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PROTECTION COOPÉRATION INTERNATIONAL MIGRATION ÉTUDIANT INTÉGRATION I N TÉGRATION INTÉGRATION DIASPORA SÉJOUR COOPÉRAT CITOYENNET E M P L O I FRONTIÈRE ASILE DIVERSITÉ EMPLOI DROIT DIASPORA INTERNATIONAL ACCUEIL DIVERSITÉ CHERCHEUR MOBILITÉ RÉFUGIÉ EMPLOI ACC CITOYENNETÉ FRONTIÈ DROIT DROIT FAMILLE MIGRANT ASIL SÉJOUR CHERCHEUR FRONTIÈRE MIGRAN EMP FAMILLE ÉTUDIANT CITOYENNET DIASPORA PROTECTION ASILE PROTECTION RÉFUGIÉ RÉFUGIÉ INTERNATION MOBILITÉ CHERCHEUR DIVERS COOPÉRATION EMPLOI RÉFUGIÉ DIASPORA DIVERSITÉ MIGRANT QUATRIÈME ÉTUDE CIBLÉE 2016 LE TRAVAIL ILLÉGAL DES RESSORTISSANTS DE PAYS TIERS EN FRANCE Étude réalisée par le Point de contact français du Réseau européen des migrations Avril 2017 Réseau Européen des Migrations (REM) MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR DIRECTION GÉNÉRALE DES ÉTRANGERS EN FRANCE Cofinancé par l’Union européenne

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QUATRIÈME ÉTUDE CIBLÉE 2016

LE TRAVAIL ILLÉGALDES RESSORTISSANTS

DE PAYS TIERSEN FRANCE

Étude réalisée par lePoint de contact français du

Réseau européen des migrations

Avril 2017

Réseau Européen des Migrations (REM)MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR

DIRECTION GÉNÉRALEDES ÉTRANGERS EN FRANCE

Cofinancé par l’Union européenne

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QUATRIÈME ÉTUDE CIBLÉE 2016

LE TRAVAIL ILLÉGAL DESRESSORTISSANTS DE PAYS TIERS

EN FRANCEÉtude réalisée par le Point de contact français

du Réseau européen des migrations

Avril 2017

Le Réseau européen des migrations a été institué par la décision du Conseil2008/381/CE et est coordonné par la Commission européenne.

Le Point de contact français du REM est soutenu financièrement par l’Unioneuropéenne et la Direction générale des étrangers en France du ministère de l’Intérieur.

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Le Point de contact national :

En France, le Point de contact national (PCN)du Réseau européen des migrations (REM) estrattaché à la Direction générale des étrangersen France du ministère de l’Intérieur.

Contacts :

Marie-Hélène [email protected] du Département des statistiques,des études et de la documentation

Jean-Baptiste [email protected] au chef de Département

Christelle CAPORALI-PETITchristelle.caporali-petit@interieur.gouv.frResponsable du Point de contact français duRéseau européen des migrations

Anne-Cécile [email protected]ée de mission au sein du Réseau européendes migrations

Tamara [email protected]ée de mission au sein du Réseau européendes migrations

Adresse :

Point de contact françaisdu Réseau européen des migrations

Département des statistiques,des études et de la documentation

Direction générale des étrangers en France

Ministère de l’IntérieurPlace Beauvau

75800 Paris CEDEX 08

Sites internet :

• Site officiel du REM en anglais :http://ec.europa.eu/dgs/home-affairs/what-we-do/networks/european_migration_network/index_en.htm

• Site du Point de contact français du REM:https://www.immigration.interieur.gouv.fr/Europe-et-International/Le-reseau-europeen-des-migrations-REM2

PRÉSENTATION DU POINTDE CONTACT FRANÇAIS

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Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 3

LE TRAVAILILLÉGAL DESRESSORTISSANTSDE PAYS TIERS EN FRANCEÉtude réalisée par le Point de contact françaisdu Réseau européen des migrations (REM)

Avril 2017

Clause de non-responsabilité :Les différentes informations fournies par le Point de contact français du REM ont été jugées comme étant actualisées et objectives,ainsi qu’en accord avec le contexte et les objectifs de l’étude. Cependant, ces informations peuvent ne pas être exhaustives etreprésentatives de l’ensemble de la politique officielle de la France. Le Point de contact français du REM ne saurait en aucun casêtre tenu responsable de l’utilisation qui pourrait être faite des informations contenues dans cette étude.

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LISTE DES ACRONYMES

ACOSSAgence centrale des organismes de sécurité sociale

BTPBâtiment et travaux publics

CESEDACode de l’entrée et du séjour des étrangers et du droitd’asile

CNLFComité national de lutte contre la fraude

CNLTICommission nationale de lutte contre le travail illégalet la fraude au détachement

CODAFComité opérationnel départemental anti-fraude

DGEFDirection générale des étrangers en France

DGTDirection générale du travail

DIRECCTEDirection régionale des entreprises, de la concurrence,de la consommation, du travail et de l’emploi

DNLFDélégation Nationale à la Lutte contre la Fraude

DPAEDéclaration préalable à l’embauche

DPSITDépartement du pilotage du système d’inspection dutravail

DSNDéclaration sociale nominative

ESTTEmploi d'étranger sans titre de travail

MSAMutualité Sociale Agricole

OCLTIOffice central de lutte contre le travail illégal

OCRIESTOffice central pour la répression de l’immigrationirrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre

OFIIOffice français de l’immigration et de l’intégration

OQTFObligation de quitter le territoire français

PNLTIPlan national de lutte contre le travail illégal

URSSAFUnion de recouvrement des cotisations de sécuritésociale et d’allocations familiales

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Section ou partie

RÉSUMÉ ANALYTIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

Section 1. Présentation de la situation en France. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Section 2. Les mesures de prévention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Section 3. L’identification des ressortissants de pays tiers en situation de travail illégal . . 27

Section 4. Les sanctions à l’encontre des employeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

Section 5. Les conséquences pour les travailleurs étrangers identifiés en situationillégale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

Section 6. Études de cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

Annexe 1 : Statistiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

Annexe 2 : Liste des personnes interrogées ou ayant contribué à l’étude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

Annexe 3 : Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

SOMMAIRE

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 5

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Juridiquement consacrée par la loi n° 2005-882du 2 août 20051, la notion de travail illégalregroupe un ensemble de fraudes majeures àl’ordre public social et économique, prévues parl’article L. 8211-1 du Code du travail : letravail dissimulé, le marchandage, le prêt illicitede main-d’œuvre, l’emploi d’étranger non auto-risé à travailler, les cumuls irréguliers d’emplois,la fraude ou la faussedéclaration pour bénéficierd’allocations d’aide auxtravailleurs privés d’emploi.

La loi du 7 mars 2016 rela-tive au droit des étrangersen France2 remplace lanotion d’« étranger sanstitre » (ESTT) par celled’« étranger non autoriséà travailler ». Un ressortis-sant de pays tiers quientre en France pour occu-per un emploi salarié doitdétenir une autorisationde travail, qui peut pren-dre la forme soit d’un visaou d’un titre de séjour, soit d’un documentdistinct du document de séjour. En cas d’emploiillégal d’un travailleur, des sanctions sontprévues à l’encontre de l’employeur.

La lutte contre le travail illégal est une prioritégouvernementale, qui s’est traduite notam-ment par le lancement d’un premier plan natio-nal d’action pour la période 2004-2005 et uneintensification des contrôles par les services del’État et les organismes de protection sociale.Le plan national de lutte contre le travail illé-gal (PNLTI) pour 2016-2018, adopté le

30 mai 2016 lors de la réunion de la Commis-sion nationale de lutte contre le travail illégal,vise à rechercher une plus grande efficacité auniveau européen, à lutter contre les fraudescomplexes, en particulier en matière de déta-chement, et à développer une stratégie d’inter-vention et de prévention.

La lutte contre le travailillégal représente un enjeuessentiel, tant pour l’Étatque pour les victimes. Cephénomène constitue unensemble de fraudesmajeures à l’exerciced’une activité écono-mique et à l’emploi desalariés , causant despertes importantes pourles finances publiques, entermes de recettes fiscaleset de cotisations sociales.Il prive en outre lestravailleurs des droitsattachés au statut sala-rial accordés par la loi ou

les conventions collectives, concernant lesdroits individuels du contrat de travail, tels queles salaires et les conditions de travail. Lespersonnes victimes du travail illégal nepeuvent non seulement pas bénéficier de lalégislation du travail, mais sont égalementprivées de leurs droits en matière de protec-tion sociale. Tout en créant des situations deforte précarité et de vulnérabilité, le travail illé-gal peut favoriser l’immigration irrégulière, latraite des êtres humains et les trafics de main-d’œuvre étrangère.

RÉSUMÉ ANALYTIQUE

La lutte contre le travailillégal représente unenjeu essentiel, tant

pour l’État que pour lesvictimes. Ce phénomèneconstitue un ensemblede fraudes majeures àl’exercice d’une activitééconomique et à l’emploi

de salariés...

[1] Loi n° 2005-882 du 2 août 2005 en faveur des petites et moyennes entreprises. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000452052

[2] Loi n° 2016-274 du 7 mars 2016 relative au droit des étrangers en France.https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032164264&categorieLien=id

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Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 7

Section ou partie ]

Par ailleurs, le phénomène devient plus difficileà détecter, nécessitant une adaptationconstante des services de lutte contre letravail illégal face à des fraudes de plus enplus complexes.Face à ces différents enjeux, le dispositif insti-tutionnel et juridique de lutte contre lesdifférentes formes du travail illégal a étérenforcé ces dernières années. Il a notammentfait l’objet de plusieurs mesures légales etréglementaires visant à améliorer les moyensde contrôle et les pouvoirs des agents habili-tés, favoriser la coordination interministérielle,et renforcer le régime des sanctions pénales,administratives et civiles.

Cette étude vise à analyser les mesuresmises en œuvre en France en matière delutte contre le travail illégal des ressortis-sants de pays tiers, d’identifier les principauxsecteurs touchés et les obstacles, tout enmettant en lumière les stratégies et les bonnespratiques pour les surmonter.

Le champ de l’étude du REM porte sur l’emploiillégal (partiellement ou totalement non-déclaré) des deux catégories suivantes :

• Les ressortissants de pays tiers en situa-tion régulière au regard du séjour et ensituation irrégulière au regard du travail,c’est-à-dire non autorisés à accéder aumarché du travail (exemple : les touristes)ou sans respecter les restrictions enmatière d’accès au marché du travail (exem-ple : les étudiants travaillant au-delà dunombre d’heures autorisées) ;

• Les ressortissants de pays tiers en situa-tion irrégulière au regard du séjour, et dutravail par voie de conséquence, c’est-à-direles personnes qui ne remplissent pas ouplus les conditions de séjour sur le terri-toire français. Cette catégorie comprend lesressortissants de pays tiers qui ne sont pas

entrés par les canaux légaux d’immigrationet les ressortissants de pays tiers qui sesont maintenus sur le territoire alors que ladurée de validité de leur titre de séjour oude leur visa a expiré.

Dans le cadre de cette étude, le termed’« étranger sans titre » ou « non autorisé àtravailler » est utilisé pour désigner toutressortissant de pays tiers non muni du titrel’autorisant à exercer une activité salariée enFrance. Lors de l’analyse des infractions consti-tutives de travail illégal, seule la notion d’em-ploi d’étranger non autorisé à travailler estutilisée.La lutte contre la fraude au détachement dessalariés étrangers constitue une priorité enFrance, se traduisant par un renforcementsignificatif de l’arsenal législatif et descontrôles de l’inspection du travail. Toutefois, lecas des travailleurs détachés, de même quecelui des travailleurs indépendants, ne serontpas étudiés dans le cadre de cette étudeciblée.

Cette étude s’appuie sur une série d’entre-tiens et de questionnaires menés auprès dedifférents acteurs œuvrant dans le domaine dela lutte contre le travail illégal.

L’étude commence par présenter l’ampleur duphénomène en France et l’évolution des poli-tiques mises en œuvre en matière de luttecontre le travail illégal. Plusieurs rapportspermettent de fournir une estimation de cephénomène, tout en analysant son impactfinancier sur la société. Le gouvernement a faitde la lutte contre le travail illégal une prioritépour l’ensemble des services verbalisateurs.

La section 2 s’intéresse aux principalesmesures de prévention du travail illégal, àdestination des employeurs, d’une part, et

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

des salariés, d’autre part. La prévention estun axe majeur de la politique de lutte contre letravail illégal. Différentes actions sont mises enplace aux niveaux national et local, parmilesquelles la signature de conventions departenariat avec les partenaires sociaux ; lamise en place de nouveaux outils visant à faci-liter les contrôles ; des réunions de sensibilisa-tion au sein des entreprises ; une communica-tion sur les sanctions pouvant avoir un effetdissuasif face aux risques encourus.

