Revista DACIA nr. 1 - 1924 prima parte

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Colecţia revistei DACIA - seria veche1924-1948.Dacia - Revue d'archéologie et d'histoire ancienne

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AVANT-PROPOS Ce périodique annuel est l'organe d'un Insti tut qui n'existe pas encore.

. J 'avais eu l'occasion de proposer, il y a quelque vingt ans *), l'organisation d'un service de fouilles systématiques et, depuis, étais revenu maintes fois à la charge. Mais les avant-projets pour la création d'un «Institut Archéo­logique Roumain» par moi rédigés à l'intention des titulaires successifs du Ministère de l 'Instruction ou du Ministère des Beaux-Arts, ne purent jusqu'à ce jour être transformés en texte de loi.

Souhaitons que l'avenir nous soit plus favorable. En publiant les deux premiers volumes de «Dacia», je tiens à m'acquitter

avant tout d'un double devoir: celui de remercier, celui de m'excuser. Je tiens à remercier la Commission des Monuments Historiques qui

me confia, sans m'embarrasser de titres sonores, le soin de toutes les fouilles archéologiques de mon pays, avec des fonds encore très modestes2), il est vrai, mais suffisants pour permettre du moins une certaine activité col­lective, capable de stimuler les efforts des jeunes chercheurs qui se sont formés autour du Musée que je dirige et de la chaire que j 'occupe.

À remercier de même M. Al. Lapedatu, ancien ministre des Beaux-Arts, qui voulut bien subventionner l'apparition du premier volume de notre revue.

Je tiens aussi à m'excuser du grand retard avec lequel ces deux volumes paraissent. L'on ne peut s'imaginer combien il est plus difficile de faire marcher vingt hommes au même rythme avec la tête qu'avec les pieds. 11 ne saurait être question de mauvais vouloir ni de manque d 'amitié; seule l'inégalité naturelle des enthousiasmes fait tout le tort . Le premier volume paraît avec un retard de quinze mois, le deuxième avec un retard de trois mois. Je vais essayer de faire paraître le troisième au terme prévu, c'est-à-dire vers la fin de l'année courante. Chaque volume contient les résultats des recherches et des fouilles de l'année précédente. J 'a i donné la préférence au millésime des découvertes mêmes: les savants nous sauront peut-être

l ) Préface à mon essai sur le camp romain de 2) Voir Dacia, I I 1925, p. 198, note 3, Salsovia, Bucarest, 1906.

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gré de cette explication, qui csi, faite pour montrer que notre retard n'est à un certain point de vue qu 'apparent . L'on verra d'ailleurs par les études et les compte-rendus de fouilles qui suivent, que malgré notre millésime archaïsant, nous nous sommes tenus au courant des tout dernières publi­cations sorties de presse avant notre apparition effective.

Nous publions notre Dacia en français (les autres langues mondiales sont également admises) pour fournir à tous les savants qui s'occupent des régions carpatho-danubiennes la possibilité de se concentrer autour de Dacia, comme ils l 'ont fait auparavant autour d'Ausonia, de Syria ou de Byzantion. A côté donc des publications roumaines d'archéologie, comportant seu­lement des résumés en une langue universelle (tels les Mémoires de l'Aca­démie Roumaine, le. Bulletin de la Commission des Monuments Historiques, etc.), nous avons cru utile de faire paraître une publication archéologique roumaine rédigée exclusivement en une langue universelle. En effet la Dacie," et en général les régions illyro-thraces, qui nous préoccupent tout spécialement, sont le berceau des civilisations pré- et protohistoriques, dont ni l 'Italie, ni la Grèce, ni l'Asie Mineure ne pourraient se dispenser de connaître à fond les phases successives et tous les détails de leur évolution. Les origines italiques, grecques et asianiques des I l l - e et I l-e millénaires av. J.-Chr. doivent être at tentivement recherchées dans l 'Europe danubienne. C'est un point de vue connu, mais pas encore suffisamment reconnu par tout le monde. Notre revue aidera à le faire reconnaître grâce au matériel inédit de tout premier ordre qu'elle publiera de plus en plus amplement chaque année. <*

D'autre par t toute la Romania orientale se résume de notre temps à la Roumanie actuelle. C'est un devoir d'honneur pour ce pays que de pa­tronner la recherche de tout le Romanisme oriental.

Mes chers collègues et amis, MM. Jérôme Carcopino et Roberto Pari-beni, se sont de suite rangés à mes côtés, en illustrant de leur très précieuse collaboration l'utilité d'une concentration scientifique autour de Dacia. Je les en remercie aussi au nom de mes confrères roumains et j ' a t t ends avec confiance la participation aussi bienveillante à nos efforts des autres spé­cialistes étrangers.

La direction de Dacia se fait un devoir de respecter toutes les opinions de ses collaborateurs, même celles des plus jeunes, et par suite plus enclins aux illusions «généralisantes». Il va donc sans dire qu'elle ne s'identifie à au­cune de ces opinions. E t si le directeur n 'a pris lui-même que rarement la parole pour compléter ou pour corriger tel peti t détail, il ne faudrait point

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AVANT-PROPOS

en conclure qu'il est toujours et totalement d'accord avec tout le reste. Chaque auteur est responsable de ses affirmations.

Cette revue paraît en «français». Un français très approximatif, comme le latin parlé aux temps du Bas-Empire dans les provinces trop éloignées du centre. J 'a i essayé de lutter, de faire mieux; j ' a i fait appel à des con­naisseurs; j ' a i été cependant accablé. Une longue maladie, dont je ne suis pas encore remis, a complété le reste. Non seulement la dernière main aux épreuves n'a pas été donnée avec toute l 'attention nécessaire, mais aussi toute la partie critique (compte-rendus, notes bibliographiques, liste des dernières publications spéciales) a dû être remise au I l l -e volume de Dacia, destiné à paraître vers la fin de cette année.

La préparation du matériel des deux premiers volumes de notre revue m'a chargé d'une multiple dette de reconnaissance envers de nombreux amis ou anciens élèves. Je mentionne leurs noms sans pouvoir dire par le détail ce que je dois à chacun, soit pour la mise au point de certains ma­nuscrits, soit pour la version française des différents articles, soit pour la lecture très attentive des épreuves. Je prie donc M-mes Marcelle Flot-Lam-brino et Zoé Balş-Marinesco et M-lle Marie Holban ainsi que MM. I. Andrie-şescu, Scarlat Lambrino, P . P . Panaitescu, C. C. Giurescu et Horia Teodoru de croire a ma profonde gratitude pour le temps et le travail qu'ils voulurent consacrer à notre Dacia. M. D. Pecurariu, le dessinateur du Musée National d'Antiquités, a été infatigable à satisfaire tout le monde avec les ressources de son talent remarquable. Une mention spéciale à M. H. Metaxa, qui cette fois aussi, fut mon auxiliaire le plus précieux à la révision des dernières épreuves.

Une carte schématique publiée en première page du deuxième volume indique les localités principales dont s'occupent les études et les compte-rendus des fouilles de 1924 et 1925.

Bucarest, avril 1927. VASILE PÂRVAN

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERDSD)

La fabrication des vases peints a occupé dans l 'Europe Orientale principale­ment les peuplades habi tant la région qui s'étend de Kiew vers l'Ouest jusqu'aux Carpathes antérieurs Orientaux et continue vers le Sud par les Balkans Orientaux jusqu'en Thessalie Orientale. Les centres principaux de cette civilisation sont: Tri-polje, à l'Ouest de Kiew, Petreni en Bessarabie Septentrionale, Cucuteni près de Jassy, Şipeniţi en Boukovine, Ariuşd (Erôsd) près du cours supérieur de l'Oit, qui comprend aussi quelques sous-centres, et enfin Dimini en Thessalie Orientale.

L'une des stations les plus importantes sur cette ligne déterminée plus haut est, ainsi qu'il a été démontré par les fouilles entreprises, la région préhistorique d'Ariuşd.

Les fouilles à cet endroit ont été continuées par le soussigné de 1907 à 1913 ; cependant par suite des études minutieuses à faire et des multiples photographies et esquisses à prendre, les t ravaux ont marché très lentement de sorte que je n'ai pu déblayer qu'une étendue d'environ 515 m2. Un labeur méthodique a toutefois permis d'établir les conditions stratigraphiques de l'endroit, l 'emplacement des cou­ches ainsi que leur mode de formation jusqu'au niveau du terrain préhistorique, c'est-à-dire jusqu'à la profondeur d'environ 3,50 m.

En déblayant le terrain on a découvert l 'emplacement de quatre maisons d'ha­bitation du type à mégaron; on a pu se rendre compte de leur disposition, de la construction des parois, des foyers, des fours à cuire les vases ainsi que des matériaux de construction; on a également pu identifier l 'emplacement et reconnaître la con­struction de l'enceinte fortifiée.

L'endroit préhistorique d'Ariuşd appartient aux centres à couches profondes. Les fouilles ont révélé l'existence de sept couches principales, dont les II-ème—Vll-e recèlent des traces de l'industrie des vases peints (céramique peinte). Pour plus de facilité je nommerai ce groupe de six couches du nom de: culture A.

Les trouvailles de la couche supérieure no. 1, épaisse de 30 à 40 cm et nommée couche de humus supérieure, appartiennent à une autre civilisation que je nommerai par rapport à la première, la culture B. Cette couche supérieure est surtout mélangée. Comme à cet endroit il y avait autrefois un champ cultivé, la charrue et la herse ont mélangé et fait pénétrer les objets de la couche supérieure dans les couches inférieures.

C'est au moins de cette manière qu'on peut s'expliquer le manque de documents de la culture B dans la couche supérieure. En outre, il y a une trentaine d'années,

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1 Dacia I 1924.

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FRANCISC LÀSZLO

cet endroit fut planté d'arbres, afin d'empêcher l'érosion des eaux. Les trous creusés dans ce but ont naturellement bouleversé et mélangé les objets de cette couche. ,.

Plus récemment, à la recherche d'objets antiques on a creusé de grands et «I , petits trous et de la sorte les objets sortis des couches inférieures se sont mélangés , à ceux des couches supérieures.

A cause de ce multiple mélange des couches je n 'ai pu trouver dans la culture 15 aucun fragment de vase dont il eut été possible d'établir le type. Malgré tout, nous avons tout de même réussi à définir le mode de fabrication des vases, au point de vue technique, leur profil, les éléments de l 'ornementation et par conséquent à en , fixer l 'époque. Dans ce but nous avons eu recours en premier lieu à la collection du Musée National des Szeklers qui comprend le matériel découvert dans plus de qua­rante fouilles faites dans le département de Trei-Scaune l) et en second lieu aux publications 2) concernant les objets provenant d'autres contrées de Transylvanie. Enfin, j ' a i eu surtout recours aux études publiées 3) par Hubert Schmidt sur la sta­tion préhistorique de Sărata-Monteoru 4) près de Buzău et sur les tumuli de Ma­cédoine 5), ainsi qu 'aux études du Dr. Martin Roska sur la station préhistorique de Pecica-Sâmlac"). Après étude minutieuse des objets de la culture B d'Ariuşd, je suis d'avis qu'ils appartiennent à l 'époque de transition de l'âge de pierre à celui de bronze, à l'époque nommée l'âge de la pierre et du bronze ; en ce qui concerne la culture A, vu qu'on y rencontre le cuivre pour la première fois, mais comme d'autre par t elle appartient encore à l 'époque néolithique, je la nommerai l'époque de la pierre et du cuivre (époque chalcolithique). Selon une autre terminologie, la culture A peut être placée dans l'époque prémycénienne et la culture B dans l'époque proto­mycénienne7). Les quelques fragments de vases du cycle de la céramique cordée8) connus jusqu'à présent sur le territoire de Transsylvanie appartiennent à la même époque que la culture B d'Ariuşd et d 'autres endroits. En deux endroits j ' a i trouvé aussi des fragments de vases appartenant à la céramique a bossettes. J e rappellerai ici que ces deux cultures sont tout à fait indépendantes l'une de l 'autre, quoique quelques éléments de la culture B, p . ex. la couverte, l'emploi des spirales et <lr̂ méandres comme ornements aient leur origine dans la culture A. É tan t donné que dans les stations à une seule couche du département de Trei-Scaune et des autres endroits de Transsylvanie on n'a pas trouvé de vases peints, nous devons admettre que les fragments de vases peints retrouvés dans la couche supérieure d'Ariuşd y

J) A Székely Nemzeti Muzeum évi jelentései. 2) Dr. Kovâcs I s tvan : Az Apahidai ôskori telep,

etc. Dolgozatok-Travaux, 1911. Dr. Kovâcs I s t v â n : A Korpâdi ôskori telep. Doïogozatok-Travaux, 1913, p . 1 — 17. Dr. Kovâcs I s t v â n : A mezobandi âsa-tâsok. Dolgozatok-Travaux, 1913, p . 265. Orosz E n d r e : Ujabb lelctek a petrisi ôsteleprol Szamosuj-vdrt. Archeologiai Êrtesitô, 1904, p . 227.

3) Il faut y ajouter l 'é tude du Dr. Andrieşescu (Bucarest 1924) inti tulée «Piscul-Crăsani» qui vient de paraî t re et qui t ra i te d 'un matériel appar t enan t en partie à la culture B.

4) Liedloff-II . Schmidt : Die prăhistorische Sta­

tion von Monteoru, Bezirk Buzău. Zeitschrift fiir Ethnologie, 1917, p . 999 — 1003.

5) I I . Schmidt : Die Keramik der Makedonischen Tumuli. Zeitschrift fur Ethnologie, 1905, p . 91-113.

8) Dr. Roska Mâr ton : Asatâsok a peeska-szemlaki hatârban lévô Nagy-Silncon. Dolgozatok-Travaux, 1912, p . 1 — 73.

7) Sophus Mûller: Urgeschichte Europas, Strass-burg , 1905, p . 30 — 35.

8) Dr. Roska Mâr ton : Erôsdi zsinegdiszes edény-tôredékek. Dolgozatok-Travaux, 1914, p . 420, fig. 2. Dr. Roska Mâr ton : Nouvelles études sur la céramique cordée, «Archivelc Olteniei», I I I , p . 131 — 132.

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)

ont été amenés des couches de la culture A par le bouleversement du sol. Cette sup-i âtion est aussi confirmée par le fait que les fragments de vases en question cor-i pondent entièrement aux vases peints des couches inférieures.

Les objets de la culture B d'Ariuşd présentent beaucoup d'analogie avec ceux de Lengyel *) en Hongrie et de plusieurs foyers de Moravie et de l'Autriche Inférieure2) étudiés par I. Pall iardi; ensuite avec ceux des centres de Butmir 3 ) , Vinca4) et Turdaş5) qui, malgré qu'on ait trouvé parmi les différents objets aussi quelques vases peints, ne fait toutefois pas partie de la céramique peinte est-européenne mais du cycle de la céramique à bandes rubanées de l 'Europe centrale.

De sorte que, pendant que la culture A d'Ariusd appartient à la céramique peinte est-européenne, la culture B peut être considérée comme un des derniers foyers de la céramique à bandes rubanées de l 'Europe Centrale et la rencontre de ces deux cultures dans un seul et même endroit servira de base pour l'établissement de leur date chronologique.

Les difficultés que nous rencontrons proviennent du fait que le nombre des ob­jets de la culture B est très restreint et que d'autre part , leur état est peu appro­prié à des recherches typologiques. Ces difficultés sont compensées par les trouvailles des stations voisines et peut-être aurons-nous la chance dans les futures fouilles de trouver une partie restée intacte de cette couche. Dans ce cas la station d'Ariuşd pourrait fournir la solution de certains problèmes très discutés concernant l 'étude de la culture néolithique en Europe Orientale et Centrale.

J 'a i publié le résultat des fouilles d'Ariuşd dans les communiqués du Musée National des Szeklers 6) de St.-Gheorghe, dans Dolgozatok-Travaux, série 1911 7), dans Archeologiai Ertesitô, série 19128). C'est toujours dans «Dolgozatok-Travaux»9) que j ' en ai commencé la translation monographique. En 1914 j ' a i publié la strati­graphie de la station.

J ' a i aussi progressé sensiblement dans la classification des documents, mais je n 'ai pas encore eu la possibilité d'en publier le résultat, d'abord par suite des oc­cupations nombreuses dues à la guerre et ensuite à cause du fait que la publication en question a cessé de paraître.

*) Maurit ius Wozsinszky: Das prăhistorische Schanzwcrk von Lengyel, Budapes t , 1891.

2) Jaros lav Pall iardi : Die neolitischen Ansied-lungen mit bcmaltcr Keramik in Maehren und Nie-derôsterreich. Mitteilungen der Prăhistorischen Kom-mission der kais. Akademie der Wissenschaften, I . Band , Wien 1897, p . 237.

3) W. Radimsky- M. Hôrnes : Die neolitische Sta­tion von Butmir bei Sarajevo in Bosnien, Wien, 1895.

*) M. M. Wass i t s : Die Hauptergebnisse der pră-historischen Ausgrabung in Vinca im Jahre 1908, «Prăhistorische Zeitschrift», 1910, Bd. I I , p . 23. M. M. Wassi ts : «Die Datierung der Vincaschicht, «Prahistorische Zeitschrift» (1911), I I I . Bd., p . 126.

6) H u b e r t Schmidt : Tordos, Zeitschrift fiir Ethnologie, vol. 1903, p . 438—469.

6) Année 1907, p . 15 — 19, années 1908 et 1909, p . 39 — 4 3 ; années 1910 et 1911, p . 50 — 6 1 ; année 1912, p . 8 ; année 1913, p . 11 — 13. Muzeum es Kbnyvtâri ertesitô, 1911, p . 185, 1912, p . 174. A Muzeumok es Kônyvtârak Orszâgos Fôfelugye-loségének jelcntése: Vol. 1907, p . 196 — 198; vol. 1908, p . 205 — 206; vol. 1910, p . 27 — 2 8 ; vol. 1911, p . 3 3 ; vol. 1914, p . 1 5 0 — 1 5 3 .

7) Dr. 'Lâszlô Ferencz: Hâromszékvârmegyci praemykaenei jellegiï telepek. Dolgozatok-Travaux, vol. 1911, p . 1 — 27.

8) Dr. Lâszlô Ferencz: Festctt edények az erbsdi es oltszemi telepekrôl., Arch. Êrt., vol. 1912, p . 57 — 66.

9) Dr. Lâszlô Ferencz: Asatâsok az erôsdi ôste-lepen (1907 — 1912), I . Kôzlemény. Dolgozatok-Travaux, vol. 1914, p . 279—417.

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FRANCISC LÂSZLO

Dans cette étude je me suis proposé de publier la classification systématique mor­phologique des vases trouvés pendant les fouilles. Comme L'assemblage et la recon­stitution des fragments de vases ont été faits depuis longtemps, le nombreux maté­riel trouvé est à mon entière disposition1). Comme je n'ai trouvé parmi le matériel de la culture B d'Ariuşd aucun fragment de vase dont le type puisse être défini, je ne m'occuperai ici que des vases de la culture A.

Parmi les vases de la culture A d'Ariuşd, j ' a i trouvé aussi, en dehors des vases peints, des vases à décor creux ou en relief, ainsi que des vases sans aucun ornement ; leur fabrication technique ainsi que la cuisson est la même. J 'a i trouvé dans un des fours à cuire des vases plus grossiers et non peints mêlés à des vases plus fins et peints. Cette circonstance confirme également que des vases qui semblent être de fabrication différente, sont certainement sortis du même atelier. En dehors de ce fait, j ' a i déjà très souvent remarqué que l'embouchure des vases de fabrication brute et non peints est soigneusement polie et que le même vase pour­rait très bien être décoré soit de peinture, soit d'incisions. Ces considérations font que la classification des types de vases d'après leur ornementation devient inutile. J'essaierai donc de grouper les vases uniquement d'après leurs éléments typolo­giques. Mon intention était de présenter seulement les contours des vases, mais comme dans beaucoup de cas, l 'ornementation est en liaison avec le type même du vase, j ' a i ajouté aux contours des types, au moins en esquisse, leurs ornements. Dans certains endroits, là où j ' a i cru nécessaire, j ' a i présenté aussi les profils, en observant strictement les mesures ; les figures en dehors d'une brève description, don­neront elles-mêmes à une personne spécialisée dans ce genre d'études, toutes les ex­plications voulues, en ce qui concerne les types et les formes.

Afin de réduire le texte à sa plus simple expression et de donner un aperçu des rapports des types et des formes aux couches, j ' a i établi le tableau statistique no. 14, dans lequel j ' a i indiqué aussi le nombre de vases appar tenant aux différentes couches.

Pour compléter les indications du tableau ci-joint, je me réfère aux illustra­tions que j ' a i déjà publiées des vases d'Ariuşd, ainsi que des autres centres du département de Trei-Scaune, principalement d'Olteni (Oltszem).

Le nombre de formes des vases d'Ariuşd dépasse celui de tout autre centre de céramique peinte de l 'Europe Orientale. La plupart des types et des formes sont publiés dans l'ouvrage de Gordon Childe, sur Şipeniţi, dont le matériel ne provient

*) C'est à peine si j 'ai trouvé pendant les fouilles quelques vases entiers. Environ 150 exemplaires ont dû être reconstitués avec les fragments trou­vés. La reconstitution a réussi a tous les points de vue. Pour la réparation des vases j 'a i em­ployé, suivant le procédé de la section d'antiquités du «Museum fur Vôlkerkunde» de Berlin sur les instructions de Hubert Schmidt, une matière nommée «Steinpappe» qu'on peut facilement pré­parer chez soi. Dans «Muzcum es Kônyvtdri Êr-tesito» 1914, p. 217 et dans les «Archivele Olteniei», année III , no. 13, p. 242, j 'a i prouvé que ce

procédé a donné entière satisfaction. Les vases d'Ariuşd n'ont été arrangés dans les vitrines que dans les deux dernières années et malgré tout, durant onze ans, aucun d'eux ne s'est abîmé quoiqu'il y en avait qui étaient reconstitués de soixante et même de quatre-vingt pièces. Une partie des vases ont par suite de leurs propor­tions un poids respectable. Cette matière ne sert pas seulement à la conservation des vases en argile, mais aussi des objets en bois, pierre et os.

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)

cependant pas de fouilles régulières1). Le résultat des fouilles régulières faites par Hubert Schmidt à Cucuteni n'est pas encore publié, de sorte que pour l 'étude des trouvailles de cette station importante j ' a i dû me contenter des publications 2) anté­rieures et des documents vus à Berlin.

Selon mon impression, ni les publications sur Petreni3) et Tripolje4), ni les ad­mirables publications sur Dimini5) ne présentent pas toutes les formes y existantes. Cependant, à l'aide de ces traités, on peut entreprendre l 'étude de la ligne princi­pale de répartition de la culture de la céramique peinte sur tout le territoire de l 'Eu­rope Orientale, au point de vue de l'établissement tan t des formes identiques que des ressemblances et différences. Dans le présent ouvrage je me suis surtout servi des deux études dans cette direction de Gordon Childe 6).

J e répartirai les vases d'Ariuşd dans les groupes suivants : A (PI. 1) écuelles à fond sphérique ou plat et j a t t e s ; B (PI. 2) bols et petites

jarres ; C (PI. 3 — 4 ) jarrres et cruches; D (PI. 5) cruches; E (PI. 6) vases à pied; F (PI. 7) supports; G (PI. 8) vases plats à pied creux; H (PI. 9) vases rectangu­laires; J (PI. 10) couvercles; K (PL 11) vases en miniature; L (PL 12) vases plasti­ques; M (PL 13) fragments de vases dont le type ne peut être établi.

GROUPE A. Ecuelles à fond sphérique ou plat et jattes (PL I, fig. 1 — 12).

Les types 1 et 2 de la série ont gardé l'ancienne forme sphéroïde. Les types 3 et 12 ont pour forme initiale un cône tronqué. La base du type 1 n'est pas encore déve­loppée, tandis que le type 2 a une base un peu convexe et un rebord de forme et d'ornementation différentes. Ce vase est déjà bien développé et approche, en ce qui concerne sa constitution, du type 11 ; c'est seulement à cause de sa forme sphéroïde que je l'ai placé en tête de la série. Son profil montre sous le rebord une proéminence arrondie. Le type 3 est un vase large, de fabrication grossière, aux parois épaisses, au fond large et sans parties distinctes. Les vases 4 et 5 n 'ont également pas de parties distinctes ; leur profil est simple. Le no. 5 est aussi de fabrication brute à ornements en forme de sillons spiraux incisés ; le fond étroit s'élève vers le rebord en s'évasant largement. Le grand vase no. 6 diffère du vase no. 4 par le fait que son rebord

*) V. Gordon Childe: Schipenitz: A Late neo­lithic Station with Paint Pottery in Bukovina, «Journal of the Royal Anthropological Institute», vol. L I I I , 1923, p . 263 — 288. J ' en ai fait un résumé dans les «Convorbiri literare», vol. 1924, p . 876.

2) Hube r t Schmidt : Vorlăufigcr Bericht iiber die Ausgrabungen 1909—1910 Cucuteni bei Jassy (Rumiinien), «Zeitschrift fur Ethnologie», vol. 1911, p . 582 — 601. Kônigliches Museum zu Berlin, Fiihrer durch die vorgeschichtliche Abteilung, p . 17 — 18, Tafel 7.

3) loan Andrieşescu: La Dacie avant les Ro­mains, Jassy, 1912 (en roumain) . E. von Stern: Die prămykenische Kultur in Siidrussland. Trudy des XIII. russ. Arch. Kongress zu Jekaterinos-

law, 1905, Moskau 1907, p . 53. 4) V. V. Chwoiko: Roskopky Plostsadok U. S.

Kurtoborodinax, Moskva 1910. Gustav Kossinna: Der Ursprung der Urfinnen und der Urindo-gcrmancn und ihre Ausbreitung nach dem Osten, (<Mannus-Zcitschrift fur Vorgeschichte», Wiirzburg, 1909, vol. I , p . 17 — 52, 225 — 245.

5) Chrestos Tsountas : Preistoricai Akropoleis Diminiou kai Sesklou, en Athenais , 1908. V. Gordon Childe: The East European Relations to the Dimini Culture, «Journal of Hellenic Stu­dies», p . 252 — 272, 1922 (résumé par moi dans «Convorbiri Literare», 1924, p . 874).

6) Gordon Childe: Schipenitz et The East Euro­pean Relations of the Dimini culture, I. c.

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FRANCISC LÀSZLO

diffère par sa forme et son ornementation. La forme no. 7 a l 'embouchure séparée |>;ir une proéminence de l'intérieur du vase. Les nos. 8 et 9 ont une embouchure verticale, bien développée et haute ; les types 10—12 l'ont courbée à l 'intérieur. La plus développée en hauteur est celle du type 12 qui forme pour cette cause la transition avec les tasses. Les vases 7 et 10 sont soigneusement polis. À l'exception des types I cl 3, tous les vases ont la base étroite. 1, 2, 3 et 11 sont des vases larges, 12 est un vase haut , les autres types ont une hauteur moyenne. Le rapport entre le diamètre de l 'embouchure et de la base varie pour les derniers types de la série entre 1/& et x/3. Le diamètre de l 'embouchure du plus grand des vases (no. 4) est de 40 cm. Les vases ont tous des oreillettes proérni-

Pl. 1.

nentes, percées toujours horizontalement, excepté le type 1 dont l'oreillette est verti­cale. Les oreillettes sont placées sous l 'embouchure du vase, ou bien, aux types plus développés, dans la ligne de l'épaule. Les types principaux sont 2, 4, 6, 10 et 12.

Les numéros d'inventaire des vases, indiqués sur le tableau A sont les suivants : 1 = 1635, 2 = 575, 3 = 1942, 4 = 3460, 5 = 2432, 6 = 2328, 7 = 2353, 8 = 591,

9 = 2418, 10 = 2344, 11 = 3461, 12 = 579. Bibliographie: A 2 Dolgozatok-Travaux, 1911, p . 211, fig. 9 et p . 190, tab . 10,

fig 13), A 6 (/. c , p . 192, fig. 13), A 7 (/. c, p . 190, pi. 10, fig. 2). Analogies: I. Des centres de la région de VOlt: Olteni (Oltszem) «Varmeghe» A 1 (Dolg.-Travaux, 1911, p . 193, fig. 16); A 2

(/. c , p . 193, fig. 17); A 3 (/. c , p . 192, fig. 14, p . 190, t ab . 10, fig. 4 ) ; A. 4 (l. c , p . 191, fig. 11, p . 216, fig. 70); A 7 (/. c, p . 194, fig. 19, p . 196, fig. 21) ; A 9 {l. c.

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)

p. 193, fig. 18); A 12 (/. c , p . 196, fig. 22); A 10 (/. c , p . 190, tab . I 10 m fig. 1). Priesterhiigel : A 3 ( J . Teutsch : Spătneolitische Ansiedlungen etc., MittheUungen der Prăhist. Commission, 1903, p . 373, fig. 47) ; A 4. (/. c , p . 373, fig. 49) ; A 10 ( / . c , p . 274, fig. 64);

I I . Des foyers en dehors de la région de VOlt; Cucuteni: A 1 (Fûhrer durch die vorgeschichtliche Abteilung, Berlin, 1913, t ab .

7, fig. a), A 4 (Convorbiri literare, 1924, p . 97); A 8 (Fuhrer, t ab . 7, fig. c) ; A 9 (Z. c , tab . 7, fig. e) ; A 9 (Zeitschrift fur Ethnologie, 1911, p . 586, fig. 3 c) ;

PI. II.

Petreni: A 4 (G. Childe: East European, p . 259, fig. 2 a et b) ; A 4 (Z. c , p . 263, fig. 10 a ) ; A 4 (E. von Stern, tab . IV, fig. 1, 9, 11, t ab . VI, fig. 10—11, tab . X I I , fig. 10); A 8 (Z. c , t ab . X I I , fig. 5) ; A 8 (G. Childe: East European, p . 259, fig. 3) ; A 12 (Z. c , p . 263, fig. 10 b). Şipeniţi: A 4 (G. Childe : East European, p . 263, fig. 9 a ) ; A 4 (Z. c , p . 269, fig. 3) ; A 9 {I. c, p . 263, fig. 9 b) ; A 10 (I. c , p . 269, fig. 4). Kozlovce: A 4 (I. c., t ab . X I I , fig. a). Tripolje: A 4 (d'après une photo­graphie envoyée en 1912 par M. Cwoiko), A 4 (Mannus, vol. I, p . 242, t ab . 20). Dimini: A 3 (Tsountas : Dimini kai Sesklon, Athènes 1908, t ab . XV, fig. 2) ; A 6 (Z. c , t ab . X X , fig. 1) ; A 8 (Z. c , t ab . X I I , fig. 3) ; A 8 (G. Childe, East European, p. 259, fig. 4).

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FRANCISC LÂSZLÔ

GROUPE B. Bols et petites jarres (PL II, fig. 1 — 15)

Leur ouverture par rapport à celle des vases précédents est étroite, mais le diamètre de l 'ouverture est seulement de très peu plus petit que celui du corps. La partie in­férieure des bols 1 — 7 est sphéroïde, celle des numéros 10 à 15 conique. La forme sphéroïde est gardée aussi par le fond du type 1, le type 2 a le fond large. L'ouver­ture du no. 3 est surélevée, les parois du type 4 arquées, au no. 5 s'ajoute à la partie inférieure sphéroïde un fort rebord courbé à l 'extérieur, bien distinct aussi par l 'ornementation. L'équilibre du vase est maintenu par son pied; il en est égale­ment ainsi du no. 7, dont la forme est cependant plus svelte. Le no. 6 a aussi un rebord bien détaché, mais assis verticalement. La partie supérieure des vases 10—14 est arquée. Le no. 15 a la partie supérieure conique, terminée par un rebord courbé vers l 'extérieur. Tous ont une base étroite. Tous les vases à pied sont grands. La hauteur des vases varie entre 17 et 38 cm. La plus haute des jarres est le type 13. Les vases 4, 5, 7, 11, 13 et 14 sont grands, les types 2, 3, 6, 9, 10, 12 et 15 sont petits, leur hauteur moyenne étant de 11 —12 cm; le plus petit des bols a une hauteur de 6 cm.

Je dois mentionner spécialement la forme no. 9, dont on a trouvé jusqu'à présent 3 exemplaires. La partie inférieure de ce bol est cylindrique, la partie supérieure sphéroïde et elles se détachent bien l 'une de l 'autre. Nous devons admettre que la partie inférieure de ce type correspond au bol cylindrique présenté sous le nu­méro 8 a, ou bien au pied 8 b resp. F 1 ; quant à la partie supérieure, elle correspond au bol sphéroïde B 2. Le vase est né de l'union de ces deux parties. Quoique cette union soit encore plus avancée aux vases piriformes de Butmir, les deux parties sont encore bien distinctes 1) .

Une plus grande évolution dans l'union des deux parties présente le bol B 10 dont la partie inférieure est arquée. Cette forme arquée disparaît ensuite, aux vases 12 et 13 — 1 5 , dont la partie inférieure forme un parfait cône tronqué. En tenant compte de ces quatre phases d'évolution, nous pouvons établir que la tasse conique est née de l'union du pied annulaire ou de la tasse cylindrique à la tasse sphéroïde. C'est ce procès d'évolution qui nous explique pourquoi la partie inférieure de l'an­tique forme sphéroïde s'est transformée en une forme conique. Le motif est le même que celui qui a fait placer sous le vase un pied annulaire indépendant, pour que le corps du vase en soit élevé. A cause de sa grande largeur horizontale, le vase sphé­roïde posé sur le foyer libre de l'époque néolithique occupait la place de l'air néces­saire a la combustion ; les bûches sous le vase s'éteignaient rapidement, de sorte qu'il ne recevait la chaleur que par ses parois latérales. Le contenu du vase ne pou­vait être chauffé que très lentement, alors que la partie inférieure d'un vase élevé d'une manière quelconque ou ayant comme support une forme conique subissait suffisamment l'influence de la chaleur. Comme d'autre par t nous savons que les hommes du temps de la culture de la céramique peinte en Europe orientale ont quit té la vie nomade pour se fixer en construisant des maisons avec bon nombre de foyers, nous comprendrons pourquoi justement à cette époque, le vase sphéroïde s'est

x) Fiala, Radimsky, Hoernes; Die neol. Station von Butmir, 1895, 1898, tab. VI, fig. 4 a, 4 b 6.

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUSD (ERÔSD)

transformé en un vase conique. 66% des vases d'Ariusd sont coniques. Le vase sphé­roïde est le vase du nomade, le vase conique, celui de l 'homme fixé. E t même aujour- / d'hui la partie inférieure d'un vase à poser sur foyer libre est toujours conique, j

Il n 'v a que les vases que l'on pend à la crémaillère qui ont une forme sphé­roïde (p. ex. la marmite). J 'a i fait quelques remarques sur la construction des fovers qui me font supposer qu'en ce temps-là on employait déjà la suspension des vases au-dessus du foyer.

La perforation des oreillettes, qui sont pour la plupart posées à la hauteur des épaules, est verticale aux types 1 et 2 (ces deux types servaient en même temps de couvercle) et horizontale aux autres bols. Les types 5, 7 et 14 n 'ont pas d'oreillettes. Toutes les oreillettes sont proéminentes et percées, sauf les types 8 a et 15 qui ont les oreillettes pleines. Les types 1 et 8 a ont deux oreillettes, 9 en a quatre, les autres en ont une seule.

Le type 8 est de fabrication brute, 2 et 9 sont soigneusement polis ; 5, 6, 7, 12 et 15 sont plastiques et peints, les autres sont seulement peints. Le type 6 a une ornementation en forme de peigne vertical, les types 5 et 7 ont comme ornement sur leurs parties supérieures quelques bandes en relief et sur leurs parties inférieures des filets circulaires en relief. 3, 10, 12 et 15 ont les parois extrêmement minces; il y a des vases dont les parois n 'ont pas plus de 2 à 3 mm.

Les formes d'évolution sont 2, 3, 4, 12 et 15. Le type 12 doit être relevé. Des 84 vases d'Ariusd, 26 — près de 30% — sont de ce type.

Les numéros d'inventaire des vases indiqués dans le tableau B sont les suivants: 1 = 2350, 2 - 3640, 3 - 3561, 4 = 594, 5 = 558, 6 - 2422, 7 - 560, 8 a = 2470, 8 b - 1948, 9 - 1241, 10 = 3375, 11 = 3654, 12 - 3376, 13 - 555, 14 - 3462, 15 = 547.

A consulter: B 3 (Arch. Ért., 1912, p . 61 I I I , I, 8) ; B 7 (Dolgozatok-Trav., 1912, p . 215, fig. 64); B 8 b (Arch. Ért., 1912, p . 61 I I I , 11, p . 63 IV, 11); B. 13 (Dolg.-Trav. 1912, p . 217, fig. 28); B 7 ( J . Teutsch: Spătneol. Ansiedlungen, dans les Mitth. der prăhist. Comis., 1903, p . 389, fig. 128); B 5 (Convorhiri literare, 1924, p . 105), B 12 (/. c , p . 109); B 12 (Dolg.-Trav., 1914, p . 346, fig. 44 tab . 13 près du foyer).

Analogies: I. Les stations du bassin de VOlt. Olteni (Oltszem) «Station de Varmeghe»: B 1 (Dolg.-Trav., 1911, p . 190, pi. 10,

fig.8); B 5 (/. c, p . 216, fig. 69); B 7 (l. c , p . 198, fig. 26, p . 196—198, fig. 24—25 et Arch. Ért., 1912, p . 59, t ab . I I , fig. 7) ; B 12 (Dolg.-Trav., 1911, p . 196, fig. 23 et Arch. Ért., 1912, p . 61, t ab . I l l , fig. 14). Olteni (Oltszem) «Leânykavâr»: B 2, B 12. Baia Malnaş (Mâlnâsfurdô) : «Fôvenyestetô» B 3, B 13. Sfântul-Gheorghe (Sepsiszent-gyôrgy) «Gémvâra» B. 3. Reti (Réty) «Tôrôkrétje»: B. 7, B. 8, B. 10, B. 12. Lisneu (Lisznyô) «Jenejekhegy»: B 12. Priesterhiigel: B 3 (J . Teutsch: Spătneol. Ansied., dans les Mitth. der prăhist. Commis., 1903, p . 377, fig. 46 et p . 385, fig. 60) ; B 2 (/. c , p . 374, fig. 60), B 12 (l. c , p . 284, fig. 104 şi p . 386, fig. 120).

I I . Les stations en dehors du bassin de VOlt: Târgul-Mureş (Marosvâsârhely) B 12 (dr. Kovâcs Is tvân: Marosvâsârhelyi

âsatâsok, Dolgozatok-Trav., 1915, p . 237, fig. 9 et p . 232, fig. 3, no. 17. Cucuteni: B 3 (Zeitschrift fur Etnologie, 1911, p . 585, fig. a et c. Fuhrer, t ab . 7, fig. f) ; B 12 (Fiihrer, t ab . 7, fig. d). Petreni: B 12 la partie supérieure plus courbée (E. v. Stern: Trudy, 1917, t ab . VI, fig. 9, t ab . X I , fig. 13); B 15 rebord plus large (I. c , t ab . I X ,

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FRANCISC LASZLÔ

fig. 3). Şipeniţi: B. 12. partie supérieure plus petite (G. Childe: Şipeniţi, p. 273, fig. 14); B 13 (/. c , tab . XV, fig. 2) grand bol approchant du type B 15 avec deux ma­melons, un rebord arqué à l 'extérieur et deux oreilles horizontales sous le rebord (/. c,. p . 272, fig. 11). Bilcze: B 5 forme de remplacement (Osztr. Magy. Monarchia irâsban es képekben. Galicia, p . 119). Kozlovce: B 13 (G. Childe : East European, p . 261, fig. 6). Tripolje: B 1 et B 3 (d'après les photographies envoyées par M. Chwoiko

PI. III.

en 1912); B. 12 (Mannus, vol. I, p . 242, tab . 20). Butmir : B 1 (Fiala, Radimsky, Hoernes: Die neol. Station von Butmir, I, fig. 16); B 2 (/. c , fig. 20); B. 8 a (/. c , fig. 22).

GROUPE C. Jarres et cruches (PI. III et IV, 1 — 8 et IV 9 — 19)

Leur caractéristique commune est une base étroite et le grand diamètre du corps, environ deux fois le diamètre de l 'ouverture, à l 'exception des types 1—4 et 9 —11 qui forment la transition vers les jarres marquant les formes de départ . Les types 1 — 5 sont de grands pots de fabrication grossière. La hauteur du pot présenté par le dessin No. 4 est de 65.5 cm (on a trouvé des pots du même type d'une hauteur de 80 cm). Autour de l'entrée et à la partie extérieure du col ces pots sont également polis. En général les parties exposées à la vue sont décorées ou plus soigneusement

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)

décorées que les parties inférieures. La partie inférieure des types 2 et 4 est sphéroïde, celle des tvpes 1 et 3 a la forme d'un cône t ronqué; 5 et 6 ont la forme d'un tonneau. Le col du tvpe 1 n'est pas encore séparé, le type 2 a un col courbé à l'intérieur, 4—6 ont un col élevé ; le type 3 a un col qui présente la fusion de ces deux formations. La partie supérieure des vases du type piriforme 7 et 8 est sphéroïde, leur partie in­férieure est un cône tronqué élevé. Ils ont un rebord court courbé à l'intérieur. La partie inférieure et supérieure du type 9 est sphéroïde; le rebord assis verticalement est bien séparé. Le type 10 est également sphéroïde et la partie supérieure porte la lisière de la partie inférieure du rebord. Le type 11 est de fabrication grossière; sa

PI. IV.

partie inférieure est conique. Sur la lisière des lèvres il a des lignes incisées (ces lignes ne sont pas indiquées sur le dessin). Le type 12 est un pot sphéroïde de fabrication brute ; autour de l 'ouverture et à la naissance du col il a une bande horizontale in­cisée verticalement. Le type 13 a une forme sphéroïde aplatie ; la partie supérieure du pot 14 est sphéroïde, sa partie inférieure conique. La forme sphéroïde la plus ca­ractéristique appart ient au type 15. Tandis que la base de tous les autres types est plate et se sépare du corps par un angle aigu, la base de ce type est formée par une surface convexe. La partie supérieure des types 16—19 est sphéroïde et leur partie inférieure conique. Aux types 13—19 dont le col est d'une hauteur médiocre, on re-

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riîANCISC LÂSZLÔ

m a r q u e à la na i s sance et t o u t a u t o u r du col u n c r e u x assez p ro fond qu i ser t à f ixer le couverc le . Le col des t y p e s 15 et 16 est d 'uni- seule piece, celui des p o t s 17 — 19 est divisé en deux par t ies . Le pot 15 con tena i t une col lect ion assez i m p o r t a n t e de pa ­rures et le p o t 16 des l ames de si lex. Les d e u x p o t s ont un couverc le qu i e n t r e b ien d a n s le c reux qui se t r o u v e sous le col et d o n t l ' o r n e m e n t a t i o n c o r r e s p o n d à l 'o rne­m e n t a t i o n du p o t . La h a u t e u r des t y p e s 1 à 11 es t b e a u c o u p plus g r a n d e q u e le p lus g r a n d d i a m è t r e du vase , t a n d i s q u e la h a u t e u r des t y p e s 12 — 1 9 est tou jours plus pe­t i t e . Les t y p e s 12 et 19 o n t auss i u n p ied , a lors q u e les a u t r e s t ypes n ' e n o n t p a s .

Le t y p e 1 a en hau t p re sque sous l ' en t r ée 3 orei l le t tes ho r i zon ta l e s et p lus b a s 2 orei l le t tes v e r t i c a l e s ; t o u t e s les ore i l le t tes sont pe rcées . Le t y p e 2 a 4 ore i l le t tes proé­minen te s s i tuées au mil ieu du v a s e . Le t y p e 3 a 12 ore i l le t tes ho r i zon ta l e s mises su r 3 r a n g s . Le t y p e 4 es t p o u r v u en h a u t , à la na i s sance du col, de 4 ore i l le t tes percées h o r i z o n t a l e m e n t a l t e r n a n t avec la r a n g é e d ' en h a u t . Le t y p e 5 auss i a les ore i l le t tes placées en d e u x r a n g é e s : en h a u t , sous le col , 3 ore i l le t tes ve r t i ca l e s , e t sous la l igne de milieu du vase 4 a u t r e s , couplées 2 à 2 . Les ore i l le t tes des t y p e s 6 à 8 s o n t per­cées v e r t i c a l e m e n t et p lacées su r d e u x r a n g s : la r a n g é e d ' en h a u t sous le col e t celle infér ieure sur la p a r t i e la p lus renf lée du v a s e . Le t y p e 9 a 2 ore i l le t tes ho r i zon ta l e s à la na i s sance du col, le t y p e 10 é g a l e m e n t 2 su r sa p a r t i e la p lus l a rge . 11 e t 12 n ' o n t pas d ' o r e i l l e t t e s ; 14 a des ore i l le t tes p r o é m i n e n t e s n o n pe rcées , 18 a des ore i l le t tes p r o é m i n e n t e s n o n percées . 13 , 15 , 16, 17 e t 19 o n t 2—2 ore i l le t tes ve r t i ca les au mil ieu de la p a r t i e supé r i eu re sphé ro ïde .

6, 9, 13 — 1 5 o n t des o r n e m e n t s p e i n t s . Le corps d u t y p e 10 a u n e o r n e m e n t a t i o n en fo rme de pe igne . 16—19 son t p l a s t i q u e s e t p e i n t s .

Les t y p e s de d é p a r t 4 , 16 — 19. Les n u m é r o s d ' i n v e n t a i r e des p o t s p r é s e n t é s su r la PI . I I I e t I V d u g roupe

C: 1 = 2024, 2 = 4930, 3 *= 5 6 3 , 4 = 589 , 5 = 562 , 6 = 2309 , 7 = 3 5 4 5 , 8 — 4 8 9 5 , 9 = 4924 , 10 = 2326, 1 1 = 5 5 2 , 1 2 = 3 6 5 5 , 1 3 = 5 8 4 , 14 = 564, 1 5 = 2 3 7 3 A. , 16 = 2355 , 17 = 2 3 5 1 , 18 = 2314, 19 = 559 .

A consulter: C 3 (Arch. Ért., 1912, t a b . I V , fig. 1 6 ) ; C 5 (/. c , 1912, t a b . I V , fig. 1 5 ) ; C 5 (Dolg.-Trav., 1914, p . 3 1 3 , fig. 1 8 ) ; C 5 (Dolg.-Trav., 1911 , p . 201—202 , fig. 3 2 ) ; C 14 (/. c , p . 212 — 2 1 3 , fig. 2 9 ) ; C 15 (/. c, p . 187, fig. 6 ) ; C 16 (/. c , p . 186, fig. 6 ) ; C 18 (/. c, p . 214, fig. 3 1 , p . 2 1 3 , fig. 3 0 ) ; C 13 ( J . T e u t s c h : Spătneol. Ansiedl., dans les Mitth. der pràhist. Commis., 1913 , p . 388 , fig. 1 2 4 ) ; C 18 (/. c, p . 389, fig. 129 ) ; C 18 (Conv. lit., 1924, p . 103).

Analogies: I . Des Stations du bassin de VOlt: Olleni (Ol tszem) «Varmeghe» C 1 (Dolg.-Trav., 1911 , p . 198, fig. 27) , C 6 (1. c,

p . 219 , fig. 7 3 ) ; C 18 (1. c, p . 216 , fig. 68) . Olteni (Ol t szem) «Leânykavâr» C 4 , C 16. Sfântu-Gheorghe (Seps i szen tgyôrgy ) «Gémvàra» C 1, C 4 , C 1 8 ; Reti ( R é t y ) «Tôrôkrétje» C 6, C 7, C 17. Aninoasa ( E g e r p a t a k ) «Olâhulés» C 4 ; Cernatul de Jos (Alsôcse rnâ ton) «T emplomdomb» C 4 .

I I . Des Stations en dehors du bassin de VOlt: Cucuteni: formes de t r a n s i t i o n e n t r e C 8 e t C 18 , av ec l ' a rc d u col u n p e u

cou rbé en dehors (Conv. Liter., 1924, p . 95) . C 10, C 14 (Z. f. E., p . 586 , fig. 3 a et b ) , C 3 , C 9, C 10 de f ab r i ca t ion p lus gross ière (/. c, p . 587 , fig. 4 e. f. g) ; C 16 (Fùhrer, t a b . 7, fig. 6) . Petreni: C. 7 la p a r t i e infér ieure p lus p e t i t e ( E . v . S t e r n :

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I IS TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)

Trudy, 1917, tab . X I I , fig. 3 et t ab . I I , fig. 3 h) ; C 9 (/. c , tab . V I I ) ; C 15 le col plus petit (/• <*•• t a n - VII I , fig. 11). Şipeniţi: C 3 (G. Guide : East European, p . 277, fig. 24). C 10 (/. c , t ab . XV, fig. 5), forme de transition de C 8 à 18, le col en forme de cône tronqué, l 'ouverture arquée en dehors (/. c, t ab . XIV, fig. 1), forme de transition de C 8 à 18 (/. c , p . 261, fig. 7). C 16 (/. c, p . 270, fig. 6, p . 270, fig. 7, p . 270, fig. 8, p. 271, fig. 9, tab . XV, fig. 3, entrée plus étroite Tab. XV, fig. 1). C 14 entrée arquée en dehors (/. c , p . 271, fig. 10); C 18, entrée plus étroite (/. c, p . 270, fig. 5). Kozlovce: C 14 le col courbé en dehors (/. c , tab . X I I , fig. c), C 14 (/. c , t ab . X I I , fig. b). Tripolje: C 3 un exemplaire plus petit (d'après la

photographie de M. Chwoiko) C 10, avec col plus haut (/. c ) , C 7 sans rebord (/. c), C 9 (/. c), C 10 (Mannus, vol. I , t ab . 20). Bilcze: C 9, C 12, C 14 (Osztr. Magy. Monarch, irâsban es képekben: Galicia, p . 119). Région du Dnjepr: C 6 embouchure plus haute, rebord plus étroit (C. Childe: East European, p . 272, fig. 14 a.), C 8 le col manque (/. c , p . 272, fig. 14 b.) ; C 16 (/. c , p . 263, fig. 8.), Dutmir: C 1 (Fiala, Radimsky, Hoernes: Die neolit. Station von Butmir, vol. I I , fig. 23), C 3, forme rapprochée (/. c., vol. I , fig. 22).

GROUPE D. —CRUCHES (Amphores) (PI. V, 1 — 6)

L'ouverture des cruches est encore plus étroite. En général, elle est de 2.5 fois plus étroite que le corps du vase. La hauteur des cruches est toujours plus grande que le grand diamètre horizontal. Caractéristiques pour la cruche type sont les deux

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FRANCISC LÂSZLÔ

oreillettes proéminentes percées verticalement et placées sur la partie la plus renflée de la panse. La forme de départ no. I est une amphore parfaite à fond sphér ique; la partie inférieure des autres a la forme d'un cône t ronqué. La partie supérieure du type 2 est plus ou moins sphéroïde. Le type 1 a un col vertical, le type 2 un peu courbé en dedans, mais ni à l'une ni à l 'autre cruche le col n'est séparé du corps. Le type 3 a un col bien séparé, formé d'une seule pièce ; le col 5 a deux parties. Au 4, le col un peu courbé en dehors, est séparé du corps par un cercle en relief. Sous la naissance du col très haut de la forme no. 6, on aperçoit tout autour comme aux C 13 — 1 9 , un creux assez prononcé qui servait ici aussi à la fixation du couvercle. 4 et 6 sont sur pieds. 4 a deux oreillettes percées horizontalement; 6 n 'a ni oreillettes, ni proéminences.

Le no. 1 est de fabrication brute, 2 et 4 sont polis, 3, 5 et 6 ont des ornements peints.

Les formes de départ sont 2, 3 et 5. Les numéros d'inventaire des figures du tableau V: 1 = 553, 2 = 536, 3 = 534,

4 = 46, 5 = 565, 6 = 3362. A consulter: D 2 (Dolg.-Trav., 1911, p . 201, fig. 33); D 2 (/. c, 1914, p . 313,

fig. 18). Analogies: I. Des stations de la région de VOlt: Olteni (Oltszera) «Varmeghe» D 2, D 3, D 5. Cernatul de Jos (Alsôcsernâton)

«Templomdomb» D 2. I L Des foyers en dehors de la région de VOlt: Cucuteni: D 4 sans la proéminence du col (Filhrer, t ab . 7), Petreni: D 3 oreille

plus haute, ouverture arquée en dehors ( E . v . Stern: Trudy, 1917, t ab . I I , fig. 1. 8.). Şipeniţi: D 3 l 'ouverture arquée en dehors (G. Childe: Şipeniţi, p . 272, fig. 13), Zlo-talipa: D 3 avec col courbé en dehors, (Mannus, vol. I, p . 237, fig. 12 a), Bilcze: D 5 (Osztr. Magy. Monârchia irâsban es képekben, Galicia, p . 119). Tripolje: D 1 avec oreillette (d'après la photographie de M. Chwoiko), D 3 avec un corps plus petit , arqué en dehors, col séparé (Chwoiko: Roskopky Plostsadok, Moskva, 1910. Tab . VII I ) , Dimini'. D 4 sans la proéminence sous le col (Tsountas: Dimini kai Sesklou, Athènes 1908, tab . VI, fig. 1).

GROUPE E .—VASES A P I E D (PI. VI, Kg. 1 8 )

Le pied des bols, jarres et cruches (B 5, 7, 11, 14 C 12, 19, D 4, 6) est une plaque circulaire plate ou un peu convexe qui sert à maintenir l'équilibre des vases à fond étroit. En dehors de cela, le pied hausse le corps du vase et en change aussi la forme générale. Le pied des vases à pied proprement dits peut être plein (type 1) ou creux (types 2 — 8 ) . Sa forme est celle d'un cône tronqué (3 — 5) ou cylindrique (2, 6 ,8) . Le no. 7 s'élargit sous son pied en forme de cône t ronqué. 1, 2 et 4 sont des tasses à pied, 3 est un pichet dont le col est développé en hauteur . Des numéros 5 et 7 on n 'a retrouvé, comme d'ailleurs presque de tous les vases de cette catégorie, que des fragments, mais d'après la courbe de la panse nous pouvons les considérer comme vases à pied. Tous ont les parois épaisses, la majorité la surface polie et sont dé­pourvus d'ornementation. Le no. 3 est soigneusement poli, pourvu d'une oreillette et peint en blanc. Le pied du no. 5 est pourvu de larges trous.

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÛSD)

Les numéros d'inventaire des figures de la pi. VI sont : 1 = 4 2 0 8 , 2 = 2 3 3 6 3 = 2467, 4 = 1945, 5 = 2436, 6 = 2356, 7 = 582, 8 == 1718.

A consulter: E 1 avec pied plus large, sous l 'ouverture avec 2 + 2 trous ( J . Teutsch: Prăhistorische Funde aus dem Burzenland., Mith. der Antr. Gesellsch. in Wien, Vol. X X X . 1900, p . 199, fig. 153) E 4 (Dolg.-Trav., 1911, p . 202, fig. 35) ; E 4 (/. c , p . 190, t ab . 10, fig. 5).

Analogies: I . Des foyers de la région de VOlt: Olteni (Oltszem): «Varmeghe» E 2, E 2/3 (Dolg.-Trav., 1911, p . 202, 206, 217,

fig. 36, 37, Arch. Ért., 1912, p . 57, t ab . I, fig. 2), E 3 (Dolg.-Trav., 1911, p . 190, tab . 10, fig. 9) ; E 3 (/. c , p . 214, fig. 38); E 4, 5 Olteni «Oltszem» «Leânykavâr»; E 4 Reti (Réty) «Tôrôkrétje»; E 6 Baia Malnaş (Mâlnâsfùrdô) ; E 5, Cernalul de Jos (Alsôcsernâton) «Templomdomb» E 6. Priesterhiigel E 1 avec pied plus large, sous l 'entrée avec 2 + 2 trous ( J .Teu tsch : Prăhist. Funde ans den Burzenlande, Mit-theil. d. Antrop. Gesellschaft in Wien, Vol. X X X , p . 199, fig. 153).

I I . Des autres foyers que ceux de la région de VOlt:

Cucuteni : E 2/3 identique avec l'exem­plaire d'Olteni. (D'après l'esquisse que j ' a i P1 V I

faite dans la collection du Museum fur Vôl-kerkunde de Berlin). Butmir: E 4 (Fiala, Radimsky, Hoernes : Die neolit. Station von Butmir, t ab . VII , fig. 4) ; E 7 (I. c , vol. I, fig. 27).

GROUPE F . — SUPPORTS CREUX (en forme de tuyau), INDÉPENDANTS (PI. VII. fig. 1—7)

D'après la croyance générale ces objets d'une forme peu commune, ouverts en haut et en bas, servaient de supports aux vases, dont ils rehaussaient le corps. Nous avons remarqué plus d'une fois, à Ariuşd, aussi que la surface intérieure du tuyau était recouverte de suie, ce qui dénote que ces supports servaient aussi au chauffage. Les pieds sont de différentes dimensions: petits (types 1 et 2), moyens (3 et 4) et hauts (5—7). Selon toutes probabilités, les pieds moyens ont dû servir à soutenir des vases et des pots de dimensions plus grandes, tandis que les pieds hauts sont indiqués comme supports de vases à fond étroit. Caractéristiques au point de vue typologique sont les deux ouvertures larges et circulaires qui se trouvent en face l'une de l 'autre sous le col des pieds moyens et des pieds hauts. Ces ouvertures servaient pendant le chauffage à l'échange d'air et par conséquent à éloigner la fumée. Pour assurer le courant d'air nécessaire à la combustion, il est probable qu'on mettait ces pieds sur des pierres, afin de permettre à l'air de parvenir à la braise, qui se trouvait à l'intérieur du tuyau, ainsi qu'au brasier qui se trouvait en dessous. Comme aucun des types de pieds re-

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1 KANCISC LÂSZI/)

trouvés jusqu'à présent, ne présente ni oreillettes ni autres parties proéminentes, il est probable que pour leur transport on se servait d'un petit bâton qu'on passait par ses ouvertures.

Le No. 1 est un peu arqué, en forme de cône tronqué. Le type 2 est formé de deux cônes tronqués superposés par leurs parties étroites. 3 — 7 ont un col formé séparément et courbé en dehors. Abstraction faite du col, le profil des parois est tou­jours en forme de «S» allongé. La partie inférieure courbée en dehors servait au main­tien de l'équilibre; plus le pied est grand, plus cette courbe est prononcée (types 6 — 8). Les types 2 et 5 ne sont pas peints, alors que tous les autres le sont soigneuse-

PL VII.

ment. La hauteur des petits pieds est de 8 —10 cm, celle des moyens 20 — 30 cm et celle des pieds hauts 30 — 40 cm. Le plus grand des pieds (figure 7) a une hauteur de 44 cm.

Les types de départ sont les types 2 à 7. Les plus nombreux trouvés sont les types 5 à 7.

Les numéros d'inventaire des pieds creux dessinés sur la planche VII sont: 1 = 1948, 2 = 571, 3 = 2332, 4 = 585, 6 = 2328, 7 = 3653. À consulter: F 1 (Dr. G. Wilke: Kullurbeziehungen, Mannus-Bibliothek, Wùrz-

burg, 1913, p . 50, fig. 73) (Dolg.-Trav., 1911, p. 204, 217, fig. 41 , p . 190, t ab . 10, fig. 12); F 2 (/. c , p . 204, fig. 43, p . 190, tab . 10, fig. 6) ; F 3 (/. c , p . 190, t ab . 10, fig. 7) ; F 4 (/. c , p . 205, fig. 44, p . 205, fig. 45) ; F 4 (/. c , 1914, p . 313, fig. 18 et p . 334, fig. 344. Auprès de lui le vase A 4 et A 6).

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)

Analogies: I . Des foyers de la région de VOlt: Olteni (Oltszem) «Varmeghe» F 5 (Dolg.-Trav., 1911, p . 190, Tab. 10 — fig. 10), F 5, 6, 7, Reti (Réty) «Tôrokrétje» F 2, F 3, Lisneu (Lisznyô) «Jenejekhegy» F 3, F 5, Boroşineul Mie (Kisborosnyô) Borzvâra F 5.

I I . Des foyers autres que ceux de la région de VOlt: Cucuteni F 5 à col plus haut (Z. f. E. , 1911, p . 585, fig. 2 b), Dimini: F 1 (Tsountas, Dimini kai Sesklon, Tab. VII , fig. 1).

GROUPE G. — V A S E S A P I E D CREUX (PI. VIII, 1—2)

Au même titre que les pieds creux, les vases à pieds creux sont des plus inté­ressants objets préhistoriques. Nous les avons découvert en exemplaires plus ou moins nombreux dans plusieurs fouilles et ils semblent avoir été fabriqués depuis l 'époque néolithique jusqu'à celle romaine. Dans le domaine de la céramique peinte est-européenne, ils ne sont connus jusqu'à présent, en dehors des foyers de la région de l'Oit, que dans les centres de Cucuteni et Dimini. Dans les trois régions le pied

PL VIII.

creux qui sert de support est haut . La section en profil des pieds de vases d'Ariuşd montre, comme pour le pieds libres, la forme d'un «S». Pour le maintien de l'équilibre leur partie inférieure est plus large. La partie supérieure des parois du pied est pour­vue, immédiatement sous le vase, de deux larges ouvertures circulaires placées l'une en face de l 'autre. Leur but est le même que celui des ouvertures des pieds libres. Sur la surface intérieure de ces pieds on a également trouvé des traces de suie. Le vase est soudé au support. Le vase du type 1 est petit et peu profond. Son fond est con­cave et ses parois extrêmement épaisses. Le vase du type 2 correspond au type A 2. Son diamètre est de très peu plus petit que la hauteur du vase entier avec support. Un des exemplaires porte sous l 'ouverture du vase une petite oreille proéminente et horizontale ; deux autres exemplaires en ont deux. Un autre exemplaire a à la place des oreillettes deux petits trous situés l'un en face de l 'autre. Tous les exem­plaires sont soigneusement faits, leur surface est polie et la plupart sont décorés d'or nements peints en blanc. Un des exemplaires a une ornementation polychrome. Leur hauteur est de 13, 26, 29, 31 et 44 cm; il y a aussi certaines miniatures. Deux exem­plaires ont été trouvés sur le plancher des habitations, un autre exemplaire dans

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2 Dacia I 1924.

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un four à cuire les vases. Les exemplaires de Cucuteni correspondent au type G 1 d'Ariuşd: leur vase est plus petit. Le renflement de la partie supérieure du pied ainsi que les deux trous manquent aux exemplaires retrouvés à Dimini, dont les vases ont 4 côtés ' ) .

Quant à l'emploi de ces vases, nous n'avons pu d'après les exemplaires d'Ariusd, établir qu'une chose: c'est qu'ils servaient à chauffer les matières qu'on y mettai t . Les vases ne servaient probablement pas seulement aux sacrifices, mais ils devaient avoir aussi un emploi domestique. Si nous pouvons retrouver le cimetière apparte­nant au centre d'Ariusd, lequel résoudrait t an t de problèmes, mais dont on a jusqu'à présent vainement cherché la place, nous sommes sûrs de retrouver ces vases dans les tombeaux, fussent-ils d'inhumation ou d'incinération 2).

Les numéros d'inventaire de vases à pied creux dessinés sur PI. G sont: 1 = K v . 815, 2 - 2 4 7 8 . À consulter: G 1 (Conv. Lit., 1924, p . 107); G 2 (Dolg.-Trav., 1911, p . 214—215,

fig. 39 et Dolg.-Trav., 1914, p . 333, fig. 33 et p . 313, fig. 18). Analogies: I. Des stations de la région de FOU. Olteni (OItszem) «Varmeghe» G 2

(Dolg.-Trav., 1911, p . 206, fig. 49 et Arch. Ért., 1912, p . 57, tab . I, fig. 3). Reti (Réty) «Tôrôkrétje» G 1/2.

I I . Des centres autres que ceux de la région de FOU. Cucuteni: G 1, le vase plus petit (Fiïhrer, t ab . 7, fig. j ) . Dimini: G 2. Le vase est à quatre côtés (Tsountas: Di­mini kai Sesklon, t ab . X, fig. 2 et t ab . X X I I I , fig. 3).

GROUPE H.—VASES R E C T A N G U L A I R E S

(PI. I X , fig. 1 — 5)

A l'exception d ' u n seul exemplaire, tous les autres vases retrouvés sont en frag­

ments. Les fragments 1—4 sont de fabrication grossière et appartiennent à des vases d'une forme allongée comme une auge. Ils imitent probablement les auges en bois. Leurs bords sont arrondis ; les parois intérieurs sont arquées en toutes direc­tions. Le no. 2 a la paroi percée. Le no. 4 est pourvu de deux côtés plus petits et à mi-hauteur d'une protubérance percée horizontalement. La partie supérieure du type

PI. IX.

*) Des fragments de ces vases à 4 côtés et à ornementat ion incisée ont été retrouvés dans des stat ions du dépar tement de Trei-Scaune, contem­poraines de la culture B d 'Ariusd: Sfântu-Gheor-ghe (Sepsiszentgyôrgy), Băile Malnas (Mûlnàs-fùrdô), Cernatoni (Csenâton) et Sânzieni et dans la commune Roşia Săsească du dépar tement de Braşov.

Selon tou tes probabil i tés l 'exemplaire de Sf. Gheorghe avai t un pied creux. — On connaît aussi quelques exemplaires de Band (Mczôbând) Dolg-Trav., 1913, page 272, et de Vârchetz (Wo-zsinsky Môr.): Az iishor mészbetctes diszitésù agyag-mivessége— Budapes t 1904 — Tab . 83 figure 3).

2) Wozsinsky Môr: Pràhislorikus talpcsôves edények, Arch. Êrt., 1891, p . 211—224.

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÛSD)

3 a un bord servant à fixer le couvercle. Les 4 fragments ne sont pas peints. Le fragment no. 5 est développé en hauteur, poli soigneusement et peint. En ce qui concerne sa forme, on peut se rendre compte qu'il appartient à un vase à 4 angles plus haut et fixé sur 4 pieds.

Les numéros d'inventaire des vases à 4 angles représentés sur la PI. IX sont: 1 = 3701, 2 = 4776, 3 = Bp. 125, 4 = , 5 = Bp. 42.

Analogies: I. Des foyers de la région de VOlt: Reti (Réty) «Tôrôkrétje» H 1, H 4. I I . Des foyers autres que ceux de la région de VOlt: Şipeniţi: H 1 (G. Childe,

Şipeniţ, p . 275, fig. 22).

GROUPE J . — COUVERCLES (PI. X, fig. 1-12)

Les couvercles des vases, sont la preuve du haut développement de la culture

de la céramique peinte est-européenne. La plupart ont le type d'un bol ; il y en a même qui servaient en même temps de bol et de couvercle. De pareille forme sont

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2*

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IHANCISC LÀSZLÔ

les couvercles 1 — 5 et 12. Les grands bols indiques par B 5 et B 7 selon les analogies de Cucuteni servaient aussi de couvercles. La preuve en est la courbe de l 'ouverture et l 'ornementation peinte de la surface extérieure du fond. Nous savons aussi à quel vase appartiennent le couvercle fig. 2 ainsi qu'un autre couvercle qui a été retrouvé.

La forme générale du couvercle est sphéroïde (types 1, 2, 3, 12) ou représente un cône tronqué (4. 5). 1 et 2 sont pourvus à mi-hauteur des parois de protubé­rances, percées verticalement. Les couvercles 3 et 4 sont percés horizontalement à leur endroit le plus haut , les autres ont à ce même endroit un bouton (6, 9, 10, 11) proéminence en forme de cône tronqué ou une languette percée horizontalement (7, 8) qui permet de les tenir dans la main. Développé en hauteur est le type 9 ; spé­cifique est le bouton fortement profilé du type 11. Les no. 4 et 5 ont la surface polie, les autres ont des ornements peints.

Les numéros d'inventaire des couvercles indiqués sur le tableau J sont: 1 = 2350, 2 = 2373, 3 = 3621, 4— 2413, 5 = 3273, 6 - 3 7 2 7 , 7 = 3575 8 = 1850,

9 = 2614 ,10= 3574, 11 = 3704, 12 = 3371. A consulter: J 12 (Conv. Lit., 1924, p . 109). Analogies: I . Des foyers de la région de VOlt : Olteni (Oltszem) «Varmeghe» J

5 (Dolg.-Trav., 1911, p . 202, 204, fig. 34), Olteni (Oltwem) «Leânykavâr» J 4 (/. c , p . 205, fig. 46 et t ab . 10, fig. 1).

IL Des centres autres que ceux de la région de VOlt: Cucuteni: J , 12 grand couvercle peint (d'après le dessin que j ' a i fait dans la collection de Berlin du «Museum fiir Vôlkerkunde»). Şipeniţi: J . 2 (G. Childe: Şipcnifi, t ab . XIV, fig. 2 ) ; J , 2 plus aplati (E. v. Stern: Trudy, 1907, t ab . I, fig. 1). Bilcze: J 2 (Osztrâk-Magyar Monarchia, Irâsban es Képekben. Galicia. p . 119), Tripolje: J 2 corps plus petit , courbé en dehors, cou séparé. (Chwoiko: Raskopki Plostsadok, Moskau, 1910, t ab . VI I I , et d'après les photographies de M. V. Chwoiko), J 5 (Mannus: vol. I, p . 242, t ab . 20), Petreni: J 2 plus aplati (E. v. Stern: Trudy, 1917, t ab . 1, fig. 1, t ab . VI, fig. 7 et t ab . VI I I , fig. 7).

GROUPE K.—VASES EN MINIATURE (PI. XI, fig. 1—4)

Leur valeur typologique se résume au fait que leurs formes sont plus anciennes que celles des vases développés. Ils ne sont pas seulement des jouets d'enfants, mais aussi des vases employés aux enterrements. Dans les tombeaux d'enfants de Lcngyel on a toujours trouvé de pareils vases. Leur fabrication est souvent tellement primi­tive qu'on ne peut pas reconnaître le type du vase ; il y en a cependant d'assez bien travaillés. Les vases en miniature que nous avons étudiés appart iennent aux types suivants de grands vases: A 1, 2, 3, 4, 5, 8, 12; B 1, 2, 3, 6, 10, 12, 13 ; C 1, 9, 13, 16; D 1 ; E 1, 2, 3, 4, 7, 8 ; F 3, 5 ; G 1, 2. La plupart de ces vases ont une hauteur de 3 à 6 cm. ; il y en a aussi dont la hauteur est de 1 à 3 cm.

