Les β-lactamases des Salmonella résistantes à l'ampicilline

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Ann. Microbiol. (Inst. Pasteur) 1984, 135 A, 229-238 LES g-LACTAMASES DES SALMONELLA RI~SISTANTES ~k L ' A M P I C I L L I N E par A. Philippon, G. Fournier, E. Cornel, G. Paul, L. Le Minor (*) et P. Nevot CHU Cochin, Service de Bactdriologie, 75674 Paris Cedex 14, el (*) Inslilut Pasteur, Service des Enldrobact~ries, INSERM U199, 75724 Paris Cedex 15 SUMMARY ~-LACTAMASES OF AMPICILLIN-RESISTANT (( SALMONELLA )) One hundred and five strains of Salmonella, including 103 clinical isolates, were examined for resistance to ~-lactams (ampieillin, earbeni- eillin). The resistance frequency was 5.9 and 40.6 %, respectively, according to the geographical source: France or Senegal. The mechanism of resistance to ~-lactam antibiotics was always related to the biosynthesis of one constitutive ~-laetamase (~la+). By analytical isoelectric focusing on gel of all crude sonic extracts, four types of enzymes were identified: TEM-1, TEM-2, OXA-1 and SHV-1. TEM-1, the most prevalent, was observed among 17 serotypes, TEM-2 among 3 including S. poona, and OXA-1 among 2 serotypes. SHV-1 was detected in all isolates of S. ordonez (38) but only among strains of this serotype. Among others factors involved in their distribution, differences were reported according to the geographical origin of the studied strains. In France, the three types, TEM-1, TEM-2 and OXA-1, were isolated only in the north. Moreover, the resistance frequency was 4-fold higher (7.3%) than in the south (1.8%). In Africa (Senegal), three types were indivi- dualized: TEM-1, TEM-2 and SHV-1. The SHV-1 type was only detected in clinical isolates of S. ordonez from Senegal, all of which were multi- resistant to other antibiotics (ehloramphenieol, sulfonamides and tetra- eyelines). KEY-WORDS: Salmonella, ~-Lactamase; Serotype, Geographical origin, Distribution. Manuscrit re~u le 22 juin 1983, accepts le 2 novembre 1983. Ann. Microbiol. (Inst. Pasteur), 135 A, n ~ 2, 1984. 16

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Ann. Microbiol. (Inst. Pasteur) 1984, 135 A, 229-238

LES g -LACTAMASES DES S A L M O N E L L A R I ~ S I S T A N T E S

~k L ' A M P I C I L L I N E

par A. Philippon, G. Fournier, E. Cornel, G. Paul, L. Le Minor (*) et P. Nevot

CHU Cochin, Service de Bactdriologie, 75674 Paris Cedex 14, el (*) Inslilut Pasteur, Service des Enldrobact~ries,

I N S E R M U199, 75724 Paris Cedex 15

SUMMARY

~ - L A C T A M A S E S

OF A M P I C I L L I N - R E S I S T A N T (( S A L M O N E L L A ))

One hundred and five strains of Salmonella, including 103 clinical isolates, were examined for resistance to ~-lactams (ampieillin, earbeni- eillin). The resistance frequency was 5.9 and 40.6 %, respectively, according to the geographical source: France or Senegal. The mechanism of resistance to ~-lactam antibiotics was always related to the biosynthesis of one constitutive ~-laetamase (~la+). By analytical isoelectric focusing on gel of all crude sonic extracts, four types of enzymes were identified: TEM-1, TEM-2, OXA-1 and SHV-1. TEM-1, the most prevalent, was observed among 17 serotypes, TEM-2 among 3 including S. poona, and OXA-1 among 2 serotypes. SHV-1 was detected in all isolates of S. ordonez (38) bu t only among strains of this serotype.

Among others factors involved in their distribution, differences were reported according to the geographical origin of the studied strains. In France, the three types, TEM-1, TEM-2 and OXA-1, were isolated only in the north. Moreover, the resistance frequency was 4-fold higher (7.3%) than in the south (1.8%). In Africa (Senegal), three types were indivi- dualized: TEM-1, TEM-2 and SHV-1. The SHV-1 type was only detected in clinical isolates of S. ordonez from Senegal, all of which were multi- resistant to other antibiotics (ehloramphenieol, sulfonamides and tetra- eyelines).