La section 3 analyse les mesures visant àidentifier les ressortissants de pays tiers ensituation de travail illégal, tout en présentantles différentes autorités en charge du contrôle.Il est important de noter que les ressortissantsde pays tiers ne sont pas directement ciblés,mais qu’ils peuvent être identifiés lors descontrôles. Conformément à l’article L. 8271-17du Code du travail, trois corps sont compétentspour constater l’infraction relative à l’emploid’un étranger non autorisé à travailler : lesagents de contrôle de l’inspection du travail,les agents et officiers de police judiciaire, etles agents de la direction générale desdouanes.

La section 4 recense ensuite les différentstypes de sanctions administratives etpénales infligées aux employeurs ayantemployé illégalement des ressortissants depays tiers, tout en analysant le cadre juridiquerenforcé en matière de lutte contre le travailillégal et l’efficacité de ces sanctions.

La section 5 étudie les conséquences pour lesressortissants de pays tiers employés illéga-lement, en présentant notamment les méca-nismes d’accès à la justice et l’application deleurs droits. Même non déclaré ou en situationd’emploi illégal lorsqu’il est étranger, le salariépossède des droits dont il peut réclamer l’ap-plication en s’adressant, selon les cas, à l’ins-pection du travail, au conseil des prud’hommesou, en ce qui concerne sa situation au regardde la sécurité sociale, à la caisse primaire d’as-surance maladie, à l’URSSAF3 ou à la MSA4.

Enfin, la section 6 est consacrée à plusieursétudes de cas afin de mieux comprendre, dansla pratique, les procédures appliquées confor-mément à la réglementation et les consé-quences pour les ressortissants de pays tiers.

Le rapport de synthèse, réalisé à l’échelleeuropéenne à partir des études des Points decontact nationaux du REM, présente une vued’ensemble des politiques mises en œuvredans les États membres en matière de luttecontre le travail illégal, tout en identifiant lesobstacles et les bonnes pratiques en la matière.

[3] URSSAF : Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales.

[4] MSA : Mutualité Sociale Agricole.

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Cadres nationaux relatifs à Programmes de réinstallation et d’admission humanitaire en France. Qu’est-ce

1. L’ampleur et la nature duphénomène en France

1.1. L’économie souterraine etinformelle

Par définition, le travail illégal n’est pas déclaréet échappe donc aux systèmes de collecte dedonnées statistiques. S’il est difficile de mesurerl’ampleur du phénomène, il est toutefois possibled’estimer le travail illégal, sur la base descontrôles effectués et du nombre d’employeurssanctionnés, afin d’obtenir des tendances5.

L’analyse de la verbalisation du travail illégal,qui repose sur les infractions constatées parles agents de contrôle dans un procès-verbaltransmis au procureur de la République, permetd’évaluer l’ampleur des infractions en matièrede travail illégal. Le rapport de la Directiongénérale du travail sur l’analyse de la verbalisa-tion du travail illégal en 20146 souligne toute-fois que cette enquête ne reflète qu’unepartie des pratiques de fraude, dans la

mesure où lui échappent toutes pratiques nonconstatées, toutes pratiques constatées maisne donnant pas lieu à verbalisation, et toutespratiques constatées mais incriminées sousd’autres infractions jugées plus opportunes (parexemple : escroquerie, blanchiment d’argent, ouabus de vulnérabilité à la personne) ; (voir lepoint 2.3. ci-après pour une analyse plusdétaillée du travail illégal des ressortissants depays tiers).

Selon l’INSEE, les activités licites non déclaréesconstituent une partie de l’économie souter-raine, dont l’impact était évalué à 3,4 % duproduit intérieur brut en 20107.

En ce qui concerne l’évaluation des manquesà gagner en termes de cotisations socialesliés au phénomène du travail dissimulé,plusieurs études ont été réalisées selon desapproches méthodologiques différentes. En2014, les travaux de la Cour des Comptes fontétat d’un manque à gagner de 18 à20 milliards d’euros de cotisations sociales8.

SECTION 1. PRÉSENTATION DE LASITUATION EN FRANCECette section vise à fournir un aperçu du phénomène en France,tout en présentant le cadre politique et juridique de la lutte contrele travail illégal.

[5] Entretien réalisé auprès du Département du pilotage du système d’inspection du travail (DPSIT), Direction générale dutravail (DGT), Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, janvier 2017.

[6] Direction générale du travail, Analyse de la verbalisation du travail illégal en 2014, décembre 2015.http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_verbalisation_en_2014.pdf

[7] Source : INSEE, Comptes nationaux 2010, mai 2014.

[8] Sources :- Cour des comptes, La lutte contre les fraudes aux cotisations sociales, des enjeux sous-estimés, une action à intensifier,septembre 2014.- DNLF, Lutte contre la fraude, Bilan 2015, bilan DNLF 2015.http://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/dnlf/ra-dnlf-2015-bat%281%29.pdf

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

L’Agence centrale des organismes de sécuritésociale (ACOSS) a développé de nouveauxtravaux d’estimation, en s’appuyant notammentsur une méthode différente, réalisée à partirdes résultats de contrôles aléatoires opérés parles URSSAF. Ces travaux d’estimation sontpubliés chaque année dans le rapport théma-tique « Le contrôle et la lutte contre la fraudeau prélèvement social9 ». La première évalua-tion fait état d’un manque à gagner estiméentre 6,1 et 7,4 milliards d’euros de cotisa-tions et de contributions sociales.

1.2. Les principaux secteurs et typesd’entreprises touchés

Les principaux secteurs touchés sont lessuivants10 :

— BTP (Bâtiment et travaux publics) ;— Commerce ;— Artisanat ;— Hôtels-cafés-restaurants ;— Agriculture ;— Transports ;— Sécurité ;— Déménagement ;— Spectacles.

D’autres secteurs sont également concernés,tels que la prestation de services effectués pardes travailleurs détachés, la cueillette de fruits,le travail temporaire d’étrangers via des entre-prises de travail temporaire étrangères, et lessecteurs sensibles tels que les abattoirs11.

Selon l’enquête annuelle sur la verbalisation dutravail illégal, parmi les 7 867 établissementsverbalisés en 2014, les très petites entre-prises sont très majoritairement concernées.Près de sept établissements sur dix appartien-nent au secteur du BTP, du commerce ou deshôtels-cafés-restaurants12.

Aujourd’hui, les fraudes sont beaucoup pluscomplexes, le phénomène d’externalisation etde ramification des grandes entreprises conduità des montages juridiques, combinant faussessous-traitance, délocalisations fictives, faussesentreprises temporaires, faux statuts, cesmontages faisant écran sur les bénéficiairesréels des prestations ainsi organisées, parfoisdepuis un ou plusieurs territoire(s) étranger(s)13.

D’autres études, en particulier celles del’ACOSS, permettent d’établir des profils d’éta-blissements à risques, comme par exemplel’ancienneté de l’entreprise (l’entreprise jeune aun risque de fraude plus élevé qu’une entre-prise dont l’ancienneté est supérieure à 10ans) ou encore la taille de l’entreprise (les plus« à risque » sont les petites entreprises)14.

1.3. Les profils des travailleurs ensituation de travail illégal

Dans les systèmes de données sur lescontrôles des entreprises, il n’existe pas d’en-trée sur la nationalité de la victime. Enrevanche, le système d’information TADEES15,

[9] ACOSS, Rapport d’activité thématique 2015, Le contrôle et la lutte contre la fraude au prélèvement social.http://www.acoss.fr/files/contributed/Acoss%20et%20les%20Urssaf/RA%20RT%202015/Contrôle%20et%20lutte%20contre%20la%20fraude

[10] Entretiens menés auprès de représentants du Département du pilotage du système d’inspection du travail (DPSIT), Direc-tion générale du travail (DGT), Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social etde représentants de la Délégation nationale à la lutte contre la fraude (DNLF), Ministère de l’Économie et des Finances,janvier 2017.

[11] Entretien réalisé auprès de représentants du Département du pilotage du système d’inspection du travail (DPSIT) au seinde la DGT, janvier 2017.

[12] Direction générale du travail, Analyse de la verbalisation du travail illégal en 2014, op. cit.

[13] Entretien réalisé auprès de représentants de la DNLF, janvier 2017.

[14] ACOSS, Rapport d’activité thématique 2015, le contrôle et la lutte contre la fraude au prélèvement social, op. cit.

[15] TADEES est une application implantée dans chaque département dans laquelle sont saisies les procédures de travail illé-gal relevées par tous les services de contrôle habilités. Ces données sont remontées à la DGT qui établit les statistiquesannuelles.

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Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 11

Présentation de la situation en France

sur lequel s’appuie la DGT pour fournir l’analysede la verbalisation relative au travail illégal16,fournit des informations sur la nationalitédes victimes. Il s’agit des seules donnéesdisponibles par nationalité17. Plus de 120 natio-nalités sont présentes dans l’ensemble desprocédures. Sur l’ensemble des infractionsconstatées en matière de travail illégal, 51 %concernent des ressortissants de l’Union euro-péenne et 24 % des ressortissants de paystiers (voir le point 2.3. ci-après relatif autravail illégal des ressortissants de pays tiers).

Bien qu’il soit difficile d’établir un profil précisdes ressortissants de pays tiers en situationirrégulière au regard du travail dans la mesureoù ces données ne sont pas collectées, lesquestionnaires complétés par plusieurs Direc-tions régionales des entreprises, de la concur-rence, de la consommation, du travail et del’emploi (DIRECCTE) dans le cadre de cetteétude permettent de mettre en lumièreplusieurs aspects18. Il s’agit majoritairementd’hommes, relativement jeunes (20-35 ans).

1.4. Les autres délits liés au travailillégal

Les infractions liées au travail illégal peuventêtre constatées avec d’autres délits connexes,tels que la traite des êtres humains, les abusde vulnérabilité, les trafics de main-d’œuvreétrangère et les faux documents.

L’analyse de la verbalisation du travail illégalen France19 identifie les autres infractionscorrélées au travail illégal et pouvant être iden-tifiées lors du constat de cette infraction. Ils’agit notamment du constat lié à l’entrée età l’aide à l’entrée et au séjour irrégulier desétrangers, constituant plus d’un tiers du totalde ces « autres infractions ». En 2014, cedernier représente 35 % de la part des autresinfractions, soit environ 330 constats.

Concernant la traite ou la tentative de traited’êtres humains, deux infractions ont été rele-vées dans les procédures de travail illégaltransmises en 2014.

Le PNLTI 2016-2018 précise ses objectifs enmatière de lutte contre la traite des êtreshumains et le travail forcé, en rappelant quela traite des êtres humains aux fins d'exploita-tion au travail est une forme grave de travailillégal qui doit relever aussi de la compétencedes inspecteurs du travail. Cette extension decompétence a été prévue par l'ordonnance2016-413 du 7 avril 2016 relative au contrôlede l'application du droit du travail en applica-tion du plan d’action national contre la traitedes êtres humains 2014-2016. Le PNLTIprévoit plusieurs actions :

— La mise en place de modules de forma-tion des agents de contrôle de l'inspectiondu travail afin d’intégrer cette nouvellecompétence.

— La désignation d’un référent « traite desêtres humains » au sein des pôles Travailde chaque DIRECCTE afin de sensibiliserles employeurs sur les conséquences durecours au travail forcé et à l’emploi depersonnes victimes de traite des êtreshumains en lien avec la Mission interminis-térielle pour la protection des femmescontre les violences et la lutte contre latraite des êtres humains (MIPROF).

— La conclusion d'une convention partena-riale sur la lutte contre la traite desêtres humains, en application du plan d'ac-tion national contre la traite des êtreshumains, qui sera proposée aux organisa-tions patronales, aux syndicats de salariéset aux chambres consulaires, et qui pourraensuite être déclinée au niveau local.

[16] Direction générale du travail, op. cit.

[17] Entretiens réalisés auprès de représentants du Département du pilotage du système d’inspection du travail (DPSIT), ausein de la DGT et de représentants de la DNLF, janvier 2017.

[18] Questionnaire complété par la DIRECCTE Auvergne-Rhône-Alpes, mars 2017.

[19] Direction générale du travail, Analyse de la verbalisation du travail illégal en 2014, décembre 2015.

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2. Le cadre juridique et poli-tique de la lutte contre letravail illégal en France

2.1. La lutte contre le travail illégal :une priorité politique

La lutte contre le travail illégal constitue unepriorité des gouvernements successifs depuisplusieurs décennies. Chaque gouvernements’est engagé sur ce sujet, en associant lespartenaires sociaux, et en définissant despriorités soit en termes de secteurs (BTP,hôtels-cafés-restaurants, etc.), soit en termesde problématiques (faux statuts, fraude audétachement, etc.).