J ' a i aussi trouvé certains vases en miniature dont le type ne ressemble à aucun des grands vases. J 'a i donc établi pour ces types la planche K. Les nos. 1 et 3 sont de petits vases de forme ovale ; l ' intérieur du vase no. 3 est séparé en deux par une paroi verticale. Le no. 2 a la forme parfaite d'une demi-coquille de noix. Le vase en forme de ruche d'abeille, indiqué sous le no. 4, imite la forme d'un four à cuire les vases.

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ElîOSD)

(Dolg.-Trav., 1914, p . 315, fig. 20). Les fours à cuire connus à Ariuşd (/. c, p . 314, fig. 19, p . 345, fig. 43, p . 313, fig. 18) ont, comme on a pu établir d'après les fragments de la base et des parois, exactement la même forme. La hauteur du vase est de 6 cm., le diamètre de sa base de 5.5 cm. Nous avons encore un pareil vase, un peu plus grand, provenant des fouilles de«Gémvâra», située sur la limite de Sft.-Gheorghe ; comme ornements sa surface pré­sente sous l 'ouverture qua­tre sillons horizontaux et plus bas deux sillons ver­ticaux. Son oreillette est percée horizontalement.

Les numéros d' inven­taire des vases en minia­ture compris dans la PI. X I sont : 1 = 2 4 3 9 , 2 = 2469, 3 = 2 4 3 8 , 4 = 3 6 7 5 .

A consulter : D. 2 (Dolg.-Trav.,,1911, p. 217, fi g. 51).

Analogies : D'Oiteni (01-tszem) A. 2 (Dolg.-Trav., 1911, p . 224, fig. 60); A 2 (/. c, p . 234, fig. 70); B (/. c , p . 213, fig. 47), C 6 forme rapprochée (/. c, p . 216, fig. 50) ; F 3 (/. c , p . 217, fig. 52) ; G 2 (Z. c , p . 214, fig. 48); G 2 (/. c, p . 215, fig. 49); H 4 forme rapprochée (/. c , p . 218, fig. 53).

GROUPE L. — VASES PLASTIQUES (PI. XII, fig. 1 — 5)

Les preuves les plus vives de la perfection artistique de l 'homme d'Ariuşd sont les figurines d'hommes et d 'animaux en argile (idoles). Parmi les formes d'animaux il y en a qui présentent une ouverture ovale dans le dos, de sorte que leur forme extérieure n'est pas changée. De ces vases zoomorphes de type très ancien, les fig. 1 et 2 représentent une brebis. Leur pied est musclé, les autres parties du corps bien modelées. Le fragment de la plus grande forme est présentée sous no. 4. Sa hauteur est de 11,5 cm. On peut distinguer à la plupart des formes, entre les oreilles, des têtes d 'animaux. L'oreille de vase, dessin no. 3, imite une pareille tête d'animal. Dans Dolgozatok-Travaux (1911, p . 194, fig. 20) j ' a i publié un vase à surface brute qui possède sous le bord une proéminence allongée et penchée, ayant une certaine ressemblance avec un nez d'homme, et sur les deux côtés, à la même hauteur, une proéminence en forme d'hémisphère. Nous pouvons donc reconnaître dans les pro­éminences du vase, naturellement dans une forme extrêmement primitive, les traits caractéristiques de la face humaine. La figure 5 représente aussi un fragment d'un pareil vase antropomorphe. Il diffère du vase précédent principalement par le fait que le nez commence au bord même du vase.

Les vases de la pi. X I I sont inventoriés comme suit : 1 = 501, 2 = Kv. 102, 3 = 3702, 4 = Bp. 189, 5 = Bp. 126.

A consulter: L 1 (Dolg.-Trav., 1911, p . 221, fig. 86).

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FRANCISC LASZLÔ

Analogies: I . Des foyers de la région de VOlt: Sft.-Gheorghe (Szepsiszentgyôr-gy) «Gemvâra», Lisneu (L i s znyô ) : «Jenejek-hegy».

I I . Des foyers autres que ceux de la région de VOlt: Şipeniţi: L (G. Ghilde, Op. cit., p . 276, fig. 23) ; L 1, ouvert en haut et sur les deux côtés plus étroits une tête d'animal (/. e . , tab. X V I ) ; Petreni: L (E. v. Stern: Trudy, 1917, t ab . I, fig. 7) ; L 3 (/. c , t ab . VI, fig. 1 3 - 1 4 ) à laquelle correspond la forme du fragment de Sft.-Gheorghe qui

représente une tête de bélier; Butmir: IL 3 (Fiala, Radimsky, Hoernes: Die neoli-tische Station von Butmir, vol. I I , fig. 25).

GROUPE M . — V A S E S D I V E R S (PI. XIII, fig. 1 — 7)

Ces sont des vases dont le type ne peut être établi d'après les fragments retrouvés.

Afin de compléter cet ouvrage je présenterai aussi ces fragments, dont chacun garde en partie les trai ts caractéristiques du vase auquel il appartenai t . Les nos. 1 et 3 sont des éviers en forme de cône t ronqué. Le no. 3 est ouvert en h a u t ; le no. 2 est le fragment d'une embouchure de vase à filet saillant. La saillie extérieure sert à soutenir le couvercle et le canal entre le bord et la saillie à le fixer. Huber t Schmidt a esquissé

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)

un vase exactement pareil provenant de la station la plus ancienne de Troie (Troja-nische AUertumer, Berlin, 1912, p . 4, fig. 114). Les nos. 4 et 7 sont les fragments d'un vase pareil à deux compartiments ; un relief circulaire sur la paroi intérieure montre cette séparation du vase. Sur la paroi extérieure on n'en voit aucune trace. Le no. 5 est le fragment d'un vase à fond large dont les parois sont arquées en dedans. Enfin le no. 6 est la partie cylindrique du goulot d'un vase, dont l 'ouverture est extrêmement étroite.

Les objets de la planche M sont inventoriés: 1 = 4879, 2 = B p . 279, 3 = B p . 95, 4 = B p. 204, 5 = B p. 205, 6 = B p . 282, 7 = B p . 203.

* * Comme conclusion j 'établirai ce qui suit concernant la forme des vases d'Ariuşd: La matière plastique employée à la fabrication des vases a reçu par la perfection

artistique du potier d'Ariuşd une forme si parfaite et correspondant si bien à son emploi que nous trouverons difficilement dans une autre station de l'époque pré­historique des formes aussi variées et réussies. Le fait que le potier donnait libre cours à son imagination contribue à la variété des groupes et des formes de vases. Dans ce qui suit je ferai connaître, par le tableau annexé PL XIV, les 12 groupes de formes, 102 types de vases et les variétés établies dans la culture A d'Ariuşd. La forme générale des vases dérive de la forme sphéroïde et du cône tronqué. La plupart des vases ont gardé à la partie supérieure l'ancienne forme sphéroïde. La partie su­périeure est rarement cylindrique ou arquée, quelques fois elle a la forme d'un cône tronqué. La partie inférieure des vases est sphéroïde ou en forme de cône tronqué. Dans la description des bols et petites jarres j ' a i fait remarquer qu'au type B 9 la forme de cône tronqué de la partie inférieure est née de la fonte du vase sphéroïde et du pied cylindrique afin de rehausser le vase pendant le chauffage. Ceci se réfère naturellement aussi aux soupières cruches et écuelles à fond sphérique ou plat. La forme la plus développée en ce qui concerne le rehaussement du corps par un cône tronqué renversé appartient aux types C 7, 8 des vases piriformes. J ' a i étudié tous les vases des groupes A, B, C, D, afin d'établir le pourcentage des vases à partie inférieure sphéroïde et le pourcentage des vases à partie inférieure trans­formée en forme de cône tronqué. Ces groupes ont 3 9 % de vases du type sphéroïde et 6 1 % du type à cône tronqué. D'après les exemplaires répertoriés ici, 34% sont du type sphéroïde et 6 6 % du type à cône tronqué. Le résultat du tableau statistique établi d'après les couches de la station est presque identique 1 ) . Le fond des vases à partie inférieure en forme de cône tronqué est toujours étroit et aplat i ; il correspond cependant parfaitement à la stabilité du vase, par suite de la forme

x) Hans Reinert : Chronologie der jiïngeren Stein-zeit in Suddeutschland, Augsburg, 1923. E n prenant pour base ce livre j ' a i composé ce résultat avec les résul tats des formes de certains groupements de cul­ture néolithique de l 'Europe Centrale: dans le grou­pe de la céramique à spirales et méandres ( tabl . I) tous les vases sont sphéroïdes, dans le groupe de la céramique de Hinkelstein ( tabl . I I ) 94°/0

sont sphéroïdes et 6° 0 coniques ; dans le groupe

de la céramique de Bodensee — Pfahlbau (Tabl. V) 7 8 % sont sphéroïdes et 2 2 % coniques; dans le groupe de la céramique de Mickelsberg ( tabl . VI — V I I I 9 4 % sont sphéroïdes et 6 % coniques; dans le groupe de la céramique cordée ( tabl . I X — X) tous les vases sont sphéroïdes et arqués près du fond ; dans le groupe de Mondsee — Laibach ( tabl . X I I ) 6 8 % sont sphéroïdes et 3 2 % co­niques.

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Ariuşd (Erosd) : «Tyiszkhegy»

LES FORMES DE VASES PAR RAPPORT AUX COUCHES D'ARIUŞD ET PAR RAPPORT À LA STATION À COUCHE UNIQUE D'OLTENI PL XIV.

o u 3 O

O

A. Les formes d'écuelles e t de j a t t e s

B . Les formes de bols et de pet i tes ja r res C. Les formes de ja r res et cruches D. Les formes

de cruches A.-D. 1

1 2 3 1,6 5 7 8 9-12 1 2 3 4 5-7 8-9 10-11 12 12-14 15 1 2-4 5 6 7-8 9 10 11-12 13 1

14 15 16-19 1 2 3 \ 5 6 Tota l

I L 2 1 1 4 1 1 3 2 2 17

I I I . 1 1 2 1 1 1 ] I 1 1 1 12

IV. 1 1 2 1 1 l 1 2 3 1 4 2 1 3 1 1 1 1 4 1 2 38

V. 1 3 1 1 1 1 1 1 2 1 8 1 <S 1 1

1 1

2 1 27

VI. 1

2

1

1

4

1

1 1 2 5 2 3 1 3 15 1 5 1 1 1 1 1 1 3 1 55

V I L

Total

1

2

1

1

4

1 1 4 2 1 2 1 2 1 1 2 1 22 V I L

Total 5 8 1 9 3 2 2 10 :

4 8 9 1 8 5 5 26 6 12 2 5 1 î 3 1 1 2 1 1 1 11 1 '

6 2 3 1 171

4 0 + 8 4 + 3 0 + 17 = 171

Olteni (Ol tszem): «Varmeghe»

5 1 il 6 3 3 — 2 - 3 13 — 9 4 2 7 3 3 1 2 1 î — 2 1 - | - 5 — 13 1 1 — 5 - 98

21+ 44+ 26+ 7=98

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Page 31: Revista DACIA nr. 1 - 1924 prima parte

Ariuşd (Erôsd) : «Tyiszkhegy»

0)

V s o U

E. Les formes de vases à pied

F . Les formes de supports

G. Les for­mes de vases

à pieds creux

H. Les for­mes de vases rectangulaires,

J . Les formes de couvercles K. Les

formes de vases en

miniature

L. Les formes de vases plas­

tiques

M. Les fragments de vases divers E.-M.

1-2 3-5 6,8 7 1 2

3

3-4

2

5-7 I 2 1,2,4 3 5

1

1 2 3 4-5 7-8 6,9,10-11 12 1 2 3 1 1,2,4 3,5 1,3 2 4,7 5 6 Total

IL 1

1 2

3

3-4

2

5-7 I 2 1,2,4 3 5

1 — —

1 1 2 1

2

11

III. 1

5

1 — —

1

2

— —

2

IV. 1 4 2 2 1 1

1

1 :

i

1

2

— —

12

V. 3 1 1 2 1 1 2 1

1 1

1

1 :

i

1

1

1 1 1 2

— —

20

VI. 1 1 6 13 1 2

2 1

1 1

1

1 :

i 1 27

V I L 2 3 2 1 4 2 5

1 1

1

1 :

i

3 1 1 1 2 1 1 29

Total 3 8 2 1 1 7 16 19 1 5 7 1 1 1 1 1 2 ; 4 1 2 1 1 1 3 2 2 1 2 1 1 101

1 4 + 4 3 + 6 + '> 1 2 + 5 + 5 + 7 = 101

Olteni (Oltszem): «Varmeghe»

5 1 9 1

4 — 7 - | - - -U.

- -- — 1 — — — — 29

14+ 4+ 7+ 3+ 1+ = 29

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Page 32: Revista DACIA nr. 1 - 1924 prima parte

FRANCISC LĂSZLO

parfaite et équilibrée du vase. La base se détache toujours de la partie inférieure du vase en un angle aigu. Aux vases plus simples le col est remplacé par l'extension de la partie supérieure du corps. L'endroit du col est indiqué, aux vases plus déve­loppés, par le décor. Là où il forme une partie bien distincte, le col est droit et dans la plupart des cas vertical ou un peu courbé en dedans; il est rarement courbé en dehors. Le col arqué en dehors, que l'on rencontre plus souvent dans les stations orientales, n 'a été remarqué que dans un seul cas. Beaucoup de vases n 'ont ni oreilles ni autres parties proéminentes. Afin de pouvoir les saisir et lever, on les a pourvu de petits boutons en forme de roue, en relief sur la surface du vase ou bien de proéminences indépendantes, percées ou non percées. Il est plus rare de rencon­trer des proéminences, droites ou de travers, à bout droit ou arqué, qui sortent des parois du vase. Une anse en forme de ruban dont les deux bouts sont appliqués sur le vase, n 'a été rencontrée qu'une seule fois sur un grand vase du type C 4, sur la ligne de séparation du col. Certains vases ont les oreillettes en forme de têtes d 'animaux. L'endroit des proéminences ou des oreillettes n'influence jamais la forme générale du vase. On peut dire que tout relief pareil se fond dans la forme caractéristique du vase. La courbure des parois des vases est toujours, ainsi que l ' indiquent les profils, décidée et n'est jamais artificielle, même dans les vases les plus précieux. Le bord est toujours poli avec le plus de soin possible.

Tous ces traits déterminent dans une telle mesure la forme du vase que d'après un fragment d'embouchure ou de fond ou d'après une oreille on peut établir avec certi­tude si le vase appart ient à ce cycle de culture, même s'il ne présente aucune trace d 'ornementation.

Ainsi que j ' a i dit plus haut , j ' a i établi le tableau statistique ci-joint afin de réduire les textes et de donner la possibilité de saisir l'ensemble d'un seul coup d'oeil. Le tableau montre les rapports entre les formes et les couches et le nombre de vases appar tenant aux différentes couches.

Le tableau donne les explications nécessaires quant à l 'endroit dans les couches d'un total de 272 vases étudiés. Ces résultats ne peuvent être considérés comme dé­finitifs, si nous songeons que des vases piriformes comme C 7 et 8, si caractéristiques pour la culture de la céramique peinte, on n 'a retrouvé qu'un seul exemplaire après 6 ans de fouilles. On trouvera encore certainement des types et des formes nouvelles dont pourrait s'accroître l ' importance de certaines formes. Une chose est cependant bien établie et résulte aussi des données de ce tableau: c'est que la culture A d'Ariuşd est ininterrompue et intégralement unitaire et qu'on n'y peut distinguer aucune phase de culture. Selon toutes probabilités, cette culture a atteint son apogée dans les vases d'A-riuşd. Les six couches établies durant les fouilles ont révélé quatre foyers qui con­t iennent tous les mêmes formes de vases.

Ce résultat, obtenu par l 'étude des formes de vases, est confirmé aussi par la com­paraison avec le reste des trouvailles. Des objets de culture comme les outils en pierre polie ou brute , les figurines d'hommes et d 'animaux, la fabrication et l 'ornementation technique des vases le prouvent encore. En ce qui concerne les habitations construites sur pilotis et aux murs en branches entrelacées, nous ne sommes fixés jusqu'à présent que sur celles du second centre. Le même type de maisons à mégaron ouvert en face doit probablement être aussi l 'habitation des hommes de la troisième couche.

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LES TYPES DE VASES PEIATS D'ARIUŞD (ERÛSD>

Quant aux habitations de la première couche, nous espérons que les fouilles qu'on projette de faire au centre de la station nous donneront les explications nécessaires. Dans tous les endroits de la station, à l'intérieur et à l'extérieur des habitations nous avons trouvé de nombreux foyers, tous de même construction. Le mode de construction des fours à cuire les vases est également commun. Le nombre des objets en cuivre est d 'autant plus grand que la couche est plus récente. On en a cependant trouvé aussi dans la couche la plus profonde. Les cinq sceaux en argile (pintaderos) trouvés pendant les fouilles proviennent de la couche la plus profonde, mais nous devons considérer ceci comme dû au hasard.

Il résulte de ce qui précède que l'unité de la civilisation est non seulement prouvée par les types de vases, mais aussi par la totalité des découvertes qui ont été faites.

Afin de pouvoir comparer les formes d'Olteni avec celles d'Ariuşd, j ' a i joint au tableau statistiqtie des formes d'Ariuşd, une pareille statistique des vases d'Olteni. En comparant ces 2 tableaux on remarquera que les types d'Olteni correspondent exactement aux types d'Ariuşd.

Il en est de même des 25 autres stations à céramique peinte de la région de l'Oit. A Olteni nous n'avons trouvé qu'un seul type de vase qui n'existe pas à Ariusd: c'est un grand pot sphéroïde à quatre oreilles cylindriques situées à mi-hauteur de la paroi. (Arch. Ért., 1912, p . 59, tab . IV).

Nous avons déjà, dans la description des groupes de vases, montré les analogies avec les stations préhistoriques hors de la région de l'Oit. Des types de vases d'Ariuşd, les vases des types A 4, A 8, A 9, les bols B 3, B 12, B 15, les vases des types C 3, C 7, C 8, C 9, C 10, C 14, C 18, les cruches du type D 3, le couvercle J et les vases plastiques se retrouvent, avec de petites modifications, dans presque toutes les stations de ce stade de civilisation. Ces types primitifs sont communs sur tout le ter­ritoire de cette culture. À Ariuşd on n'a pas encore retrouvé le vase binoculaire1) si caractéristique aux centres de l 'Est, ni la tasse à pied à quatre proéminences2), ni la cruche à 2 cônes et 2 oreillettes sous le col3). Comme on n'a cependant mis à dé­couvert qu'une petite partie de la station d'Ariuşd, cette opinion peut encore être changée.

L'étude des formes de vases n'est pas suffisante pour établir des degrés d'évolution dans l'ensemble de cette civilisation. Lorsque tout le matériel de Cucuteni et encore d'une autre station située plus à l'est sera publié et lorsque nous aurons à notre dis­position un tableau au moins ressemblant à celui que nous avons d'Ariuşd, mais qui ne se bornant pas à relever seulement des formes isolées comprendra l'ensemble des vases donnant ainsi la possibilité de comparer les recherches, il nous sera très facile d'établir l'évolution de cette civilisation, sur des preuves indubitables et réelles.

FRANCISC LÂSZLÔ f Sft.-Gheorghe, le 8 juin 1925.

*) G. Childe, East European, p . 273, fig. 1 5 ; Mannus (Tripolje-Kultur) , vol. I,, t ab . X X X , X X X I . G. Childe, Schipenitz, p . 274, fig. 18 et p . 275, fig. 20.

2) G. Childe, Schipenitz, t ab . XV, fig. 6. Mannus, vol. I, t ab . X X X I , Petreni , t ab . I, fig. 7.

3) G. Childe, Schipenitz, p . 272, fig. 11 et 12. Petreni , t ab . VI , fig. I .

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LES RICHESSES DES DACES ET LE REDRESSEMENT DE L'EMPIRE ROMAIN,

SOUS TRAJAN àV .PARVAN en témoiglUkgfl At P'''<mnnissnnr.e

ot d 'amit ié .

C'est un fait, reconnu de tous, que Domitien laissa derrière lui une situation financière obérée. Il avait fait la guerre1). Il avait aimé les bâtiments2) . Il avait ali­menté sa popularité de dispendieuses largesses :1). Dès 83, il avait augmenté d'un quart la solde de ses troupes 4). L'argent avait fui par toutes ces brèches, et le seul reproche que M. Stéphane Gsell, son historien véridique, adresse à son gouvernement, est de «n'avoir pas suffisamment cherché à restaurer les finances, que Titus avait déjà compromises» 5), et qui n'ont cessé, sous son règne, de péricliter toujours davantage. Finalement, la pénurie du trésor devait le mener au crime: inopia rapax, comme Suétone l'a dit de lui 6) ; et les exécutions, dont on le voit frapper à coups redoublés l'aristocratie, pour en hériter ou confisquer les biens, se multiplient, à partir de 93 7), avec les embarras qui les expliquent, mais qu'elles n'ont pas supprimés.

Quelques années plus tard, tout est changé. Le redressement est un fait accompli. Et Trajan, sans s'appauvrir, ni s'endetter, fait face à des dépenses immensément ac­crues avec des impôts qu'il a réduits. Commentée grand empereur a-t-il réalisé ce tour de force d'équilibrer sans peine, avec des recettes en apparence diminuées, un budget qu'il avait trouvé en déficit et dont les charges n'ont fait qu'augmenter? C'est un problème qui n'a pas suffisamment retenu l'attention des historiens8). La contradiction qu'il implique est flagrante. La solution reste une énigme. Quelques mots me suffiront à mettre la contradiction en pleine lumière, et j'espère trouver en Dacie le mot de l'énigme. +

1) En Germanie, en Pannonie, en Moesie, en Dre- nand, loc. cit., 2572). tagne, en Afrique; cf. Weynand, P. IV., VI, 2551. 4) Gsell, Essai sur le règne de Domitien, Paris, et suiv. 1883, p. 156.

2) Constructions du forum, dit de Nerva, de 6) Ibid., p . 334. l'Odéon, du Stade, de la villa d'Albano, dont 6) Snét., Dont., 3. toutes les splendeurs revivent dans l'excellente 7) Gsell, op. cit., p. 262. Cf. Cass. Dio, LXV1I, 4. étude de G. Lugli (Bull. Com. 1922); des temples 8) Il n'est même pas entrevu par De la Berge, de Vespasien et Titus, sur le Forum, de Minerva dont VEssai sur le règne de Trajan (Paris 1877) Chalcidica, de Divorum Porticus ; remaniements du reste le plus sérieux auquel nous puissions recourir, Palatin, achèvement du Colisée ; restauration du en at tendant l'histoire de cet empereur, qu 'a com-Capitole, etc. ; cf. Weynand, P. IV., VI, 2591. posée M. Roberto Paribeni avec toutes les res-

3) Je pense à la magnificence de ses jeux (Suét., sources de sa remarquable érudition, mais dont Dom., 4) et à la distribution de ses «dona» (cf. Wey- l'ampleur même a retardé jusqu'ici la publication.

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Page 35: Revista DACIA nr. 1 - 1924 prima parte

LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN

T o u t de su i t e , il a p p a r a î t que l 'h i s to i re du règne se divise en d e u x pér iodes net ­t e m e n t t r a n c h é e s : l ' une , a v a n t 106, a n n é e que m a r q u e la fin v ic tor ieuse des guerres d a c i q u e s , l ' a u t r e , a p r è s .

D a n s la p r emiè re pé r iode , T r a j a n p o u r s u i t , d a n s t o u s les services de son gouver­n e m e n t , l ' a p p l i c a t i o n du p r o g r a m m e d 'économies é laboré p a r le comi t é des c inq sé­n a t e u r s q u e N e r v a i n s t i t u a t o u t e x p r è s : V viri minuendis publicis sumptibus *) ; e t , si l 'on excep te ses expéd i t ions de Dacie , il n ' o u v r e pas de n o u v e a u x chap i t r e s de dépenses . E n dehors des réfect ions de rou te s 2) e t de la cons t ruc t i on d u Portus Tra-iani, à Ost ie 3 ) , le Panégyrique de P l ine - l e - Jeune , censément p rononcé en 100, ma i s éd i t é sous la forme déve loppée où nous le l isons a u j o u r d ' h u i , u n p e u p lus t a r d , e t p e u t - ê t r e en 103 4 ) , ne con t i en t guère d 'a l lus ions a u x t r a v a u x de l 'un des plus g r ands b â t i s s e u r s q u e R o m e a i t c o m p t é s p a r m i ses P r inces . D ' a u t r e p a r t , il est b ien v ra i que T r a j a n a t o u t de su i te 5) s u b v e n t i o n n é les fonda t ions a l imen ta i r e s , c o m m e ses p rédécesseur s , ma i s l ' a m p l e u r q u ' a pr ise avec lui c e t t e i n s t i t u t i o n d 'ass i s tance q u ' a t ­t e s t e , en pa r t i cu l i e r , l ' i n sc r ip t ion de Veleia, ne r e m o n t e pas p lus h a u t que les guerres d a c i q u e s , c o m m e ce t t e insc r ip t ion m ê m e , où l ' empe reu r p o r t e son s u r n o m de Daci-f u s 6 ) , encore a b s e n t de la t a b l e des Ligures Baebiani.

E n r e v a n c h e , s'il p r e n d soin de ne pas accabler les con t r ibuab les sous u n fa rdeau q u i r i sque ra i t d ' éc raser la m a t i è r e imposab l e , si , n o t a m m e n t , p o u r consol ider la fa­mil le e t é largi r la «romanité», il r e m a n i e l ' a ss ie t te de la vicesima hereditatum d a n s u n sens d o u b l e m e n t favorab le a u x assu je t t i s , p a r les d é g r è v e m e n t s d o n t bénéf ic ieront déso rma i s les successions grevées de pass i f 7 ) e t p a r les exoné ra t i ons qu i s e ron t é t en ­dues des fils a u x pères , frères, a ïeuls , e t pe t i t s - en fan t s 8 ) , e t des R o m a i n s de vieille souche a u x néo-c i toyens en t ré s d a n s la ci té p a r l ' i n te rmédia i re du dro i t l a t i n 9 ) , T ra j an c o m p e n s e , e t au delà , les pe r t e s r é s u l t a n t de ces concessions, en a b a i s s a n t de 100.000 ses t e rces , chiffre p r o b a b l e du I-er siècle 10) à 20.000 sesterces, chiffre p r é s u m é , sous Marc-Aurè le , p a r le gnomon de l ' i d io logue n ) , la l imi te au dessous de laquel le les «petites» successions é c h a p p e n t à la t a x e successorale ; e t , p a r ai l leurs , nous le voyons a t t e n t i f à r é p r i m e r les f raudes 1 2 ) , à fortifier l ' au to r i t é de ses agen t s col lecteurs 1 3) , à t i r e r d ' u n e

*) Cf. Pline, Pan., 62; Lettres II , 1. 9. La com­mission a donc continué son œuvre sous Trajan.

2) Il a réparé la voie Appienne, la via Salaria, la voie La t ine , créé les viae in Tuscia, élargi la via Traiana, de Bénévent à Brindes.

3) Le Portus Traiani figure sur des monnaies frappées en 104. Allusion dans Pline, Pan., 29.

4) Cf. Schanz, Gesch. der rôm. Lit.3, I . p . 355 et 360. Les allusions à la rédaction du Panégyr ique se t rouvent dans le livre IV des Let t res , publié eu 103.

s ) La table al imentaire des Ligures Baebiani est de 1 0 1 ; cf. C. 7. L. , I X , 1455, 1. 1.

•) C. I . LM X I , 1147, 1. 2. I l est vrai que le sur­nom de Dacicus appara î t dans les monnaies dès la fin de 102, et, dans les inscriptions, dès 103 ; cf. Dessau, Inscriptioncs selectae, 286.

7) Pline. Pan., 40.

8) Pline. Pan . , 38 et 39. 9) Pline. Pan., 39. 10) Cf. Willems, Droit Public 2, p. 481 , et Pline,

Pan., 40. u ) Cf. J. Carcopino, Le gnomon de Vidiologue,

R. E. A., 1922, p. 20 du tir. à p.: le gnomon, 1. 84 — 86, art. 29, de l'édition de M. Th. Reinach ne frappe les Romaines non-mariées d'un impôt de l°/0 que si leur fortune atteint ou dépasse 20.000 sesterces.

12) Éd i t de Trajan, au Dig., X L I X , 14 ,13 , faisant remise de la moitié des sommes dues à ceux qui par leurs déclaration avaient devancé les inquisi­t ions du fisc.

13) Fragm. de iure fisci, 66 : Edicto divi Traiani cavetur ne qui provincialium cum servis fiscalibus contrahant nisi adsignante procuratore.

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Page 36: Revista DACIA nr. 1 - 1924 prima parte

JÉRÔME CARCOPINO

aliénation systématique des biens fiscaux J), comme de la démonétisation et de la refonte des aurei frappés antérieurement à la réduction Néroniennc 2), les ressources immédiates dont sa trésorerie avait besoin.

Après 106, au contraire, Trajan, dont l 'attitude devient littéralement parado­xale, se montre de moins en moins exigeant, quant à ses recettes, et de plus en plus prodigue, quant à ses débours.

Avec une intensité que n'avait éprouvée aucun des Flaviens, la fièvre du bâtiment le saisit à son tour. Notons, au passage, dès 106, le dessèchement des Marais Pontins, puis en 107, l'agrandissement du port de Centumcellae (Civitavecchia3), et, plus tard1) , celui du port d'Ancone; en 109, la réfection du Canal du Nil à la mer Rouge5), et l'adduction de Vaqua Traiana du lac de Bracciano au Trastevere 6). Considérons surtout les monuments que l'empereur consacre à sa gloire dacique: le forum, la basilique et la colonne qui gardent son nom, et dont la splendeur, obtenue à coups de nivellements et d'expropriations onéreuses, a coûté des sommes incalculables de sesterces ' ) .

En même temps, et sans avoir l'air de se préoccuper des répercussions budgétaires qu'entraînera la création de ces unités nouvelles, Trajan augmente le nombre de ses corps auxiliaires 8), et lève deux légions de plus, la X X X Ulpia et la II Traiana, dont la première mention n'apparaît qu'en 109 9).

Enfin, sans se laisser arrêter par les frais et les risques d'une expédition de cette envergure, il ose reprendre le plan formidable auquel, depuis César, nul n'avait osé songer, et prépare la guerre parthique qui, de 113 à 116, portera à son comble la puis­sance d'expansion des armes et de la civilisation romaines.

Or, non seulement l'Empire supporte sans fléchir le poids de ces magnificences, mais on a l'impression que Trajan a pu lui épargner les sacrifices pécuniaires qui en auraient dû être la rançon.

Jamais, en effet, les impôts que les Romains ont payés n'ont paru plus légers. A une date, que nous ne saurions préciser, parce que nous ne savons rien de la

carrière du gouverneur auquel le Prince adresse le rescrit qui consacre cet abandon de droits de l 'Eta t 1 0 ) , mais qui, en raison du silence de Pline en son Panégyrique, doit être postérieure aux guerres daciques, Trajan renonce solennellement à revendiquer au fisc

*) Pline, Pan., 50: circumfcrtur sub nomine Cae-saris tabula ingens rerum venalium.

2) Cf. Cass. Dio.. LVIII , 15 et Mommsen, Gesch. des rôm. Miinzivesens, p. 754 — 758.

3) Sur les travaux des Marais Pontins cf. Cass. Dio, LXVIII , 15; sur Centumcellae, Pline, Ep. VI, 31 : Il a ins sinistrum brachium firmissimo opère munitum est ; dextrum elaboratur. Or la publication de cette lettre date de 107, au plus tôt (cf. Schanz, op. cit., loc. cit., p. 360).

4) L'inscription de l'arc d'Ancone est datée de 115 ap. J . C. (C. I. L., IX , 5849).

5) Cf. Lesquier, Uarmée Romaine d'Egypte, Le Caire, 1918, p. 396.

8) C. I.L., VI 1260, Dessau, Inscr. Sel, 290; (datée entre décembre 108 et décembre 109).

7) Sur le prix du terrain (3000 francs-or le mètre), cf. Suét., Caes., 26; et, sur l'arasion du pé­doncule reliant le Quirinal et le Capitole, et la somptuosité du forum de Trajan, cf. Lugli, La zona archeologica di iioma, Rome, 1924, p . 44 et suiv.

8) Voir au P. W., sous les mots ala et cohors, tous les corps dont le gentilice Ulpius a fourni le surnom.

9) Lesquier, Uarmée Romaine d'Egypte, p. 66. 10) Cf. P. W., V, c. 425.

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LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN

les biens des condamnés à la relégation x). E t en cette même année 106, à laquelle nous devons rapporter la donation aux plébéiens de Rome d'un troisième congiaire de l 'Empereur, huit fois supérieur à ses deux précédents et à celui de Nerva 2), quin­tuple de celui dont Auguste s'est enorgueilli dans son testament 3), Trajan a* suspendu la perception de l 'impôt. Si, en effet, le Chronographe de 354 nous permet d'évaluer à 650 deniers par tête la distribution faite à la plèbe en 106 4), le Chronicon paschale place, sous le consulat de [L. Ceionius] Commodus et de Ceretanus (Cerealis) qui coïncide avec cette année-là, le début de ces remises totales de contributions, qu'il prolonge, d'ailleurs, jusqu'à la fin de la guerre persique: Toatavoç ŒTCEQ"/ÔIUEVOÇ à<peoiv èyaoloaro xcôv XE/.WV ăyoic ăv ETTIOTQE^EI 5).

Par conséquent, en 106, Trajan était devenu tout d'un coup assez riche pour se passer de l 'argent de ses sujets et leur en donner par dessus le marché. Or l'année 106 est justement marquée par l 'achèvement de la conquête dacique. N'eussions nous aucun document pour nous le dire, que nous devrions déjà admettre que Trajan avait puisé en Dacie les sommes qu'il a répandues alors sur les Romains au lieu de les exiger d'eux. Nécessaire en elle même, cette hypothèse est confirmée par un texte qu'on n 'a cité, jusqu'à présent, que pour en rire 6), et dont il importe de rétablir maintenant la valeur — et la vérité.

Dans son traité sur les magistrats de Rome, le byzantin Lydus glorifie Justinien de ses succès sur le Danube : et, pour mieux glorifier le Basileus, il le compare à Trajan qui, «ayant été le premier à vaincre les Gètes et leur roi Décébale, ramena à Rome cinq cent fois dix mille livres d'or, le double de livres d'argent, sans compter un nombre de vases et coupes défiant toute évaluation, des troupeaux, des armes, et plus de cin­quante fois dix mille valeureux guerriers, avec leurs armes» — «TZQÔJXOÇ [Tqaiavoc] èyoiv ovv AEXE^d/.q) TtEVTaxoataç [xvQiààaç yocolov [ÂIJXQVJV, àmhiolaç ôè dgyvoov êxmofidxcov ăvEV xai oxEfv&v] xt/xfjç ôoov èxfiEpiixÔTwv, àyel&v ZE xal ÔTthov xal àiôgcov fiayi/uoxdxojv VTiEQ TTErrrjxovra juvqidôaç ovv roïç OTI/.OIÇ rPœjuai'oiç EtorjyayEv...» 7).

Que pourions nous souhaiter de mieux pour éclaircir le mystère qui planait sur la politique de Trajan? Nous n'avons plus à nous étonner ni de ses largesses inouïes, ni de ses entreprises gigantesques. En Dacie, il n 'avait pas trouvé seulement des mines de métaux précieux, dont le rendement est venu graduellement, année par année, soulager son budget et accroître ses disponibilités. Il avait mis la main sur l'énorme

*) Pomp , au Dig., X L V I I I , 22, 1: caput et re-scripto Divi Traiani ad Didium Secundum: scis relegatorum bona avaritia superiorum temporum fisco vindicata; sed aliud clementiae meae convcnit.

2) Les trois congiaires de Trajan sont a t tes tés par les monnaies (Cohen, 321, 324, 330). Le chiffre de 75 deniers pour celui de Nerva est a t tes té par le Chron., 354. Pline (Panégyrique, 25) n ' indique aucune majorat ion pour le premier.

3) Res Gestae, I I I , 15: 120 deniers. 4) Chron., 354, p . 146 Mommsen: congiarium

dédit DCL. Même si ce chiffre é ta i t global, le 3-e

congiaire s'élèverait encore à 500 deniers [650— (75 + 75)].

5) Chron. Pasch. p . 223 Mommsen. La remise ne saurai t avoir duré de 106 à 117. Sans dou te constatée pour l 'an 106, elle fut peut-être à nou­veau concédée en 113, j u squ ' au retour , et le Chro­nicon aurai t bloqué en une seule les deux mesures.

6) «Chiffres fantastiques», écrit De la Berge, op. cit., p . 142, n . 7.

7) Johannes Lydus . De Magistratibus, I I , 28. J e suis le t ex t e de Wuensch, p . 83, 1. 12—19.

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.IKHÔMK CAKCOriNO

trésor où les rois daces, héritiers des mineurs agathyrses dont parle Hérodote '), avaient accumulé le produit des exploitations d'argent et d'or auxquelles, de la préhistoire à nos jours, n'ont cessé de fournir les sites les plus grandioses des monts de Transyl­vanie; et c'est ce trésor dont l'opulence, soudain, ruissela comme un Pactole sur l'Em­pire entier. Quel trésor, d'ailleurs ! Et quel Pactole ! Cinq cent fois dix mille livres d'or font cinq millions de livres, qui donnent — la livre romaine pesant approximativement 327 grammes — 1 million 650.000 kilogr. d'or, valant 5 milliards 559 millions de francs-or ; et le double d'argent se monte, en conséquence à 3 millions 310.000 kilogr. d'argent équivalant à 661 millions de francs-or. Ajoutons à ces comptes fantastiques les 500.000 guerriers, pris les armes à la main, qui, à leur arrivée à Rome, menacée dans sa sécurité par leur affluence, auraient représenté l'effectif de la «Grande armée» de Napoléon à son départ pour la Russie; et il nous faudra convenir que ces chiffres sont trop beaux. 11 sont si beaux qu'il en deviennent absurdes, et qu'à leur seul énoncé l'envie nous vient de traiter le texte où ils figurent comme une invention forgée de toutes pièces par un cerveau en délire. Seulement nous n'avons pas le droit de l'é­carter avec cette désinvolture. Car Lydus, sentant lui même tout ce que ses asser­tions avaient d'extravagant, a voulu se couvrir de l'autorité qui les garantissait à ses y e u x : «...EÎoijyayevy (bç ô KQIXOJV TICLQCOV TÔ> TTOM/U» duoyvQiam.o*)» — «ainsi q u e l 'a

affirmé avec force Criton, témoin de cette guerre». Or, cette caution doit nous en imposer: médecin de Trajan, Criton avait accompagné son impérial «lient en Dacie, et, à son retour, il avait composé, sur les événements auxquels il avait assisté au premier rang, un ouvrage en plusieurs livres, intitulé VEtixă, qui aurait constitué une source inappréciable d'information sur les Gètes, leur pays et leur histoire, s'il n'avait pas sombré à peu près tout entier3). Si Lydus avait parlé pour son compte, il serait négligeable. Mais il n'a fait que répéter à sa manière ce qu'il avait lu — ou cru lire — chez Criton, dont le témoignage ne l'est pas. Ainsi, d'une part, la statistique établie par Criton nous est parvenue en des termes inac­ceptables; et d'autre part, il nous est interdit de la sacrifier. Force nous est donc de supposer que de son auteur à son compilateur elle s'est déformée au cours des transmissions.

Aussi bien parviendrons nous facilement à retrouver le texte authentique de Criton sous la forme insensée qu'il revêt chez Lydus. Nous n'avons même pas besoin pour cela de recourir à une correction proprement dite. Il nous suffira de rétablir en chiffres les nombres exposés en lettres dans le traité byzantin Sur les Magistrats.

Habituellement, les chiffres de myriades s'expriment en grec par un M majuscule suscrit de la lettre correspondante à leurs multiples 4). Appliquons à la phrase en litige

0 ce système de numération. On aura: E%IQV avv AexE^dXco M%QVOIOV [hJiQÔJv àinlaolaç

N ôè aQyvQov xal àvôoûv juaxi/icoidTcov VTZEQ M. Mais aussitôt nous saute aux yeux

1) Hér., IV, 104. Sur l'exploitation antérieure P. W., IV c. 1935. aux Romains, cf. Téglâs, Ungar. Revue, 1889, p . 4) Gardthausen, Das Buchtvcsen im Altertum*, 352. Leipzig, 1911, p. 371. Le M est sans apostrophe

2) Lydus, De Magistratibus, I I , 28. dans les papyri (communication que je dois a l'a-3) Cf. F. H. G., IV, p. 373. Sur Criton, cf. mitié de Pierre Jouguet).

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LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN

l ' amphibo log ie à laquel le p o r t e ce t t e t r ansc r ip t i on . Si en effet, à l ' époque b y z a n ­t i n e , les chi l iades se chiffrent c o u r a m m e n t p a r les l e t t r e s des un i t é s , précédées d ' u n e a p o s t r o p h e souscr i te , il a r r i ve , à l ' époque c lass ique, qu 'e l les ne soient guère m a r q u é e s au­t r e m e n t que les m y r i a d e s . C o m m e le m o n t r e G a r d t h a u s e n , les mille son t souven t no tés a lors , d a n s les papyri, e t sur des insc r ip t ions , p a r un des s ignes, dér ivés d u t s a d è e t du s a m p i e t é q u i v a l a n t à 900, m, .f, ou A\, que l 'on suscr i t , lui auss i , de la l e t t r e corres­p o n d a n t e à leurs mul t ip l e s ] ) . E n généra l , p a r c o n s é q u e n t , la confusion qu i ex i s te , en l a t in , e n t r e les signes n u m é r a u x du mille e t ceux des centaines de mille 2) se con­s t a t e en grec e n t r e les signes des mille et ceux des dix-mille; e t , d a n s le cas p a r t i ­culier , la t r a n s c r i p t i o n chiffrée, q u e suppose le d é v e l o p p e m e n t en l e t t r e s d u t e x t e d u t r a i t é sur les Magistrats, dev ien t suscept ib le , a priori, de d e u x i n t e r p r é t a t i o n s : l ' in­t e r p r é t a t i o n p a r les m y r i a d e s (10.000), q u ' a choisie L y d u s , au V I e siècle de n o t r e ère , qu i n ' e n conna issa i t p lus d ' a u t r e , l ' i n t e r p r é t a t i o n p a r les chi l iades (1.000), q u ' a u ­tor i sa i t l ' usage du m o n d e g réco- romain , q u e le b o n sens c o m m a n d e e t qui jus t i f ie les données de Cr i ton .

D ' a b o r d , u n effectif de p r i sonnie rs , r a m e n é de 500.000 à 50.000, n ' a p lus r ien d 'excessif ni de c h o q u a n t . E n s u i t e , u n t o t a l de l ivres , r a m e n é de 5 mil l ions à 500.000 n o u s m e t a u x pr ises avec u n e réa l i té inte l l ig ible e t v r a i s emblab l e . On en dédu i r a des po ids de 165.500 ki logr . d 'or , e t , p a r d o u b l e m e n t , de 331.000 kilogr. d ' a r g e n t , d 'où r é s u l t e n t , r e s p e c t i v e m e n t , les s o m m e s de 555.900.000 francs-or et 62.200.000 francs-or .

Ces poids s ' accorden t sans pe ine avec ce que nous savons de la p r o d u c t i o n ac tue l le , e t ce q u e n o u s p o u v o n s imag ine r de la p r o d u c t i o n anc ienne des g i sements aurifères e t a rgent i fères de la R o u m a n i e t r a n s y l v a i n e . De 1919 à 1923, c e t t e p r o d u c t i o n a é t é , en m o y e n n e p a r a n , de 1400 ki logr . d 'o r e t de 2100 ki logr . d ' a r g e n t . Mais elle s 'é levai t à p lus d u double d a n s les années qu i o n t p récédé la guer re 3 ) , e t m ê m e alors elle r e s t a i t c e r t a i n e m e n t t r è s en ar r iè re de ce qu 'e l le a d û ê t r e , a lors q u e les filons a b o n d a i e n t en leur n o u v e a u t é , il y a d ix -hu i t cen ts ans . E n sor te que , inférieures au q u a r t de la p ro ­duc t ion mond ia l e en or p o u r 1912 et au v ing t i ème de la p roduc t ion mond ia le en a rgen t p o u r la m ê m e année 4 ) , les poids dédu i t s des données de Cri ton ne r e p r é s e n t e n t , à t o u t p r e n d r e , que le «stockage» de l ' exp lo i t a t ion locale p e n d a n t u n e t r e n t a i n e d ' a n n é e s 5 ) .

Q u a n t a u x sommes m o n n a y é e s que ces poids i m p l i q u e n t , elles son t d u m ê m e ordre de g r a n d e u r que les q u a n t i t é s de m é t a u x préc ieux r a p p o r t é e s à R o m e , p a r Lu-cul lus , du t r i o m p h e sur l 'Armén ie e t sur Mi th r ida t e 6 ) , ou encore que celles que Q.

1) Gardthausen, op. cit. p. 370. Wilcken, Grund- 4) 701.379 kilogr. d'or ; 226.400.000 onces trogs ziige, I, p. XLVI; Bruno Keil, ap. Rubensohn, qui font 7.041.000 kilogr. d'argent (renseignements Eleph. Pap., p. 84; dans les comptes du Didy- fournis par le Statesman Yearbook de 1925 et que meion, par exemple, M. Haussoullier a relevé le M. Demangeon m'a aimablement communiqués). cas du nombre 39322 affecté de la numération 6) Le stockage était dans les habitudes des rois r O de Macédoine. Cf. le discours de Persée à ses sol-f-i. III I C K; des graphies analogues ont été re- dats, ap. Liv., XLII, 52: se pecuniam et frumen-levées dans les inscription de Pricne (no. 118), turn prœter reditus metallorum in decem annos sepo-d'Halicarnasse (Michel, 595), de Thessalie (Arvani- suisse. topoullos, Revue de Philologie, 1911, p. 134). 8) Plut. Luc , 37, dénombre au triomphe de

2) Cf. mon. art. Galles et Archigalles, dans les Lucullus 56 mulets chargés de lingots et objets Mélanges de Rome de 1923, p. 277 et suiv. d'or massif et 107 mulets chargés de 260 mil-

3) Cf. Annales de Géographie, 1924, p. 582 et suiv. lions de drachmes.

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3 Ducia I 1924. www.cimec.ro

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J K R A M E CARCOPINO

Servi l ius Car-pio a ex to rquées a u x s anc tua i r e s et e x t r a i t e s des é t a n g s saerés des Volques Tec tosages ' ) . Elles n ' a t t e i g n e n t m ê m e p a s la moi t ié des q u a n t i t é s m o n s t r u e u s e s d ' a r g e n t e t d 'or r a m e n é e s en 6 1 , p a r P o m p é e , de ses c a m p a g n e s d ' O r i e n t 2 ) . El les suf­f i sen t a m p l e m e n t , n é a n m o i n s , à exp l i que r le r ega in de p ro sp é r i t é e t de g r a n d e u r q u e T r a j a n a p r o c u r é a u x R o m a i n s : conquises avec la Dac ie , son r o y a u m e , les «réserves» de Décéba le on t , p o u r u n t e m p s , r edoré l ' E m p i r e e t son éc la t .

JÉRÔME CARCOPINO Professeur à la Faculté des Lettrée

de l'Université de Paris

*) Cf. Pais, Fasti triumph. II , p. 443 et Jullian, Histoire de la Gaule, I I I , p. 65, n. 1. Justin, XXXII I , 3, 70: Fuere autem argenli pondo cen­tum decem millia, auri pondo quinquies fdeciesj centum milia. Le trésor tectosage et le trésor dace, si l'on admet ma lecture du texte de Justin, d'où decies disparaît, auraient renfermé des quan­tités d'or identiques. La coïncidence mérite d'être retenue.

2) Cf. Pais, op. cit. I I , p. 446: en plus des 300 millions de sesterces distribués (Pline, N. H., 37, 16), Pompée aurait pu attribuer a un seul des quatre nouveaux sanctuaires dédiés par lui 1000 talents d'or et 307 talents d'argent (non mon­nayés), ce qui représente plus de 550 millions de francs-or.

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CONSIDERATIONS SUR LES SKPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

Une découverte fortuite ') faite il y a déjà assez longtemps dans l'une des anciennes îles du Danube serbo-roumain (cp. fig. 1), en face du confluent du Timoc (le Timacus thraco-romain), nous offre l'occasion de reprendre la question de la pénétration illyrienne

* H LES SEPVLTVRES PRÉH1STOR1QVES

E/GRVIA ^ * ^ UQVES A 4W)M£ SS

RADVJEVAC [SERBIE]

Fig. 1.

dans les régions daco-gétiques du Bas-Danube. Il s'agit de plusieurs tombes hallstat-tiennes et celtiques, dont le mobilier funéraire, recueilli d'une manière très négligente

*) Il y a une vingtaine d'années, notre collègue M. l'ingénieur Georges Bals ayant à diriger cer­taines constructions à Gruia, en face de Radujevac, dans l'ancienne île du Danube, maintenant réunie à la rive roumaine, fut avisé par les terrassiers qui exécutaient les fouilles pour les pilots des fonde­ments, de la découverte de nombreux ossements, tessons et objets en métal, qui étaient mis à jour sur toute la largeur de 50 m. de la fouille, à des profondeurs allant de 0.50 —1.50 m. Arrivé trop tard pour corriger la fouille au point de

vue des découvertes, M. Bals dut se contenter de recueillir les objets mis à part par les ouvriers d'après leur propre entendement de la chose. Après avoir longtemps conservé chez soi cette pe­tite collection, M. Bals m'a fait l'agréable sur­prise non seulement de me la communiquer (avec l'esquisse de plan que je reproduis ci-dessus, fig. 1), mais d'en faire don au Musée National d'Antiquités, ce dont je le remercie encore à cette place.

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\ \SII I l ' \ l ! \ \ \

par les ouvriers qui l'ont découvert, ne représente pas moins un enrichissement tout à fait remarquable de nos connaissances protohistoriques.

Nous devons tout d'abord préciser le caractère de la nécropole. Si telle urne funé­raire de Gruia témoigne du rite de l'incinération, le nombre des inhumations paraît avoir été encore plus grand, à juger d'après les nombreux ossements non calcinés, que les ouvriers ont bouleversés partout dans les fosses qu'ils avaient exeavées pour les pilots d'un bâtiment à construire. D'autre part l'inventaire funéraire appartient à deux épo­ques nettement différentes et à trois civilisations bien caractérisées. Tandis que les lances en fer et surtout la belle épée parfaitement conservée appartiennent à l'âge de La Tène (II), la céramique et les objets de parure, tous en bronze, sont de types illyriens absolumeiits identiques avec ceux constatés dans les couches hallstattienncs

de Donja Dolina d'abord, de Glasinac, Jezerine, etc., en second lieu. Certains tessons enfin sont de facture géto-danubienne, toujours du premier âge du fer.

\A- problème historique est donc très simple: nous constatons deux couches, dont la plus profonde, du premier âge du fer, à prolongements typologiques dans l'âge du bronze récent, est d'aspect plutôt «illy-rien», tandis que la couche supérieure trahit la pré­sence des Celtes — après 300 av. J.-Chr. — dans cette région aussi. Mais l'examen des objets eux-mêmes va nous procurer des renseignements beaucoup plus précis que ces conclusions tout à fait générales.

La céramique. Tous les vases de Gruia sont faits sans l'emploi du tour. Quant aux formes, nous re­tenons d'abord (fig. 2) la présence des grandes urnes «en cloche», hautes de c. 33 cm, décorées d'un seul cordon, en bourrelet entrecoupé, à la hauteur des anses, et de quatres proéminences placées en croix tenant lieu d'anses: deux horizontales, à profil con­

cave, et les deux autres verticales, à profil convexe. Ces urnes à pâte très poreuse et légère, assez mal cuite, de couleur rougeâtre, trouvent leurs analogies d'un côté en Transylvanie dans la vallée du Mures à la dernière période de l'âge du bronze, p . e. à Bandul-de-Câmpie J) ou à Lechinla-de-Mures *), de l 'autre en Ulyrie, dans la vallée de la Save, à une époque plus récente 3), p . e. à Donja Dolina 4). Cependant la fac­ture et les détails de la décoration de l'urne de Gruia, en premier lieu les proémi­nences horizontales à profil concave, servant d'anses, tiennent beaucoup plus de Donja Dolina que de Lechinţa-dc-Mureş. E t de même, tel cas isolé de la présence des urnes en cloche à Ripacb) ou à Jezerine 6) ne doit pas nous tenter non plus à trouver

"A-

*) Pârvan, Gctica, p. 422 et fig. 286. 2) Popescu, Fouilles de Lechinţa de Mures, dans

cette revue même, II 1925. 3) En général nous nous trouvons ici au premier

âge du fer ; cependant telle forme «hallstattienne» se retrouve aussi à côté des formes de l'âge de

La Tène. *) Cp. les planches du long rapport de Truhelka

dans les WMBH. IX 1904. 6) Radimsky, ibid., V 1897, pi. XXXV suiv. «) Radimsky, ibid., I l l 1895, p. 93, 114, 170.

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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

des relations plus étroites de la civilisation de Gruia avec ces régions. Ni la haute vallée du Mures ni les hautes vallées bosniaques des affluents de la Save n 'ont pas beaucoup à dire dans la question des formes de la céramique que nous rencontrons sur le Danube serbo-valaque vers 500 av. J.-Chr.

En effet les autres formes de vases aussi sont caractéristiques en premier lieu pour la vallée de la Save au premier âge du fer, et presque point pour la région des Alpes Dinariqucs. Nous possédons cinq coupes de Gruia appartenant chacune à un type différent (fig. 3). Parmi ces coupes sans doute le type à deux anses, à canne­lures horizontales sur le col et obliques sur la panse et à deux proéminences faisant croix avec les anses, est décisif pour l'iden­tification des origines de la civilisation de Gruia. Caractéristique pour l'âge du bronze récent dans les pays carpatho-danubiens ]) le type de vases a proé­minences en forme de cornes et à cannelures horizontales sur le col, obliques sur la panse, parfois (les coupes-tas­ses à une seule 'anse) à bords découpés obli­quement vers l'anse, s'est répandu jusqu'en Dalmatie2) et jusqu'à Troie3). Mais tandis que dans le pays d'origine ce type disparaît par la suite, il fleurit au contraire dans les régions d'infiltration et, justement dans la vallée de la Save, jusqu'à l 'approche du second âge du fer, peut-être même pendant les premiers siècles de cette époque. L'un des centres où ce type est par excellence représentatif, est encore toujours la station de Donja Dolina1). Quant aux autres quatre formes de coupes elles se ren­contrent aussi en Dalmatie, mais elles ne sont pas caractéristiques pour cette région; bien au contraire, la coupe à large ouverture à quatre proéminences en croix est très commune en Dacie aussi à l'âge «scythique»5), c'est-à-dire contemporanément avec les stations illyriennes, tandis que la coupe à pied surélevé est une apparition habituelle du premier âge du fer, et ensuite du second âge aussi, un peu partout .

x) Cp. les vases de Borsod sur la Theiss supé­rieure chez Hampe l , A bronzkor emlékei Magyar-horiban I I , pi. CXLI 2 ; le vase de Boian sur le Danube inférieur chez Christescu, dans cette re­vue même, I I 1925 ; le vase de Târgul-Mureşului (pour les cannelures) chez P â r v a n , Getica, p . 307 e t les considérations historiques chez P â r v a n Dacii la Troia, dans la revue Orpheus, I I 1926, p . 3 suiv.

2) P . e. à Sanskimost (chez Fiala WMBH. VI 1899, p . 66), à Strbci (chez le même, ibid., p . 55),

etc. , naturel lement , plus ou moins modifié. 3) Schmidt , chez Dôrpfeld, Troja u. Mon, Athè­

nes 1902, p . 594 suiv. — Quan t a u x types lusa-ciens de la même origine, gét ique, ils sont un peu différents des vases cités ci-dessus, note 1.

4) Les exemplaires t rouvés ici, des formes les plus variées, dér ivant du même type init ial , sont très nombreux ; v . chez Truhelka dans les WMBH. I X 1904, pi . X X I suiv.

6) P â r v a n , Getica, p . 427, 431 , etc .

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VASii.r. I'AKVAN

Objets en bronze. Encore plus spécifiquement illyriens sont quelques-uns des objets de parure recueillis dans les tombes de Gruia. La fibule en bronze à arc demi-circulaire (fig. 4 et f>) longue de T.iî cm. est d'un type connu à Glasinac (en argent)1) et surtout à Donja Dolina 2). Truhelka a fait la statistique des découvertes de ce type

«grec», et il a constaté qu'il est assez fréquent en territoire illyrien, en bronze et en argent, mais qu'en ce qui concerne sa dispersion vers le N il ne dépasse pas la Save'*). Moins carac­téristiques sont les autres objets, sauf un seul dont nous nous occuperons aussitôt; en effet le torques tordu (fig. 4, en haut), le bracelet en barre massive dépassant des deux bouts le cercle (fig. 4, en bas), les doubles aiguilles enroulées en papillotes, constituant éventuel­lement un bracelet, comme en fig. 6, et les petits cercles en feuille de bronze très mince, décorés de simples rainures superficielles dans le sens de la longueur (fig. 7), ne pourraient pas passer pour des produits exclusivement illyriens. Au contraire le pendantif ajouré, en grelot4), à boule intérieure en plomb, ayant servi comme parure annexe des ceintures ou des franges des vêtements r') (fig. 8), est clas­sique pour les tombes du premier âge du fer — et probablement dans les commence­ments du La Téne aussi — dans tout le ter­ritoire illyrien: à Maladji en Albanie6), à Stagno7), à Glasinac8), à Jezerine9) et, natu­rellement, très souvent, à Donja Dolina l 0 ) , —

partout Ton rencontre ces petits ornements à sonnette, dont les Illyriens paraissent avoir raffolé. — À côté de ces parures en bronze, l 'apparition à Gruia aussi d'une lance en bronze (toutes les autres sont en fer: v. ci-dessous) est tout-à-fait inattendue (fig. 9 en haut , à dr.). Or, à l'examiner de plus près, cette lance — d'ailleurs très pet i te: à peine de 21 cm avec la douille — se trouve être une simple imitation des lances en fer contemporaines et n 'a rien de commun avec les lances authentiques de l'âge du bronze. En effet elle n'est pas fondue, mais ba t tue : l'on peut très bien reconnaître

Fig. 4.

») Stratimirovié, dans les WMBH. I 1893, p. 122, fig. 22.

2) Truhelka, ibid. I X 1904, pi. LVIII, fig. 4 ; L I X 7; LXVIII 9 ; cp. p. la description, p. 110 suiv. et 122.

3) Ibid., p. 69 suiv. 4) Truhelka les appelle: triinenforrnigegeschlitzte,

an einem Ringe hangende Bronzeaiihiingsel, l.'c, p. 131.

5) Truhelka, /. c , p. 86. •) Nopcsa, WMBH. X I I 1912, p. 174. 7) Poscdel, ibid., X I , pi. X X I , 12 et 18. *} Fiala, ibid., I l l p. 10; Truhelka, I, p. 100;

Fiala, V, p. 5, etc. 9) Radirnsky, ibid., I l l , p. 113.

,0> Truhelka, ibid., I X , pi. X L 11, L U I 23, LVIII 28, L X X V I 6, 8, 9.

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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

la manière dont on Ta obtenue d'une simple feuille de bronze coupée en triangle très aigu. Comme pour les socs de charrue ou les haches à douille ou les talons de lances,

Fig. 7.

Fig. 6.

en fer, ainsi pour cette lance en bronze, on a rabattu autour d'un noyau rond les deux marges de la feuille devant constituer la douille et on les a réuni autant que possible à force de coups de marteau.

Un détail caractéristique mé­rite encore d'être noté. Le pro­priétaire du torques n'a pas été un richard : sa modeste parure en bronze est par deux fois rapiécée, à clous en fer : à chaque brisure la pauvre barre, originairement tor- Fig. 8.

due avec élégance, a été battue d'une manière très rustique, afin de devenir assez plate pour être trouée (deux trous pour chaque brisure) et clouée.

Si les objets en bronze vont d'accord avec la céramique en ce qui concerne l'époque, appartenant sans conteste encore au style du premier âge du fer, tout autre est le cas des objets en fer, qui ne pourraient être datés qu'après 300 av. J.-Chr.

En effet les sépultures de Gruia ont fourni plusieurs lances et javelots (fig. 4 et 9) et deux épées en fer (fig. 10) appartenant à la deuxième période de l'âge de La Tène. En voici la description sommaire. 1. Lances à larges ailerons, de 0.38 m et 0.36 m de lon­gueur et c. 0.06 — 0.055 de largeur; 2. Lances à fer long, à nervure parfois très saillante et à ailerons plutôt étroits, de c. 0.38 et 0.34 m de longueur et c. 0.04 de la rgeur 1 ) ; c'est le type commun de l'époque en Europe centrale, p . e. en Bavière ou en Suisse2); 3. Javelot à pointe très peti te: sur 19 cm de longueur, la pointe n'en occupe que 7 ; les ailerons de la pointe, très étroits: 2 cm; 4. Javelot à tige conique et pointe quadran-gulaire, sans ailerons, long de 18 cm; c'est un type connu au premier âge du fer aussi3),

1) Une de ces lances (fig. 4) a les ailerons br isés; on peut cependant reconst i tuer avec assez de cer­t i tude le contour du profil original.

2) Cp. chez Déchele t te , Manuel, I I 3 , p . 1145, fig. 1 et 2.

3) Ibidem, I I 2, p . 746, fig. 1.

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VASILK PÂRVAN

mais qui est encore plus répandu à l'âge de La Tènc dans tous les pays carpatho-danubicns, depuis la Dacie ') jusqu'en Dalmatie 2).

Quant à la petite pointe de lance, battue en bronze (fig. 9 en haut à droite) dont nous avons parlé plus haut, elle rentre aisément dans le système typologique du second âge du fer.

Cependant les épées seules nous aident à dater les sépultures de Gruia d'une ma­nière vraiment bien]définie. Des deux exemplaires que l'on y a trouvés, l'un ne re­

présente plus qu'un tron çon de la lame (mince et à nervure assez saillante) long de c. 60 cm et large de c. 4 cm ; l 'autre, au contraire, admirablement conservé, long de 1.02 m et large de 45 mm, est un très bel exemple, typique, des longues épées du se­cond âge du fer, emplo­yées par les Scordisques de chez nous entre 300 et 100 av. J.-Chr., et dont de nombreux exemples ont été trouvés sur la rive roumaine du Danube ser­be : p . e. à Turnu-Severin une épée longue de 0.995 m sur 5 cm de largeur, dans l'île de Simian une autre de 0.975 x 0.055, etc.3) . L'épée bien con­servée de Gruia a été trou-

Fig. 9. vée avec une grande par- ^i« I0-

tie de son fourreau ; ce­pendant par un certain hasard malencontreux 4) la gaine qui était très rouillée, après avoir rempli sa mission de nous conserver presque intacte la lame de cette épée, s'est évanouie en poussière.

Pour ne rien omettre, il faut enfin citer la grande hache-marteau en pierre polie, à ce qu'il paraît, à peine ébauchée, sans trou d'emmanchement, et le fragment de hache en pierre verte (fig. 4), trouvés dans la même fouille que les autres objets déjà décrits, de l'âge du fer. L'apparition de ces deux témoignages néolithiques ne peut cependant rien prouver quant à l'existence d'une couche néolithique à Gruia. Nous les

l) Pârvan, Grtica, p. 513 et fig. 355. *) P. e. à Bihac, v. WMBH. IV 1896, p. 186. 3) V. chez Pârvan, Getica, p. 505 sniv. et pi.

XXXVII fig. 1 et 3.

4) M. Bals ne peut pas s'expliquer le malheur; un beau jour il découvrit que l'épée avait perdu son fourreau: probablement quelque domestique l'avait laissée tomber par terre.

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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

attribuons, surtout la moitié de hache en pierre verte, au culte de la foudre et aux autres superstitions de l'âge du fer, en rapport avec le culte ancestral de la hache. Comme en Gaule1), ainsi en Dacie les hommes du second âge du fer ajoutaient aux autres offrandes faites au mort aussi la moitié d'une hache en pierre polie.

L'ensemble des objets trouvés à Gruia ne résout pas de par soi-même le pro­blème historique qui se présente ici: «les restes illyriens sont-ils à Gruia antérieurs aux restes celtiques, ou bien contemporains?» Car rien n'empêche de retrouver à Gruia aussi un phénomène très fréquent dans la civilisation de certaines régions de l 'Europe à l'âge de La Tène, c'est-à-dire la survivance des formes hallstattiennes à travers tout le second âge du fer. E t c'est justement en territoire illyrien que ce phénomène est très commun. Nous voyons p. e. à Jezerine une synthèse extrêmement curieuse des formes hallstattiennes avec celles de l'âge de La Tène, avec prédominance absolue des anciennes traditions illyro-gréco-italiques du premier âge du fer, sur lesquelles les formes «La Tène» se greffent comme de simples annexes spécialisées (fibules), de nature complète­ment étrangère à l'esprit général de la civilisation locale3). On peut dire qu'il n 'y a pas de vrai La Tène dans les Alpes Dinariques et dans les hautes vallées illyriennes qui descendent vers la plaine de la Save. Ni la céramique ni les armes celtiques ne se ren­contrent dans ces régions. N'était telle fibule de la I l-e ou I l l -e période de La Tène, nous ne pourrions jamais songer à dater telle urne parfaitement hallstattiennc ou villanovienne au Il-e ou au I-er s. av. J.-Chr. E t M. Grenier a constaté un phéno­mène identique en Alsace: «la civilisation de Hallstatt se perpétue, en Alsace, jusqu'aux abords de la période romaine. La civilisation de La Tène y est peu représentée et mal caractérisée. Quelques tombes plates à inhumation apparaissent en quelques points, aussi bien au nord qu'au sud du pays, conjointement aux tumuli qui abritent confusé­ment des incinérés et un petit nombre d'inhumés. Les deux espèces de sépultures, tombes plates et tumuli, contiennent des objets identiques (c'est le cas pour les incinérés et les inhumés de Donja Dolina, de Jezerine et des autres stations illyriennes aussi); dans les unes et les autres le prolongement des traditions hallstattiennes se mêle au slyle nouveau de La Tène (ce que nous avons précisé pour l'Illyrie aussi). L'évolution, en un mot, est lente et sans rupture» 3). Or c'est le cas aussi pour les régions de l 'Europe danubienne où les Scythes prenant résidence encore en plein âge de Hallstatt s'assimilent très vite aux indigènes, acceptent les formes locales de la civilisation du premier âge du fer, et, lorsque les Celtes arrivent, résistent comme les Illyres, empêchant la flo­raison des nouvelles formes. M. Louis de Mârton a relevé le fait très intéressant qu'à Gyongyôs, dans le Heves, l'inventaire iranien — de caractère très différent de l'inven­taire transylvain, mais identique avec l'inventaire de la Russie scythique — s'entremêle

») Cp. Déchelet tc , Manuel I , p . 10 ; I I 3, p . 1042 et 1300.

2) Cp. le mobilier de la tombe 161 (p. 101), ou de la tombe 208 (p. 111), ou encore celui de la t ombe 278 (p. 126 suiv.), ou de la tombe 414 (p . 159), chez Rad imsky , dans les WMBH. I I I 1895, p . 39 — 218. Les conclusions de Rad imsky

(p. 212) v isant à démontrer l 'existence d'une ci­vilisation celtique non seulement dans les Alpes noriques et pannoniennes , mais en Dalmat ie aussi, sont complètement erronées.

3) A. Grenier, La population de VAlsace à l'époque gallo-romaine, dans Revue Anthropologique, X X X V I 1926, p . 232.

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VASILE TAIWAN

de formes La Tène ' ) , qui le situent au IV-e s. av. J.-Chr., sans toutefois lui rien prendre de l'aspect exotique et extrêmement conservatif qui lui était propre. Au con­traire, comme en Dacie 2), comme en Alsace3), comme eu Europe Centrale1), ainsi à Gyongyôs ce sont les formes de tradition néolithique qui prennent le dessus à l'époque hallsiaitienne et réussissent à se maintenir même à l'âge de La Tène 6 ) .

Toute autre est la situation dans les stations hallstattiennes dcl 'Illyrie (cp. fig. 11); à différence de la Dacie où le fil est ininterrompu depuis le néolithique jusqu'il l'âge de

LÏLLYRIE ET L'EMPIRE CEUIQVE DE LA PLAINE PACOPANNONIENNE AV ffl-i S m<SS>

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Localités a découvertes cel/iţnes;Locatile's or eteevut/erfes illy/uenrte.i/ Ljjca/ile\ra c/ecottuer/es rrrï*/es

Fig. 11.

La Tène, il nous semble qu'un certain hiatus dans la continuité ethnographique et de ci­vilisation est manifeste justement dans la vallée de la Save et les régions voisines de la Dacie. À Donja Dolina, comme dans les Alpes Dinariques c'est tout un monde nouveau qui semble surgir vers 1000 av. J.-Chr. L'Illyrie ne possède pas un vrai ancien âge du bronze. Entre le monde de Donja Dolina et celui de Butmir il n 'y a aucune continuité.

») Dans VArchaeologiai Értesitô, X X V I I I 1908, 1926, p . 231 suiv. p . 52 : «midon hazânk foldén a La Tène kul tûra 4) Hoerncs-Mcnghin, llrg. d. bild. Kunst, Vienne mâr ismert volt». 1925, p . 488 suiv.

*) P â r v a n , Getica, p . 367. •) Cp. chez Mârton, dans Y Arch. Êrt., X X V I I I 3) Forcer e t Grenier: cp. Rev. Anthrop. X X X V I 1908, les tessons de la p . 40.

