europe.

    JOUR J. Le 20 novembre 2000, le pont de l’Europe est inauguré. Le 21, les premières voitures l’empruntent, dès 7 heures. ARCHIVES

    1994Le schéma directeur del’agglomérationorléanaise envisage laconstruction d’unquatrième pont se« raccrochant au nord dela porte de Blois (RN 152),au faubourg Madeleine età la tangentielle ouest. »

    7 juin 1996Les élus de l’ancêtre de laLes élus de l’ancêtre de la7 juin 1996communautéd’agglomérationorléanaise actent leprincipe d’un « pont àl’ouest » del’agglomération.

    Juillet 1998Le projet définitif estapprouvé en 1997 et lestravaux débutent enjuillet 1998.

    20/11/2000Avec 4 mois de retard, lepont est inauguré.

    ■ ÉTAPEPAR ÉTAPE

    Dernier jour pour le salon Terre naturelle

    PARC DES EXPOSITIONS. Le rideau ne tombera que ce soir sur le salon Terre naturelle. Déjà, l’édition 2015 estun succès avec une fréquentation à la hausse. Cela n’a rien d’étonnant puisque le marché du bio en Franceconnaît une croissance annuelle de 10 %. Les 130 exposants présents au parc des expositions ont pu leconstater.Aujourd’hui, deux conférences sont organisées dans le hall 2 : « Un esprit serein dans un corps sain » à14 heures, puis « Confiance en soi, mieux être au quotidien autant sur le plan physique que psychique » à15 heures.Horaires : de 10 heures à 18 heures. Entrée : 5 euros pour les adultes. Gratuit jusqu’à 12 ans.

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    « Cette œuvre amagnifié le paysage »

    Florent [email protected]

    L e pont de l’Europe,c’est son (grand) bébé.Je a n P i e r re Su e u r,maire d’Orléans de 1989 à2001, et ancien patron del’agglomération, est àl’origine de la construction du 100e pont sur laLoire.

    « Il a été contesté dès ledépart, se souvient le sénateur PS du Loiret. Iln’était jamais au bon endroit. Certains le voulaientplus sur la droite, d’autresplus sur la gauche. Maisnous l’avons fait là carc’était une manière d’avoirun franchissement duf l e u v e à l ’ o u e s t d el’agglo. »

    Il fallait faire gagner du

    temps aux automobilisteset désengorger le trafic.Mais l’ancien maire voulait aussi une œuvre quimarque son temps. « Unbel ouvrage architectural,

    p o u r q u e l ’ œ u v r e d el’homme soit harmoniséeavec celle de la nature. Onavait le choix entre deuxprojets. Un avec l’arche,telle qu’on la connaît, unautre où elle se situait en

    dessous du pont. Aprèsune journée de discussions, nous avons penchépour le projet le plus ambitieux. Nous avons eu raison, c’est une œuvre qui a

    magnifié le paysage, il n’ya qu’à voir les milliers depersonnes qui le prennenten photo. »

    Au panthéon de ses réal i s a t i o n s, Je a n P i e r reSueur ne fait pas de hié

    rarchie, mais confie avoirun faible architecturalpour la médiathèque, et lepont de l’Europe. « Symbole d’une ville tournéevers le passé et l’avenir. »Et dont il a aussi choisi lenom.

    Ce pont qui nemènera nulle partLes résistances ont pour

    tant été grandes. « On medisait que ça allait porterpréjudice à la Loire, quece pont ne mènerait nullepart. Je constate doncqu’aujourd’hui, 20.000automobilistes vont nullepart, tous les jours… L’opposition voulait une 2 fois2 voies jusqu’au carrefourd’Auchan. Mais c’est uneidée des années 50. Il fauttoujours tenir bon devantles contestations, sinon onne fait rien… »

    Un projet de cette ampleur seraitil faisableaujourd’hui ? « Bien sûr,on peut encore investir.De grands projets sonttoujours possibles… » ■

    ■ DEMAIN

    Portrait d’un couple d’an-ciens riverains, amoureuxdu pont…

    BÂTISSEUR. Jean-Pierre Sueur fut à l’origine du pont, lorsqu’il était maire d’Orléans et patron de l’agglo, dans les années 90. A.M.