KEY-WORDS: Salmonella, ~-Lactamase; Serotype, Geographical origin, Distribution.

Manuscr i t re~u le 22 ju in 1983, accep t s le 2 n o v e m b r e 1983.

Ann. Microbiol. (Inst. Pasteur), 135 A , n ~ 2, 1984. 16

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230 A. PHILIPPON ET COLL.

INTRODUCTION

L a r4sistance des bacilles Gram- A l 'ampicilline ou la carb6nicilline est en relation avec la biosynth6se de ~-lactamase (~la). Onze types d 'enzymes diff6rents sont connus. Ils peuvent 4tre class6s en trois cat6gories majeures (TEM, OXA et PSE). Les 6tudes de distribution actuellement publi6es mont ren t une pr6dominance des types TEM et OXA chez les ent6robact6ries [14] et celle du type PSE chez Pseudomonas aeruginosa [24], en particulier en France [20, 21]. Ce dernier type d 'enzyme a 6t6 r6cemment d6couvert [7] et sa d6nomination (Pseudomonas-specific enzyme ~ PSE), 6tait ini t ialement justifi6e par son h6te. Elle ne Pest plus parce que, d 'une part, les g6nes PSE peuvent ~tre exp4rimentalement transf6r4s

Escherichia coli et s 'y exprimer [7] et que, d 'autre part, la ~-lactamase de type PSE-1 a 6t6 trouv6e chez diff6rentes esp6ces d'ent6robact6ries dont les Salmonella [8, 16, 17].

En raison du caract6re ubiquiste des Salmonella et de la diversit6 de leurs r6servoirs (humain, animal, alimentaire, hydrique), nous avons 6tudi6 (1) la fr6quence de r6sistance aux ~-lactamines et (2) les types de ~-lactamases des souches r6sistantes ainsi que leur distribution en fonction du s6rotype et de l'origine g6ographique des souches productrices.

MATI~RIEL ET Mt~THODES

Souehes dludides.

On a 6tudi6 1 028 souches de Salmonella, dont 862 d'origine humaine, adress6es pour s6rotypie et/ou lysotypie au Centre National des Salmonella (Institut Pasteur, Paris), pendant la p6riode du 4 janvier au 12 mars 1980; 900 ont 6t6 isol6es en France m6tropolitaine et 128 au S6n6gal. Ces souehes ont 6t6 isol6es de malades diff6rents. I1 ne nous a pas 6t4 signal6 que plusieurs souches provenaient d'une m~me 6pid6rnie. On peut donc les consid6rer comme ind6pendantes malgr6 l'exis- tence, au S6n6gal, de S. ordonez ~t l'6tat end6mique depuis plus de 10 ann6es [23].

Milieu et antibiotiques.

Pour la s61ection des souches ampicilline-r6sistantes, une pr6culture d'une nuit en bouillon trypticase soja (Bio-M6rieux), dilu6e au 1/50e, a 6t6 ensemenc6e dans du bouillon Mueller-Hinton (Institut Pasteur Production), suppl6ment6 avec de l'ampicilline (Laboratoire Beecham-S6vign6) ~ la concentration finale de 20 rag/1. Les souches pour lesquelles une croissance visible a 6t6 observ6e, apr6s incubation sans agitation pendant 24 h ~ 37 ~ C, ont 6t6 gard6es en g61ose conservation (IPP). Les antibiogrammes ont 6t6 ensuite r6alis6s selon la technique usuelle de diffusion en g~lose sur le milieu de Mueller-Hinton (IPP). Les anti- biotiques test6s ont 6t6 l'ampieilline, la carb6nicilline, la t6tracycline, le chloram- ph6nicol, la gentamicine et les sulfamides (disques, IPP).

~la = ~ - lac tamase . PSE ~ Pseudornonas-specific enzyme.

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~-LACTAMASES DE SALMONELLA AMP-RESISTANT 231

D~leelion des ~-laciamases.

La culture en l'absence d'agent inducteur (~-lactamine), l'extraction des ~-lactamases et leur d6teetion par un proc6d~ iodom6trique en milieu g61os6, ont ~t~ r6alis6es selon le protocole ant6rieurement d6crit [10, 11].