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CONSIDÉRATIONS SIJK L I S SKI'I l/IUKKS CKLTIQl KS DE GRUIA

Stanley Casson a essayé de trouver la clé de l'énigme dans une migration «danubienne» des hommes du bronze vers l'O illyrien à une époque assez récente de l'âge du bronze, migration suivie par une autre, «hallstattienne», vers le S, partant d'un centre de disper­sion situé dans l'actuelle Autriche, autour de Hallstatt même ' ) . Nous y reviendrons plus bas. Ce que nous voulons relever tout de suite, c'est qu'un hiatus analogue à celui qui précède le «hallstatt» illyrien, le suit aussi. Les Iliyres passent du «premier âge du fer» directement à l'«âge romain». E t tandis que l'Italie septentrionale, le Norique,la Pannonie et la Dacie deviennent tout-à-fait «celtiques», FIllyrie n'en veut rien savoir2). Cependant le Danube est un fleuve par excellence celtique: depuis ses sources jusqu'à son embouchure les châteaux forts celtiques se suivent presque sans interruption. La capitale des Scordisques est Singidunum (Belgrade), à l'embouchure de la Save illyrienne3). Heorta, Capedunum et Bononia*) gardent aussi le Danube serbo-roumain5). E t pourtant, quoique nous soyons à la deuxième période de La Tène, pas un seul tesson celtique à Gruia: les épées celtiques restent tout-à-fait solitaires au milieu des parures et de la céramique illyriennes, hallstattiennes. D'autre part l'âge du fer illyrien ne connaît pas les armes celtiques, tandis que les sépultures de Gruia, tellement illyriennes par la presque totalité de leur mobilier, sont celtiques par les armes. Il n'y aurait donc qu'une seule conclusion à toutes ces constatations: les Illyres de Gruia seraient vraiment d'un autre temps que les Celtes, et l'arrivée de ces derniers aurait été ici plus récente.

Le problème des sépultures celtiques de Gruia se divise donc en deux: I. L'arrivée des Illyres au milieu des Géto-Thraces de Gruia. IL L'arrivée des Celtes dans cette en­clave illyrienne, établie au milieu des Thraces.

Casson admet une migration illyrienne, partant de Hallstatt , au début de l'âge du fer, en aval du Danube, vers la «Bulgarie» aussi: «The same movement which pro­jected the Iron Age Illyrians into Bosnia sent bodies of a similar stock south-east to Macedonia and eastwards to Bulgaria. These latter branches reached their destinations, certainly in the case of Macedonia and probably in that of Bulgaria, at an earlier date than tha t at which the Illyrian body descended the Save tributaries. Only at Donja Dolina and Zara do we find earlier Iron Age sites. The fuller development of the Serajevo region comes later, after 900 at the earliest and probably later» (o. c, p . 326). Malgré l'accent et la précision que donne Casson à son opinion concernant la migration illyrienne en Bulgarie, nous ne pourrions sous aucune forme admettre cette thèse. D'ailleurs l'auteur lui-même ne peut fournir, sauf quelques in­dications sur la civilisation de La Tène en Bulgarie, apportée ici par les migrations celtiques (p. 309), rien d'autre que des appréciations d'ordre général sur l'âge du fer de la Macédoine, plus ancien que celui de Bosnie, mais «mostly of the same type and date» qu'en Serbie et en Bulgarie (p. 306).

1) Macedonia, Thrace and Jllyria; their relations to Greece from the earliest times donn to the time of Philip son ofAmyntas, Oxford, 1926, p . 287 — 327.

2) Il est très é tonnan t de constater que certains archéologues on t cru pouvoir affirmer qu ' à Je -zerine nous avons affaire à des Celto-IUyres, seulement parce que l'on y t rouve un certain nom­bre de fibules La Tène (Casson, o. c , p . 302, qui

para î t accepter — lui aussi — l'opinion de Munro) ; or, dans toute l 'Illyrie au S de la Save il n 'y a ni populat ion ni civilisation celt iques: les armes , les parures , la céramique sont non-celtiques !

3) Jus t in , X X X I I 3. 4) Cp. Camille Jul l ian, Histoire de la Gaule I ,

p . 296 suiv. 5) Pâ rvan , Getica, p . 65.

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VA SI LE PÀKVAN

Car presque tous les monuments hallstattiens publiés par Poppoff '), et sur lesquels s'appuie Casson aussi, sont de Macédoine et non de Bulgarie. Mais même s'ils en étaient, il ne suffit pas de quelques fibules pour décider d'une question si complexe que les migra­tions illyriennes vers le S et vers l 'E. Il s'agit ici d'une conclusion analogue à celle tirée par Radimsky 2), qui voulait trouver aussi en Bosnie le même La Tène qu'en Autriche et en Hongrie, seulement parce qu'il avait découvert beaucoup de fibules de l'âge de La Tène à Jezerine. En effet la Bulgarie est reliée, à l'âge du fer, aussi étroitement à la Valachie, qu'elle l'avait été à l'âge énéolithique et à l'âge du bronze. Ni en Valachie ni en Bulgarie les Illyres n 'ont rien à chercher. C'est déjà beaucoup si nous y rencon­trons quelques faibles échos de leurs industries, d'ailleurs comme activité propre en pays dinariques, tout-à-fait modestes.

Le problème doit être au contraire totalement renversé: entre 700 et 300 av. J.-Chr. (les limites extrêmes des documents «illyriens» de Gruia) ce sont plutôt des mouve­ments de population et de civilisation qui remontent le Danube bulgaro-roumain et serbo-roumain: ce sont les Scythes qui venant de l'E occupent la Dacie et la Thrace et repoussent devant eux vers l'O tous ceux qui essayent de leur résister: c'est à cette époque, que les tribus daco-gètes du Banat et de la Petite-Valachie commencent leur migrations vers la Dalmatie et la Péonie, où ils fonderont Thermidava, Eiminacium, Berzumnum, Adzidzium, Asarnum, Blandona, Desudava, etc. etc.3) et le nom des Daoi aorsoi (Daorsi) : «les Daces blancs», devient épichorique dans la région de Spalato 4).

Un mouvement contraire, en aval du Danube, ne se prononce à l'âge du fer qu'à partir de la fin du V-e s., lorsque la pression celtique commence à repousser vers l 'E tous les peuples du Danube moyen et inférieur. Il est très probable qu'à l'approche des Taurisques, et plus tard des Boïens et des Scordisques, les tribus illyriennes de la vallée de la Save aient dû chercher refuge soit dans les hautes vallées des affluents de la Save et du Danube serbe, soit en aval de ces deux grandes vallées jusqu'en Petite-Valachie et en Bulgarie occidentale. Les Thraces Triballes qui habitaient la vallée inférieure de la Morava (Margus) paraissent avoir été déplacés vers l 'E, jusqu'à l'Iskcr bulgare (Oskios — Oescus), déjà vers le commencement du IV-e s. En effet la grande invasion triballique de l'an 376 contre Abdère et la côte thrace de l'Egée ne pourrait être expli­quée sans le bouleversement produit par les Celtes dans les pays du Danube moyen et de la Save 5). Or vers la même époque les Celtes pénétraient chez les Ardiens et les Autariates aussi, entre les Alpes Dinariques et la région côtière qui s'étend depuis la péninsule d'Istrie jusqu'à la vallée de la Narcnta (i). Ce qui est maintenant décisif pour notre démonstration, c'est que déjà en 335 les Autariates s'étaient déplacés très loin vers l 'E, occupant le territoire situé immédiatement au N du pays des Agrianes. Les renseignements de Ptolémée fils de Lagus, chez Arrien, combinés avec les informations de Diodore et de Strabon, mènent à la conclusion tirée déjà par Zippel 7), que les Auta-

' ) Dans l 'Annuaire du Musée National de Sofia I I 1921, Sofia 1922, p . 152 suiv. (en bulgare , avec un t rès bref résumé en français).

2) Dans les WMBH. I I I 1895, p . 2 1 2 ; cp . d'ail­leurs Casson aussi, ci-dessus, p . 43 , note 2.

3) P â r v a n , Getica, p . 229 suiv., 672, 745 et 751. 4) Ibid., p . 38, 229 et 745.

B) V. chez G. Zippel, Die rômische Herrschaft in Illyrien bis auf Augustus, Leipzig 1877, p . 31 suiv. , le recueil des textes anciens concernant ces évé­nements .

6) Cp. Zippel, p . 34 et suiv. 7) 0. c, p . 38 suiv., avec les passages des au­

teurs anciens.

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CONSIDÉRATIONS SUR LES SEPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

riates avaient occupé après leur défaite dans leur pays d'origine, sur la Narenta, la vallée de la Morava bulgare, devenant avec les Dardanes les voisins septentrionaux des Péoniens.

Ces mouvements étaient encore en 335 en plein développement: c'est la raison pour laquelle Alexandre le Grand entreprend son expédition contre les Triballes et les Illyres «voisins entre eux» ' ) . Il pouvait s'attendre à chaque moment à une invasion analogue à celle de l'an 376 contre Abdère. Or les Triballes sont à cette époque si loin vers l 'E, dans la vallée du Danube, que nous pouvons admettre Oescus déjà en 335 comme ca­pitale de leur royaume 2). Mais en ce cas les Illyres, leurs «voisins» doivent occuper le territoire immédiatement à l'O du Timacus. La présence d'objets d'aspect illyrien du premier âge du fer en Triballic et en Dardanie ne devrait donc pas nous surprendre: tous ces peuples se réfugiant au devant des Celtes portaient avec eux leurs anciennes traditions industrielles.

Cependant les Celtes occupaient toute la région danubienne depuis Belgrade (Sin-gidunum) jusqu'à Widdin (Bononia). Lorsque Brennus se décidait en 280 pour sa fatale invasion en Grèce, les Celtes possédaient en Mésie supérieure un large territoire, dont la garde était confiée à tout un peuple. En effet les Celtes laissés en Mésie ad ter­minas genlis tuendos sont à eux seuls capables, ne soli desides viderentur, d'armer pe-dilum quindecim millia, equitum tria millia, de faire la guerre aux Gètes et aux Triballes, réunis, et de les vaincre : fugatis Getarum Triballorumque copiis 3).

Or nous sommes arrivés avec ces événements juste dans la région et à Yépoque qui nous préoccupent: à Gruia, vers la moitié du I l l -e s. av. J.-Chr. Les armes celtiques de Gruia, dont l'épée formidable, à elle seule, pourrait nous expliquer la défaite et la fuite au devant des Celtes, des Géto-Triballes armés de leurs petites sicae 4), sont le témoignage de la prise de possession armée de la rive gétique du Danube par les Gau­lois. Arrivant après les Illyres, auxquels appartiennent les restes pacifiques: vases et parures, trouvés à Gruia, les Celtes trouvent à un siècle près de distance toute une civi­lisation «illyrienne», dans ces régions auparavant purement thraces. Comme à Donja Dolina, ainsi à Gruia les Celtes n'exercent pas leurs talents civilisateurs: ils y passent

*) V. tous l e s détails de l 'expédit ion chez Arrien, I 1 suiv. e t cp. P â r v a n , Getica, p . 43 suiv.

2) Cp. chez Ptolémée, Gêogr. I I 10, 5 : Oloxoç TnipuXX&v.

3) Trogue chez J u s t i n , X X V 1. — V . pour l'his­toire des Celtes dans les Balkans , Camille Jul l ian , o. c. I 296 suiv. — Le problème de la diffusion de l 'élément celtique dans la péninsule Balkanique a été t ra i té aussi par G. Katzaroff dans son é tude, Les Celtes dans l'ancienne Thrace et Macédoine (en bulgare) , dans les „Spisanié" de l 'Académie Bul­gare des Sciences, X V I I I , 1919, p . 4 1 — 8 0 , et pa r N . Vulié dans son article, Les Celtes dans les régions yougoslaves (en serbe) dans le Glas de l 'Aca­démie Royale Serbe C X X I , Belgrade 1926. Cp. aussi Niese, Gesch. d. griech. u. maked. Staaten, I p . 304 et I I p . 12 s u i v . — A u c u n de ces auteurs n 'a cependan t essayé de met t re d'accord les té­

moignages des sources l i t téraires de l ' ant iqui té avec les découvertes archéologiques de nos t emps .— La question mérite pleinement d 'être reprise: les Celtes — qui ont évité l 'Illyrie — ont long­temps résidé en territoire thrace (Serbie et Bulga­rie). Ils se sont dénationalisés (Florus appelle, p. c. les Scordisques: saevissimi omnium. . .. Thracum), mais les traces de leur influence sur la civilisation des deux Mésies et de la Thrace devraient être appréciables. Les découvertes sur le terrain per­m e t t r a i e n t — à notre a v i s — d é j à ma in tenan t des conclusions assez bien définies.

*) Pour les sicae t rouvées en Olténie, v. I s t r a t i , dans les Mém. de la Sect. Scient, de VAcad. Roum., X X X I V 1912, p . 141 suiv. et pi . V I I ; pour celles de Bulgarie, Poppoff, dans VAnnuaire du Mus. Nat. de Sofia, I I 1921, p . 167 et 173.

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VASILE PÂRVAN

exclusivement en guerriers. Les nombreuses épées celtiques trouvées en Olténie, de Turnu-Severin à Craiova ' ) , prouvent que les nouveaux venus ont essayé, comme en Bulgarie, de se créer ici aussi un petit état à eux au milieu des Gèles. Toutefois les renseignements que les auteurs anciens fournissent sur l'époque suivante montrent qu'au contraire ce sont les Gètes qui petit-à-petit ont assimilé et anéanti les Celtes '-).

Mais il y a un auteur, c'est vrai, assez tardif, Appien, qui nous donne même le nom des Illyres que nous devrions chercher dans les îles du Danube serbo-roumain : dans ses Illyrica, 4, il recueille une légende sur les migrations des Autariatcs, dont nous avons parlé ci-dessus, et où il les fait prendre résidence dans les régions marécageuses du Danube gétique: xal r.t)v revwv êXcùôr/xal àotxrjzov, naçà T,<) BaozatQV&P ë&voç, &Xr)oav?)* Or nous avons déjà poursuivi le mouvement des Autariatcs jusqu'en Dardanie orien­tale et dans la région des sources du Timacus: il n 'y a qu'un pas d'ici jusqu'au Danube et le récit fantastique d'Appien 4), corrigé par les renseignements très précis de Stra-bon, p . 318, peut servir à l'explication du fait que nous trouvons des éléments de civi­lisation illyrienne jusqu'en Petite-Valachie.

Il s'agit donc, non pas, comme Casson croyait pouvoir le supposer, d'une migration «illyrienne» en Bulgarie déjà vers 900 av. J.-Chr., mais tout simplement des Illyres re­poussés par les Celtes au V-e et au IV-e s. toujours plus loin en aval du Danube.

I I . Il nous reste maintenant à élucider la seconde question principale soulevée par les découvertes de Gruia, c'est-à-dire à quelle époque et dans quel territoire les Celtes prennent résidence, lorsqu'ils arrivent sur le Danube moyen. E t avant de commenter les informations des auteurs anciens, nous allons de suite établir quelques faits histori­ques de nature plutôt générale.

Le caractère de la pénétration celtique en Illyrie, comme en Dacie et en Thrace, a été sporadique: des enclaves isolées et d 'autant moins nombreuses et peuplées, que l'on s'éloignait du centre d'irradiation celtique, sis en Pannonie, resp. en Tchéco­slovaquie. Ces enclaves ont toujours eu tant à faire avec leur propre défense, qu'elles n'étaient pas dans la situation de développer, comme dans les Alpes Orientales ou dans les Carpathes septentrionaux, les industries par excellence celtiques: la sidérurgie et la céramique, — ou, pour le moins, de vivre d'une manière indépendante, comme popu­lation pacifique, agricole et commerçante. C'est pourquoi les Celtes pénétrant en Illyrie» en Dacie, en Mésie, en Dardanie, en Thrace se sont dissous dans la masse des abori­gènes. Strabon (p. 304) racontant les guerres du grand roi gète Burebista, di t : tfdr} ôè xal 'Pcojiiaioiç cpopeqoç tfv, ôtafiaivaov âôewç xov "IOXQOV xal xi)v Sqâxrjv h:i}Xaxô)V [lé.XQi Maxeôoviaç xal xfjç ' DIVQÎÔOÇ, xovç xe KeXxovç XOVÇ àva/œjiuyjuévovç xoïç xe Oqat-l xal xoïç 'Ikh'Qioïç èt-£7iÔQ'&r]0£...6). Mais les Romains aussi, dont la pénétration dans les pays illyriens commence dès la fin du I l l -e s. av. J.-Chr., avaient combattu avec système et d'une manière très persistante tout essai de prise de possession celtique en territoire soumis à l'influence romaine. La politique romaine avait poursuivi d'abord la pacification des pirates Illyriens qu'ils forcèrent à s'occuper d'agriculture (rjvdyxaoav

1) E n voir la liste chez Pûrvan , Getica, p . 505 suiv. e t les notes .

2) P â r v a n , Getica, p . 66 suiv. 3) Cp. P â r v a n , o. c , p . 72. 4) G. Zippcl, o. c , p . 153 et suiv., se laisse

mener par les contes d 'Appien vers des hypo­thèses parfa i tement inacceplahles.

5) Cp. sur le rôle de Burebista dans l 'Orient celto-il lyro-thrace, Camille Ju l l ian , Histoire de la Gaule I I I , p . 152 suiv.

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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

yscoQyeïv: Strabon, p . 315, en parlant des *Agôiaîoi). Mais leurs expéditions contre les Ardiens et les Autariates se compliquèrent aussitôt par des guerillas sans fin contre les Dardaniens, les Triballes et les Scordisques aussi (Strabon, p . 315 et 318). Or, la situa­tion était la suivante. Les Celtes arrivés dans la vallée de la Drave et de la Save, où ils avaient fondé des villes comme Carrodunum ou Neviodunum (v. fig. 11), avaient préféré d'envahir et de dévaster, plutôt que de coloniser les territoires illyriens des Alpes Dinari-ques; Strabon nous le dit d'une manière précise à propos des Scordisques: /lexaţv ôè ( AaQÔavlwv ) ie xal XÔJV ""AqbiaUnv ol AaoaQi'pioi elol xal 'AyQiâveç xal alla aarj/ua ëêvrj, â ênuQÛovv ol IxooÔioxoi /uéxQi rjorj/wioav xi]v %d}Qav xal ÔQvpâjv âpdxov èy rj/iégaç nleiovç ènofyoav fi.F.oxi)v (p. 318). Mais les invasions celtiques le long de la côte adriatique au IV-e s. ont dû être encore plus sauvages ! ) . Ce qui est sûr, c'est que les Taurisques descendant le Noarus, le Dravus et le Savus vers les plaines pannoniennes, se sont établi au N de la Drave et y ont fondé leurs grands ateliers sidérurgiques, comme celui de Szalacska au S du lac Pelso. Leur tendance migratoire, de caractère agricole, com­mercial et industriel a été plutôt vers l'E que vers le S. Comme au IV-e et au ITI-e s. ainsi vers le commencement du I-er s. av. J.-Chr. les Celtes de la Pannonie avaient (de nouveau ; cp. ci-dessous) dépassé le Danube, et le royaume de Critasiros avait pour frontière orientale la Theiss, c'est-à-dire le Celte avait envahi tout le territoire gète compris entre la Theiss et le Danube. Ce dont Burebista ne manque pas de se plain­dre, lorsqu'il commence ses grandes guerres contre les Boïens et les Taurisques de la Pannonie: (les Daces) xaxaTtole/ir/oavxeç Boîovç xal Tavoloxovç, ëxhr] Kelxixà xà vno KnnaaiQCi), (pdoxovteç eïvai xr)v %d)qav ocpExeoav, xainen noxa/xov ôieioyovToç xov IlaQioov (1. Ilaûlnov), Qéovxoç àno xcôv OQÛJV ènl xov "IOXQOV xaxà xovç ZXOQÔLOXOVÇ xalovjuévovç Falàxaç. xal yàg ovxoi xoïç 'IIIVQIXOÏÇ ëêvem xal xoïç Ooqxloiç àvayàÇ &xr\oav àll' èxEivovç /ièv ol Aaxol xaxélvoav, xovxoiç ôè xal ov/i/zàxoiç ÈyQi'\navxo Ttolldxiç. Les dé­couvertes archéologiques confirment les dires de Strabon (p. 313): déjà à la deuxième période de La Tène les Celtes s'étendaient jusqu'à la Theiss et même à l 'E de cette ri­vière. Les restes celtiques, de Koszeg, de Dâlj, de Hôdsâg, de Hatvan-Boldog, de Balsa, de Gyoma, (TApahida 2), démontrent que depuis les Alpes jusqu'en Dacie les Celtes occupaient toutes les plaines du Danube moyen et que le chemin qu'ils avaient découvert d'abord vers 400 av. J.-Chr., lorsque leurs guerriers en remontant la vallée du Mures, étaient arrivés jusqu'à Silivaş, en plein centre de la Transylvanie 3), n 'avait jamais été désappris.

Or les Celtes dont il s'agit à Gruia étaient les «petits» Scordisques, d'abord adversaires, ensuite alliés des Daces. Leurs demeures sont définies par Strabon (p. 318) comme il suit: âxtjoav ô'ovxoi naqà xov "IOXQOV ôirjorj/iévoi bi%a, ol fièv jueyâloi ZXOQÔCOXOI xalov-[levoi ol ôè (nxQoi ol fièv juexaÇi) ôveïv Tzoxa/xôjv è/À,ftallovxa>v elç xov "IOXQOV, XOV xe NOÛQOV XOV naQa rrjv Zeyeoxixrjv QEOVXOÇ*) xal xov Màqyov (xivèç ôè BaQyov epa-

' ) Cp. pour les sources, Zippel, o. c , p . 35 suiv. 2) Cp. mes Getica, s. v. e t en premier lieu p .

482 suiv. 3) V. Roska , dans les Archivele Olteniei V 1926,

p . 50 et P â r v a n , Getica, p . 464. 4) P a r le Noarus la source de S t rabon indiquai t

c Dravus, dont l 'affluent septentr ional , le Noarus,

éta i t aussi impor tan t que le Dravus même. Quan t à Siscia, «voisine du Dravus», c'est de la pure confusion: les informations de S t rabon é ta ient tou t à fait erronées; en effet d 'après cet au teur la Save est un affluent de la Drave ; celle-ci à son tour est un affluent du Noaros et le Noaros est de nouveau identique avec la Save parce qu'i l

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VASII.E PA H VAN

ah) ' ) , ol ôè /iixoiH xovxov nênav, ovvâmovreç Tniflattoïç xal Mvaoïç. el%ov ôè xal rdv njowv rivàç ol ZXOQÔLOXOI, tnl rooovrov ô*fjv$ijô^aav wore xal [ié%Qt x&v ' l/lrnixôjv xal TÛV IJawrixcov xal Ooaxùov 71QOÎ]\I%V ôoiov xaréa%ov ovv xal ràç Vïjoovç ràç iv rib "IoTQCp ràç nlriovç, tfoav ôè xal nôleiç avroïç 'Eôqxa xal Kanêôovvov. La description de Strabon correspond très bien à la situation que les découvertes archéologiques confirment pour la I l-e période de l'Age de La Tène, c'est-à-dire pour le I l l -e et le Il-e s. av. J.-Chr. Au contraire à la J l l -e période, après l'an 100 av. J.-Chr., les Gètes prennent complètement le dessus et les Scordisques subissent le même sort que les autres Celtes voisins de la Dacie. Ce qu'il faut retenir chez Strabon, c'est que les Celtes n 'habitent de manière vraiment intense que sur la rive même du Danube, entre les embouchures de la Drave et de la Morava d'un côté, entre celles de la Morava et du Timoc de l 'autre. Ça veut dire que les Scordisques de la rive droite du Danube ne font que prolonger plus ou moins au sud du fleuve la masse compacte celtique qui habitait au N de la Drave et du Danube.

Voici maintenant en quelques mots la suite des événements après l'installation dé­finitive des Romains en Macédoine. En 141 les Scordisques de la Save bat tent les Ro­mains; autre guerre en 135. En 117 le préteur Sexte Pompée est at taqué en Macédoine par les Gaulois et les Mèdes (les Thraces Maedi). En 114 C. Porcius Caton essayant de punir les Scordisques sur leur propre territoire est bat tu et chassé lui-même, et toute PIllyrie est ravagée jusqu'à l 'Adriatique. Ce n'est qu'en 112 que M. Livius Drusus réussit à repousser les Gallo-Thraces et à les forcer de faire la paix. Cependant les années 110 et 109 sont troublées par de nouvelles batailles très sanglantes en Thrace (C. Cae-cilius Metellus) et en pays scordisque, entre le Drin, la Save, le Danube et le Cibre (M. Minucius Rufus). En 97 et en 92— 88, d'autres combats et invasions: les barbares ar­rivent jusqu'à Dodone. Les Gètes sont pendant ces guerres les compagnons fidèles des Scordisques: Minucius Rufus imperator a Scordiscis Dacisque premebatur, quibus impar erat numéro, dit Frontin, Strat. I I 4, 3. Mais tandis que les Gètes sont protégés au-delà du Danube par leurs forêts impénétrables (cp. chez Florus I 39, 6: Scribonius Curio, en 74 av. J.-Chr. Dacia tenus venit, sed tenebras saltuum expavit), les Scordisques, comme d'ailleurs les Illyres et les Thraces aussi, sont de plus en plus affaiblis et décimés par les Romains tenaces et inexorables. Appien, De reb. Illyr. 3, nous le dit ex­pressément à propos des Triballes et des Scordisques, les voisins directs des Gètes: les deux nations se sont combattues avec acharnement l'une l 'autre jusqu'à ce que *es restes des derniers Triballes se soient enfuis chez les Gètes de Valachie, de sorte que leur peuple, qui du temps de Philippe et d'Alexandre était très puissant, perdit jusqu'à son nom même parmi les nations du Bas-Danube ; quant aux Scordisques affaiblis dans les mêmes luttes, ils ont été presque anéantis par les Romains et se sont réfugiés dans les îles du Danube, d'où plus tard ils ont essayé de se sauver en se rassemblant dans certaines régions de la Pannonie inférieure 2).

Nous constatons donc que le travail civilisateur chez les Celtes du Danube méso-triballique était très enrayé par les suites du désordre ininterrompu qui régnait ici.

a pour affluent le Colapis (p. 314). *) E n thracc le 6 et le m sont couramment i n t e r

changeables : v. Krc tschmer , Einleitung in die Gc-

schichtc der gricch. Sprache, p . 236. 2) Cp. pour ces événements , P â r v a n , Gctica,

p . 65 — 75 et les auteurs cités p . 45 , n. 3.

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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

Tandis que les Celtes de la Pannonie et de la Dacie développaient toute une civilisation «celtique», d'une richesse et variété comparables à celles de la Gaule et des pays du Da­nube supérieur, les Scordisques disparaissaient presque sans laisser d'autres traces de leur existence sauf les armes avec lesquelles ils s'étaient défendus jusqu'à la dernière heure.

Il nous reste maintenant une seule question encore à élucider à propos des sépul­tures de Gruia: celle d'une éventuelle contemporanéité des vases et des parures de ces tombes, avec les lances et les épées trouvées à la même place. L'on peut aisément constater en Illyrie que la céramique de type carpatho-danubien de l'âge récent du bronze et du premier âge du fer continue à être en usage même à l'âge de La Tène. Radimsky a même relevé le fait suivant, d'une importance décisive: «auf der Drehscheibe erzeugte Thongefăsse kamen in Jezerine ziemlich selten vor und gehoren fast durchaus dem Formenkreise rômischer oder griechischer Gefiisse an, so dass man schliessen darf, die Einwohner des Landes haben in der La Tène-Période nur aus freier Hand Thongefăsse erzeugt, und der Gebrauch der Tôpferscheibe sei ihnen erst durch die Rômer bekannt geworden» ') . Mais il y a autre chose encore: nulle forme céramique de type celtique n'est adoptée par les Illyres, comme c'est si souvent le cas en Dacie, où tant de formes nouvelles se retrouvent en technique paysanne tout simplement façonnées à la main, à côté des vases tournés, de la même époque, soit importés des Celtes du NO, soit fabriqués en Dacie

Les armes celtiques de Gruia, datables à la deuxième période de La Tène, auraient donc très bien pu être contemporaines de la poterie «illyrienne» que l'on y a découverte. Cependant il faut relever de suite le cas tout-à-fait exceptionnel où se trouveraient les Celtes enterrés de cette façon, pêle-mêle avec des étrangers et avec un mobilier funé­raire étranger.

Encore plus difficilement pourrions-nous admettre une contemporanéité des pa­rures et des épées de Gruia. En effet les fibules de l'âge de La Tène ont vite trouvé leur chemin même dans les coins les plus reculés de l'Illyrie. Il suffit de parcourir les rapports des fouilles de Jezerine (Radimsky), de Sanskimost (Fiala), et, naturelle­ment, de Donja Dolina (Truhelka) 2) [l'emplacement classique pour les formes cérami­ques et autres de la civilisation illyrienne de la vallée de la Save], pour se convaincre aussitôt que les Illyres eux-mêmes ont adopté les types celtiques de fibules et que par suite en aucun cas et sous aucun motif la belle fibule en arc de Gruia n'aurait pu appar­tenir ni à un homme ni à une femme de l'âge de La Tène. Quant aux pendantifs en forme de grelots, ils sont si caractéristiques pour l'époque pré-La Tène (ou au plus tard archaeo-La Tène) d'Illyrie, qu'ils constituent, à côté de la céramique, le trait ethnographique le plus frappant pour le non-celtisme du mobilier funéraire en bronze trouvé à Gruia.

Force nous est de tirer maintenant les conséquences de notre brève analyse des sépultures de Gruia. La pénétration illyrienne en aval du Danube, en pays gétiques, déjà avant l'arrivée des Celtes, mais sûrement provoquée par leurs invasions en terri­toire proprement illyrien, dans la vallée de la Save, nous paraît parfaitement assurée et datée par les découvertes de la couche la plus ancienne de Gruia. À un siècle près de distance suivent les Celtes eux-mêmes. Les sépultures celtiques de Gruia sont ex­clusivement de temps de guerre. Nul objet celtique de nature pacifique n 'y a été trouvé.

*) Radimsky, Die Nekropole von Jezerine in Pri- 2) Dans les WMBH. Iïï 1895, VI 1899 et IX toka, dans les WMBH. III 1895, p. 195. 1904.

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11 s 'agi t sans d o u t e d ' une de ces expédi t ions ou re t ra i t e s ma lheureuses , scordisques , dans les îles du D a n u b e , si souven t ment ionnées p a r les a u t e u r s anciens . Mais les t o m b e s de Gru ia son t décisives aussi à un a u t r e po in t de vue , de carac tè re h i s to r ique généra l . Les re la t ions de la Dacie avec le SO il lyrien sont t rès anc i ennes : déjà à l 'âge énéoli-thiqt ic des formes et des motifs a r t i s t iques danub iens t r o u v e n t leur chemin vers l 'A­d r i a t ique . À la dernière pér iode de l 'âge du bronze c 'est l 'ouest vénéto- i l lyre qui rem­pli t de ses p rodu i t s indust r ie ls t o u t le massif des Ca rpa thes . Or l ' invasion sey th ique repousse vers l 'O t ou t e s les na t i ons de la vallée du D a n u b e et de la moi t ié occ identa le de la Péninsu le des Ba lkans . Les sépul tures i l lyriennes de Gruia qui sont pos tér ieures à la g r ande invas ion s ey th ique , mais an té r ieures à la g rande invasion ce l t ique du I l l - e s., m o n t r e n t combien i m p o r t a n t e , p rofonde , et loin poussée vers l ' E , a é té la vague i l lyr ienne qu i a de n o u v e a u déferlé vers la Dacie , à peine la pression sey th ique affaiblie ' ) . Telle découve r t e ca rac té r i s t ique du B a n a t , c o m m e les c o u t e a u x , b is tour is ou rasoirs à double l a m e de Verse t , i den t iques p a r leur forme et leur décora t ion avec les c o u t e a u x analogues de l ' I l lyr ie a d r i a t i que '-) m o n t r e n t q u ' à l 'âge de La Tène la Dacie occidenta le (le B a n a t et la Pe t i te -Valachie) non seu lement pro longeai t j u s q u ' e n D a l m a t i e ses expéd i t ions guer­r ières, mais e m p r u n t a i t à l 'ouest ma in t e s formes indust r ie l les , inconnues en Dacie p rop re : i). Les formes céramiques de Gruia d é m o n t r e n t q u e des enclaves i l lyr iennes s ' é ta ien t aussi é tabl ies au milieu des Gètes de la Dacie occidenta le . Elles font p révo i r d ' au t r e s découver tes ana logues soit dans les îles du D a n u b e soit sur la r ive m ê m e du f leuve en te r r i to i re dace .

Q u a n t a u x Celtes d ' I l ly r ie , il faut r e ten i r ce fait . Leurs premières invas ions , a u d é b u t du IV-e s., o n t p ro fondément bouleversé les condi t ions e t h n o g r a p h i q u e s de ces régions-ci : c e p e n d a n t les Celtes n ' y p r i r en t pas rac ine . Les a r m e s , les vases en t e r re cu i te , les pa ru re s du dernier âge du fer en I l lyrie a p p a r t i e n n e n t à la c ivi l isat ion illy­r ienne , d o n t les t r ad i t i ons sont en t rès bonnes m a i n s . Il fau t donc se b ien garder d ' a t ­t r i b u e r a u x Celtes eux -mêmes p . e. les fibules La T è n e e t d ' en t i re r p o u r l ' I l lyr ie auss i t ro is é t apes d a n s le d é v e l o p p e m e n t de la civi l isat ion de La T è n e d a n s ces pa rages 4 ) . Donja Dol ina sur la Save , en plein vois inage ce l t ique , a des r a p p o r t s p lus in t imes avec le m o n d e gé t ique q u ' a v e c le ce l t ique , bien que la Dacie gé t ique fut si loin et la P a n -nonie ce l t ique si p roche . C'est que les re la t ions ances t ra les du bass in de la Save avec celui de la Theiss et du Mures é t a i en t b ien p lus fortes que celles, nouve l l emen t créées, avec la P a n n o n i e . R ien d ' é t o n n a n t si à Gru ia auss i , «Donja Dolina» e t l ' I l lyr ie se man i ­fes tent d ' u n e man iè re si i n s i s t an te .

VASILE PÂRVAN

') Je dois noter encore ici, que la question des migrations illyriennes, vers la Macédoine (tout d'a­bord celle des Autariates eux-mêmes) ne m'a pas préoccupé ci-dessus ; je renvoie donc aux articles déjà cités de Vulic et de Katzaroff et j'ajoute que le sujet mériterait d'être traité de nouveau par quelque jeune historien slave qui serait en même temps un archéologue militant sur le terrain.

2) Cp. pour les couteaux de Verşeţ, Pârvan Getica, p. 488 et 527 suiv. avec fig. 333 et le9 observations p. 528 note 1.

3) Les bracelets plurispiraux à têtes de serpent, de Mahrevici (Truhelka, dans les WMBH. X ï ï 1912, p. 20), n'ont rien de commun avec les bra­celets analogues de la Dacie, sauf peut-être l'idée stylistique, tout à fait générale.

4) Truhelka, l. c , p. 26 — 28, poursuit sur le terrain les trois périodes de l'âge illyrien de La Tène, d'après les fibules, et croit pouvoir établir des progrès et des regrès de la pénétration celtique dans les Alpes Dinariques.

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LES FOUILLES DE SULTANA Nous avons expliqué ailleurs ') les circonstances dans lesquelles nous nous sommes

dirigé vers la région qui, géograpbiquement, porte le nom, assez bien connu, de Câmpia românà (la Plaine Roi un ai ne).

Immédiatement voisine de la Dobrodgea, la «Câmpia românâ» a été explorée au cours des vingt dernières années du siècle dernier par Gr. G. Tocilesco, principalement au point de vue épigraphique, et, en second lieu, en ce qui concerne les monuments gréco-romains qu'on y rencontre. Tocilesco, élève de Hirschfeld, collaborateur et cor­respondant de celui-ci, et aussi de Mommsen, était surtout un épigraphiste.

Mais, à partir de 1906, grâce à M. Pârvan, et par suite de l'extension de plus en plus grande prise par ses études historico-archéologiques, qui ont permis de connaître en détail l'histoire de la Scythie-Mineure, de Salsovia à Abrittus, y compris les centres d'Ulmetum, Tropaeum, Tomi, Callatis et Histria, depuis le temps de la pénétration grecque jusqu'au moyen âge, la Plaine Roumaine, qui n'est séparée de la Dobrodgea que par le Danube, dont les eaux l'enceignent en décrivant une large courbe, avant de se diriger vers la mer Noire, la Plaine Roumaine, disons-nous, était tout naturelle­ment destinée à occuper le premier rang parmi nos récentes préoccupations.

Au temps de la dernière guerre, plusieurs archéologues allemands ont profité des circonstances qui soumettaient notre pays à l'occupation étrangère pour entreprendre des recherches dans beaucoup de localités d'Olténie, antérieurement explorées par moi ou par quelques autres amateurs de la région, soit dans une des îles du Danube, à Gârla-Mare, soit sur les bords du fleuve, à Mâgura-dela-Fundu-Chiselet (cote 24) etc.

Sauf en ce qui concerne Gârla-Mare 2), nous ne possédons jusqu'à présent aucun renseignement détaillé, ni aucun double. Seule, une communication personnelle de M. le Professeur Hubert Schmidt, de Berlin, a attiré, en 1923, notre attention sur les richesses archéologiques exceptionnelles que renferme spécialement la vallée du Danube.

Entre temps, nous avions déjà commencé nos travaux par toute une série de voyages de reconnaissance, immédiatement suivis de fouilles, d'une part à Piscul-Cra-sani, actuellement mise au jour, et, plus tard, à Sultana, dont nous nous occupons ici.

Au cours de l'automne de cette même année, un de nos assistants, M. Radu Vlâdesco-Vulpe, actuellement membre de l'École roumaine de Rome, a exploré pas à pas toute la région située entre Mostishtea et Calarashi3).

' ) I. Andrieçescu: Piscul Crasani, Découvertes ar- 2) Léonard Franz: Vorgeschichtliche Funde aus chcologiques faites en 1923 (Annales de ΓAcadémie Rumànien, Sonderabdruck aus der «Wiener Prâ-roumaine, Mém. de la Sect. historique, Série I I I , historischen Zeitschrift», IX , 1922, Vienne, 1922. Tome I I I , p . 1 et suiv. ; résumé en langue fran- 3) Bulletin de la Commission des Monuments histori-çaisc, pages 93—94). ques, XVII , fas. 40, Bucarest, 1924, p . 40 et suivantes.

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I. ANDRIEÇESCU

Les fouilles que nous avons dirigées au cours de l'été 1924 à Cetatea-dela-Zimnicea, Teleorman, ont complété, par un riche matériel, les recherches entreprises à Piscul-Crasani. De même, les fouilles effectuées à Gumelnitza, près d'Oltcnitza (Ilfov) et en­treprises par un autre assistant de notre Musée, M. Vladimir Dumitresco, pendant

Fig. 1.

l'été de 1925, sont destinées à compléter heureusement celles de Sultana, où M. Du­mitresco m'a précieusement secondé.

Sultana est un petit village, le plus petit peut-être de ceux qui s'alignent, tout près les uns des autres, à droite ou à gauche de la Mostishtea, et sur les rives du grand canal qu'elle forme au Sud de Târiceni, où l'on aboutit, soit par la voie ferrée Buca-rest-Constantza (gare Sàruleshti), soit par la grand'route, plus ou moins parallèle à la voie ferrée, route que l'on abandonne à Tâmâdâu, pour descendre plus bas, par Pârlita et Gurbâneshti, Obileshti et Frâsinet (fig. 1).

Nous sommes là en plein Bâràgan, à peu près au milieu de la plate-forme qui repré­sente la steppe la plus typique de la Roumanie,— coupée par la rivière Mostishtea et bornée par la Ialomitza. L'aspect général du paysage est très pittoresque et très spé­cial. Il a été magistralement décrit par le prosateur et archéologue roumain Alexandre Odobesco. Aux points de vue géographique et géologique, il faut se reporter aux œuvres de MM. Em. de Martonne, S. Mehedintzi, feu G. M. Murgoci, G. Vâlsan et Vintilâ Mihailesco.1).

Les éminences du terrain, qui dépassent rarement une hauteur de 70 mètres, bor­dent des deux côtés la vallée de la Mostishtea, laquelle toutefois, avant de s'élargir

' ) Emmanuel de Martonne: La Valachie, Essai 1904. G. M. Murgoci: La Plaine Roumaine et la de monographie géographique, Paris, 1902. S. «Balte» du Danube, Guide des excursions du I I l -c Mehedintzi: Die rumànische Steppe, étude publiée Congrès du Pétrole, Bucarest, 1907. G. Vâlsan: dans Zu Friedrich Ratzels Gcdachtnis, Leipzig, Câmpia Românâ, Contribution à la Géographie

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LES FOUILLES DE SUI.TANA

en lagune , ne ressemble en rien aux terra ins bas qui borden t la l a l o m i t z a : ici, la vallée présente une configurat ion beaucoup plus régul ière ; elle est l a rgement ouver te vers le Sud et le Sud -Es t . E n revanche , l 'aspect de la lagune est p a r lu i -même des plus imposan t s . Da ns le cadre d 'une vas te perspect ive , on dis t ingue tous les villages en­v i r o n n a n t s : vers le N o r d - E s t , F a u r e i ; p l u s au Sud, Chirnogi, Ulmu, Bosneagu, j u s q u ' à D o r o b a n t u . E n beaucoup d 'endroi t s on t rouve des vestiges préhis tor iques , en pa r t i ­culier des po t e r i e s ; ces endroi ts é t a i en t donc habi tés en ce t e m p s - l à 1 ) .

Piscul Coconi, si tué sur la r ive Sud du lac, e t où les sondages p ra t iqués p a r M. Vlâdesco-Vulpe on t mis au jou r des é léments caractér is t iques du second âge du fer, r e ssemblan t à ceux de Crâsani 2 ) , est dissimulé à la vue p a r les escarpements des ter­rasses si tuées sur la r ive droi te .

C'est à la cote 57, d 'où l 'on peu t apercevoir t o u t ce que nous venons de ci ter , à quelques centa ines de mèt res du village de Su l tana , et sur la r ive élevée de la lagune , que nous t rouvons la localité de «Mâgura Sultanei» (colline de Su l tana) , don t il v a ê t r e ques t ion .

Da ns la lagune m ê m e , à quelques centaines de mètres vers le Nord -Es t , on dis­t ingue Grad ish tea -Mare , qui se profile agréablement sur l ' e au ; plus loin, Gradish tea-Mica ; on t r ouve , dans ces deux localités, des vestiges préhis tor iques , p lus rares toutefois .

Il en est de m ê m e pour d ' au t res endroi ts si tués dans les prair ies en bordure du D a n u b e . Ces pe t i t es éminences de te r ra in (grâdisti) ont dû ê t re habi tées , ne fût-ce que pour cons t i tuer des refuges et des points de défense. Le n o m de «gradishte» ne p e u t ê t r e dû au h a s a r d .

La région, du po in t de vue géographique, se présente , en général , comme bien con­servée. D e v a n t l ' abondance des eaux , qui se déversen t vers le Sud , on a la claire vision du t e m p s où «la P la ine Rouma ine t o u t ent ière , et su r tou t sa pa r t i e or ientale , é ta i t cou­ve r t e de lacs, ou t o u t au moins semblable , pa r son régime, à la «Balte» (plaine inon­dable) du D a n u b e , alors que la par t ie occidentale , et pr inc ipa lement cent ra le de ce t t e m ê m e plaine é ta i t arrosée de to r r en t s qui é ta la ien t les graviers de Bucares t et qui no­ya i en t les t races du relief an té r i eur» 3 ) .

Sur la m ê m e ligne que Mâgura , et plus vers le Sud, au lieu di t «La Câldare», on a t r o u v é des débris d ' a n i m a u x diluviens dans une brèche de la r ive .

Mâgura Sul tane i se présente comme un sail lant d 'une des terrasses b o r d a n t à droi te le lac de Most ishtea . P lus élevé que ses voisins, il est escarpé de tous côtés et facile à séparer de l ' in tér ieur . C 'é tai t donc un vér i table r e t r anchemen t ; le fossé s 'est comblé au cours des siècles. Si on la regarde de la pla ine , la colline de Sul­t a n a ressemble à t o u t e au t re du B â r â g a n ou d'ailleurs ; elle se profile légèrement , mais c la i rement , sur la ligne hor izontale de la lagune de la vallée (fig. 2). Mais, vue de face, elle s 'érige, au-dessus du n iveau de l 'eau, comme une citadelle formidable, en falaise que le tourb i l lon des eaux a b r u t a l e m e n t taillée à pic, j u squ ' en son milieu (fig. 3). Ces e a u x cinglent son f lanc depuis des siècles, depuis le t e m p s où, à la d a t e assignée

physique, Bucarest, 1915. Vintilà Mihâilescu: 2) Idem, p. 82. Vlâsia §i Mostiçtea, Bucureçti, 1925. 3) G. Vâlsan, op. cit., p. 83.

») R. Vlâdesco-Vulpe, loc. cit., p. 81—83.

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Fig. 2.

par les vestiges mêmes, livrés par la partie explorée, elle était entière. Des ve­stiges nombreux et ca­ractéristiques, rencon­trés à la surface du sol (silex taillés, fragments de poteries), nous ont montré, dès notre pre­mière visite, que nous nous trouvions dans une station des plus in­téressantes au point de vue de sa richesse. Ces suppositions devaient être entièrement con­firmées.

Nous expliquerons d ' abo rd comment se sont développées les fouilles ; nous expose­rons ensuite les résul­tats de ces travaux, et nous en tirerons les conclusions qui convi­ennent aux points de vue chronologique et cultural-historique.

* * *

Étant donné l'état dans lequel nous avons trouvé la colline de Sul-tana, coupée par le mi­lieu, comme nous l'a­vons déjà dit, et en continuel éboulement vers le lac — on peut le voir d'ailleurs par la photographie prise sous cet angle — nous avons estimé que les fouilles

devaient, dès le début, être pratiquées, non seulement à l'endroit où la surface révé­lait le plus grand nombre de vestiges — ce qui est explicable par l'érosion des cou­ches d'humus que les phénomènes atmosphériques, grâce à l'exposition du lieu, pou­vaient attaquer avec une force considérable — mais encore, et dans la limite du possible,

Fig. 3.

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qu'on devait explorer tous les environs immédiats de la falaise en cours d'affaisse­ment, laquelle, même sans fouilles, se serait effondrée en quelques années.

C'est ainsi que nous avons procédé. La superficie totale occupée actuellement par le plateau, un peu bombé, de la col­

line, représente un diamètre de 25 mètres, et, dans un autre sens, une dimension maxima (EO — NS) de 71 mètres.

Avant de s'être éboulée, la colline présentait une forme oblongue, dont l'axe était de direction NE — SO et elle mesurait 130 mètres environ.

Nous avons donc pratiqué une coupe (NE — SO) de 40 mètres carrés (20X2), dans la pente E de la colline et jusqu'à sa bordure (endroit où se rencontrent les vestiges les plus nombreux à la surface) ; nous avons fouillé, d'autre part, une étendue plus considérable : 100 mètres carrés (20 X 5), de manière que vers la fin des travaux, et suivant les nécessités que la solution des problèmes avait imposées lors des dernières fouilles, la dernière portion devînt large de 150 mètres carrés (15 X 10), dans la direction EO, jusqu'à l'extrême limite Ouest de la colline. Le total des fouilles s'étendrait sur 290 mètres carrés (fig. 4).

11 faut ajouter toutefois que la troisième surface n'a pas été creusée au point de parvenir jusqu'à épuisement de la couche de culture ; le temps manquait d'abord, puis les objets recueillis étaient, sauf de rares exceptions, à peu près identiques. Mais nous estimons qu'ainsi un premier résultat avait été déjà atteint, dans la voie de la re­connaissance et de l'identification des localités, pour la carte archéologique de la Rou­manie. Un riche matériel et de nombreuses observations sur les conditions dans les­quelles ont été faites les trouvailles en sont la preuve.

Plus tard, lorsque la région entière sera mieux connue, on pourra poursuivre les travaux. Grâce à elles, on pourra obtenir la vérification des observations faites, et compléter une récolte qui, ici comme ailleurs, ne sera certainement point exempte de surprises. Nous ne croyons pas cependant que l'aspect général de la vie passée en ces lieux, soit plus tard défini d'une manière trop différente de la nôtre, à la suite des résultats que nous avons obtenus jusqu'à présent.

* * *

A l'exception de la région extrême NO de la terrasse, vers le bord qui s'éboule continuellement, et de la pente Ouest, où nous avons vu que des vestiges se montrent même à la surface du sol, la couche d'humus présente, dans la partie que nous avons creusée, une épaisseur assez forte, qui dépasse 55 centimètres. Son aspect est celui de la «terre noire» végétale des environs, laquelle recouvre les champs célèbres du Bâ-râgan, ensemencés de blé et de maïs, dont la hauteur, la saison venue, dépasse celle d'un cavalier sur sa monture.

Actuellement, la colline de Sultana n'est pas cultivée ; elle est seulement utilisée comme pâturage. Il n'en a pas été toujours ainsi. On constate que le sol a été autrefois remué. On rencontre souvent des fragments de poteries dans la terre végétale, les unes grossières, d'autres portant des proéminences, d'autres encore, en moins grand nombre, garnies d'ornements en cordons, comme nous le verrons plus loin. Citons en outre des silex, des nucléus, des tamis, une petite hache en pierre polie, un fragment

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de bijou en terre cuite, une tête de figurine d'animal au museau mince et allonge. Nous présenterons en temps utile ces divers objets.

Entre 25 et 40 centimètres de profondeur, les poteries deviennent plus nombreuses, les silex aussi. Nous avons trouvé une autre hachette en pierre polie. On commence

à découvrir des vases à profils intéressants, dont certains sont garnis de proéminences simples ou doubles, des fragments de jarres, des débris provenant d'habitations, et qui renferment encore des morceaux de branchages ayant servi à la confection du torchis. Pour le moment, signalons de pareils vestiges dans les portions NE de la surface B, et SE de la surface A, tout autant d'indices d'habitations que nous trouve­rons en masse à un niveau inférieur. Parmi divers silex éclatés, signalons en particulier une superbe pointe de flèche. Beaucoup de fragments de poteries, ou de moulins à bras, dans la partie SE de la surface B, indiquent le voisinage d'autres habitations, bâties à un niveau plus bas. Il était donc tout naturel de rencontrer, encore, dans cette

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Fig. 5.

direction, des débris de murs, avec des traces d'enduit appliqué à la main. Cette ma­nière de faire, de beaucoup antérieure à la maçonnerie, nous la retrouvons cepen­dant, aujourd 'hui encore, dans les maisons paysannes les plus élémentaires.

Les fragments de murs trouvés à Sultana sont so­lides et bien conservés (fig. 5) ; ils ont été en effet cuits par l'incendie qui a ravagé les habitations dont ils fai­saient partie,

Au même niveau, aussi bien en B q u ' e n A, on a également trouvé d 'au t res ustensiles en silex, typiques ou atypiques ; une perle allongée faite d'argile cuite, intacte, dans la partie sud de la région A, et une autre, brisée, en B ; un instrument en cuivre ; un disque de parure percé d'un trou; des fragments de moulins à bras ; des fragments de passoires; une sorte de petite table à pieds (on en rencontrera plus tard d'autres échantillons) ; un petit percuteur.

Parmi les fragments de céramique recueillis, un certain nombre sont décorés d'une ornementation très intéressante et tout à fait nouvelle, caractérisée par une rangée d'incisions courbes et parallèles entre elles, qui se succèdent horizontalement sur la partie arrondie des vases. Ces incisions servent de points de départ à d'autres, prati­quées plus bas, toujours courbes et parallèles entre elles, mais disposées en sens inverse. Nous nous en occuperons lors de la description des résultats obtenus.

Enfin, au même niveau, on a rencontré une figurine d'animal en terre cuite ; dans la partie sud de la région A, deux autres figurines, réduites en fragments, sont humaines.

La couche révélant la civilisation s'annonce donc comme exceptionnellement riche. Toutefois, le terrain a été fortement bouleversé. On en trouve la preuve, non seule­ment dans des débris de murs beaucoup plus perfectionnés, construits à la chaux, mais dans la découverte d'une longue aiguille de fer, d'un ciseau et d'autres ustensiles pjus petits, également en fer, et même d'une icône en bronze qui figure la Vierge Marie tenant l'enfant Jésus dans ses bras. Cette icône est bordée d'une inscription en langue slavonne, dont l'étude sera confiée à un spécialiste.

La présence de cet objet est due à un simple hasard et ne modifie en rien l'unité / de culture du milieu archéologique de Sultana, que, dès la surface même du sol, on r e ^ connaît comme appartenant au néo- et à l'énéolithique.

Entre 40 et 60 centimètres, le sol est uniquement composé de terre végétale, sauf aux points 1 et 2, où l'on trouve assez fréquemment des vestiges de murs, et des cen­dres, et même au point 3, où ces restes se rencontrent en quantités moindres.

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Nous nous trouvons donc évidemment au-dessus d'une des régions peuplée autre­fois de modestes habitants. L'inventaire des objets recueillis présente de nombreux fragments de céramique, dont beaucoup proviennent de vases de grande dimension. Un certain nombre portent, à leur surface, des proéminences simples, doubles ou triples.

Les silex travaillés sont fort nombreux; beaucoup d'entre eux sont typiques. On a trouvé encore un disque d'argile troué, deux percuteurs, une belle hache

en pierre taillée (pi. I I , fig. 9), un autre percuteur, une petite table en argile cuite pourvue de quatre pieds (pour la forme, v. pi. X X I I I , fig. 5, 6 et 10) et des moulins à bras.

Certains fragments de gros vases, découverts aux environs du point 1, présentent, outre leurs proéminences, une ornementation tout à fait rudimentaire, réalisée, sans grand soin, à l'aide des doigts, et en sens oblique, sur les parois du vase, avant sa cuisson.

Ces vases portaient quelquefois des couvercles ; on en a découvert plusieurs, de formes spéciales (pi. X X I I I , fig. 1—4 et 7— 9).

Il faut signaler encore une autre hache, de grande dimension, en pierre taillée (pi. I I , fig. 7) ; et, parmi les débris de poteries, encore un fragment orné d'incisions courbes, dans les sens horizontal et vertical, et parallèles entre elles; nous en avons déjà parlé.

Au milieu de la région A et à 50 centimètres de profondeur, on a découvert la partie supérieure d'une figurine en terre cuite.

A partir de 60 et jusqu'à 75 centimètres, les traces de murs sont beaucoup plus apparentes, relativement au sol environnant, qui est d'une couleur plus sombre, si on le compare à la teinte de l'argile souvent cuite et agglomérée par une chaleur ardente.

Aux points 1 et 2 et en moindre quantité au point 3, les débris dont il vient d'être question se trouvent épars dans la masse considérable des restes de clôtures, de paille et de clayonnages que l'on distingue mieux au niveau atteint par nous, sur le point 4. Des vestiges assez importants de murs, de paille et de clayonnages commencent également à se révéler au point 5.

Comme inventaire, nous relevons en B : des silex, un lest de filet, un disque troué de parure, une passoire, une figurine d'animal à long cou, cette dernière en terre cuite (pi. XXXIV, fig. 19) ; 3 percuteurs en silex, plusieurs perles, grosses et de forme allongée, faites d'argile cuite.

En A et spécialement dans le voisinage du point 4 : une hache en pierre; un petit couteau en pierre ; un lest de filet ; un moulin à bras ; au dessous du point 4, une idole entière, bien conservée, (pi. XXXV, fig. 6 et 7), une hachette de pierre dont l'œil n'est pas terminé ; une gaine, ou hache perforée, en corne de cerf, brisée au niveau de l 'emmanchement (pi. IX, fig. 2 et pi. X, fig. 2).

Un peu plus loin vers le Nord, un autre exemplaire de manche semblable, demeuré intact ; une figurine plate, en os, également très bien conservée (pi. XXXVI , fig. 6 et pi. XXVII , fig. 6 a).

Signalons parmi les silex, une superbe pointe de flèche, et, parmi les fragments de céramique, un grand nombre qui présentent des proéminences simples ou doubles,

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ainsi qu'une quantité considérable de fragments de vases de grande dimension, à parois épaisses.

Entre 75 et 93 centimètres de profondeur, la terre présente une coloration plus claire. Nous arrivons ici au terrain proprement dit, dans lequel ont été pratiquées les habi­tations.

Au voisinage du point 5, et vers le Sud-Ouest, de nombreux débris de parois don­nent l'impression qu'il y avait là une habitation différente. On y a découvert un grand moulin à bras, et des débris de poteries, en grande quantité.

Dans les vestiges du point 4, dont les ruines occupent visiblement la plus grande partie de la ligne du talus Sud-Ouest, les débris de branchage se reconnaissent parfaite­ment. L'inventaire des trouvailles, aux environs, est toujours le même: des silex, et des perles en argile de forme allongée. Dans B 5, on a découvert aussi une moitié de vase, de petite dimension, et dont la surface présente de nombreuses proéminences (pi. XV, fig. 13). Ce vase n'avait évidemment aucune utilité. Nous ajouterons qu'aux environs on a trouvé encore un petit disque perforé, servant d'ornement, deux figurines en terre cuite (pi. XXXIV, fig. 3 et 1, v. aussi pi. XXXV, fig. 3 et 1) — dont la deu­xième présente, à la tête, quatre trous de chaque côté; — une troisième figurine, en argile cuite, représente un animal. Ici nous avons l'impression très nette qu'il s'agit d'objets destinés au culte ou aux rites funéraires, c'est-à-dire devant figurer lors de l'incinération des cadavres, soit dans l'habitation même, soit aux environs de celle-ci.

D'autres objets découverts à ce niveau nous font revenir à la vie courante: un poids, un percuteur, un débris de moulin à bras, un couvercle de vase, un fuseau. Plu­sieurs fragments de gros vases, à parois épaisses, et de forme primitive, pourraient pro­venir, ici comme ailleurs, d'urnes funéraires, si l'on se rapporte à l'hypothèse ci-dessus. On ne saurait aller plus loin.

Entre 93 centimètres et lm 10, on trouve d'autres débris d'habitations, aux points 6 et 7. Ces ruines sont calcinées. Comme elles sont séparées les unes des autres par le sol habituel, elles ont dû, malgré leur faible dimension, faire partie de maisons dis­tinctes. Près de la dernière, on a découvert une superbe pointe de lance en silex (pi. X I I , fig. 7). Un peu plus loin, vers le Nord, on a trouvé une hache en pierre, un fuseau, plusieurs fragments de céramique avec proéminences.

Un grand nombre de débris de gros vases, proches les uns des autres, font songer a un dépôt. Signalons encore un petit moulin à bras, des pierres pour décortiquer les grains, et un poids de filet.

Au fur et à mesure que nous fonçons davantage, le nombre de points fournissant des débris de parois amoncelés s'accroît.

Aux points 8, 9, 10 et 11, près de plusieurs fragments de parois calcinés, on a ren­contré beaucoup de cendres. Il en est de même vers le Sud-Ouest du point 2, ce qui, à ce niveau, ne peut représenter, à notre avis, que les anciens foyers d'habitations si­tués au point 2, plus vastes que les autres, à l'exception de ceux rencontrés au point 4, lesquels s'étendent vers le Nord-Est, et au-dessous des vestiges isolés et peu im­portants d'un seul point dans la direction 42, sur une longueur d'environ 3/4 du talus Sud-Ouest—Nord-Est, à l'accès par l'Est.

Nous pouvons donc voir, assez clairement, par le profil (fig. 6), que nous devons opérer ici sur un lit de trois habitations, dont les dimensions peuvent être cette fois

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SECTWNEA Λ W t . "

précisées : leur longueur est de 41 = 6, 42 — 4, 43 — 3 mètres. Par malheur, le terrain était trop effondré pour qu'on pût déterminer aussi le contour de ces habi­tations.

On a découvert encore des vestiges d'une autre habitation plus petite au point 12. L'inventaire n'en est pas moins intéressant.

Aux environs des habitations situées au point 11, et vers le Sud-Ouest, on a dé­couvert une idole grossière en terre cuite (pi. XXXIV, fig. 4 et pi. XXXV, fig. 4). Dans l'habitation située au point 10, on a rencontré un moulin à bras et des tessons de vases. De pareils fragments, calcinés et déformés par l'incendie, ont été trouvés aussi au point 12. Beaucoup d'entre eux présentent des proéminences: l'un porte deux proémi­nences, au bas desquelles se profilent, vers le milieu du vase, de petites côtes légè­rement en relief.

Au point 11, on a également trouvé un poids de filet et un débris de moulin à bras. Un peu plus vers

le Sud-Est de ces ruines d'habitations, on a ramené au jour une hache de pierre taillée. L'incendie a ravagé très visible­ment le point 1 : la preuve en est dans les débris de pote­rie, déformés, qui se rencontrent à ce ni­veau ; au fond de cette habitation, on rencontre un cer­tain nombre de silex.

Dans l'ordre de la céramique, et en dehors de nombreux fragments à proéminences, ce qu'on a trouvé de plus intéressant est un vase entier, à quatre pieds, et qui présente un système d'emmanchement et de proéminences que nous décrirons en temps utile (pi. XVII I , fig. 2 et fig. 12). Ce vase a été découvert parmi les restes du point 42. À la hauteur du point 4j, et au même niveau, on a trouvé encore deux percuteurs.

À partir de 1 m 10, et au-dessous de ce niveau, la coloration de la terre devient plus jaune, sauf, spécialement, dans la région des habitations situées aux points 6 et 7, qu'il est aisé de reconnaître, comme ayant été creusées dans ce sol. Evidemment, l'in­ventaire est plus réduit, mais il est similaire: des silex, un percuteur, des poteries, des fragments de moulins à bras. L'un des tessons exhumés porte en relief une tête d'animal à la gueule ouverte (pi. XXVI , fig. 1). Une autre tête de figurine, en argile, trouvée au même niveau, présente trois trous sur ses côtés ; un des yeux est figuré avec un soin particulier (pi. XXXIV, fig. 2 et pi. XXXV, fig. 2). Un peu plus loin, on a trouvé un petit ustensile en cuivre. Dans la région des habitations plus resserrées, en B, dont nous avons déjà parlé, les vestiges d'un pieu horizontal sont les seules restes de matériel li­gneux d'une des cabanes. Parmi les tessons de poteries, certains sont en céramique

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ΓΑΜΑΝΤ GALBIIN

Fig. 6.

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peinte; ils sont peu nombreux. Remarquons qu'à ce niveau ils commencent à peine à apparaître.

Une nouvelle série de parois — assez restreinte toutefois — se révèle au Sud-Ouest de l'habitation 10, au point 13; ces bâtiments auront dû constituer un simple abri d'été, au voisinage des habitations proprement dites. Dans toute cette partie NE de la surface B, on a rencontré des fragments de vases, du charbon, et une partie im­portante d'une; moulin à bras.

À côté des ruines, il faut mentionner en outre les trouvailles suivantes: un petit vase, des restes de moulins, des poids pour filets ; des tessons de poteries dont certains présentent des proéminences larges et aiguës.

Un petit vase, découvert au point 2, porte à sa surface deux rangées de proémi­nences superposées (pi. XV, fig. 11 et pi. XVII I , fig. 6).

Les vases trouvés sont la plupart trop petits pour être d'un usage pratique. L'un d'entre eux est d'une forme et d'une technique supérieure à celles de tous les autres échantillons découverts jusqu'ici. De même, les poids de filets, beaucoup mieux con­stitués au point de vue de la forme et de la cuisson, se distinguent totalement des ob­jets similaires découverts dans les autres stations, néo-, ou même énéolithiques.

Nous ne pouvons donc, d'une part, écarter une impression assez claire du culte et du rite funéraire que représentent tous ces restes. D'autre part, étant donné tou­jours que tous les éléments de l'inventaire et surtout, bien entendu, la céramique de caractère supérieur — est sûrement plus récente que celle du milieu général, primitif néolithique, de Sultana, — elle ne peut s'expliquer ici, par rapport à la couche et au niveau auxquels nous sommes parvenus, que par une superposition de populations. Les nouveaux venus ont creusé et bouleversé le sol, en beaucoup d'endroits, à une profon­deur bien plus grande que celle du niveau où se tenaient leurs devanciers.

Depuis 1 m 30 jusqu'à 1 m 75, sous le point 1, et le long du talus de l'Est, on re­trouve des débris de parois. Le terrain environant est surtout de couleur jaune, argileux. En divers endroits, on trouve des traces de feu, de charbon, de calcaire, partout des silex, et aussi des tessons de poteries, dont beaucoup présentent des proé­minences.

Vers le talus Ouest, au même niveau, on a trouvé une figurine en os (pi. XXXVI , fig. 1 et pi. X X X V I I , fig. l a ) ; une autre, en terre cuite, assez informe; deux têtes, toujours en terre cuite et un poids de filet.

En A, c'est-à-dire parmi les restes de parois incendiées portant des empreintes bien visibles de chaumes trouvées dans la partie Sud-Est, on a trouvé deux percuteurs, un fragment de vase portant un ornement en spirale, des silex, un moulin de 0 m, 50 X 0 m, 25, ressemblant à une cuve de blanchisseuse, et un autre du même genre, mais plus petit.

Un peu plus profondément, au point 1, et le long du talus Est, on rencontre peu à peu et de plus en plus clairement une nouvelle série de débris de parois, mêlés de cendres et de bois carbonisé.

Ces ruines s'étendent successivement sur des surfaces qui commencent par 0 m, 80 X 0 m, 80 — 1 m, et le dernier ensemble comporte 1 m 80X1 m 80 (fig. 4 : 13, 12, l t ) . Un groupe, à peu près aussi considérable, se trouve au même niveau, dans la direction verticale du point 8 (fig. 4 : 8j).

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Dans ces deux portions, les débris de poteries sont rares. Relevons-en seulement un, avec proéminences, qui provient d'une jarre ou d'une urne.

Nous voici donc parvenus à une profondeur de 1 m 60. L'inventaire est toujours le même. Aux environs des ruines du point lv et vers le Nord, on a trouvé un moulin à bras. Au même niveau, dans la portion A, plusieurs autres ont été découverts. Dans B, un peu plus à l'Ouest du moulin dont nous venons de parler, on a trouvé encore un instrument en cuivre, et une figurine d'animal long et mince, en terre cuite (pi. XXXIV, fig. 19), surtout des silex, dont beaucoup sont typiques; une hache en pierre, une petite figurine féminine en os (pi. XXXVI , fig. 3 et pi. XXXVII fig. 3), un disque d'os percé, une perle de forme oblongue en argile cuite.

De la portion A, on a retiré aussi des silex, et, dans la direction du Sud-Est, de nombreux fragments de poteries, de débris de coquilles et des cendres.

Mais ce n'est pas seulement à 13, 12 et l j que nous avons rencontré des vestiges d'habitation à ce niveau. Nous trouvons les mêmes débris de parois avec traces de branchages aux points 10 et 13 ; tout auprès, nous avons rencontré une partie de moulin à main, et des poteries, avec des restes de charbon ; une figurine d'animal en terre cuite, avec des mamelles (pi. XXXV, fig. 15), un poids de filet, des fragments de grands vases et un petit ustensile en cuivre.

Le caractère technique de la céramique ne se montre pas inférieur, ce qui est tout à fait remarquable à ce niveau, où, nous avons découvert au-dessus, les habitations dont nous parlions tout à l'heure, séparées par une couche de terre jaune.

Depuis 1 m 75 jusqu'à 2 m, l'aspect du sol se révèle le même, aussi bien en A qu'en B, et l'inventaire ne change pas. Ce sont les mêmes silex éclatés, dont beaucoup sont typiques. On a trouvé là trois haches de silex taillé, trois autres, plus petites, en pierre polie; un fragment de moulin, un fragment de grande jarre avec une proé­minence très accusée, un percuteur en silex, sur lequel on découvre un essai de perfo-rage ; un poinçon en os, une moitié de fuseau, une figurine en terre cuite, et un petit vase, sans caractère utilitaire.

Au-dessous du point 2, on a découvert également un petit vase piriforme, et des débris d'autres poteries plus grandes, de qualité bien supérieure. De même, en fon­çant plus bas à partir de ce niveau, on a extrait des céramiques dont la plupart sont d'un genre supérieur à celles qui ont été découvertes jusqu'à présent. Les unes sont patinées, d'autres revêtues de couleurs ou d'ornements en spirale. Nous les dé­crirons plus loin, en détail.

Au coin NE de la portion B se trouvent actuellement les derniers vestiges des ruines situées entre les points 11 et 5, à la même profondeur que celle atteinte par les autres fouilles.

Au-dessous du point 81? et au point 8 même, les débris sont nombreux et ren­ferment souvent des traces de chaume. Au même endroit, on a trouvé un poids co­nique en terre cuite, non percé, travaillé avec soin, et une anse de couvercle. Un peu plus loin, vers le Sud-Est, on a découvert une partie de plateau, de bonne facture, revêtue d'une légère patine.

L'inventaire des objets en os s'accroît de deux fragments de figurines dont la partie inférieure est ornementée ; l'une d'elles surtout présente des trous pointillés

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LES FOUILLES DE SULTANA

soigneusement ouvrés (pi. XXXVI, fig. 6 et pi. XXXVII , fig. 6 a). Mentionnons encore une pointe aiguë en os et un autre instrument en cuivre.

Au même niveau, on a extrait une hachette en pierre, et une autre, véritablement minuscule. Des ciseaux en pierre ont été également découverts à ce niveau, et en A.

A partir de 2 mètres de profondeur, le sol est de moins en moins bouleversé. A deux reprises seulement on a trouvé des fragments de moulin. Plus de débris d'ha­bitations. On continue à rencontrer surtout des fragments de céramique, les uns re­vêtus d'ornements en spirale colorés, d'autres portant des ornements en relief, d'autres enfin patines. À côté de ces débris, on en trouve beaucoup d'autres plus communs, portant des proéminences simples, sans autre ornementation.

Le même niveau a livré une figurine mince, en os, parfaitement conservée (pi. XXXVI , fig. 2 et pi. XXXVII , fig. 2 a).

Au-dessous de 2 m 30, l'inventaire est moindre. Eclats de silex, fragments d'objets en os ou de petits vases d'un gracieux profil, en pâte bonne et légère. Un vase à peu près entier, de profil différent, présente un ornement — que nous définirons de pré­férence par le mot «parenthèse», incisé dans la pâte — comme ceux dont nous avons parlé précédemment, et de légères proéminences.

