Le regard de Tolga Sezgin - Revue Place publique Rennes · 2016-11-12 · puis part en Irak, à la...

6
Tolga Sezgin est un photographe turc. En février, à l’occasion du festival Travelling, consacré au cinéma turc, il a exposé au Carré d’art du Centre culturel Pôle Sud à Chartres-de-Bretagne, sous le ti- tre « Fragments d’Istanbul », sa production et celle de quatre autres photographes indépendants du collectif Nar Photos. Invité à résider quelques jours à Rennes, il a été accompagné par le groupe de pho- tographes rennais « Il pleut encore ». Il a travaillé à Chartres-de-Bre- tagne, à Saint-Jacques-de-la-Lande et à Rennes et a été enthousiasmé à l’idée de publier dans Place Publique. Tolga Sezgin a 37 ans, les yeux bleus et le cheveu fou. Il vit sur une petite île proche d’Istanbul où il est né. Il a découvert tardivement la photographie, après des études de chimie. Il s’est formé seul, entamant en 1998 un projet à portée documentaire et sociale sur les enfants des rues. Puis il a suivi pendant trois ans un cours de photojournalisme organisé par World Press Photo. Photographe engagé, il a participé au projet Merhabarev qui groupait des photographes turcs et arméniens puis part en Irak, à la veille de la guerre, en suivant des personnes vo- lontaires pour servir de « boucliers humains ». « Durant mon séjour à Rennes, j’ai travaillé, dit-il, dans trois lieux dif- férents. Chartres-de-Bretagne a été ma première rencontre avec la Bretagne. Grâce à mon guide, François, j’ai découvert une ville calme, tran- quille, organisée, verte, où enfants et personnes âgées se côtoient. Je crois que je suis de ceux qui apprécient une ville suivant la place qu’elle accorde dans la vie quotidienne aux personnes âgées et aux en- fants. Mon ignorance de la langue et l’effort de compréhension qu’il m’a fallu fournir m’ont contraint à suivre certaines situations à dis- tance. Cela transparaît d’ailleurs sur mes photos. Ma deuxième découverte fut Saint-Jacques-de-la-Lande que j’ai res- sentie comme une candidate à être l’un des centres alternatifs que la transformation urbaine a créés autour de la ville-centre. C’est pour moi une nouvelle représentation de la société postmoderne. Le temps que j’ai passé à Rennes fut très différent. Il était plus facile de me mêler à la foule. C’est là que j’ai réalisé mes prises de vus en plans rapprochés. Au milieu d’une architecture de différentes époques, je me suis parfois cru sur le tournage d’un film. Il est évident qu’en si peu de temps, il est difficile de toucher l’histoire réelle des lieux. Peut-être faut-il lire ces photos comme le regard furtif d’un photo- graphe, voyageur étranger qui traverse la ville. J’espère avoir un jour l’occasion de prendre le temps de fixer davantage mon regard sur votre belle ville » TOLGA SEZGIN Le regard de Tolga Sezgin Rennes

Transcript of Le regard de Tolga Sezgin - Revue Place publique Rennes · 2016-11-12 · puis part en Irak, à la...

Page 1: Le regard de Tolga Sezgin - Revue Place publique Rennes · 2016-11-12 · puis part en Irak, à la veille de la guerre, en suivant des personnes vo-lontaires pour servir de « boucliers

Tolga Sezgin est un photographe turc. En février, à l’occasion dufestival Travelling, consacré au cinéma turc, il a exposé au Carréd’art du Centre culturel Pôle Sud à Chartres-de-Bretagne, sous le ti-tre « Fragments d’Istanbul », sa production et celle de quatre autresphotographes indépendants du collectif Nar Photos. Invité à résiderquelques jours à Rennes, il a été accompagné par le groupe de pho-tographes rennais « Il pleut encore ». Il a travaillé à Chartres-de-Bre-tagne, à Saint-Jacques-de-la-Lande et à Rennes et a été enthousiasméà l’idée de publier dans Place Publique.Tolga Sezgin a 37 ans, les yeux bleus et le cheveu fou. Il vit sur unepetite île proche d’Istanbul où il est né. Il a découvert tardivement laphotographie, après des études de chimie. Il s’est formé seul, entamanten 1998 un projet à portée documentaire et sociale sur les enfants desrues. Puis il a suivi pendant trois ans un cours de photojournalismeorganisé par World Press Photo. Photographe engagé, il a participé auprojet Merhabarev qui groupait des photographes turcs et arménienspuis part en Irak, à la veille de la guerre, en suivant des personnes vo-lontaires pour servir de « boucliers humains ».

« Durant mon séjour à Rennes, j’ai travaillé, dit-il, dans trois lieux dif-férents.Chartres-de-Bretagne a été ma première rencontre avec la Bretagne.Grâce à mon guide, François, j’ai découvert une ville calme, tran-quille, organisée, verte, où enfants et personnes âgées se côtoient. Jecrois que je suis de ceux qui apprécient une ville suivant la placequ’elle accorde dans la vie quotidienne aux personnes âgées et aux en-fants. Mon ignorance de la langue et l’effort de compréhension qu’ilm’a fallu fournir m’ont contraint à suivre certaines situations à dis-tance. Cela transparaît d’ailleurs sur mes photos.Ma deuxième découverte fut Saint-Jacques-de-la-Lande que j’ai res-sentie comme une candidate à être l’un des centres alternatifs que latransformation urbaine a créés autour de la ville-centre. C’est pour moiune nouvelle représentation de la société postmoderne.Le temps que j’ai passé à Rennes fut très différent. Il était plus facilede me mêler à la foule. C’est là que j’ai réalisé mes prises de vus enplans rapprochés. Au milieu d’une architecture de différentes époques,je me suis parfois cru sur le tournage d’un film. Il est évident qu’en sipeu de temps, il est difficile de toucher l’histoire réelle des lieux.Peut-être faut-il lire ces photos comme le regard furtif d’un photo-graphe, voyageur étranger qui traverse la ville. J’espère avoir un jourl’occasion de prendre le temps de fixer davantage mon regard survotre belle ville »

TOLGA SEZGIN

Le regard de Tolga Sezgin

Rennes

Page 2: Le regard de Tolga Sezgin - Revue Place publique Rennes · 2016-11-12 · puis part en Irak, à la veille de la guerre, en suivant des personnes vo-lontaires pour servir de « boucliers

Rennes

Page 3: Le regard de Tolga Sezgin - Revue Place publique Rennes · 2016-11-12 · puis part en Irak, à la veille de la guerre, en suivant des personnes vo-lontaires pour servir de « boucliers

Chartres-de-Bretagne et Saint-Jacques-de-la-Lande.

Page 4: Le regard de Tolga Sezgin - Revue Place publique Rennes · 2016-11-12 · puis part en Irak, à la veille de la guerre, en suivant des personnes vo-lontaires pour servir de « boucliers

Chartres-de-Bretagne.

Page 5: Le regard de Tolga Sezgin - Revue Place publique Rennes · 2016-11-12 · puis part en Irak, à la veille de la guerre, en suivant des personnes vo-lontaires pour servir de « boucliers

Saint-Jacques-de-la-Lande en haut et Chartres-de-Bretagne en bas.

Page 6: Le regard de Tolga Sezgin - Revue Place publique Rennes · 2016-11-12 · puis part en Irak, à la veille de la guerre, en suivant des personnes vo-lontaires pour servir de « boucliers

Rennes