Cette action mobilise plusieurs ministères, enparticulier le ministère de l’Intérieur, le minis-tère du Travail, de l’Emploi, de la Formationprofessionnelle et du Dialogue social, le minis-tère de la Justice, et le ministère de l’Économieet des Finances - plus précisément la Déléga-tion nationale à la lutte contre la fraude.

Depuis 2004, les priorités sont définies defaçon pluriannuelle, dans le cadre de plansnationaux de lutte contre le travail illégal(PNLTI). Le PNLTI 2013-2015 et le PNLTI2016-2018 traduisent la volonté du gouverne-ment de poursuivre la dynamique engagéenotamment contre la fraude au détachement,préjudiciable aussi bien aux salariés qu’auxentreprises et aux finances publiques20.

La Commission nationale de lutte contre letravail illégal et la fraude au détachementdes travailleurs (CNLTI), présidée par lePremier ministre, se réunit chaque année afinde déterminer les orientations stratégiquesprésentées dans le PNLTI. La dernière Commis-sion s’est réunie le 30 mai 2016, dans l’objectifde dresser le bilan du plan national 2013-2015 de lutte contre le travail illégal et lafraude au détachement et d’avoir un échangeavec les partenaires sociaux et les membresde la CNLTI, sur les mesures proposées par leplan 2016-2018.

12 | Avril 2017 | Quatrième étude ciblée 2016 du REM

Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[20] Bien que la lutte contre les fraudes au détachement soit une priorité en matière de lutte contre le travail illégal enFrance, ce point ne sera pas abordé de façon plus détaillée dans la mesure où il ne fait pas partie du champ de l’étude.

Évolution des plansnationaux de lutte contrele travail illégal depuis2010

Le plan national de lutte contre le

travail illégal 2010-2011 comportait

quatre priorités :

– lutter contre le travail dissimulé,

– combattre l’emploi d’étrangers sans

titre de travail,

– s’attaquer aux recours frauduleux

à des statuts spécifiques,

– sanctionner les fraudes

transnationales.

Ces priorités visaient cinq secteurs

d’activité professionnelle, considérés

comme étant les plus exposés aux

pratiques d’emploi illégal :

– le bâtiment et les travaux publics

(BTP),

– les hôtels-cafés-restaurants,

– les services aux entreprises,

– le spectacle,

– le travail saisonnier dans l’agriculture.

Si le plan national 2010-2011, reconduit

en 2012, visait à contrôler les entre-

prises dans des secteurs identifiés, le

plan national de lutte contre le travail

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2.2. Les débats politiques sur le travailillégal

L’un des principaux débats porte sur lesfraudes au détachement, leur impact surl’économie, et les outils à mettre en œuvreafin de lutter efficacement contre ce phéno-mène. La carte BTP fournit un exemple de

l’évolution des débats autour de la lutte contrele travail illégal et la fraude au détachement.

La carte BTP est le fruit de la mobilisation desorganisations professionnelles du BTP, secteurmarqué par un important recours au travaildétaché, une multiplication des niveaux desous-traitance, et un important taux de fraude.

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 13

Présentation de la situation en France

[21] Commission nationale de lutte contre le travail illégal, Plan national de lutte contre le travail illégal, 2016-2018.https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/dnlf/PNLTI_2016-2018.pdf

illégal 2013-2015 s’appuie sur une

approche plus globale et s’articule

autour de cinq objectifs prioritaires :

– la lutte contre toutes les formes

de travail dissimulé,

– la lutte contre les fraudes au déta-

chement dans le cadre des presta-

tions de services internationales,

– le contrôle des opérations de sous-

traitance en cascade,

– le contrôle et la sanction de

recours aux faux statuts,

– la sanction du recours à des étran-

gers sans titre de travail.

La Commission nationale de lutte contre

le travail illégal, qui s’est tenue le 30 mai

2016 sous la présidence du Premier

ministre, a adopté le plan national de

lutte contre le travail illégal pour la

période 2016-2018. Le plan 2016-2018

vise trois objectifs nouveaux:

– Rechercher une plus grande effi-

cacité au niveau européen, afin

de prévenir et de lutter efficace-

ment contre les fraudes au déta-

chement en Europe.

– Lutter contre les fraudes

complexes, notamment en matière

de détachement. Le plan met

également l’accent sur les autres

formes de travail illégal, telles que

le recours aux faux statuts, les

nouvelles formes de travail dissi-

mulé, les conditions indignes de

travail et d’hébergement dont sont

particulièrement victimes des sala-

riés étrangers employés dans des

filières.

– Développer une stratégie concer-

tée d’intervention et de préven-

tion, visant à cibler les secteurs et

les territoires pour lutter plus effi-

cacement contre des fraudes plus

complexes.

Le plan prévoit de nouveaux moyens

pour y parvenir :

– Des outils pour renforcer l’effica-

cité des contrôles et faire cesser

les fraudes les plus complexes, à

travers la poursuite d’une meilleure

coordination, des pouvoirs renfor-

cés pour les différents services de

contrôle et une meilleure organisa-

tion régionale ;

– Un plan de communication

support d’une politique de

prévention renforcée21.

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Dès 2006, les professionnels du BTP ont prisl’initiative de développer des cartes profession-nelles individuelles pour leurs salariés. D’abordfacultative, cette carte a progressivement étéconsidérée par l’ensemble des entreprises dusecteur comme un instrument efficace de luttecontre le travail illégal. La carte BTP, créée parla loi du 6 août 2015 pour la croissance, l’acti-vité et l’égalité des chances économiques22,marque une nouvelle étape dans la lutte contrele travail illégal sous toutes ses formes (travaildissimulé, emploi d’étranger non autorisé àtravailler, prêt illicite de main-d’œuvre…) et lesfraudes au détachement. Sous l’impulsion despartenaires sociaux du secteur, le gouverne-ment a souhaité rendre obligatoire la carte BTPet l’étendre aux intérimaires et aux travailleursdétachés.

Par ailleurs, les débats portent également surla révision de la directive 96/71/CE du Parle-ment européen et du Conseil du 16 décembre1996 avec notamment l’adoption de la direc-tive 2014/67/UE du Parlement européen et duConseil du 15 mai 2014 relative à l'exécutionde la directive 96/71/CE concernant le déta-chement de travailleurs effectué dans le cadred'une prestation de services, afin de lutter plusefficacement contre les fraudes complexes etle dumping social. Le PNLTI 2016-2018 vise àpoursuivre les initiatives pour réviser le cadreeuropéen en matière de détachement. Outre larévision de la directive sur le détachement, laFrance est favorable à l’insertion dans le projetde révision du règlement (CE) n°883/2004portant coordination des systèmes de sécuritésociale d’une évolution des règles déterminant

le régime de sécurité sociale des travailleurs,qui donnent lieu à des abus et faussent laconcurrence des entreprises, au détriment desdroits des travailleurs eux-mêmes23.

2.3. Le travail illégal des ressortissantsde pays tiers

• L’EMPLOI D’ÉTRANGER NON AUTORISÉ ÀTRAVAILLER EST LA DEUXIÈME INFRACTION LA PLUSRELEVÉE

L’analyse24 de la verbalisation du travail illégalen France précise que plus de 15300 infra-ctions ont été constatées au titre de la luttecontre le travail illégal en 2014. L’emploid’étrangers sans titre de travail25 est ladeuxième infraction la plus relevée en 2014,correspondant à 12,6 % du total des infra-ctions. La première infraction concerne letravail dissimulé (77 % de l’ensemble desinfractions), représentant ainsi un peu plus detrois infractions sur quatre. Le marchandage etle prêt illicite de main-d’œuvre se situent entroisième position (3,7 %)26. Plus de 120 natio-nalités sont présentes dans l’ensemble desprocédures. Sur l’ensemble des infractionsconstatées en matière de travail illégal, 51 %concernent des ressortissants de l’Union euro-péenne et 24 % des ressortissants de paystiers.

En 2014, 1 930 infractions d’emploi d’étrangersans titre de travail27 ont été constatées (2 579en 2013 et 2 351 en 2012). Cette infraction,qui représente 12,6 % du total des infractionsen 2014, a diminué de 1,3 point par rapport à

14 | Avril 2017 | Quatrième étude ciblée 2016 du REM

Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[22] Loi n°2015-990 du 6 août 2015 pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, dite « loi Macron ».https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000030978561&categorieLien=id.

[23] Commission nationale de lutte contre le travail illégal, op. cit.

[24] L’enquête annuelle sur la verbalisation du travail illégal recueille les données caractéristiques des procès-verbaux établiset clos avant le 31 décembre, dressés par les agents de contrôle habilités en matière de travail illégal. Cette enquêtepermet d’observer, à l’échelle nationale et régionale, les différentes formes de la fraude de travail illégal et d’en évaluerl’ampleur et l’évolution.

[25] Terme remplacé par « étranger non autorisé à travailler » par la loi du 7 mars 2016 relative au droit des étrangers enFrance.

[26] Direction générale du travail, Analyse de la verbalisation du travail illégal en 2014, op. cit.

[27] L’infraction d’emploi d’un étranger sans titre de travail concerne tous les ressortissants de pays tiers hors Union euro-péenne, ainsi que les ressortissants croates, assujettis à la possession d’une autorisation de travail durant la période tran-sitoire du 1er juillet 2007 au 1er juillet 2015.

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2013. La verbalisation de cette infraction en2014 se répartit entre les services compétentsde la manière suivante : la police (65 %), lagendarmerie (18 %) et l’inspection du travail(14 %) (respectivement 59 %, 22 % et 16 % en2013).

Pour l’ensemble des infractions de travail illé-gal, cette infraction se concentre dans lesecteur du BTP (43 %), des hôtels-cafés-restaurants (21 %), et du commerce (17 %).

L’analyse de la répartition des principalesinfractions par secteur en 2014 permet demontrer que l’infraction d’emploi d’étranger nonautorisé à travailler représente 9 % des infra-ctions dans le secteur agricole (11 % en 2013),15 % du secteur de la construction (18 % en2013), 14 % du secteur de l’hébergement etde la restauration (13 % en 2013), 13 % dusecteur du « commerce et de la réparationd’automobiles et de motocycles » (même pour-centage en 2013), 13 % du secteur des« industries extractives et de l’industrie manu-facturière » (même pourcentage en 2013), 7 %du secteur des transports (8 % en 2013), et10 % du secteur des « activités financières,immobilières, spécialisées, scientifiques, tech-niques, de services administratifs et desoutien » (12 % en 2013)28.

• LE PHÉNOMÈNE DU TRAVAIL ILLÉGAL EST DEPLUS EN PLUS COMPLEXE À DÉTECTER

En 2014, 7 630 procès-verbaux relatifs autravail illégal ont été enregistrés par lesservices en charge de la lutte contre le travailillégal, contre 9 050 en 2013, soit une baissede 16 %. Le rapport précise que la diminutionde cet indicateur ne correspond pas à unebaisse des actions de contrôle mais traduit unecomplexification des types de fraudes rele-vées, qui rendent leur détection plus difficile

et leur instruction plus longue. L’enquêteprécise ainsi que « les agents de contrôleconstatent moins d’infractions, mais s’atta-chent à démanteler des dispositifs frauduleuxde plus grande envergure qui nécessitent desenquêtes longues, des recherches approfon-dies et des collaborations nombreuses ycompris à l’étranger » 29.

27 % des procédures pénales résultent d’opéra-tions conjointes interservices, soit 2 047 en2014 (2 363 en 2013)30.

Plusieurs acteurs interrogés dans le cadre decette étude31 font état de la complexificationet de l’évolution rapide des fraudes, tels quele recours aux faux statuts, le caractère éphé-mère de certaines entreprises, etc. Plusieursfacteurs contribuent au développement de cesinfractions, tels que l’émergence de l’économienumérique.

2.4. Les recherches et rapports relatifsau travail illégal

Plusieurs rapports traitent du phénomène dutravail illégal en France.

De nombreux rapports sur le travail illégal sontréalisés chaque année par la Direction géné-rale du travail (DGT), sans porter spécifique-ment sur le travail illégal des ressortissants depays tiers, mais en analysant les différentesinfractions en matière de travail illégal, lessecteurs touchés, les activités de contrôle et laverbalisation.

La Délégation nationale à la lutte contre lafraude (DNLF) réalise des rapports, en particu-lier le bilan annuel qui présente les principauxrésultats liés à la lutte contre les différentstypes de fraude32.

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 15

Présentation de la situation en France

[28] Direction générale du travail, Analyse de la verbalisation du travail illégal en 2014, op. cit.

[29] Idem.

[30] Idem.

[31] Questionnaires complétés par les DIRECCTE Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est, et Hauts-de-France, mars 2017.

[32] DNLF, Lutte contre la fraude, Bilan 2015, op. cit.

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L’OCDE a publié différents rapports et docu-ments de travail sur l’emploi illégal des ressor-tissants de pays tiers en Europe33.