Des fragments de vases ornés de la même manière se rencontrent toutefois en plus grand nombre. Comme technique, comme forme et comme ornements, ils contrastent avec les sortes de céramiques dont nous avons parlé ci-dessus, mais, en même temps, ils concordent d'autant mieux ici, comme nous le verrons d'ailleurs en décrivant les détails de trouvailles.

Un débris de vase est orné seulement de petites proéminences. Un vase-support, à parois épaisses, porte un ornement colorié et mat.

Une figurine est certainement féminine ; le sexe est indiqué aussi bien par les seins que par le triangle de la vie (pi. XXXIV, fig. 9).

Quelques couvercles munis d'un bouton révèlent un travail et une technique supérieurs à ceux employés pour les travaux similaires dont nous avons parlé ci-dessus.

Nous voici donc à un profondeur de 2 m 75. Jusqu'à 3 mètres, on découvre encore, mais plus rarement, des silex, dont cer­

tains sont caractéristiques. Nous avons trouvé encore une hache en pierre, deux poids de filet ; des fragments de vases revêtus d'ornements «en paranthèse» ; une figu­rine représentant un animal. Une autre figurine, humaine celle-là et en terre cuite, a été modelée avec un talent tout à fait remarquable (pi. XXXIV, fig. 7 et pi. XXXV, fig. 9 et 10).

On rencontre là aussi de petits fragments de poteries ou de céramiques, ornés de proéminences, et dont la plupart proviennent de vases de petites dimensions. L'un de ces fragments présente un ornement colorié, en forme de bande. Sur un autre, l'orne­ment colorié souligne, à l'intérieur, le bord du vase.

*

Les résultats des fouilles de Sultana — fouilles qui n'ont duré que peu de temps, et qu'on a pratiquées sur une surface relativement restreinte, si l'on considère le ter-

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I. ANDKIEÇESCU

rain resté intact— sont cependant assez satisfaisants. Nous avons, grâce à elles, repré­senté à peu près entièrement l'inventaire des stations similaires d'Europe les mieux pourvues sous le point de vue préhistorique.

Ce qui manque encore, nous le trouverons, sans aucun doute, en fouillant le sol sur une étendue aussi grande que possible. Nous pourrons ainsi élucider les doutes et les imprécisions qui ont été la conséquence forcée de nos premières recherches.

D'autre part, certaines pièces documentaires — elles sont nombreuses — sortent du commun, et donnent matière à des observations intéressantes, tant au point de vue typologique général, que principalement aux points de vue local et régional. Etant donné le lieu et le cadre de cet ouvrage, il est évident que nous insisterons spécialement sur ces dernières.

Les circonstances, en tout cas, sont telles qu'après la station bien connue de Cu-cuteni, fouillée, en 1909 et en 1910, par M. le Professeur H. Schmidt, de Berlin, — les résultats sont, à notre connaisance, encore en cours de publication, — la sta­tion de Sultana, datant de la même époque, offre, en effet, pour la première fois dans l'Ancien Royaume, un matériel plus complet, avec des détails plus précis 1) . Par sa situation géographique, au Sud-Est de l'Europe, et entre les régions situées au Nord

*) Ici, comme ailleurs, les recherches bien in- tentionnées n 'avaient point manqué. On pourra

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LES FOUILLES DE SULTANA

et au Sud du Danube, elle présente une signification spéciale, que nous essaierons de préciser en terminant.

Comme dans toutes les stations similaires, l'industrie du silex est bien représentée à Sultana.

En commençant par les instruments qui servaient à la fabrication d'outils et d'armes — qu'on nomme percuteurs et nueléus — nous en trouvons à Sultana de nom­breux échantillons, surtout des premiers.

Sur 23 percuteurs en silex, presque tous, d'après les données classiques précédem­ment acquises, ont tellement servi que tous leurs angles sont effacés et sont deve­nus tout à fait sphériques (pi. I, fig. 1, 2, 3 et 4 ; pi. I I , fig. 1 et 2 ; pi. XIV, fig. 4, 5 et 7). Un autre présente une forme à peu près discoïde (pi. I I , fig. 2) ' ) .

En outre, dans tous ces percuteurs, on a pratiqué un léger creux, évidemment pour que le doigt s'y fixât et ne glissât point ; mais ce creux n'est pas aussi pro­fond que dans la forme typique présentée par de Mortillet2).

Les nueléus découverts à Sultana sont au nombre de 14, et de taille moyenne ou petite. Deux d'entre eux présentent une forme plus ou moins arrondie (pi. I I , fig. 3 et 4), semblable à celle de projectiles de même nature, dits «nucléiformes»3). Mais comme le prouvent les étoilures de leurs extrémités, il n'est pas impossible qu'ils aient servi de percuteurs4).

Si nous considérons le nombre rela­tivement restreint des «nueléus», compa­rativement à celui des «percuteurs» et sur­tout à l'abondance d'instruments en silex, typiques ou atypiques, entiers ou fragmen­taires, qui se chiffrent par environ 1850, parmi lesquels 1000 pourraient être défi­nis propres à l'usage, nous pouvons avoir l'impression qu'à Sultana, même si la matière brute a été apportée en quantités ap­préciables, elle a été travaillée, non seulement avec beaucoup de conscience, mais même avec parcimonie.

Pi. IL

en connaître la succession et les caractéristiques clans ma Contribution à la Dacie avant la conquête des Romains, Iassy, 1912, et Sur Vâge du bronze en Roumanie, publiée clans le Bulletin de la Commis­sion des Monuments Historiques, 1915 (avec un résumé en langue française).

' ) V. G. et A. de Mortillet : Musée Préhisto­rique, éd. I I , Paris, 1903, pi. X X X V , fig. 335.

2) Idem, op. cit., pi. X X X V , fig. 339. 3) Dcchelettc: Manuel d'archéologie préhistorique,

celtique et gallo-romaine, t. I, p . 490 — 491. *) Op. cit., pi. X X X V , p. 339.

3 Daeta î 19i4. www.cimec.ro

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1. VNDKIK.SESCr

Parmi les instrumente en silex découverts à Sultana, les plus nombreux sont des lames et des couteaux, entiers on fragmentaires. Les bords en sont souvent très tran­chants. Plates sur la face d'éclatement, ces lames ou ces couteaux portent au dos une ou deux nervures longitudinales (pi. I I I , fig. 1—45). Il est évident qu'en beaucoup de cas ces objets ont été faits pour être bien tenus en main.

Beaucoup plus rares, et sans autre distinction, on trouve des lames de silex qui portent des dentelures pins on moins fortes; on peut les considérer comme de petites

scies (pi. IV, fig. 1 — 7). En revanche, les grattoirs sont

très nombreux et très caractéristi­ques (pi. IV, fig. 8 — 12,17 - 24,25 — 26, 33 et 34, 36 — 38; pi. V, fig. 1 et 2). À notre avis, ceux découverts à Sultana ne peuvent être distin­gués d'une autre sorte d'instruments similaires, les rocloirs, qui se trou­vent également en assez grand nom­bre.

Nous présenterons ici seulement quelques exemplaires (pi. IV, fig. 13 — 16, 27 — 32 et 35).

Il n'est cependant pas impos­sible que certains de ces grattoirs (pi. IV, fig. 12, 17, 19 et 37; pi. V, fig. 1), aient été utilisés également comme retouchoirs. Mais leur pointe a été brisée par l'usage.

Parmi les instruments que nous venons de eiter, l'un présente une forme archaïque spéciale (pi. IV, fig. 33). Il y a là, peut-être, seulement un hasard ; peut-être aussi un reste de types antérieures, ce qui concorde assez bien avec l'emploi fréquent des

retouchoirs, qui, à Sultana, se rapprochent beaucoup, comme aspect, des types mou-stériens.

Tous les instruments sont confectionnés de telle manière qu'ils peuvent être saisis solidement entre le pouce et l'index de la main droite.

Il n 'y a rien à observer quant aux perçoirs (pi. V, fig. 3 — 21); les seuls qui aient été travaillés avec soin sont les deux derniers, mais, comme ils sont trop petits, ils ne semblent pas, certainement, avoir été pratiquement utilisés.

Un exemple de retouche plus soigné est celui qui est représenté par la fig. 13. Cette pièce était probablement une pointe de flèche.

Ce sont les instruments représentés dans la planche V (fig. 22 — 44), qui semblent avoir surtout servi de retouchoirs. Leur pointe est le plus souvent rompue et devenue

lîlllllllull 53 54 35 56 37 58 39 40 41 42 43 44 45

Γ 58

ri. i

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LES FOUILLES DE SULTAN A

inut i l i sable . On peu t ci ter , comme robustesse et aisance de prise en ma in , l 'exemplaire représenté dans la fig. 32. Il n 'es t pas impossible toutefois que ces out i ls , ou t o u t au moins cer ta ins d ' en t re eux , a ient été utilisés comme gra t to i r s , après re touche soignée de la pa r t i e inférieure.

L 'exempla i re qui se rapproche le plus de la forme typ ique est celui que représente la fig. 30 l ) .

Les objets reprodui t s dans la p lanche VI (fig. 1—41), ont été utilisés pour des usages var iés , mais don t nous ne sommes poin t sûrs . Le premier , à dard aigu, e t à côtés coupan t s , cons t i tue une puissante po in te de lance, non te rminée , e t qui , peu t -ê t r e , a été employée comme poin­çon et comme cou teau .

Un pu issan t découpoir est celui que l 'on ver ra sur la fig. 2. L ' au t r e (fig. 3), est moins bien affilé. Un troisième (fig. 4) a é té brisé à l 'usage. La poin te d 'un q u a t r i è m e , mal t ravai l lée , s 'est rom­pue . P a r cont re , il en existe un au t r e , que nous voyons dans la figure 6. Une po in te de flèche, assez bien travai l lée est brisée dans le sens rectil igne (fig. 7). Cet te po in te compor t a i t aussi d ' au t res i n s t rumen t s , mal t ravai l lés , mais pro­pres à ê t re bien tenus en main (fig. 8).

Viennen t ensui te un gra t to i r déli­ca t , mais p r o b a b l e m e n t sans ut i l i té pra­t ique (fig. 9) et un pu i ssan t outi l de per­cussion (fig. 10). Sur ce dernier , qui affecte la forme d ' un râcloir , et qu i a dû servir à cet usage, la c roû te rugueuse est restée sur la pa r t i e supér ieure , mais la por t ion se rvan t au t rava i l a été brisée à l 'usage (fig. 11). L ' i n s t rumen t que représente la fig. 12 a é té re touché avec un soin ex t r ême .

Tous les au t re s i n s t rumen t s découver ts on t été utilisés pour l 'un ou l ' au t re des usages don t nous venons de par ler . Certains sont t ravai l lés avec beaucoup de soin.

I l res te toutefois hors de doute que la plus grande habi le té dans le t r ava i l du silex se révèle , à Su l t ana , dans les pointes de flèches, au nombre de 8 en t o u t , d o n t nous représen tons six (pi. X I I , fig. 1 — 3 et 6 — 8 ou p i . I , fig. 5 — 7). Tou tes ces po in tes , à base rect i l igne, sont comparables , comme t rava i l et comme b e a u t é , a u x meil leurs exempla i res bu tmi r i ens , ou découver ts t a n t en Occident q u ' a u Nord .

On t rava i l l a i t donc t rès a ss idûment le silex à Su l tana .

PI. IV.

') G. et A. de Mortillet, O. c, pi. XLIX, fig. 525—526.

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5*

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Si nous passons main tenan t aux au t res é léments de l ' inventa i re que nous pro­duisons ici, de nouvelles preuves du genre ainsi que des phases du t ravai l nous seront données pa r une série complè te de huches en silex, découver te dans toutes les couches, et qui r eprésen ten t , ici, connue ailleurs (Bu tmi r , e tc . ) , non seulement les ap t i t udes

1 2 . W 4 5 6 7 β 9 1 0 * 3 4- W

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des h a b i t a n t s , mais encore les diverses é tapes de leurs efforts (pi. I , fig. 8 — 1 7 ou pi . I I , fig, 5 - 1 4 ) .

La forme cherchée , e t en pa r t i e réalisée, est celle que les archéologues a l lemands on t définie p a r dicknackiges Beil, à t ê t e épaisse, à peu près de m ê m e épaisseur que le milieu de la hache , et à q u a t r e côtés *). Plus pe t i tes que celles découver tes à Bu t ­mir , elles sont néanmoins plus fortes.

Comme s tades de t r ava i l , v i endra i en t d ' abo rd les obje ts représentés dans les fig. 8 et 9 de la p lanche I (pi. I I , fig. 8 et 11), puis succédera i t l ' exemplai re reprodui t dans les fig. 10 et 11 de la p l anche I (pi . I I , fig. 12 et 13).

A u s t ade s u i v a n t , les lignes de profil an té ro-pos té r ieures , la ta i l le , e t les lignes la téra les se r a p p r o c h e n t beaucoup plus de la phase du po l i s sage 2 ) . Ces s tades sont

M J. Schleinin: Wortvrbuch zur Vorgeschichte, ") W. Radimsky u. M. Hoerncs: Die ncolithische Berlin, 1908, p. 98. Station von Butmir, Vienne, 1895, p. 31.

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représentés par les exemplaires figurés dans les reproductions (pi. I, fïg. 13, 15 et 12 ou pi. I I , fig. 5, 7 et 10).

L'exemplaire à peu près typique comme forme pourrait être celui représenté dans la fig. 14 de la planche I (pi. I I , fig. 9). Un autre exemplaire de même ordre a été brisé à l'usage (pi. I, fig. 12 et 13 ou pi. II , fig. 5 et 10). De même, le dernier exem­plaire de la planche II (fig. 14), utilisé comme hache, a été, à un moment donné, em-

Pl VII

ployé comme nucléus, en détachant d'une de ces surfaces deux lames, faciles à re­connaître (pi. I, fig. 16).

Comme Montelius le dit, cette sorte de haches appartient aux dernières périodes de l'époque néolithique *) et, vu leur abondance dans toute la station de Sultana, elle constitue une première indication chronologique plus précise, dont nous devons tenir compte.

*) Schlemm, «p. cit., p. 99, et l'opinion de Mon-teliui concorde parfaitement avec le parallélisme établi par Moritz Hoernes, à savoir: «1. Spiral-maanderkeramik ohne Malerei ; 2. Stichbandke-ramik; 3. bemaltc Keramik. Das Steingeriit der ersten und zweiten Stufe besteht in Schuhleisten-

keilen und flachen Hacken, das der dritten in spitz-nackigen Beilen, das der Steinkupferzeit in schmal-nackigen Beilew>. M. Hoernes: Urgeschichte der bil-denden Kunst in Europa von den Anfângen bis um 500 vor Christi, Ι ΙΙ-e Aufl. hg. v. O. Menghin, Wien, 1925, p. 300.

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I. ANDRIEÇESCU

D'autre part — et nous ne nous y attendions pas — la station de Sultana manque totalement de ces sortes de haches que les archéologues allemands ont dénommées spitxnackiges Beil, à tête pointue et à deux côtés 1) . Il y a là, certainement, un hasard, alors que, d'un autre côté — par un hasard encore, sans doute — parmi les haches qui caractérisent principalement le style et la région de l'Europe orientale et méridio­

nale, les échantillons dénommés Schuh-leîstenkeil ou Schuhleistenformiges Stein-heil2) se rencontrent à Sultana sous la forme d'un seul exemplaire, et non des plus beaux (pi. VII , fig. 1 ou pi. VII I , fig. 13 3).

Les haches en pierre polie ne sont pas non plus très nombreuses. La plu­part d'entre elles sont de petite di­mension, ce qui leur enlève un caractère usuel. Elles constituent toutefois un élé­ment d'inventaire intéressant par leur forme, qui se rapproche des formes ty­piques, connues ailleurs (pi. I, fig. 17 ou pi. VIII , fig. 1; pi. VII , fig. 2 —11 et 19 ou pi. VIII , fig. 2 — 1 2 ; pi. VII , fig. 13 — 14 ou pi. VIII , fig. 14 — 17).

Toutes les haches, faites de pierres diverses, sont bien polies, sauf la pre­mière, qui représente la phase antéri­eure du polissage complet (pi. I, fig. 17 ou pi. VIII , fig. 1). Pour être mieux utilisée, une autre hache (pi. VII , fig. 2 ; pi. VI I I , fig 2) présente vers son

" sommet une cavité que l'on peut très bien remarquer dans la photographie.

Le tranchant est brisé. Une troisième hache est la plus bombée de toutes, mais sa tête est brisée, ce qui est fort explicable (pi. VII, fig. 3 ; pi. VII I , fig. 3). Tout à fait différente, une autre a le tranchant formé par un plan complètement plat sur l'une des faces, et par un plan bombé sur l'autre ; c'est évidemment une herminette (pi. VII , fig. 4 ou pi. VIII , fig. 4.)

1) Schlemm, op. cit., p . 367. loc. cit. 2) «Von Portugal zu Siebenbiïrgcn und Serbien 3) Les détériorations, visibles sur la partie bom-

zu Hunderten», Reinecke apud Schlemm, op. cit., bée, ne proviennent pas d'une tentat ive de per-p . 535. La période à laquelle elles appartiennent cage, mais de la rupture de la pierre. D'autre par t , est celle de la «Bandkeramik» (Reinecke), ou de la M. O. Menghin, dans ses Appendices à l 'œuvre de «Bogenbandkeramik», Forrer Reallexikon der prà- M. Hoernes, a écrit sur le groupe oriental de la historischen, klassischen und friihchristlichen Altcr· céramique rubané»; «Der Schuhleistenkeil kommt in tiimer, Berlin u. Stut tgar t , p . 719; H. Schmidt : dieser Gruppe nur mehr ganz selten von, Op. cit., Vorgeschichte Europas, I, «Natur und Geisteswell», p . 788. Tcubner, 1924, p . 54. M. Hoernes - O. Menghin,

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LES FOUILLES DE SULTAN A

Beaucoup plus intéressants sous le rapport de la forme et surtout au point de vue du caractère régional sont les deux autres exemplaires (pi. VII , fig. 5 ou pi. VIII , fig. 5 ; pi. VII, fig. 14 ou pi. VIII , fig. 15). Légèrement recourbés, et amincis vers la partie destinée à recevoir le manche de bois, ces outils constituent, sans nul doute sinon à Sullana seulement, mais dans tout le reste de l'Europe sud-orientale, le mo­dèle de certaines formes similaires reproduites en cuivre et en bronze *).

PI. IX.

Un autre exemplaire découvert est une hache de proportions régulières, et polie avec soin (pi. VII , fig. 6 ou pi. VIII , fig. 6). Les quatre autres (pi. VII , fig. 7—10 ou pi. VIII , fig. 7 —10) sont, également, de petites herminettes dont la dernière, faite de pierre très dure, a été travaillée avec un soin spécial.

Dans tout l'ensemble des fouilles, on a trouvé une seule hache-marteau, d'ailleurs brisée (pi. VII , fig. 11, ou pi. VIII , fig. 11).

Sauf quelques haches plus grandes, et de forme habituelle (pi. VII fig. 19, ou pi. VII I , fig. 12), tous les autres échantillons découverts sont des herminettes bien

' ) Franz v. Pulsky: Die Kupfcrzeit in Ungarn, plaires en bronze provenant de Sinaïa, v. Andrie-Budapcst , 1884, p. 71, fig. 1—6; Hampel Jozsef: sescu: Sur Vâge du bronze en Roumanie. 1915, A bronzkor rmlékri Magyarhonban, Budapest, où il est parlé d'un exemplaire tout en cuivre 1892—1896, I I I , p . 51, fig. 4 — 8. Pour les exem- découvert en Posnanie.

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I. 4NDRIEÇESC1

travai l lées , don t cer ta ines sont de dimensions t rès rédui tes (pi. V I I , fig. 13 — 1 6 , p i . V I I I , fig. 14 — 17).

On a t rouvé encore à Su l t ana une pe t i t e hache , avec perforat ion commencée , mais non te rminée . Le cas n 'es t pas rare dans nos s ta t ions néo- et énéol i th iques . Pa r ma lheur , elle a é té pe rdue , ou sous t ra i t e .

Su l t ana a l ivré en ou t re , p a r m i d ' au t r e s i n s t r u m e n t s de pierre polie quelques ciseaux (pi. V I I , fig. 12, 17 et 18 ou pi . V I I I , fig. 2 1 , 19 et 18). Un ins t ru­m e n t semblable eu par t i e , comme profil, mais de section carrée et non aigu (pi. V I I , fig. 20 ou pi . V I I I , fig. 20) a dû ê t re un aiguisoir, mais il ne compor te pas de t rou de suspension.

E v i d e m m e n t , tous les ustensi les en pierre don t il est ques t ion ci-dessus de­va ien t , pour ê t re uti l isés, ê t re a d a p ­tés à des emmanchures en bois ou en corne. Il est s u r p r e n a n t q u ' o n n ' a i t dé­couver t à S u l t a n a q u ' u n seul exem­plaire de ce gen re : une gaine à douille ou gaine perforée x), en corne de cerf po­lie (pi. I X , fig. 1 ou pi . X , fig. 1). La corne de cerf est p resque complè temen t pétrifiée.

E n r evanche , on a découver t plu­sieurs haches en corne de cerf, qu i , bien que non ent ières , sont suff isamment ca­rac té r i s t iques (pi. I X , fig. 2 — 4 ou pi . X , fig. 2 — 4 , ainsi que les f ragments figurés pi . X , fig. 5 e t 6). La ma jo r i t é son t na tu re l l emen t pr ivées de leur pa r l i e aiguisée, laquelle a é té plus ou moins brisée loin de l ' e m m a n c h e m e n t . Une

seule d ' en t r e elles a conservé son t r a n c h a n t (pi . I X , fig. 4 ou pi . X fig. 4) . La p l u p a r t n ' o n t r ien p e r d u de leur rugosi té na tu re l l e à l ' ex tér ieur .

Enf in , quel usage on t pu t r ouve r cer ta ins au t re s obje ts , faits d 'andoui l lers de ce r f ? : l 'un est percé seulement en pa r t i e (pi. I X , fig. 11 ou p i . X , fig. 7), un a u t r e l 'est complè temen t , mais les parois du t rou sont à moi t ié brisées (pi. X I , fig. 10), — tous les deux sont , d 'a i l leurs , de pe t i t e dimension. Ils ne furent , sans dou te , d ' a u c u n e ut i l i té p r a t i q u e .

Comme en beaucoup d ' au t r e s endro i t s , il est reconnu q u ' à Su l t ana , ou t re le silex, la pierre et la corne, on a t ravai l lé l'os avec succès. Nous avons recueilli d a n s la s t a t ion de n o m b r e u x objets en os (a rmes , ustensi les ou parures ) . Comme nous le

PI. \ .

') G. et A. de Mortillet: Musée, pi. LI, fig. 516 et 548; Déchelette, op. cfo, I, p· 532, fig. 192.

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LE9 FOUILLES DK SULTANA

verrons plus loin, nous avons trouvé aussi des objets bien travaillés en terre cuite, soit pour la parure, soit pour des usages pratiques, à savoir: pour le filage, la pêche.

Comme bois, il ne nous est resté que les empreintes des étais employés pour les

16 17 18 „ „ | | 1\ ^

21 22 2", 24

27 M 29 50

27 28

25 26

PI \ I . PI. XII.

habitations. Ceci est explicable en raison de la nature grasse de notre sol, ainsi que des pluies fréquentes qui le pénètrent et l'imbibent.

En ce qui concerne Vos, nous signalerons, tout d'abord, plusieurs poignards, les uns plus petits (pi. X I , fig. 3 et 4 ; pi. XI I , fig. 31 et 32" (long. 0 m 094), un autre assez grand et puissant (pi. XI I , fig. 26 (long. 0 m 148).

Le plus grand nombre sont des poinçons ou des perçoirs (pi. XI , fig. 1, 2, 5, 6, 12—16; pi. X I I , fig. 14, 18, 19,20, 25 et 30); les dimensions en sont habituellement réduites.

On a aussi trouvé à Sultana deux ciseaux également en os, dont l'un est usé et moins régulièrement travaillé (pi. XI I , fig. 13), l'autre plus soigneusement ouvré, quoique la rugosité soit fort apparente sur la partie déclive du tranchant (pi. XI I , fig. 12).

Enfin on a découvert à Sultana toute une série d'Objets de parure, pendantifs, en os également, dont certains tout prêts à être fixés ou adaptés aux vêtements (pi. XI ,

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T. ANDRIEÇESCU

fig. 7— 9; de même fig. 11 ; ensuite pi. IX, fig. 9, la même que celle de la pi. X I I , fig. 24; pi. VII , fig. 25, 21, 23, 24 ou pi. X I I , fig. 15, 21, 17, 23 et 22).

On a trouvé, par contre, en plus grand nombre des disques-parures en terre cuite (pi. XI , fig. 21 — 30; pi. VII, fig. 22 et 27 ou pi. X I I , fig. 4 et 5).

Une seule perle percée, en os, a été trou­vée (pi. XI , fig. 31), mais on a découvert un bien plus grand nombre de semblables paru­res en terre cuite (25) présentant la forme de grains de perles percés dans toute leur lon­gueur (pi. X I I I , fig. 1 — 2 1 ; pi. VII, fig. 30 et 31). On a fermement l'impression que les habitants, plus accoutumés aux produits cé­ramiques, trouvaient plus commode d'exé­cuter également leurs parures en terre cuite.

À Sultana, comme ailleurs, les fusa'ioles sont aussi en terre cuite, très simples d'ail­leurs (pi. VII , fig. 29 et 28 ou pi. X I I , fig. 11 et 9 ; de même pi. X I I I , fig. 22 — 25); en ce qui concerne les tissus on n'en trouve pas la moindre trace à Sultana. Il en est de même des poids pour filets (23) (pi. VII , fig. 32; pi. IX , fig. 8, 12, 13, et 6, de même pi. XIV, fig. 2 et 3). L'un de ces poids de filet (pi. IX» fig. 6) présente sur son fonds, trois empreintes

*9 20 23 circulaires. Un deuxième exemplaire (pi. XIV,

^ÊÊL fig. 2) présente, situées au même endroit, < :inq

W pareilles empreintes à la file. La ebose ne 24 25 peut être due au hasard. Ce sont-là probable-

p. χ τ ment des signes conventionnels, dont nous ne connaîtrons peut-être jamais le mystère.

L'exemplaire suivant (pi. IX, fig. 7 ou pi. XIV, fig. 1) est d'une forme ne res­semblant aux poids de filet qu'en apparence, sans trou de suspension, mais d'une régularité complète que ne possèdent point les poids de filet. On ne peut préciser l'emploi de cet objet, qui n'était certainement pas un poussoir. Bien qu'on en ait trouvé très peu, les poussoirs de Sultana ont une tout autre forme (pi. IX, fig. 5 et 10 ou pi. X X I I I , fig. 1 et 2), par rapport aux couvercles des vases. Cela n'a pas pu être non plus un pilon à semences, car on a trouvé à Sultana un assez grand nombre de meules à bras, destinées à écraser les grains (pi. XIV, fig. 6) ; or, leur forme est bien différente. Il est bien plus probable que des instruments du genre de celui dont nous nous occupons, étaient des molettes à broyer les couleurs employées dans l'in­dustrie céramique.

De même, n'oublions pas, dans cet ordre d'idées, quelques petites tables à quatre pieds, toujours en terre cuite (pi. X X I I I , fig. 5, 6 et 10), dont l'emploi n'a pu être que de caractère religieux, en tout cas, d'aucune utilité pratique.

• i l m

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LES FOUJLF.ES DE SULTANA

Il est bien inut i le d ' insis ter ici sur l ' impor tance que la céramique p r é sen t e des po in ts de vue archéologique, e thnograph ique et cul turalo-his tor ique, c o m p a r a t i v e m e n t à tou tes les sortes d ' indus t r ies préhis tor iques de Su l tana , industr ies que nous avons citées plus h a u t en exemples .

P lus que le t ra -\ ail «II- la pierre qui WT% prouve de la t éna­ci té e t de la persé­vérance p a t i e n t e , ap t i t udes que nous r e m a r q u o n s s u r t o u t e la t e r r e ; plus que le t rava i l du silex, qui démon t r e une habi le té et u n dex té r i t é inaccou­

tumées , mais com­munes à toutes les

5 6 7

PI. XIV. races aussi qui o n t âprement - l u t t é dans la voie du progrès , le t rava i l de la te r re glaise — q u ' o n lui a i t donné des formes appropr iées à l 'outi l lage ou aux objets du cul te exécutés en céra­mique , ou encore aux formes p las t iques , an th ropomorphes ou zoomorphes — est, malheu­reusemen t , le seul miroir où l 'on entrevoie quelque chose de l ' âme de ceux qui , dans une pa r t i e du m o n d e ou dans une au t r e , on t vécu et t ravai l lé , pour nous laisser la p l u p a r t des vest iges de ce t te sor te .

C'est aussi le cas de Su l t ana . La manière don t les h a b i t a n t s de l 'époque choisis­saient e t pé t r i ssa ient la glaise, donc la technique ; les formes qu' i ls donnaien t aux vases , les u n s , e t pas les moindres , d 'un profil choisi, la p lupa r t du t emps , sans dou te , d 'une façon voulue et consciente ; enfin Vornementation des vases , sont pour nous le dernier déta i l qu i nous p e r m e t d 'assigner à la s ta t ion de Su l tana , de pa r le style de sa cé­r a m i q u e , la place qui lui convient sous les poin ts de vue ment ionnés plus h a u t et aux­quels s 'adjoint la plastique, don t nous nous occuperons p a r la sui te .

La technique se r a p p o r t a n t à la céramique de Sul tana est , aussi bien comme ma­tériel e t composi t ion , que comme mode de t rava i l , la technique habi tuel le de la céra­mique néo- e t énéol i th ique du Sud-Es t de l 'Europe . Le tou r n 'ex is ta i t pas du t o u t . I ls s 'ensui t que sous le r a p p o r t du matér ie l céramique , la s ta t ion de Su l tana rêve t u n carac tè re un i t a i r e , ancien préhis tor ique , en pleine concordance avec le g rand n o m b r e d ' i n s t r u m e n t s en silex, avec la ra re té de l 'emploi du mé ta l e t avec les au t res données déjà énoncées, plus concluantes chronologiquement , de l ' inventa i re , telles que les haches à t ê t e épaisse, e tc . Cela signifie toutefois que nous ne remontons pas a u x t e m p s néol i th iques m ê m e les plus anciens. La p â t e est en effet peu rés i s tan te et po­reuse, la cuisson est imparfa i te , e t , malgré t o u t , même les vases plus p r imi t i vemen t façonnés on t une solidité et une précision de contours , dignes d 'ê t re ment ionnées . I l y a à Su l t ana des vases grossiers, su r tou t pa rmi ceux de grande tai l le, mais aussi p a r m i les pe t i t s , à parois épaisses, en p â t e grumeleuse, t rès peu pét r ie , la cuisson é t a n t

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i. A\i>mi:si:s<:r

souvent réduite à un simple passage à la flamme. Les exemplaires sont néanmoins ré­sistants. Le contour présente une ligne assez sûre et, d'autre part , l'ornementation, quelque naïve et simple qu'elle soit, est disposée suivant certaines lois qui, en aucun cas, ne contredisent le cadre des motifs ornementaux de l'Europe du Sud-Est. Il n'est pas rare, comme nous le verrons par la suite, que de nouvelles variations documentent des motifs connus d'une autre manière.

Les grandes formes sont à peu près toujours aussi le plus primitives comme tech­nique.

Les petites formes, d'un profil plus délicat, accusent aussi une meilleure tech­nique. La pâte de ces vases est plus uniforme et plus uniformément cuite, quelque­fois même très bien et très également cuite et façonnée.

Beaucoup plus rarement, la surface des vases a une patine, au sens préclassique, mais propre du mot, patine fréquente plus tard dans la céramique de l'âge du bronze en Dacie comme aussi au Sud-Est de l'Europe.

A Sultana du moins, les vases ne sont pas grands; il n 'y en a que de pet i ts ; leur profil est particulièrement élégant, mais n'appartient qu'au Sud-Est, dans des limites géographiques, sur l'étendue desquelles on discutera encore fort longtemps ' ) . Cette céramique représente à Sultana le maximum, en ce qui concerne la capacité tech­nique.

Les formes. — Si la céramique de Sultana ne diffère, quant à la technique, presque en rien de la céramique néo- et énéolithique en général et encore moins de l'Europe du Sud-Est, comme nous venons de le voir, en ce qui concerne les formes et l'orne­mentation, cette céramique nous apporte beaucoup de nouvelles données intéres­santes, d 'autant plus qu'elles comblent une lacune, ressentie depuis un long temps dans tout le monde carpatho-balcanique, presque entièrement inconnu jusqu'à pré­sent, en ce qui a trait à la région comprise entre les Carpathes et le Bas-Danube. Sultana n'est, il est vrai, sous ce point de vue, qu'un simple début, mais je crois qu'il est, comme on le verra, assez concluant.

Ce qui prédomine à Sultana, depuis les couches les plus basses de la période de civilisation et jusqu'en haut, c'est, sans nul doute, une céramique primitive en tant que matériel et comme travail et tout aussi simple comme forme et ornementation.

Ayant des parois épaisses et droites, que les vases soient grands ou petits, ils n'ont d'autres ornements que l'accolement, autour du goulot, d'une ceinturette alvéo­laire, ou d'incrustations parallèles. Il en va de même d'une ou de plusieurs grandes proéminences, surtout excécutées sans soin, d'où partent assez souvent vers le bas, obliquement, d'autres ceinturettes, ou encore, très souvent, le plus simple ornement que nous puissions imaginer pour recouvrir la surface des vases (— (1er Flàchenfullende

' ) Soit dit en passant, je suis loin de croire que les opinions de M. C. L. Woolleys (Afia minor, Syria and the Acgcan, «Liverpool Annals», 1922) bien que nouvelles et intéressantes, ainsi que les commentaires de M. O. Mengbin (M. Hoernos Mengbin: Urgeschichtc drr bildvndvn Kunst in Eu-ropa von den Anfàngcn bis zu 500 vor Christi, Wien, 1925, p . 772), soient, à ce sujet, le der­

nier mot: La Thessalie appart iendrait pour cette époque au milieu de culture de l'Asie Mineure, etc. Plus justifiées me semblent les réserves et la ré­pétition de la p . 794 ainsi que de la note 131 de M. Mengbin, quand il di t : «Es wiire aber immerliin moglich, dass kiinfti^r Fnrscbungcn uns veranlassen kônnen, eine andere Aufteilung vorzunebmcn».

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LES FOUILLES DE SULTANA

ou dcr Umiaufstil de M. Hoornes—), ornement résultant du passage, verticalement ou obliquement, des doigts de la main sur la pâte encore humide. Avec ces moyens tout à fait simplistes, l'effet ornemental est assez varié (pi. XV, fig. 1, 2 et 4 et pi.

PI. XV.

XVI, fig. 1 — 7). Il est bon de noter que les trois derniers fragments cités de la pi. XVI, bien que situés tout à fait au bas de la couche de civilisation, sont supérieurs aux autres comme pâte et comme cuisson. Il ne s'agit pas d'une variation accidentelle, mais, comme nous le verrons dans beaucoup d'autres cas, d'un abaissement général de bas en haut du niveau général de culture.

Dans une forme de vase, aux parois intérieures inclinées, le genre d'ornementa­tion est le même (pi. XV, fig. 3 ou pi. XVI, fig. 8).

Enfin, dans un fragment de vase aux parois encore plus inclinées — le travail et la cuisson ayant été plus soignés — l'ornementation est constituée par des incisions et des égratignures, plus ou moins régulières, partant du fond et allant en s'effilant vers le goulot du vase (pi. XV. fig. 5).

Avec une même technique, d'autres vases, entiers ou fragmentaires, présentent des formes toutes différentes, et ce, surtout pour les petits vases.

Un petit vase, trouvé dans les couches basses de la fouille, vase très probablement destiné au culte, de cuisson assez bonne, nous permet de distinguer deux lignes presque

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I. ANDRIKÇKSCtl

égales du profil (pi. XV, fig. 8 ou pi. XXI, fig. 4); la ligne la plus petite se trouve au fond.

Nous pouvons, en accentuant certaines de ces lignes de profil,poursuivre une varia­tion des plus intéressantes dans le cadre des formes du milieu néo- et énéolithique Carpathn-Dnnubien, ainsi que du Sud-Est européen.

Un petit vase, à moitié conservé, aux parois droites relativement épais­ses et travaillées avec moins de soin, a la ligne du goulot assez distincte, mais irrégulièrement tracée, et porte deux proéminences, qui se répétai­ent probablement aussi sur l'autre face (pi. XV, fig. 7). 11 a été trouvé dans les couebes les plus basses et de proportions inusitées; c'était proba­blement aussi un vase destiné au culte.

Petit également, mais moins pro­fond, un autre vase a la forme d'une coupe basse, avec un ornement d'in­cision, radial mais irrégulier, à sa partie inférieure; comme le précé-

/ - ^ÊÊMÊË^ - dent, il ;i été trouvé dans les plus ^w.' v m I basses couebes de la période de cul-

4 1 turc (pi. XV, fig 9). Il y a des formes beaucoup plus

nombreuses, qui, s'il leur manquait le fond, auraient beaucoup de res­

semblance avec les coupes en céramique peintes de la Transylvanie, et même, en allant plus loin, de l'Europe centrale.

Elles n'ont toutefois jamais les parois droites et leur fond est toujours grand, mais jamais spliérique (pi. XV. fig. 10) ; les proéminences en diagonale séparent la ligne su­périeure du corps du vase de la ligne inférieure. Avec quelques variantes, c'est l'une des plus fréquentes formes trouvées à Sultana.

Une semblable variante nous est offerte par le vase suivant, qui présente une légère accentuation du goidot et deux fois quatre proéminences en diagonale (pi. XV, fig. 11 ou pi. XVIII, fig. 6) λ). Il en est de même pour un autre, avec cette différence qu'ici les proéminences, répétées et plus ou moins régulières, constituent un véritable ornement (pi. XV, fig. 13). On trouve encore de pareils exemplaires en Valachie, mais en petit nombre. Ce sont-là les exemplaires les plus caractéristiques qui illustrent

13

l) Seules trois paires de proéminences sont autres, consti tuant la 4-e paire, sont disparates, constituées par paires, l 'une sous l 'autre ; les deux

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LES FOUILLES DE SULTANA

la céramique dite «à proéminences» (die Buckelkeramik), dont nous aurons l'occa­sion de parler plus tard.

Sur un grand fragment d'un vase de forme similaire (pi. XV, fig, 12), la roton­dité plus ample du vase, partant de dessous la ligne du goulot, est recouverte d'un

PI. XVII

ornement à raies verticales, sans doute postérieur comme ornement à l'ancien, réduit à varier les surfaces par les traces parallèles des doigts promenés verticalement ou obliquement.

D'autre fois, plus rarement, la ligne du goulot manque ; le vase possède alors une anse puissante et l'ornementation consiste en des raies plus ou moins courbes qui ornent à leur manière la partie supérieure du vase (pi. XV, fig. 14),

En allant du plus ancien au plus nouveau, de l'inférieur au supérieur, stratigraphi-qiiement parlant, nous avons une fois de plus l'occasion de constater, non pas une évolu­tion, mais une régression sous le rapport des formes ; quant aux autres éléments, ils ne diffèrent pas d'une manière discordante (pi. XV, fig. 15, 16 et 6; pi. XVII , fig. 1, 2, 11, 5, 10 et 4 ; de même pi. XVI, fig. 9 —15). Ces formes ne représentent pas seulement une liaison avec les figures antérieures; l'une d'entre elles, tout particu­lièrement (pi. XV, fig. 6 ou pi. XVI, fig. 11), de par le caractère de son profil, représente une liaison avec d'autres formes similaires que nous verrons plus loin, d'une autre technique et d'une autre ornementation, beaucoup plus caractéristiques à

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Sul t ana . La forme devient ainsi un élémenl d 'or ienta t ion s tyl is t ique par t i cu l iè rement précieux.

Il y a plusieurs g rands vases plus cons is tants comme p â t e , bien venus à la cuisson, possédant une o rnemen ta ­tion semblable à celle dont nous avons parlé plus h a u t , o rnemen ta t ion emplo­yée plus l ibrement et d 'une manière plus sûre (fig. t ex te 7 - 9 et pi . X V I I , fig. 7).

Un vase semblable au précédent , a y a n t des parois plus épaisses, nous p résen te deux anses i m p o r t a n t e s e t une o rnemen ta t i on cons t i tuée p a r des grou­pes de q u a t r e lignes p roéminen tes , dis­

posées en deux rangées a l t e rna t ives (fig. t ex te 1 0 ; p i . X I X , fig. 1). Le f ragment d 'un a u t r e vase , de forme et fac ture similaires, a une anse r ep ré sen t an t une t ê t e d ' an ima l (fig. t ex t e 11).

Q u a n d la pa r t i e inférieure du vase est p lus basse et que le vase en son t o u t est plus pe t i t , alors il est p r ivé d 'anses qui sont remplacées p a r des proéminences ; l ' o rnemen ta t ion est aussi plus s imple, comme nous l ' avons vu plus h a u t (pi. X X , fig. 1).

Nous ar r ivons ainsi à l 'une des formes p rédominan te s de la cérami­que de Su l t ana , bien connue p a r sa fréquence, su r tou t «dans le Nord de la région Carpatho-Balcanique» néo- e t énéol i th ique, la cé ramique incisée et F i8- 8· p e i n t e : la forme en poire 1 ) .

A Su l t ana nous la t rouvons dans une série ent ière d ' exempla i res , p a r m i lesquels le plus carac té r i s t ique est , sans dou te , celui que représen te la figure ( texte) 12 a, 6, ainsi que la pi . X V I I , fig. 9 e t p i . X V I I I , fig. 2. Le vase a le fond rond , le rebord légèrement relevé, e t il s ' appuie , a p p r o x i m a t i v e m e n t , sur q u a t r e pieds en diagonale , qui a t te ig­n e n t à peine la ligne hor izonta le du fond. E n t r e deux de ces pieds le vase présente une anse , en forme de t ê t e d ' an ima l , pe rcée ; dans la pa r t i e d i a m é t r a l e m e n t opposée e t en t re les deux au t res pieds , le vase n ' a q u ' u n e p roéminence également percée. La couleur du vase est foncée et légèrement pa t inée . De pa r la forme et de p a r ses dé­tai ls p las t iques , le vase de Su l t ana est u n exemple carac té r i s t ique de la combinaison de la céramique e t de la p l a s t i q u e ; celle-ci, comme nous le ve r rons , es t t rès bien représentée à Su l t ana .

*) I. Andrieçescu: Contribution, p. 51 et suiv.

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LES FOUILLES DE SULTANA

Trois autres exemplaires, sans posséder la patine du vase ci-dessus, mais ayant subi une bonne cuisson exécutée avec soin, ont le fond plus sûr (pi. XVII , fig. 6 et 12 (pi. XVII I , fig. 4), de même pi. XVII , fig. 8 (pi. XVII I , fig. 5); le dernier, de même, a une petite proéminence et un léger ornement peint en zigzag, sur tout le corps du vase (visible seulement sur la pi. XVII I , fig. 5). Nous reviendrons à l 'ornement; en l ont cas il faut remarquer, encore une fois, la liaison entre la forme du vase, la proéminence qu'il porte et l'ornement colorié ; on doit aussi re­marquer le motif ornemental; tou­tes ces données sont caractéristiques pour l'unité de style de la céramique de Sultana.

Bien cuits, possédant souvent une patine foncée, plusieurs vases ont l'aspect de casseroles, formes qui ne sont pas étrangères au Sud-Est. L'ornementation répète des motifs connus ou bien manque complètement (pi. XVII , fig. 13 ; pi. XX, fig. 8 et 4).

Il y a deux autres casseroles d'une forme approximativement analogue, ayant une partie supérieure bien plus basse, d'un aspect général beaucoup plus commun et sans aucun ornement (pi. XX, fig. 2 ou pi. XVIII , fig. 1, de même pi. XVII I , fig. 3).

Une petite casserole, ressemblant aux précédentes, ayant toutefois des parois verticales à sa partie inférieure et ne possédant aucune ornementation, est d'une correction et d'une délica­tesse de lignes remarquables ; elles a été trouvée beaucoup plus profondé­ment que la plupart des autres (pi. XX, fig. 6). Le fragment d'un vase tout à fait semblable, un peu moins souple, bien façonné toutefois, possède aussi un

léger ornement de lignes incisées, constituant une bande verticale, qui probablement se répète (pi. XVII , fig. 3).

Il faut également mentionner que parmi les formes de vases indiquées plus haut, dont l'une a les parois de sa partie supérieure légèrement inclinées, a sur les lignes de la panse une série d'excavations ou creux régulières s'étendant tout autour (pi. X X , fig. 9) ; d'autre part , le rapport entre la partie supérieure et la partie inférieure des mêmes formes peut varier, comme nous en donnons des exemples (pi. XX, fig. 11).

Fig. 10.

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6 Ducin T l'.i-'l. www.cimec.ro

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I. ANDRIEÇESCU

Il est cur ieux de cons ta te r qu ' à Su l t ana nous ne puissions citer q u ' u n exemple d 'égal isat ion de la pa r t i e supér ieure à la pa r t i e inférieure de semblables formes de vases et l ' exemple est assez c o m m u n (pi. X V I I I , fig. 7). P a r ai l leurs, dans no t re milieu du Sud -Es t , semblables va r i an tes sont non seu lement nombreuses , mais cer ta ines d 'ent r 'e l les sont caractér isées pa r une dis t inct ion par t icul ière de la forme et de l 'orne­m e n t a t i o n , s u r t o u t lorsqu ' i l s 'agit de l ' o rnement pe in t ' ) . De m ê m e , une seule fois, à Su l t ana un exempla i re , p resque ent ier , a sa par ­t ie supér ieure plus allongée que sa pa r t i e infé­r ieure 2) (pi. X X . fig. 12 ou pi . X X I , fig. 2). A Cu-cu ten i , p a r exemple , cer ta ines formes de vases res­s emblan t en pr incipe à ce vase de Su l t ana sont en é t roi t r appo r t s ty l is t ique avec l ' au t r e forme du S u d - E s t citée plus h a u t et a p p a r t i e n n e n t , d ' après

Fig. 11. Fig. 12.

les précisions de celui qui les a découver tes , à la cu l tu re «cucuténienne» plus récente (B), r ep ré sen t an t dans ce t te cu l ture la maniè re s ty l i s t ique nouvel le 3 ) . E n t o u t cas, dans ce r a p p o r t formel, la présence à Su l t ana du vase cité me semble pa r t i cu l i è rement significative.

Mais nous sommes loin ainsi d 'avoi r p résen té tou tes les formes de vases de Su l t ana .

L ' u n e des formes assez f réquentes , avec des va r i an t e s de différentes d imensions , est celle qu i est p lus large que profonde, sans anses e t tou jours d 'un t r ava i l supér ieur , j u s q u ' à la parfa i te pa t ine noire qui les recouvre . Nous donnons quelques profils (voir pi . X X , fig. 17, 13 , 3 , 16 e t 5). Nous sommes à u n n iveau de cu l tu re i m p o r t a n t , m ê m e si l 'on ne considère que la t echn ique et les formes. Le fait de n ' avo i r t r o u v é les f ragments de la forme citée non près de la surface, mais bien plus bas , ind ique assez le déclin de cu l ture que nous avons déjà signalé.

*) Contribution à la Dacie avant les Romains, possède une légère patine foncée, p. 57 — 58 et note 79— 84. 3) Collection de Berlin. Précisions de II. Schmidt:

2) La panse du vase constitue un angle aigu; Tongefàssc drr jiingcren Kultur. B. Jùngcre Stil· sans ornements, le vase est façonné avec soin et arten.

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LUS FOI ILI.FS DE SULTANA

PI. XVIII

Par contre, une autre série de formes aux parois droites, mais bien moins soi­gneusement ouvrées, toujours patinées néanmoins, et avec les creux du profil emplis d'une pâte blan­che ornementale, se répète de bas en haut, dans toute l 'é tendue de la couche de culture (pi. XX, fig. 20, 22 et 19; pi. XIX, fig. 3, 4 (pi. XX, fig. 20,5) (pi. X X , fig. 22) et 6). On se tromperait en cro­yant que les pre­miers fragments sont plus anciens ; au contraire, la chose a été en se simplifiant. Il est

à noter également que le fragment le plus nouveau (pi. XIX, fig. 3) porte une proéminence qui souligne l'inci­sion blanchâtre située près du rebord du vase.

D'autres formes de vases bas, un genre de coupes, les unes répétant, en plus petit, des variantes déjà signa­lées, mais d'une technique et d'un travail de beaucoup supérieurs, re­présentent ce que nous pouvons con­sidérer comme la dernière expression de perfection céramique à Sultana (pi. XX, fig. 7, 10, 18 et 21). Leur nombre relativement beaucoup plus petit, ainsi que leur caractère peu uti­litaire ont été mis en liaison, comme nous l'avons déjà vu, avec leur em­ploi comme vases du culte. Il faut également mentionner ici qu'ils ont tous été trouvés aux plus grandes profondeurs des couches de l'époque de civilisation. Le rebord de l'un des fragments est légèrement tordu (pi. XX, fig. 18). La patine noirâ­tre du dernier fragment, d'ailleurs

sans autre ornementation, est tout à fait remarquable. D'utilité douteuse, peut-être sans même en avoir eu, un petit vase de Sultana a la

10

PI. XIX.

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forme d'une fusaïole; il est travaillé sans soin et insuffisamment cuit (pi. XX, fig. 15). Un autre ressemble à une petite auge, possédant deux proéminences latérales percées de trous verticaux et une ornementation d'incisions légères, en manière de virgules su­perposées (pi. X X I I , fig. 1 ou pi. X X I , fig. 7 1 ) ; d'une technipuc de la pâte et d*un travail assez primitifs, ce vase contraste avec la profondeur à laquelle il a été trouvé, ainsi qu'avec son ornementation. Un troisième a la forme d'une corne coupée (pi. XX,

PI. XX.

fig. 14), une sorte de rhyton en miniature. Le fragment d'un quatrième vase, d'une forme qui, elle aussi, n'est pas rare, a une proéminence percée verticalement et qui très probablement se répète sur l 'autre face (pi. X X I I , fig. 2).

Un cinquième petit vase est beaucoup plus caractéristique (pi. X X I I , fig. 3 ou pi. X X I , fig. 3). Découvert dans la couche la plus élevée, il a non seulement une forme familière à notre Sud-Est, mais, par la terminaison de sa partie supérieure en figu­rine plastique, il représente, encore une fois à Sultana, l'étroite relation qui existe ici entre la céramique et la plastique.

Parmi les dernières formes de vases entiers, ou presque entiers, de Sultana, que nous pouvons présenter, l'un au fond arrondi et possédant deux rosaces (ou tortils) latérales,

l) Sans aucun ornement, d'autres semblables une cloison médiane, cuvettes sont doubles, c'est-à-dire séparées par

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LES FOUILLES DE SULTANΛ

percées verticalement et de biais (pi. XXII , fig. 5 o u p L X X I f i g> 5 ) a u r a é t é p | u g

probablement un couvercle. Un vase d'autre forme, trouvé à Sultana, quoiqu'à fond ar­rondi, aura servi au contraire d'écuelle (pi. X X I I , fig. 19 ou pi. X I X , fig. 2). D'une technique et d'une cuisson assez soignées, 1 ' écuelle est ornée extérieu­rement d'une sorte de bande pressée dans la masse de la glaise, en forme de large spirale, d'une largeur irrégulière, bande partant du fond du vase et se terminant à l'un de ses bords. De la bande

W

_ «oé*. PI. XXI.

PI. XXII.

spirale, largement conduite, se détache un deuxième ornement intermédiaire et paral­lèle qui correspond aux raies antérieures en tous leurs aspects variées. La liaison

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î. \M)Hi i ; s i ; sc r

me semble d'autant plus fondée, qu'un couvercle véritable, venant toujours de Sul-tana, beaucup plus régulier (pi. X X I I , fig. 7), porte un ornement tout à fait simi­laire comme intention, mais d'une autre exécution et très rapproché, comme manière, de ce qui a été indiqué plus haut (pi. XV, fig. 12, 15 etc.).

Comme ailleurs, il a été trouvé à Sultana, de nombreux couvercles de vases. En dehors de celui que nous avons présenté, ils se réduisent à trois types: un type de couvercle trouvé plus profondément, certaine-

5, ment plus ancien, avec une poignée * représentant une tête d'homme, à peu

près telle qu'elle est [représentée à part (pi. X X I I , fig. 10 et X X I I I , fig. 3 et 8) ; un deuxième type, tou­jours plus ancien que le suivant, avec la poignée d'une forme beaucoup

plus éloignée de la représentation plas­tique de la tête humaine (pi. X X I I , fig. 4) ; enfin un troisième type, plus nouveau, comprend une série entière de couvercles, plus ou moins fragmen­taires, de différentes grandeurs, tous munis de manches puissants (fig. texte 13 et 14; pi. X X I I , fig. 14 et pi. X X I I I , fig. 9).

Des formes céramiques pouvant être illustrées par des fragments inar ginaux et par des rosaces, nous en don nons, enfin, une série entière pour com pléter la présentation ci-dessus ( pi X I X , fig. 7 —10 ; pi. XXIV, fig. 1 —14) Je reproduis aussi quelques fragments dans le texte, pour permettre d'apprécier le profil: la fig. 16 de la pi. X X I I est la pi. XXIV, fig. 10; la fig. 11 de la pi. X X I I est la pi. XXIV, fig. 1 1 ; la fig. 13 de la pi. X X I I est la fig. 12 de la pi. X X I V ; le profil fragmentaire marginal pi. XXIV, fig. 1 est approximativement celui représenté par la fig. 8 de la pi. X X I I avec les variantes pi. X X I I , fig. 15 et pi. XXV, fig. 1 (pi. XXIV, fig. 13) ; un dernier fragment est de beaucoup le plus élancé (pi. XXV, fig. 5 ; pi. XXIV, fig. 14), avec sa rosace commençant tout de suite sous la ligne de panse du vase.

Dans un seul cas, un fragment représentant le fond d'un vase a une rosace obtenue par percement horizontal, vers l'intérieur du vase et non point vers l'extérieur (pi. X X I I , fig. 6). Dans un seul cas aussi, une rosace, puissante et large, habituellement ver­ticale par rapport à la surface du vase, a, en plus d'une ligne verticale saillante, sur sa surface, deux proéminences à sa partie supérieure (pi. XXV, fig. 6). Comme nouvel exemple de l'étroite liaison qui existe à Sultana entre la céramique et la plastique,

Fig. 14.

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nous citerons un fragment qui a pour rosace la représentation plastique et expressive d'un animal qui meugle (PI. XXVI, fig. 1). La ligne du front se profile comme une proé­minence horizontale allongée et effilée; de même, les cornes, massives, assez clairement indiquées par dessus et par les côtés des orbites des yeux; de même encore le mu­seau prolongé, avec la gueule entr 'ouvertc. Ce fragment a été trouvé à 1 m 20 de profon­deur.

Dans la présenta­tion du matériel céra­mique, les formes con­stituent un meilleur critérium que la technique. Mais le complément des deux c'est

l'ornement.

il 10

PI. XXIII.

* *

plus ou moins

L'ornementation.— Quand j ' a i passé en revue les formes céra­miques de Sultana, comme on l'a vu plus haut, j ' a i cru qu'il était bon de mentionner toujours l'élé­ment ornemental des différentes formes que j 'ai choisies comme les plus caractéristiques.

^ ^ ^ ^ ^ w wf3T- Habituellement, une tech-\ ^ ^ 6 nique commune et à des formes

r?*J' J-fiiÉfi courantes correspondent aussi des ornements de même valeur. Il y a aussi des exceptions, mais elles sont rares.

Nous avons vu ainsi comme éléments ornementaux: des cein-turettes alvéolaires et d'incrusta­tions parallèles ; de plus ou moins grandes proéminences, qui servent de points de départ aussi à des ceinturettes ; certains ornements sont dus au simple passage de la main sur la pâte encore humide; d'autres sont constitués par des égratignements ou des incisions

régulières, partant du fond et allant en s'amincissant vers l'orifice du

PI. XXIV.

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I. ANDRIKSIx l

vase. D'autres (ois, la dispersion de proéminences en nombre beaucoup plus grand qu'il n'est utile (deux ou quatre), sur la surface du vase, constitue également un orne­

ment, au sujet duquel nous ajouterons qu'il est d'autant plus na­turel, que dans notre milieu archéologique, néolithique, énéolithi-que et du bronze, la céramique à proémi­nences est particulière­ment bien représentée. Nous avons ensuite no­té des raies et des côtés obliques, et parallèles ou bien verticaux et en­core parallèles, plus on moins distants ; nous ne risquons guère en disant qu'on doit voir dans cet ornement l'o­rigine des vases dits

PI. XXV.

côtelés, en argile et métalliques, qui ont paru plus tard 1) , ensuite des groupes d'incisions parallèles constituant des bandes, etc.

Maintenant se pose la question : com­ment se présente la céramique de Sultana, cette fois-ci sous le jour de tous les éléments ornementaux — dont nous n'avons vu que quelques-uns — par rapport à la variation des formes de vases?

La classification qui me semble la plus logique et en harmonie avec le milieu ar­chéologique dans lequel nous nous trouvons, serait la suivante:

1. Une première catégorie, la mieux re­présentée dans l'étendue de- la couche que nous avons appelée couche de civilisation, correspondant plus ou moins à celle que nous avons présentée en premier lieu, au point de vue de la technique et de la forme.

C'est la catégorie céramique qui, au point

' ) F. Courby: Les vases grecs à reliefs. Paris, 1922,

5LJ

PI. XXVI.

p. I9.'5.

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de vue de l ' o rnement aussi , est plus ancienne en d ' au t res endroi ts de nos régions qu ' à Su l t ana , de m ê m e qu'el le persiste dans les mêmes régions géographiques long­t emps après le t emps ou l 'époque auque l ou à laquelle appa r t i en t Su l t ana .

2. Sans pouvoir la séparer de la première d 'une manière t r a n c h a n t e , la deuxième catégorie cé ramique de Su l t ana comprendra i t tous les exemplaires de vases à ornemen­ta t ion plus compl iquée et à motifs variés qui , simples en t a n t qu 'é léments compo­san t s , se p résen te comme une série ent ière d 'échant i l lons . Les vases de ce t te catégorie ainsi que deux de la première catégorie se d i s t inguent t rès n e t t e m e n t des catégories su ivan tes . Il ne m a n q u e toutefois pas des t r a i t s souven t répétés de filiation stylis­t ique que nous men t ionnerons . Ce t t e catégorie est éga lement bien repré­sentée , sans posséder la diffusion de la première .

3 . Le g roupemen t de tous les exemplai res céramiques de Su l t ana à o rnemen ta t ion à incisions en ban­des, s u r t o u t en spirales, vases mono­chromes , mais aussi pe in t s , en une t rois ième catégorie , me semble s'im­p o s e r ; enfin,

4 . P lus res t re in te , quan t i t a t i ve ­m e n t , que tou tes les catégories an té ­r ieures , la dernière comprendra i t les exemplai res céramiques à pa t ine et à couleur , qu i , aussi bien sous le r appor t t echn ique que sous celui de la forme et de l ' o rnementa t ion , repré­sen ten t à Su l t ana un m a x i m u m de perfect ion. Cet te perfection corres­p o n d a n t au n iveau le plus bas , au

po in t de vue s t r a t ig raph ique , où ces échanti l lons céramiques ont été t rouvés , comme nous l ' avons ind iqué plus h a u t , nous obligera à y revenir , pour chercher l 'explication la plus plausible .

Commençons , pour le m o m e n t , par quelques détails pour chacune des catégories é tabl ies .

Il est v r a i m e n t r emarquab le de voir, comment , avec des moyens simples, le ma î t re -pot ier préh is tor ique s'efforce toujours à donner à ses produi ts une o rnementa t ion la plus var iée possible. Le procédé technique , la disposition et le mot i f va r ien t t rès souvent ; la symét r i e des par t ies des vases, par t ies presque toujours soulignées, est u n vra i canon . Le moti f et l 'échant i l lonnage var ien t cons t amment , quoique le procédé et m ê m e l 'é lément o rnementa l soient presque toujours les mêmes .

PI. XXVII.

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I. INDRIEÇESCU

Nulle pa r t comme dans nos régions, e t cela se confirme une fois de plus à Su l t ana , la prédilection pour le détai l o rnementa l ne présente c o m p a r a t i v e m e n t des formes plus variées et plus rapprochées , comme in ten t ion et comme espri t inventif, de l ' a r t populaire de no t r e t e m p s .

Plus ou moins h a u t sur le bord des vases , n o t a n t ou bien ind iquan t a p p r o x i m a t i ­v e m e n t la ligne de leur col, de simples ce in tu re t t e s se d é t a c h e n t o rgan iquemen t de la p â t e du v a s e — ce in ture t t es non superposées , il y a aussi de celles-là; sans ê t re pareilles comme t r ava i l , les ce in tu re t t e s sont p resque ident iques comme effet (pi. X X V I I , fig. 1 — 3).

Les lignes obliques qui se dé t achen t en relief et sont dues au passage des mains sur la p â t e encore crue, ne p a r t e n t qu ' excep t ionne l l ement du bord m ê m e du vase (pi. X X V I I , fig. 4) . Sur les vases un peu plus soigneusement ouvrés et avec des par t ies d 'un con tour plus précis , ces lignes légèrement en relief s ' é ta lent sur le corps seu lement , soit qu 'el les p a r t e n t ou non d 'une proéminence , soit que d ' au t r e s lignes les accom­p a g n e n t (pi. X X V I I , fig. 5 — 7).

La ligne vir tuel le du m a x i m u m de ro tond i t é des vases est souven t soulignée p a r une g rande proéminence , qui t rès p robab l emen t se répè te , au moins une fois. Le ma î t r e pot ier s ' a r rangea i t alors de telle manière q u ' u n ornement t o m b â t ver t ica lement sur la pa r t i e supér ieure du vase au milieu m ê m e de la p roéminence et q u ' u n e ce in tu re t t e alvéolaire l ' a ccompagnâ t ob l iquement sur la pa r t i e inférieure, en p a r t a n t de l ' ex t ré ­mi té droi te de la m ê m e proéminence . L ' o r n e m e n t de la pa r t i e supér ieure du vase est composé d 'une ligne méd iane légèrement en relief, qu i , d ' un côté (le dro i t ) , p rend la forme d 'une b a n d e (pi. X X V I I , fig. 8).

Généra lement , la pa r t i e inférieure des vases est moins minu t i eusemen t t r a i t ée , e t cela fait q u ' u n o rnemen t ob tenu de la m ê m e façon que le p récéden t ( p a r t a n t de l 'anse à b o u t o n , percé ve r t i ca lement ) , se dé tache c la i rement sur le corps du vase , qui n ' a subi aucun t r a i t e m e n t spécial (pi. X X V I I , fig. 9).

U n f ragment de pe t i t e coupe , so igneusement ouvré , nous présente l ' o rnement le plus simple p o u v a n t résul ter d ' une rangée de c reux régul iè rement et e x a c t e m e n t ronds , au-dessus de la ligne idéale s épa ran t la pa r t i e supér ieure de la coupe de l ' infér ieure ; l ' o rnement n ' e s t d 'ai l leurs nu l l emen t naïf (pi. X X V I I , fig. 10).

A Su l t ana , l ' o rnement r é s u l t a n t de l ' a l ignement , sur le corps du vase , soit d ' une proéminence (pi. X X V I I , fig. 4) , soit d 'une proéminence en forme d 'anse , g rande e t large, d 'où p a r t une ce in ture fo r tement profilée, qui se répè te sû r emen t aussi du côté absen t (pi. X X V I I , fig. 12), soit enfin du doub lemen t ou du t r i p l emen t des p roémi­nences , accompagnées ou non de lignes en relief (pi. X X V I I , fig. 14 et 15), cet orne­m e n t , disons-nous, est p lus ancien, p lus naïf et t rès f réquent , mais nu l l ement s téréo­t y p e . U n a u t r e f ragment nous m o n t r e (pi . X X V I I , fig. 13), u n e l igne du col précise, une ce in tu re t t e avec laquelle commence la ligne de panse du vase , ce in tu re t t e accom­pagnée de lignes légèrement en relief, qui sans dou te o rnen t le corps du vase .

La va r i a t ion o rnemen ta l e con t inue . Sur le f ragment marg ina l d ' un pe t i t vase , une proéminence présen te l ' aspect d 'une figure h u m a i n e ou an imale (pi . X X V I l I , f i g . 1), ce qui est éga lement possible à Su l t ana . Le plus souven t rev iennent toutefois les p ro­éminences simples ou à peine approfondies , dans les pe t i t s vases , avec ou sans ceintu­re t tes et lignes inégalement en relief (pi. X X V I I I , fig. 2—4, 7—9, 12 et 15). Sur un a u t r e

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LES FOUILLES DF SULTANA

fragment marginal (pi. XXVII I , Kg. 6) les lignes obliques sont plus rares et plus en relief que sur le fragment marginal de la planche XVI, fig. 5. L'avant-dernier fragment men­tionné (pi. XXVII I , fig. 5) présente aussi de l'intérêt par le fait que les lignes en re­lief sont obliques de gauche à droite et tracées sans aucune considération pour la symétrie des proéminences ; de pareils cas sont rares.

Les lignes en relief, légèrement obliques ou verticales, arrivent enfin à constituer de véritables petits registres (si l'on peut ici utiliser ce mot) en lesquels est répartie, avec une remarquable symétrie, toute la surface du vase et particulièrement la sur­face supérieure, (pi. XXVII I , fig. 13, 14 et 23). La pâte et la nature du travail de l'ornementation sont d'une même simplicité. Les proémi­nences, quand il y en a, sont d'anci­enne facture. Nous nous trouvons toutefois, et sans doute, en des temps très avancés au point de vue de la culture ; ces temps sont encore illus­trés par deux autres fragments à proéminences et à raies saillantes, partant obliquement ou verticale­ment des proéminences (pi. XXVII I , fig. 11 et 18). Nous arrivons ainsi aux vases dont les panses ne son! ornementées que par de semblables raies saillantes, parallèles et plus ou moins proéminentes. Un semblable fragment, de bonne cuisson' (pi. XXVII I , fig. 19), mais en pâte com­mune, a des parois assez épaisses ; sa découverte dans les couches infé­rieures de la station concorde com­plètement avec tout ce que l'on a trouvé à des niveaux supérieurs. L'o­rigine néolithique et énéolithique de la céramique côtelée est mise une fois fait concluante.

Des observations tout aussi intéressantes au point de vue du caractère général archéologique, nous sont offertes à Sultana, d'un côté par l'ornementation d'incrusta­tion et de fouille en profondeur, et, de l'autre, par l'ornementation à ceinturettes. Nous avons, en passant, donné un aperçu sur l'emploi des deux procédés. Il est évident que leur maximum d'utilisation ne pouvait tendre qu'à recouvrir de l'un ou l'autre de ces ornements, la plus grande partie de ces vases. L'amour de la variation inter­vient ici également, surtout en ce qui concerne le premier ornement cité, et nous amène à des motifs nouveaux, inconnus jusqu'à Sultana, lesquels trouvent leur explication avec toutes les données stylistiques convaincantes, allant du plus ancien au plus

PI. XXVIII.

de plus en évidence d'une manière tout à

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I. WDKIKSKSCr

nouveau, du plus ancien au plus récent, du supérieur à l'inférieur ou dégénéré, du plus complexe au plus simple.

Cette fois aussi, ce qui est inférieur ou dégénéré ou plus simple indique, à Sultana, ce qui est plus nouveau ou plus haut placé dans la terre; ce qui est supérieur et plus complexe est plus ancien et a été trouvé plus profondément dans la terre. D'autre part, ni le fil d'évolution du plus simple au plus complexe et du plus ancien au plus nouveau, n'est trop difficile à reconnaître; il est bien entendu qu'à ce point de vue et surtout pour cet ornement, les données de Sultana ne sont qu'un commencement.

Alors qu'un fragment marginal ayant un commencement de lobes (pi. X X V I I I , fig. 10), ou un autre n'en ayant pas (pi. XXVII I , fig. L6), ne possède,— peut-être tous les deux — que des dentelures ornementales sur le bord, la plupart des autres présentent semblable ornementation aussi sur le corps des vases, soit à la ligne de séparation du col d'avec le corps, soit en rangées sur une grande partie du corps· Avec des détails approximativement semblables, les motifs diffèrent toutefois. Lorsque seul le bord du vase et la ligne du col sont dentelés, le motif est tout autre (pi. XXVII I , fig. 17 et 20) que celui où un ornement semblable se répète au-dessus et au-dessous de cette même ligne; cette répétition, plus irrégulière, est accompagnée, dans un cas (pi. XXVII I , fig. 27), de plusieurs lignes en relief tombant perpendiculairement sur la ligne précitée; la même répétition peut aussi être plus régulière, formée de deux rangées de petits trian­gles à pointe tournée vers le bas (pi. X X I X , fig. 4). Ce crénelage ou cet approfondisse­ment, loin d'être exécuté de la même manière, varie volontairement. Une rangée de creux plus longs (pi. XXVII I , fig. 24) ou bien une autre rangée de semblables creux pointus en haut et en bas (pi. XXVII I , fig. 25) diffère beaucoup d'autres rangées obli­ques et de forme presque triangulaire, et peu importe si ces dernières (pi. XXVII I , fig. 26 et 28) sont interrompues par une proéminence de même espèce, bien que les frag­ments appartiennent à des vases différents. Sur un autre fragment (pi. X X I X , fig. 1), les rainures creuses sont régulièrement triangulaires avec la pointe tournée vers le bas. Les rangées creuses sont, dans un autre cas (pi. X X I X , fig. 5), plus denses et moins régulièrement géométriques, pour varier, d'autres fois, par la flexion des têtes (pi. X X I X , fig. 2), et, dans un troisième cas, par la flexion, avec certaine régularité, des creux li­néaires et parallèles dans la pâte encore molle du vase avant qu'il fût cuit (pi. X X I X , fig. 6). D'un détail infime le maître-potier essaie de faire — et il y réussit — un élément ornemental varié et original. Les variantes sont nombreuses, soit que les lignes s'amin­cissent et s'allongent, tout en s'incurvant un peu (pi. X X I X , fig. 3), soit qu'elles se rapprochent à nouveau de la forme triangulaire (pi. X X I X , fig. 7 et 8) ; soit qu'excep­tionnellement de pareils creux parallèles et verticaux soient coupés, en leur moitié, d 'autant de lignes horizontales (pi. X X I X , fig. 11). En un seul cas, l'ornement, similaire en principe, n'est constitué que de lignes d'incision qui, entre elles, en laissent autant d'autres en relief (pi. X X I X , fig. 15).