    Il y a 15 ans, Orléansinaugurait le pont del’Europe. Si l’ouvragefait aujourd’hui (quasiment) l’unanimité, ilest sorti de terre dansla douleur. La Rep revient, toute la semaine,sur l’histoire de cetteconstruction monumentale, la dernièreréalisée à Orléans.

    IL Y A 15 ANS, LE PONT DE L’EUROPE (2/7)

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    10 MERCREDI 21 OCTOBRE 2015 LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE

    Orléans Vivre sa ville

    Les Moret, amoureux fous du pont

    Florent [email protected]

    S ur la table de la cuisin e, d o n t l a n a p p edessine la carte d’Orléans, des dizaines de coupures de presse et un grosalbum photos.

    Chez JeanClaude etFrançoise Moret, 78 et76 ans, on vouerait presque un culte au pont del’Europe.

    Pour bien comprendre, ilfaut revenir en arrière, à lafin des années 1990. Del e u r a p p a r t e m e n t , a u5e étage d’un immeuble dela rue Gambetta, les jeunes retraités ont alors unevue imprenable sur lechantier en cours.

    « Nous étions les seulsdu quartier à aimer ce

    projet, raconte Françoise,d’une voix douce, couvantd’un regard bienveillantles photos de l’ouvrage.On se faisait engueuler parnos voisins qui trouvaientl e s t r a v a u x g ê n a n t s ,bruyants, et le pont tropcher ! »

    Amoureux de ce qu’on

    a p p e l l e a l o r s l e p o n touest, le couple convertitrapidement toute la famille. « On emmenait nospetitsenfants sur le chantier, sourit JeanClaude.O n p a r l a i t a v e c l e souvriers, ils nous connaissaient… On voulait montrer aux enfants ce que

    pouvait être une construction de cette ampleur, dud é b u t à l a f i n . E t i l souvraient de grands yeuxà chaque fois… »

    Pe n d a n t d e u x a n s e tdemi, ils suivent l’évolution du chantier pas à pas.« On y allait la nuit, parfois tout était éclairé… Lescouleurs, les matériaux,

    quel spectacle, s’extasieFrançoise. Ça peut paraître bizarre et nous nesommes peutêtre pascomme tout le monde,mais ce pont, c’était aussiune porte ouverte sur lanature, de l’autre côté dela rive. »

    Comme beaucoup, lecouple a connu des épreu

    ves, lui combattant en Algérie, elle, fille d’un papafait prisonnier pendant laSeconde Guerre mondiale.« Alors des gens qui bataillent pour un pont… »,souffle JeanClaude. Puisle ton s’adoucit. « Ce pont,c’ e s t a u s s i l a l i b e r t é ,l’ouverture vers les autres,deux villes qui se touchent… »

    « C’est comme s’ilétait un peu à nous »Une passion qui résume

    leur philosophie de vie.« On essaie de ne pas être,pardonnez l’expression,des “vieux cons”, souritmadame. De continuer àaller vers les gens… »

    Les Moret ont changé dequartier depuis une dizaine d’années et vivent àplusieurs kilomètres dupont de l’Europe. « On nele voit plus chaque jour,mais c’est comme s’il étaitun peu “à nous”, et on estheureux à chaque foisqu’on peut l’emprunter. » ■

    ■ DEMAIN

    Retour sur le chantier tita-nesque du pont de l’Euro-pe, qui a duré 27 mois.

    PASSIONNÉS. Jean-Claude et Françoise Moret, 78 et 76 ans, vouent presque un culte au pont de l’Europe. PHOTO F.B.