J~lectro]oealisation analytique.

L'61ectrofocalisation analytique en gel de polyacrylamide a 6t4 r4alis6e selon la technique de Matthew et coll. [15]. La solution de polyampholytes (Servalyt) permet d'obtenir un gradient de pH s'4chelonnant de 4 fi 9,5. La dur4e d'61ectro- focalisation est d'environ 17 h sous un potentiel de 240 volts et une puissance de 3 watts. La d~tection de l'activit4 ~-lactamase dans l'extrait brut dont le volume de d6p6t est de 5 fi 10 ~1 a 6t6 effectu6e selon le proc4d6 iodom6trique d6jfi d6crit [9], dont la sensibilit4 permet de d6tecter une milliunit4 d'enzyme. Le type de ~-lactamase contenu clans les diff6rents extraits bruts des souches de Salmonella ampicilline-r6sistantes a 6t6 identifi6 par comparaison de la migra- tion avec celle d'extraits bruts de ~-lactamases plasmidiques de r4f6rence, dont le point iso~lectrique est mentionn6 entre parenth6ses : PSE-4, P. aeruginosa PAO38 pMG19 (5,3) ; TEM-1, E. coli K12 p l l l (5,4) ; TEM-2, E. coli K12 RP4 (5,6) ; PSE-1, P. aeruginosa PU21 R P L l l (5,7) ; OXA-1, E. coli K12 RGN238 (7,4) et SHV-1 (synonyme : type II Pitton), E. coli K12 p453 (7,7).

Rt~SULTATS

R~sultats globaux.

Cent cinq souches se sont montr6es r6sistantes h l 'ampicilline, la CMI ~tant sup6rieure ~ 16 mg/1 (fr4quence globale de r6sistanee : 10,2%). Cette r6sistance varie avec l'origine g6ographique des souches. Sur 900 souches isol6es en France, 53 sont r6sistantes (5,9%). Par eontre, sur les 128 souches d'origine s6n6galaise, 52 sont r6sistantes ; la fr6quence de r6sistanee est, dans cet 6chantillon, no tab lement plus 61ev6e (40,6%). Toutes les souehes r6sistantes ~ l 'ampieilline soar 6galement r6sistantes fi la carb6nicilline (CMI >128 mg/1). La r4sistance fi ces deux ~-lactamines est toujours en relation avec la pr6sence d 'une ~-lactamase const i tu t ive (~la+).

Distribution des souches ~la+.

La distr ibution des 105 souches de Salmonella ~la + est 6tablie selon le s6rogroupe, le s6rotype, le pays d'origine, la nature du produi t patho- logique et la provenance (humaine ou autre) ( tableau I).

Les souches ~la + ont 4t4 t rouv6es darts 6 s6rogroupes O e t 19 s6rotypes diff6rents chez les souches d'origine fran~aise. La dis t r ibut ion y est plus variable (5 s6rogroupes O, 16 s6rotypes) que chez les souches ~la + d'origine s6n6galaise qui appar t iennent fi 4 s6rogroupes O et 5 s6rotypes. La fr6- quence de r6sistance h l 'ampicilline est de 100 % pour S. ordonez et de 83,3 % pour S. poona.

On observe que 98,1% des souches ~la + sont d'origine humaine, 2 autres 6 tant d'origine animale et hydrique.

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TABLEAU I. - - Distribution des souches de << Salmonella >> ~la + en fonction du s~rogroupe, du s~rotype,

du pays d'origine et de la nature du pr~l~vement.

Groupe

N a t u r e du prdl~vement ~ la+/ tota l

S~rotype et or ig ine ( * ) S a n g Selles Urines Autres

B S. wien 4 / 5 F - - 3 1 - - S. saintpaul 1 / 2 6 1~" - - 1 - - - - S. lgphimurium 1 4 / 1 1 0 F 1 / 2 1 S - - 1 4 - - 1 (pus) S. bredeney 2 / 1 3 F - - 2 - - - -