Il est tout naturel que de pareils creux se répètent. Beaucoup plus que les cein-turettes, elle arrivent à occuper la plus grande partie de la surface du vase (pi. X X I X , fig. 12, 14, 19 et 20). L'ornement est naturellement beaucoup plus varié, quoique le procédé diffère légèrement d'un cas à l 'autre. Que l'on compare, par exemple, les frag­ments pi. XXVII I , fig. 21 (la ceinturette symétrique qui accompagne la proéminence se répète, comme celle-ci d'ailleurs, au moins encore une fois et tout au plus encore

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LES FOUILLES DE SULTANA

trois fois) et 22 ou pi . X X I X , fig. 9, avec les fragments de la planche X X I X , fig. 12, 13 et 16. Nous pouvons considérer le dernier fragment cité comme un exemple d ' é t ro i t e liaison ex is tan t en t re la technique de l 'ornement de profondeur et les cein-turettes.

Il est év ident , de même , que , bien que d 'un effet différent, cer ta inement voulu, d ' au t r e s f ragments (pi. X X I X , fig. 10 et 20) por ten t des creux, faits dans la p â t e en­core molle du vase , qui , l 'un serré contre l ' au t re , faisaient saillir ent re elles a u t a n t de

raies proéminentes , semblables à celles d 'une ce in ture t te . Nous a-vons, une fois de plus , l 'occasion de consta ter une étroi te logique décorat ive dans ces modestes pro­dui ts de l ' industr ie humaine . Avec des moyens des plus simples, on réalise des ouvrages toujours meil­leurs, déno tan t un vér i table sens plast ique et a r t i s t ique .

Moins capables de var ia t ion , l ' o rnemen t de ceinture t tes est abandonné pour les meilleurs pro­dui ts de céramique. On emploie, par contre , d ' a u t a n t plus sou­ven t , le procédé de dente lure e t de creusement , soit qu ' i l ait la forme de paranthèses (pi. X X I X , fig. 17 et 22), soit qu ' i l ai t celle de points d 'exc lamat ion sans poin t , soit celle de rangées de pe t i t s t r i ­angles, la pointe tournée vers le bas , plus ou moins parallèles (pi. X X I X , fig. 24). Comme un te l o rnement é ta i t , t echn iquement dif­ficile à réaliser sans uti l isat ion de certaines lignes horizontales de di­rection t o u t au tou r du vase, pour

évi ter le m a n q u e de parallél isme des ornements de tous les vases cités plus h a u t , il a fallu procéder en conséquence. E t alors, ou l 'on a t racé d i rec tement des lignes horizon­ta les , qu i , de m ê m e que l 'o rnementa t ion composée de simples creux presque ronds qu'el les enfermaient , é ta ien t emplies d 'une pâ t e blanche — les cas sont t rès rares (pi. X X I X , fig. 18), ou bien l 'on a procédé beaucoup plus habi lement , d 'une manière plus raffinée même — et c'est le procédé, compara t ivement le plus utilisé à Sul tana — en t r a ç a n t les lignes horizontales de direction de telle façon, que, vue de profil, la par t ie o rnemen ta le du vase se présente comme une rangée de sor tants et de r e n t r a n t s super­posés , m a r q u é s de ces signes de parenthèse don t nous avons par lé (pi. X X I X , fig. 17, 22, 23 , 25 , 26, 28, 29 — 32). Ces dentelures , disposées l 'une derrière l ' au t re , coupent plus

é. fit 30 31 " ^ 2 53

PI \ \ l \ .

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I. ANDRIKÇESCU

ou moins régulièrement (en tous cas beaucoup plus régulièrement que d'après le pro­cédé précédent) une grande partie du vase (pi. X X I X , fig. 32 et pi. XXV, fig. 2), ou même sa plus grande partie (pi. X X I X , fig. 31). Si les lignes horizontales de direction sont creusées plus négligemment, l'ornement en souffre comme symétrie (pi. X X I X , fig. 20), avec une exception explicable lorsque le vase est tout petit (pi. X X I X , fig. 27 et X X I I , fig. 9). Au contraire, lorsque les creux horizontaux ont été tracés avec assurance et profondément, l'ornement arrive à se présenter comme dans le fragment (pi. X X I X , fig. 28), où un creux avec un clair ornement de fermeture de la parenthèse alterne avec un autre, inverse, d'ouverture du même signe. L'effet est le même que celui de l'ornement auquel les archéologues allemands ont donné le nom de falsches Schnurornament, mais celui de Sultana est plus complexe, dont les élé­ments sont, je crois, ceux que nous avons présentés.

Nous arrivons ainsi à un ornement tout à fait à part dans le cadre de l'archéo­logie de la Dacie, ainsi que de l'Europe du Sud-Est, dont quelque fragments vont nous servir d'exemples, les uns marginaux, un autre d'un petit vase presque entier, trouvés — notons-le — dans la couche la plus basse de la station de Sultana. Nous les présentons, d'après ce qui vient d'être dit, dans cette succession même, du moins profond au plus profond (pi. X X I X , fig. 30 — 32; puis fig. 29, 33 et 34; enfin pi. X X X , fig. 1 — 17 et X X X I , fig. 4). Il est à remarquer, qu'aux points de vue technique et de la forme, nous avons dépassé depuis longtemps les possibilités des premiers groupes céramiques établis plus haut et que nous nous trouvons en présence de quelques-uns des meilleurs produits céramiques de Sultana.

De quoi se compose l'ornement qu'ils portent? Eu égard aux éléments de filia­tion stylistique indiqués plus haut, la réponse ne semble pas trop difficile. II y a certes et en premier lieu ces signes de parenthèse parallèles entre eux, que nous avons vus plus haut (plus haut aussi comme niveau), en rangées sur la surface des vases et disposés de manière d'autant plus régulière, que les lignes horizontales de direction ont été mieux tracées. Nous retrouvons le même ornement sur trois frag­ments exécutés très simplement (pi. X X I X , fig. 29, 33 et 34). Il est évident que pour des vases de plus en plus parfaits, l'ornement prend des aspects variés ; le prototype reste le même. Ce sont tous les mêmes signes de paranthèse mis bout à bout (par exem­ple pi. X X X , fig. 3, 7 et 12), reliés entre eux avec habileté. Deux fragments nous don­nent surtout une preuve éclatante de la finesse du matériel employé et du fini du tra­vail (pi. X X X , fig. 5, ou pi. XXV, fig. 4 et pi. X X X , fig. 17 ou pi. X X I I , fig. 18).

Si nous ajoutons à cela la présence du même ornement sur une forme comme celle représentée par la fig. 3 de la pi. XXV et 4 de la pi. X X X (piriforme et avec des proéminences, forme et accessoires également caractéristiques de la Dacie et du Sud-Est), et le fait que, dans un autre cas (pi. X X X , fig. 16), nous trouvons le même ornement à côté d'un autre peint sur le col du vase (fait caractéristique pour cette époque à la Dacie et au Sud-Est), l'ornement dont nous parlons plus haut, nous apparaît comme organiquement lié à notre milieu archéologique et parmi les plus beaux produits de l'époque néolithique et énéolithique de la Dacie. Ce sont d'ailleurs les moins nombreux.

Ils ont, pour la plupart, de toutes petites formes et ont été fort probablement employés aux rites religieux.

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LES FOUILLES DE SULTANA

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Mais la céramique de Sultana compte encore deux séries de produits qui, se dis­tinguant de ceux qui viennent d'être vus, surtout comme décor ( en partie aussi comme tech­nique ), nous ont obligés à les grouper à par t : une céramique à bandes, linéaire, spiralo-méandri-que, monochrome, avec peu de traces d'ornementation par in­crustation de pâte blanche ; enfin, une céramique peinte de deux manières : l'une plus primitive, sous tous les rapports, utilisant comme motif le même ornement spiraloïde antérieurement cité ; un deuxième genre, qui ne peut s'ex­pliquer sans la préexistence du premier, comprenant des produits d'une distinction technique, de formes et d'ornements parmi les plus parfaites des temps préclas­siques. Connus dans toute la Dacie et dans tout le Sud-Est de l'Eu­rope, aucun de ces groupes n'a livré à Sultana des formes tout à fait neuves, à l'exception du dernier sous-groupement cité. Toutefois les conditions dans lesquelles la trou­vaille a été faite en rapport avec les autres détails (forme, technique, ornement) sont particulièrement intéressantes et nous

amènent à poursuivre l'examen avec quelque minutie. Le niveau in­férieur au point de vue stratigraphique auquel nous nous trouvons, ni­veau au-dessus duquel passent quelques pro­duits de l'avant - der­nier groupe — la plu­part n'y passant pas, ceux du dernier grou­pe n'y passant pas du tout—toutes ces don­

nées sont surtout destinées à susciter une ardente discussion en ce qui concerne

PL XXX.

PI. XXXI.

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I. WDKIKSI' .Sd

remplacement que ce genre de céramique occupe à Sultana, comparativement à d'autres stations préhistoriques de la Dacie et du Sud-Est. Or, dans cet ordre d'idées, Sul­tana n'est qu'un commencement.

D'une technique souvent assez soignée, sans dépasser, bien entendu, une certaine limite, qui est très éloignée, et de la qualité technique de la céramique à ornements en forme de parenthèses, et de celle du dernier groupe établi, la céramique de l'avant-dernier groupement possède des formes qui, loin de différer d'une manière remarquable de celles des autres groupes, se rapprochent au contraire de beaucoup d'entre elles. Nullement empreinte de distinction, elle nous donne souvent l'impression d'une céra­mique destinée à un usage commun, ou à une population assez rustre et besogneuse. Cette impression se dissipe quand la spirale intervient, puis elle fait place à une impres­sion nouvelle de véritable luxe et de raffinement lorsque nous examinons les formes ainsi que l'ornementation intérieure et extérieure des exemplaires céramiques du dernier groupe. Nous allons donner quelques exemples de chacun:

Très souvent, des groupes d'incisions linéaires, parallèles entre elles et obliques, ou verticales comme direction, recouvrent, dans un entrecroisement varié, tout le vase ou du moins une grande partie de sa surface (pi. XXX, fig. 20, 21, 27 et 32).

De même que dans la manière primitive, établie plus haut et à laquelle les hommes sont revenus après l'époque de vie supérieurement florissante d'ici, ce genre de lignes se retrouve dans des angles plus ou moins réguliers (pi. X X X , fig. 20 — 26). Il est à remarquer que l'un des fragments (pi. X X X , fig. 20) possède une proéminence qui certainement devait se répéter; qu'un autre (pi. XXX, fig. 24), bien que plus grand et plus grossier, est identique, coin me profil, au splendide fragment à ornements en parenthèses cité plus haut (pi. X X X , fig. 17 et pi. X X I I , fig. 18), et que deux autres (pi. XXX, fig. 25 et 26) ont, elles aussi, des proéminences. Rien de plus naturel qu'à Sultana, comme ailleurs, de pareils incisions soient groupées en véritables bandes, plus étroites ou plus larges (pi. X X X , fig. 18, 28 et 31 ; pi. XXXT, fig, 3, le profil pi. X X I I , fig. 12). L'ornement d'une anse (pi. XXX, fig. 29), avec une ligne médiane verticale et d'autres obliques en angle, parallèles entre elles, n'est pas moins familier. Et l'ornement à incisions profondes verticales et obliques (pi. X X X I I , fig. 3 et 4, le premier appar­tient au corps d'un vase) est tout aussi peu étranger. Plus rarement qu'ailleurs, et notamment dans les parages Ouest de la Dacie, ces ornements se sont montrés par­fois emplis d'une couleur blanche ' ) , comme cela est visible sur un fragment de vase minuscule, mais soigneusement ouvré (pi. X X X , fig. 30). Cette fois-ci, l'ornement se trouve sur la partie intérieure du vase, ce qui est d'usage assez courant en Dacie et dans notre Sud-Est ; extérieurement, l'ornement est beaucoup plus simple ; simples aussi les dentelures de la base, lesquelles sont emplies de couleur blanche (pi. X X X I , fig. 2 et le profil pi. X X I I , fig. 17).

L'ornement en spirale est assez bien représenté à Sultana; celui en méandres ne l'est pas du tout.

Au point de vue des variations de l'ornement en spirale, nous avons noté, à Sul­tana, les variantes suivantes:

Des bandes spirales, composées de deux incisions parallèles profondes, bandes

1) Voyez aussi pi. XIX, fig. 3—6.

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LES FOUILLES DE SULTAINA

qui sont remplies d'autres incisions, plus ou moins régulières (pi. X X X , fig. 34-37; pi. X X X I I , fig. 2, 7, 9 et 11).

L'ornement spiraloïde résulte du groupement de deux ou plusieurs creux ou d'in­cisions spirales parallèles, qui entourent toute la rotondité des vases (deux incisions profondes, pi. X X X I I , fig. 1; quatre minces, pi. XXXII , fig. 5).

D'autres fois, l'ornement spiraloïde est plus schématique et résulte de creux en spirales assez soigneusement tra­cés sur les parois des vases (pi. X X X , fig. 33).

Une catégorie à part est for­mée tout naturellement par les cas où l'ornement est en spirale mate, en bande en léger relief, laquelle contourne les parois des vases. Maintenant la surface res­tante des vases est laissée sans aucun ornement (pi. X X X I I , fig. 12) ou laissée sans aucun soin (pi. X X X I I , fig. 13) ; d'autres fois elle est recouverte de lignes légèrement incisées, plus ou moins régulièrement (pi. X X X I I , fig. 14, 15 et 17 ; pi. X X X I I I , fig. 16 et 17).

Parmi ces fragments, l'un spé­cialement (pi. X X X I I , fig. 17) laisse se détacher l'élément spirale d'une manière très claire, avec un luisant mat, par rapport à la face du vase grattée sans ordre. En­core plus fortement profilée est la bande spirale d'un autre frag­ment (pi. X X X I I , fig. 14).

Il est plus rare de voir, toujours sous l'influence de l'ornement spirale, dans une des variantes ci-dessus, la partie supérieure du vase, au-dessous de la ligne du col, laquelle est ceinte d'une bande remplie de légères incisions (pi. X X X I I , fig. 6).

Il est également rare de voir à Sultana des incisions courbes, d'ailleurs peu ré­gulières, accompagner une bande visible sur l'intérieur d'un petit vase plat (pi. X X X I I , fig. 19) ; son extérieur, au rebord droit, est orné non seulement de courtes dentelures de la ligne séparant le col du corps du vase, mais encore d'incisions obliques (pi. X X X I , fig. 1).

L'ornementation d'un fragment de grand vase (pi. X X X I I , fig. 10) est schéma­tique, toujours en spirale et du même genre.

Enfin, le seul exemple d'ornementation à méandres, qui ait été fourni par Sul­tana, est constitué par un fragment de grand vase (pi. X X X I I , fig. 8) sur lequel

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7 Dacia l 1924.

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T. ANDRIEÇESCU

l 'o rnement pr incipal , de te in te m a t e , compris en t re des lignes incisées, d 'ai l leurs peu précises, est. en touré , sur la surface du vase, d 'un ornement linéaire obl ique, composé de groupes de deux lignes profondément incisées, à égale d is tance les unes des au t res , groupes séparés , eux aussi , p a r d ' au t r e s incisions plus légères, presque paral lèles .

Non moins in téressantes me semblent les différences que nous devons é tabl i r en ce qui concerne l ' o rnementa t ion , au poin t de vue , ce t te fois, d 'un é lément impor­t a n t , qu i s 'est révélé à S u l t a n a : la couleur. À ce sujet , nous pouvons no te r les va ­r ia t ions s u i v a n t e s :

1. Lorsque l'ornement, techniquement constitué, comme il a été dit plus haut, se compose d'une bande emplie d'incisions plus ou moins régulières et quand cette bande est emplie d'une couleur d'ocre mat, le reste du vase ayant une patine légère habituelle à l'énéolithique de nos régions, jusqu'en plein âge du bronze.

2. Lorsque l'ornement, toujours en spirale, est beaucoup plus soigné, mais aussi beaucoup plus compliqué. Le maître potier s'est arrangé pour que l'effet ornemental fût double: d'une part, celui de l'ornement spiraloïde est recouvert d'ocre m a t ; d'autre part, celui de la surface légèrement patinée est recouverte d'incisions parallèles de ca­ractère également spiraloïde (pi. X X X I I I , fig. 24). Il est très probable que ces incisions étaient remplies de blanc ; nous en avons la preuve par deux fragments plus petits (pi. X X X I I I , fig. 22 et 23), où la bande en spirale est coloriée de la même façon et serrée entre des incisions remplies d'une matière blanche. Enfin :

3. Une troisième variation sous le rapport de l'emploi de la couleur, serait celle — peu représentée à Sultana — dont un exemple est fourni par le petit vase déjà mentionné quand il s'est agi des formes (pi. XVII , fig. 8 et pi. XVII I , fig. 5). L'orne­ment est constitué par des zigzags verticaux faits en ocre et qui, parallèles entre eux, tout autour de la surface du vase, laissent voir assez clairement cette surface patinée légèrement, de la manière bien connue. Ne pas omettre, à cette occasion, le détail de la forme spécifique du Sud-Est, de même que les proéminences de ce vase.

Nous avons aussi un cas (pi. X X X I I , fig. 16) inverse, où l'ornement principal, de caractère spiraloïde, est constitué non pas par la couleur de la surface, mais où il fait partie de la surface légèrement patinée du vase, laquelle est coloriée en somme par une terre, qui n'est en tout qu'un enduit primitif; l'intention du coloriste est claire toutefois.

Deux fragments de supports de Sultana (pi. X X X I I I , fig. 19 et 20) ont aussi de larges bandes horizontales, couvertes d'ocre, sans lignes de délimitation marginale.

La composition de la pâte, dans tous les cas ci-dessus, est relativement très simple et, à l'exception de la patine, n'a rien de la finesse, de la pureté et de la résonance de la dernière catégorie de céramique peinte, à laquelle nous arrivons (pi. X X X I I I , fig. 1 — 1 5 , 18 et 21), céramique représentant tout ce qui a été réalisé de plus parfait, sous ce rapport, à Sultana.

De formes toujours petites, ce qui leur enlève tout caractère utilitaire commun, en forme de timbale, de coupes au bord droit, plus ou moins haut, tous ces exemplaires, petites écuelles, coupes plus hautes ou petit vases piriformes, au rebord plus haut, ont sur leur surface bien patinée, un ornement linéaire et spiraloïde qui recouvre, avec une réelle délicatesse, la surface et, chose remarquable, aussi leur intérieur (pi. XXXIIT, fig. 1—3, 5, 6 et 12).

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LES FOUILLES DE SULTANA

D 'au t r e s fois, le ma î t re pot ier se contente de formes élégantes et d'une surface bien pa t ine r , sans aucun o rnement (pi. X X X I I I , f i g . 7, 3 , 11 et 14), t ou t au plus , comme dans le dernier cas , d ' incisions sûres, radiales, sur la par t ie inférieure. Les incisions, exé­cutées de la manière indiquée an té r ieurement , plus irrégulières, remplissant les bandes , ne sont toutefois pas exclues (pi. X X X I I I , fig. 18), ce qui est éga­lement significatif. La couleur est légère sur le mot i f en spirale, s ty­lisé ou l inéaire, se dé tache clai­rement de la surface des vases . Les f ragments sont malheureu­sement p e t i t s ; on ne dis t ingue q u ' u n e spirale de vo lu te sur l 'une d ' en t re eux (pi. X X X I I I , fig. 15). ^

E n résumé et é t a n t donné les condi t ions s t ra t ig raph iques où elle a été t r ouvée , la céramique de Su l t ana p e u t ê t re divisée en trois g rands groupes , qui , en dehors des considérat ions et des probabi l i tés s tyl is t iques de détai l , résumera ien t les aspects de la cul ture en ces l ieux. Ces groupes sont les sui­v a n t s .

1. Une céramique commune , monochrome avec des ornements linéaires et des proéminences , cé­r amique occupan t t ou t e la période de cu l tu re .

2. Une céramique spiralo-m é a n d r i q u e , p ropor t ionnel lement beaucoup plus res t re in te , incisée et peinte .

3 . La céramique à ornements en forme de parenthèse , avec laquelle, comme avec le dernier groupe de la céramique peinte , se clôt le plus ancien et le plus i m p o r t a n t chap i t re de la cul ture en cet te région et les hommes re tournen t à leur vie antér ieure , sans manifes ta t ions supérieures.

PI. XXXIII.

Au po in t de vue p las t ique , le résul ta t des fouilles de Sul tana est une pe t i t e col­lection de figurines en te r re cuite et en os. Nous en comptons 25 en ter re cuite (14 huma ines et 11 d ' an imaux) et 6 en os, un iquement humaines . De m ê m e que p a r t o u t ailleurs où de telles découver tes ont été faites, les figurines en ter re cuite sont , é t a n t donné leur composi t ion, moins conservées que celles en os. P a r m i celles en te r re cui te , cer ta ines ne conservent que la t ê t e , d 'aut res le torse en t ie r ; une seule est

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I. ANDIUKÇKSCU

intacte. Deux ont la partie inférieure complète ou facile à reconstituer. On a égale­ment trouvé 3 fragments de pieds, très probablement humains.

La tête d'une de ces figurines (haut. 0,057; larg. 0,037), n'a qu'une ligne en relief à l'emplacement du nez et 4 petits trous de chaque côté latéral (pi. XXXIV, fig. 1 et pi. XXXV, fig. 1). On a découvert cette pièce au niveau de la case B5, à 0, 80 au-dessous de la surface 1) .

La tête d'une autre de ces figurines (haut. 0,052 ; larg. 0,037) est beaucoup plus détaillée, ayant 3 petits trous irrégulièrement placés sur les côtés, le nez proéminent

PI. XXXIV.

et aquilin, une fente à l'endroit de la bouche, et enfin les orbites, dont l'une plus pro­fonde que l'autre (pi. XXXIV, fig. 2 et pi. XXXV, fig. 2). Le cou est indiqué par deux incisions horizontales, mais de face seulement. Rien que de face également on aper­çoit quelques incisions obliques, irrégulières, qui entrecoupent la ligne du cou et re­présentent très probablement des bijoux ou parties de vêtement. Trouvée au-dessous de B6 ' "> à 1 m 20 profondeur.

Plus près de la surface, au niveau de la case B5 et dans ses environs on a trouvé la partie supérieure d'une autre figurine (haut. 0.083; larg. 0.063), creuse; la figure

*) Une autre, de moindres dimensions, est moins et la même ligne nasale au centre de la figure, soigneusement travaillée, mais a les 4 mêmes trous

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ne se reconna î t qu ' à la proéminence de la courbe nasale. Les b ras , sans être brisés, sont seu lement i n d i q u é s ; pas d ' indicat ion de sexe (pi. X X X I V , fig. 3 et pi . X X X V , fig. 3).

P a r con t re , une a u t r e figurine est complète dans sa pa r t i e inférieure, sans ê t re creuse (hau t . 0 .095 ; larg. 0 .095 ; d iamèt re de la base dans la direct ion des b r a s : 0.052), mais encore sans b ras ; la pa r t i e supérieure se rédui t à un t rou b é a n t qui pour ra i t indi­que r la bouche , avec , au milieu, une taille vert icale, le reste é t a n t informe (pi. X X X I V fig. 4 et p i . X X X V , fig. 4). Trou­vée en t re B 9 et B 1 1 , à 1 m pro­fondeur .

U n e a u t r e de ces figurines, cave à l ' in tér ieur j u s q u ' à la ligne des épaules et don t seule la pa r t i e supér ieure s 'est conservée (hau t . 0 . 0 6 5 ; larg . dans la direc­t ion des épaules et d i amèt re de la b a s e : 0,044) a la t ê t e modelée de la m ê m e façon que la pré­céden te , mais d ' un t rava i l plus grossier (pi . X X X I V , fig. 5 , e t p i . X X X V , fig. 5). L ' a rc nasal est moins accen tué et n ' a que 2 t rous de chaque côté . À l 'endroi t de la bouche , deux poin ts ronds . Les b ras m a n q u e n t . P resque au-dessous de la bouche , deux seins p roéminen t s , séparés p a r une ligne légère. T rouvée au milieu d 'A, à 0.50 profondeur .

À une profondeur plus sensi­ble (0.60), dans la même région et dans u n voisinage caractér is t i ­que (une hache en pierre avec t rou commencé , un manche en corne de cerf, etc.) on a t rouvé u n e a u t r e f igurine, ce t te fois-ci in tac te (pi. X X X I V , fig. 6 et pi . X X X V , fig. 6 et 7). El le est de forme à peu près cyl indrique (haut . 0 .073; d iamètres des bases : 0.048 e t 0.042), nez u n peu aqui l in , 2 t rous de chaque côté de la t ê t e . Celle-ci a la bouche assez bien dessinée et au-dessus deux pe t i t s points représentent t rès p robab lemen t les nar ines ; 4 au t r e s , placés ju s t e au-dessus des seins, f igurent p robab lemen t u n collier. D a n s le dos , la proéminence des fesses est légèrement marquée (pi. X X X V , fig. 7) ; ma i s , t and i s qu ' à la pa r t i e supérieure du cylindre on t rouve un enfoncement , la pa r t i e inférieure est t o u t e d ro i t e .

À une plus g rande profondeur , toujours en A, on a t rouvé le torse d 'une figurine féminine, qu i , sans t ê t e , sans bras et sans par t ie inférieure, s ' impose à no t re a t t e n t i o n

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par l'expression plastique des seins pointus et durs et une légère courbe à la ligue du ventre, également bien comprise (pi. XXXV, fig. 18).

Ce n'est pas le seul cas à Sultana. I n autre petit torse (haut. 0.065; larg. 0.043), sans tête, ni bras, ni la jambe droite (PI. XXXIV, fig. 7 et pi. XXXV, fig. 9 et 10), présente un grand intérêt du point de vue plastique, et dénote une compréhension de la natuie et un savoir-faire, non commun pour cette époque, non seulement dans ces parages, mais partout ailleurs. Bien que le seul bras qui existe soit incomplet, le restant du torse démontre d'une façon précise la figurine féminine typique, et dont le sexe, contrairement à la généralité, n'est pas indiqué par ce qu'on pourrait nommer le triangle de la vie, mais par la ligne plus accentuée du ventre, ainsi que des hanches et des fesses, mais sans exagération de la manière stéatopygique. Il est à remarquer qu'elle a été trouvée à une grande profondeur, 2 m 90, c'est-à-dire au niveau ar­chéologique de la céramique peinte.

Un autre torse, appartenant aussi aux couches profondes de Sultana, présente le même sens plastique remarquable (pi. X X X I V , fig. 8 et pi. XXXV, fig. 11 et 12). Dans la position assise, quoique la tête, les bras et les pieds manquent, la ligne du dos, des épaules et des hanches est réellement harmonieuse (haut. 0.056; larg. 0.049), Il a été travaillé et cuit assez soigneusement; il est chargé d'une légère patine couleur chair, sans que l'on puisse affirmer que cela ait été fait exprès.

En tout cas, ce genre de travail plastique est unique même à Sultana. Un peu plus haut, mais à une assez grande profondeur quand même (2 m 50), on a trouvé une autre figurine, pieds et bras brisés (pi. XXXIV, fig. 9: haut. 0.070, larg. 0.035). La tête est intacte, les yeux sont marqués par l'arcade sourcilière, le nez par une petite pro­éminence. L'œil droit est particulièrement visible, et une ligne assez profonde au-des­sous fait penser à des rides. Au-dessous de la bouche, très grande, représentée par une incision horizontale, se trouvent 4 petits trous. Les seins sont légèrement profilés. Les lignes représentant le triangle de la vie et celle du sexe proprement dit sont, par contre, très prononcées.

Dans les mêmes couches, on a trouvé 3 pieds, ayant le même aspect extérieur et cuits; il sont de la même pâte que les figurines. Le premier et le plus grand (haut. 0.085 ; larg. 0.030 et 0.032) représente la partie du bas ventre jusqu'au talon (pi. X X X I V , fig. 10). À l'intérieur il est plat. Il appartient sans doute à une autre moitié qui manque. Trouvé dans A, à environ 2 m 40.

Du second nous n'avons que la partie inférieure et la semelle (pi. X X X I V , fig. 11). Il est cave jusqu'à proximité de la plante du pied. Tout rond, il appartenait sans doute à une figurine cave. Trouvé également en A, au coin de NE, à 1 m 10 profondeur.

Le troisième, plus petit et d'un travail plus primitif (pi. X X X I V , fig. 12), a été trouvé en B, à 2 m 65 profondeur.

Chose caractéristique et que nous devons retenir, c'est que toutes les figurines humaines dont on a parlé plus haut, ont été trouvées exclusivement dans les parties inférieures de la couche de cuîture, comme par exemple à Butmir 1) , et jamais d'autre façon.

a) Radirnsky, Hoernes, Fiala: Die ncolilhischc I , p. 15 et I I , p . 22. Station von Butmir bei Serajeuo, 1895 n. 1898

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Les figurines en ter re cuite représentant des an imaux ne sont pas moins nombreuses . No t re espoir a m ê m e été dépassé à ce sujet. Mais, contra i rement aux figurines humaines , on les t r o u v e même dans les couches supérieures du te r ra in . Le phénomène n ' a y a n t pas encore été é tudié à fond, nous ne pouvons pas entamer ici une discussion et donner une raison plausible q u a n t à la cause. E n tou t cas, on ne peu t pas s 'empêcher de r emarque r la différence de style en t re les figurines d ' an imaux contemporaines des figu­rines humaines , d o n t on a par lé plus h a u t , e t celles trouvées à un niveau supérieur des fouilles.

U n e figurine an imale , t rouvée dans B , à environ 2 m 30 (pi. X X X I V , fig. 14 et pi . X X X V , fig. 13 et non loin d 'une au t re figurine humaine , p la te et en os, don t nous par lerons plus b a s , e t de tessons de céramique peinte), a le corps modelé assez soigneu­sement (hau t . 0 .042; long. 0 .070; larg. 0.035). Les cornes et la queue sont brisées. Mais sur le dos , en p a r t a n t du milieu et vers la pa t t e gauche de devan t , on aperçoit u n pe t i t cordon qui , se con t inuan t des deux côtés, nous fait supposer un genre de harna i s .

Une a u t r e figurine d ' an imal est encore plus remarquable (pi. X X X I V , fig. 15 et pi . X X X V , fig. 14). Les p a t t e s et les oreilles manquen t , mais la gueule est in t ac te , p ro longée ; sur le dos, il y a une légère bosse (long. 0 .083; h a u t . 0 .044; larg. 0.035). La p â t e , la cuisson et le t r ava i l rappel lent ceux de l 'époque. Il nous est difficile de pré­ciser ce que la bosse dorsale peu t bien signifier.

D e u x au t res figurines de moindres dimensions présentent la même par t icu la r i té . Voici les dimensions de l 'une de celles-ci: p i . X X X I V , fig. 16, h a u t . 0 .028; long. 0 . 0 6 3 ; larg . 0.026. Tou tes les deux avaient des cornes, qui se sont brisées.

P a r m i les débris de parois de B 10 et 13, à 1 m 70 de profondeur, on a t rouvé une au t r e figurine d ' an imal , a y a n t deux mamelles (pi. X X X I V , fig. 13 et pi . X X X V , fig. 15). Les p a t t e s d 'arr ière m a n q u e n t . Dimensions : long. 0.052 ; hau t . 0.030 ; larg . 0 .023.

Encore plus h a u t , dans les environs de B 1 , vers le NO et à 1 m 60 de profondeur , plus ou moins adjointe à un pe t i t outil en cuivre et une hermine t te en pierre , on a t r o u v é la figurine d 'un animal long et mince (long. 0 .063; hau t . 0 .020; larg. 0.020), la gueule po in tue , la t ê t e bien séparée du torse, pa t t es et queue brisées et d 'un t rava i l peu soigné (PI. X X V I , fig. 2 et 3).

Il est i m p o r t a n t , je crois, de remarquer , que les figurines qui suivent , et qui on t é té découver tes à u n n iveau plus élevé que celle présentées plus h a u t , ont un carac­tè re différent , d 'une p a r t dans le sens d 'une manière plus schémat ique , d ' au t re p a r t dans le sens d ' un emploi au t re que celui qu'elles avaient a u p a r a v a n t .

Une figurine d ' an imal , t rouvée au coin de Nord-Es t près de B 5, à 0.80 de pro­fondeur (pi . X X X I V , fig. 20), la t ê t e a y a n t des t ra i t s humains , ne nous démont re p lus le soin d u déta i l e t le sens plas t ique remarqués sur les figurines antér ieures , excep té pour la pa r t i e postér ieure du corps.

Une au t r e f igurine, t rouvée toujours au coin de N E de B , à 0.70 de profondeur , est t r a i t ée d 'une façon encore plus schémat ique (pi. X X X I V , fig. 19). Le cou est al longé, les p a t t e s de d e v a n t sont in tac tes ; celles d 'arrière m a n q u e n t . Dimensions : long. 0.118 h a u t . 0 .070; larg. à la base des pa t t e s avan t 0.043.

Les deux dernières figurines sont plus pet i tes et ont été t rouvées dans la nappe superficielle de la couche de cul ture (0.30—0.35 de profondeur) . Elle se ressemblent ,

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fait qui ne peut pas être dû au hasard. D'un côté, par leurs dimensions réduites (pi. X X X I V , fig. 17: long. 0.035; haut. 0.020; larg. 0.020; pi. X X X I V , fig. 18 est encore plus petite) ; d'autre part , toutes les deux sont percées d'un trou, pour les sus­pendre ou les accrocher, ce qui nous fait croire qu'elles servaient d'amulettes. La plas­tique cesse d'avoir à Sultana son importance antérieure. Je ne crois pas le moment opportun d'insister sur les suggestions de caractère religieux que cette transformation nous inspire.

Les figurines en os, de Sultana, ne présentent pas moins d'intérêt. Au nombre de 6, il est à remarquer qu'aucune n'a été trouvée à moins de 0.65 de profondeur; elles correspondent donc entièrement avec les autres figurines humaines en terre cuite.

La première de ces figurines en os, trouvée à Sultana, ne présente que la partie inférieure d'une figurine soigneusement travaillée (pi. XXXVI , fig. 6 et pi. XXXVII , fig. 6 a), ayant le triangle de la vie, duquel part une ligne verticale qui sépare les jambes et trois séries de points ronds, d'une profondeur égale, à savoir: une série de deux fois quatre (16) sous le triangle et une autre série de trois fois trois (18) plus bas et irrégulièrement disposés ; enfin, près de l'extrémité, un point seulement de chaque côté de la ligne qui sépare les jambes. Sur le dos, une seule ligne horizontale sépare le corps des membres. Trouvée au milieu des fouilles A, et non loin de la figurine féminine en terre cuite déjà citée (pi. XXXIV, fig. 6 et pi. XXXV, fig. 6 et 7). Hau­teur 0.063; larg. 0.027; grosseur 0.004.

Dans B, à 1 m 40 de profondeur et non loin de 1, on a trouvé une autre moitié d'une figurine en os (pi. XXXVI , fig. 4 et pi. XXXVII , fig. 4 a). Une simple ligne hori­zontale à l'endroit du triangle de la vie et deux trous au-dessus de celle-ci. Une seule ligne verticale sépare les jambes. La fissure sur la partie supérieure de cette figu­rine est petite. Cette partie avait peut-être une forme rhomboïde, large; la tête est du même format que la figurine suivante. Les deux entailles de côté représentent pro­bablement la séparation du corps et des membres. Sur le dos et à la partie infé­rieure, une seule ligne verticale indique la séparation des jambes. Hauteur 0.072 ; largeur 0.025; grosseur 0.003.

Une autre figurine féminine, presque intacte, a été trouvée au même niveau que la précédente, c'est-à-dire non loin des habitations de la partie NE des fouilles B et à leur base (pi. XXXVI , fig. 1 et pi. XXXVII , fig. 1 a). La tête, le torse et les membres sont bien définis. La tête a deux trous percés, représentant les oreilles. Deux autres trous représentent les yeux, une ligne horizontale, la bouche, et au-dessous trois pe­tits trous sont trop loin du cou pour qu'on puisse supposer un collier. Sur le corps, trois autres petits trous sont pointillés en sens horizontal. A la partie inférieure les jambes sont nettement séparées, et, au-dessus du triangle de la vie, la figurine a six petits trous et deux autres de chaque côté. Sous le triangle et vers les extrémités, deux entailles pourraient indiquer la séparation des semelles et des pieds. Dans le dos rien qu'une ligne horizontale séparant le torse de la partie inférieure, et deux petits trous au-dessous de cette ligne. Hauteur 0.059; largeur 0.020; grosseur 0.001.

Dans le même voisinage des débris d'habitation de B1 , et non loin de la figurine d'animal long et mince, présentée plus haut (pi. XXVI , fig. 2 et 3), mais à une plus grande profondeur, on a découvert une autre figurine, presque intacte aussi (pi. XXXVI , fig. 3 et pi. XXXVII , fig. 3 a). Légèrement plus bombée, elle a également les parties

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LES FOUILLES DE SULTAN A

du corps nettement distinctes, mais le travail est moins soigné. La tête a les mêmes trous percés pour les oreilles, deux points pour les yeux; la fente de la bouche est plus légère et au-dessous deux petite trous sont à peine perceptibles. Deux autres trous percés sur le corps représentent les épaules. En échange, la partie inférieure de la figurine, divisée en deux par une ligne verticale, est entièrement couverte par six trous d'un côté et cinq de l'autre. À l'extrémité, la figurine est percée, afin qu'on puisse la suspendre, détail précieux en ce qui concerne l'utilisation moins fréquente de ces figurines féminines en os. Dans le dos, deux lignes horizontales séparent le bassin, et un autre verticale les jambes. Cette dernière passe outre le trou percé,

PI. XXXVI. Pi XXXVII.

ce qui prouve que celui-ci a été fait postérieurement aux autres détails. Hauteur 0.057; larg. 0.020; grosseur 0.015.

À une plus grande profondeur, toujours en B, on a trouvé un autre fragment de figurine plate, brisée à partir de la ligne supérieure du triangle de la vie. (pi. XXXVI , fig. 5 et pi. XXXVI1 , fig. 5a). Celle-ci a de même la ligne verticale séparant les jambes et neuf trous pointillés de chaque côté et aussi la même ligne verticale sur le dos. Hauteur 0.039; larg. 0.024; grosseur 0.002.

Enfin, la dernière figurine plate en os de Sultana est la plus grande, la mieux conservée et d'un travail plus minutieux (pi. XXXVI, fig. 2 et pi. XXXVII , fig. 2 a). La tête a de chaque côté 3 trous percés, au lieu de deux, deux points pour les yeux, une ligne horizontale pour la bouche et 4 points au-dessous. Le torse, à l'endroit des épaules,

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I ANDRIEÇESCU

a un trou percé de chaque côté , mais aussi trois pet i ts points au milieu, dont l 'un plus haut que les deux au t res . La part ie inférieure a au-dessus du tr iangle «le la vie 7 points , el 9 aut res sur les bords de ce même tr iangle. Plus bas . 12.'5 an t res points sont dis t r ibués sans ordre . Des entail les et de légères incisions horizontales s 'aperçoi­ven t vers l ' ext rémité de la figurine. Dans le dos. la ligne séparant le corps des mem­bres est représentée par une double incision, au-dessus «le laquelle on remarque deux poin ts . Tout à l ' ex t rémi té , les entail les et incisions de l'ace se prolongent aussi d a n s le dos. La ligne séparant les . jambes m a n q u e to ta lement . Hau t eu r 0 .082; larg. 0 .020; grosseur 0.013. Trouvée à - m 12."> dans lî.

Bien que de courte durée (un peu pins de dru\ semaines), les fouilles faites à Sul­t a n a sur une superficie rédui te (à peine 290 mètres carrés) nous au tor i sen t , croyons-nous , à éme t t r e quelques considérat ions concluantes , se référant d 'une part aux résul­t a t s que nous avons présentés ci-dessus, d ' au t r e p a r t à la s i tua t ion de Su l t ana dans les confins de la Daeie et du Sud-Es t de l 'Eu rope .

Comme maint endroit des au t res régions de la Dacie, la g rande b u t t e de Su l t ana a été habi tée vers la fin de l 'époque néol i thique par une popula t ion qui ava i t fait choix de ce lieu parce qu' i l p résen ta i t de plus sûrs moyens de défense et qu ' i l c o m m a n d a i t u n plus large horizon.

Si l 'on s'en r appo r t e à l 'épaisseur de la couche de civil isation, ce t te s ta t ion a dû ê t re habi tée p e n d a n t une période assez l ongue ; elle a pris fin, comme t a n t d ' a u t r e s , à la sui te d ' un incendie qui a en t iè rement consumé ce qui exis ta i t a u p a r a v a n t . Dès l 'époque à laquelle a p p a r t i e n n e n t les objets de cuivre , rares et sans i m p o r t a n c e , qui on t été découver ts ici, ces parages on t é té abandonnés et sont restes déser t s . Ce n ' e s t que beaucoup plus t a rd que des n o u v e a u x venus qui , accidente l lement et pour peu de t emps , on t passé p a r là, y ont enfoui ou pe rdu la pe t i t e icône de la Vierge et d ' au t r e s menus ustensiles en fer sans aucun in té rê t .

La colline de Sul tana é ta i t sans doute occupée p a r un assez grand nombre d 'habi­ta t ions exiguës, les unes isolées, les aut res contiguës. On dist ingue assez n e t t e m e n t les décombres de leurs parois, et , nous espérons que de nouvelles fouilles entreprises sur une é tendue aussi vas te que possible, pour ron t fournir des détails encore plus précis sur le problème des hab i ta t ions de Su l tana .

Mais il n ' y ava i t pas seulement des hab i ta t ions à S u l t a n a : il y ava i t aussi — et c 'est fort explicable — des t o m b e a u x et des objets sacrés. Nous avons , en effet, l ' impression cer­ta ine que pa rmi les vestiges découver ts , soit au tou r , soit à l ' intér ieur , soit au-dessous des habi ta t ions il n ' y a pas exclusivement des ustensiles et des objets u t i l i t a i res ; d ' a u t a n t plus que , souvent , comme je l 'ai indiqué à plusieurs reprises, il s'y mêle des tessons de grands vases, primit ifs , munis de proéminences ; ce sont ce r t a inement de ces urnes funé­raires qui on t conservé longtemps , non seulement leur facture , mais aussi leur aspect t rad i t ionnels , e t qui , en raison des débris qui les en tou ren t , sont a u t a n t d ' indices indubi­tables de sépul tures et d 'obje ts sacrés.

S'il en est ainsi, nous pouvons d ' a u t a n t plus faci lement nous expl iquer pourquoi la p l u p a r t des exemplaires et n o t a m m e n t tous les plus b e a u x de ceux que compor t e l ' inventa i re de Su l t ana on t été t rouvés à la plus g rande profondeur . Une a u t r e hypothèse

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LES IOI II.I.KS l)i: SI ITANA

possible, suivant laquelle la civilisation va en rétrogradant, des couches profondes aux couches supérieures ne nous paraît admissible que subséquemment.

Ce qui est certain, c'est que, en fait de céramique, tout ce qui n'est pas «vieil-euro­péen» (alteuropaisch, selon l'expression de MM. H. Schmidt et Cari Schuchhardt) ou en général sud-oriental, se trouve ici en quantité bien moindre, et produit l'impression nette d'une importation d'objets de luxe et de culte, mais qui ne proviennent pas de régions fort éloignées, ni, en aucun cas, de l'Occident l). Cependant nous n'avons rien préjugé, en reconnaissant dans ce travail un caractère autochtone et sud-oriental au style de la céramique la plus belle et la plus originale de Sultana; ce n'est que plus tard, en effet, que nous avons pris connaissance de l'étude de M. Schuchhardt sur Cernavoda, ainsi que de ses opinions, que M. G. Wilke a résumées dans un article concernant la même station publié par le Reallexiknn der Vorgeschichte de M. Max Ebert 2).

Quant à la présence des haches en silex taillé, elle ne saurait nous surprendre. De même que pour les harpons, et non seulement à Cernavoda 3), mais encore ailleurs, dans la Plaine Roumaine, comme le prouvera le résultat d'autres fouilles, récemment entre­prises par le Musée d'Antiquités, — de telles immixtions d'éléments d'inventaire plus anciens doivent être attribuées, croyons-nous, à une tradition persistante, qui s'est souvent révélée dans l'évolution de la culture humaine et qui est d'autant plus naturelle en ces temps reculés.

Dans les limites de la Dacie et des régions du Sud-Est, c'est Sultana qui, par hasard, occupe la première place dans la Plaine Roumaine pour la richesse et la variété d'un apport archéologique plus caractéristique, étant donné surtout sa situation géographique intermédiaire, qui, de tout temps, en a fait un point de passage.

Particulièrement riche en poteries dites à proéminences, Sultana, par sa céramique peinte et surtout par sa plastique en os, que l'on rencontre pour la première fois au Nord du Damibe, présente des analogies et une orientation en liaison immédiate avec les ré­gions bulgares, situées sur la rive droite de ce fleuve '). Dès cette époque, le Danube était loin de constituer une frontière infranchissable; bien au contraire.

Mais c'est en vain que nous chercherions dans les environs des exemples analogues en terre cuite d'une plastique de la figure humaine comparables à ceux de Sultana, qui par la ligne et le sens de la forme dépassent incontestablement tout ce que nous ont légué ces temps, dans la mesure de nos connaissances actuelles, cela va sans dire.

A cet égard encore, à notre avis, toute déduction et toute théorie seraient prématu­rées. Les fouilles de Sultana ne sont qu'un début. Des fouilles récentes, faites par d'autres membres du Musée d'Antiquités que dirige M. V. Pârvan, sont appelées à ajouter aux matériaux existants des données de plus en plus neuves et de plus en plus concluantes.

I. ANDRIEÇESCU.

1) L'Allemagne de Sud ou l 'Autriche. Voir Cari Schuchardt , Cernavoda, cine Steinzeitsiedrlung in Thrakien, dans Praehistorische Zeitschrift, XV, 1923, 26.

2) Volume I I , 4-ème fascicule, p . 295, Berlin 1925.

3) Cari Schuchhardt , Cernavoda, l. c, p . 23. *) G. Wilke, article Bulgarie dans le Reallexikon

cité, vol. I I , fascicule 3, pag. 204 et suiv. Voir en particulier la planche reproduisant des figu­rines en os.

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CALL A TI S j.ER R A P P O R T P R É L I M I N A I R E .

FOUILLES ET RECHERCHES DE L'ANNÉE 1924

En 1922, M. V. Pârvan plaignant le sort des restes antiques de Callatis que détrui­sent sans pitié les barbares de nos jours, écrivait dans les Annales de la Dobrogea, An. I I I , n. 3, p . 318: «Callatis se couvrira peu à peu de laideurs modernes. Les anti­ques dormiront encore longtemps sous le gravois. Leur joie enfantine — énoncée sur t an t de leurs pierres tombales — de revoir encore un jour la bonne lumière du soleil, ne leur sera pas destinée. Ce seront les sous-sols des boucheries et tavernes modernes qui descendront aux tombeaux de leur ar t et de leur vie. Du marbre antique on fera du mortier et des moellons pour d'informes casernes modernes».

Combien de réalité, combien de vérités tristes dans cette description que nous donne M. Pârvan de la situation de l'ancienne Callatis au point de vue archéologique ! Car, après les recherches et les commencements des fouilles archéologiques, faites pendant l'été de l 'année 1924, nous avons pu nous convaincre que la destruction des restes antiques se fait sur une vaste échelle de la par t de ceux qui voient en n ' importe quelle muraille antique seulement une excellente carrière de pierres déjà travaillées, propres à la maison ou à être vendues ; nous avons vu que la disparition au-delà des frontières des objets de valeur, découverts incidemment par les habi tants à l'occasion de la construction d'un fondement, progresse à la suite du grand gain que réalisent les amateurs spéculateurs par les ventes de collections d 'antiquités ; nous pouvons affirmer que tout retard à a t taquer systématiquement les terrains non bâtis de Man­galia et à noter chaque trace découverte à l'occasion des fouilles faites pour telle ou telle construction, signifie une perte irréparable pour les études archéologiques, pour l'histoire de la ville et pour la science.

La science doit être reconnaissante à M. V. Pârvan pour avoir at t iré l 'at ten­tion de tous sur ce point d ' importance exceptionnelle, historique et archéologique, en a larmant ceux qui sont compétents de sauver les restes antiques de la destruc­tion ou aliénation, et pour avoir obtenu, par la Commission des Monuments Histori­ques, près le Ministère des Arts , les fonds nécessaires aux fouilles archéologiques de Mangalia qui se trouve exactement sur l 'emplacement de l 'ancienne Callatis.

Les fouilles faites aux mois d 'août et de septembre 1924, peuvent être qualifiées à peine d'essais de fouilles systématiques. Car, dans la Mangalia d 'aujourd'hui , les fouilles archéologiques ne peuvent être faites que dans des conditions extrêmement difficiles à cause des établissements modernes. Les t ravaux archéologiques, avec tou t le personnel et l 'appareil scientifique et technique, ne peuvent avoir à Mangalia

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CAI.LATIS

le succès et le résultat que nous présentent tant d'autres endroits plus heureux, situés loin des installations modernes, libres, et depuis longtemps abandonnés par les éta­blissements humains plus compacts, touchés tout au plus à la surface, une fois par an, par le fer de la charrue. A Mangalia, sur l'emplacement de l'ancienne ville dorique de Callatis, les fouilles ne peuvent se faire que sur des terrains fort étroits, sur de petites parcelles ou dans des cours trop peu spacieuses. Des installations et des constructions nombreuses couvrent presque toute l'étendue de l'ancienne Callatis. A Mangalia, le chercheur dépend plus que nulle part de la bienveillance de la population mélangée des Roumains, Grecs, Turcs et Bulgares, et de chaque habi­tant à part, pour pouvoir faire les études et sondages nécessaires dans les cours ou sur les parcelles étroites des particuliers, souvent peu enchantés du dérangement causé.

A cause des nombreuses installations qui se sont succédé à l'endroit de l'an­cienne Callatis, la terre a été remuée plusieurs fois jusqu'à des profondeurs consi­dérables qui varient en différents points de Mangalia. Ce fait est peu favorable aux fouilles archéologiques. Les constatations et les conclusions que nous pourrions tirer d'après les couches de terre, ne sont pas strictes à Mangalia, où nous trouvons souvent, après les objets de l'époque gréco-romaine, à une profondeur plus grande, près de la terre vierge, des objets de date plus récente.

Le gravois qui se trouve au-dessus des restes antiques atteint, par-ci par-là, jusqu'à 5 mètres de hauteur et sa masse inerte nous empêche, elle aussi — en de­hors de l'étroitesse des terrains à fouiller et des constructions modernes — de pour­suivre les vestiges antiques sous la terre, de continuer la découverte d'une muraille où d'un monument partiellement déblayé.

Nos recherches et fouilles faites sur l'emplacement de l'ancienne Callatis depuis le 1 août — 20 Sept. 1924 n'ont pu être exécutées que sur une échelle réduite. Il nous manquait en outre le personnel nécessaire à la surveillance technique, les instruments et le matériel roulant indispensable là-bas.

Nous nous sommes contenté et nous nous contentons d'enregistrer, année par année, dans notre rapport préliminaire sur l'ancienne ville de Callatis, quelque chose des restes de la fille fière et héroïque, fidèle et glorieuse d'Héraclée pontique, de Cal­latis qui, devenu un centre puissant de commerce et d'art, a su résister à un Lysi-maque, a osé braver les Byzantins. Nous espérons pouvoir reconstruire ensuite, au moins en traits généraux, une image pâle de la lumineuse polis d'autrefois, à l'aide de la somme des restes enregistrés provenant des fouilles et des découvertes.

L'une des plus importantes questions est celle de fixer les limites de l'ancienne ville de Callatis1).

Du côté oriental, de NE — SO, se trouve la mer qui, à en juger par les puits et les restes de bâtiments trouvés dans la mer, a rongé une bonne portion du rivage, au­jourd'hui assez haut et abrupt. Celui-ci s'incline, avec de nombreux restes de con­structions et de céramique du côté de la mer, vers la plaine avoisinant le jardin public d'aujourd'hui. Au coin NE du plateau sur lequel était bâtie l'ancienne ville,

*) Presque tous les dessins sont faits par M. le photographies que je dois à M. le professeur O. professeur VI. Nichitovici de Cernăuţi. Il y a trois Tafrali.

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

près de la basi l ique Teodorescu ou des Ihernies romains Tafral i , on cons t a t e une pa r t i e du m u r e n t o u r a n t la ville, qui a 3.15 m de largeur , d ' une époque assez récen te . Ce m u r longeait-il pendan t tout le cours de l 'h is toire a n t i q u e le fossé qui est visible encore a u j o u r d ' h u i et qui aurai t ceint l ' ancienne ville, c 'est ce qu 'on ne p e u t pas encore décider . Il est évident que du côté N ou p lu tô t iNE le mur d ' ence in te , d ' u n e époque assez récente , va pa ra l l è l ement au fossé. Des sondages faits pour dé l imi te r la ville a n t i q u e a p p o r t e r a i e n t de la lumière à ce sujet , pour une ou plusieurs épo­ques du passé de Cal la t is . Il n ' e s t pas impossible que les Cal la t iens a i en t eu plu­sieurs rangées de m u r s paral lè les de for t i f icat ion, d o n t l ' e x t r ê m e aura i t é té , à une ce r ta ine époque , paral lè le au fossé conservé j u s q u ' à nos j o u r s .

Q u a n t à l ' in té r ieur de la ville de Cal la t is , avec ses t emples et ses po r t i ques , avec ses t h é â t r e s et ses gymnases , ses édifices publ ics et par t icu l ie rs , avec ses che­mins pavés et ses c a n a u x , nous n ' a v o n s a u c u n po in t ce r ta in de d é p a r t ni d 'or ien­t a t i o n . On a fait des fouilles archéologiques à Mangal ia , à ce que j ' a i pu a p p r e n d r e chez les h a b i t a n t s de la local i té . Ainsi s ' exp l iquen t le nom de la colline «lu t h é â t r e au cen t re de la ville, de forme hémicyc l ique , d 'où l 'on a une v u e a d m i r a b l e de la ville en t iè re , ou celui du bain romain derr ière la sous-préfec ture , ou de l 'édifice roma in sur le t e r ra in de l ' ingénieur Bădescu . Mais nous n ' a v o n s des in fo rmat ions que sur les fouilles faites en 1915 pa r M. Teodorescu et publ iées d a n s le R a p p o r t sur l ' ac t iv i té du Musée Na t iona l des An t iqu i t é s p e n d a n t l ' année 1915. ( R a p p o r t spécial no . 6. P remiè re c a m p a g n e de fouilles à Cal lat is , Bucureş t i 1916, p . 31 e tc . ) . Nous y a p p r e n o n s la découver t e d ' une bas i l ique ch ré t i enne , où M. 0 . Tafral i , c o n t i n u a n t les fouilles pen­d a n t l 'é té de 1924, croit avoir t r o u v é un é t ab l i s sement de bains de l ' époque r o m a i n e pos té r i eu re .

Nos fouilles de l 'é té 1924 on t a t t a q u é plusieurs po in t s , t a n t ô t à l ' in té r ieur , t a n t ô t à la pér iphér ie de la ville, selon les a r r a n g e m e n t s conclus avec les p ropr ié ta i res des t e r r a in s .

L ' u n des po in t s sur lequel j ' a i concen t ré le t r ava i l de p lus ieurs semaines est la cour du marécha l fe r ran t C. D a n , s i tuée p resque au cen t re de la ville.

I. L E S F O U I L L E S

Da ns la cour du marécha l fe r ran t C. D a n , où, en 1923, à l 'occasion de la con­s t ruc t ion d ' u n e pe t i t e d é p e n d a n c e , o n t é té découve r t s des fondemen t s pu i s san t s et où l 'on v o y a i t à n o t r e a r r ivée à Mangal ia p lus ieurs restes a r ch i t e c ton iques , au vois inage de la forge ( q u a t r e bases de colonnes e t 2 f r agmen t s de c h a p i t a u x ioniques) , nous avons t r o u v é , du côté de l ' en t rée de ce t t e d é p e n d a n c e , 4 mè t r e s au S., à 1.25 m de pro­fondeur , un fondemen t de pierre calcaire , 3.50 m de longueur et env i ron 0.55 m de la rgeur . Le maté r ie l de ce fondemen t est la p ierre calcaire qui se t r o u v e d a n s les carr ières avo i s inan tes . La p remiè re couche de ce f o n d e m e n t est formée de 3 g r ands blocs rec tangu la i res , de 38 cm de h a u t sur 107 cm, 152 cm e t 91 cm de longueur . Les blocs son t so igneusement t rava i l lés sans ê t re c e p e n d a n t polis. A 54 cm du b o u t du bloc de 107 cm de long, se t r o u v e la pa r t i e inférieure d ' une colonne de 22 cm de hau ­t eu r . Sur une base de 50 cm carrés et de 8 cm de h a u t e u r s 'élève, à 3 cm de h a u t e u r , le cy l indre inscr i t dans ce ca r ré . Au-dessus de ce cercle c o m m e n c e le to re , après lequel s 'élève le fût de la colonne qu i , sur une h a u t e u r de 8 cm, a un d i a m è t r e de 43 c m .

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CAU.ATJS

La différence entre le rayon du cercle inscrit dans le carré et le rayon de la co­lonne à la partie d'en bas, est de 3 % cm.

La base de la colonne touche les bords du bloc qui la supporte. E t ce fait, comme aussi l 'arrangement plus soigné des blocs du côté ouest, sont des indices précieux pour pouvoir juger de la façade de la construction. La partie ouest du bât iment est plus lisse et mieux construite que celle de l'est, où l'on trouve de petites pierres et du remblai entre les blocs.

En ce qui concerne les 4 bases trouvées près de la forge et celle découverte par nous «in situ», il n 'y a que des différences insignifiantes de dimensions. Il est diffi­cile d'établir si les quatre bases appart iennent à la même construction et à la même époque. Une seule d'entre elles a les mêmes dimensions que celle que nous avons découverte. C'est la base no. 29 (voir fig. 1) du musée de la sous-préfecture, qui, bien conservée, a un socle de 50 cm et une hauteur de 22 cm. La hauteur du socle carré est de 8 cm, celle du cylindre inscrit dans ce socle est de 3 cm, et le diamètre de la colonne s'élevant 8 cm au-dessus du tore est de 43 cm.

Les dimensions des 3 autres bases sont: a) 50.5 cm, 20 cm, 8 cm, 3 cm, 43 cm, 6 cm. Elle est brisée aux 2 coins du même bord ; b) 54 cm, 20 cm, 7 cm, 3 cm, 46 cm, 6 cm. Cette base porte sur la partie inférieure un cercle de diamètre

égal à celui de la colonne dans sa partie inférieure (Fig. 2). c) 55 cm, 22 cm, 8 cm, 4 cm, 47 cm, 6 cm. Cette base est brisée au socle, dans deux coins opposés et moins soigneusement travaillée (Fig. 3). La pierre aussi est d'une autre qualité que celle des autres. C'est un calcaire plus poreux qui paraît criblé, montrant des trous et des élévations comme une masse bouillonnante. A 2 ) / 2 cm du bord de la co­lonne se trouve, parallèlement à la circonférence de la colonne, un cercle gravé.

Au-dessous des blocs qui supportent les bases des colonnes on peut distinguer, à l 'extrémité sud de ce bât iment , 6 couches de pierres calcaires, de 30 cm, 20 cm, 34 cm, 28 cm, 20 cm, et de 35 cm d'épaisseur, dont la plus basse se trouve, à 3.10 m de profondeur, sur la terre vierge de couleur jaunâtre . A partir de 1.85 m de pro­fondeur, on trouvait une telle quanti té de fragments de céramique ordinaire qu'il semble qu'on y déposait des tessons et des vases usés.

Après avoir établi de cette manière la direction et l 'extrémité sud du bât iment , nous avons essayé de nous orienter aussi du côté est, vers le mur et la propriété de I. G. Aldea. Voulant éviter tout désagrément et conflit, nous ne nous sommes ap­proché de lui qu 'à une distance d'environ 1 mètre (Voir fig. 4).

A 1.50 m de cette muraille et à 1.05 m au-dessous du sol, nous avons trouvé, a l 'extrémité sud de la construction aux colonnes une mauvaise masure dans la direction

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVKANU

est, sans qu'on puisse établir sa cohérence avec le bâtiment mentionné. A 20 — 25 cm du bord supérieur des blocs aux colonnes, nous avons trouvé, vers l'est, un pavage bien

le mur ô'QÏAea:

iî«jj- 1. J f ' » y I

Fig. 4.

construit de pierres moyennes, en deux couches, sur une étendue de 1.5 m. A 95 cm de ce bord, il y a une rangée de grands blocs, parmi lesquels deux bien travaillés, aux

dimensions de 60X40X20 cm et 8 0 x 4 5 x 2 0 cm, probablement écroulés d'en haut dans la direction est.

Ici se trouve, à une profondeur de 1.40 m au-dessous du bord susdit, un coin de muraille, probablement la plus vieille construction que nous ayons trouvée (Fig. 5).

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CALLATIS

Ce coin se trouve à 22 cm est des blocs aux colonnes et on en a pu découvrir à 1.45 m vers l'est et à 1.65 m au nord. Les blocs rectangulaires, médiocrement tra­vaillés, varient en ce qui concerne les dimensions. La hauteur du coin conservé est d'un mètre et sa largeur varie entre 30 et 40 cm. Un bloc de ce coin est intéressant parce qu'il constitue à la fois une partie des fondations et la partie supérieure.

Du côté ouest du bât iment aux colonnes, nous avons trouvé, à 50 cm de pro­fondeur, une couche de pierres de 7 cm de hauteur. Elle commence à 40 — 43 cm à l'ouest du dit bât iment et s'étend sur une longueur de 120 cm. Sans doute, nous avons là le niveau d'un établissement qui se révèle à 35 cm du bout méri­dional du bât iment aux colonnes, il y a, du côté ouest, plus bas de 10 cm, un bloc de 105 cm de long, 35 cm de large et 28 cm de hauteur et un mur de 30 cm de large. A peu près à la même profondeur, nous a-vons découvert, à 1.8 m à l'ouest de la construction aux co­lonnes, un autre pa-

Fig. 6. vage avec un cani­veau de 40 cm de large sur une longueur de 7 m (Fig. 6). Le caniveau est formé de grosses pierres brutes placées sur une arête et est incliné vers le sud et vers la rue d'aujourd'hui. Sa profondeur a été de 48 cm et ensuite de 25 cm, sur une distance de 2.3 m. Le fond en est pavé de pierres.

Les fouilles faites immédiatement à l'ouest de cet égout, jusqu 'à une profondeur de 3.1 m, n 'ont fait découvrir rien d' important. On a pu cependant constater que, à 2:8 m vers le sud de l'endroit où le caniveau cesse d'être bien construit, com­mence une bonne construction en blocs. La poursuite du canal et de ces fondations s'imposait, mais elle s'arrêta à cause du puits qui se trouve au voisinage.

Au S. O. de l'égout qui se perd sans que nous ayons pu découvrir un puits ré­cepteur, nous avons trouvé, à 1 m de profondeur, des fragments de chapiteaux et de colonnes en pierre calcaire appartenant probablement au bâtiment aux bases de colonnes. Nous y avons trouvé encore des fragments d'une pierre volcanique tra­vaillée et le relief dont il sera question plus bas.

A une profondeur de 2 mètres, nous avons rencontré un bloc de 195 cm de grandeur, bien travaillé sur le côté ouest. Après 30 cm, la pierre est taillée de 5 cm de profondeur sur une largeur de 20 cm. Au bout méridional de ce bloc, passant

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8 Dacia I 1924. www.cimec.ro

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THÉOPHILE SAUCI1 C SĂVEANU

au -des sous de lu i , on voit u n e p ie r re de 1 m è t r e de long e t 40 cm de la rge qu i es t c reusée à 5 cm de p r o f o n d e u r su r 10 cm de l a rgeu r . E l le est incl inée ve r s l ' oues t s ans q u ' o n puisse en découv r i r la c o n t i n u a t i o n .

Le bloc de 195 c m , m e n t i o n n é p lus h a u t , t r a h i t , p a r l ' incis ion de 5 cm sur u n e surface de 20 cm, la d i spa r i t i on d ' u n e c o n s t r u c t i o n en bois d o n t le b u t do i t r e s t e r é n i g m a t i q u e .

Ici se t r o u v e , a u n i v e a u du bloc m e n t i o n n é plus h a u t , un c o m p l e x e en t i e r de r angées de blocs de h a u t e u r d i f férente , s ans q u ' o n a i t la poss ib i l i té de les d é t e r m i ­n e r de p lus p rè s , la c o n t i n u a t i o n des fouilles y é t a n t exc lue . P o u r s u i v a n t le m u r a u x co lonnes ve r s le no rd der r iè re la p e t i t e d é p e n d a n c e je l 'ai t r o u v é , à 14.35 m de dis­t a n c e de la p r e m i è r e ba se de co lonne , à 1.3 m de p r o f o n d e u r sous la t e r r e (F ig . 7). I l y a v a i t p lus i eu r s b locs en déso rd re e t , ap r è s les avo i r é ca r t é s , j ' y ai r e n c o n t r é la seconde base de co lonne , u n p e u dép lacée , de m ê m e s d imens ions q u e celle q u e n o u s a v o n s d é c o u v e r t e «in situ» a u sud de la d é p e n d a n c e .

D u m u r a u x co lonnes p a r t , a u p o i n t d é b l a y é , u n a u t r e ve r s l ' es t e t ve r s la m a i ­son d ' A l d e a . D a n s la p a r t i e d é c o u v e r t e , il a 72 c m d ' épa i s seu r . J ' a i t r o u v é a u d e s s o u s de ce m u r u n e co lonne lisse de ca lca i re , cassée en d e u x , a u d i a m è t r e de 37 c m d a n s la p a r t i e s u p é r i e u r e . E l le ne p e u t q u ' a p p a r t e n i r à c e t t e c o n s t r u c t i o n . El le a é té p la ­cée su r le m u r a u x d e u x bases d é c o u v e r t e s p a r n o u s «in situ».

À 140 c m d u m u r de l 'es t passe en angle d ro i t u n a u t r e m u r de 50 cm d ' épa i s ­seu r ve r s la p r o p r i é t é d ' A l d e a .

P a r le m u r de 72 c m e t celui de 50 cm se fo rme u n espace r e s s e m b l a n t à u n e p e t i t e c a v e . On t r o u v e des m u r s para l lè les n o n s e u l e m e n t d u cô té es t d u b â t i m e n t a u x co lonnes , m a i s d u cô té oues t auss i p a r t u n m u r opposé à celui de 72 cm d ' épa i s ­seur . Ic i n o u s n ' a v o n s p u faire les r eche rches nécessa i res q u e su r u n e l o n g u e u r de 1.10 m . L a p r o f o n d e u r de ce m u r es t la m ê m e q u e celle d u m u r l o n g i t u d i n a l .

A l ' i n t é r i eu r d u m u r , le b loc r e c t a n g u l a i r e de 189 cm de l o n g u e u r e t de 48 cm de h a u t e u r es t d igne d ' ê t r e r e l evé . A 87 cm du b o r d mér id iona l de ce b loc e t 79 cm de la m a r g e s u p é r i e u r e des b locs a u x co lonnes , n o u s c o n s t a t o n s les t r aces d ' u n e po r t e ( ?) de 84 c m de h a u t , q u i é t a i t a p p a r e m m e n t m u r é e . Les m o n t a n t s é t a i e n t formés de 3 r a n g s de blocs de 29 , 28 , 27 c m de h a u t e u r , qu i é t a i e n t polis à 6 c m de la m a r g e . La p o r t e se t r a h i t auss i p a r le fait q u e la p i e r r e d ' a u - d e s s o u s de 31 c m de h a u t e u r s ' a v a n c e de 14 c m . Le seuil n ' e s t p a s fai t d ' u n bloc u n i q u e e t su rpas se de 6 cm la l igne d é m a r q u a n t la p o r t e . L a l ia ison a ve c les blocs de la p o r t e se fai t a u m o y e n de 2 p ie r res de 31 cm de h a u t e t

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CAM ATI S

de 35 — 40 cm de long. Après elles suit une pierre de 35 cm de hauteur et de 95 cm de longueur qui, d'un bout de 13 cm de longueur et de 9 cm de hauteur, couvre la pierre d'une hauteur de 20 cm et d'une longueur de 40 cm à gauche de la porte.

A 48 cm au-dessous du bord inférieur des blocs aux colonnes, on constate du côté occidental une sorte de banc d'une largeur de 42 cm et d'une hauteur de 18 cm, un pavage de dalles, de pierres et de cailloutis. A partir de 2.25 m de profondeur, on ren­contre du côté occidental du mur longitudinal la même quanti té de céramique simple qu'à l 'extrémité méridionale de cet édifice. A 3.4 m de la surface du sol on rencontre la terre vierge.

Au nord de la seconde base trouvée «in situ» suit un bloc de 116 cm de long, 42 cm de large et 38 cm d'épaisseur qui se dirige vers l'est (Fig. 8). Au-des­sus de ce bloc, une génération de date plus récente a placé un four à chaux, à ce qu'on peut conclure de la quan­tité de chaux durcie trouvée.

Après ce bloc une autre espèce de construction se prolonge vers le nord. Celle-ci a un mur de 50 cm d'épaisseur. A une distance de 2 mè­tres de la seconde base de colonne, à un mètre de profondeur des blocs mentionnés, nous voyons un petit canal couvert de dalles. 11 est formé de 2 pierres latérales de 3 centimè­tres d'épaisseur, placées au-dessus du fond du canal (Fig. 9). C'est un petit écoulement de 10 cm de profondeur et de 11 cm de largeur. En dehors des pierres calcaires et des cailloux on y trouve des restes innombrables d 'amphores simples.