2.5. Un cadre juridique et des actionsrenforcées

L’arsenal juridique en matière de lutte contrele travail illégal a été particulièrement renforcéau cours des dernières années.

• L’ÉVOLUTION LÉGISLATIVE CONCERNANTL’EMPLOI D’ÉTRANGERS NON AUTORISÉS ÀTRAVAILLER

Depuis le 1er juillet 2007, l’action en matièrede lutte contre la fraude a été renforcée parl’obligation, pour les employeurs, de véri-fier auprès de l’administration la situationadministrative des étrangers candidats àl’embauche34. Cette mesure visant à vérifierla régularité du séjour et la détention d’uneautorisation de travail permet de lutter demanière préventive contre l’emploi d’étran-gers sans titre.

La loi du 16 juin 2011 relative à l’immigration,à l’intégration et à la nationalité35 transposeen droit interne la directive 2009/52/CE du18 juin 2009 prévoyant des normes minimalesconcernant les sanctions et les mesures à l’en-contre des employeurs de ressortissants depays tiers en séjour irrégulier, dite directive« sanctions »36. Elle introduit des sanctions denature administrative et pénale à l’égard desemployeurs, tout en renforçant certaines sanc-

tions existantes. Elle instaure également desdispositions visant à garantir les droitssociaux et pécuniaires des étrangers ensituation de travail illégal, en augmentantleurs droits pécuniaires, en instituant uneprésomption de relation de travail, et enprévoyant un mécanisme afin que le salariépuisse introduire un recours ou faire exécu-ter un jugement à l’encontre de l’employeurpour tout salaire impayé ou demande à l’auto-rité compétente les procédures de recouvre-ment. La loi va au-delà de la transposition dela directive, en comportant d’autres mesuresen matière de prévention du recours au travailillégal. Elle harmonise les prérogatives desagents de contrôle quelle que soit l’infractionde travail illégal commise. Elle définit ainsi uncadre juridique plus efficace en matière delutte contre le travail illégal et en particuliercontre l’emploi d’étranger non autorisé àtravailler.

La loi du 7 mars 2016 relative au droit desétrangers37 opère une modification terminolo-gique en remplaçant la notion d’« étrangersans titre » par celle d’« étranger non auto-risé à travailler ».

La loi du 8 août 2016 relative au travail, à lamodernisation du dialogue social et à la sécuri-sation des parcours professionnels38 étend ledroit de communication et d’échange derenseignements entre les corps de contrôlecompétents en matière de lutte contre letravail illégal. L’article L. 8271-5 du Code dutravail, créé par l’article 109 de la loi du 8 août

16 | Avril 2017 | Quatrième étude ciblée 2016 du REM

Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[33] OCDE, Combattre l’emploi illégal d’étrangers, août 2000.http://www.oecd-ilibrary.org/fr/social-issues-migration-health/combattre-l-emploi-illegal-d-etrangers_9789264282391-fr

[34] Loi n° 2006-911 du 24 juillet 2006 relative à l'immigration et à l'intégration. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000266495

[35] Loi n°2011-672 du 16 juin 2011 relative à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité.https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?categorieLien=id&cidTexte=JORFTEXT000024191380

[36] Directive 2009/52/CE du Parlement européen et du Conseil du 18 juin 2009 prévoyant des normes minimales concernantles sanctions et les mesures à l’encontre des employeurs de ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier.http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:168:0024:0032:fr:PDF

[37] Loi n° 2016-274 du 7 mars 2016 relative au droit des étrangers en France.https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032164264&categorieLien=id

[38] Loi n° 2016-1088 du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation desparcours professionnels.https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032983213&categorieLien=id

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2016, accorde en effet un droit de communica-tion et d’échange réciproque entre l’ensembledes agents de contrôle compétents en matièrede lutte contre le travail illégal (police, gendar-merie, administration fiscale et douanière etagents de recouvrement des cotisationssociales) et les agents du Centre des liaisonseuropéennes et internationales de sécuritésociale (CLEISS) de tout renseignement oudocument utile à l’accomplissement de leursmissions respectives.

• LES NOUVELLES MESURES PRÉVUES DANS LEPLAN NATIONAL DE LUTTE CONTRE LE TRAVAILILLÉGAL 2016-2018

Le plan prévoit plusieurs actions afin de renfor-cer les contrôles et de les adapter à l’évolutiondes fraudes :

— la création d’une instance nationale depilotage, coprésidée par la Direction géné-rale du travail, la Direction de la sécuritésociale et la Délégation nationale de luttecontre la fraude, dont l’objectif est de faci-liter la mise en œuvre du PNLTI et demieux coordonner les différents servicesimpliqués ;

— l’intensification des contrôles conjointsentre les différents services ;

— la mise en place d’une vaste campagned’information afin de sensibiliser la popu-lation sur les conséquences néfastes durecours au travail illégal ;

— le développement des conventions secto-rielles en vue de poursuivre le travailengagé avec les partenaires sociaux.

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 17

Présentation de la situation en France

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1. Les mesures préventivesciblant les ressortissants depays tiers et les employeurs

La prévention est un axe majeur de la poli-tique de lutte contre le travail illégal. Lescontrôles ne sont pas le seul moyen de luttercontre le travail illégal. Différentes actions deprévention sont mises en place aux niveauxnational et local (notamment les départe-ments) afin de lutter contre les infractions. Lebilan annuel de la DGT39 décrit ces actions,fondées sur :

— une réflexion autour des chartes de bonneconduite ;

— la mise en place d’actions de sensibilisa-tion et d’information ;

— des campagnes de prévention ;— des campagnes d’information (presse, sites

internet, etc.).

Selon le rapport, les agents soulignent leseffets positifs de ces actions de préventionpartenariales.

Il est important de préciser que les mesures nefont pas de distinction entre les ressortissantsde pays tiers en situation irrégulière au regarddu séjour et du travail et les ressortissants depays tiers en situation régulière au regard duséjour mais en situation irrégulière au regarddu travail.

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 19

Les mesures de prévention

[39] Direction générale du travail, Bilan des contrôles dans les secteurs prioritaires identifiés par le plan national de luttecontre le travail illégal en 2014, février 2016.http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/controle_des_secteurs_prioritaires_en_2014.pdf

SECTION 2. LES MESURES DEPRÉVENTION

Cette section présente une analyse comparative des mesures deprévention mises en place en France afin de lutter contre le travailillégal des ressortissants de pays tiers. Elle analyse les mesurespréventives et incitatives destinées, d’une part, aux employeurs et,d’autre part, aux salariés. Cette section met également en lumièreles bonnes pratiques et les exemples de réussite en matière deprévention.

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20 | Avril 2017 | Quatrième étude ciblée 2016 du REM

Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

1.1. Les mesures préventives etincitatives destinées aux employeurs

Type demesures/incitations Description

Campagnesd’informationà destinationdes employeurs

• Un travail de sensibilisation et de dissuasion : le rôle des préfets à l’échellelocaleIl n’y a pas eu de campagnes de communication récemment, telles que le prévoient lesPNLTI. Une campagne nationale est prévue en 2017. En revanche, au plan local, lespréfets veillent à communiquer sur les suites données, notamment en termes desanctions, aux fraudes détectées les plus significatives. La communication sur lessanctions à l’encontre des employeurs, par la publication de communiqués de presse oud’articles dans les médias, vise à avoir un effet dissuasif40.

• Le PNLTI 2016-2018 : l’accent mis sur la communication afin de renforcer lapolitique de préventionLe PNLTI 2016-201841 prévoit « la mise en place d’une campagne de communication« grand public » sur les enjeux partagés de la lutte contre le travail illégal », auxniveaux à la fois national et local.

› Au niveau national, il s’agit de lancer une campagne de communication destinée augrand public, « pour faire comprendre la nécessité de s'opposer au travail illégal afin depréserver notre modèle social et les droits sociaux fondamentaux des travailleurs ». Leplan précise que cette campagne doit également s’adresser « aux chefs d’entreprise afinde les sensibiliser sur les conséquences du non-respect des règles de concurrenceloyale ».

Cette campagne doit être relayée par les réseaux consulaires qui pourront diffuserl'information dans leurs publications professionnelles et par les administrations etservices nationaux de lutte contre le travail illégal.

Par ailleurs, le PNLTI précise que les futures conventions partenariales sectoriellesdevront comprendre un volet communication auprès des entreprises et des salariés.

› Au niveau local, dans les régions et départements, le plan insiste sur lamédiatisation de la signature des conventions de partenariat afin d’« amplifier l'impactsur le secteur professionnel concerné ».

Les Comités opérationnels départementaux anti-fraude (CODAF)42 doivent égalementjouer un rôle, en mobilisant tous les organes de communication des partenaires locauxpour sensibiliser sur les méfaits de travail illégal et les sanctions que les auteurs peuventencourir. Notamment, les communications doivent fortement insister sur les nouvellessanctions administratives en cas de fraude grave et répétée.

Le plan préconise que les décisions de fermeture administrative prises par les préfets,les amendes administratives et les décisions de suspension des prestations de servicesinternationales doivent être largement médiatisées et relayées par les organes depresse professionnels.Il précise que les grandes opérations de contrôle en région, notamment les contrôlesconjoints, devront faire l'objet de communications locales concertées très larges. Lesplus significatives, celles concernant des montages complexes ou un nombre d'auteursélevé, ou encore une mobilisation remarquable des divers corps de contrôle serontreprises au niveau national par la DNLF et l'ensemble des corps de contrôle pour affirmerla mobilisation des services et rappeler les risques de contourner ou éviter les règlessociales et fiscales françaises et européennes.

[40] Entretiens réalisés auprès de représentants du Département du pilotage du système d’inspection du travail (DPSIT) ausein de la DGT et de représentants de la DNLF, janvier 2017.

[41] Commission nationale de lutte contre le travail illégal, op. cit.

[42] Le rôle et les missions des CODAF sont détaillés dans la section 3 consacrée à l’identification du travail illégal et à lacoopération entre les acteurs.

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Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 21

Les mesures de prévention

[43] http://travail-emploi.gouv.fr/droit-du-travail/lutte-contre-le-travail-illegal/

[44] http://idf.direccte.gouv.fr/sites/idf.direccte.gouv.fr/IMG/pdf/direccte_-_3_vol_travail_illegal_webplanche.pdf

[45] Entretiens réalisés auprès de représentants du Département du pilotage du système d’inspection du travail (DPSIT) au sein de la DGT et de représentants de la DNLF, janvier 2017.

[46] Commission nationale de lutte contre le travail illégal, op. cit.

[47] Loi n° 2006-911 du 24 juillet 2006 relative à l'immigration et à l'intégration.https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000266495

Type demesures/incitation Description

Supportsd’informationsdestinés auxemployeurs

Des informations sont disponibles sur le site internet de la DGT43, ainsi que sur les sitesinternet des DIRECCTE, de l’URSSAF et de la MSA.

Des dépliants d’information présentent les principales règles à respecter afin d’éviterde se trouver dans une situation de travail illégal. À titre d’exemple, un document a étéélaboré dans le cadre de la convention régionale de lutte contre le travail illégal, signéle 18 décembre 2014 entre l’État, l’URSSAF, et l’Union des métiers et des industries del’hôtellerie (UMIH) Paris Ile-de-France. S’adressant aux professionnels de l’hôtellerie, descafés et de la restauration, il rappelle les règles à respecter en matière d’embauche etd’emploi des salariés dans ce secteur, souligne les bonnes pratiques à suivre, et présenteles sanctions encourues par l’employeur en cas de travail dissimulé44.

Accords departenariat etinitiatives despartenairessociaux

Les conventions de partenariat, conclues entre l’État et les partenaires économiqueset sociaux, sont des outils sectoriels de lutte contre le travail illégal, permettant desensibiliser et de mobiliser différents secteurs. Plusieurs branches professionnelles,telles que les transports, l’agriculture, la sécurité privée, se sont engagées dans la luttecontre le travail illégal. Les dernières conventions de partenariat signées concernent lessecteurs de la sécurité privée, du déménagement et, eu égard à la problématique dela fraude au détachement, du BTP45.

Le PNLTI 2016-201846 préconise de développer les actions de prévention avec lespartenaires sociaux. Il prévoit notamment le renouvellement de la convention dans lesecteur de l’agriculture et l’élaboration de nouvelles conventions dans le secteur duspectacle vivant et enregistré et dans le secteur de l’emploi à domicile.

Obligation pourun employeurde notifieraux autoritésl’embauche d’unressortissant depays tiers

Afin de lutter contre la fraude :

1) Les employeurs ont l’obligation de vérifier auprès de l’administration lasituation administrative des étrangers candidats à l’embauche (article L. 5221-8 duCode du travail).