S. brandenburg 1 / 4 3 F - - 1 - - - -

S. slanleyville 1 / 3 F - - 1 - - - -

C 1 S. infantis 4 / ! 4 F - - 4 - - - - C~ S. newport 1 / 2 9 F - - 1 - - - -

S. hadar 4 / 3 7 F - - 3 - - - 1 (pus)

D 1 S. dublin 1 0 / 2 8 F 1 9 - - - -

S. panama 4 / 9 5 F - - 4 - - - -

E I S. anatum 1 / 2 3 F - - 1 - - - -

E~ S. binza 1 / 1 F - - - - - - 1 (p intade) E 4 S. senftenberg 3 / 7 F 2 / 2 S - - 4 - - 1 (eau)

G 1 S. poona 1 0 / 1 2 S 4 5 - - 1 ( L C R )

G~ S. havana 1 / 1 F - - - - 1 - - S. kedougou 1 / 7 F - - - - 1 - - -

S. ordonez 3 8 / 3 8 S 1 4 2 3 - - 1 (pus)

U S. mbao 1 / 3 S - - 1 - - - -

( * ) F = Franee m6tropo l i ta ine ; S = S ~ n ~ g a l .

L C R ~ l iquide e6phaloraehiden.

Distribution des ~-laclamases selon leur pI.

L'61ectrofocalisation analytique sur gel des 105 extraits a r6v61~, dans ehaeun des cas, la presence d'une seule ~-laetamase. La distribution des 105 ~-laetamases selon leur point iso61eetrique (pI) en fonetion du s6ro- groupe et du sOrotype des Salmonella, est rapport~e dans le tableau II.

Quatre types seulement ont ~t6 identifi~s dans eette 6rude : TEM-1, TEM-2, SHV-1 (type II de Pitton) et OXA-1. Le type TEM-1, identifi6 dans la moiti6 des eas, a or6 trouv~ ehez des souehes de 17 s~rotypes. Le type SHV-1 est retrouv6 dans un peu plus du tiers des souehes r~sistantes, mais seulement chez le s~rotype S. ordonez. Le type TEM-2 est present ehez 3 s6rotypes, en partieulier ehez S. poona. Enfin deux souehes de Sal- monella (S. wien et S. in[antis) synth6tisent une ~-laetamase plus rare, de type OXA-1.

Rapports entre types de ~-lactamases, sgrotgpe et origine ggographique.

Chez les 53 souches Fla + d'origine m~tropolitaine, on trouve ]e type TEM-1 dans 16 s~rotypes diff~rents tandis que les types TEM-2 et OXA-1

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~-LACTAMASES DE SALMONELLA AMP-RESISTANT 233

TABLEAU II. - - Distribution chez les t( Salmonella >> de 105 ~-lactamases selon le point iso61ectrique (pI), le s6rogroupe et le s6rotype.

S a l m o n e l l a T y p e d e f i - l a c t a m a s e

G r o u p e S 6 r o t y p e N b T E M - 1 T E M - 2 S H V - 1 O X A - 1

B S . w i e n 4 3 - - - - 1 S . s a i n t p a u l 1 1 - - - - - - S . l y p h i m u r i u m 1 5 1 5 - - - - - -

S . b r e d e n e y 2 2 . . . . . S . b r a n d e n b u r g 1 1 . . . .

S . s l a n l e y v i l l e 1 1 - - - - - -

C 1 S . i n f a n t i s 4 3 - - - - 1 C2 S . n e w p o r t 1 1 - - - - - -

S . h a d a r 4 4 - - - - - -

D 1 S . d u b l i n 1 0 9 1 - - - - S . p a n a m a 4 3 1 - - - -

E 1 S . a n a t u m 1 1 . . . .

E 2 S . b i n z a 1 1 - - - - - - E 4 S . s e n t t e n b e r g 5 5 . . . .

G x S . p o o n a 1 0 - - 1 0 - - - - G., S . h a v a n a 1 1 - - - - - -

S . k e d o u g o u 1 1 - - - - - - S . o r d o n e z 3 8 - - - - 3 8 - -

U S . m b a o 1 1 . . . . .

sont rares. La dis tr ibut ion de ces trois types enzymat iques selon la cir- conscription adminis t ra t ive r~gionale est repr6sent6e par la figure 1. Les souches productrices des trois types de ~-lactamases et en particulier de TEM-1 pr~dominent ne t tement dans la moiti6 nord de la France : la fr6quence par rappor t au nombre de souches reques au cours de la m~me p~riode est de 7 ,3% chez les 674 souches test6es. Pa r contre, pour la moiti6 sud du pays, ce pourcentage n 'est plus que de 1,8% chez les 226 souches 6tudi6es. La fr6quence de Salmonella $1a+ est donc dans l '6chantillonnage 6tudi6, quatre fois moindre dans le sud que dans le nord de la France.