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    Il y a 15 ans, Orléansinaugurait le pont del’Europe. Si l’ouvragefait aujourd’hui (quasiment) l’unanimité, ilest sorti de terre dansla douleur. La Rep revient, toute la semaine,sur l’histoire de cetteconstruction monumentale, la dernièreréalisée à Orléans.

    IL Y A 15 ANS, LE PONT DE L’EUROPE (3/7)

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    LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE JEUDI 22 OCTOBRE 2015 11

    Il y a 15 ans, le pont de l'Europe

    Il y a 15 ans, Orléansinaugurait le pont del’Europe. Si l’ouvragefait aujourd’hui (quasiment) l’unanimité, ilest sorti de terre dansla douleur. La Rep revient, toute la semaine,sur l’histoire de cetteconstruction monumentale, la dernièreréalisée à Orléans.

    ARCHITECTURE. L’arc, culminant à 25 mètres de haut et s’étalant sur plusieurs dizaines de mètres, a dû être attaché à 28 paires de câbles en acier (suspentes), espacées de quatre mètres chacune.

    QUOTIDIEN. Une plateforme était installée en Loire pour permettre aux ouvriers de travailler.

    Vingt-sept mois d’un chantier titanesque

    Florent [email protected]

    J uillet 1998, vous voussouvenez ? Si, pourbeaucoup, cette daterenvoie à la Coupe dumonde de football, elle signe aussi, plus près denous à Orléans, le débutdes travaux du pont del’Europe. Un chantier titanesque et complexe.

    D’abord parce que l’architecte, Santiago Calatrava, a dessiné un projetaussi esthétique que compliqué à réaliser.

    Un pont de 470 mètresde long, reposant sur deuxtripodes, et surplombéd’un arc de 25 mètres, incliné vers l’ouest de 22°,tenu par 28 câbles d’acier.

    Tout ça sur un sol trouéqui donnera du fil à retordre aux constructeurs, etentraînera un surcoût deplusieurs millions d’euros.L’exDirection départementale de l’équipementayant minimisé les travaux

    de fondation.La construction métalli

    que est finalement confiéeà l’entreprise belge VictorBuyck Steel. L’exécutiondes travaux généraux est àla charge de Chantiersmodernes.

    Une piste de bétonUne piste de béton est

    d’abord installée en Loirepour faciliter le travail desouvr iers. À l’automne1998, on débute les travaux de fondation qui dureront 6 mois et nécessiteront 17.000 m3 de béton,contre 4.000 prévus à l’origine. Les aménagementsliés aux appuis du pontont débuté à la même période, jusqu’à l’été 1999.C’est aussi à ce momentlà que démarre la phased’installation sur le site dutablier métallique, pourun an. Les travaux propresà l’ouvrage s’étaleront jusqu’au début de l’an 2000.La mise en service sera effective le 21 novembre,avec 3 mois de retard.

    Entretemps, des fouillesarchéologiques ont permisde dater la première occupation humaine du site,au IXe siècle. De quoi relativiser un peu l’ampleurde l’entreprise. ■

    DEMAIN

    Portrait de l’architecte,Santiago Calatrava.CALENDRIER. Les travaux de fondations du tripode sud, en mai 1999. 17.000 m3 de béton ont été

    nécessaires selon l’entreprise Chantier modernes, 4 fois plus que les 4.000 m3 prévus. ARCHIVES

    PANNEAUX. L’ampleur du chantier a nécessité l’installation d’une signalisation spécifique.

    17.000Il a fallu 17.000 mètrescubes de béton pourconstruire le pont.

    122convois exceptionnelspour acheminer lespièces d’acier.

    15tonnes de peintureutilisée sur l’ouvrage.

    470,60La longueur totale dupont. La chausséecomprend une chaus-sée à 4 voies de3,50 m et 3 m, et2 pistes piétons-vélos,de 3,50 m de largeur.