La loi du 24 juillet 2006 relative à l’immigration et à l’intégration a renforcé la politique delutte contre la fraude en rendant obligatoire, pour les employeurs, de vérifier auprès del’administration la situation administrative des étrangers candidats à l’embauche47.Cette mesure visant à vérifier la régularité du séjour et la détention d’une autorisation detravail permet de lutter de manière préventive contre l’emploi d’étrangers sans titre.

Plusieurs cas de figure peuvent se présenter :

- Lorsqu’il s’agit d’un recrutement direct par un employeur, ce dernier s’assure, auprèsde la préfecture du lieu d’embauche, de l’existence du titre autorisant l’étranger àexercer une activité salariée (articles L. 5221-7 et L. 5221-8 du Code du travail) ;

- Lorsqu’un salarié étranger demande son inscription sur la liste des demandeursd’emploi de Pôle Emploi, il revient à cet organisme de s’assurer du droit de l’intéresséà exercer une activité professionnelle en France (article L. 5411-4 du Code du travail) ;

- Dans le cas d’une agence d’intérim, l’entreprise de travail temporaire procède à lademande de vérification auprès de l’administration lors de la première embauche dusalarié étranger et conserve le bénéfice de cette formalité pendant la durée devalidité du titre de séjour et pour tout contrat de mission conclu entre ce dernier etl’entreprise de travail temporaire (article R. 5221-44 du Code du travail).

La demande de vérification doit être effectuée au moins deux jours ouvrables avantla date effective d’embauche du salarié. À défaut de réponse dans un délai de deux joursouvrables à compter de la réception de la demande par la préfecture compétente,l’obligation est réputée accomplie par l’employeur (article R. 5221-42 du Code du travail).

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22 | Avril 2017 | Quatrième étude ciblée 2016 du REM

Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[48] L’Article R. 1221-2 du Code du travail précise les six formalités accomplies par l’employeur au moyen de la déclarationpréalable à l’embauche :

– L'immatriculation de l'employeur au régime général de la sécurité sociale, s’il s’agit d’un salarié non agricole ;– L'immatriculation du salarié à la caisse primaire d'assurance maladie ou, s'il s'agit d'un salarié agricole, à la caisse de

mutualité sociale agricole ;– L'affiliation de l'employeur au régime d'assurance chômage ;– La demande d'adhésion à un service de santé au travail, s'il s'agit d'un salarié non agricole ;– La demande de visite d'information et de prévention ou la demande d'examen médical d'aptitude à l'embauche ;– La déclaration destinée à l'affiliation des salariés agricoles aux institutions de retraite complémentaire.

[49] Entretien réalisé auprès de représentants du Département du pilotage du système d’inspection du travail (DPSIT) au seinde la DGT, janvier 2017.

[50] Questionnaire complété par la DIRECCTE Grand Est, mars 2017.

[51] La demande de carte s’effectue directement en ligne sur le site https://www.cartebtp.fr/.

[52] Créé par la loi n°2015-990 du 6 août 2015 pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, dite « loiMacron ».https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000030978561&categorieLien=id

Type demesures/incitation Description

Lorsque l’employeur a saisi l’administration pour vérification des conditions de séjour del’étranger qu’il envisage d’embaucher, conformément à l’article L. 5221-8 du Code dutravail, l’employeur ne saurait être sanctionné par l’exigence du paiement de lacontribution forfaitaire de réacheminement. Il appartient toutefois à ce dernier d’établirla preuve qu’il s’est acquitté de cette obligation de déclaration.

2) Les employeurs ont l’obligation d’effectuer une déclaration préalable àl’embauche (DPAE) de tout salarié, qu’il soit ou non ressortissant de pays tiers. Lesemployeurs sont tenus de déclarer toute embauche de salarié relevant du régimegénéral de la Sécurité sociale, quels que soient la forme juridique de l’entreprise, sonsecteur d’activité, la taille de son effectif, les conditions d’exercice de la profession et ladurée d’engagement du salarié. La DPAE permet d’effectuer en une seule fois et auprèsd’un interlocuteur unique, l’URSSAF, six formalités liées à l’embauche48. Le non-respectde cette obligation entraîne l’application d’une pénalité (articles L. 1221-10 à L. 1221-21-12 du Code du travail).

3) La déclaration sociale nominative (DSN) est également un outil important pourfaciliter les investigations suite à contrôle. Elle constitue une démarche de simplificationpour les employeurs vis-à-vis de la protection sociale et de l’administration en permettantla dématérialisation des données. Elle répertorie précisément la durée d’activité desemployés. Ce dispositif a été généralisé en janvier 2017. Cet outil va permettrenotamment de chiffrer plus facilement les sous déclarations d’heures travaillées.

Organisation deréunionsd’information etde sensibilisation

Un travail de sensibilisation et de suivi est mené régulièrement dans les entreprises.Des réunions de sensibilisation sont organisées, en particulier sur le travail détaché. Àtitre d’exemple, de février à novembre 2016, plus de 1 000 réunions de sensibilisationont été organisées (rencontres d’entreprises et parfois d’organisations syndicales desalariés, sur les risques liés au détachement)49. Le service régional du Pôle Travail etrelations sociales de la DIRECCTE Grand-Est organise, via les organisationsprofessionnelles, des réunions de sensibilisation à destination des entreprises, dansdifférents secteurs tels que les industries chimiques, l’automobile, et le BTP50.

Création de lacarte BTP

La carte BTP, entrée en vigueur le 22 mars 2017, est une carte d’identificationprofessionnelle des salariés du bâtiment et des travaux publics. Elle permet de faciliterles contrôles et de lutter plus efficacement contre le travail illégal, et plus particulièrementcontre les fraudes au détachement. Elle est obligatoire depuis le 22 mars 2017 pour lestravailleurs détachés d’entreprises établies hors de France51. L’entrée en vigueur estprogressive pour les salariés et intérimaires d’entreprises établies en France. Les deuxpremières régions concernées sont la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie. La carte BTPpermet de justifier à tout moment, en cas de contrôle, du respect par l’employeur dedéclaration et d’information relative aux personnels présents sur un chantier. Elle estéquipée d’un QR Code (flashcode) que les inspecteurs du travail peuvent scannerdirectement. Elle comporte des informations relatives au salarié, à son employeur, ainsiqu'à l'organisme ayant délivré la carte (article L. 8291-1 du Code du travail52).

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1.2. Les mesures et incitationsdestinées aux salariés étrangers

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 23

Les mesures de prévention

[53] http://travail-emploi.gouv.fr/droit-du-travail/lutte-contre-le-travail-illegal/

[54] Entretien réalisé auprès du Département du pilotage du système d’inspection du travail (DPSIT) au sein de la DGT, janvier 2017.

Type demesures/incitations Description

Incitations fiscaleset financières,incluant lesincitations liées àla sécurité sociale

Mesure non prévue en France.Les personnes en situation de travail illégal ne peuvent non seulement pas bénéficierde la législation du travail, mais sont également privées de leurs droits en matièrede protection sociale. Lors des opérations de contrôle du travail illégal, les ressortissantsde pays tiers identifiés comme « non autorisés à travailler » sont informés par les agentsverbalisateurs de leurs droits sociaux et pécuniaires (voir section 5 sur les conséquencespour les ressortissants de pays tiers identifiés en situation de travail illégal).

Campagnesd’information àdestination desemployés

Les campagnes d’information ne ciblent pas spécifiquement les employés (voir le tableauci-dessus).

Supports d’informa-tions destinés auxemployés

Des informations sont disponibles sur le site internet de la DGT53 et sur les sites internetdes DIRECCTE.

2. Évaluations des risquesafin d’identifier les secteursd’activité dans lesquels letravail illégal des ressortis-sants de pays tiers est le plusconcentré

Il est important de rappeler au préalable que cene sont pas les ressortissants de pays tiers quisont ciblés lors des contrôles mais ces dernierspeuvent être identifiés dans le cadre descontrôles réalisés par les agents.

De manière générale, il n’existe pas deméthodes ou d’outils particuliers, en raisonnotamment de la charge de travail des agentsde contrôle. Toutefois, une réflexion est encours pour identifier des méthodes d’utilisationoptimale des données disponibles, notammentavec la DNLF, afin de mieux évaluer lesrisques et de cibler les contrôles. Au sein dela Direction générale du travail, le Département

du pilotage du système d’inspection du travailmène également une expérimentation d’évalua-tion d’une action de contrôle au niveau territo-rial comme au niveau national54.De manière générale, les contrôles ciblentcertains secteurs identifiés : BTP, agriculture,commerce, hôtels-cafés-restaurants, gardien-nage, transports, industrie et monde du specta-cle. Les objectifs en matière de contrôle sontpropres à chaque région.

Les administrations et organismes de protectionsociale sont confrontés à de nouveaux enjeux,caractérisés par des fraudes de plus en pluscomplexes et sophistiquées, qui nécessitent desréponses adaptées et concertées. Dans cecontexte, la Délégation nationale à la luttecontre la fraude s’est vue confier la mission decoordination et d’accompagnement des acteursde la lutte contre la fraude dans le développe-ment de démarches statistiques visant à renfor-cer l’efficacité des stratégies de ciblage descontrôles.

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Cette démarche est perçue comme un moyenefficace et innovant55 permettant :

– d’améliorer le ciblage des contrôles etd’accroître ainsi le nombre de fraudesdétectées, redressées et recouvrées,

– de détecter plus rapidement les fraudes,notamment les plus complexes, afin d’enstopper les conséquences financières.

La DNLF a mis en place un groupe de travailinterministériel dédié qui associe les adminis-trations financières et les organismes deprotection sociale. Ce groupe est le lieud’échange des bonnes pratiques et des écueilsà éviter pour la mise en œuvre de ce type deprojet. Plusieurs expérimentations sont actuel-lement menées au sein des administrationsfinancières et des organismes de protectionsociale.

3. Les défis et les bonnespratiques liés aux mesures deprévention en matière detravail illégal

Dès 2006, en réaction à la forte présence enFrance de travailleurs étrangers démunis detitre légal pour séjourner et travailler sur leterritoire national, le législateur français avaitpris des dispositions visant à lutter de manièrepréventive contre l’emploi d’étrangers sanstitre. Ainsi, la loi n° 2006-911 du 24 juillet2006 relative à l’immigration et à l’intégrationa introduit à l’article L. 5221-8 du Code dutravail une vérification préalable à l’em-bauche, par l’employeur, auprès de l’administra-tion, de la situation des étrangers au regard deleur séjour et de la détention de l’autorisationleur permettant de travailler. Cette disposition,rédigée comme il suit, est entrée en vigueurle 1er juillet 2007 suite à la publication dudécret n° 2007-801 du 11 mai 2007 :« L'employeur s'assure auprès des administra-

tions territorialement compétentes de l'exis-tence du titre autorisant l'étranger à exercerune activité salariée en France, sauf si cetétranger est inscrit sur la liste des demandeursd'emploi tenue par l'institution mentionnée àl'article L. 5312-1. »La loi a veillé à mettre en place un dispositifobligeant tout employeur d’un salarié étrangerà s’assurer de la régularité de sa situation auregard du droit au séjour en France préalable-ment à son recrutement et d’accéder aux infor-mations nécessaires, rendant ainsi d’autantplus légitime la sanction de ceux ne procédantpas à ces vérifications.La directive du 18 juin 200956 impose en effetaux employeurs de contrôler préalablement l’au-torisation de travail des ressortissants étrangersqu’ils recrutent et d’informer l’administration dudébut de la période d’emploi (article 4).

La faiblesse du dispositif repose sur le fait qu’ilest souvent confondu avec la DPAE qu’il doitprécéder. Et c’est souvent au moment ducontrôle que les employeurs s’en aperçoivent.

Une autre faiblesse apparue récemmentconcerne le développement de l’usurpationd’identité, qui favorise les ressortissants depays tiers utilisant les documents d’autrui.Les services ont effectué le constat que ledispositif pénal jusque-là comportait unecarence pour sanctionner le fait d’utiliser desdocuments authentiques appartenant à untiers. En effet, l’infraction d’usurpation d’iden-tité est mal adaptée (notion de « nuire au tiersusurpé »), tout comme le faux et usage defaux ou l’aide à l’entrée et au séjour irrégulierqui ne couvre pas celui qui utilise le document.Cette nouvelle sanction a donc vu le jour dansla loi du 7 mars 2016 relative au droit desétrangers en France. Il s’agit de la sanction dela fraude mimétique dite du « look alike » : l’ar-ticle 441-8 du Code pénal sanctionne tant letitulaire du document qui en facilite l’utilisationfrauduleuse, que l’utilisateur lui-même (« Le

24 | Avril 2017 | Quatrième étude ciblée 2016 du REM

Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[55] Délégation nationale à la lutte contre la fraude, Le « data mining », une démarche pour améliorer le ciblage descontrôles », 14 janvier 2014. http://www.economie.gouv.fr/files/files/DNLF/fichier_data_mining_joint.pdf

[56] Directive 2009/52/CE du Parlement européen et du Conseil prévoyant des normes minimales concernant les sanctions etles mesures à l’encontre des employeurs de ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier.