Les souches provenant du Centre National des Salmonella du S6n6gal sont au contraire r6sistantes dans une proport ion tr~s variable su ivant le s6rotype : 100% des souches de S. ordonez produisent un enzyme de t ype SHV-1, 83,3% des S. poona un enzyme de t y p e TEM-2, alors que seulement 4 souches sur 78 de divers s6rotypes (1 S. typhimurium, 2 S. senf- lenberg, 1 S. mbao) produisent une ~-lactamase de t ype TEM-1. Pour ce t ype enzymat ique, la fr~quence de r6sistance est de 5,1%.

R~sislances assocides.

Chez les 105 souches 6tudi6es, la r6sistance isol6e aux ~-lactamines (ampicilline, earb6nieilline) est rare (1,9% des souches). Cette r6sistance associ6e h au moins un autre ant ibiot ique a 6t~ constat6e aux fr6quences suivantes : sulfamides 93,1%, t6tracyclines 7 8 , 3 0 , chloramph6nicol 70%, et gentamicine 8,4%. Toutes les souches de S. ordonez sont r6sistantes aux t6tracyclines, au chloramph6nieol et aux sulfamides.

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234 A. PHILIPPON ET COLL.

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~ J ! 8 ~

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20 ~" 12 ~ 3 r ~ 22

2 �9 14

.I

4 Fro. 1. - - Dislribtztion des ~-lactamases de S a l m o n e l l a

selop le tgpe enzgmatique el l'origine gdographique.

�9 = T E M - 1 ; [] = T E M - 2 ; " A ' = O X A - 1 .

L e s e h i f f r e s a r a b e s c o r r e s p o n d e n t ~ l ' o r d r e a l p h a b ~ t i q u e d e s e i r e o n s e r i p t i o n s r O g i o n a l e s 1 = A l s a e e ; 2 = A q u i t a i n e ; 3 = A u v e r g n e ; 4 = B o u r g o g n e ; 5 = B r e t a g n e ; 6 = C e n t r e 7 = C h a m p a g n e - A r d e n n e s ; 8 = C o r s e ; 9 = F r a n e h e - C o m t 6 ; 10 = I l e - d e - F r a n e e ; 11 = L a n - g u e d o e - R o u s s i l l o n ; 12 = L i m o u s i n ; 13 = L o r r a i n e ; 14 = M i d i - P y r 6 n d e s ; 15 = N o r d - P a s - d e - C a l a i s ; 1 6 = B a s s e - N o r m a n d i e ; 17 = I t a u t e - N o r m a n d i e ; 18 = P a y s d e L o i r e ; 19 = P i e a r d i e ; 2 0 = P o i t o u - C h a r e n t e s ; 21 = P r o v e n c e - A l p e s - C 6 t e d ' A z u r ; 22 = R h 6 n e - A l p e s .

N o m b r e d e s o u e h e s r ~ s i s t a n t e s / t o t a l : N o r d , 4 9 / 6 7 4 (7 ,3 %) ; S u d , 4 / 2 2 6 ( 1 , 8 %) .

DISCUSSION

Chez les bacilles fi Gram n6gatif, la r6sistance acquise aux ~-lactamines (ampicilline, carb6nicilline) est li6e fi la biosynth~se d'un ou plusieurs des types actuel lement connus de ~-lactamases [14]. L'appr6ciation globale

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~-LACTAMASES DE SALMONELLA AMP-RESISTANT 235

de ce type de r~sistante a d~j~ fait l 'objet de quelques ~tudes en France chez les Salmonella, dont certains s~rotypes peuvent ~tre des r~v~lateurs de la pression excrete par les antibiotiques dans diff~rents 6cosyst~mes. Ainsi, selon deux ~tudes [1, 2], la fr~quence de r~sistance des Salmonella d'origine humaine est respectivement de 34 et 14%. Cependant la s~lection des souches de s~rotypes ~pid6miques peut expliquer ces valeurs 61ev~es par rapport ~ nos r~sultats. Par contre, la fr~quence de r~sistance est de 5,4% dans une enquire effectu6e de 1970 h 1978 dans la r6gion ouest de la France [3]. Outre la similitude de ce pourcentage et de celui que nous rapportons, on remarque dans ce dernier travail l'absence de r6sistance des souches septic6miques (S. typhi, S. paratyphi B) qui sont parmi les douze s~rotypes les plus frequents en France [13].