    65millions d’euros(341 millions de francsde l’époque), le coûtque représenteraitaujourd’hui le pont,voirie et éclairagecompris (avec l’infla-tion), 10 millions deplus que prévus.

    27En mois, la duréetotale des travaux,contre 24 à l’origine.

    ■ EN CHIFFRES

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    10 VENDREDI 23 OCTOBRE 2015 LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE

    Orléans Vivre sa ville

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    Santiago Calatrava, génie controversé

    Florent [email protected]

    L’ al lure du pont del’Europe n’a jamaislaissé personne indifférent. Cette singularité,on la doit à l’architecte espagnol Santiago Calatrava.

    À la fin des années 1990,quand l’ancêtre de l’AgglOsélectionne l’un de sesprojets pour la réalisationdu pont ouest, elle choisitune valeur montante del’architecture mondiale.

    L’homme, né en 1951 àValence, est déjà reconnu.On lui doit de nombreuxponts, dont celui de Séville, l’Alamillo, en 1992,ou la gare TGV desservantl ’ a é r o p o r t d e Sa t o l a s(aujourd’hui SaintExupéry), à Lyon, en 1994.

    Architecte ingénieur et

    designer urbain, SantiagoCalatrava verra ensuite sacarrière décoller. De TelAviv à Dublin, en passantpar Malmö, on s’arracheses dessins aériens, prenant souvent la formed’oiseaux préhistoriques.Il devient l’un des plus célèbres architectes du monde.

    Star mondialede l’architecture

    Mais s’i l est reconnupour son immense talent,il est aussi régulièrementsous le feu des critiques,car la plupart de ces projets voient leur budget initial s’envoler, eux aussi…

    Dernier exemple en date,la magnifique gare construite sur l’ancien site duWorld Trade Center, à NewYork. Un projet pharaonique dont le coût a faits’arracher les cheveux desAméricains. Décidée en2004, pour 2 milliards dedollars, elle n’ouvrira entièrement que dans quelques semaines et auracoûté 4 milliards !Lui rejette la faute sur leconstructeur, mais sa ré

    putation est faite.À Valence, sa ville natale,

    un parti d’extrême gauchea créé un site internet uniquement pour critiquerses projets, accusés d’avoirplombé une partie descomptes publics. Santiago

    Calatrava a d’ailleurs fermé son bureau en Espagne (comme à Paris) pourse concentrer sur Zurich,New York et Doha.

    Parallèlement à cela, il areçu il y a quelques semaines le prix européen de

    l’architecture, pour l’ensemble de son œuvre.

    « Il est admiré…mais secrètement »« Auprès des profession

    nels, il est regardé avecadmiration, mais secrète

    ment, explique JeanPhilippe Hugron, journalisteau “Courrier de l’architecte”. C’est un peu honteuxde l’admirer. Dans un contexte de contraintes budgétaires, ses projets, dontles budgets explosent etqui subissent certainsdommages, sont vus d’unmauvais œil. Il a des tonnes de casseroles, maisquand les Américains l’ontchoisi, par exemple, ils lesavaient. Il fait partie des10 ou 20 architectes mondiaux, comme Jean Nouvel, capables de faire acc e p t e r d e s b u d g e t sénormes. »

    Au milieu de ses dizainesd’œuvres aussi superbesque controversées, le pontde l’Europe, si beau soitil,ne restera pas commel’une des plus emblématiques. « De lui, en France,on connaît surtout la garede SaintExupéry à Lyon,ajoute JeanPhilippe Hugron. Le pont de l’Europeà Orléans, on en a entendu parler, pas plus. » ■

    ■ DEMAIN

    Retour sur les polémi-ques créées par le pont.

    DESSIN. Le concepteur du pont de l’Europe est l’un des architectes les plus célèbres au monde…et l’un des plus critiqués. DR

    Il y a 15 ans, Orléansinaugurait le pont del’Europe. Si l’ouvragefait aujourd’hui (quasiment) l’unanimité, ilest sorti de terre dansla douleur. La Rep revient, toute la semaine,sur l’histoire de cetteconstruction monumentale, la dernièreréalisée à Orléans.