Après une étendue de 7.50 m du mur longitudinal, passe un mur vers l'ouest. Vers le milieu de ce mur on voit, à la-même profondeur de 1.40 m, un mur puissant de 170 cm d'épaisseur. On y distingue deux parties, dont l 'une, d 'un mètre d'épaisseur, est composée de grands blocs bien travaillés.

A une distance de 7 m de la seconde base de colonne, nous atteignons, à 2.3 m au-dessous du sol, un canal creusé en pierre qui se voit aussi du côté est du mur longitudinal. E t là, nous constatons au-dessus de ce canal, à l'intérieur du mur lon­gitudinal, une niche de 130 cm de longueur et de 30 cm de profondeur. A 2.10 m plus loin on trouve une autre niche de mêmes dimensions, moins les blocs de dessus.

Vers le nord, l 'aspect du mur longitudinal change. Après la seconde base de co­lonne il continue sans l 'euthynterie, avec une largeur de 50 à 80 cm. Le mur montre

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

deux parlies différentes: A 70 cm au-dessus de la terre vierge qui s'y trouve à une profondeur de 3.7(> m, le mur est composé de grands blocs non taillés. Après cette partie suit une autre de 80 cm à I0(> cm de hauteur, formée de blocs rectangulaires, qui à leurs bords sont polis tant du côté horizontal que du côté vertical de l 'exté­rieur. D'ailleurs, ces blocs ont l 'apparence brute. C'est une sorte de «rustica» ha­bituelle du temps hellénistique (p. ex. à Priène) qu'on constate dans 3 ou 4 rangées de blocs. Au-dessus de cette «rustica» on rencontre des pierres non travaillées d'une

m

Fig. 9. Eïg. 10.

hauteur de 80 cm. Les dimensions de celles-ci varient entre 57 — 70 cm de longueur et entre 30 — 40 cm de hauteur .

Nous avons découvert encore à peu près 5 m de muraille au nord du canal récemment mentionné et nous nous sommes heurtés à un puits dans la cour d'Achilles.

Sur le mur longitudinal, entre deux blocs taillés à la «rustica» de 26 cm de lar­geur et de 30 cm de hauteur, se trouve une muraille d'une longueur de 1.50 m qui est retirée de 15 cm dans la direction est vers le mur de 170 cm d'épaisseur.

Il manque ensuite, sur une étendue de 155 cm, une rangée de blocs dans la direc­tion nord. Des deux côtés du mur longitudinal on trouve d'innombrables fragments de céramique simple et des briques. La continuation des fouilles dans la direction septentrionale n 'a pas pu être opérée à cause des constructions particulières qui se trou­vent à travers l 'alignement du mur longitudinal. Celui-ci a été trouvé aussi au-delà de la glacière de Theodoru (Fig. 10. Vue du nord).

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CALLATIS

Une construction d'une longueur si considérable, aux murs qui par tent d'un côté et de l 'autre du mur longitudinal, ne peut pas ne pas avoir eu un rôle important dans la ville de Callatis à travers les siècles qui se sont succédé. Au cours de ce temps, cette construction aura dû souffrir bien des modifications et des amplifications que l'on peut entrevoir dans les parties du mur découvertes par nous.

On peut facilement déduire de la céramique extrêmement riche que l'on rencontre à l'est et à l'ouest du mur longitudinal, que cet édifice se trouvait à un endroit bien

Fig. 11. Fig. 12.

fréquenté de la ville, peut-être même au centre, où la vie était plus intense. Où la vie de tous les jours se manifeste-t-elle plus clairement encore aujourd'hui, sinon dans les endroits où l'on débite les choses nécessaires à tous les ménages, même aux plus petits et aux plus modestes?»

Pour Callatis nous ne disposons pas d'informations directes concernant des modifications radicales de la ville ni des installations nouvelles de quartiers entiers, ce qui ne signifie point qu'il n 'y en a pas eu. Il est probable cependant que, dans une ville dorique dont la fondation se place au Vl-ème siècle ou encore plus tô t , des places plus importantes on été remplies successivement de constructions et que les édifices les plus remarquables ont subi les amplifications et les innovations du temps.

Nous pouvons supposer que le marché de Callatis se sera développé d'une ma­nière analogue aux autres villes. Le point qui a été d'abord le lieu de réunions et le centre d'une ou de plusieurs communes, est devenu un marché. Ayant une

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TU ÊOPH11 -I : s\ ucn ( :-s\ v KANU

Fig. 13.

importance spéciale, il s'est développé peu à peu et est devenu un établissement indé­pendant, l u e place libre, propre aux réunions comme axi commerce, a été séparée des rues et des édifices voisins par un mur pourvu ou non de colonnes. Des portes et

des portails y permettaient l'ac­cès de plusieurs côtés. Les murs entourant la place étaient sou­vent des portiques couverts pou­vant, aussi contenir sur un ou plusieurs côtés des espaces en re­trait servant de boutiques.

Le mur découvert dans la cour de C. Dan pouvait servir d'enceinte au marché et une par­tie en était munie de colonnes provenant d'une époque que nous ne saurions déterminer avec cer­titude.

Au bord de la mer, entre la sous-préfecture et le palais de la douane, nous avons mis au jour des murs d'un édifice important construits en pierres de taille (Fig. 11 et 12) dont le plan met en évi­dence les dimensions des ru­ines. Nous n'avons pas été à même de continuer les fouil­les sans démolir la rue le long du littoral (Fig. 13).

Dans la cour d'Anastas Curti nous avons rencontré, à une profondeur de 1.50 m deux grands blocs des dimen­sions de 1 3 0 x 5 5 x 3 0 et de 130X71X30 cm qui, par la fente à l'endroit où ils se touchaient, nous ont trahi une terre moins rassise, l'avons facilement perforée avec un fer pointu.

En levant les blocs, nous avons découvert un canal grandiose formé de blocs la­téraux de 80 cm de hauteur et de 85 — 90 cm de largeur placés sur les blocs du fond de ce canal. La profondeur du canal est de 1.05 m. (Voir la fig. 14).

Nous sommes entrés à l'intérieur du canal, après en avoir extrait la terre, sur une longueur de 7.5 m vers la rue et la propriété de G. Georgescu. Nous n 'y avons trouvé que fort peu de céramique romaine. Nous nous sommes proposé de nous orienter plus spécialement sur ce canal l'année prochaine.

Nous avons encore fait des fouilles sur les parcelles de N. Stoya et Halit Mu­stafa, sur la parcelle du Dr. Buterescu, Boulevard Maria, sur la colline du théâtre et près de la mosquée ancienne. Rien de remarquable.

Fip. 14.

Nous

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CALLATI S

II . R E S T E S A R C H I T E C T U R A U X E T SCULPTURAUX

En ce qui concerne les restes antiques, architecturaux et sculpturaux, intéres­sants en eux mêmes ainsi qu ' importants pour des fouilles et recherches futures, nous énumérerons tous ceux que nous avons trouvés, soit aux fouilles, soit incidemment sur les routes, dans les cours et dans les murs modernes de Mangalia. La plupart ont été transportés au musée de la sous-pré­fecture.

Un fragment de colonne dorique en cal­caire conchylien, 1.40 cm de long et 60 cm de diamètre en bas, 56 cm en haut , a la dis­tance des cannelures de 10 cm. Un trou rond de 8 cm de diamètre se voit en bas, un autre carré de 10 cm et de 10 cm de profondeur, en haut .

Ce fragment de colonne sert aujourd'hui d'abreuvoir dans la cour de Manoli Comino. (Voir la fig 15.)

Sur la route de Tomis, près du terrain de Prom. Vasiliu se t rouve un fragment de co­lonne dorique en calcaire conchylien, 98 cm de long, cassé en hau t , 50 cm de diamètre. Les

cannelures ont une dis­tance de 8 cm l'une de l 'autre .

Un fragment de co­lonne dorique en marbre, 60 cm de haut et 50 cm de diamètre, a la distance des cannelures de 8 cm. Je l'ai noté près du boulevard Elisabeta.

Un autre fragment de fût de colonne dorique en calcaire conchylien, se trouve près du puits, en face de la maison de St. Gheorghiu, 43 cm de haut et 39 cm de diamètre, 6.15 cm de distance des- cannelures. Le trou rond de la colonne a 5

cm de profondeur et 8 cm de diamètre. Un fragment de colonne dorique que j ' a i vu sur la propriété de Garofile

Panai t is , en calcaire, 40 cm de haut et 45 cm de diamètre. Les cannelures sont très endommagées et à peine reconnaissants . (Voir la figure 16). Il montre un trou rectan­gulaire des dimensions de 1 0 x 1 0 x 1 0 cm.

Deux fragments de fût d'une petite colonne en marbre, 37 et 33 cm de haut , et 9 cm de diamètre ont été trouvés sur le terrain du Dr. Buterescu, maintenant au musée de la sous-préfecture n. 43. La distance des cannelures est de 2.5 cm.

Nous avons noté les colonnes lisses suivantes: Près de la vieille mosquée se trouve une colonne de 140 cm de haut et de 34 — 37

Fig. 15.

Fig. 16.

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

N

cm de diamètre. Les deux trous, l'un en bas, l 'autre en haut , ont les dimensions de 8 X 9 — cm. 4

Près de la «colline du théâtre» un fragment de colonne a les dimensions 46 X35 cm.

Un autre fragment de colonne cassée, en calcaire, trouvé chez G. Georgescu-Suc­cesseurs, a 94 cm de long et 4 1 — 4 4 cm de diamètre.

Près de la maison de A. Gheorghiu un fragment de colonne lisse a 45 cm de haut et 33 cm de diamètre.

Dans la cour de Manoli Comino se trouve à la surface de la terre un fragment de base de colonne en calcaire, 59 cm de diamètre.

Dans la rue en face du docteur Mardari nous avons trouvé une base de colonne en calcaire conchylien, dont la plinthe a 45 cm carrés et 8 cm de haut . Le diamètre du fût de la colonne est de 39 cm. Elle a été transportée au musée de la sous-préfecture, n. 32.

Dans la cour de Ismail Secheria se trouve une base de co­lonne en marbre, avec les dimensions indiquées à la figure 17.

Un fragment de base, en calcaire, trouvé près de la glacière de Theodoru, a les dimensions indiquées à la figure 18.

Un autre fragment, en calcaire, trouvé au même lieu, a la base de 27 cm carrés, 20 cm de diamètre, et 13y2 de haut (fig. 19).

Les nombreuses bases de dimensions différentes trahissent le grand nombre des édifices péristyles de l'ancienne ville de Callatis.

Un chapiteau en calcaire conchylien, 18 cm de haut , 43 cm de diamètre, a un abaque de 53 cm carrés.

(

FiK. 17.

Fig. 18. ■+ O ZO La couronne plastique de feuilles que nous trou­

vons sur l'échiné de ce chapiteau, a son importance sous le rap­port technique ainsi qu'esthétique.

Cf. le chapiteau du temple aux six colonnes de Paestum chez Springer-Wolters, Die Kunst des Altertums 1921, p . 160, fig. 331.

Un fragment de chapiteau en beau marbre blanc à gros grains, des dimensions 3 5 x 2 9 cm, trouvé chez H. Theocharidis, main­

tenant chez le Dr. H. Slobozeanu à Bucarest, rue Pompiliu Eliade 15. Le cous-yj sinet est plein d'ornementations végétales, de sorte qu'il semble que l 'artiste n 'ai t eu

'yS d 'un autre but , que de laisser le moins de vide possible. Le coussinet est lié au milieu par un ruban à rinceaux flanqué de deux bourrelets

tournés. Du ruban partent , au-dessus du coussinet, deux rinceaux qui se répan­dent vers les deux bouts du coussinet ornementé chacun de 4 rangs de feuilles im­briquées ce qui lui donne l'aspect d'un art ichaut. Les rinceaux servent à remplir les coins vides.

L'édifice de style ionique, auquel appartient ce chapiteau, a dû être d'une splen­deur magnifique à en juger par ce chapiteau. (Voir le dessin et la photographie, fig. 20 et fig. 21).

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CALLATIS

OZ5

Fig. 21.

3 x 2 3

Un chapiteau ionique fragmentaire, en calcaire fin, hlanc, 38 cm de diamètre, a une volute de dimensions 36 X 16 cm. Le diamètre de l'oculus est de 3 cm. Jadis propriété de Dobrota, maintenant au musée de la sous-

préfecture, no. 7. Le carré d'en

haut a la base de 37.5 cm et au milieu on voit un trou (dimen­sions 6 x 5 x 4 cm ) rempli de plomb.

De trois côtés on voit près de la marge du carré un canal de 2 cm

de profondeur et de 2 cm de largeur, qui se ter­mine du côté de la volute par un trou des dimensions ~ 3 cm. (Voir la fig. 22).

Un petit fragment de chapiteau découvert par nous, en calcaire, nous montre une volute. Le coussinet est ornementé de feuilles lancéolées (Fig. 23).

Un autre fragment de chapiteau découvert par nous, en calcaire, des dimensions 2 2 x 4 4 cm, fait voir une volute cassée et l 'ornementation de deux corolles gracieu­ses et expressives, placées l'une à côté de l 'autre (Fig. 24).

Un petit frag­ment de chapi­teau, en cal­caire, découvert aux fouilles. La distance du cen­tre de l'oculus jusqu' au bord Fig. 23. conservé est de 9 cm.

Un autre petit fragment de chapiteau, en calcaire, dé-pj 22 couvert par nous a les dimensions de 2 9 x 2 3 cm. (Voir la

fig. 25). Deux fragments de chapiteaux

se t rouvent au musée de la sous-préfecture. (Voir la figure n. 26).

Nous ne saurions attribuer plus d'un de ces chapiteaux fragmentaires au-mème bât iment antique à en ju­ger par les dimensions qu'ils nous montrent et par la forme des volutes. Plusieurs chapiteaux de style corinthien, du musée de la sous-préfecture, démontrent l 'ampleur d'autrefois de cette ville. Nous

Fig. 24.

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Ill ÊOPH11 ,E SAUCIUC-SAVEANU

reproduisons par exemple le chapiteau de dimensions de 17X42, au musée, no. 3. (Voir la figure no. 27).

Au musée se trouve, sous le numéro 10. un triglvplic et une métope, en calcaire,

- f -

Fig. 2(>.

dont les dimensions sont 6 5 x 3 9 . (Voir la figure no. 28). Nous avons trois fragments d'une mutule en calcaire, qui portent des gouttes de

1 cm de haut et 4 cm de diamètre. Ils appartenaient au geison d'un temple dorique. Deux fragments d'un epistylion en marbre (voir les

fig. no. 29, 30 et la section), 30 cm de haut , 100 cm de 5«» »o - ' i Mr

Fig. 29.

ţ long et 17 cm d'épaisseur, nous montrent, en relief au-dessus de deux bandes et entre deux profils, des guir­landes entre des bucrânes. Sur l'espace libre entre deux

Fig. 28 Fig. 30.

bucrânes, on remarque une rosette stylisée. Le travail est fin, malgré les défauts du détail. Les bucrânes sont munis d'une espèce de chapiteaux auxquels sont sus­pendues des deux côtés des bandes, parure habituelle des bucrânes. Musée de la sous-préfecture, no. 16.

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r.M.LATIS

-fjf I Fig. 31.

Un travail plus expressif se voit sur une autre pièce du musée, no. 70, en marbre, 19.5 cm de haut , 55 cm de large cl 15 cm d'épaisseur Les bucrânes y sont ornés d 'un filet d 'astragals, qui semble pendre en gouttes du côté gauche et droit des bu-crânes. Cette pièce nous rappelle la frise de la construction de la porte de Samo-thrace de l 'époque de Ptolérnée II (Springer-Wolters, 1. c , éd. 11, p . 357, fig. 689). La part ie supérieure de la pièce est cassée, et nous ne pouvons savoir si elle a eu un cymation, un profil ou un bord simple. (Fig. 31).

Un fragment profilé, en marbre, 12 cm de haut , a un trou de 3 .5x3 .5 cm. Un relief en marbre, cassé à

gaUcne a la partie intérieure, a droite et en bas, 20 cm de haut , 48 cm de large, et 12 cm de gros, découvert aux fouilles dans la cour de C. Dan, maintenant au mu­sée de la sous-préfecture, no. 40 (Fig. 32).

Dans le champ, encadré à gau­che et en haut d 'une marge de 5 cm et 3 cm de large, et 1 cm de profondeur, nous voyons deux déesses tournées à gauche.

L'une des déesses est commodément assise sur un objet cylindrique. Le buste est plein, la chevelure riche. La main gauche est levée. Le bras et l 'avant-bras for­

ment un angle obtus. Il est vraisem-j - o 48 •*■ blable qu'elle tenait à la main gauche

une lance. L 'autre déesse est debout. Par l'égide et par le casque elle se ré­vèle comme la déesse Athéné. La déesse se présente vigoureuse et majestueuse.

| Elle est ceinte, en haut sous la poi-_i trine, et les plis de son vêtement sont

indiqués assez schématiquement. C'est le type d 'Athéné au casque corin­

thien 1 ) . La main gauche <!<• la déesse Athéné est levée de la même manière que celle de l 'autre déesse. Le pied gauche est un peu avancé. La jambe est un peu cour­bée au genou. La position de la main droite ne peut être éclaircie.

Toutes les deux déesses regardent a t tent ivement vers la droite. Nous avons ici sans doute un relief qui ornait un décret public. Il devait être

placé à un lieu nèmyavéoiaxoç», où il était visible et lisible pour chacun. Le t rou de 2 cm de large, qui se trouve à 13 cm du bord gauche, et les restes d 'un autre t rou a droite, nous dénotent que ce relief a été fixé au moyen de ces trous et du métal .

Ce relief appar t ient au groupe de nombreux reliefs, qui devaient être publiés par mon arni le directeur de l'école autrichienne d'Athènes, M. Dr. O. Walter dans son oeuvre «Griechische Urkundenreliefs».

Fig. 32.

1) J,c casque corinthien est très rare , sur les re- Roscher , Lexikon der griveh. und rôm. Mythologie liefs du I V è m e siècle av. J . Chr. Furtwiingler, I , 1, c. 701 e t suiv.

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THÉOPHILE SAl'CIUC-SĂVEAMJ

Nous ne voulons pas entrer dans le domaine des hypothèses en ce qui concerne l'interprétation de la scène où nous trouvons avec certitude la déesse principale d'Athènes. 11 est possible que l 'Etat athénien ait entretenu avec la ville de Cal-latis de tels rapports, qu'un décret athénien orné d'un relief ait été placé à l'un des principaux points de la ville de Callatis, peut-être sur Vâyogà.

L'antre déesse, dans la société de laquelle se trouve la déesse Athéné peut être celle qui joue un rôle important à Callatis. Ce rôle s'explique par la productivité et par la richesse en céréales des regions situées au voisinage de la ville de Callatis. Mais il faut d'abord poser la question si ce monument concerne la ville de Callatis.

Dans la cour du président de la Com. intérimaire de Mangalia, M. I. Roşculeţ, se trouve un relief en marbre dont les dimensions sont 93 X 64 X 18 cm. (Voir la fig. 33). Le coin de gauche en liant manque, ainsi que celui de droite en bas.

La surface de cet haute-relief est rongée et détériorée, de sorte qu'à peine si l'on

peut distinguer les contours des trois figures. C'est dommage, que même dans ces déplorables conditions il ne puisse être abrité dans un musée et être placé dans un lieu, où il ait un autre sort que celui auquel il est sujet à présent dans la cour de I. Roşculeţ. Les trois figures qu'on voit sont, sans doute, féminines. On remarque cela mieux à la partie supérieure de la figure qui se trouve au milieu, et puis à la figure de droite ; moins bien ou, plutôt, on ne le voit pas du tout à la figure de gauche.

Les figures, telles qu'elles se présentent au nombre de trois et dans l 'attitude où nous les voyons, nous font penser aux trois déesses du destin, aux trois Parques, Clotho, Lachésis et Atropos.

La figure de gauche tient d'une main un bâton, celle du milieu lève la main droite, le geste de la troisième ne peut être déterminé, le relief étant complètement abîmé. Il est compréhensible que, vu l 'état déplorable de ce relief, l 'interprétation des trois Parques soit problématique. C'est dommage que nous ne puissions ajouter avec certitude ce relief aux rares monuments d'art qui représentent «les Moires», «les cantatrices de l'avenir» ] ) .

1) Voir Weizsackcr, Roschcr, Ausfiïhrl. Lexikon der griech. u. rôm. Mythologie II, 2, c. 3093.

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C.AI.LATIS

S î ■■

Le relief en marbre d'une bouche de puits du musée de Madrid (Baumeister, Denkmăler, fig. 172; Roscher, 1. c , c. 3095, fig. 2) nous montre Clotho assise et filant. A côté d'elle, à droite, se trouve Lachésis debout, tirant l'un des trois sorts la figure tournée, et Atropos écrit la sentence sur une tablette, tout comme les autres deux déesses tournée à droite. Ce groupe devait être attaché du côté droit à une

scène de naissance. / & 4P ->. .-

9 ^

(Voir le relief ana­logue du château Tegel près Berlin, Muller-Wieseler, D. d. a. K. 2, 292, en-

* suite d'autres dans Miillcr-Wieseler, 2, 890, 2, 838 a et 841).

Clotho a partout FiS- 36-le même rôle. Elle file. Lachésis tient à la main le globe et le style ou écrit sur le globe. Atropos montre un cadran solaire ou tient à la main les rouleaux ouverts du sort.

Le relief d'un couvercle de sarcophage du Musée Cap. 4, 29, montre au milieu Lachésis avec les attributs de Tyché, avec la corne d'abondance et la balance. A gauche, on voit Clotho filant, Atropos tenant le rouleau du sort ouvert du côté droit.

Le relief de Mangalia, lui aussi, a peut-être été en rap­port avec un ou plusieurs autres groupes. Il est difficile de croire que l'artiste l'ait laissé en complet isolement. Nous n'oserions former aucune hypothèse sur ce point.

La partie inférieure d'un tronc de femme (fig. 34), des hanches aux pieds en marbre, des dimensions 4 0 x 3 5 X25 cm, chez I. Roşculeţ de Mangalia. C'est une femme assise, vêtue du peplos et du chiton. A sa gauche se voient les contours d'un animal assis sur les pattes de derrière et appuyé sur

Fig. 37

les pattes de devant. D'après les vestiges d'une patte, c'est un lion, compagnon habituel de la déesse Cy-bèle ou Magna Mater qui joue un grand rôle dans les villes de la côte occidentale de la Mer Noire.

Un fragment de stèle profilée en marbre, à fronton et acrotères, de dimensions de 51X29X7 cm, se trouve dans le musée de Mangalia, no. 8. On n'y voit aucune inscription. N'y-a-t-il peut-être pas eu une inscription peinte? Aucune trace de couleur ne nous trahit ce secret (Fig. 35).

Un angle droit en marbre, aux côtés de 75 et 62 cm de longs, 30 cm de haut et 24 cm d'épaisseur, fait voir à l'extérieur des rinceaux en relief. (Voir la figure 36).

Deux fragments, l'un en marbre, de la forme indiquée à la figure 37, l 'autre en pierre calcaire se trouvent dans la cour de Ismail Sekeria à Mangalia.

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THÉOPHILE S M i l l i SĂ^ KANU

I I I . INSCRIPTIONS

A. En marbre et pierre calcaire

Les plus importantes des inscriptions notées en 1924 à Mangalia sont les deux des thiasitcs de Callatis, que nous avons copiées à partir du (> Août dans la cour de M. Theoharidis où nous avait conduit le maître maçon Gaetano lanachi. C'est là que M. O. Tafrali les a vues plus tard et les a copiées.

Ces inscriptions ont été découvertes en 1921 par Theoharidis sur sa parcelle près de la mer, dans un bâtiment antique que lui-même a mis au jour. Elles étaient placées dans le mur coin me simple matériel et y ont été trouvées, les surfaces gra­vées face à face. Le but auquel a servi l'édifice qui cachait les inscriptions des thia­sitcs ne saurait être précisé. Au moment de notre arrivée à Mangalia on ne pou­vait constater qu'un grand trou dont on avait extrait les blocs formant l'antique édifice. Les inscriptions sont brisées en plusieurs morceaux, l'une en 8, l 'autre en 5. Cela peut s'expliquer par le grand poids de la partie d'en haut de l'édifice qui pesait sur les plaques de marbre placées dans le mur. Les stèles étaient en outre profilées et à frontons; Tune d'entre elles avait même le bord élevé, et le poids du mur devait exercer ses effets avant tout sur les bords élevés de stèles.

Les stèles étant posées face à face dans le mur «l'origine romaine ou post-romaine (la propriété de Theoharidis se trouve au quartier romain noble, comme nous le nom­mons par suite des indices que nous avons), les parties non brisées nous montrent les lettres intactes et non altérées par des différents facteurs. A l'endroit où elles se trouvent depuis 3 ans et où nous les avons vues elles souffrent des détériorations journalières; elles s'abîment, s'effritent sous l'influence de toutes sortes d'intempéries, par l'écoulement des gouttes d'eau de la gouttière p. ex. Nous avons fait les démar­ches nécessaires — sans réussir cependant — auprès du propriétaire pour qu'il les cède au musée de Mangalia qui a été inauguré le 14/IX, 1924 dans une chambre de la sous-préfecture avec le concours de M. C. Melidi.

Dernièrement les inscriptions sont parvenues, à ce que nous avons entendu dire, pour une somme de 3900 Ici, au musée de Iassy.

No. 1.

Stèle en marbre, bleuâtre, profilée, à un cyma de 2 cm et une plaque de 1.8 cm de large, composée de 8 fragments dont les marges sont dépourvues de petites écailles perdues.

La hauteur de la stèle est de 85 cm, la largeur en bas de 46 cm, en haut 44 cm, l'épaisseur de 8.5 — 8 cm.

La face gravée est de 72 cm de long. Le fronton avec les acrotères a au milieu 13 cm de haut, à gauche et a droite 8 cm. Le tympan est 5 cm de haut et 1 cm de profond. A 4 cm des bords droit et gauche de la face gravée il y a 2 incisions de 3 cm de long, 2.3 cm de large, 0,5 cm de profond. Elles servaient à fixer la stèle au moyen de crampons métalliques.

La partie de derrière de la stèle n'est pas travaillée. Les lettres commencent à 0.5 cm du bord. Leur hauteur est de 1.1 — 1.2 cm

La forme des lettres o et 0) est plus petite que celle des autres.

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CALLATIS

Les l e t t res g rand du IV-ème siècle a. vons d a n s l ' inscr ip­t ion d 'Andros du mi­lieu du II V-ème siècle à. J . Chr . I . G. X I I , 5, 714, s u r t o u t au su­j e t des l e t t res A e t 2?»).

L'yl a une b a r r e t r ansve r sa l e d ro i te , quelquefois u n peu courbée . Les bar res fo rman t L'angle poin­tu de VA son t pres­que dro i tes . L e u r cou rbure ne se re ­marqu e pas de la fa­çon d o n t on la con­s t a t e au Z.

Les le t t res Z e t M n ' o n t aucune t en ­dance a u x formes carrées , qui à A t h è ­nes c o m m e n c e n t au­t o u r de l ' an 300 av . J . Chr. 2 ) .

Le 0, p o r t a n t au cen t re u n po in t , e t l 'omicron son t plus pe t i t s que l 'oméga , ma is , comparés a u x au t r e s le t t res de l ' in­scr ip t ion , le S e t l 'O son t plus g rands que les l e t t res des m o n u ­m e n t s ép igraphiques d ' A t h è n e s du milieu du IV-ème siècle av . J . Chr.

Le Z , d ' ap rès la ligne 37, a la forme

es et belles nous rappe l len t les carac tères d 'Athènes du milieu J. Chr. La forme ressemble beaucoup à celle que nous t rou-

~

YOIJ

, f A r A O A I T T X A I E F I B A < l A < K A A F I A A A M H N O < A l O T O < A r H M O N O < T O Y F TÀI < O F Q<K A T A < k E Y A |GEAONTA<TnNOIA< ITANE l'TA <K E Y ANOTIfc AEk A*TO < V r E l A A / A E K I O K E a <MENXPY< TIM! A < AIA BIOYK AIErTTA* A AA<<ONXPY < O Y E F A T r E l A

^ J A K O N T A E I M E N T A N T E E r r P ^ ^ ^ T A J T PIETHPIAIAIABIO A À < <ONI jf" E Al A <EI<TANCr^AMO"Fa<: ifl«*ç O < A < KA AAI<TAKA\< Y NTOA\ A ï TPEI<EKFANTnNTr4NOIA <l TA

xTAPATriNEFArTTIAAnEN Cl NXE [rONAFOA H «DYNTIEiTPAfON < OENTO<AETOYEPr

|<kEYAN<TE4>ANONE TAIKATATPIETHP1AA

l A E E r A r r E i A A N T O E K OA A DNYAO « AT YP OY#

< A F O A A n N | 0 AHNIOY

ONO<#

l O Y F P A K I M N O <E.AO HETOKOlA<f ; H N A o < T a i oEorror«j|

A P T E A A E < ©AI El OTArM O A I P H T A I T O K A E E F A H

ElttEN<TE4>ANON<NAQ E K < T A A A N T O K A E E i ; A \ E N O K E a < A P r Y P i n N ^ * A N k A K T E * A N O K A OJ<AEA

A+ANTA^EFAF A T A < K E YA<OHON^

^ E A E < O A l A N A PA < EAIPEOENTE<AAB ONTE£

KOYNTITAAlA*OPAKAlAO] •YXEIPKAOY a N T E A E J

MErfcf f : TOt<AlPEOD<IEnTArKATA! £ <Y?fpAOI<A<KA ^YNONTIOIOIA U

A ITYXAI [O | H OAOMIANTOYNAOY S

NI<E*E<IOY^A V < A < IB IO <FPnTCrAAXOYtf> HPEA < A ArtjffiLfiirro <A<i

Y+PA I O < f/-i . POYAA E Y A f A W [ fi?A

XA?

?iWlMO<AAvî ATOA AOAOTO iMJ^Ï^

T O < EPrATA<TPlAK ONTA^ TP OMAOinNTPOMAOinNO <

% E P r ATA <AEVATENTE A r HmNTYOLONO<KAPA A

4>IAIFFO<A AIONY<IO<

f:OlKOAO/AH ,A\ENKfcO<nPAkA i ■£ A A M ATPU5 <AAA\ATPlOY * < iM'^j/FFcttAOïnN o < * ) >Xr5TINO <A\lkOY * ' ™TI/AO<FA<IAAA %

>T.nFYPo<FpnTOFOAio< # E PMATENH<AAA\OtilNTO < KPrrOBOYAO<FYP<OY # AOAAFIOA^PO<AFOAAOAOTOY^AEiONIcAIEFTATA<AEI^FEri^:,

NO<<iaNIEPOKAEO< t OAYAFO«aTHRXOYEPrATA<m I O F Y P O < E < T ! O Y t AinNAPI<TOKAEO*EPTATA<lE AAAO<OENH<AIONY<IOY AtAKTinN<KYOAEPTATA<IE y \ A E A N E l < T O O Y P ^ A \ A AIONY<IO<<TE4ANAFAO|«r o < l I<01AANKA1YAA1AA<

r E P T A T A < A E k A

AFOAAnNlO<<IA\OYEPrATA<l ;

Fig. 38.

no rma le . Le Z n ' e s t pas clair à la ligne 32, d o n t j ' a i no t é le

l) Voir le facsimile Ath. Mitt. 1911, p. 3 et suiv.

2) Larfeld, Handbuch der griech. Epigraphik II, 2, p. 463, 472.

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THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU

signe < | . Cette forme pourrait être expliquée par la forme du Z qui se trouve dans les inscriptions athéniennes à partir de l'an 180 av. J . Chr. ! ) .

Supposant que cette forme soit exacte, nous admettrions une erreur du lapicide, qui devrait être expliquée par le manque d'habitude d'employer la forme nouvelle du Z.

A la ligne 37 on voit, sans doute, la forme plus ancienne du Z. (Voir le facsimile 2) de l'inscription, fig. 38).

Dans la suite, nous donnons la transcription de l'inscription avec les compléments que nous allons justifier plus bas.

'Ayadăi xv%ai. 'ETCL fïaaiXéoç Zi/iov xofv 'AoxXamdôa, /njroç ăiovvaCov^ nquioijunov-zoç 'Ayrj/iovcç xov Ilvêuoroç- ëôoÇe xoïç ùiaoi-zatç' ôncoç xazaoxevao&r] vaoç x<oi &eidi xovç

5 iiéXovxaç T&V ïïtaoïxàv ènayyékXeoûat elç xày xa-zaaxevàv 6 xi xa ëxaoxoç nQoaiQfjrai' xoïç ôè ènay-yeiXa^évoiç ëcoç /ièu xqvoov eî/nev oxéyarov (piXo-zi/uiaç ôià (it'ov xai êyyqacpàv elç ozdXav, xoïç ôè ë-laooov yjjroov ènayyeiXafiÂvoiÇ ëaJÇ àqyvqûv

10 [xjQtăxovra eî/iev xdv xe èyyqacpàr xai oxé(pavov an feveqyjeoiaç xài xqiexyqt'ôi ôià (iioxr xoïç ôè Xoinoïç xoïç ë-Xaaoov èrtayfyeiXaftévoiçJ elfi[e]v èyyqo.<fàv xaç ènay-yeXtaç elç xàv azdXav Ô7i<oç ô[è] xai xazaoxEvao&f] ô vfaj-oç (hç xdXXioxa xaflj ovvxo/itœxaza, êXéoêai avôqaç

15 ZQEÏÇ èx nàvxow x(bv ftiaoïxâv oi ôè aîqedêvzeç Xafïôvzeç naqà TCÔJ' ênayyeÛM/téi'iov %Eiqitovvxi xà ôidqoqa xai Xô-

yov ànoô(i)Ocvvxi ëyyqayov xcv x£lQi0/l°v' ovvexeXe-o&évxoç ôè xov ëqyov eljuey x[ai] xoïç alqevxeïoi èni xày xaxa-oxevàv oxé<pavov èv zaïç avfvjôôoiç âç xa ovvœvzt oi êtafoïj-

20 zaï xazà zqiexrjqîôa' vacat 3-5 cm 'Aya&ăi zv^ai. vacat 14 cm. Oïôe ènayyelXavxo elç zàv olxoÔo/uav xov vaov' vacat 3.5 cm. 'Anollojvloç Zaxvqov ^ Mfjnç 'Eqeoîov JPA 'Ano?.?.d)vioç ''Ajtolhoviov vacat 2 cm. Zcooîfiioç llqanofidxov AJA [0](?d7T7toç AnoXXwvfov [Xajiqéaç Aa/ufocpjcôvxoç JPA

25 ALOVVGIOÇ [Kal]%aô[6v]oç vacat 2 cm. Evyoaïoç Zaxvqov JPA Olxoô6[ii]o[a]v [xov vjafojv Evatojv i JPA Mevioxoç 'HqaxX,e[i6ixr\]ç X . . a i x ç A*A Aa^uixqioç Aa/naxqiov ^ vacat 1*2 cm. Z Zijuft'ajç II qe^aêioivoç îf£ [ZJÏ/ioç Aa

30 . . vxïroç M (xov % ' AnoXXoônoç [Ajalxifioç IJaoïdôa,. ^ vacat 3*2 cm. xoç èqydxaç xgidxofvxaj. ZOJ7CVQOÇ IIQOJxcnôXdoç îf£ Ilqo/ia'&îojv Il QOfrnftuovcc rEqjuayévr]ç Aa/ioyâjvxoç % èqydxaç ôexanévxe. KqixôfiocXoç IJvqoov ^ 'Ayrjjuojv ITw&îwvoç xaflaX-

35 'AoxXajiioèojqoç 'AnoXXoô6xov% Xeïov xai iqydxaç ôexanhxe.

' ) Larfeld, 1. c. p. 472. 2) Fait par M. I. Manoli.

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CALLATIS

Noooùov 'hooxh'oç •$ vacat 5 cm. "OXvţmoc SonrjQtxov èçydraç IE Z(ï>7lVQ0Ç 'EOTCOV % 5 ' / 2 cm. vacat Aùov 'AQIOTOXMLÇ êoydraç' IE. Aafiooêévt,ç Aiovvotov vaca t 2 ' / 2 cm. 'Açiariov Zxé&a èayaxaç IE. à?Jav elç rô êvQo/ia v a c a t 4.3 cm. Aiovvaicç eneyavajiXoxoç

40 xolXav xcd ipaXtôaç vaca t 5 ' / 2 cm èoydxaç ôéxa v a c a t pour 8 le t t res . , 'ATIO).XO)VIOÇ ZI/ÂOV ègyâtaç I .

10 cm.

A la ligne 10 VA est la dernière l e t t r e pa r fa i t ement lisible. Après cet A nous voyons une ba r r e perpendicula i re qui m o n t r e en h a u t dans u n angle droi t une par ­t ie d ' une ba r re hor izonta le . Cet te ba r r e , à gauche dépasse u n peu la ba r r e perpendi ­culaire , de sor te qu ' i l est p lus que probable , que la l e t t r e qui succède à VA e t qu i a é té la dernière de ce t te l igne, é t a i t H et "non T.

A la ligne 11 , on a des difficultés à cause de la f racture au c o m m e n c e m e n t de la l igne. I l n ' y a que des restes insuffisants de l e t t res . Après un espace d 'à peu près 2 le t t res on voi t une ba r r e hor izonta le , peu t -ê t r e la pa r t i e inférieure d ' un E, I ou = , p l u t ô t d ' un E, suivie de la ba r re supér ieure obl ique, d ' un Z. Après ces vest iges de l e t t res on r e m a r q u e la por t ion supér ieure d 'une l e t t r e , qui peu t ê t re A, A ou A e t qu i sera p l u t ô t u n i à cause du sigma qui sui t i m m é d i a t e m e n t . Ce s igma est assuré p a r la première ba r r e obl ique de dessus. Nous avons ainsi la t e rmina i son génét ivale du genre féminin d 'un subs tan t i f qui commence à la fin de la ligne 10 et con t inue au c o m m e n c e m e n t de la ligne 11 . L 'espace d e v a n t les le t t res aç e t après le s igma qui précède , serai t suffisant pour comprendre l ' iota don t nous n ' a v o n s pas de vest ige à cause de la f rac ture .

Les débris des le t t res à la fin de la ligne 11 , nous laissent voir, après les le t t res /oino, une por t ion assez a p p a r e n t e d 'un io ta et des f ragments t a n t ô t plus grands t a n t ô t p lus pe t i t s , de la pa r t i e inférieure des le t t res ZTOIZE.

A la ligne 25, nous cons ta tons après le nom Aiovvoioç une lacune de deux let­t res qui est suivie des restes conservés d ' un X.

A la ligne 26, la l e t t r e ini t ia le est u n peu effacée, et nous hési tons en t re VO e t VQ. I l est p robab le , que nous avons ici la forme de l 'aor is te , e t c 'est la t ro is ième per­sonne du pluriel du verbe oïxoôo/zéw, sans l ' augmen t . Les restes sont t r o p insuffisants p o u r p e r m e t t r e d 'é tab l i r avec ce r t i tude la t e rmina ison av pour les le t t res oixcôô/zrjo gravées t rès l i s ib lement . La le t t re A semble ê t re assurée p a r une por t ion inférieure de la seconde b a r r e obl ique . Après VA on peu t lire le N. La lecture des mo t s xov vaôv est p r o b l é m a t i q u e . Nous n ' a v o n s q u ' u n apex i m m é d i a t e m e n t après les le t t res olxoÔô/ir]oav, dans la m ê m e h a u t e u r des au t res le t t res , et p a r sui te les restes d 'un A e t d ' un N. Ces le t t res sont marquées dans la t r ansc r ip t ion p a r u n po in t souscri t . De­v a n t VA, nous croyons avoir vu , à la h a u t e u r normale des l e t t res , une por t ion de ba r r e hor izon ta le , ce qui démen t i r a i t la lecture proposée p a r nous . Mais la lecture-proposée cor respond pa r fa i t emen t pour les in terval les des f ragments de l e t t res conservés sur le m a r b r e .

A la fin de la ligne 26 il n ' y a que des restes incer ta ins de l e t t r e s , les marges des m o r c e a u x réunis é t a n t dé t ru i t e s . Ces restes d o n n e n t à peu près u n n o m comme Evaiotv, sans ce r t i t ude .

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9 Dacia T 1924. www.cimec.ro

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

A la ligne 27 l'inscription est abîmée. A droite, après la lettre X et après un intervalle de deux lettres, on voit les restes de la partie supérieure de trois lettres, qui sont VA ou A ou A, puis 1'/ et probablement un T.

Le S de la ligne 29 est incertain. Mais dans cet endroit il ne peut être une autre lettre que le sigma. Après le nom ZJTnoç suivent une ligne horizontale, peut-être le reste d'en bas d'un A et la portion gauche d'un A.

A la ligne 32 le Z semble avoir la forme erronée de <I. L'inscription est gravée dans le dialecte dorien, ce qui s'explique facilement dans

une colonie de la ville d'Héraclée Politique. Callalis était la Cille de la ville d'Héraclée Politique et la petite-fille de la ville

péloponnésienne de Mégare. Le dorisme se maintient très fidèlement à Callatis ainsi qu'à la Chersonese

Taurique, une soeur de Callatis ' ) . Nous trouvons des formes doriennes dans les mots suivants: à la ligne 1 et 20:

âyaiïâi rv%ai, 1. 2 : 'AoxXamdôa, Tioatottivoivroç., 1. 3 et 34 ' AyijiiovoQ resp. rAyijiioi•, 1. 5 et 15: TOJV ïïuwirâva), 1. 8: elç ordXav fyyQa<pâvf 1. 10: rdv re èyyqa<pdv, 1. 11: râi rQlETt)Qtoi, 1. 12: êyyQa(fàr ràç èxayyt-h'aç, 1. 13: sic ràv ordhiv, 1. 18—19: ènl rày xaraoxevdv, 1. 2 1 : eîç ràv olxodo/u'av, 1. 28: Aajuârgioç Aa/iurQ/'ov, 1. 3 1 : TlaoïdôaA. 35: 'AoxkamSôcoQOÇi 1.38: Aa/ioa-âévrjç et'Acpaioruov Zxv&a,l. 39: àXéav et orerpavaTrAdxcç, 1. 40: xoO.av et xpaXiàaç.

La forme du génitif des radicaux en t]F est à Callatis la même qu'en Laconic et dans d'autres villes doriennes. La forme dorienne du génitif se trouve dans cette inscription à la ligne 1 dans le nom fiaaiXéoç ainsi que dans l'inscription suivante et dans les noms propres de la ligne 36 'IEQOXXEOÇ et 1. 37 'Aqioro-xXéoç*).

Le génitif d'un radical en iota, dans notre inscription, a la même forme qu'en Laconie. À la ligne 5 — 6 nous lisons nôXioç au lieu de nôXxioç et à la ligne 37 llnio-roTiâXioç au lieu de IlQioroTidlEinç*).

Comme formes doriennes s'expliquent l'infinitif EÎ/IEV, resp. elfiey dans les lignes 7 et 12, resp. 18, le futur âxoôœoovvri de la ligne 17 et %EiQiŞovvri de la ligne 16, et le subjonctif du présent ovvâjvri à la ligne 19.

L'infinitif eï/iev (= eïvai) est formé par le suffixe court /IEV ; il est employé dans le dialecte dorien, là où le dialecte ionien a l'infinitif en vai 5).

Les formes du futur dorien %eiQiî;ovvri et anooiooovvri, au lieu de %EIQIOOVOIV et âjioôa)oovoiv, dérivent des formes xeiQl°ê~°~vri r e s P - ànoàmaè-o-vri formées par le suffixe dorien 6).

Dans la forme %EiQiţovvn de la ligne 16 nous avons aussi une analogie d'après les radicaux à gutturale (par exemple le pindarien ?>e{jovvri fr. 122, Bergk.)7). En Laconie les radicaux verbaux en lô ont au futur et à l'aoriste -£eo et - |a

x) Pâ rvan , Cerusia din Callatis, An. Acad. Rom., séria I I , 1919, X X X I X , p. 58.

2) Dans l 'inscription suivante nous trouvons la forme râtv ftiaoeircôv.

3) Voir O. Hoffmann dans Collitz - Bcchtel, Sammlung der griechischen Dialektinschriftcn

IV, 4, 1, p. 714. *) Pour la Laconie voir Hoffmann, 1. c. p . 714. 5) Kiïhncr-Blass, Ausfiihrliche Grammat ik der

griech. Sprache I3, 2, p , 57. 6) Kùhner-Blass, /. c , p . 49. 7) Kùhner-Blass, l. c, p . 106 et suiv.

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CALLATIS

au lieu de -oœ et -oa (Voir V. Hoffmann, Collitz-Bechtel, Sammlung der griechi-schen Dialektinschiftcn IV, 4, 1, p . 721) et pour Callatis nous connaissons cette particularité dorienne encore par deux autres inscriptions de la collection Collitz-Bechtel (Z. c. I I I , 1, 47, 1. 14: èxQTjiuhtÇev et I I I , 1, 48, 1. 2 : xaraoxeva^dfisvoc).

Le subjonctif avv&vti de la ligne 19, et non avvùovri, que nous attendrions l ) , est formé par le même suffixe dorien vn à l'aide de la voyelle intermédiaire allongée 2).

Le subjonctif (xamoxevaoêfj à la ligne 4 et 13) sans le iotas ouscrit se trouve aussi dans les inscriptions de la Laconie. Voir Hoffmann, 1. c. IV, 4, 1, p . 719 — 720.

A la ligne 21 nous trouvons ènayyeiXavxo sans l 'augment. Pour olxoôé/jirjaav de la ligne 26 sans l'augment voir oîxoôo^/xéva chez Hoff­

mann, /. c , p . 721. Nous pouvons constater encore un dorisme dans les lignes 6 et 19: ou xa et âç

xa. C'est la forme dorienne de l'enclitique modal xd. Dans la langue homérique le xd a la forme de xé ou xév et ils est employé avec prédilection dans les propositions relatives3).

L'origine dorienne de Callatis n'empêche pas les callatiens d'employer au cours des siècles, à la suite du contact et de la communication avec les colonies ioni­ennes du rivage occidental de la Mer Noire, les formes ioniennes, de sorte que les dorismes disparurent de plus en plus dans les inscriptions callatiennes.

L'inscription présente est un décret des membres d'un êiaooç, relatif à la con­struction d'un temple au dieu dont le culte était servi par les thiasites de Callatis. L'institution des clubs, nommés ïïlaooi, se trouve surtout dans les îles de la Mer Egée, et sur les rivages occidentaux de la Mer Noire.

Les regions de la Mer Noire semblent être la patrie de l'institution, qui a atteint les bords occidentaux de l'Asie-Mineure, sans avoir pénétré dans l'intérieur de l'Asie-Mineure, et qui est arrivée aux îles de la Mer Egée. Sur le continent grec nous ne la trouvons qu'à Athènes 4).

La forme -ùiaomjç, qui se trouve dans notre inscription, est la même que dans les autres inscriptions callatiennes (Tocilescu, Arch, epigr. Mitteilungen aus Oester-reich-Ungarn X I , 1888, 34, 33 et XIV, 1891, 32, 75; Dittenberger, Sylloge, éd. 3, 1108). Une autre forme nous est connue à Athènes par plusieures inscriptions et à Chalcédoine par Dittenberger, Sylloge, éd. 3, no. 1010. C'est la forme êiaocoT7]ç.

Après la formule de bénédiction (àya-ùàt tvyai) suit le prescript avec le fon­ctionnaire éponyme qui est le ftaodevç Zï/xoç, fils d'Asclapiadas.

Le nom Zï/wç de l'éponyme est répandu partout en Grèce5). L'éponyme porte le t i tre de (iaodevç.

La question est si ce fiaoifavc est le magistrat éponyme de la ville de Callatis ou s'il n'est que l'éponyme du thiase. On peut poser la question si l'éponymité

' ) Voir l ' inscription des Iobacches d'Athènes 4) Poland, Geschichte des griechischen Vereins-chez Dit tenberger , Sylloge éd. 3, 1109,1. 40 et 80. wesens, Preisschriften der Jablonowskischen Ge-

2) Voir O. Hoffmann l. c , IV, 4, 1, p . 720. sellschaft, 1909, Leipzig, p . 22 et suiv. 3) Kuhner-Ger th , Ausfuhrliche Grammat ik der 5) Voir Pape-Benseler, Worterbuch der griechi-

griech. Sprache I I 3 , 1, p . 208, et Kùhner-Blass, schen Eigennamen s. v. ZÏ/JIOÇ. Uîfioç (qui a le nez Ausfiihrliche Grammat ik der griech. Sprache camus) se trouve dans la même inscription et en-I3 , 1, p . 281. core aux lignes 29 et 41 ; cf. 2i/J,laç à la ligne 29.

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

d u paoïltvç Simos s ' expl ique c o m m e une fonction de l ' E t a t , ou si le n o m du ftaodevç est d e v e n u u n s imple t i t r e d a n s les cadres du c lub de Cal la t is , un j o u e t au cercle des th ias i t e s de Cal la t is . Car on t r o u v e des t i t r e s de fonct ionnai res sup rêmes de l ' E t a t a thén ien c o m m e ceux d ' ăQ%(ov ou d 'âo^oj j ' èxa)rv/ioç, de fiaotÂevç, de 7ioléf.ian%oç d a n s l ' o rgan i sa t ion des éphèbes a thén i ens , qui zélés p o u r leurs ins t i ­t u t i o n s se compla i sen t à employe r et à copier le m é c a n i s m e de l ' E t a t d a n s leur o rgan i sa t ion . Mais chez les th ias i t e s la ques t ion se p ré sen t e a u t r e m e n t que chez les éphèbes . Les éphèbes c o n s t i t u e n t u n e i n s t i t u t i on de l ' E t a t , e t l ' im i t a t i on du mé­can i sme de l ' E t a t avec ses organes es t p lus fac i lement expl icable d a n s u n e ins t i tu ­t ion p u b l i q u e telle que l ' o rgan i sa t ion des é p h è b e s 1 ) . Le c lub des th ias i t e s c e p e n d a n t est une associat ion p u r e m e n t pa r t i cu l i è re , qu i n ' é t a n t pas en c o n t r a d i c t i o n avec l ' idée d ' E t a t ne p o u v a i t pas ê t re con t ra r i ée p a r les r e p r é s e n t a n t s de l ' E t a t . Au con t r a i r e , le club des th ias i t e s a y a n t u n e sol l ic i tude e x t r a o r d i n a i r e p o u r le cu l te d ' u n dieu impor ­t a n t c o m m e Dionysos e t d é c h a r g e a n t l ' E t a t d ' u n e p a r t i e de ses obl iga t ions rel igieuses, deva i t avoir t o u t le concours de l ' E t a t . Mais le c lub de th ias i t e s é t a i t u n e in s t i t u ­t ion pa r t i cu l i è re .

L ' i m i t a t i o n de l ' o rgan i sa t ion de l ' E t a t , avec le fiaadevç en t ê t e , ne p e u t pas en t r e r dans la vie des sociétés grecques . Le ftaaùevç ne p e u t ê t re d a n s ce t t e corpo­r a t i on par t i cu l i è re u n s imple t i t r e d u '&i'aaoc.

Vu l ' i m p o r t a n c e du décre t , v o t é d a n s l ' assemblée des th ia s i t e s et é te rn isé p a r l ' inscr ip t ion p ré sen t e , de cons t ru i r e u n vaoç, ce qu i signifie u n ac t e i m p o r t a n t , u n é v é n e m e n t p o u r t o u t e la vil le, nous voyons d a n s le fiaodevç Zï/wç le fonc t ionna i re é p o n y m e de Cal la t is e t cela d ' a u t a n t p lus , que les ac tes de Mégare son t aussi d a t é s d ' ap rè s le fiaadevç (se. âqioiv) (Col l i tz-Bechtel , 1. c. I I I , 1, 3003 , 3004, 3007 — 3011) . A Chalchédoine (1. c. n . 3054 e t 3055), e t à A igos thène aussi ( P o r t o G e r m a n o ) nous t r o u v o n s l ' é p o n y m i t é du fïaodevç (èm ftaodîa)ç) ap rès celle du secré ta i re (èm ynafifiaxéoiç), chez Col l i tz-Bechte l , 1. c. I I I , 1, 3094, 1. 2 .

Le décre t est d a t é du mois de Dionys ios , n o m m é d ' ap rès le dieu Dionysos , qu i , j o u a n t u n rôle i m p o r t a n t d a n s le cu l te re l ig ieux de Cal la t is , a v a i t u n mois n o m m é d ' ap rè s son n o m . Le mois de Dionysios se t r o u v e aussi à A n t i c y r e , Callipolis e t N a u p a c t e 2 ) .

Nous ne p o u v o n s pas préciser , à que l mois a t h é n i e n co r re spond le Dionys ios de Cal la t i s .

A la l igne 2 —3 il y a encore u n fonc t ionna i re de Callat is qu i est n o m m é H a g é m o n fils de P y t h i o n 3 ) ; il é t a i t nqaioifivcbv.

Ce m o t i nd ique la fonct ion des a i s imnè tes . Ce son t les a i s imnè tes qu i à Mégare d i r igent les affaires p u b l i q u e s , e t les Cal la t iens a u r o n t reçu ce t t e fonct ion de leur p remiè re mé t ropo le .

Le m o t aloifivdraç e t les m o t s qui a p p a r t i e n n e n t a u m ê m e rad ica l se t r o u v e n t à Mégare e t d a n s les colonies de ce t t e vi l le . Le m o t TiQaioi/ircôvTFÇ4) ne se t r o u v e

>) Voir Poland, /. c. p. 411. 2) A Anticyra le mois de Dionysios est le même

que Amalios de Delphes, et Gigantios d'Am-phisse, d'après Bischoff, De fastis Graecorum antiquioribus. Diss. Lipsicnsis 1884, p. 361. A Callipolis et Naupacte le mois de Dionysios cor­

respond au mois 'EvôvanoiTQÔmoç de Delphes, d'après Bischoff, /. c. 363 et ss.

3) 'Ayr'j/ÂCDV TIV{)[MVOÇ est nommé encore une fois dans notre inscription, à la ligne 34.

*) Collitz-Bechtel, l. c. 3016, 1.

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CALLATIS

qu'à Chersonese; il est composé de TIQO et de aloi/tvâw (cf. aîav/jir^tijç), de la même manière que dans l'inscription callatienne.

A Calchédoine on rencontre la forme nQoaioifiva&éi'&a1), chez Collitz-Bechtel, 1. c. 3052 a, 10, et nnoaioi/irdor], ibidem 13.

A Chalcédoine il y a eu dix aisimnatai, d'après Collitz-Bechtel, 1. c , 3053, 1, au mois de Potamios, et seulement huit, d'après l'inscription 3054, 9.

Le TiQaioifivûv doit avoir été à Callatis ainsi qu'à Selymbrie et à Chersonese2) le président du collège des aisimnètes, du comité exécutif du conseil (fiovb)). Le pré­sident se renouvelait chaque mois en même temps que les aisimnètes. Nous ne pouvons pas insister sur les rapports entre le fiuoi/.evç et le noaioijurûv, parce que nous ne voulons pas entrer dans le domaine des hypothèses.

Par les fonctions du ftaodEVÇ et du nqaioiiivGiv la ville de Callatis se rélève comme appartenant à la sphère d'influence mégarienne.

Les noms des suprêmes fonctions de Callatis proviennent de Mégare. A la ligne 3 nous avons dans la formule de sanction ëôoÇs TOÏÇ dtaoïxaiç la

forme concrète de ftuxoïxai, au lieu du nom collectif ûîaooç, qui se trouve consé-quemment dans les inscriptions bosporaniques et avec prédilection dans les inscrip­tions des îles ioniennes et dans les villes de la Propontide3).

En ce qui concerne la forme ûiaoïxai, on peut prendre en considération la di­stinction de Moeris p . 180: ftiaounai ôià xov to * Axxixûç^iaoïxai 'ElXtpnxcôç.

Dans les inscriptions bosporaniques, comme nous atteste Poland, 1. c. p . 16 et adn., **4) , se trouve aussi la forme avec l'a>.

Il est évident que le mot &iaoïxai ne se trouve pas ici au sens primitif et original de membre qui fait partie d'une procession tumultuaire en honneur de Dionysos5).

Sans doute, qu'à Callatis, sur le téritoire thrace, dans la patrie de Bacchus, qui s'étend jusqu'au bord nordique de la Mer Noire, les thiasites servaient le culte de Dio­nysos6) qui dominait directement toutes les associations de l'Asie-Mineure et qui semble avoir été à Callatis le dieu noct k.ţoyr\v.

Les thiasites formaient d'abord une corporation, dans laquelle les intérêts reli-ligicux prépondéraient. Au cours du temps les intérêts sociaux, économiques des membres changeaient, mais surtout les intérêts politiques parvinrent au premier plan, sans que la corporation acceptât une fonction plus administrative et sans qu'elle servît, comme à Athènes7), à diviser et coordonner les différentes parties de l'orga­nisme de l 'Eta t 8 ) .

Dans l'exposé des motifs du décret nous apprenons que pour la construction d'un temple (rao'ç à la ligne 14) de leur dieu ceux des thiasites qui le désiraient, pouvaient

x) Sur l 'aisimnatas voir Solmscn, Beitrăge zur griechischen Wortforschung I, 1908, p. 36 et suiv. A Patra i aloifivfrijt est l 'cpithète de Dionysos, d'après Pausanias VII , 20, 1.

2) A Chalcédoine le président du conseil (Pov?.rj) et du collège des aisimnatai s'appelle aye^Kov ou âye/iwv (iovlrjç.

3) Poland, l. c. p. 25. 4) Ici nous constatons des oscillations entre i et

ei d'une époque postérieure et dans l'adn.,*** nous voyons les différences dialectales de ce mot.

6) Eurip. Bacch. 680; Poland, /. c. p. 16. •) Poland, l. c. p. 198. ') Cf. Arist. Eth. Nie. VI I I , 11, p. 1160 a, 19 et

suiv.: ëviai ôè xûv xoivcoviœv ô'rjôovijv ôoxovoiv yiyveadai &iaoa)T(»v xal eqaviaxibv avxai yào &v-oîaç ëvexa xal avvovaiaç. Poland, /. c. p . 31.

"; Poland, /. c. p. 17, 526.

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

contribuer pour la somme qu'ils voulaient. Ceux qui souscrivaient une somme jusqu 'à un xQvaâç recevaient le atêcparov rptlorifitaç ôtà fti'ov (1. 7 — 8) xal èyyqaxpàv eiç ozdXav. Les payeurs d'une somme inférieure à un yqvaoç jusqu 'à t rente iiQyvQOÏ recevaient xàv xe èyyqacpàv xal arétpavov evRQyeotaç (?) xa XQIEXIJQIÔL Ôià fit'ov (1. 10 —11) , et enfin ceux d'une somme au dessous de 30 àqyvQol, èyyQCMpàv xaç èmiyyeHaç (1. 12 — 13). Pour que le temple fût construit le mieux et le plus vite possible, une commission de trois thiasites devait être élue. Ces trois commissaires avaient le devoir de recevoir les différentes contributions des souscripteurs et de rendre par écrit leurs comptes de l 'administration du fonds. Le travail terminé, les trois élus ènl xàv xaxaoxevàv avaient le droit de porter une couronne aux réunions triétériques. Après le texte de la résolution des thiasites suivent les noms des souscripteurs en deux colonnes.

C'est une chose très générale dans le monde grec, que dans un cercle ou dans l 'autre les membres d 'un club décrètent et lancent des listes de souscription parmi les membres, pour la construction d 'un temple de quelque divini té1) .

Pour la restauration du temple apollinien de Delphes, qui a été détruit par un incendie et par un tremblement de t e r re 2 ) , les appels ont été faits à tous les Grecs de p a r t o u t 3 ) . é.

D'après les contributions, nous distinguons trois catégories de souscripteurs : Ceux d'un %QVOUÇ au moins, ceux de trente aQyvQoî au moins, et ceux qui ont souscrit moins de 30 àqyvQOÏ.

En ce qui concerne la valeur d'un %QVO6Ç et d 'un ÙQyvQovç, les rapports entre un XQVOÔÇ et un âgyvQOVÇ, l 'étalon de ces monnaies, nous ne pouvons rien préciser, parce que nous ne pouvons pas déterminer avec certitude la chronologie de l 'inscription.

Si nous convenons de l 'époque autour de l 'année 200 av. J . Chr. nous pou­vons calculer le %QVOOÇ à un statère d'or macédonien, qui à l 'époque d'Alexandre-le-Grand n 'avai t que 0.003 d'argent, le reste é tant d'or pur . L' àQyvqovç était à la même époque identique à une drachme, qui n ' ayan t que 0.009 de plomb, de fer et un minimum d'or, était au reste d 'argent pur 4).

La valeur d 'un àqyvQovç n 'aura pas été t rop différente de celle de la monnaie courante at t ique 5).

La valeur de la monnaie d'or, d 'un XQVOOÇ, ne peut être déterminée absolument, parce que dans cette évaluation interviennent les oscillations des rapports entre l'or et l 'argent, depuis un multiple de 14 jusqu 'à 10.

A l'époque d'Alexandre-le-Grand le rapport de l 'argent à l'or était de 1 : 1 2 ^ e t

30 drachmes macédoniennes étaient au statère d'or dans le même rapport de poids que l :121/ 2 6) .

L'inscription des thiasites, qui établit les trois classes des souscripteurs (êcoç... XQVOOV à la ligne 7; êcoç àqyVQmv xqiàxovxa à la ligne 9 — 10, et xoiç ëkioaov ènayyEi-lafiêroLÇ à la ligne 11 — 12) nous indique la limite inférieure pour les distinctions

]) Cf. les catalogue des eranistai de Rhodes , 3) Di t tenberger , /. c. p . 236 et suiv. Di t tenberger , Sylloge3, 116, 1. 3 et ss . : rolôe 4) Hul t sch , Griech. u. rôm. Métrologie, p . 240 et ènavyEO.GLVTO elç ràv àroixoôo/iàv roil TOÎ%OÏ) xal suiv. rœv /j,va/j,e{cov r&v Tteaôvrœv êv râ) oeiofiâ). °) Hul t sch , Z. c. p . 235.

-) Voir Di t tenberger , Sylloge, ed, 3, 295, 1. 8 •) Hul t sch , /. c. p . 246. et la note 4.

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qui devaient être accordées ; elle indique le XQVOÔÇ et les trente àoyvnoï comme les sommes les plus petites, dont le payement était la condition principale et unique de la première et de la seconde distinction de notre inscription.

La limite au-dessus d'un iQVoàq, n'est pas prévue ; on ne pouvait attendre que quel­qu'un, dans un accès de philanthropie, offrît plus d'un %QVO6Ç pour le naos des thiasites.

L'inscription nous montre que le nombre des souscripteurs d'un xQva°? était assez grand.

Ceux qui souscrivaient et payaient moins d'un XQvaôç jusqu'à trente âoyvooï au moins, avaient à recevoir une distinction moins importante.

Le montant de trente àoyvQoï ne peut être expliqué qu'en se basant des rapports et les usages des valeurs enracinées à l'époque de l'inscription et par le nombre de trente âçyvQOÏ, connu comme un équivalent du statère d'or de l'époque d'Alexandre-le-Grand.

D'après le degré descendant des distinctions énumérées dans l'inscription, nous pouvons voir que la valeur d'un XQva°Ç n'était pas celle d'un statère simple, mais d'un statère double ou d'une tétradrachme en or x).

Après la destination du orécpavoç (pùon/uaç, accordée à ceux qui avaient souscrit jusqu'à un XQV0(>Ç, suit la distinction de ceux qui avaient souscrit jusqu'à trente àqyvQOÏ.

Le qualificatif de la couronne fixée aux derniers souscripteurs nous manque, parce que le morceau du commencement de la ligne 11 avec la majeure partie des lettres du qualificatif ne nous est pas conservée. Nous sommes réduits à des hypo­thèses en ce qui concerne la seconde couronne.

D'après le mot (piXori/ua, le substantif abstrait qui qualifie la couronne des souscripteurs jusqu'à un XQVOf)Ç, nous attendrions aussi pour la qualification de la couronne, destinée aux souscripteurs jusqu'à trente ànyvgoï. un qualificatif ab­strait. Les lettres initiales du second qualificatif semblent être Ail, que nous pou­vons lire à la ligne 10.

Mais avec ces lettres nous ne pouvons pas rétablir le mot propre à combler cette lacune et qui aurait la terminaison eoîaç, indiquée par les restes des lettres à la ligne 11. D'après la désinence eoîaç nous sommes tenté à compléter evEQyeolaç.

Ce qualificatif a besoin d'être complété. Car le titre de eveoyjeoiac, à côté du titre cpilôxifwç 2) est une des distinctions les plus habituelles, accordées aux bienfaiteurs de tous les degrés dans toutes les parties de la Grèce et dans toutes les organisations d'une polis grecque.

Mais la difficulté consiste d'abord dans le fait qu'à la fin de la ligne 10 se trou­vent les lettres CLT, par lesquelles le nom de la couronne semble commencer. En-, suite nous avons des difficultés d'espace pour le mot eveoysolaç au commencement de la ligne 11.

Pour une lecture certaine et plausible, nous sommes dans l'embarras. Nous pou­vons admettre une erreur du graveur du décret, qui après le mot oxécpavov a fait fausse

J) Hul t sch , I. c. p . 240 et s. ; 243 et suiv. Voir Pin- l. c. 368, 1. 19 ; 369, 1. 4 5 ; de Carpathos , D i t t . scription d'Olbia chez Di t tenberger , Sylloge, éd. Sylloge3, 570, 1. 16 ; de P a t m o s (c. 200 av. J . 3 , no. 495 ,1 . 68, no. 19 ; cf. l ' inscription d 'Ephèse , Chr.), Di t t . Sylloge3, 1068, 1. 20. D i t t . Sylloge3 , 352, 1. 14 — 1 5 ; de l'île de Crête, 2) Poland l. c , p . 437 et suiv.

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVKANU

route, ce qui nous est arrivé en lisant pour la première fois le 6/VI11 1924 la ligne 10 et surtout les lettres otécpavov an. Le lapicide a pu être entraîné par la formule presque stéréotype d'Athènes et des autres villes du IV-ème siècle av. J . Chr. indiquant le nombre des drachmes fixées pour acheter la couronne, par la formule oxetpàvov àrro (le chiffre) àQa%[AÔ>V. *).

Quoique la lecture eôegyeolaç corresponde admirablement à cette lacune de l'in­scription— voir l'exposé des motifs de l'inscription suivante, 1. 34 — 35, où nous trouvons le mot evEQyeola—, admettre une erreur du graveur avec les lettres an ne signifie que relever la possibilité d'un expédient.

Nous nous demanderons: quel atétpavoç était nommé tpi/.ortiii'ftç et quel était l 'autre ?

La distribution de couronnes, de grande importance d'abord dans les questions sacrales, comme signes distinctifs d'honneur, est connue dans toute la Grèce, depuis les temps les plus reculés, et ensuite surtout aux grands agones célèbres, aux jeux Phythiens, Olympiens, Néméens, et Isthmiens 2).

Les couronnes de fleurs (aré<paroç arûtvoç) étaient rares3). Dans la plupart des cas elles étaient de feuilles toujours vertes soit de laurier (Ôdyn/ç oxéiparoç ou oxêtpavoç ôàxpvivoç) 4), de l'arbre d'Apollon Pythios, soit d'olivier (èXaiaç oxé<pavoç 5), auquel nous devons penser, quand nous lisons ûallov OTEtpàvq) ou i%ûMr(p Oxe<pàv(p dans les nombreuses inscriptions de partout, soit de myrte0) (pi,V(5£(vr)Ç axérpavoç), soit de cyprès 7).

Dans notre inscription, la couronne a été probablement un oxé(pavoç legôç, i. e. rod '&eov, une couronne sacrée de Bacchus, une couronne de lierre (voir xixxov oretpdvo) x(J> Txaxoup xov &EOV de Péparèthe, chez Dittenberger, Sylloge, éd. 3, 587, 1. 31—32).

Il y a eu deux oxéqoavoi: l'un çpiloxitiiaç,, l 'autre e/deoyeoiac (?), dont nous ne pouvons pas deviner les signes distinctifs. L'une des couronnes se porte ôiù fiiov à tous les festivals, l 'autre ôià fiiov, mais seulement xâ xnu:r>)Qtôi (1. 11).

Il est intéressant de voir ces oxéqoavoi qualifiés par des substantifs abstraits. Mais de quelle façon a été la couronne destinée aux membres élus pour le contrôle de la construction du temple et pour l'administration des fonds recueillis? Etait-ce une autre que l'une des deux couronnes nommées plus haut? A cause des mots xuxà xniex7]Qi'Ôa (1. 19 — 20) nous sommes tenté de croire que la couronne des trois com­missaires était la même que la seconde.

Pour ce qui concerne le mot ovvoôoç de la ligne 19, il est très usité dans le langage de la vie sociétaire postérieure des Grecs, et signifie des associations aux buts religieux et économiques-sociaux.

' ) Voir l'index chez Dittenberger, Sylloge3, IV, 2, p. 556, s. v. oxéqxivoç, où se trouve un grand nombre d'inscriptions contenant les mots oxéqpavoç cuio.... ôoaxniùv

s) Voir le travail Kochling, De coronarum apud antiquos vi atque usu, caput unum. Diss. Munster 1913. Religionsgeschichtliche Versuche und Vorar-beiten, XIV, fasc. 2, 1914, p . 22 et suiv. Voir le chap, de coronarum historia, p . 89 et suiv.

3) Le prêtre de Neptune porte un av&lVOÇ axé-rpavoç, Dit t . Sylloge3, 1017, 1. 11.

*) Voir l 'index dans Dittenberger, Sylloge, éd. 3. IV, 2, p. 556, s. v. oxêtpavoç.

5) Voir l 'index cité. °) Nous avons dans les inscriptions d'Eleusis

cette couronne, p. e. Dittenberger, Sylloge, éd. 3, 540, 1. 45 — 46, 1050, 1. 8.

7) Kochling, /. c. p . 24.