En raison des modes possibles de transmission des s6rotypes de Sal- monella ubiquistes, il est int~ressant de comparer les fr~quences de r~sis- tance des souches humaines par rapport h celles observ6es chez les souches isol6es des animaux, des aliments et de l'eau, d 'autant que les s~rotypes de ces diverses origines le plus frOquemment isol~s en France sont iden- tiques, h l'exception de S. wien qui est essentiellement humaine [5, 13] : S. lyphimurium, S. saintpaul, S. hadar, S. senflenberg, S. dublin, S. panama. La fr6quence de souches ampicilline-r6sistantes d'origine non humaine isol~es en France en 1980, est de 4,7~o (B. Corbion, communication per- sonnelle). Le s~rotype le plus fr6quemment observ6 chez l'homme, comme chez l'animal, est toujours S. lyphimurium [5, 13]. Les souches d'origine fran~aise de ce s6rotype ont des fr~quences de r6sistance ~ l'ampicilline de 9,9% pour les souches humaines (cette 6tude), de 8,1% pour les souches isol~es de l'eau (J. F. Vieu, communication personnelle) et de 9,4% pour les souches isol6es chez l'animal (B. Corbion, communication personnelle). Les fr~quences sont du m~me ordre de grandeur.

Le type de ~-lactamase pourrait ~tre un marqueur ~pid~miologique si le caract~re de r~sistance h l'ampicilline se maintient suffisamment stable chez les bact~ries. Si cette stabilit6 est d~montr~e chez les souches de certains s~rotypes tel S. ordonez, elle ne l'est pas chez d'autres tels, en particulier, S. lyphimurium et S. dublin. Si la r~sistance ~ l'ampicilline 6tait conserv6e pendant un nombre ~lev~ de g6n~rations, ce marqueur pourrait ~tre utilis~, en plus d'autres marqueurs [6], pour d~montrer la transmission parfois discut~e [4] de souches de Salmonella de l'animal

l'homme. Si, au contraire, il s'agit, chez certains s6rotypes, d'un caract~re labile mais qui peut aussi ~tre acquis, une 6rude de la distribution des types de ~-lactamases chez les bact~ries ent~riques permettrait peut-~tre de connaitre les esp~ces donatrices qui en constituent le r~servoir en absence de pression de s~lection.

Chez la totalit~ des souches examinees, le m~canisme de r6sistance l'~gard des ~-lactamines est de nature enzymatique (~-lactamase). Ce

fair est en accord avec les r~sultats de Medeiros et coll. [17]. Malgr~ la diversit~ connue de ces enzymes cod6s par des plasmides ou des trans- posons chez les bacilles h Gram n~gatif, seulement 5 types ont ~t~ trouv~s jusqu'~ present chez les Salmonella (TEM-1, OXA-1, OXA-2, SHV-1

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236 A. PHILIPPON ET COLL.

et PSE-1 ou CABB-2) [14, 16, 17]. Dans notre ~tude, nous n 'avons pas observ~ de souehes biosynth6tisant plus d 'une ~-laetamase ; quatre types, dont un non encore d6crit chez eette esp6ee (TEM-2), ont 6t6 identifi6s. L '6tude de la distribution en fonetion du type enzymat ique eonfirme, d 'une part, la pr6dominanee du type TEN-1 d6j~ observ6e ehez les autres ent6robact6ries [14, 18, 21, 25] et, d 'autre part, l 'existenee des types OXA-1 et OXA-2 [14, 171. Par eontre, le type PSE-1, dont la fr6quence dans d 'autres pays est d'ailleurs faible [16], n 'a pas 6t6 trouv6 chez les Salmonella ~tudi6es, bien que sa presence air 6t~ rapport6e en France, mais seutement chez des souches de P. aeruginosa [11, 201. La mise en ~vi- dence du type TEM-2 n'est au contraire pas surprenante, parce qu'il a ~t~ identifi6 en France chez au moins 7 esp6ees de bacilles ~ Gram n6ga- tif [14, 211. Si on ne t rouve les ~-lactamases que dans une proportion rela- t ivement faible des salmonelles isol6es en France, la majorit6 des souehes de S. poona et routes eelles de S. ordonez en provenance du S6n6gal la poss6dent. Chez ees derni~res, la fr6quence de 100% du type SHV-1 et la multir~sistanee eonstante sont remarquables [23].