    IL Y A 15 ANS, LE PONT DE L’EUROPE (5/7)

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    10 SAMEDI 24 OCTOBRE 2015 LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE

    Orléans Vivre sa ville

    Le pont enjambe aussi les polémiques

    Florent [email protected]

    A vant même de sortirde terre, le pont del’Europe déclenchaitdéjà les polémiques.

    « Un pont qui ne sert àrien, ne mènera nulle partet portera préjudice à lanature environnante »pouvaiton entendre alors,dans la bouche des adversaires politiques de JeanPierre Sueur, maire PSd’Orléans, à l’initiative duprojet.

    « Mon adversaire lors deslégislatives de 1997, Antoine Carré (UDFPR), avaitmême fait campagne surle thème “Non au pont”,se souvient l’actuel sénateur, et il avait gagné depeu… »

    À la fin des années 1990,le socialiste est aussi attaqué sur sa gauche, par lecommuniste Michel Guérin, maire de Saran, quijuge le projet trop coûteux

    e t l u i a u r a i t p r é f é r é« l’ouverture gratuite del’autoroute au trafic urbain ».

    À la même période, lagrogne sociale s’ajoute aux

    contestations politiques.Des salariés de l’entre

    prise locale BaudinChâteauneuf, spécialisée dansla construction de structures de ponts, protestent

    contre cet ouvrage dont laréalisation a été confiée àun groupe francobelge.Au son de « l’architecte estespagnol, le pont sera belge et les chômeurs français », ils manifestent auxportes de la mairie d’Orléans.

    « Baudin était beaucoupplus cher que ses concurre n t s » , e x p l i q u e n t , àl’époque, les responsablesde l’intercommunalité orl é a n a i s e ( L a R e p’ d u14 mai 1998).

    Une affairejuridicofinancière

    Pourtant, c’est le surcoûtfinal du pont qui fera débat quelques années plustard. Le budget a été dépassé d’une dizaine demillions d’euros (*), en intégrant les dédommagements que l’AgglO et l’Étatont dû payer à certainesentreprises. Chantiers modernes, chargée des fondations, par exemple, a dûengager des frais supplémentaires pour couvrirdes dépenses imputables

    à certains imprévus.Après plusieurs années

    de procédure, le tribunaladministratif d’Orléans adonné partiellement raison aux entreprises, en2008, condamnant l’AgglO(et l’État, dont les servicesg é r a i e n t l a m a î t r i s ed’œuvre du pont) à leurverser plusieurs millionsd’euros.

    Sur le coût final, JeanPierre Sueur se fait moinsdisert, expliquant que lebudget a été « dépassé,mais pas énormément ».

    S’il fait quasiment l’unanimité aujourd’hui, lepont de l’Europe continued’agacer, en raison de problèmes de circulation oudes factures d’entretiennotamment.

    Son dernier gros lifting,en 2012, a coûté 500.000 €hors taxe. ■

    (*) Le coût du pont est estimé à65 millions d’euros, en 2015, soit341 millions de francs de l’époque.

    ■ DEMAIN

    Dernier volet de notre sé-rie, consacré à l’avenir dusite, et de la tête nord dupont notamment.

    AUJOURD’HUI. Les travaux d’entretien sont encore parfois pointés du doigt. ARCHIVES

    Il y a 15 ans, Orléansinaugurait le pont del’Europe. Si l’ouvragefait aujourd’hui (quasiment) l’unanimité, ilest sorti de terre dansla douleur. La Rep revient, toute la semaine,sur l’histoire de cetteconstruction monumentale, la dernièreréalisée à Orléans.