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fait d'utiliser un document d'identité ou devoyage appartenant à un tiers, avec ou sansson consentement […]. Le fait pour le titulairedu document d'identité ou de voyage d'avoirsciemment facilité la commission de l'infra-ction […] »). Cette infraction est punie de cinqans d’emprisonnement et de 75 000 €d’amende. Les peines sont portées à sept ansd’emprisonnement et à 100 000 € d’amendelorsque l’infraction est commise de manièrehabituelle.

Plusieurs bonnes pratiques ont été mises enlumière lors des entretiens et questionnairesmenés dans le cadre de cette étude57 :

– La déclaration préalable à l’embauche estconsidérée comme l’un des principauxoutils de détection du travail illégal.

– La déclaration sociale nominative, généra-lisée en janvier 2017, est également unoutil important pour faciliter les investiga-tions suite à contrôle.

– Plusieurs outils ont été récemment créésafin de faciliter les contrôles et de lutterplus efficacement contre les différentesformes de travail illégal, tels que la carteBTP.

– La DNLF contribue à la promotion desméthodes d’utilisation optimale desdonnées disponibles afin d’améliorer leciblage des contrôles et de détecter plusefficacement les fraudes. À ce titre, elleconduit des ateliers afin de partager lesbonnes pratiques en matière de détectiondes fraudes aux finances publiques.

– La communication sur les sanctions àl’encontre des employeurs a un effetdissuasif sur les potentiels fraudeurs faceaux risques encourus.

– Les réunions de sensibilisation à destina-tion des entreprises permettent de prévenirles situations d’infraction.

– Les conventions de partenariat conclues

à l’échelle nationale et locale avec diffé-rentes branches professionnelles permet-tent de sensibiliser différents secteurs à lalutte contre le travail illégal.

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 25

Les mesures de prévention

[57] Ce paragraphe a été réalisé sur la base des entretiens menés auprès de représentants du Département du pilotage dusystème d’inspection du travail (DPSIT), de la DNLF, du Bureau de la lutte contre le travail illégal et les fraudes à l’identité(BLTIFI) au sein de la Direction générale des étrangers en France (DGEF) du ministère de l’Intérieur, ainsi que du ques-tionnaire complété par la DIRECCTE Grand Est.

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Il est important de rappeler qu’il n’existe pasde distinction entre les ressortissants de paystiers et les ressortissants nationaux oucommunautaires, l’objectif des contrôles étantde vérifier la situation au regard de l’emploi.En outre, il n’existe pas de différences entermes de méthode d’identification entreles deux principales catégories de ressortis-sants de pays tiers analysés dans le cadre decette étude.

1. Les autorités responsablesde l’identification des ressor-tissants de pays tiersemployés illégalement

L’identification du travail illégal repose sur lescontrôles effectués par huit services decontrôle. L’infraction relative à l’emploi d’étran-ger non autorisé à travailler peut être constatéepar trois corps de contrôle. Cette action reposeégalement sur une coopération interservices.

Face à des fraudes plus complexes, les diffé-rents services de contrôle ont renforcé leursréseaux d’échanges d’information, organisé des

contrôles conjoints et développé des stratégiesd’intervention plus ciblées à chaque situation58.

1.1. Les corps compétents pourconstater l’infraction relative àl’emploi d’un étranger non autorisé àtravailler

Trois corps sont compétents pour constater l’in-fraction relative à l’emploi d’un étranger nonautorisé à travailler59 :

– les agents de contrôle de l’inspection dutravail (membres du corps des inspecteursdu travail ou du corps des contrôleurs dutravail),

– les agents et officiers de police judiciaire,– les agents de la direction générale des

douanes.

L’article L. 8271-17 du Code du travail préciseque ces services sont compétents pour recher-cher et constater « les infractions aux disposi-tions de l’article L. 8251-1 relatif à l’emploid’un étranger non autorisé à travailler et del’article L. 8251-2 interdisant le recours auxservices d’un employeur d’un étranger nonautorisé à travailler ».

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 27

[ Conditions requises pour l’exercice du droit au regroupement familial et à la réunification familiale ]

[58] Commission nationale de lutte contre le travail illégal, op. cit.

[59] Article L. 8271-17 du Code du travail.

SECTION 3. L’IDENTIFICATION DESRESSORTISSANTS DE PAYS TIERS ENSITUATION DE TRAVAIL ILLÉGAL

Cette section vise à présenter les différentes autorités en charge del’identification des ressortissants de pays tiers en situation detravail illégal, tout en analysant les pratiques en matière de contrôle.

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

Les trois corps compétents pour constater l’in-fraction relative à l’emploi d’un étranger nonautorisé à travailler sont plus largement encharge des contrôles relatifs à tout type d’infra-ction constitutive de travail illégal. En effet, lalutte contre le travail illégal, qui regroupe lesdifférents types d’infractions aux termes del’article L. 8211-1 du Code du travail60, mobilisehuit services de contrôle61 :

– les agents de contrôle de l’inspection dutravail (membres du corps des inspecteursdu travail ou du corps des contrôleurs dutravail),

– les agents et officiers de police judiciaire,– les agents des impôts et des douanes,– les agents des organismes de sécurité

sociale et des caisses de mutualité socialeagricole agréés à cet effet et assermentés,

– les administrateurs des affaires mari-times, les officiers du corps technique etadministratif des affaires maritimes et lesfonctionnaires affectés dans les servicesexerçant des missions de contrôle dans ledomaine des affaires maritimes sous l'auto-rité ou à la disposition du ministre chargéde la mer,

– les fonctionnaires des corps techniquesde l'aviation civile commissionnés à ceteffet et assermentés,

– les fonctionnaires ou agents de l'Étatchargés du contrôle des transportsterrestres,

– les agents de Pôle emploi, chargés de laprévention des fraudes, agréés et asser-mentés à cet effet.

Selon le bilan de la mise en œuvre du PNLTI2013-2015, hors interventions des forces del’ordre, l’inspection du travail réalise 34 % decontrôles, les URSSAF 30 %, les servicesfiscaux 23 %, la Mutualité sociale agricole(MSA) 10 % et les douanes 2 %62.

1.2. Les autorités en charge desecteurs ou de catégories spécifiques

En France, il n’y a pas d’autorités spécialesresponsables de secteurs spécifiques. Enrevanche, plusieurs services sont associés autravail de l’inspection du travail, en particulierla DNLF, l’OCLTI, le service des douanes, lesimpôts, les services de police. En ce quiconcerne les infractions en bande organiséepar exemple, le recours aux services de policepermet d’utiliser des moyens plus élaborés desuivi et de pistage63.

L’inspection du travail ne dispose pas deservices spécifiquement dédiés à la détec-tion du travail illégal de ressortissants depays tiers. L’inspection du travail est en chargede contrôler l’application du droit du travail.Elle ne cible donc pas les ressortissants depays tiers mais ces derniers peuvent être iden-tifiés lors des contrôles.

1.3. Les effectifs de l’inspection dutravail

Il existe actuellement 2 200 agents decontrôle de l’inspection du travail sur leterrain et chaque agent de contrôle couvre8500 salariés. Le Département du pilotage dusystème d’inspection du travail (DPSIT) estchargé d’animer le réseau des agents decontrôle de l’inspection du travail64.

L’inspection du travail est un service desDIRECCTE (service régional du ministère duTravail). Les inspections du travail sont organi-sées dans chaque DIRECCTE en unités decontrôle. En plus des 232 unités de contrôle,28 unités ont une compétence régionale enmatière de lutte contre le travail illégal. Il s’agitd’agents spécialisés dans la lutte contre le

[60] Six infractions sont constitutives de travail illégal : travail dissimulé, marchandage, prêt illicite de main-d’œuvre, emploid'étranger non autorisé à travailler, cumuls irréguliers d'emplois, fraude ou fausse déclaration.

[61] Article L. 8271-1-2 du Code du travail.

[62] Commission nationale de lutte contre le travail illégal, op. cit.

[63] Entretien réalisé auprès du Département du pilotage du système d’inspection du travail (DPSIT) au sein de la DGT,janvier 2017.

[64] Idem.

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travail illégal, qui peuvent intervenir au niveaurégional. Si la situation s’avère trop complexe, ilest alors fait appel au groupe national.

Le réseau des inspecteurs du travail est ainsicomposé de :

– au niveau régional : 120 personnes spécia-lisées, sur des opérations de grandeampleur ;

– au niveau national : environ 10 personnes ;

– au niveau international : chaque Étatmembre dispose d’un bureau de liaison,créé dans le cadre de la directive sur lestravailleurs détachés65. En France, le bureauest rattaché à la DGT. Lorsque des agentsde contrôle ont besoin d’informations dansle pays d’origine, ils contactent le bureaude liaison, qui transmet la demande auservice compétent dans le pays d’origine.

2. La coopération entre lesdifférents acteurs

Les agents en charge de l’inspection du travailtravaillent en commun avec d’autres services,tels que l’ACOSS, l’URSSAF, la MSA. Desconventions peuvent être signées afin derenforcer cette coopération. Les opérations decontrôles conjoints sont mises en avant par lePNLTI, qui fixait un objectif de 25 % d’opéra-tions conjointes parmi l’ensemble des procé-dures de contrôle du travail illégal pour lapériode 2013-2015.

Le PNLTI 2016-201867 met également l’accentsur l’intensification des contrôles conjoints. Ilprévoit que la part des procédures de travailillégal issues d’opérations conjointes dans lessecteurs prioritaires représente 50 % de l’en-semble des opérations menées dans cessecteurs au terme des 3 ans du plan. Le planfixe ainsi les deux objectifs suivants, en fonc-tion des secteurs :

– Dans les secteurs identifiés comme prio-ritaires, les contrôles conjoints des servicesDGT, ACOSS, CCMSA et Douanes devront auterme du plan national représenter 50 %

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 29

L’identification des ressortissants de pays tiers en situation de travail illégal

[65] Directive 96/71/CE du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 1996 concernant le détachement de travail-leurs effectué dans le cadre d'une prestation de services.http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:31996L0071&from=fr.

[66] Commission nationale de lutte contre le travail illégal, op. cit.

[67] Idem.

La réforme de l’organisationdu système d’inspection dutravail66

La réforme de l’organisation du systèmed'inspection du travail est entrée en vigueurle 1er janvier 2015. Une unité régionaled’appui et de contrôle de lutte contre letravail illégal a été créée dans chaque éche-lon régional des DIRECCTE, afin d’apporterune expertise et de conduire des contrôlesen liaison étroite avec les nouvelles unitésde contrôle territoriales.

Un groupe national de veille, d’appui et decontrôle, composé d’agents de contrôle del’inspection du travail, a été également misen place en 2015. Il peut intervenir sur l’en-semble du territoire, seul ou avec les agents

compétents territorialement, pour prendreen charge ou appuyer les interventions.Ainsi, l ’ inspection du travail disposeaujourd’hui de moyens permettant de coor-donner et de mener des investigations etdes contrôles, de centraliser et de partagerdes données utiles sur les entreprises quiinterviennent sur l’ensemble du territoirenational. Ces unités, toutes dédiées à lalutte contre le travail illégal, ont fortementcontribué à la professionnalisation desagents de contrôle de l’inspection et à unemeilleure coordination des services.

Parallèlement, le plan de transformation del’emploi des contrôleurs du travail a conduità former 250 agents de contrôle pendant 10mois, soit 12 % des effectifs de contrôle.

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des opérations conduites dans lessecteurs de l’agriculture, des transports, duBTP, des services aux entreprises, deshôtels-cafés-restaurants et du spectacle.

– Sur l’ensemble des secteurs profession-nels, l’objectif de 25 % de contrôlesconjoints (contrôle commun à au moinsdeux services de contrôle) est maintenu,comme dans le cadre du PNLTI 2013-2015.

Le plan porte également une attention particu-lière sur la nécessité de réaliser une part signi-ficative des opérations conjointes en horairesatypiques (week-end, soirée…).

Dans les secteurs identifiés par le PNLTIcomme prioritaires pour les actions de contrôle,un tiers des contrôles effectués en 2013et 2014 s’est déroulé dans le cadre d’opéra-tions conjointes, dépassant ainsi les objectifsfixés par le PNLTI 2013-2015. Le bilan descontrôles dans les secteurs identifiés par lePNLTI68souligne qu’en 2013, 33 % des entre-prises contrôlées l’ont été dans le cadre duCODAF69 ou d’un partenariat inter-administra-tion. Le taux d’opérations conjointes organiséesdans le cadre d’un comité oscillait, depuis2006, entre 20 % et 24 %. Il atteint sonniveau le plus élevé en 2013 (33 %) et sestabilise en 2014 (32,8 %).