Cette ~-laetamase est cod6e par un ~16ment transposable [19], dont la localisation est chromosomique chez S. ordonez [12, 22] et K. pneu- moniae [19], ee qui explique la haute fr~quenee de r~sistanee et sa stabilit6. Dans d 'autres eas, sa loealisation est plasmidique [14, 19]. Une autre observation qui met en 6vidence une relation entre haute fr~quenee de r6sistanee due/~ une ~-laetamase d 'un m~me type et un s6rotype, est eelle faite ehez S. poona dont 10 souches sur 12 produisent un enzyme de type TEM-2. Mais nous ne pouvons exelure le fait que ee sfirotype soit, eomme S. ordonez, end6mique au S6n6gal.

RESUMI~

Cent cinq souches de Salmonella (53 isol4es en France m4tropolitaine et 52 au S6n6gal), dont 103 d'origine humaine, ont 4t~ s61ectionn4es pour leur r6sistanee/~ l'ampieilline. La fr4quenee de r6sistance est de 5,9 % pour les souches d'origine m4tropolitaine et 40,6~ pour les souehes du S6n6gal. Cette r6sistance, crois4e avec la carb6nicilline, est toujours correl6e avec la biosynth6se d 'une seule ~-lactamase consti tut ive (~la+). Par ~lectro- foealisation analyt ique sur gel, 4 types de ~-lactamase ont ~t~ identifi~s : TEN- I , TEN-2, SHV-1 et OXA-1. Le type TEN-1 a ~t~ trouv~ chez 17 sfiro- types difffirents, alors que le type OXA-1 ne l'a ~t~ que chez 2 s~rotypes et le type TEN-2 chez 3 sfirotypes dont S. poona. Enfin le t y p e SHV-1 est rencontre uniquement chez S. ordonez.

La distribution des types dans cet fiehantillonnage est aussi lifie l 'origine g~ographique. En France, les trois types TEM-1, TEM-2 et OXA-1 n 'ont ~t~ rencontr~s que dans la moiti~ nord. Par ailleurs, la fr~- quenee de souches ~la + est quatre lois plus ~lev~e (7,3%) dans la moiti~ nord que dans la moiti~ sud (1,8 %). Au S~n~gal, trois types ont ~t~ identi- fi~s : T E N - I , TEN-2 et SHV-1. Ce dernier est toujours observfi ehez le

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~-LACTAMASES DE S A L M O N E L L A AMP-RESISTANT 237

m8me s~r0type (S. ordonez) dont 100% des souches sont r~sistantes h la IoNs h l 'ampieilline, aux t5traeyclines, au chloramphfinicol et aux su l famides

MOTS-CLgS : Salmonella, ~-lactamase ; Sfirotype, Origine g~ographique, Distribution.

YtEMERCIEMENTS

Nous remercions le Dr Y. Buisson, Responsable du Centre National des Sal- monella du SSn~gal (Institut Pasteur, Dakar) et M. A. Le Priol, Centre National fran~ais des Salmonella (Institut Pasteur, Paris) pour l'aide qu'ils nous ont apportSe en nous fournissant les souches utilis~es dans ee travail. Nous remercions ~galement Mine G. Corbion (Laboratoire Central d'Hygi~ne Alimentaire, Paris) et le Dr J. F. Vieu (Centre National de Lysotypie Ent~rique, Paris) qui ont bien voulu nous communiquer ses r5sultats de fr~quence de r~sistance fi l'ampieilline pour les souches de Salmonella d'origine non humaine.

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