    IL Y A 15 ANS, LE PONT DE L’EUROPE (6/7)

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    IL Y A 15 ANS, LE PONT DE L’EUROPE (7/7)

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    L e pont de l’Europe,achevé et inauguré en2 0 0 0 . J e a n P i e r r eSueur terminait son second mandat de maired’Orléans et en briguaitun troisième. Pour aménager la « tête » du pont, ceno man’s land entre Orléans et SaintJeandelaRuelle, l’élu socialiste avaitenvisagé d’y dresser « unsignal » architectural, répondant au pont et marquant l’entrée de la ville.« Je ne dis pas que c’étaitle meilleur projet… »

    Mais depuis, pas unepremière pierre n’a été pos é e s u r c e s 7 . 7 0 0 à9.000 m2 (hors voiries). Et

    les difficultés de circulat i o n s e p o s e n t , e l l e ,aux heures de pointe, surce carrefour où transitent20.000 véhicules quotidiennement.

    Le projet a été retardé à

    plusieurs reprises. Par lestravaux pour le passage dela seconde ligne de tram,d’abord. Plusieurs étudesont été menées pour fluidifier le trafic. Sans qu’unprojet ne soit clairement

    arrêté par les deux communes d’Orléans et SaintJeandelaRuelle, à la table des négociations avecl’AgglO. Car si le secteurest d’abord orléanais, lacommune voisine doit

    aménager la friche TRW.L’an dernier, le Crédit

    Mutuel voisin avait envisagé de déménager dansu n e t o u r v i t r é e d’ u n equinzaine d’étages au débouché du pont. Finalement, avançant des raisons de coût, la banque arenoncé. Sur le site de lamairie d’Orléans, on peuttoujours voir l’esquisse decette construction.

    « Il n’y a pasd’atermoiements »« Ça fait plus de 10 ans

    qu’on parle de cette affaire ! On nous parle d’ambition urbanistique, où eneston ? Il faut qu’on sortedes atermoiements dansce dossier ! », lançait Corinne LeveleuxTeixeira,conseillère municipaled’opposition PS, lors dudernier conseil. Sèchement reprise par OlivierCarré (Les Républicains) :« Il n’y a pas d’atermoiements, pour l’instant, il y ades fouilles. » De fait, desfouilles archéologiquesont été conduites cette année, en prévision d’unaménagement à venir. « Ily a quelques semaines,Orléans, SaintJeandelaRuel le et l ’AgglO sont

    tombées d’accord. Aujourd’hui, on peut proposerles terrains », avait ajoutéle maire d’Orléans.

    Il a détaillé encore sonpropos lors du conseild’agglomération, cette semaine : « Des emprisesont été définies. Il faudrarecalibrer, fermer, ouvrirdes voies. Un schéma surlequel des architectes peuvent commencer à travailler, dès lors que nousavons des promesses…L’endroit est assez emblématique. Sa vocation est àl’activité économique plusqu’à l’habitat », atil conf i r m é . C o m p l é t é p a rChristophe Chaillou, maire PS de SaintJeandelaRuelle : « C’est un projet àlong terme. À la pointe Renault, on veut réaliser unespace vert ; une Agora.L’idée est de l’ouvrir progressivement. »

    Côté sud, la bretelle quidevait rejoindre l’A 71a p r è s c r é a t i o n d ’ u néchangeur au niveau deSaintPryvéSaintMesminn’a jamais vu le jour, endépit de la convention signée entre l’AgglO, l’État,la région CentreVal deLoire et Cofiroute. ■

    FRICHE. Depuis quinze ans, la tête nord du pont de l’Europe ressemble à un terrain vague. ARCHIVE

    Il y a 15 ans, Orléansinaugurait le pont del’Europe. Si l’ouvragefait aujourd’hui (quasiment) l’unanimité, ilest sorti de terre dansla douleur. La Rep’ revient, toute la semaine,sur l’histoire de cetteconstruction monumentale, la dernièreréalisée à Orléans.

    151020_rc_pont-europe.pdfSans titre