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CALLATIS

La signification primitive du mot ovvoôoç a été celle de réunion, de rassem­blement, de séance. Dans notre inscription, à la ligne 19, le mot ovvoôoç a le sens d'assemblée générale, qui avait lieu xaxà xoiexrjoiôa (1.20), quand se célébraient les grands festivals de Bacchus.

Dans la controverse Ziebarth-Poland >), nous ne pouvons pas intervenir avec cette acception du mot ovvoôoç. Voir les mots des inscriptions de Callatis, Arch, ep. Mitt. VI, 9, 14 : èfi nâomç xaïç ovvoôoiç, et Arch, epigr. Mitt. X I , 35, 35 : èx xov ôôy-ftaxoç ovvéâov.

Par l'inscription présente, où est mentionné un oxéyavoç (pdoxifiiaç à côté d'un autre, se résout la question litigieuse, si le mot <pdâxi/mç est un ti tre d'honneur ou le nom d'une fonction, d'une charge du iïîaooç. Longtemps il parut que (pdoxifioç, qui ne se trouve qu'à Tomi et dans les villes voisines2) pour désigner les membres d'une corporation, était le nom d'une fonction, qui aurait son origine dans le do­maine de conceptions éthiques, jusqu'à ce que Poland ait établi que ce titre a été ac­cordé à tous ceux qui avaient quelque mérite pour le thiasos. Poland a démontré, que (pd/m/wç et EVEoyéx^ç n'est qu'une confirmation des mérites qui donnaient à ceux qui en étaient honorés droit à une place d'honneur dans un certain cercle et à certains festivals et arrangements. Il résulte clairement de notre inscription que fpdoxtfioç n'est qu 'un ti tre, qui, comme nous croyons, ne pouvait jamais devenir une fonction officielle.

Une distinction commune à toutes les trois classes de souscripteurs est Yèyyoacpà ènayyeUaç (1. 12) ou èyyqacpà eîç oxdlav (1. 8) ou simplement èyyqacpà (1. 10).

La liste de souscription commence par les mots: oïôe êTcayyedavxo (sic!) elç xàfvj olxoôo/uav xov vaov.

Les noms de souscripteurs suivent, disposés en deux colonnes. Dans la colonne gauche on lit les noms propres avec le patronymique. En 4 cas (1. 23, 24, 25, 27) à droite des noms propres nous n'avons pas le signe qui signifie un XQV°ÔÇ- Dans ces 4 cas on voit après les noms propres un espace libre, qui peut-être a été réservé à des annotations ultérieures.

A la ligne 26 de la colonne gauche on ne lit pas un nom propre, mais le verbe olxoôofiéa) qui se rapporte à des contributions en argent ainsi qu'aux bras de tra­vail et à la construction d'une partie du temple3). C'est ce qu'on constate à la ligne 39 et 40 de l'inscription pour les parties suivantes du temple: àléav elç êvQoy^a xodav et xpaliôaç. Pour ces parties le mérite revient à Démosthène, fils de Dionysios.

Dans la colonne de droite nous lisons des souscriptions plus petites, de 30 aQyvooï, indiquées par le sigle A*. L'indication manque à la ligne 28 et 29, qui n'est pas conservée.

A la ligne 30, aussi détruite, nous ne croyons pas qu'il y ait eu l'indication d'une somme. La ligne 30 de la seconde colonne doit être rattachée à la ligne 31 de la même colonne, ainsi que la ligne 32 à la ligne 33, la ligne 34 à la ligne 35 et la ligne 39 à la ligne 40.

Dans la colonne de droite, l'indication de la contribution ne manque qu'à la ligne, qui n'est pas conservée.

3) Confer r à oidcpoqa de la ligne 16 de l ' inscrip-1) Poland, l. c. p . 158 et suiv. tion, qui est une expression vague désignant 2) Poland, /. c, p . 411. contributions diverses.

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ÏIICOlMIII.I , S U Cil C - S \ \ I W l

La question peut-être posée si les contributions de l'un ou de l 'autre se réfèrent à ces parties de la construction, à la droite de laquelle se trouvent leurs noms avec la somme souscrite.

Les caractères épigraphiques ne donnent aucun indice, ils ne montrent aucune différence de l'écriture, ni à la ligne 26 ni à la ligne 39. Nous ne pouvons pas dire que les souscriptions aient été faites à plusieures étappes, et nous n'avons pas constaté qu'après un nom quelconque la somme ait été ajoutée plus tard.

Il est possible de penser que les personnes de la colonne première à gauche, après les noms desquelles ne suit pas le sigle ^ , avaient à declarer et souscrire ultérieu­rement la somme d'un %QVOOÇ ou avaient à fournir le travail ou les matériaux cor­respondant à la valeur d'un %QVO6Ç.

Nous ne croyons pas qu'il soit possible d'expliquer l'espace libre de la première colonne à gauche par un rapport du nom propre de la première colonne à la somme indiquée dans la même ligne de la seconde colonne, à droite, après le nom propre.

Onze personnes ont donné chacune un %QVOOÇ. Il n'est pas certain si Méniscos de la ligne 27 a contribué pour un ^l 'ooç, car la lettre #, qui est lisible après le sigma final du patronymique, est incertaine. Le % peut être aussi le sigle tft et peut être rat­taché au nom défectueux de la seconde colonne. Six personnes ont souscrit chacune trente àgyvQOVÇ. Le nombre de ceux qui ont contribué à la construction du temple avec des êQydrai est relativement grand. Le nombre des êçyarai est indiqué en toutes lettres ou par des signes pour 30, 15 ou 10. Apollodotos a contribué avec 30 EQ-ydzai, Promathion, Hagémon, Olympos, Dion et Aristion, chacun avec 15, Dionysios et Apollonios avec 10 êgydrai. Hagémon a contribué en outre avec un xafialleïov.

En ce qui concerne les noms des souscripteurs : Pour la première fois nous rencon­trons le nom de Protopolis à la ligne 32, IÏVQOIJÇ à la ligne 34, Noaotov à la ligne 36. La formation de ces noms est grecque.

Pour Pyrses cf. IJVQOCOV, pour Nooauov cf. Ndoooç, Nooaîç, Nôaovloç chez Pape-Benseler, Wôrterbuch der griech. Eigennamen, s. vv. Le nom oriental Zopyros est à cette époque répandu aussi en Grèce.

A la ligne 34 après les nom 'Ay/j/iov IIvOi'oroç nous voyons les lettres KAPAA. Les lettres doivent être rattachées aux lettres de la ligue suivante de la même co­lonne. C'est ce qui est indiqué aussi par la copule xai. A cet endroit nous convien­drait parfaitement le mot xafidlleiov. Mais, admet tan t au lieu de P un B, nous ne savons si à l 'époque de notre inscription le mot était employé.

Le temple des thiasites de Callatis aura été comme les temples des autres cor­porations des autres villes, un édifice modeste1) qui ne pouvait être comparé aux bâtiments somptueux et pleins de richesse et de splendeur de l 'E ta t . Le nombre des souscripteurs de Callatis confirme assez notre assertion. Nous trouvons cependant à la ligne 39 et 40 mentionnées une aléa xoila et des ipaMôeç.

L' aléa est un mot employé par Homère Od. 17, 23 et par Aristoph. Eccl. 591. Chez Hés. O. 543 nous trouvons l'explication vexov âlérj. Le mot signifie ici une espèce de verandah, qui abrite contre les intempéries.

*) Confer la salle des Iobacches découverte par êv Aî/ivaiç. Voir mon article, Statutele Iobachilor, Dôrpfeld à Athènes, dans le district de Dionysos Orpheus, 1925, no. 3, p. 1 et suiv.

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CALLATIS

-m~

L'a léa de l ' insc r ip t ion p e u t ê t re une en t rée , un ves t ibu le avec u n e xoO.a, sans Vàéttûpia1).

Les xpàklàeç s ignif ient demi-cercles , a r c s ; elles s e m b l e n t n ' ê t r e a u t r e chose q u e les àtplôeÇ, d o n t le n o m b r e a u r a é té p lus g r a n d q u ' au Bacche ion d ' A t h è n e s . , r .t

L a c o n s t r u c t i o n d u vaôç dédié à D ionysos d é n o t e la s i t u a t i o n aisée d o n t j ou i s s a i en t les Cal la t iens à l ' époque à laque l le a p p a r t i e n t c e t t e insc r ip t ion .

N r . 2.

Stèle en m a r b r e b l a n c , composée a u j o u r d ' h u i de c inq m o r c e a u x , de 96 c m de h a u t e u r , avec u n f ron ton 85 cm de h a u t au mil ieu, su r les d e u x côtés de 4 cm de h a u t .

L a l a rgeu r de la s tèle est en bas de 42 c m , en h a u t de 37 cm, l 'épais­seur de 16 e t 10 c m .

L a face g ravée es t appro fond ie de 1.8 cm e t l ' i n sc r ip t ion es t encadrée p a r u n b o r d élevé de 4.5 cm de la rge , à g a u c h e e t à d ro i t e . Le b o r d au des­sous d u f ron ton est de 1.8 cm de la rgeur .

Le t y m p a n d u f ron ton sans acro-t è re s es t u n p e u app ro fond i e t encadré p a r t ro i s côtés de 1.8 cm de la rgeur .

A d ro i t e d u t y m p a n on voi t es­quissé en l ignes incisées u n d a u p h i n , le s y m b o l e de la p r o t e c t i o n bénévole d iv ine , le symbo le du v o y a g e h e u r e u x , la m a s c o t t e des n a v i g a t e u r s . Sur son r a p p o r t avec Dionysos , voir T h r a e m e r , R o s c h e r Ausf i ihr l iches Lexicon der gr iech . u n d r ô m . Mytho log ie , I , p . 1083, s. v . D ionysos . Fig. 39.

A 3 cm d u b o r d supér ieur e t à 1.2 c m du b o r d à gauche c o m m e n c e l ' inscr ip t ion de 42 l ignes. A p a r t i r de la l igne 29 les l e t t r e s s o n t u n peu p lus g randes que 0,8 cm.

L a stèle en b a s , sur ses d e u x côtés , à 6 cm du b o u t est a r rond ie j u s q u ' à u n e p ro fondeu r de 2 c m ; elle est au revers , à 6 cm du b o u t , p lus p r o f o n d é m e n t ta i l lée , d e v a n t ê t r e m o n t é e sur u n socle, sur u n e base .

l) Cf. l ' inscription argienne, Michel, Rec. 1011, 1. 26 : VJieQÛvgœf &fjvat] rf/v eïooôov. Voir Poland l. c. p . 468 et suiv.

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

D a n s la su i t e nous d o n n o n s la p h o t o g r a p h i e (fig. 39) e t la t r a n s c r i p t i o n de l ' inscr ip t ion .

' E n l flaoOJoç Kôxvoç xov 'Pot[ir]xàlxa, fiyroc Atovvai'ov èv XQiExrjQi'ôr EÔOÇE xoTç ■ùiaoehaiç, AI6Ô(OQOÇ Aaţia-xoiov elne' ETTEIÔX) AQI'OXOV ' Aot'axtovoç

5 ctatQÔç ècov Evepytxa xal xxîoxa xâç no-Àioç xal qnXoxfi'/iov xov -Oidoor ènavtcov fièv aiïv xàç xov yevvdoavxoç àpExàç v a c a t ôiaxehï ô/wt'av xe èmôei'xvvxat xàv lôiav aÎQEOiv noxl xov ôâ/itov èv narxl

10 xaïQÔJ xal xivàvvw ocbÇtov xal EVEQŢE-xœv xovç noXEixaç xal ènavyeXlô-fiEvoç âfci'J xivoç àyaêov napalxioç è-OEtoêai [n]oxi XE XOV ftiaoov xov nan' â/icôv EVVOVV èavxov èvnaqe-

15 %6[tsvoç xal ovvETtavŞiov xâç xov Aiovvoov [xEiJfidç, xaiTtEQ ÔJV jtavxd-naoïv véoç, {IEÏÇOV êvÔEixvvxai xo Tioxl xovç TioÏEi'xaç çpilôàoÇov na­tta xovç xà%iov EVEQyexfjOai (jiooai in r a s u r a )

20 TtQoawty&évxaq ÔJIOJÇ o$v xal oi -&iao-EÏxai (paivcovxaft] xàv nox* avxov rvvoiav ôi-[a]xi]QOVvxEÇ xal àjto/iva/iovEvovxEÇ v a c a t xàv noif êavxovç yvrjoiôxaxa xal xd^tov [10 le t t res ] TTpàxtoç xtôv naxQi avxuv xàç

25 [xaïïiixovoaç] xsi/iiàç napà xovç xoivovç [10 le t t res ] vvv TTQaxcoç avxov 7ioit]oaf.iè-vov xàv àrayoQEfvoivJ xov oxEcpdvov ôià xo av­xov xEXEi/idoi}a[i] vno xov ôd/xov xaXç ïa-atç X(~> Tiaxpl XEi/iaïfç ôeôoJxïïai xoïç ftiaost-

30 xaiç oxEvpavovv xaxàfxàjv ovvoôov xal xaxà Ttâoav rf/iéoav èv alç â[ïïpolL,o]vxai v a c a t 3An!oxQ)va ' Aploxwvoç XOV ev£pytx[a]v xov èd/iov xal (pilôxEifiov xov &[idJa[ov], ôsôéo-tiai ôè xov oxécpavov EIÇ XO xfajxà ïôiov EV-

35 EQyEolaç /dv xal àpExàç EVEXEV xâç EÎÇ xov iă/Âov, Evvoîaç ôè xal (pû.oxEifuaç xâç EIÇ XOVÇ ■ùiaOEÎxaç èvyqd^ai ôfè] v a c a t xovç êiaOEÎxaç xo ipdçi^jua xovxo EIÇ xs?M{j,ă)va IEVXOV )MOV êo)Ç /irjvoç

40 Avxrjov xâ)v l-zvtxcbv AIOVVOIOJV xal àvaêé/iiEv EIÇ XOV èm(pavéoxaxov xov ţivyjov XÔTIOV. v a c a t 15 x / 2 cm.

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CALLATIS

Les caractères épigraphiques de l'inscription trahissent une date plus récente que l'inscription précédente.

Il y a une «varietas et inconstantia scripturae»1), qui commence, et qui se révèle surtout par le & et l'a». Ces lettres sont tantôt de la hauteur des autres lettres, tantôt plus petites, même plus petites que l'o, qui a la forme petite constante. Les autres lettres sont 0.9 — 0.11 cm. de hauteur. La barre transversale de VA est tantôt brisée tantôt courbée. L'A a la barre droite au milieu, qui à Athènes commence d'être rare à partir de 150 av. J . Chr.2), est sporadique dans l'inscription présente. Là lettre ?*> a au milieu, au lieu du point, une petite barre horizontale.

On remarque cependant des réminiscences du § avec le point au milieu, qui dis­parait complètement entre 30 av. J . Chr. et 50 ap. J . Chr. 3).

vLa lettre M montre la tendance aux formes carrées, qui commence en Attique autour de 300 av. J . Chr.4). Le sigma a presque sans exception des formes carrées, qui prédominent à Athènes à partir d'environ l'an 90 av. J . Chr. 5).

Le 77 se présente avec deux barres perpendiculaires parallèles, de la même lon­gueur. Le Q a une forme ronde. La bifurcation de 1' Y commence près du milieu de la hauteur.

Nous avons ici une écriture assez soignée, sans vestiges d'ornementation, sans lignes et sans hachettes. Même les bouts des barres des différentes lettres ne sont pas enflées, comme nous les avons trouvées dans l'inscription précédente, ce qu'on constate aussi à Athènes à partir d'environ 200 av. J . Chr.6).

Nous n'avons pas dans cette inscription des caractères d'une écriture plus déve­loppée, comme nous l 'attendrions à la fin du premier siècle av. J . Chr. Il semblerait, que les lettres de cette inscription aient un caractère plus ancien. Mais elle ne peut être que d'une époque postérieure à l'inscription précédente, qui nous montre des éléments caractéristiques au commencement du développement de cette écriture, des éléments qui n'apparaissent plus dans l'inscription de l'an du roi Cotys, fils de Rhoimétalcas.

Au point de vue purement épigraphique pour dater l'inscription de l'an du roi Cotys nous ne pouvons dépasser le premier siècle av. J . Chr.

Si nous avions à déterminer le rapport de l'ancienneté de ces deux inscriptions seulement par des éléments linguistiques, et cela à l'aide du mot qui indique les membres du §(,aooç et qui se trouve dans les deux inscriptions, nous accorderons une ancienneté plus grande à l'inscription de l'an du roi Simos, fils d'Asclapiadas.

Le dialecte dorien y est plus conséquemment observé. Le génitif pluriel du mot ûiaàÏTiu se trouve à la ligne 4 et 15 de l'inscription précédente sous la forme ûiaonav, tandis que l'inscription du temps de Cotys, fils de Rhoimétalcas, ne nous montre pas de telles formes.

Nous avons dans l'inscription de Cotys, fils de Rhoimétalcas, encore une forme plus récente du mot, qui indique les membres du iïiaooç. Au lieu de la forme ûiaoï-rai de l'inscription précédente nous trouvons ici la forme ûiaoeïrai. A 1 époque

x) Elle caractérise tou te l 'époque impériale. Lar- 4) Larfeld, Z. c. p . 463, 372. feld, H a n d b u c h d e r g r i e c h . Epigraphik , I I , 2 ,484. 6) Larfeld, l. c. p . 481.

2) Larfeld, /. c. p . 472. 6) Larfeld, l. c. p . 472. 3) Larfeld, l. c. p . 484.

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THÉOPHILE SAUCIUr.-SĂVEANU

des empereurs romains on trouve à Athènes ci au lieu du /, en grand nombre surtout dans les désinences (aïoç, tvrjç et ïvoç ').

Nous pouvons déterminer la chronologie de l'inscription de l'an du fiaoûevç 2ï/toç à peu près aussi par la comparaison avec l'inscription d'Aigosthène (Porto-Germano) 2), qui, avec des formes comme [luot/.nnc et avec VA à la harre trans­versale brisée en deux, a été placée par Foucart entre 288 — 255 a. J . Chr. Sans doute, l'inscription callatienne de l'époque du (lumievç ~ï/ioç * Aaxhmiàoa peut être datée du l l l -ème siècle av. J . Chr., si nous n'hésitons pas à attribuer celle d'Aigosthène au l l l -ème siècle av. J . Chr., quoiqu'elle soit plus récente au point de vue de la langue et de l'écriture.

L'éponyme de la seconde inscription des thiasites est le fiaoïkevç Cotys, fils de Rhoimélalcas. Ce Cotys ne peut être un autre que cehii qui a été tué en 19 ap. J . Chr., et dont la femme était Antonia Tryphaina, la fille du roi pontique Polémon.

Le roi Cotys, nommé par Strabo X I I , p . 556 ÏLanaïoç, était de la tribu des Sapéens, qui habitaient dans la Thrace voisine à la Macédoine, depuis l'Abdère jusqu'à Philippi. Leur vigueur et leur puissance datent du temps de la bataille de Philippi8).

Le père de Cotys est Rhoimétalcas, contemporain d'Auguste, qui après la bataille actiaque passe du côté de César4). Rhoimétalcas, fils de Cotys, s'empare en 11 av. J . Chr. de la domination des Odryses, dont le roi Rhescuporis avait été tué par les Resses. Ceux-ci avaient envahi le territoire de Rhescuporis. Les Odryses cher­chèrent la protection de Rhoimétalcas pour se défendre avec le secours des Ro­mains contre toutes hostilités dangereuses.

Rhoimétalcas est roi, et non pas ôvvdoxi]Ç Sqaxaiv. Ce dernier titre est celui de Rhoimétalcas, fils de Rhescuporis.

Au temps d'Auguste l'influence des rois sapéens dans la Thrace et dans les ré­gions de la Mer Noire était grande.

Ainsi nous expliquerons l 'éponymité de Cotys à Callatis dans une des années antérieures à 19 av. J . Chr.

L'inscription montre aussi des formes doriennes. A la ligne 1: ftandéoç el'Poi/it]-xd?.xa, I. 3 — 4: Aa/m/xotov, 1. 5 — 6: EVEQyéxa xai xxiaxa raç 7id/?aoç, 1. 7: yevvdoavxoç (employé au lieu de xov yevvdoavxoç naxqôç; le verbe yevvdu) est employé en parlant du père, xîxxeiv en parlant de la mère); 1. 8: xàv, 1. 9: ôâtiov 1. 14: âfiâv, 1. 2 1 : xàv nox avxov evvoiav, 1. 22 : v7io/i,vafi,ovevovxeç, 1. 23 : xàv noff eavxovç yvrjotdxaxa, 1. 24 et 26: 7iodxcoç (voir nqaxoç elo^ytjoaxo à la ligne 9 de l'inscription callatienne pu­bliée par Pârvan, An. Acad. Rom. X X X I X p. 12), 1. 27: xàv àvayônevoiv, 1. 28 : xexeifiàoiïai VTIO XOV ôd/AOV, 1. 32 — 33 : eveoyexav xov/ôd/wv, 1. 35 — 36: àoexâç ëvExsv xâç elç xov/ôaf.iov, 1. 37: xâç, 1. 38: ipd(piÇ/m, 1. 40: Avxrjov (la forme laconienne au lieu de AVXEIOÇ5).

*) Meis terhans-Schwyzer , G r a m m a t i k der a t -t ischen Inschr i f ten, p . 49. Voir encore nolehaç à la ligne 11 et 18 ; [reij/idç, Tereifiào&ai et xeifiaïç aux lignes 16, 28 et 29, (fiXcaeinov et (pdorei/uaç aux lignes 33 et 36.

2) Collitz-Bechtel, /. c. 3094, 1. 2.

3) Dessau, Regcs Thrac iae qui fuerunt impe-r a n t e Augus to , E p h e m . epigr. I X , p . 697 et suiv.

4) Plut. , Apoph th . Caes. Aug. 2, p . 207 A ; cf. v i ta R o m . 17.

6) Voir Herwcrden , Lexicon graec. suppl . e dialect . 1902, s. v. Avxrjoç.

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CALLATIS

A la l igne 12 — 1 3 n o u s a v o n s le fu tu r dorien êoéïoêai, qu i se t r o u v e dans la m ê m e p h r a s e d ' u n e a u t r e insc r ip t ion ca l la t i enne , publ iée p a r Toci lescu, Arch , epigr . Mi t t . V I , 10, n . 16 (Col l i tz -Bechte l , l. c. I I I , 1, 3090), 1. 7 ' ) .

À la l igne 41 n o u s a v o n s la forme âvaiïé/iev, l ' infinit if au suffixe dorien fisv. A u x lignes 19 e t 23 n o u s t r o u v o n s la forme du c o m p a r a t i f xd%iov, de l 'adject i f

xaxvç, au lieu de iiàxxov. Voir K ù h n e r - B l a s s , Ausfuhr l iche G r a m m a t i k der grie-ch i schen S p r a c h e , I 3 , 1, p . 556 .

La forme a d v e r b i a l e jigdxojç à la l igne 24 et 26 , au lieu de nocôxov, est formée de nqô-a-xoç avec le coç, au Kcu de ov, q u ' o n a a u x adve rbes de lieu et de t e m p s 2 ) .

A u x l ignes 13 , 18 e t 21 nous a v o n s au lieu de nodq la forme béo t i enne , thessa -l ienne e t do r i ennc TIOXL ( K û h n e r - G e r t h , Ausfi ihrl . G r a m m a t i k der gr iech. Sp rache , I I 3 , 1, p . 515), qu i se t r o u v e aussi dans le dia lecte ép ique . Le pa r t i c ipe iév de la l igne 5 n o u s es t c o n n u auss i d ' H o m è r e .

R e m a r q u a b l e s son t encore èvyodyai à la l igne 3 et ydcpiÇ/ita 1. 38 . I n r a s u r a son t à la l igne 19 les l e t t r e s nqoai.

D a n s c e t t e insc r ip t ion nous avons u n décre t honor i f ique , qu i a é té v o t é p a r les t h i a s i t e s de Cal la t is sur la p ropos i t ion de Diodore , fils de D a m a t r i o s , au mois de Dionys ios , l ' a n n é e où se cé lébrè ren t à Callat is les fêtes t r i é t é r iques de Dionysos .

D a n s l ' exposé des mot i fs du décre t son t relevés les mér i t es du père d 'Ar i s ton q u i é t a i t h o n o r é . A r i s t o n , le pè re d 'Ar i s ton , t i t u l a i r e du décre t p ré sen t , s ' é ta i t acquis des mér i t e s enver s la ville e t envers le êidooç. I l est n o m m é à la l igne 5 — 6 eveoysxa xal xxioxa xaç nâlioç xal cpdoxeîfiov xov ftidoov. Son fils Ar i s ton , xaineq a>v naitd-naaiv véoç (1. 16 — 1 7 ) excelle p lus que le père p a r ses mér i t es p o u r le peup le de Cal­l a t i s , èv navxl xaigw xal xtvôvvoj oé'Qov xal eveQyexôiV (1. 1 0 — 1 1 ) , p o u r les c i toyens ca l l a t i ens , p o u r le cu l te de Dionysos , e t p o u r la co rpora t ion des th ias i tes de Cal la t is . A cause de ses mér i t e s les t h i a s i t e s déc iden t de lui conférer les m ê m e s h o n n e u r s d o n t les Cal la t iens a v a i e n t hono ré son pè re . Les th ias i tes déc ident de cou ronne r à c h a q u e ovvoôoç e t t o u t e s les fois que les th ias i t e s se r a s semblen t , Ar i s ton fils d 'Ar i s ton , xov evEpyéxav xov ôd/iov xal (pddxei/iov xov ûidoov (1. 32 et ss.) . De ce t t e cou ronne il est h o n o r é Eveoyeaiaç [tèv xal àoexâç EVEXEV xaç eîç xov èatxov, .evvoiaç ôè xai (pdoxeijutaç xaç eîç XQVÇ êiaoeîxaç. Les th ias i t e s deva i en t inscr ire le décre t elç xelafxtbva levxov XIÛOV êo)Ç fii]voç Avxrpv xiôv Çevixâiv Aiovvaww (1. 38 et ss.) e t le p lacer elç xov èm-(pavéoxaxov xov /Ltv%ov xônov ( 1 . 4 1 — 4 2 ) .

TnhifiQiv signifie, d ' ap rè s H e r w e r d e n , Lex . supp l . e t dial . s. v . xe/.ajiicôv, 1902, p . 805 «fascia m a r m o r e a » , ce qu i se conf i rme p a r le s u p p l é m e n t XEVXOV Xlûov de l a l igne 39 (cf. ïevxdhdov chez P â r v a n , Gerus ia din Cal lat is , A n . Ac . R o m . X X X I X , p . 6 3 , 1. 19 — 20) . Le xela/iôiv levxov XLftov est i d e n t i q u e à la axy\lr\ h&fari, qu i se t r o u v e t r è s s o u v e n t d a n s les insc r ip t ions d ' A t h è n e s e t d 'a i l leurs , e t à la oxd/.a s imple ce q u e n o u s l isons d a n s l ' inscr ip t ion ca l la t ienne p r é c é d e n t e , à la l igne 8 e t 13 .

]) 'EnuvyèU.exai àel nvoç àyaêov nagairioç è- vô/tevoç. oelo&ai roïç ftiaoehaiç. Dans l'inscription mé- 2) Kiïhner-Blass, Ausf. Gramm. der griech. garienne, Collitz-Bechtel, /. c. III , 1, 3094, 1. Sprache P , 1, p. 577. 10 — 11, nous lisons âeirivoç àyaêov Jtaoahtoç ys-

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVKANU

L'inscription devait être placée elç rov inupavèaxaxov rov fxvjipv xônov. Le lieu doit être ènupavêaraTOÇ ]), non pas de la ville mais rov [ivyj>v.

Le mot /tv%6ç nous est connu par Homère 2), où nous le trouvons dans la phrase stéréotype êç fiv%àv ê$ ovÔov ou e£ ovôoïo. Cette phrase indique qu'une fois étaient des %â).XEoi xoïyoi, une autre fois des finovoi neol TOÏ%OV3) depuis le seuil jusqu'au coin le plus reculé et plus caché de la salle. Dans la phrase èç fÂV%àv t'| ovÔov le mot juv%6ç a le sens d'intérieur. C'est dans le même sens que le mot est employé dans notre inscription. Il est évident qu'il ne s'agit ici que de l'intérieur d'un édifice des thiasites, soit du temple du dieu protecteur du thiasos, connu par l'inscription pré­cédente, soit de la salle des assemblées que nous pouvons nous imaginer pareille au Baccheion des Iobacches d'Athènes.

La distinction accordée à Ariston devait être publiée jusqu'au mois de Avxijov, mois d'Apollon Lykeios, adoré aussi à Mégare (I. G. VII, 1, 35). Au mois de Avxijaç

ont été célébrés rà Çerixà Aiovvoia, probable­ment la plus importante fête de Dionysos de Callatis correspondant aux Aiorvata fxe-yâla ou rà èv "Aarei d'Athènes du mois de l'Elaphébolion, où les Athéniens con­cluaient des conventions avec les Etats étrangers et où ils distribuaient les distin­ctions4).

A côté des Çenxà Aiovvoia, il est évident que les Callatiens auront eu aussi d'autres Dionysia.

Il est probable que ces Çevixà Atorvaia étaient triétériques 5).

Sur Ariston, fils d'Ariston, membre du thiasos de Callatis, dont la mascotte était le dauphin et dont les distinctions devaient

être publiées jusqu'aux Çenxà Aiorvoia du mois de Avxtjoç, nous n'avons pas d'autres informations. Les distinctions décrétées aux deux Ariston, père et fils, nous montrent qu'ils appartenaient à une famille influente de Callatis à une époque où la ville accordait le titre de bienfaiteur et fondateur à tous ceux qui venaient moralement et matériellement au secours de la ville, de ses institutions politiques-religieuses et au secours de ses citoyens tombés en péril par suite des complications nombreuses avec les tribus barbares des régions thraces durant la vie et l'activité d'Ariston père et Ariston fils.

Fig. 40.

') Voir à Delphes àva&éfiev èv râ> èmqpave-aràrq) TÔTCO) rod leoov, Dittenberger, Sylloge, éd. 3,438, 1. 29 — 30 ; à Erétrie, àva&eïvai èv rib yvfxvaaioi èv rGi ênirpaveararw râncp, Ditt . Syl-loge\ 714, 1. 44; Chalassarnai (Crête), xaï à-vaMvro) èç rà leqàv rov 'ATI6U.O)VOÇ èç ràv èm-(favéararuv rônov, Ditt. Syllogc3, 368, 1. 45 — 46. Chez Pârvan, /. c , p. 63, 1. 20 nous trouvons les mots: èç ràv èmantiôrarov rônov rov yvfivaolov.

2) Od. VII , 87 et 96. 3) Voir aussi Herwerden, Lex. suppl. et dial.,

éd. 2, s. v. nvyrôç. *) A Mégare nous connaissons les Aiovvoia par

l'inscription. I. G. VII , 1, 21, 1. 34. 5) Cf. pour Athènes, Moinmscn, Fcste der Stadt

Athen im Altertum, Leipzig, 1898, p . 29; Kern, Dionysos, dans Pauly-Wissowa, RE, V, 1021 et suiv.

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CALIATIS

l|KfOE

N

-. -~-—, 3T

■ »

Fig. 41.

No. 3. Dans la cour de Ismail Secheria nous avons trouvé un fragment de stèle en

marbre , 23 cm de long, 23 */2 de large, 8 cm de gros. On y voit (Fig. 40) en deux lignes, les m o t s :

0AABIOC E— | AQPOC, en lettres de 1.8 cm de grandeur. Après ÔCOQOÇ l 'espace est libre de 11 cm, non taillé de 5 cm. Au-dessous de

Ô(»QOÇ, l 'espace est libre de 15 cm. Le nom de Flavius est un terminus post quem pour la détermination chro­

nologique de ce monument . ÔCOQOÇ est la seconde part ie du nom qui peut avoir été rE[on6Jôcoooç (Bechtel-

Fick, Die griech. Personnenamen, éd. 2, 1894, p . 105), si, après le nom de Flavius, il n 'y a eu, en effet, qu 'un espace libre de 6 cm destiné à l 'inscription.

No. 4. Une grosse colonne en marbre, à inscrip­

tion (voir la figure 41), a été coupée en mor­ceaux et transformée en corniche, à ce que nous montre le fragment qui se trouve dans la cour d e l à sous-préfecture. Les dimensions du profil sont celles que l'on voit à la fi- Vjj 'g*

gure 42. Le nom d'Antoneinos nous donne des indices de chronologie, j ' fm Le nom de Moschion est connu à Callatis par des monnaies \ ţrr"1*?

où nous rencontrons les lettres Moo%i (Pick, pag. 103, 240). i/&jàgçs$i&i&&. *-i~ No. 5. Fi&- 42 ' \ \ Un fragment de relief en marbre porte en bas les restes d'une in­

scription grecque. Nous l 'avons copiée chez D. Ionaşcu à Mangalia. C'est la part ie droite du relief et de l'inscription qui nous est parvenue.

Dimensions: 38 cm de haut , 7.9 cm de large, 13 cm d'épaisseur. Du relief nous ont été conservés les pieds et une partie du pul-

vinar avec les volutes des coussins. C'est un fragment de banquet fu­néraire d'origine gréco-romaine, un motif de représentations plastiques très fréquent sur le Danube inférieur et plus spécialement sur la rive droite du Danube (Anal. Ac. X X X V , 1912 — 1913, p . 480).

Les lettres de 1.9 cm de grandeur sont (Fig. 43): EV XY\V

a x o v N A

cli TtanoJôeÏTa Nous relevons la ligature de trois lettres à la première ligne. L ' Y

montre une petite barre transversale.

No. 6. Un autre motif de représentations plastiques habituel au sud du Danube se

t rouve sur un fragment d'ex-voto, en marbre de la riche collection de M. Roşculeţ

ENTN /AK o ¥

A V AEITA

Fig. 43.

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10 Ducia T 1924. www.cimec.ro

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

de Constanta. Voir la photographie avec une partie de la collection (Fig. 44). Le relief est brisé en haut à droite; il a 14 cm de haut , 23 cm de large, 5 cm d'épais­seur. Nous y voyons en relief la partie inférieure d'un cavalier lut tant contre un sanglier. Il est aidé par un chien. C'est le cavalier chasseur d'origine thrace.

Dans un espace libre en bas du relief se voit l 'inscription:

APIITQNAN HPQIIZXYPO PUT II PION AN

Ariston a dédié (àvfé&rjxevj 1. 3) ce relief d'ex-voto à titre de remerciement (%a]Qioz)JQiov) à rjotoç lo%v()àç nommé aussi XVQIOÇ l'jooç. (Voir Tocilescu, Monumen-

Fig. 44.

tele epigrafice şi sculpturale aie Muzeului National de Antichităţi , 1902, Bucureşti p . 90). Sur cet rJQCoç voir Capovilla, Il dio Heron in Thracia e in Egit to, Rivista di filologia I, 4, p . 424.

No. 7.

Au champ près du cimetière turc de Mangalia nous avons vu le sarcophage en pierre calcaire incidemment découvert en Mars 1895 par le fer de la charrue.

On y voit l'inscription publiée par Tocilescu, Arch, epigr. Mitteil. X I X , 109, no. 65. Nous donnons ici les dimensions relatives. Le sarcophage a une longueur de 222 cm, une largeur de 96 cm. La hauteur ne peut être précisée, la partie inférieure étant enfoncée dans la terre. Le creux du sarcophage est de 67 cm de profond et de 68 de large. Ses parois ont une épaisseur de 14 cm. La moitié ex­térieure de l'épaisseur de la parois est plus basse de 2 cm.

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CALLATIS

Le couvercle a une ongueur de 222 cm et la forme d'une selle; sa hauteur ma­xima est de 48 cm A 14 cm. du bord, il porte tout autour une excavation de 4 cm de profondeur. Sur le devant, au milieu du sarcophage, à 12 cm de la marge supé­rieure, il y a une tabula ansata (70 cm de longue et 33 cm de large). La table a les dimensions de 45 X 33 cm, les anses ont la forme de triangles isocèles, la base de 33 cm, les deux côtés égaux de 20 cm.

Sur cette table se trouve l'inscription publiée par Tocilescu. L'âpreté du maté­riel fait qu'on distingue difficilement les lettres gravées, quoique la surface de la table soit polie.

Depuis 1895, l'inscription a beaucoup souffert à cause des facteurs atmosphé­riques, de sorte que quelques unes des lettres lues par Toci­lescu n 'ont pu être relues par nous que partiellement. L'epsi­lon de la troisième ligne, après le mot (pQov(7>v, n'est plus vi- y^l

TATTE

. Fig. 45.

sible, de même l'ypsilon et le tau à la quatrième ligne au mot iiKLvrÔK A la septième ligne, au lieu de 7ioi?jo£iç il faut lire Tioirj-or]Çi care le sigma est lié, à gauche, par une barre horizontale à une barre perpendiculaire.

Cette liaison montre Vrj sans i adscriptum. La forme des lettres alpha, zêta, sigma, omega est peu

soignée. Les ligatures nombreuses (à la ligne 2: v\ + o, rj + o, r\ + x, v + T,

à la ligne 4 : r\ + o + e, à la ligne 7 : /i+r/ + n, rj + o + rj) comme aussi le nom de Gaios nous indiquent le premier siècle après J . Chr. et les suivants (Larfeld, Handbuch der griech. Epigraphik, I I , 2, p . 483).

Le patronymique nous est connu par C. I. G. 1239 et 1276. Les mots adressés au passant se trouvent aussi dans d'autres inscriptions cal-

latiennes. En dehors de l'inscription mentionnée plus haut (à la quatrième ligne il y a le vocatif d> naQoàeixa) voir encore Arch. Epigr. Mitt. VI, 5, 8 ; VI, 7, 1 1 ; XIV, 85, 89.

Le dicton : «Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît», se trouve sous une autre forme dans l'inscription du sarcophage.

No. 8. Sur un fragment de stèle (72X22.5X20 cm), en marbre (Fig. 45), ayant à gauche

et à droite des marges, nous lisons, en lettres de 3.8 cm de grandeur, les mots: fivtf[tf]Ç xavx è-

No. 9. A une époque postérieure, chrétienne, appartient l'inscription xov (pûcoxxîoxov

d'un fragment en marbre profilé (19X32X76 cm), au musée no. 13. En relief on voit dans un cercle le signe de la croix. Devant l'inscription il y a une feuille gra­vée. Voir les figures 46 et 47.

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THÉOPHILE SAIJCIUC-SAVKANU

L ' F et le A ont une barre trasversale au point de la bifurcation. Le sigma est rond et presque fermé. L'cw est rendu par un seul signe. L'oméga a une forme cursive.

No. 10. Dans la cour de la sous-préfecture il y a, sous le numéro 37, la partie supérieure

d'un autel sépulcral (70 cm de haut , 60 cm de large) en pierre calcaire. Le profil en est simple ') , composé d'un dcmicreux, tore et cyma.

En haut se trouve un abaque (72.5 X 76.5 cm) de 16.3 cm de haut. 11 a au milieu un trou de 8 cm de diamètre avec un ca­nal d'écoulement pour le plomb.

A 41.2 cm en bas du profil, on voit l'inscrip-

Fig- 46 ' tion en 3 lignes : D(is) M(anibus)/ FI. Sabina Vi\ xit annis XXX. (Voir la fig. 48).

Le nom de Fia via Sabina nous rappelle le gouverneur de la Mésie (43—49 après J.-Chr.), le grand bienfaiteur des Histriens. *

:• $M^**»**>

"\v.

i r i ! M 'T " '.•*. '.V t '. *. ' l M H11111 '.'î '." 7: ','i '? r. J i T; ■'.■ .a m » i H » 11 " ; v.'i T? '.• • '.J?^̂ f w'.Jl'".v.': V/.'SB *̂*"

'"■wWWlwniiwiiiiuiw'liiwiiiwniriiiiWWiiiiiili ■'wptiMit«miw,:tin*nV»"utHn«wti*nrtri.

v FLSAB1 NAVI, Fig. 48.

Fig. 47. I

(Pârvan, Inceputurile vieţii romane la gurile Du-nării (Tara noastră), 1923, p . 78, 80, 82, 84, 8 6 - 8 8 , i 95, 181).

B. Inscriptions de vases et de fragments de céramique

1) Chez D. Ionaşcu, à Mangalia, nous avons vu une grande amphore, haute de 67 cm. Le diamètre de l'embouchure est de 9.5 cm. La circonférence de la panse est de 65 cm, la distance entre la panse et l'embouchure est de 28 cm. L'amphore, faisant à présent partie de la collection du docteur H. Slobozcanu de Bucarest, porte l'inscription:

AI10A *) Cf. Walter Altmann, Die romischen Grab- J) Je dois le dessin du monument à M. Dc-

altare der Kaiserzeit, 1905, Berlin. mianov.

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CALLATIS

Le Rho est tourné à gauche au lieu d'être à droite. 2) Chez le même Ionaşcu, nous avons vu encore un fragment d'amphore à anses,

haut de 25.5 cm. Le diamètre de l'embouchure est de 10.5 cm. L'inscription 'ÀQ/Jôa (~)aw»v est gravée en rond. Au milieu on voit le signe <.. 3) Un autre fragment d'anse d'amphore, également thasienne, a été mis au jour

aux fouilles de la cour de C. Dan. (Fig. 49). L'argile est bien travaillée, rouge brun clair, et contient un grand nombre

de petites paillettes brillantes de mica et d'autres de couleur blanche d'un autre minéral. L'anse, d'une courbure assez brusque, a 10 cm de longueur, 5.4 cm de largeur et 2.5 cm de épaisseur. La mesure de la circonférence au milieu de l'em­preinte est de 13 cm. Le sceau d'une longueur de 3.1 cm et d'une largeur de 2.3 cm porte en deux lignes les mots Sanuov Xatgéaç, séparés par un objet en forme de clef ou de râble, instrument nécessaire au potier pour tisonner le feu et pour ouvrir la porte du four1) . Cet objet paraît être en fer et avoir un manche d'un

autre matériel. Sans doute, il est la marque de la fabri­que 2).

De l 'autre côté de l'anse on voit clairement les vesti­ges d'un doigt humain. C'est certainement le doigt de l'ou­vrier occupé à empreindre le sceau.

Les lettres thêta et oméga sont petites, comme nous en rencontrons au IVème s. av. J . Chr., tandis que le sigma a la forme de demi-lune.

L'alpha a une fois la ligne transversale droite, deux fois un peu arrondie. L'ono­mastique de Thasos s'enrichit du nom de Chaireas qui se trouve aussi ailleurs3).

Les relations commerciales entre Callatis et l'île de Thasos étaient fort intenses. Les inscriptions récemment découvertes à Thasos nous informent que le vin formait l'article principal de leur commerce et qu'il ne pouvait être exporté que dans des pithoi estampillés*). Les estampilles indiquaient fort probablement les noms du ma­gistrat annuel ou de la maison livrante. Les amphores portant les inscriptions des Thasiens arrivaient à Callatis pleines de vin.

4) Un fragment d'anse (pourtour 11 cm, épaisseur 2.3 cm, longueur 5.5 cm, lar­geur 3.7 cm) de terre fine, de couleur rouge de cinabre, jaune à la surface, porte un sceau 4.1 cm de long et 2 cm de large, avec 3 lignes de lettres. La plupart sont effacées (Fig. 50). On y distingue cependant encore:

E n i . . . o A APX . . IOY

1) Conf. l ' a t t r i bu t chez D u m o n t , l. c. pi. 6, no. und Rômer. Ed. 6, pag. 267, fig. 321. 12 et pi. 8 no. 17. 3) Bechtel-Fick, Die griechischen Personen-

2) On voi t quelque chose de pareil sur une namen , p . 286. table d'argile qui se t rouve à Par is . Voir la repro- 4) Hellas IV, 5 — 6, p . 57. duct ion chez Guhl -Koner , Leben der Griechen

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

5) Un fragment d'anse ( 8 % cm de long, 2.2 — 2.5 cm d'épaisseur 4 cm de large, 10 Y2 cm de pourtour), à courbure lente (fig. 51), en terre très fine, bien travaillée, mêlée de paillettes brillantes, de couleur jaune-pâle.

Le sceau rectangulaire (long de 2.7 cm, large de 1.8 cm) montre au centre la tête bien modelée d'un boeuf.

L'inscription commence au-dessus de la tête et se continue à droite. On y dis­distingue les lettres: J/arrt/u'oov. Cet at t r ibut se rencontre sur les timbres ampho-riques de Cnide, chez Dumont, l. c. pi. X I , 1, 4, 9 — 1 1 , 13 et pi. X I I , 11.

Timides est un nom connu. Voir Bechtel-Fick, Die Griech. Personennamen nach ihrer Bildung erklărt, Gottingen, 1894, p . 266 et 268. Le nom composé I/arTi/dàtjÇ

Fig. 51. Fig. 52. Fig. 53.

6) Un fragment d'anse avec une partie du goulot, long de 8 cm, large de 4.3 cm, épais de 2.2 cm (mesure du pourtour de l'anse de 11 cm), de courbure très arrondie. La terre en est très fine, bien travaillée avec un peu de petites paillettes blanches. La couleur est jaune-clair à la surface et à l'intérieur.

L'anse n'est pas soigneusement travaillée et le timbre est imprimé à la hâte, de sorte que la partie inférieure seule et un peu de la partie gauche sont visibles. On voit là les lettres AEO. Le delta ne peut être alpha.

On remarque au milieu du timbre un quadrupède (Fig. 52) probablement un chien courant la queue touffue en l'air.

7) Un petit fragment d'anse double (Fig. 53), formé par deux anses rondes réunies, de courbure lente, long de 6 cm, large de 4.6 cm, épais de 2.3 cm, pourtour 12.3 cm, est formé de terre fine et bien travaillée. On y remarque de petites paillettes fines et brillantes. La surface est teinte en jaune vert. A l'intérieur, la terre est de couleur rouge-clair. Sur la partie d'en bas de l'anse double on voit un sceau frag­mentaire, rectangulaire, long de 4.4 cm, large de 0.7 cm, avec les lettres KEPAD, hautes de 0.6 cm. Les deux barres parallèles et verticales, devant le K ne peuvent appartenir qu'à la forme du sceau. Dans les lettres KKPAQ nous ne pouvons voir que le nom Kégôcov, commun en Grèce (Pape-Benseler, "Wôrtcrbuch der griech. Ei-gennamen, s. v.) pour les esclaves et hommes libres, d 'autant plus qu 'après l'eo nous pouvons remarquer les traces d'une barre verticale. Conf. aussi Bechtel-Fick, Die griech. Personennamen, p . 160. Dans la partie intérieure de l'anse double on voit encore l'impression du doigt de l'ouvrier qui a mis le sceau.

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CALLATIS

8) [/inscription du goulot d'une amphore, reproduite à la fig. no. 54, haute de 26.5 cm, diamètre de l'embouchure de 9 cm, de couleur ocre jaune brûlé, est tel­lement compliquée, que nous ne l'avons pu déchiffrer.

9) Un fragment d'anse long de 7.5 cm, large de 4.5 cm, gros de 2.5 cm, en terre lourde rouge foncé à gros grains, avec un grand nombre de paillettes noires et quelques unes blanches et jaunes. Le reste d'un sceau avec une corne d'abondance, montre les terminaisons de 3 mots d'une inscription.

On y Ut les lettres en trois lignes.

HZ MO Y 110Y

Le sigma a les deux barres extérieures obliques, ainsi que le m y ; l'omicron est petit (Fig. 55).

10) Un fragment d'embouchure de vase (Fig. 56), avec un morceau d'anse, (long de 3.5 cm, large de 4.5 cm, épais de 2.5 cm, pourtour 12 cm) en terre rose à l'intérieur, à la surface poudreuse, à teinte jaune pâle. Le sceau (large de 2.3cm) porte dans quatre lignes les lettres très élégantes:

AST Y ZHN1 A110 A AHM

Remarquables sont les let­tres : le zêta de forme antique avec deux barres horizontales parallèles traversées par une barre perpendiculaire, le sigma avec les barres extérieures obli­

ques, le pi avec la seconde barre plus courte et l'omicron petit .

Nous rencontrons ici 3 noms dans une inscription datée par le âoxv [vôfioç. Zeni peut-être complété en Zrjnxérrjç, ZÏJVIOJV ou Zf]nç.

11) Le fragment d'anse d'une courbure gracieuse, long de 10.2 cm, large de 3.7 cm, épais de 2.2 cm au point de la fracture, en terre de même qualité que le fragment précédent, porte le sceau entier (long de 5 cm, large de 1.8 cm) avec l'inscription (Fig. 57):

MWPAAATHI AITYNOMOY APTEMIAQPOY

L'at t r ibut est un canthare, de forme et de travail très jolis; il se trouve à droite de l'inscription. Le pied et sa partie supérieure sont sveltes et élégants.

Fig. 55.

Fig. 56.

Fig. 57.

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THÉOPHILE SAUCTUC-SĂVEANU

12) Un fragment d'anse (Fig. 58), long de 8.0 cm, large de 4.3 cm, épais de 2.3 cm, pourtour de 11.5 cm, en terre fine, bien travaillé, de couleur rosâtre, à la surface légèrement poudreuse, à teinte d'un jaune pâle, à la courbure élégante (voir fig. 59), montre le sceau rectangulaire, long de 6 cm, large de 2 cm, avec les lettres :

IZT1AI0 AIT YNO nOIEIAD

Les barres extérieures du sigma ne sont pas horizontales, mais obliques, la barre transversale et la seconde barre verticale du ny sont plus courtes. L'omicron est petit, l'alpha porte une barre transversale droite.

L 'at tr ibut se trouve au coin droit du sceau: Un oiseau de proie, avec les ailes éployées et la tête baissée, paraît tou­cher quelque chose avec son bec recourbé. Au-dessus de sa tête, on remarque les vestiges de deux barres perpendiculai­res à une distance de 0.4 cm

l'une de l 'autre. La taille de l'oiseau est conforme à la nature et d'une élégance exquise.

En ce qui concerne l'inscription, voir le sceau d'origine enidienne chez Dumont, /. c , p . 141, troisième série, no. 2.

13) Un petit fragment d'anse plate (Fig. 60), long de 4.7 cm, large de 3.7 cm, épais de 1.4 cm, en terre fine, de couleur rose à l'intérieur, jaune pâle à la surface, avec de petites paillettes blanches, porte un sceau qui a les lettres suivantes :

OVIOXOV

(OV

Fip. 58.

Fig. 59.

Fig. 60. Fig. 61.

Le reste de l 'at tr ibut ne saurait nous en indiquer le sens. 14) Un fragment d'anse (Fig. 61), long de 9 cm, large de 3.5 cm, gros de 2.1 cm,

pourtour 9.5 cm, en terre rosacée, t i rant à gris à l'intérieur, gris-cendré à la surface, avec des paillettes brillantes et noires, porte un sceau avec les noms

TOY IIPQNYMOY TOY IlOZl ADN 10 Y

On n'a que des traces méconnaissables de l 'a t tr ibut . Parmi les lettres de forme petite sont remarquables l'omicron fort petit , comme un point, et le pi avec la se­conde barre parallèle plus courte.

15) Un fragment d'anse double, formé par deux anses rondes, soudées sur toute leur longueur et collées à l 'embouchure et à la panse, en terre rosée à l 'intérieur, rouge pâle à la surface, porte du côté intérieur d'une anse la lettre A (Fig. 62).

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CALLATI S

16) Une anse double, de couleur rose, a sur une moitié une estampille à inscrip­tion fragmentaire dont on peut distinguer les lettres êm (Fig. 63).

17) Un fragment (Fig. 64), 7% cm, de long. 4 cm de large, 2 cm d'épaisseur pour-tour 10 cm, en terre fine, bien travaillée, avec un grand nombre de paillettes bril­lantes et blanches, couleur rouge brique clair, à courbure brusque, presque rectan-

Fig. 62. Fig. 63. Fig. 64.

gulaire, porte un sceau avec l 'attribut en forme de quadrupède dont le cou est long. Au dessus et au dessous de ce quadrupède on lit en deux lignes les lettres

IA ITHI Il A YIANJHI

La forme ïonienne du second nom mérite d'être relevée. 18) Fragment d'anse (Fig. 65), 7 cm de long, 3.5 cm de large, 2 cm de gros, avec

une partie de l 'embouchure. Pourtour 10 cm, à courbure gracieuse, en terre fine, bien travaillée, avec

des petites paillettes jau­ne doré et blanches, à la surface jaune gris et pou­dreuse, à l'intérieur rouge brique clair.

Le sceau, légèrement imprimé et pour cela dé­fectueux, à l'exception du coin droit d'en haut, est long de 3 cm et large de iy2 cm. Au centre on voit un trépied de forme nor­male et le long d'un pied on lit les lettres IITEIAII,

évidemment ''AqJiaTEiaric. Conf. le nom 'Açioreiôaç sur les inscriptions d'origine rho-dienne chez Dumont, Z. c. p. 83, n. 50 — 53.

Un thêta paraît être sous le second pied du trépied. En haut du trépied, à gauche, incertaines, les lettres QX.

19) Fragment d'embouchure de vase (Fig. 66), 9% c m ^ e l°ng> ^a corde de l'arc de 7 cm est de 5 cm. Terre grossière, rougeâtre, avec beaucoup de paillettes blanches. Le sceau, long de 5 cm, large de 2 % cm, a des lettres altérées et à peine lisibles. On y li t :

. . XXOOIV

êm 'AjtMpna

Fig. 66.

Fig. 65.

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

Devant le premier À on remarque deux incisions verticales. 20) Fragment d'anse, long de 4.8 cm, large de 5 cm, épais de 2.4 cm, pourtour

de 12 cm, en terre fine, avec des paillettes brillantes, couleur rosée à l'intérieur, pou-

Fig. 67. Fig. (.It. Fig. 69.

dreuse et d'un rouge brique clair à la surface, de travail peu soigné. Le sceau fra­gmentaire (large de 1.5 cm) montre une feuille en forme de coeur (Fig. 67).

21) Fragment de l'embouchure d'un vase avec une partie (celle-ci longue de 6.5 cm, large de 4.5 cm, épaisse de 2 cm, pourtour de 10.7 cm) d'anse (Fig. 68), en terre fine, bien travaillée, dont les fractures montrent un rose pâle ; à la surface légèrement poudreuse, de teinte d'un jaune pâle. Le sceau (large de 2.2 cm) légèrement im­primé est cassé à droite et porte dans la partie conservée une inscription, proba­blement en trois lignes, dont la troisième ne nous a conservé aucune lettre.

EI11 APAKOfN]-roi EYOPY

Cf. l'inscription no. 65 chez Dumont, /. c. p . 347, où nous rencontrons les mots *Eni AçàxovToç, et no. 66 de la dixième série des inscriptions d'origine enidienne où peut-être se trouvent quelques lettres du nom qui commence, comme dans notre inscription, par les lettres EV&Q.

22) Fragment d'anse, long de 7 cm, large de 4 cm, épais de 2.3 cm, pourtour de 11 cm, en terre fine, bien travaillée, avec un grand nombre de paillettes blanches, couleur rouge brique, portant

un sceau, long de 1.5 cm, large de 1.3 cm avec le mo­nogramme indiqué dans la fig. 69.

Sur les sigles des po­tiers voir Courby, Les va­ses grecs à reliefs, 1922, p . 394 ; cf. les monogrammes sur les monnaies de Calla-

Fig. 70.

n. 197 et 198.

71. tis chez Pick, Die antiken Mûnzen Nordgriechenlands I, p . 97,

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CALLATIS

23) Fragment d'anse, long de 4 cm, large de 4.5 cm, épais de 2 cm, pourtour de 10.7 cm, en terre fine, très bien travaillée, couleur brun clair. Le sceau, large de 1.1 cm, montre les lettres finales CTO d'une forme peu soignée. L'estampille y a été profon­dément imprimée (Fig. 70).

L'intérieur du vase auquel appartient cette anse était cannelé comme nous le démontre un reste attaché à l'anse.

24) Un fragment d'anse, d'argile très fine et molle, couleur ocre clair blanc, long de 9.5 cm, large de 4.5 cm, gros de 2.5 cm, porte deux signes en forme de x.

Des amphores et des fragments de vases trouvés au lit de la mer reculée à Man-galia, qui aujourd'hui font partie de la collection précieuse de l'avocat N. Roşculeţ à Constanta, rue Badescu 8, je n'en ai pu noter à la hâte que les inscriptions suivantes, incisées sur le col dont j ' a i fait les copies sans autres indications (Voir fig. 71):

25) EY0PAIO2 A YZWE

Après l'epsilon du mot Avnlêe on voit l 'at tr ibut d'un vase.

26) EYnOPOZ A YZWE

Entre les deux lignes on voit à droite un canthare couché.

27) XAIPEZ1 AYII0E

L'at t r ibut comme dans l'inscription précédente. Le nom Avoîêefoç] qui se répète avec trois autres noms, Euphraios, Euporos

et Chairesikles ( ?) peu têtre plutôt le patronymique, le nom du père des trois fils potiers, que le nom d'une autorité municipale.

28) Un fragment de col de vase, trouvé à Tatlagiac sur le terrain de Vlas Tra-himac près de la pêcherie.

Le fragment est en terre moins fine, à l'intérieur couleur rouge brique, à la sur­face grise, avec des paillettes brillantes et blanches. Il est pourvu d'une estampille en creux portant l'inscription (Fig. 72):

ZKY0A2 MAAAKOI

A la fin, entre les deux lignes, on voit la figure d'un canthare couché. Le sigma et le my semblent être un griffonnage postérieur, d 'autant plus que

l'on voit deux barres formant un angle, qui ont été ajoutées au pied du sigma. Si nous n'avons pas d'indications dans l'empreinte même, nous pouvons fort

facilement commettre une erreur voulant déterminer la provenance d'un fragment d'anse quelconque par la nature de la terre, par la couleur de l'anse ou par la courbure.

Dans la plupart des cas la terre ne varie que très peu et la courbure est beau­coup sujette aux hasards. Dans l'argile on trouve presque partout des paillettes brillantes ou blanches.

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THÉOPHILE SAUCItJC-SĂVEAMJ

Les paillettes noires ou dorées sont une indication plus précieuse pour déterminer à quel centre de production peut appartenir un fragment quelconque.

En ce qui concerne la couleur, elle est encore plus incertaine. Car la cou­leur de la même argile varie en mille nuances et dépend de l'intensité et de la durée du feu auquel les vases ont été exposés. Pour ces considérations, j ' a i préféré n'indiquer que deux fois dans ce rapport préliminaire le centre et l'origine auxquels les fragments d'anse énumérés pourraient appartenir. Et dans les deux cas les in-

Fig. 73.

"N

EnrxYo \...

A \

Fig. 74.

scriptions nous in­diquent l'origine de l'île de Thasos. Dans l'ordre de remune­ration je me suis guidé plutôt par la couleur de l'argile. Al

La forme de l'anse pourrait , elle aussi, être d'une importance déterminante au sujet de l'ori­gine, si nous avions plus que les très petits frag­ments d'anse trouvés dans les endroits différents où nous avons fait les fouilles dans une profon- J'j—— deur atteignant 4 mètres.

29) Un fragment de pithos qui se trouvait chez Theoharidis, aux dimensions de 2 6 X 9 X 8 cm, porte autour de l'embouchure les lettres W II III qui devraient indiquer la capacité du vase (Voir la fig. 73).

30) Une tuile du musée de la sous-préfecture, no. 18, porte l'in­scription (Voir la figure 74) :

EIII2X YO A KO ^NO

Je n'enregistrerai pas au chapitre suivant, mais immédiatement ici, les inscriptions gravées sur de la céramique vernie.

31) Fragment de fond rond (de 4 cm de diamètre) d'un vase à vernis noir. Autour du point central, couleur d'argile, des bandes circulaires, tan tô t plus larges, tantôt plus étroites, à vernis noir luisant, de couleur de l'argile et de couleur brune al­ternent.

Sur le verni noir de la bande circulaire de la marge du fond on lit les lettres OYFA soigneusement et joliment gravées.

La petite forme du thêta avec le point au milieu nous rappelle les caractères du IV-ème siècle av. J . Chr. (Fig. 75).

Sur la partie inférieure du vase à embouchure évasée, on voit, autour d'un cercle du milieu du vase, deux palmettes, liées entre elles par un arc, qui passe du centre d'une palmette au centre de l 'autre. On remarque aussi des restes d'une autre paire de cercles, qui auront été attachés à deux autres palmettes.

32) La partie inférieure d'un vase d'argile, couleur ocre jaune brûlé blanc. La base ronde de 12 cm diamètre a un pied de 12 cm de haut et de 0.6 d'épaisseur. Le fond intérieur de la base est un peu creux et porte sur le vernis noir mat les let­tres ME.

Fig. 75.

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CAI I.ATIS

L'intérieur du vase montre après une incision circulaire, à 2.5 cm de la paroi perdue, une excavation ronde jusqu'à une profondeur de 1.2 cm.

33) Sur un fragment de pied rond, de 1 cm de haut, d'un vase, à vernis luisant, inégalement cuit — on voit des taches vert rougeâtre — on lit deux lettres négli­gemment gravées. La première lettre peut être A ou A, la. deuxième a la forme ar­chaïque ou archaïsante d'un alpha, d'après Larfeld, Handbuch der griech. Epigra-phik I I , 2, p . 423 et 487, de l'époque 525—480 av. J.-Chr. ou 50 — 120 après J.-Chr.

Le vase semble être ouvert de la forme d'une (pidty, car à l'intérieur du vase on voit des cercles faits dans un but

\ décoratif et non par hasard. Un cercle est formé par des points rangés deux à deux dans l'argile molle.

34) Pied, de 1 cm de haut, d'un petit vase rond, peut-être une qpcâlrj, de 6 cm de diamètre, au bord incliné vers l'intérieur. Il montre à son fond intérieur creusé en rond, 3 cm de diamètre et 0.5 cm de profondeur, sur le vernis foncé, gravée la lettre 2 ou M de 1 cm de haut (Fig.

76). La partie du pied sur laquelle est placé le vase de 1.3 cm de largeur, a la cou­leur de l'argile, ainsi que la partie qui fait la transition du pied à la panse. Les autres

parties montrent un vernis noir foncé luisant. 35) Sur le revers du pied d'un vase frag-

Fig. 77.

Fig. 76.

Fig. 78.

mentaire du type de patères pla­tes on lit la lettre A.

35) Un fragment de bol mon­tre sur le fond un peu concave les lettres EY'. La lettre epsilon pa­raîtrait incertaine, en tant que, sans la barre verticale à peine reconnaissable, elle pourrait être aussi un xi (Voir la fig. 77).

' fci

Fig 79.

IV. PETITS OBJETS DIVERS

A. Monnaies Nous avons trouvé fort peu de monnaies. Les exemplaires mis au jour sont très

détériorés et tellement détruits par l'oxydation que nous ne pouvons enregistrer ici pas même une seule pièce.

B. Armes Nous avons pu mettre au jour, aux fouilles chez C. Dan, trois pointes de lances

en fer, ayant la forme indiquée à la fig. 78. C. Céramique

a) Figures: Un fragment de petite figure masculine, nue, en terre cuite rouge, sans tête ni pieds ni mains, haute de 8 cm, le vêtement rejeté en arrière sur l'épaule

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

gauche. Elle était posée probablement dans un groupe. Conf. Eros adolescent dans Courby, /. c , p. 208, fig. 34, 2, et le moulage antique en plâtre du musée Hildesheim, p . 211, fig. 35 a. (Fig. 79).

Moule en terre cuite rouge d'une tête de femme, 8 cm de long, le cou 2 cm de long, aux boucles de type archaïque. La tête porte une sorte de couronne. C'est peut-être la tête d'une déesse à nuance locale, peut-être Cybèle (Fig. 80).

Une main avec le bras inférieur depuis le coude, long de lx/2 c m ' excellemment

travaillé, appartenant à une statuet te d'environ 28 cm de hauteur (Fig. 81). Un morceau du bras inférieur (3.2 cm) et le bras supérieur (5 cm), en terre cuite

rouge, d'une figurine vêtue. Un petit reste appartient

à une statuet te en terre cuite

A>-

Fig. 82.

Fig. 80.

rouge. Nous possédons aussi un

petit masque de Silène à la fig. 82.

Nous enregistrons ici en­core deux de ces objets, nom­més poids à tisser, en terre cuite rouge en forme de pyra- l mide tronquée, trouvés au fou- I illes chez Dan. L'un est 4.5 cm ^ de haut et a la base carrée de * 3.3 cm, l 'autre 6 cm de haut I et 4.2 cm-. I

Chez Ionaşcu à Mangalia, nous I avons vu la figurine féminine, envelop- I pée, en terre cuite rouge, de 15.5 cm '

p;„ ai de haut, sur une plinthe (Voir fig. 83). , b) Vases. La récolte de céramique *-

est extrêmement pauvre au point de vue des vases intacts, mais assez riche en fragments. La plupart en ont été découverts dans la cour de C. Dan. Nous sommes tenté de supposer qu'il y avait ici un magasin potier.

Nous divisons ces fragments en fragments en argile commune, non vernie et sans décor, et en ceux qui sont vernis et décorés.

La céramique simple appartient pour la plupart aux amphores destinées au commerce de vin ou d'huile. A ces amphores, quelque uniformité que fût pro­duite par la roue, il y a une vaste échelle de possibilités qui fait varier les formes. E t cette variation dépend de bien de circonstances qui peuvent se produire plus faci­lement pour la partie inférieure des vases.

Trois spécimens nous montrent les formes de pareilles amphores. Elles ont été trouvées incidemment par les habitants du pays.

La fig. 71 montre 3 amphores de formes diverses, photografiées chez l'avocat N. Roşculeţ de Constanta. Deux autres fragments d'amphores, trouvés de même à Mangalia, appartiennent au même M. Roşculeţ.

Fig. 83.

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CALLATIS

Une amphore entière et la partie supérieure avec l'anse d'une autre amphore ont été photografiées par nous chez M. D. Ionaşcu de Mangalia.

Les Callatiens auront sans doute eu leurs propres amphores faites en l'argile qui se trouve au voisinage de la ville et qui est merveilleusement propre à la fabrication des vases. La carrière d'argile, située au chemin des bains sulfureux, est encore aujour­d'hui fort recherchée par les habitants de la ville de Mangalia à cause de ses qualités supérieures.

Les amphores qui se trouvent depuis la Russie méridionale jusqu'en Provence, et temporellement depuis l'époque La Têne jusqu'aux grandes migrations qui ont coupé et achevé les relations commerciales, ont servi aussi à Callatis au cours des siècles comme ustensils indispensables pour toute espèce de liquides. Et le nombre des

ici les types les plus intéressants de pieds notés, sans pouvoir affirmer s'ils ont été fabriqués à Callatis ou ailleurs (Fig. 84).

Parmi les fragments de vases en argile commune, on en relève un de pâte grossière. Le fragment nous fait voir trois impressions de pouces l'une près de l 'autre.

Plus intéressants sont les fragments de vases vernis et aux ornements peints et en relief. Les vases peints ne sont pas polychromes. Pour la plupart des cas ce sont l'argile et le vernis qui constituent les couleurs de l'ornement.

Les vases à relief sont à glaçure et à vernis mat. Nous avons encore des fra­gments de vases vernis côtelés, en argile, qui sont fort répandus et datent de la fin du IV-ème et du commencement du III-ème siècle. Ils semblent être nés en Crète, et pour leur commerce la ville d'Athènes doit avoir joué un rôle important.

Un seul vase est intact. Sur un pied de 4.2 cm de diamètre et 0,6 cm de hauteur, qui, dans une excavation centrale de 2.5 cm de diamètre porte un om­phalos pointu, s'élève une petite écuelle de 9 cm de diamètre et de 2.5 cm de profon­deur. En vernis noir mat, il peut constituer une sorte de cendrier (Voir la fig. 85).

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THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU

U n f r agmen t de p a n s e d ' u n vase en argile moins fine (on r e m a r q u e b e a u c o u p de mica et de subs t ances b lanches ) a à l ' i n t é r i eu r u n vern is noi r m a l , à l ' ex té r i eur u n vern is noi r l u i s an t . Au-dessus d ' u n e l igne incisée, on vo i t des angles d ro i t s pa ra l ­lèles, couleur d 'a rg i le .

F r a g m e n t de r e b o r d de vase , en argi le , t e r r e d ' o m b r e + b l a n c h e , vern i s gris cou­leur d ' a r g e n t .

Sous u n cercle de couleur b l anc sale, des po in t s d ' e x c l a m a t i o n para l lè les , de la couleur du cercle.

U n r e b o r d de v a s e évasé , en argile ocre cha i r , à l ' i n t é r i eu r à ve rn i s rouge , à l ' ex té r i eu r à vern i s v e r t couleur d ' a r g e n t b r i l l an t , a un décor de masse b l a n c h e .

Le p ied r o n d et la p a r t i e infér ieure d ' u n v a s e d 'a rg i le de couleur t e r r e de Sienne n a t . + b l a n c h e son t vern i s en noi r l u i s an t , à l ' excep t ion de l ' ex té r i eu r de la p a r t i e con­servée d u v a s e q u i n o u s m o n t r e u n décor d ' o r n e m e n t a t i o n ré t icu lée .

U n f r a g m e n t de vase en argile f ine, cou leur ocre j a u n e b rû lée I b l a n c h e , vern i s à l ' i n té r ieur , p o r t e à l ' ex t é r i eu r sur le fond de la couleur d 'argi le des dessins en vern is b r u n noir l u i san t de la m a n i è r e i n d i q u é e à la fig. 86 .

I l es t à re lever q u e ce f r a g m e n t a p p a r t e n a i t à u n v a s e qu i a v a i t auss i u n cou­verc le . Car c 'es t s e u l e m e n t a ins i q u ' o n p e u t exp l ique r la feuil lure de la m a r g e supé­r i eure des d imens ions 0 . 4 X 0 . 6 cm en b a s ; le vase é t a i t a r r o n d i e t vern i s en noir .

A u n couverc le a p p a r t e n a i t sans d o u t e le p e t i t f r a g m e n t qu i n o u s m o n t r e en rouge d 'argi le sur u n fond noi r la p a r t i e infér ieure d ' u n corps h u m a i n élevé sur la p o i n t e des p ieds .