Selon le bilan du PNLTI 2013-201570, les procé-dures issues de contrôles conjoints entreplusieurs administrations ou organismes decontrôle représentent plus d'un procès-verbalsur quatre (27 % en 2014), soit 2 047contrôles (26 % en 2013). L'objectif de 25 %des contrôles réalisés conjointement estrespecté et le nombre de procédures issuesd'une action organisée dans le cadre desCODAF représente désormais les deux tiers desactions conjointes.

La révision des articles L. 114-16-1 à L. 114-16-3 du Code de la sécurité sociale a permisaux agents habilités d’échanger tous rensei-gnements utiles à la recherche des infra-

ctions de travail illégal. Cette mesure favoriseune collaboration efficace de l’ensemble desadministrations et des organismes concernéespar les fraudes générées par le travail dissi-mulé et de traiter tous les aspects de cettedélinquance : les conséquences pénales, lessanctions civiles et administratives mais égale-ment les incidences fiscales et sociales liées aunon-paiement des impôts, des taxes et descotisations sociales.

On observe souvent un cumul de l’infractionrelative à l’emploi d’étranger non autorisé àtravailler avec l’infraction de travail dissi-mulé. La coopération est donc source d’effica-cité pour traiter dans sa globalité les manque-ments constatés, notamment le rétablissementdes droits des salariés étrangers.

Ainsi, les agents de contrôle des URSSAF, qui nesont pas compétents pour relever l’infractiond’emploi d’étranger non autorisé à travailler,peuvent transmettre l’information relative à lacommission de cette infraction aux agentscompétents.

Depuis la loi du 2 août 2005, de la même façon,les agents de la Direction générale de la concur-rence, de la consommation et de la répressiondes fraudes (DGCCRF) peuvent transmettre auxagents compétents des renseignements en leurpossession relatifs à des faits de travail illégal.

Enfin, dans le cadre de la réforme du système del’inspection du travail, ont été créées uneinstance régionale d’appui et de contrôledédiée à la lutte contre le travail illégal(URACTI) et une instance nationale, le groupenational de veille, d’appui et de contrôle(GNVAC). Ces deux instances sont de nature àrenforcer, sur l’ensemble du territoire, les investi-gations et les coopérations, nationales commeinternationales, nécessaires face aux dossiers deplus en plus complexes. Ces instances s’inscri-vent pleinement dans l’organisation interinstitu-tionnelle de lutte contre la fraude aux financespubliques71.

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[68] Direction générale du travail, Bilan des contrôles dans les secteurs prioritaires identifiés par le plan national de luttecontre le travail illégal en 2014, op. cit.

[69] C’est-à-dire des contrôles effectués par au moins deux administrations distinctes, par exemple entre les services de l’URSSAF et l’inspection du travail.

[70] Commission nationale de lutte contre le travail illégal, op. cit.

[71] Entretien réalisé auprès de représentants de la DNLF, janvier 2017.

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Des coopérations peuvent également être misesen œuvre sur des thématiques spécifiques. Uneconvention a été signée le 29 mars 2016 entrela direction générale de la gendarmerie nationaleet la direction générale du travail. Elle définit lesmodalités de coopération en matière de luttecontre le travail illégal et la traite des êtreshumains et vise à développer les échangesopérationnels entre la gendarmerie et l’inspec-tion du travail.

Le rapport de la DGT sur l’analyse de la verbali-sation du travail illégal met en avant les défis etles bonnes pratiques que représentent lesopérations conjointes72. Un contrôle conjoint viseà mobiliser un grand nombre d’agents, ce quipermet de réaliser un contrôle efficace sur l’en-semble des personnes dans des lieux ouverts,tels que les chantiers du bâtiment ou les champsagricoles, ou dans des lieux accueillant dupublic, tels que les discothèques ou les specta-cles. La présence des forces de l’ordre permetde sécuriser le périmètre et de retenir lespersonnes qui pourraient être tentées de quitterles lieux de manière précipitée. Le contrôleconjoint permet également de combiner plusfacilement des actions sur site et sur siègepour une même entreprise. Enfin, il permet demutualiser les missions, pouvoirs et compé-tences des agents.

Cependant, les contrôles conjoints présententl’inconvénient de complexifier le montage ducontrôle, en raison du nombre d’administrationsimpliquées, ce qui peut engendrer des délais, descoûts et des risques de fuite. Le rapport de laDGT précise en outre qu’un contrôle conjoint doitrépondre à des règles précises de procédure,notamment pour les officiers de police judiciaire,conformément au Code de procédure pénale,pouvant, à défaut, invalider le procès-verbalpour non-conformité. Dans le cadre notammentdes opérations de lutte contre le travail desétrangers non autorisés à travailler, les risquesde confusion entre police de l’immigration etlutte contre le travail illégal nécessitent une défi-

nition préalable des rôles et le respect des iden-tités professionnelles, conformément à la circu-laire du 20 décembre 2006 sur le positionne-ment de l’inspection du travail dans la luttecontre l’emploi d’étrangers sans titre de travail etle travail dissimulé.

Dans le domaine de la police judiciaire, la coordi-nation opérationnelle est assurée par deuxoffices centraux:

– L’Office central de lutte contre le travailillégal (OCLTI), créé par le décret n°2005-455 du 12 mai 2005 et relevant de lagendarmerie nationale, dont l’une desmissions est d’animer et de coordonner, àl’échelon national et au plan opérationnel, lesinvestigations de police judiciaire relativesaux infractions en matière de travail illégal. Iljoue également le rôle d’interface pour lacoopération policière internationale.

– L’Office central pour la répression de l’im-migration irrégulière et de l’emploi d’étran-gers sans titre (OCRIEST), créé par le décretn°96-691 du 6 août 1996 et relevant de lapolice nationale (Direction centrale de lapolice aux frontières (DCPAF)), qui estnotamment chargé d’animer et de coordon-ner sur le plan opérationnel et national lalutte contre les auteurs des infractions liéesà l’immigration irrégulière et à l’emploid’étranger sans titre.

Le bilan de la DNLF73 souligne que le recours auxdifférents de canaux de coopération, qu’ils’agisse de la coopération administrative oupolicière, par le biais de la DGT, d’Interpol etd’Europol, est essentiel dans la conduite desenquêtes, notamment en cas de détachementtransnational frauduleux de salariés ou detrafic de main-d’œuvre. Le groupe relationsinternationales (GRI) de l’Office central delutte contre le travail illégal (OCLTI) participeainsi aux travaux de différents réseaux et degroupes de travail interministériels.

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 31

L’identification des ressortissants de pays tiers en situation de travail illégal

[72] Direction générale du travail, Analyse de la verbalisation du travail illégal en 2014, op. cit.

[73] DNLF, Lutte contre la fraude, Bilan 2015, op. cit.

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[74] Décret n° 2008-371 du 18 avril 2008 relatif à la coordination de la lutte contre les fraudes et créant une délégationnationale à la lutte contre la fraude. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000018663877

[75] Article L. 8271-1-2 du Code du travail.

[76] Commission nationale de lutte contre le travail illégal, op. cit.

[77] Idem.

Les comités opérationnelsdépartementaux anti-fraude(CODAF) : une coordinationterritoriale visant à amélio-rer l’efficacité de la luttecontre la fraude

Les comités locaux de lutte contre la fraudeaux finances publiques ont été créés à titreexpérimental par le décret du 18 avril 2008modifié74, simultanément à la création de laDNLF. En mars 2010, à la fin de l’expérimen-tation, les comités opérationnels départe-mentaux anti-fraude (CODAF) sont créés. Ilssuccèdent aux comités opérationnels delutte contre le travail illégal (COLTI), face auconstat que ces derniers ne fonctionnaientpas. L’action des CODAF est pilotée par laDNLF. Ils sont compétents sur les fraudessociales, les fraudes fiscales et douanières etsur le travail illégal. L’action continue de laDNLF en matière de coordination des actionsde lutte anti-fraude des administrations etdes organismes sociaux a également permisde mobiliser ceux-ci, avec des résultats entrès forte progression depuis la création decette nouvelle délégation en 2008.

La lutte contre le travail illégal mobilise huitservices de contrôle75, compte tenu desdifférentes formes de fraude existante. Lamobilisation de ces agents suppose unecoordination territoriale, représentée par lescomités opérationnels départementauxanti-fraude (CODAF).

Les CODAF réunissent, sous la co-prési-dence du préfet de département et duprocureur de la République du chef-lieu dudépartement, les services de l’État (police,gendarmerie, administration préfectorale,fiscale, douanière et du travail) et les orga-nismes locaux de protection sociale (Pôle

emploi, URSSAF, caisses d’allocations fami-liales, d’assurance maladie et de retraite, lerégime social des indépendants (RSI), lamutualité sociale agricole (MSA)) afin d’ap-porter une réponse globale et concertée auxphénomènes de fraude, qu’ils concernent lesprélèvements obligatoires ou les prestationssociales.

Les CODAF sont chargés d’améliorer laconnaissance réciproque entre lesservices, d’organiser des opérations deterrain en commun (avec au moins deuxpartenaires), de proposer des formations etde partager les expériences afin d’amélio-rer l’efficacité de la lutte contre les fraudes.Ils permettent d’organiser des échanges designalement entre partenaires à l’origine dedétections de fraudes.

La révision des articles L. 114-16-1 à L. 114-16-3 du Code de la sécurité socialea permis aux CODAF d’être inclus dans lesdispositifs d’échanges d’informationsentre les agents de l’État et les orga-nismes de sécurité sociale dans les« missions de recherche et de constatationdes fraudes en matière sociale », ainsi quele « recouvrement des cotisations et contri-butions dues et des prestations socialesversées indûment ».

Selon le bilan du PNLTI 2013-201576, lenombre de procédures issues d'une actionorganisée dans le cadre des CODAF repré-sente les deux tiers des actions conjointes.

Le PNLTI 2016-201877 reprend l’objectif duprécédent plan d’organiser des opérationsconjointes au sein des CODAF afin de luttercontre l'emploi illégal de ressortissants depays tiers.

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3. L’organisation et les modesd’intervention de l’inspectiondu travail

3.1. Les contrôles de l’inspection dutravail et la transmission des procès-verbaux

Les inspecteurs du travail se déplacent directe-ment sur le site et procèdent à l’analyse desdossiers. Ils peuvent également demander desinformations, y compris à leurs homologueseuropéens via des bureaux de liaison (notam-ment en ce qui concerne les fraudes au déta-chement).

Si un agent identifie un ressortissant de paystiers lors d’un contrôle, il applique la réglemen-tation en vérifiant d’abord son titre de travail.En cas de non possession de titre de travail parle salarié, c’est l’employeur qui est sanctionnépour cette infraction. Un procès-verbal esttransmis au procureur de la République78.

La loi de finances pour 201279 a introduit denouvelles dispositions relatives à la transmis-sion des procès-verbaux constatant les infra-ctions constitutives de travail illégal :

– Les agents de contrôle mentionnés à l’ar-ticle L. 8271-1-2 du Code du travail,habilités à constater les infractionsconstitutives de travail illégal, remettentune copie de leurs procès-verbaux aureprésentant de l’État dans le départe-ment afin que celui-ci puisse appliquer lessanctions administratives prévues par lesarticles L.8272-1 à L.8272-4 du Code dutravail ;

– Les agents de contrôle mentionnés à l’ar-ticle L. 8271-17, habilités à constaterl’emploi d’étrangers sans titre, remettentune copie de leurs procès-verbaux au

directeur général de l’Office français del’immigration et de l’intégration (OFII)pour permettre la liquidation de la contribu-tion spéciale (article L. 8253-1 du Code dutravail) et de la contribution forfaitaire(article L. 626-1 du Code de l’entrée et duséjour des étrangers et du droit d’asile(CESEDA)).

3.2. Les méthodes utilisées pourcibler les activités de contrôle

Au niveau national, le PNLTI fixe des objectifsspécifiques liés aux différentes formes detravail illégal et cible des secteurs prioritaires(agriculture, hôtels-cafés-restaurants, bâtimentset travaux publics, services aux entreprises etspectacle vivant et enregistré), en fonction desbesoins identifiés.

Les objectifs du plan national sont ensuitedéclinés au niveau régional. Le PNLTI 2016-201880 précise qu’une note d’orientation dupréfet de région relative à la lutte contre letravail illégal définira dans chaque région etpour la durée du plan national les axes straté-giques de l’action des services de contrôle encroisant les secteurs à prioriser et les théma-tiques de contrôle. Cette note constituera l’undes éléments du cadre de référence des plansd’action de chacun des services de contrôle,des actions coordonnées des CODAF, desactions de prévention, de sensibilisation et decommunication des services en charge de lalutte contre le travail illégal. Elle est élaboréepar le préfet de région, en concertation avec laDIRECCTE, l’ensemble des procureurs généraux,ainsi que les différents services concernés,parmi lesquels l’URSSAF, la MSA, la gendarme-rie et la police nationales, etc.