Le ve rn i s es t p lus no i r l u i s a n t sur les f r a g m e n t s p o r t a n t le décor i n d i q u é a u x fig. 87. Ces f r a g m e n t s se c o r r e s p o n d e n t e x a c t e m e n t , a y a n t fait p a r t i e de la m ê m e pièce .

Moins soignés son t les dessins s tyl isées d ' a u t r e s f r agmen t s c é r a m i q u e s . U n f r a g m e n t de v a s e d o n t u n e p a r t i e d u r e b o r d u n peu évasé , en argi le , nous

es t p a r v e n u e . De cou leur t e r r e de S ienne n a t . , il m o n t r e ap rès d e u x cercles incisés, u n e doub le t ige , l ongue , ondu lée , avec des feuilles en fo rme de coeur e t de cou leur b r u n gris .

Le fond d ' u n v a s e en argi le , de couleur rouge ind i enne brû lée I b l a n c h e , de ve rn i s b r u n , nous m o n t r e des r a y o n s qu i , p a r t a n t d ' u n c e n t r e , a l t e r n e n t d a n s les couleurs : b l anc , b r u n e t rouge ind ien .

Le r e b o r d d ' u n vase cassé , en argile gr ise , à ve rn i s no i r m a t à l ' ex té r i eu r , v e r t noi r b r i l l an t à l ' i n té r ieur , a u n décor formé p a r t ro is t a c h e s de couleur ocre b l a n c h e qu i se r é p è t e n t .

R e b o r d d ' u n vase t r è s f in. Su r le ve rn i s no i r l u i s a n t u n d a u p h i n en c o u l e u r ocre b l a n c h e . Les res tes d ' u n a u t r e o r n e m e n t ne son t p lus r econna i s sab l e s .

F r a g m e n t d ' u n r e b o r d des m ê m e s cond i t i ons . Son décor cons is te en u n ép i . Les res tes d ' u n e a u t r e d é c o r a t i o n ne p e u v e n t ê t r e préc isés .

U n a u t r e r e b o r d de v a s e , à ve rn i s b r u n cou leur d ' a r g e n t , a c o m m e b o r d u r e u n décor d ' u n e masse ocre b l a n c h e .

Tro i s f r a g m e n t s d ' u n v a s e e x t r a o r d i n a i r e m e n t fin, en argi le ocre j a u n e brû lée4-b l a n c h e , de ve rn i s no i r l u i s a n t , m o n t r e n t , su r le r e b o r d , u n e t ige ondu lée de l ierre de la cou leur de l 'argi le .

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CALLATIS

Entre les feuilles, en haut et en bas de la tige ondulée, il y a trois petits points blancs; un seul petit point de masse blanche se voit entre les pétioles de chaque feuille.

Nous avons plusieurs fragments de vases côtelés, en argile fine, couleur ocre chair blanche. La figure 88 nous montre un pareil fragment; le pied, à vernis noir brun mat . 11 se compose d'une partie ronde de 7.2 cm de diamètre, à profil mouluré. Dans l 'excavation de son intérieur on voit un omphalos. La partie ronde est surmontée d'un cône tronqué d'une circonférence de 11 —10 cm et de 3.6 cm de hauteur. La partie inférieure de la panse de vase conservée a 4 champs. Deux champs opposés sont munis de 23 ou 25 cannelures, les deux autres ne montrent que 3 cannelures irrégulièrement gravées au milieu de chaque champ.

Pour la partie supérieure, cf. Courby, /. c , p. 202, fig. 32. Il y a un autre fragment

à peu-près de la même espèce, de dimensions plus grandes ; il nous est parvenu sans pied. Les deux champs cannelés ont 19 — 20 cannelures. Chacun des autres champs n'a que deux lignes, convergentes vers une partie qui est aujourd'hui per­due.

On voit les mêmes lignes sur un autre fragment de vase cannelé dont la panse est, à la

partie inférieure, couleur rouge de Venise, à la partie supérieure, d'un vernis de cou­leur d'argent (Fig. 89).

Fig. 88. Fig. 89.

Très usé est un petit fragment.

Un fragment de vase en argile, gris, sans ver­nis, a des incisions pri­mitives à partir du mi­lieu de la panse jus-

^ËvSil

Fig. 90. Fig. 91. Fig. 92.

qu'en bas. Nous pouvons considérer ce fragment comme appartenant à la phase initiale de l 'imitation des vases métalliques.

Il y a des petits fragments à glaçure avec un décor en relief qui peut être qualifié d'oves ou des côtelettes.

La figure 90 nous montre des incisions en barres courtes et parallèles, suivies en bas d'autres incisions qui sont faites dans les intervalles des incisions précé­dentes et ainsi de suite.

Le décor d'un autre fragment de vase de couleur ocre chair est à peu près le même. Nous attribuerons beaucoup de fragments trouvés aux vases dont le nom antique

est ignoré et que les modernes ont convenu d'appeler bols. Voir Courby, î. c , p . 329 et ss.

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I I Dacin I 1084.

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THÉOPHILE SAUCIUC-SÂ.VEANU

Deux fragments (Fig. 91, 92), de la partie inférieure d'un bol, de couleur grise, sans vernis, au fond concave, nous montrent en relief une ligne pointillée suivie de deux lignes parallèles. Les points et les lignes couvrent probablement la surface to­tale du bol. Car, deux autres fragments d'un bol (Fig. 93) à vernis mat, font voir des godrons et des lignes pointillées verticales de la même sorte, sous le rebord de 1.5 cm de largeur incliné vers l'intérieur et après une bordure de parallélogrammes, formés de lignes pointillées et entourés de deux lignes horizontales.

Un petit fragment de vase, couleur d'argent rougeâtre, montre un décor en re­lief similaire.

Fragment de bol, partie inférieure, de couleur gris cendré. Sur le fond un peu concave de 5 cm de diamètre on voit le sigle EY.

La partie inférieure du bol est ornée de folioles, de palmettes imbriquées. Voir Courby, l. c. p . 353, fig. 73 o. p . et p . 368 fig. 80, 8; p. 394, f. 383. Comment était le décor de la partie supérieure c'est ce que nous pouvons seulement soupçonner.

Fig. 93. Fig. 91. Fig. 95.

vert à l'extérieur, de couleur rougeâtre à l'intérieur, a un rebord lisse, un peu évasé, de 1.5 cm de largeur. Après la bordure d'oves et de dards, délimités par des listels entre une suite de points et une autre ligne continue, on voit des folioles imbriquées (Fig. 94).

Sur un fragment de bol, de couleur grise, sans vernis, nous voyons le rebord de 2 cm suivi d'une bordure de rais de coeur et de dards entre deux lignes. Le décor au-dessous de la bordure paraît être des folioles, des palmettes imbriquées, de sorte que nous pouvons reconstituer le décor du vase auquel appartient le fragment men­tionné plus haut.

Un fragment de vase fait voir, après le rebord de 3.5 cm de largeur, et avec 3 incisions circulaires entourant le rebord, un décor en relief. Le vernis couleur d'ar­gent n'est conservé que sur le rebord. Le décor et l'intérieur du vase sont de cou­leur ocre chair pastel.

Un autre fragment de la même couleur a, à l'extérieur sous un rebord de 2.4 cm de largeur et après des oves et des dards entre deux lignes, un décor végétal, deux espèces de tiges fleuries. Deux tiges de la même espèce entourent un exemplaire d'une autre espèce.

Un troisième fragment de la même couleur d'argent nous montre un rebord de 1.5 cm de largeur. Sous une bordure d'oves et de dards, garnis en haut et en bas d'une suite de points, la zone de pampres et de grappes est séparée par une suite de points d'autres zones qui ne nous ont pas été conservées.

Un petit fragment de vase, à vernis sombre luisant, nous montre, en relief, des palmes et des épis alternés.

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CALLATIS

Fig. 96. Fig. 97.

Petit fragment de panse de bol brisé en deux (Fig. 95), haut de 3 cm, 7 cm de large, 0.4 cm de gros, couleur gris cendre, de vernis noir mat. Après une bordure d'oves et de dards suit une zone de 3 cm de largeur où l'on voit des figures humaines en relief. Une figure assise sur un bloc tient à la main gauche une lyre et en touche de l 'autre main les cordes. Les pieds semblent être d'un quadrupède cornu, ce qui se confirme par l'entourage du joueur de lyre.

Devant cette figure assise, il y a une deuxième figure debout, type de Silène. Elle tient à la main gauche un bâton en forme de croix. C'est peut-être un thyrse et un habit ou une grappe de raisin. Elle court, la jambe gauche un peu avancée. Une autre figure ailée, le pied droit avancé, tient à ses deux mains un bâton qui grossit vers le bou t ; peut-être est-ce une massue. Son visage ne peut être si facilement

distingué que celui du Silène qui court après lui. Mais on remarque assez clairement sur le dos de cette figure une queue, de sorte que nous ne pouvons douter de sa signification. Nous avons à faire à une scène bacchique. Der­rière la figure assise on voit les restes des pieds d'une quatrième figure et un objet indéterminé.

Les restes d'une seconde zone sont trop exigus. Un fragment de vase en relief en couleur rouge indien. Il y a un reste exigu de

décor. Un reste plus remarquable nous montre un petit fleuron. Un fragment de pied de vase a, à l'intérieur, un objet tordu, en couleur ocre

chair, comme tout l'extérieur du fragment sauf le fond du pied qui est brun noir. D'intérêt est encore un petit fragment de rebord et de la partie supérieure

de la panse d'un vase. La plupart des fragments découverts appartiennent au type de patères plates, à

lustre noir, aux rebords plus ou moins droits, plus ou moins évasés, souvent aux bords qui s'amoindrissent, inclinés en bas. Ces patères portent à l'intérieur decors de pal-mettes estampées en cercle, disposées parfois autour d'un décor central.

Autour des palmettes estampées on voit souvent un ou plusieurs cercles simples ou des cercles formés de barres courtes et parallèles. Ces dernières sont incisées, sur le vase mis en rotation, au moyen d'un instrument pointu. Il y a encore des cercles formés par des points deux à deux, incisés au moyen d'un instrument plus ou moins pointu. Une fois nous voyons autour des palmettes, dirigées et liées au centre du vase au moyen d'incisions oviformes, deux cercles simples et parallèles, dont l'in­tervalle est rempli de crochets parallèles. Autour des cercles il y a des demi-cercles qui s'entrecoupent et puis des palmettes rangées en cercle.

Le pied d'un tel vase fragmentaire est de 2 cm de haut. Sur le revers du pied, garni de bandes circulaires, en couleur alternativement d'argile et de vernis noir ou brun, on lit la lettre A. La base du vase porte au milieu un omphalos plus ou moins prononcé.

Les variétés de cette sorte de vases (fig. 96 — 98), d'un lustre admirable, sont données par le diamètre du vase entier, du pied, de la grandeur et d'épaisseur

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

Fig. 98. Fig. 99.

des b o r d s , dir igés en h a u t ou en b a s , e t de la base . Ce sont des vases c o m p a r a b l e s à c e u x de nos j o u r s des t inés à c o n t e n i r des frui ts ou des ca r t e s de v i s i t e .

Un f r a g m e n t de vase , u n m o r c e a u du p ied , 1 cm. de h a u t , 0.4 cm d ' épa i s seur , m o n t r e un o m p h a l o s au revers du pied de 2.5 cm de d i a m è t r e . Au fond du vase , de ve rn i s couleur d ' a r g e n t , est i m p r i m é u n cercle de 2 cm de d i a m è t r e avec u n e rosace à 6 pé ta les séparées p a r 6 b a r r e s . R e m a r q u a b l e es t un f r a g m e n t de vase de ve rn i s noi r l u i s an t . Ce f r a g m e n t a a u mil ieu (2 cm d 'épa isseur ) u n e o u v e r t u r e p ro longée , de 1 cm de d i a m è t r e d ' u n cô té , de 1.8 cm de d i a m è t r e de l ' a u t r e cô té . Ce vase a é té p r o b a b l e m e n t e m p l o y é c o m m e e n t o n n o i r .

F r a g m e n t de vase en forme d ' u n e n t o n n o i r , a u x r e b o r d s courbés en b a s . Si nous faisons a b s t r a c t i o n des m a r g e s , le vase à sa p a r t i e supé r i eu re a la forme d ' u n encr ie r à gorge r enve r sée . L ' i n t é r i e u r du vase p o r t e auss i des ves t iges de ve rn i s noi r m a t . Il es t v r a i s e m b l a b l e q u e le f r agmen t a p p a r t i e n t à un

vase d o n t l ' emplo i es t i n d i q u é p a r la forme.

D a n s le cana l r o m a i n de la cour de A n . Cur t i n o u s n ' a v o n s t r o u v é q u e de p e t i t s f r agmen t s canne lés , cou leur ocre j a u n e b rû l é + b l a n c h e . I ls a p p a r t i e n n e n t à u n

vase de g r a n d e s d imens ions . N o u s n ' a v o n s pas l ' i n ten­

t ion de faire des conclus ions de ces p e t i t s f r agmen t s de c é r a m i q u e g recque t r o u v é s a u x fouilles de l ' é té 1924.

P o u r la p l u p a r t des frag­m e n t s n o u s n ' a v o n s p a s d ' ind ices ce r t a ins de la recon­s t r u c t i o n s des formes de va se s . Car , à t o u t e s les fouilles n o u s

n ' a v o n s t r o u v é q u ' u n seul p e t i t vase i n t a c t , de ve rn i s noi r m a t , u n cendr ie r , e t t ro i s Xvyyoi, m a u v a i s e m a r c h a n d i s e (F ig . 99 et 100). Un u n i q u e f r agmen t de vase de ve rn i s no i r l u i s an t , p o r t a n t au fond i n t é r i e u r u n cercle d ' inc is ions , nous m o n t r e u n p e t i t r e s t e d ' an se pe rpend icu l a i r e , qu i dépasse p r o b a b l e m e n t le r e b o r d d u v a s e e t t r a h i t ainsi sa forme.

c) A u t r e s ob je t s . Mêlé à d e u x f r a g m e n t s d ' u n e a m p h o r e s imple n o n colorée, qu i o n t à leurs m a r g e s c h a c u n u n e moi t i é de t r o u r o n d , nous a v o n s t r o u v é u n ob je t en p l o m b , 8 cm de long , 2.5 cm de la rge (F ig . 101). I l es t composé de d e u x b a r r e s para l lè les d o n t l ' une es t p lus p l a t e , l ' a u t r e c o n v e x e e t u n p e u courbée . El les s o n t reliées p a r d e u x t r a v e r s e s de 1.5 cm de long . L ' emp lo i de ce c r a m p o n n e n o u s é t a i t p a s assez clair , q u o i q u e les d e u x f r a g m e n t s de v a s e qu i se r a c c o r d a i e n t p a r f a i t e m e n t l ' un à l ' a u t r e , i n d i q u a s s e n t é v i d e m m e n t p a r le t r o u qu ' i l s é t a i e n t r éun i s p a r ce c r a m p o n de p l o m b . Mais n o u s a v o n s eu l 'occas ion de découvr i r à u n e d i s t a n c e de q u e l q u e s cen t a ines de m è t r e s ve rs l ' oues t , su r la p r o p r i é t é de N . Chi r iachi , u n p i t h o s cassé de 120 cm de d i a m è t r e à la h a u t e u r conse rvée de 80 c m , e t de 3 cm d ' épa i s seur . A l ' in­t é r i e u r de ce p i t h o s n o u s a v o n s t r o u v é d e u x c r a m p o n s l ibres , de d imens ions p lus g r a n d e s (11 cm de long e t 4 cm de la rge) , e t d a n s la pa ro i d u v a s e s ix a u t r e s

Fig. 101.

Fig. 100.

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CALLATI S

crampons fixés. Leur emploi est devenu clair: les crampons servaient à consolider les parois grandes et lourdes des vases, qui se seraient cassés facilement à cause de leur masse pesante.

Dans la partie inférieure d'une amphore découverte à une profondeur de 2.5 cm dans la cour de C. Dan, se trouvait une masse verdâtre qui nous semblait huileuse. Ne pouvant faire l'analysese sur les lieux, nous nous sommes adressé à notre collègue, M. F . Netolitzki de Cernăuţi. M. Netolitzki a bienvoulu nous donner l'information demandée au sujet de la masse trouvée dans le fragment d'amphore et de quel­ques restes d'os mélangés avec de la terre, trouvés dans un autre fragment. Nous reproduisons la constation de M. Netolitzki écrite en allemand:

1. Amphoraftiss: lin Inneren befindet sich grunlich-graue erdige Masse, welche in unregelmăssig-

kantige Stiicke durch Austrocknen zerfăllt. An einem der Stiicke ist ein rinnenfôr-mig vertiefter Abdruck vorhanden, der keiner Erhabenheit an dem Gefassstiicke entspricht. Mit Wasser befeuchtet zerfăllt die Masse sofort in ein griinlich-graues Pulver, das unter dem Mikroskope nur aus sehr kleinen kantigen Gesteinssplitterchen besteht, die auch jetzt einen schwach grùnlichen Farbton besitzen. Mineralsauren losen nicht ; nur ein leichter schwach-rôtlicher Anflug auf den Bruchstellen der er-digen Massen lôst sich in Salzsăure unter Entwicklung von Kohlensâureblàschen. Organisierte Bestandteile, etwa Kieselskelette von Getreidepflanzen etc. fehlen.

2. Erde mit Knochenstiicken. Durch Abziehen werden getrennt: a) Knochen von mindestens zwei Tierarten, die ich mit Sicherheit nicht unter-

scheiden kann. Es findet sich ein Kieferstuck, dessen Form und Bezahnung auf eine Eidechse weist. Andere Knochen gehôren aber bestimmt nicht zu diesem Tiere.

b) Zwei Stiicke Metalldraht mit rauher, grubig-warziger Oberflăche, welche ganz in Patina verwandelt ist (kohlensaures Kupfer). Die angefeilte Flăche zeigt einen Kupferkern umgeben von einem anderen Metall (Silber?).

c) Die Erde enthalt keine Pflanzenreste.

THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU Professeur à VUniversité de Cernăuţi

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LES FOUILLES DE TINOSUL I. LA STATION AVANT LES FOUILLES

Monsieur le Professeur V. Pârvan, Directeur du Musée National d'Antiquités, à la suite des recherches qu'il a entreprises sur l'époque préromaine de la Dacie, nous a chargé d'étudier la station gète de Tinosul (département de Prahova).

Grâce aux moyens accordés et au concours bienveillant des autorités commu­nales et départementales, nous avons pu poursuivre nos fouilles avec un nombre suf­fisant de terrassiers durant un mois entier, du 20 août au 20 septembre 1924.

Comme il s'agit d'une station de proportions restreintes, entourée de toutes parts par les vastes forêts qui s'étendent du Danube aux Carpathes, les résultats obtenus dépassent les prévisions les plus optimistes. Ils ne font d'ailleurs que compléter et confirmer ce que les fouilles exécutées l'année précédente à Piscul-Crâsanix) et à Piscul-Coconi2) nous avaient appris sur l'histoire et l'ethnographie des Gètes.

C'est le dilettante César Bolliac, archéologue passionné, ancien président du «Co­mité archéologique» 3), qui, le premier, en 1869, parle de Tinosul. Il a publié dans son journal Trompeta Carpaţilor 4) les résultats de la recherche sommaire faite sur place et tousles archéologues, qui depuis mentionnent Tinosul5), le citent. Il y est question de plusieurs fragments de poterie ornementée rouge, grise et noirâtre, faite d'une argile de bonne qualité, soigneusement pétrie et bien cuite. On y parle également de restes de charbon, d'une petite quantité de millet carbonisé, de pots contenant des substances carbonisées, d'un fer de lance, d'un petit couteau en fer, etc. Personnellement, nous n'avons pas vu ces objets 6) ni en nature ni en reproduction.

1) I. Andrieşescu, Piscul-Crăsani, An. Acad. Rom., sect, ist., ser. I l l , torn. I l l , mem. 1, Bu-cureşti, 1924 (avec résumé en français).

2) Radu Vulpe, Raport asupra săpăturilor arheo-logice delà Piscul-Coconilor, Bulct. Comis. Monum. Istorice, X V I I , Bucureşti, 1924, fasc. 39 (avec résumé en français), p . 46 seqq.

3) Aujourd'hui ce «Comité archéologique» n'e­xiste plus.

4) Cctatea Tinosul, Trompeta Carpaţilor, 1869, No. 739. Nous reproduisons cette citation d'après C. Moisil (v. la note suivante), sans avoir à ce moment la possibilité de voir l'article même de Bolliac.

5) Gr. Tocilescu, Dacia înainte de Romani, An. Acad. Rom., Bucureşti, 1880, sect. I I , ser. I I ,

torn. I l l , pp . 415, n. 3 ; 538; Dicfionarul geografic al României, Bucurcşti, 1902, vol. V, p . 601, s. v . ; Alex. Odobcscu, Artele din Romania, tn periodul preistoric, Opère complete, I I I , Bucureşti, 1908, p . 198; C. Moisil, Privire asupra antichităţilor pre-istorice ale României, Bui. Com. Mon. 1st., I I I , Bu-cureşti, 1910, p . 121 ; I. Andrieşescu, Contribuée la Dacia înainte de Romani, Iasi, 1912, p . 23, n. 44.

6) La collection Bolliac ne peut pas être visitée, quoiqu'elle se trouve déposée dans de caisses au Musée National de Bucarest. À la suite d 'un in­terminable procès de succession, elle est mise sous séquestre judiciaire. Nous n 'avons pas sous la main l'article publié dans la Trompeta Carpafilor, pour savoir s'il est illustré.

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LES FOUILLES DE TINOSUI.

Aucune information écrite ne nous laisse supposer que depuis Bolliac il y eut de nou­velles recherches à cette station. Toutefois, les habitants nous apprennent que, peu de temps avant la guerre de 1916, l'endroit a été visité d'une manière superficielle par Alexandre Dumitrescu, fonctionnaire de l'Académie Roumaine, auteur de quelques communications au Bulletin de la Commission des Monuments Historiques, qui aurait trouvé entre autres l'anse d'une amphore portant un timbre l) . Nous doutons qu'il ait publié les résultats de ses recherches.

Au mois d'avril 1922, nous avons fait de notre propre initiative une première ex­cursion à Tinosul avec deux de nos collègues. Les quelques heures que nous y avons passées nous ont permis de faire en hâte un relevé du plan et de trouver une certaine quantité de débris de poteries grecques et de poteries primitives indigènes, ainsi qu'un grand fragment de moulin à bras (v. pag. 210). Plus tard, au mois de juillet 1922 nous y avons accompagné notre maître, M. V. Pârvan. Cette fois-ci nous avons relevé un plan plus complet de la station et nous avons emporté une plus grande quantité de débris, preuve évidente d'une station préromaine, tout au plus protoromaine2).

Les fouilles fructueuses entreprises par M. I. Andrieşescu en 1923 à Piscul-Crăsani, station contemporaine de celle qui nous occupe, ont hâté la décision de M. Pârvan de faire faire des fouilles également de ce côté-ci, sur les bords de la Prahova. Et c'est à nous qu'il a pensé pour diriger les travaux.

A cela se réduit l'historique des recherches faites jusqu'à présent à Tinosul. On trouvera plus bas l'exposé détaillé de nos fouilles et les résultats obtenus.

I I . SITUATION DE LA STATION

La station de Tinosul se trouve sur la rive gauche de la Prahova, à 45 km de Bu­carest et à 15 km de Ploeşti, plus précisément, à 1500 m ouest de la gare Prahova du chemin de fer qui réunit ces deux villes, et à 500 m est du hameau Pisculeşti (la commune de Tinosul). Le village de Tinosul 3) lui fait face de l'autre côté de l'eau.

La station consiste en un promontoire élevé de 21 m au-dessus des eaux de la Prahova qui le minent, et de 141 m au-dessus du niveau de la mer (fig. 1). Point trigonométrique de premier ordre de l'Institut géographique de l'Armée, c'est l'endroit le plus haut de la région. Le promontoire fait partie d'un plateau isolé qui s'étend entre la vallée de la Prahova et la vallée de Viişoara, petit ruisseau. Il est séparé de ce plateau par une tranchée à rempart, ouvrage exécuté par les anciens habitants de la station.

Sous la couche de terre végétale et sous la couche contenant les vestiges de vie humaine, commence une couche profonde de terre brune qui repose sur le gravier et le sable du lit de la rivière. Celui-ci a une largeur moyenne de 500 m; à travers les

1) Alex. Dumitrescu, tout en n 'ayant pas la prétention d'être un archéologue compétent, a visité un grand nombre de stations antiques de la plaine valaque, mais à part quelques informa­tions publiées dans les journaux habituels, il n 'a fait paraître aucun travail à leur sujet. Tout au moins sur Tinosul il n 'a rien publié.

2) V. Pârvan, Inceputurile vielii romane la gu-

rile Dunării, p . 139, 203; Getica, p . 133, 137, 174 — 178, 219, sqq.

3) La station se trouve sur la limite des com­munes de Tinosul et de Puchenii-Crainici et fait partie au point de vue administratif de cette der­nière. Nous l'appellerons toutefois Tinosul, vu que la commune du même nom est plus proche.

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

cailloux l'eau coule en petits filets qui tantôt se séparent tantôt se n'unissent. L'eau ne dépasse 1 m de profondeur qu'à la suite de la fonte des neiges ou des pluies abon­dantes. Presque partout on peut passer la rivière à gué soit à pied, soit en voiture.

La région où est située la station est boisée. Ce sont les dernières ramifications vers le nord, des vastes forêts massives de Vlăsia, qui s'étendent entre le Danube et la région des collines comprenant les départements de Vlaşca, Teleorman, Ilfov et Pra-hova. Un peu plus au nord se trouve la limite de la région des forêts de plaine et de

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Fig. 1. Vue de la Station de Tinosul.

la région des colhnes sous-carpathines. Les tumuli antiques, tellement répandus dans les régions de plaine non boisée, font complètement défaut de ce côté-ci, bien que nous nous trouvons en présence d'une époque où on avait l'habitude d'élever des tu­muli funéraires a) . Cela s'explique par le fait, que dans l'antiquité la forêt devait être encore plus épaisse que de nos jours2) . Il nous faut aller à 12 km au nord de

*) Pour les tumuli de l'époque romaine en Do-brogea et dans la plaine moldo-valaque, cf. V. Pârvan, Descoperiri noua în Scythia Minor, Bu-cureşti, 1913, An. Acad. Rom., sect, ist., s. I I , v. X X X V , p . 52 sqq., avec un résumé en français; id., Castrul delà Poiana fi drumul roman prin Moldova de Jos, ibid., ser. I I , vol. X X X V I , Bu-cureşti, 1913, p . 20, avec un résumé en français; id., Archaologischer Anzeiger: Rumănien, Jahr-buch des kaiserl.-deutsch. arch. Inst., Berlin, 1915, 4, p. 255: Histria.

2) Ordinairement les tumuli sont situés en pleine campagne et tout à fait exceptionnellement dans

les forêts. C'est une remarque que nous avons fait dans nos fréquentes excursions archéologiques dans la plaine roumaine et qu 'un examen mi­nutieux des cartes topographiques militaires sur l'échelle 1:50.000 pourrait la confirmer. La raison en est que les tumuli étaient des monuments fu­néraires et que par conséquent on les mettai t dans les endroits les plus visibles, souvent le long des voies naturelles de communication (Joseph Déchelette, Manuel d'archéologie cdliquc, I I 2* Paris, 1913, p . 631) et près des lieux habités. On n'observe presque jamais des tumuli sur les thal­wegs des vallées ou aux fonds des forêts.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

Tinosul pour rencont rer , près de Ploeşt i , à Mimiul (cote 153) ^ un premier tumulus, dans u n e région éloignée de la forêt et où ces tumuli ne sont pas r a r e s 2 ) . A l 'ouest , à Test e t au sud, où la forêt est p lus épaisse nous n 'apercevons sur la car te aucun tu­mulus, excepté celui de Gorgota , isolé sur la P rahova à 6 k m en aval de Tinosul . Tou tes ces cons ta ta ­t ions s 'expl iquent par le carac tère éminem­m e n t forestier de la région.

La s ta t ion de Tino­sul, dans l ' é ta t ac tuel , pa ra î t avoir une sur­face approx ima t ive d 'un q u a r t d 'hec ta re l imitée de trois côtés p a r l ' escarpement de la P r a h o v a et du qua­t r ième côté p a r la t r anchée à r e m p a r t . Au-delà du fossé le t e r ra in suit une pen­te douce vers l 'escar­pemen t . L ' e n d r o i t le plus élevé, le point t r i -gonomét r ique du Ser­vice géographique de l 'Armée, se t r o u v e à l 'angle nord du rem­p a r t .

Le te r ra in de la s ta­t ion est cul t ivable . On ne voi t des t races d'an­ciennes fouilles que sur le r e m p a r t : quel­ques t ranchées et quel­ques excavat ions à l 'endroi t du po in t t r i -

gonomét r ique ; une excavat ion sur le faîte de r empar t , au milieu et deux excavat ions plus bas , vers l 'angle est, faites pa r les chercheurs de sources de pétrole .

*) Voir la carte de l'État Majeur de l'Armée 1:100.000 ne comprend pas tous les détails comme Roumaine, échelle 1:100.000, edition 1913. celles de 1:50.000 ou 1:20.000 (dont nous n'avons

2) Dans la carte militaire citée on remarque un aucune sous la main), de sorte que sur le terrain groupe de 22 tumuli, à 4 km ouest de la ville de les tumuli de Strejnicul pourraient être dans un Plocsti, près du village de Strejnicul, sur une éten- plus grand nombre, due de 2 km2 environ. A savoir que la carte de

Fig. 2. Les environs de Tinosul.

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

Du côté de l'escarpement, au niveau de la couche contenant les vestiges de vie humaine on pouvait voir le profil de plusieures excavations antiques comblées, qui, toutes, ont été fouillées par nous.

a m

Tout d'abord l'endroit s'imposait à ses premiers habitants comme lieu fortifié, par sa position élevée, défendue par les eaux de la Prahova, par les vastes forêts qui l'entourent et par le grand escarpement peu accessible. Cette défense naturelle ne demandait, pour être complète, que la fortification vers le nord-est. "W

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LES FOUILLES DE TTNOSUL

I I I . LA D E S C R I P T I O N D E S F O U I L L E S

Sur t o u t e l ' é tendue de la s ta t ion , l 'attention~2rû voyageur n ' es t spécialement a t ­t i rée que pa r la présence du r e m p a r t nord-ouest . H a u t de 1,50 m vers l ' intér ieur et de 5 m vers l 'extér ieur , il laisse voir pa r endroi ts des mo t t e s d'argile calcinée pa r le feu. Nous avons commencé nos fouilles à pa r t i r de cet é lément visible, p lus préci­sément à pa r t i r de l 'angle nord , où se t rouve le point h a u t . Les t r a v a u x exécutés an té ­r i eurement en cet endroi t pa r le service géographique mili taire ne nous ont pas empêché d 'y puiser les meilleurs résu l ta t s en ce qui concerne la fortification et les vestiges d 'ha­b i t a t i on .

Le t e m p s et les moyens ne nous pe rme t t a i en t pas d ' en t reprendre la fouille to ta le de la s ta t ion . Pour en avoir une connaissance générale, nous avons dû nous résoudre à faire plusieures groupes de fouilles dans les différents points pr inc ipaux. Nous avons complété nos recherches p a r quelques pe t i t s sondages a u x environs de la s ta t ion.

À la fin des t r a v a u x tou tes les t ranchées et tou tes les au t res fouilles ont été com­blées.

Au to t a l on a fouillé 731 m 2 , répar t i s de la manière su ivan t e : 214 m2 au groupe n o r d ; 162 m 2 au groupe e s t ; 90 m 2 a u x groupes de sud et de sud-ouest , 100 m2

au centre et 165 m 2 à la grande t ranchée L . P o u r faciliter l 'exposé de nos recherches nous suivrons cet o rd re : 1. L 'explo­

ra t ion du r e m p a r t (v. fig. 3 , B, C, D , E, J , K, M ) ; 2. Les t r a v a u x A-N; 3 . La fouille F; 4 . La fouille J du groupe E s t ; 5. La grande t ranchée L; 6. La t ranchée G; 7. La t r anchée H; 8. Les sondages dans les environs de la s ta t ion. Le premier para ­graphe concerne la fortification ; le second, le troisième, le qua t r i ème concernent les habi ­t a t i o n s ; le c inquième, le sixième et le sept ième concernent les tombes .

1. T R A V A U X D ' E X P L O R A T I O N D U R E M P A R T

Nous avons dans la t r anchée C-M la plus complète coupe t ransversa le du r empar t . P o u r contrôler les résu l ta t s de cet te t ranchée nous avons établ i d ' au t res fouilles en ri­goles e t des fouilles de grand pér imèt re .

Tranchée C-M. Dimensions : C = 15 m X 1 m, M = 12 m X 1 m, to ta l = 27 m X 1 m . De profondeur var iable , parcequ'el le coupe le remblai et le fossé; ainsi le m a x i m u m est de 4,40 m à l 'endroit du s o m m e t et le mi- LÉGENDE nimum <l<- L,75 m - m aux ext rémités . WWfy^W lïsy&inn^i °"^"50""s£T

La coupe reprodui te à la fig. 5 représente la paroi ' ^ ^ ^ ^ f f i ?FBBE"MOTPÎ,!I E s t de la t r anchée . Les couches du remblai et de 1' i n t é - Sf?5^cSû(i CMABSCII

'/.'■-' V . ' '•:}.''^j TCOHE CALClMte

rieur <l<- l enceinte sont bien dist inctes à l 'endroi t de rnSÈÊESk CEMDRC f m f 55£ŞŞ3©ţ|p8 G3AV1J1H

l ' an t ique pu i t s figure en z, rempli de te r re calcinée jj|J ||f| TERDE. GLAISE j u s q u ' à la vi t r i f icat ion. A pa r t i r du fond du pu i t s nous ^ ^ ^ ^ ^ TERPC VCDDÂTRC t rouvons une légère couche de 0,01 m de résidus de J | | l | i | IËT^RE: VIE.HOL charbon , 6, qui forme l 'axe quasi horizontale de la s tra- ţ^jjgj^j^^ TLRQE. NON FOUILLEZ t if icat ion. Sous cet te couche, il y a une deuxième de F i8- 4-te r re ve rdâ t r e , a, qui au milieu devient plus profonde, a t t e ignan t l 'épaisseur de 2 m en épousan t la forme d 'une fosse. Les f ragments céramiques contenus sont tous d 'origine p r imi t ive , t ravai l lés à la main , noirs ou rouges, br i l lants . Cette couche a cont inue vers

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

l'intérieur de l'enceinte par une couche de transition de 0,20 ni située à la surface de la terre vierge.

Au-dessus et partant toujours de la cou­che de charbon, il y a une couche de terre glaise c, mélangée de gravier, laquelle con­stitue le remblai primitif qui va en s'épais-sissant vers le milieu jusqu'à la cote 1,80 m, à différence de la fosse mentionnée a, avec de la terre verdâtre. Cette couche va en s'a-mincissant vers les extrémités jusqu'à se perdre.

Ensuite nous voyons la couche de débris, de terre calcinée, de charbons, d, couche épaisse de 0,60-0,85 m, compacte sur le ver­sant intérieur du rempart (côté enceinte) et plutôt rare et mélangée de terre sur le côté opposé. Sur le sommet du remblai, pareil à un coin, nous retrouvons s'enfonçant de 0,70 m dans la couche de terre glaise et de gra­vier, les traces de charbon et de terre cal­cinée d'un pieux gros de 0,14 m (fig. 5, t).

Au-dessus de la couche de débris, de terre calcinée et de charbon, d, sur le versant intérieur, commence la couche de terre noire et de débris Latène *), laquelle se continue dans toute l'enceinte; quant au sommet, et sur le versant opposé on retrouve directement la couche végétale de 0,06 m — 0,10 m.

A la moitié de la pente extérieure du rempart (m) se trouve la limite entre les stra­tifications du remblai et du fossé. Au point le plus bas du fossé la terre vierge se retrouve à la profondeur de 2,50 m. Au-dessus de cette terre vierge il y a une grosse couche d'environ 1,50 m de terre noirâtre e, mélange de terre, de débris, de terre calcinée, d'ossements de mammifères et fragments céramiques Latène et grecs. Cette couche s'étend sur une largeur de 7 m. Au-dessus il y a une couche de terre

*) JNous adoptons la forme Latine, pour éviter la confusion entre Vépoque de La Tène, et la sta­tion celtique de La Tène, suivant l 'exemple de nombreux spécialistes et en premier lieu suivant la proposition faite par M. Salomon Reinach dans la Revue archéologique, XVI, 1910, p . 192.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

COUPE C l

Fig. 6.

glaise g, épaisse de 0,61 m, large d'environ 14 m et se terminant sur le bord nord-est du fossé, contenant de la terre calcinée et du charbon. La recouvre la couche végétale épaisse de 0,10 — 0,20 m.

On remarque (voir la coupe, fig. 5) que les couches du remblai, vers l'intérieur de l'enceinte, sont recouvertes par la couche générale Latène II I (voir aussi la fig. 6 représentant une partie de la paroi ouest de la tranchée C, versant intérieur), tandis que du côté extérieur elles sont brusquement coupées par les couches du fossé. On ar­rive aux mêmes constatations en considérant les autres fouilles faites pour explorer le remblai.

Fouille E. On a poussé cette fouille sur le versant intérieur, en allant jusqu'à la couche de débris et de charbon d (fig. 6) sur une étendue de 10 m X 7 m avec le but d'élibérer une portion du rempart de la couche superposée Latène I I I , / (fig. 6). De cette portion, une bande large de 2 m, e (fig. 3), a été encore approfondie jusqu'à la couche de terre glaise et gravier, c (fig. 6).

Par cette nouvelle fouille, on a mis à découvert de grands morceaux de remplissage en paillante brûlés, de grands madriers carbonisés en désordre, des scories, des tessons, tous contenus par la couche d (fig. 6). Les tessons sont tous primitifs, certains noirs brillants ou rougeâ-tres, d'autres poreux, aucun travaillé au tour, rien du Latène.

Tranchée B. Longueur 13 m, largeur 1 m, profondeur 1,70 m aux extrémités et 2,40 m au milieu. Nous donnons (fig. 7) la paroi Est de cette section. Quoique sem­blable pour l'ensemble à la section C, elle présente les couches bouleversées par les tra­vaux faits antérieurement à cet endroit. Notre fouille que nous n'avons pas poussé jusqu'à la terre vierge, ne nous renseigne que sur les couches supérieures.

Nous trouvons la mê­me couche de terre verdâ-tre a, contenant des rési­dus de charbon que nous avons rencontré dans la section C, toutefois sur une moindre épaisseur.

Dans la couche inter­médiaire de terre glaise c, nous avons trouvé à 1,60 m. de profondeur un objet en silex et à 1,10 m de profondeur un petit tas de cendres et de pierres calcinées (v. fig. 7, w).

La couche de débris et de terre calcinée d a une épaisseur d'environ 0,60 m. Au-dessus, la couche végétale contient des fragments céramiques Latène, qui répandus dans toute la couche supérieure de la station ne se trouvent pas dans les couches consti­tuant le rempart proprement-dit.

On peut constater que la stratification de la tranchée B, quoique bouleversée et imprécise, confirme les rémarques suggérées par la section C.

Tranchée D. Longueur 5 m, largeur 1 m, profondeur jusqu'à 1,70 m, tranchée parallèle au rempart près de la crête, sur la pente intérieure. La petite fouille d, pro­fonde 2 m, fait arriver cette tranchée presqu'à la crête du rempart. Nous donnons

COUPCD

Fig. 7.

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RADII VULPE ET ECATERINA VULPE

COUPE

sur le même croquis la section D et la section d (fig. 8 ; v. aussi la fig. 9). On trouve, de même que dans les sections B et C, la couche de terre glaise. Elle contient des ossements d'animaux, du charbon, un tesson avec proéminence et des tessons rudimcntaires noires ou rougeâtres polies. En d on a trouvé également des restes de terre glaise calcinée par le feu et qui du temps où le rempart n'était pas encore détruit, constituait probablement une

petite habitation (fig. 3, l). Nous retrouvons successivement la couche de

débris et de terre calcinée, coupée par endroits par les fouilles récentes (fig. 8, sect. D, en s), la couche La Tène de la station et enfin la couche végétale.

Fi 8 Sur la paroi SO de la tranchée Dd, entre la couche de débris calcinés du rempart et la couche générale

La Tène, se trouve sur une certaine étendue, une couche de grosses pierres de rivière

Fig. 9. Vue des fouilles D, d et d'.

(fig. 3, p). Nous avons déblayé cette couche, qui se trouve à une profondeur de 0,50 — 0,70 m, sur une étendue d\ de 5 m X 5,50 m. Au-dessus de ces pierres et peut-être en rapport avec elles, nous avons trouvé une grande quantité de céra­mique La Tène, de nombreux fragments d'amphores grecques, quelques fragments de miroirs en métal blanc, un petit couteau en fer, un petit vase en miniature, une perle en terre cuite, plusieures «fusaïoles» x) en terre cuite, deux petites idoles rudimentaires, un vase La Tène contenant des pierres, des ossements d'animaux, surtout de cheval, du charbon, etc. Probablement, nous nous trouvons en présence d'une tombe profanée, ce qui nous empêche d'y trouver tous ces éléments en bon ordre. Il est certain que ces

l) Nous appelions ces objets avec le terme plus toujours employés au filage; cf. plus-bas, pag. commun de «fusaïoles», quoiqu'ils ne soient pas 208.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

objets n'ont pas des rapports avec les couches du rempart. Le pavé en pierre en re­lation avec une tombe n'est pas inconnu en Dacie; nous le rencontrons à la nécropole La Tone d'Apahida l).

Tranchée J. Longueur 21 m, largeur 2 m, profondeur variant entre 1,60 m à l'ex­

trémité intérieure et 3 m sur la crête du rempart. La coupe de la paroi Nord, figurée par le croquis (fig. 10) présente la même stratification que celle trouvée à 36 m de ce point, dans la tranchée C. Le profil inférieur de la couche de terre verdâtre contenant des restes de terre calcinée, des ossements, du charbon, et des tessons exclusivement pré­historiques, présente à l'endroit de la crête du rempart une bosse de 0,35 m X 0,50 m (fig. 10, v) et descend vers la pente extérieure du rempart jusqu'à 3,50 m de pro­fondeur (a).

Au-dessus se trouve la couche de terre glaise c, contenant du gravier, des débris calcinés, des ossements et du charbon.

La couche d de débris, de terre calcinée et de charbon a une épaisseur de 0,60 m — 1 m. De même que dans la coupe C cette couche est très compacte sur la pente intérieure sous la couche générale La Tène de la station, f (fig. 10) et presqu'inexistente sur la pente extérieure, perdue dans la couche végétale.

Tranchée K. Longueur 20,50 m; largeur 1 m; profondeur 1,50 m aux extrémités, 2,60 m au milieu. La fouille n'a pas été poussée jusqu'à la terre vierge, de sorte que nous ne connaissons pas, à cet endroit, la profondeur de la couche de terre verdâtre a, contenant des débris calcinés et du charbon. On a trouvé dans cette couche une importante quantité de céramique préhistorique façonnée à la main et totalement dif­férente par la technique, par les ornements et par les formes, de celle de la couche La Tène de la station (v. plus bas, pag. 190 seqq.). Aucun objet en silex ou en métal n'a pas été trouvé parmi ces tessons qui constituent comme nous le verrons plus loin un élément plus précis pour compléter les remarques suggérées par la coupe C. Le reste de la stra­tification est identique à la coupe C.

On observe de même que dans les tranchées J et B (v. fig. 11), que la couche générale La Tène de la station, / , descend davantage vers l'extrémité de la pente inté­rieure du rempart. On peut considérer qu'il s'agit d'une excavation faite dans la terre vierge, soit pour l'écoulement des eaux pluviales du rempart, ou plutôt pour compléter avec la terre enlevée le profil du rempart (v. plus précisément dans la fig. 10, g).

l) Kovâcs Is tvân, La station préhistorique et le section archéologique du musée national de Tran-cimetière celtique de Vépoque La Tène d'Apahida sylvanie à Kolozsvâr (Cluj), I I , 1911, p. 62. (hongrois et français), Dolgozatok-Travaux de la

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

Conclusions au sujet de la fortification. Le fossé à rempart, légèrement incurvé, qui défendait la station vers NE, s'étend aujourd'hui sur 82 m de longueur. On ne re­marque nulle part les vestiges de la porte d'entrée. On pourrait déduire qu'elle se trouvait à l'une des extrémités, tout près de l'escarpement '). Les eaux de la Prahova l'auront détruit en même temps qu'une grande partie de l'étendue de la station.

La manière dont le rempart a été construit peut être déduite de l'examen des sections décrites plus haut. La couche la plus ancienne, de terre verdâtre, a, nous prouve par ses vestiges de cendre, de terre calcinée, d'ossements et de tessons, que le terrain était habité avant l'exécution du fossé de défense et du rempart. De même la légère

COUDC K

couche de charbon b, déposée par endroits sur la couche de terre verdâtre (v. sect. C, fig. 5), témoigne la présence des foyers établis avant toute intention d'organiser une défense. Ce n'est qu'un peu plus tard qu'on a exécuté le grand fossé et qu'on a construit le rempart avec la terre du déblai, auquel on a ajouté du gravier extrait du lit des eaux de la Prahova 2). L'examen de la section M (fig. 5) nous montre que les cou­ches du rempart sont d'une époque moins récente que celles du fossé, déposées et amas­sées à cet endroit au cours des siècles par les agents physiques. En tout cas on ne peut pas mettre en doute que l'exécution du fossé est en liaison directe avec celle du rempart. Celui-ci a été établi à l'aide d'une armature formée par une rangée de gros poteaux pro­fondément plantés dans la couche de terre verdâtre, dans des trous dont on peut re­marquer le profil en v, coupe J e t enph, coupe C (fig. 5 et 10). Ces poteaux, dans leur partie supérieure qui dépassait de beaucoup le rempart, ont été reliés entre eux par des tra­verses et du clayonnage, constituant de la sorte l'armature sur laquelle on est venu coller et presser soigneusement de l'argile mélangée avec de la paille. Le parapet ainsi construit, relativement assez solide, achève le système de fortification de la station de Tinosul. Les poteaux étaient en chêne et en frêne, essences très répandues dans les forêts voisines. Ils devaient avoir 0,20 m de diamètre au minimum, comme on peut le voir dans la section C (fig. 5, t), où se sont conservées les traces d'un poteau carbonisé sur une hauteur de 0,70m. Les traverses carbonisées, trouvées en e (fig. 3), avaient 0,10 m d'épaisseur; les

*) Ordinairement, à une fortification à fossé et à rempart , la porte et signalée par une interrup­tion du fossé. A Mayen, dans l'Allemagne occi­dentale, les dix-sept portes de l 'enceinte, décou­vertes par les fouilles du rempart , correspondent à un nombre égal d' interruptions du fossé aux mêmes endroits ; Hans Lehner, Der Festungsbau der jiingeren Steinzeit, Prahistorische Zeitschrift, I I , Berlin, 1910, I Heft, p . 18 ; M. Ebert , Real-lexikon der Vorgeschichte, Berlin, 1925, Festung,

p. 233. A Tinosul nous ne trouvons aucun indice pareil ; le fossé s'étend ininterrompu d'une ex­trémité à l 'autre, ce qui nous suggère l'opinion exprimée plus haut .

2) La proportion du mélange d'argile et de gravier n'est pas la même sur toute la longueur du rempart . Très abondant dans la tranchée C, le gravier ne se rencontre plus dans les tranchées B et K.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

branchages du clayonnage, dont les mottes de terre calcinée par le feu en ont gardé le moule, avaient 0,02 — 0,05 m d'épaisseur. La distance entre le poteau carbonisé t, coupe C (fig. .r>) et le point n, où on a trouvé plusieures traverses carbonisées, est de 2 m environ et doit représenter l'épaisseur du parapet antique. Le rapport qu'on peut établir entre cette largeur et la couche de débris calcinés, épaisse de 0,50 m env. (d, fig. 5) représen­tai! I les restes du parapet incendié, nous permet de déduire que celui-ci avait tout au moins 3 m de hauteur. En réalité il devait dépasser 4 m.

Ce sont des ennemis victorieux qui ont dû mettre le feu à la station. L'incendie n'a pas épargné le parapet. La quantité de bois que celui-ci renfermait était suffisante pour calciner la masse de terre mélangée avec de la paille, qui le constituait. Le tout s'est écroulé formant la couche de débris calcinés et de charbon, dernier vestige de la fortifi­cation d'autrefois.

C'est la «Komerschanze» de Potsdam *), entre autres fortifications du même genre, qui nous aide à bien comprendre la fortification de Tinosul. Nous y trouvons dans le profil général, à l'extrémité de la pente intérieure du rempart, la même dépression que celle notée plus haut dans les différentes coupes et surtout en J (fig. 10, g). Plus évidente à Postdam, où elle est accusée par les fondations des habitations, elle n'est à Tinosul qu'une légère excavation, produite par l'enlèvement des terres employées à la construc­tion du rempart. A Potsdam les poteaux du parapet traversent toutes les couches du rempart, pénétrant jusque dans la terre vierge, ce qui prouve que le parapet a été con­struit, de même qu'à Tinosul, sur une armature en bois préalablement établie. Le terrain sabloneux de Potsdam a conservé mieux, détachées en brun, les traces des poteaux de la palissade, qui pourris à Tinosul sont complètement disparus. À ce sujet une comparaison avec la fortification de Potsdam est utile à l'étude de la palissade de Tinosul. Les poteaux de Potsdarn ont une épaisseur d'env. 0,30 m. Sans doute, à Tinosul ils devaient avoir la même dimension, pour assurer la solidité de la palissade, qui exigeait des fondements tout aussi profonds ; d'ailleurs les trous faits dans la terre vierge pour fixer les poteaux ont 0,50 — 0,70 m de largeur à Potsdam et 0,50 m à Tinosul (par ex. en v, coupe J , fig. 10).

La forme générale de la fortification de Potsdam est poligonale et suit la conforma­tion du terrain. À Tinosul cependant, le fragment conservé du rempart épouse seulement la forme d'un arc de cercle à grand diamètre et défend le promontoire qui constitue la station. C'est la forme la plus simple d'une fortification préhistorique, répondant à une stratégie élémentaire et suffisamment pratique, lorsque la position s'y prête. En effet, pour fortifier un promontoire défendu de par la nature même du terrain par les eaux et les escarpements abrupts, il suffit de s'occuper seulement d'un seul côté, celui qui fait face au plateau. Il en résulte la fortification dénommée éperon barré 2), qui se retrouve très souvent à l'époque préhistorique et protohistorique, en Roumanie 3) comme dans le reste de l'Europe 4).

x) C. Schuchhardt, Die Romerschanze bei Pots- pra antichităfilor preistorice aie României, Bulet. dam, Priihistorische Zeitschrift, I, 1909, p . 209; Com. Mon. Istor., I I I , 1910, p . 118 sqq.) ; Ariuşd, id., Alteuropa in seiner Kultur- und Stilcntwicklung, Cisnădie, Grădiştea-Orăştie, Jacul Roman, Mă-Bcrlin, 1919, p . 293. ghieruş, Monor, Murăş-Sâncraiu, Peşteana, Porum-

2) J . Déchelette, Manuel, I, p . 371. bul-Mare, Sovata, Uroiu, etc., (cf. I . Martian, 3) Pa r exemple: Piscul-Crăsani (cf. Andrieşescu, Reperloriu arheologic pentru Ardeal, Bistriţa, 1920,

Piscul-Cràsani, p . 20); Poiana (cf. V. Pârvan, passim). Castrul delà Poiana, p. 2 sqq.) ; Sultana, Calom- *) Cf. M. Wosinsky, Das prahistorische Schanz-fircşti, Nctoţi , etc. (cf. C. Moisil, Privire asu- werk von Lengyel, seine Erbauer und Bewohner,

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12 Dacia I 1924. www.cimec.ro

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Le systhème de fortification comme sa technique, qui sont dans leur simplicité les mêmes à toutes les époques, ne nous permettent pas de leurs fixer une date. Tout au plus peut-on espérer que de nouvelles recherches dans la plaine roumaine amène­ront plus de précision. Ce qui est certain c'est que la couche Latène de la station couvre complètement le parapet démoli et qu'aucun élément de cette couche ne se retrouve ni dans les restes du parapet, ni dans les couches inférieures du rempart. Ceci met en évidence que la démolition de la fortification précède, on ne saurait dire de combien, l'époque Latène. Dans la couche des débris de la palissade et dans la couche du rem­part, on n'a trouvé aucun objet en métal ou en silex; le petit rasoir en silex trouvé en B (pag. 210) est un élément trop isolé pour retenir notre attention. Le peu de frag­ments céramiques trouvés dans ces couches, quoique antérieurs à l'époque Latène par la technique, ne présentent aucune forme précise et aucun ornement, qui puisse fixer leur époque. Dans la couche la plus profonde et antérieure à la construction du rem­part on a trouvé plusieurs éléments céramiques qui peuvent être considérés, avec une assez grande certidude, comme datant de l'époque énéolithique (éventuellement de l'âge de bronze; v. plus bas, pag. 193). Nous arrivons ainsi à trouver deux dates entre les­quelles nous pouvons fixer la construction, l'existence et la destruction de la fortifi­cation de ï inosul. L'une post quem c'est l'époque énéolithique, l'autre ante que m c'est l'époque Latène. Entre ces deux dates le reste de la station ne présente aucune autre couche significative. Puisqu'il faut exclure l'époque du bronze et la première époque du fer, c'est toujours avec les tessons éncolithiques trouvés dans ses substructions et recueillis à l'intérieur de l'enceinte dans les fouilles H et L, que nous devons compter. 11 nous faut conclure que la fortification de Tinosul a été construite par les premiers habitants de la station, peut-être même peu de temps après leur établissement. lie peu de restes énéolithiques de la station nous laisse supposer qu'elle a été détruite peu de temps après la construction du parapet. Celui-ci a été consumé par le feu et la disposition des couches nous montre qu'on n'a fait aucun essai de reconstruc­tion et que même plus tard, à l'époque Latène, on ne s'est plus servi de la fortifi­cation.

2. LES FOUILLES A et N

Tranchée A : 20 m de longueur, 2 m de largeur, 1,30 m de profondeur. Tran­chée N (fig. 13), 2,50 m de largeur, 0,95 m de profondeur et 8,50 m de longueur, pro­longée par un élément de 5 m de longueur et de mêmes profondeur et largeur. Ces deux fouilles ne font que continuer et confirmer les recherches faites en B, C et E. La stratification est la même dans toute cette région (fig. 13), aussi faut-il voir dans les sections de la tranchée A (fig. 12, v. aussi la fig. 3) des sections types.

I I I , Budapest, 1891, p . 221 sq. ; W. Radimsky, Die vorgeschichtliche und rômischen Altcrtumcr des Bezirkcs Zupanjac in Bosnien, Wiss. Mitt. a. Bosn. u. d. H e r e , IV, 1896, p . 135 sqq . ; C. Marchesetti, / castellicri preistorici di Trieste e délia regione Giulia, Trieste, 1903, passim; Eduard Anthes, Der gcgenuàrtige Stand der Ringrvallforschung, Bericht

ùber die Fortsehritte der rom.-germ. Forschung, 1905, p . 26 sqq. ; Déchelctte, Manuel, I, p . 368 sqq. ; I I . Lehner, Der Fcslungsbau der jiingcren Stcinzvit, Prah. Zeitschr., 1910, 1 ; Ebert , Fc-stung, Reallexikon der Vorgcschichte, v. I I I , p . 233 sq.

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LES FOUILLES DE TTNOSUL

- L ' l

Au-dessus de la ter re vierge se t rouve une couche de gravier de 0,05 m d 'épaisseur . Ce gravier prolonge la couche de terre glaise c qui const i tue le r e m p a r t (cf. sect. C, fig. 5 et 6) et s 'étend sur une surface qui ne dépasse pas 4 m de largeur sur 10 m de longueur (fig. 13). Cer­t a inemen t il s 'agit des restes du dépôt de gravier r appor té du lit des eaux de la P r a h o v a , gravier que les hab i t an t s ont mélangé à l 'argile du r e m p a r t pour lui donner plus de consistance.

Au-dessus se t r o u v e une couche de 0,20 m d'épaisseur, de te r re glaise con t enan t de t rès rares f ragments de charbon, des débris de te r re calcinée et quelques tessons d 'une technique pr imi­t ive et d ' un lus t rage noir ou rougeâ t re . P a r m i ces f ragments , à l ' ex t rémi té E s t de la t ranchée A on a rencont ré une pe t i te ta ­b le t t e en bronze d 'une forme imprécise. Sous cet te couche, dans le po in t q (fig. 6 et 13) se t rouve une pe t i te fosse profonde de 0,25 m, large de 0,38 m et longue de 0,60 m, remplie de cendre b lanche et don t le fond est occupé pa r des tessons d 'un lus t rage noir ou rougeâ t re et p a r quelques fragments d'argile mélangée avec de la paille et calcinée pa r le feu.

La couche qui suit , épaisse de 0,15 m s ' é tendant sur u n e surface d 'environ 34 m 2

(fig. 13), est composée de charbon, de gravier cal­ciné et de débris calcinés d'argile mélangée avec de la paille p o r t a n t encore la t race du clayonnage qui les soutenaient , et consti­t u e les derniers vestiges d 'une hab i t a t ion incen­

diée. P a r m i les tessons t rouvés dans ce t te couche, plusieurs sont t ravai l lés à la ma in et on t de même que ceux de la couche in­férieure, u n lus t re noir ou rougeâ t re . Des tessons caractér is t iques de l ' époque La t ène III ne font pas défaut non plus . Dans le pe t i t pu i t s n (fig. 13), de 0,70 m de d iamèt re et profond de 0,60 m on a t rouvé quelques tessons d 'une techn ique pr imi t ive et d 'un lu­s t rage j a u n â t r e et noir, en même t emps que des ossements d 'ani­m a u x et des morceaux de te r re calcinée j u squ ' à la vitr if ication. E n y (fig. 13) on a t rouvé u n pe t i t vase grec (fig. 35), et t o u t près u n e fusaïolc en t e r re cui te . Cet te couche s 'é tend sur u n e surface «•-»-»■♦***•>

l imitée dans la coupe C pa r le t rou z e t dans la coupe A p a r le t rou x. Le t rou z (fig. 5 et 13) rempl i p a r des débris calcinés, du charbon et des morceaux de te r re vitrifiée p a r le feu, se t rouve au-dessus de la couche, à u n e h a u t e u r de 0,35 m et une largeur de 0,60 m et pa ra î t se r appor t e r p lu tô t au r e m p a r t qu ' à l 'habi­t a t ion . Le trou x (fig. 12 et 13), profond de 0,55 m et large de 0,80 m env. , rempl i de cendres , de débris calcinés et de tessons de facture pr imi t ive , p a r m i lesquels u n

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Fig. 13.

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KADU VULPE ET KCATERINA VULPE

fragment d'amphore grecque, traverse la tranchée A sur une longueur de 2,30 m env. (fig. 13).

Avant d'arriver à la couche de terre végétale on rencontre la couche de terre noire, / , contenant de la céramique Latène I I I , des débris d'amphores grecques, des fragments de terre calcinée, du charbon, des ossements, etc., qui s'étend d'une manière générale sur toute la surface de la station. Elle a en moyenne 0,70 m d'épaisseur; vers le rempart la couche s'amincit et disparaît complètement sur la crête. A une profondeur de 0,25 m sous la terre végétale (fig. 12) on remarque une rangée plus dense de tessons, d'ossements et de débris, e, d'une épaisseur variable. Au-dessus et au-dessous de cette rangée les tessons sont plus rares, mais de la même espèce et de la même époque. Dans la coupe C, tout près du trou z, se trouve le trou o (fig. 5), large de 0,50 m et haut de 0,60 m, rempli de terre glaise et de débris calcinés, éléments se rapportant à l'époque Latène. En A, au tour du point a (fig. 13) on a trouvé à une profondeur de 0,30 — 0,50 m de nombreux fragments de verre coloré, en même temps qu'un fragment de bronze d'une forme et d'une destination indéterminables (fig. 41,6). Tout près de là, en JV, on a trouvé plusieurs fragments de verre transparent et de verre coloré, des objets en fer et en bronze, des perles et des fusaïoles de terre cuite, ainsi qu'un grès façonné en forme de marteau. En E on a trouvé le beau calice de candélabre eu bronze, dont nous donnons la reproduction (fig. 45 et 46), ainsi que quelques petits objets en fer, en bronze et en terre cuite. En E on a rencontré des ossements d'animaux et des coquilles d'escargots qui constituent sans doute des restes d'aliments. Tous ces éléments, dont on a parlé plus haut, autant ceux trouvés en A, que ceux trouvés au nord et à l'est, font un ensemble qui ne dépasse pas la surface occupée par la couche inférieure de débris (fig. 13), ce qui prouve une fois de plus qu'entre ces deux couches il y a une étroite liaison et que nous avons à faire à un emplacement de l'époque Latène.

Du côté B de la tranchée A, il n'y a plus que deux couches. Au-dessus de la terre vierge on trouve la mince couche de 0,10 — 0,15 m contenant de rares fragments de terre calcinée, de charbon et des tessons travaillés à la main et d'un lustrage noir. Tout de suite après on rencontre la couche/ , plus riche en céramique de l'époque Latène I I I et épaisse, comme partout ailleurs, de 0,70 m. En b (fig. 3) à une profondeur de 0,80 m on a trouvé l'anse d'une amphore à inscription (fig. 34,9) et quelques grands fragments d'épaisse poterie grecque.

Conclusions au sujet de Vhabitation. Les vestiges de l'emplacement découvert par les fouilles dont on a parlé plus haut, sont les plus riches de la station. Nous n'avons trouvé aucune trace de poteaux en bois, comme cela arrive pour les stations dont le terrain est plus propice, comme par exemple dans le Brandebourg à Potsdam *), à Ciistrin 2), etc., ainsi qu'en Roumanie à Ariusd3), à Piscul-Crăsani4) et à Sultana 5). C'est pourquoi

x) C. Scbuchhardt,DieRômcrschanzeb.Potsdam, I.e. 2) A. Kiekebusch, Die altgermanische Siedlung

von Lagardesmiihlen bei Ciistrin, Priih. Zeitschr., VI , 1914, fasc. 3, p . 303 seqq. ; id., Die Ausgra-bungen des Markischen Museums bei Ciistrin, Zeitschr. fur Ethnol . , 1914, p . 880 sqq. ; id., Die Ausgrabung des bronzezeitlichen Dorfes Buch bei Berlin, Berlin 1923, p. 29 sqq.

3) Lâszlô Ferencz, Erôsd, Dolgozatok-Travaux, V, CIuj, 1914, p . 337 (hongr. et franc.). Sur les fouilles d Ariuşd on trouve dans le présent nu­méro de la Dacia le dernier ouvrage du regretté archéologue transylvain Lâszlô Ferencz.

4) I. Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p . 28 sqq. 5) Id., Les fouilles de Sultana, Dacia, I , 1924,

sous presse.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

il nous a été impossible de déterminer la forme, les dimensions et la disposition des habitations de Tinosul. Nous ne pouvons préciser que l'époque, la surface aproxima-tivc, la technique et une partie des objets contenus. L'emplacement appartient à l'époque Latène III, la dernière de la station. La surface occupée par les débris a 30 m2 ; sans doute les habitations avaient une étendue beaucoup plus petite. La technique et les maté­riaux sont les mêmes que ceux du rempart, quoique d'époques différentes. Ceci n'a au­cune importance chronologique, car le système de construction avec poteaux, clayon-nage et argile mélangée avec de la paille, se trouve autant dans les stations néolithiques, comme Ariuşd ]) et Sultana 2), que dans celles Latène comme Piscul-Crăsani. A Piscul-Crăsani, station beaucoup plus grande et plus importante que Tinosul, on a trouvé même des fragments d'argile avec enduit blanchi au gypse 3). D'ailleurs cette manière de bâtir en bois et en terre mélangée avec de la paille est commune à toutes les régions eu­ropéennes et à toutes les époques 4). Aujourd'hui même, à Tinosul, à Crăsani et dans tous les villages roumains de plaine, on bâtit de la même manière que dans les stations préhistoriques mentionnées plus-haut. A défaut de pierre et à défaut de brique, les seuls matériaux qui s'imposent nécessairement sont le bois et l'argile mélangée avec de la paille et bien comprimée.

Si on ne peut pas déduire avec précision la forme des habitations de Tinosul, on ne peut pas douter qu'elles n'étaient pas rondes, mais rectangulaires, le type le plus courant autant dans les stations préhistoriques de la Dacie (Ariuşd5), Sultana 6), etc.), que dans les stations gètes, comme Piscul-Crăsani 7). D'ailleurs, les ruines de cette habita­tion épousent plutôt la forme rectangulaire (fig. 13).

Que nous avons à faire à des habitations élevées au-dessus du niveau de la terre et non pas enterrées, comme les huttes troglodytiques, la chose est évidente; il n'y a qu'à se rapporter à la coupée (fig. 12, II, III). Ce fait est commun à toute la station de Tinosul: on n'a trouvé aucune trace d'habitation enterrée. D'ailleurs dans cette région il n'y a aucun des motifs qui peuvent faire préférer les huttes enterrées aux autres ha­bitations, c'est à dire le manque du bois et une situation mal abritée contre le vent du nord. Les vastes forêts, qui entourent la station, l'abritent contre l'aquilon et fournissent abondamment le bois nécessaire.

Le trou z (fig. 5 et 13) est en relation avec l'habitation, dont il constitue probable­ment l'âtre. Le trou n (fig. 13) se rapporte à une époque antérieure, la même que celle du rempart. En y le vase grec, le petit gobelet en miniature de l'époque Latène III et le charbon qui les entoure, sont de la même époque que l'habitation et peuvent être consi­dérés comme appartenant à une petite tombe d'incinération près ou sous la maison. La principale maison identifiable dans les débris devait appartenir à un personnage d'une situation sociale plus élevée, vue la richesse des objets trouvés, pour la plupart importés par le commerce grec, par exemple le vase de candélabre en bronze (fig. 45) ainsi que les autres fragments d'amphores, de flacons à parfum, de petits objets en métal, etc.

*) Lâszlô Ferencz, op. cit. 2) I. Andricşcscu, op. cit. 3) Id. , Piscul-Crăsani, p . 27 sq. 4) J . Dcchelette, Manuel, I, p. 348; I I 1, p.

130; I I 3, p . 942 sqq. ; C. Schuchhardt, AIteuropa, p . 16 ; G. Pinza, Sloria délie civiltà antiche </'Ita­

lia, Milano, 1923, p . 8 3 ; pour la Dacie cf. V. Pâr-van, Gctica, p . 183 sqq.

s) L. Ferencz, o. c. 6) I. Andrieşescu, Les fouilles de Sultana, sous

presse. ' ) V. Pârvan, Gctica, p . 135, 185.

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

En ce qui concerne les portes et la toiture des habitations, quoique nous n'avons trouvé aucune indication archéologique, par analogie avec les maisons du Latène III de la Dacie (Costeşti-Transylvanie) on peut supposer que les portes étaient en bois et la toiture en paille, en roseau ou en jonc ').

3. FOUILLE F

La fouille F située à 4,50 m de la tranchée N (fig. 3) a une surface de 10 m X 10 m et une profondeur de 1,10—1,20 m. La coupe schématique que nous donnons (fig. 14) nous montre que la couche contenant des vestiges de vie humaine est très mince (0,50 — 0,60 m). En échange elle est très riche en fragments céramiques «le l'é­poque Latène III et grecs d'importation, qu'on retrouve en profondeur jusqu'à la terre vierge. Au-dessus de celle-ci surtout du côté NE de la fouille, se trouve une mince couche de gravier, qui continue celle de A et de N (fig. 13). Les restes les plus nombreux de céramique se trouvent à une profondeur de 0,40 m. Au-dessous ils sont plus rares et les fragments primitifs à proéminences, comme ceux représentés dans la fig. 23, pré­dominent, quoique des tessons de vases grecs et de vases grisâtres travaillés au tour ne font pas défaut non plus. De ce côté-ci on a trouvé également des ossements d'animaux, des dents de cheval, des fusaïoles, de petits objets en métal, etc., ainsi que le bout de

r r rhyton modelé en forme de tête de vautour représenté dans

L i f i B i i l | YuÂmtmnmMi En d (fig. 3)' cette couche pénètre dans la terre vierge + à line profondeur de 0,50 m en forme de puits de 1,70 m de T diamètre. Le trou est rempli de terre noire avec des fragments

de terre calcinée, de charbon, d'ossements, de tessons Latène et grecs et avec une grande quantité de graines carbonisées

et aglomérées, de millet, d'orge, de seigle et surtout de blé. Les graines ne se trouvent que jusqu'à 0,20 m de profondeur; au-delà il n'y a plus que du charbon de bois de chêne mélangé avec de la terre.

Tout contre, à une profondeur de 0,50 m se trouve une couche de débris d'habi­tation, a, épaisse de 0,40 m, qui ne dépasse pas 3 m de longueur sur 1,80 m de largeur et qui contient des fragments d'argile calcinée, du charbon de bois de chêne et de frêne, des ossements d'animaux, des restes d'aliments, de nombreux tessons de vases Latène et d'amphores grecques d'importation. On a trouvé également un fragment de passoir en terre cuite et un anneau en bronze (fig. 49,3). En a (fig. 3) on rencontre de grosses pierres de rivière. En somme il s'agit des vestiges d'une habitation incendiée et le trou d constitue peut-être un dépôt de graines, semblable à ceux qu'on a encore aujourd'hui l'habitude de faire dans certains endroits de la région. Une petite couche de restes calcinés d'habitation se trouve également en / (fig. 3) à 0,40 m de profondeur, qui paraît se rattacher aux vestiges mentionnés plus haut (a).

A 1 m de a, à une profondeur de 1 m, on aperçoit sur une étendue de 0,50 m X 0,60 m un petit tas, c, haut de 0,20 m constitué par de jolis tessons lustrés (fig. 21), d'une technique supérieure et différents des autres fragments céramiques trouvés dans la

l) V. Pârvan, l. c. ; Déchelette, Manuel, I I 3, p . 943 sqq. ; C. Schuchhardt, Altvuropa, 1. c.

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