Le ciblage des actions à l’échelle régionalepermet à l’ensemble des services concernés

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 33

L’identification des ressortissants de pays tiers en situation de travail illégal

[78] Entretien réalisé auprès du Département du pilotage du système d’inspection du travail (DPSIT) au sein de la DGT,janvier 2017.

[79] Loi n° 2011-1977 du 28 décembre 2011 de finances pour 2012.https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000025044460&categorieLien=id

[80] Idem.

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d’échanger les informations afin de mieuxcerner le phénomène du travail illégal dans leurrégion et à définir ainsi des objectifs plusprécis et adaptés.

À titre d’exemple, le Préfet de la RégionBretagne a présenté aux services de l’État etaux partenaires, réunis le 13 mars 2017, unenote d’orientation servant de référence auxplans d’action, déclinés par les services del’État en concertation avec les Procureurs de laRépublique, pour les années 2017 et 2018.S’inscrivant dans le cadre du PNLTI, cette notecible plus particulièrement les fraudescomplexes, l’hébergement indigne, la traite desêtres humains et l’emploi d’étrangers non auto-risés à travailler81.

3.3. Les méthodes d’intervention del’inspection du travail

• LA PLANIFICATION DES CONTRÔLES

Les interventions des agents de contrôle surles lieux de travail, dans les entreprises ou surles chantiers, sont le plus souvent réaliséesdans le cadre du plan d’action défini au plannational ou territorial. Les DIRECCTE, quianiment le fonctionnement de l’inspection dutravail, organisent avec le Préfet, le Procureuret les instances locales, les réunions visant àdéterminer les priorités au niveau local.

Les agents en charge du contrôle n’ont pas d’ob-jectifs en termes de volume dans la mesure oùcertaines enquêtes plus complexes peuventdurer plus longtemps. Ils disposent d’une auto-nomie importante et peuvent notammentconduire les actions qu’ils souhaitent82.

Conformément à l’article L. 8112-1 du Code dutravail, les agents de contrôle de l'inspection du

travail sont associés à la définition des orien-tations collectives et des priorités d'intérêtgénéral pour le système d'inspection du travailarrêtées, chaque année, par le ministre chargédu travail après concertation avec les organisa-tions syndicales de salariés et les organisationsprofessionnelles d'employeurs représentatives,et ils contribuent à leur mise en œuvre.Ils sont libres d'organiser et de conduire descontrôles à leur initiative et décident dessuites à leur apporter.

L’analyse de la verbalisation du travail illégalmontre que la gendarmerie est le premiercorps verbalisateur, en dressant 28 % desprocès-verbaux. L’inspection du travail, quidresse 24 % des procédures, est le deuxièmecorps verbalisateur. L’URSSAF et la police ensignent chacun 22 %83.

Près de deux tiers des procédures decontrôle sont lancées à l’initiative des agents(64 % en 2014, ce chiffre étant stable depuis2003). 12 % proviennent d’un signalement, telqu’une plainte, une dénonciation ou encore unsignalement par service84.

• LA PROCÉDURE DE SAISINE

Selon le Département du pilotage du systèmed’inspection du travail, il peut y avoir desdénonciations mais cela reste assez rare et nes’avère pas toujours fondé.

Il existe deux moyens de contacter l’inspectiondu travail : par téléphone ou par e-mail. Lescoordonnées sont disponibles sur le site duministère du travail. Il est également possibled’appeler le service du renseignement dutravail. Il est prévu de mettre prochainement àdisposition un seul numéro de téléphone duservice du renseignement du travail, qui puisse

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[81] Communiqué de presse de la Préfecture de la Région Bretagne, Lutter contre le travail illégal et le détachement fraudu-leux : l’État, les organismes sociaux et les acteurs économiques se mobilisent, 13 mars 2017.http://www.prefectures-regions.gouv.fr/bretagne/content/download/31970/217387/file/Communiqué%20Presse%20reunion%20LTI_13mars_validé.pdf

[82] Entretien réalisé auprès de représentants du DPSIT, janvier 2017.

[83] Direction générale du travail, Analyse de la verbalisation du travail illégal en 2014, op. cit.

[84] Idem.

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être connu de tous. Il n’existe donc pas pourl’instant de numéro d’alerte sur le travail illégal85.

• LES ÉLÉMENTS CONTRÔLÉS86

La loi du 16 juin 2011 relative à l’immigration,à l’intégration et à la nationalité87 a étendules prérogatives dont disposaient les agentsde contrôle en matière de constat des infra-ctions de travail dissimulé aux infractionsd’étrangers non autorisés à travailler (Codedu travail, article L. 8271-2 et suivants). Leurpouvoir en termes de contrôle comprend lacommunication de documents (article L.8271-9 du Code du travail), l’audition depersonnes (article L. 8271- 6 du Code dutravail), la visite des lieux (article L. 827-13du Code du travail), et la vérification del’identité des personnes (articles L. 8112-1et L. 8112-2 du Code du travail).

Tous les éléments liés au dossier du person-nel sont contrôlés. Au cours de leur visite, lesagents de contrôle de l'inspection du travailpeuvent se faire présenter l'ensemble deslivres, registres et documents rendus obliga-toires par le Code du travail ou par une dispo-sition légale relative au régime du travail (arti-cle L. 8113-4 du Code du travail), tels que leregistre unique du personnel, le livre de paie, leregistre des délégués du personnel, les fichespermettant d’assurer le suivi du temps detravail, les déclarations d’embauche des sala-riés, les contrats de travail et bulletins desalaire des salariés, etc.

Outre les documents contrôlés, les agents decontrôle de l’inspection du travail peuventinterroger tous les salariés de l’entreprise etrencontrer les représentants du personnel afinde les interroger sur les conditions de travail.Ils ont également la possibilité de consulter

trois bases de données :– AGDREF (application de gestion des

dossiers des ressortissants étrangers enFrance)88.

– DPAE (déclaration préalable à l’embauche) :il s’agit de la principale base consultée,sauf pour le salarié détaché, qui doit fairel’objet d’une déclaration en ligne.

– SIPSI (système d'information sur les presta-tions de service internationales) : cettedéclaration de détachement doit être effec-tuée par l’employeur, avant le début de laprestation, à l'unité territoriale de laDIRECCTE du lieu où doit être effectuée laprestation.

En ce qui concerne les ressortissants de paystiers, les questions posées par l’agent encharge du contrôle concernent leur identité,leur situation et le fait qu’ils sont ou non enpossession d’une autorisation de travail et d’untitre de séjour, la durée de séjour en France etde travail dans l’entreprise. L’agent vise égale-ment à obtenir des informations liées au droitdu salarié, telles que le fait d’être déclaré, lapossession d’un contrat de travail, la perceptiond’un salaire et de bulletins de paie, le nombred’heures travaillées, le respect des conditionsde travail, etc.Afin de croiser les informations obtenues, lesmêmes questions sont ensuite posées à l’em-ployeur.

La carte BTP (voir le point 2.2. sur les débatspolitiques sur le travail illégal dans la section 1sur la présentation de la situation en France)nouvellement créée, qui comporte des informa-tions sur l’employé et son employeur, permet defaciliter les contrôles sur les chantiers, grâce àun système de traitement automatisé des infor-mations et à la lecture d’un flashcode.

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 35

L’identification des ressortissants de pays tiers en situation de travail illégal

[85] Entretien réalisé auprès du Département du pilotage du système d’inspection du travail (DPSIT) au sein de la DGT,janvier 2017.

[86] Idem.

[87] Loi n°2011-672 du 16 juin 2011 relative à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité.https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000024191380&dateTexte=&categorieLien=id

[88] L’application informatique de gestion des dossiers des ressortissants étrangers en France a été mise en service en 1993(décret du 29 mars 1993). Cet outil permet aux utilisateurs des préfectures et de l'administration centrale de gérer etconsulter les dossiers individuels, selon leur niveau d'habilitation, dans des bases d'informations communes.

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• LES POUVOIRS EN MATIÈRE DE RECHERCHE ETDE PERQUISITION DES INSPECTEURS

Conformément à l’article L. 8112-1 du Code dutravail, les agents de contrôle de l'inspection dutravail disposent d'une garantie d'indépen-dance dans l'exercice de leurs missions au sensdes conventions internationales concernantl'inspection du travail. Ils sont chargés de veil-ler à l'application des dispositions du Code dutravail et des autres dispositions légales rela-tives au régime du travail, ainsi qu'aux stipula-tions des conventions et accords collectifs detravail. Ils sont également chargés, concurrem-ment avec les officiers et agents de police judi-ciaire, de constater les infractions à ces dispo-sitions et stipulations.

Les agents de contrôle de l’inspection du travaildisposent d’un droit d’entrée, de jour commede nuit, dans tout établissement et lieu detravail où sont applicables les dispositions duCode du travail, à l’exception des locaux habi-tés où ils ne peuvent pénétrer qu’après avoirl’autorisation des personnes qui les occupent(article L. 8113-1 du Code du travail).

Contrairement aux services de police quidoivent obtenir un mandat, les agents decontrôle de l’inspection du travail n’ont pasbesoin d’autorisation pour entrer dans l’en-treprise. Ils ont compétence sur l’ensemble duCode du travail et disposent d’un pouvoir assezimportant. Ils sont indépendants à l’égard detoute influence extérieure dans l’exercice deleurs missions, le Préfet n’ayant pas autoritésur l’inspection du travail.

En revanche, ils n’ont pas de pouvoir judiciaireet ne peuvent pas faire de perquisitions, cettecompétence relevant des officiers de policejudiciaire89.

• LA FRÉQUENCE DES INSPECTIONS RÉALISÉESDANS LES DIFFÉRENTS SECTEURS

En 2014, 7 630 procès-verbaux relatifs autravail illégal ont été enregistrés par lesservices en charge de la lutte contre le travailillégal, contre 9 050 en 2013, soit une baissede 16 %. Le rapport de la DGT précise que cechiffre ne traduit pas une baisse des actionsde contrôle mais s’explique par plusieursfacteurs, en particulier par le caractère deplus en plus complexe des affaires traitées,qui rendent leur détection plus difficile etleur instruction plus longue90.

Certaines enquêtes complexes peuvent doncdurer plus longtemps. Par ailleurs, il convientde noter que 250 contrôleurs, soit 10 % del’effectif, sont en formation chaque annéependant 10 mois ce qui diminue la capacitéde contrôle.

La durée moyenne de constitution d’unprocès-verbal est d’environ cinq mois pourune durée cumulée de plus d’un million dejours91. L’amplitude du nombre de jours deconstitution des dossiers pour chaque procé-dure souligne nettement l’hétérogénéité desaffaires, allant de moins de dix jours pour14 % des procédures à plus d’un an pour 9 %d’entre elles. En 2014, la durée moyenne deconstitution d’un procès-verbal est de 149jours. Trois procédures sur quatre sont consti-tuées dans les six mois suivant le premierconstat. Un peu moins d’une procédure surdeux est constituée dans les deux moissuivant la date du constat (42 %), dont 14 %en moins de dix jours. Près d’un tiers a unedurée comprise entre deux et six mois92.

36 | Avril 2017 | Quatrième étude ciblée 2016 du REM

Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[89] Entretien réalisé auprès du Département du pilotage du système d’inspection du travail (DPSIT) au sein de la DGT,janvier 2017.

[90] Direction générale du travail, Analyse de la verbalisation du travail illégal en 2014, op. cit.

[91] Idem.

[92] Direction générale du travail, Analyse de la verbalisation du travail illégal en 2014, op. cit.

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4. Les défis et les bonnespratiques liés aux mesuresd’identification des ressortis-sants de pays tiers en situa-tion de travail illégal enFrance93

Le travail illégal est un phénomène difficile àappréhender. Plusieurs défis ont été identifiéspar les acteurs interrogés dans le cadre decette étude :

– La complexité croissante et l’évolutionrapide des fraudes, auxquelles s’ajoute lavolatilité de certaines entreprises, quirendent les contrôles plus difficiles etnécessitent une adaptation constante et untravail d’investigation plus long de la partdes agents, le développement de nouveauxoutils, une activité de veille sur lesnouveaux types de fraude, et un renforce-ment de la coopération entre les acteursafin de lutter efficacement contre cephénomène ;

– L’enjeu financier, représentant des pertesimportantes en termes de cotisationssociales et d’impôts ;

– L’important travail d’adaptation desservices concernés, face au nombre impor-tant de réformes et de nouveaux textesde lois au cours des dernières années.

Un certain nombre de bonnes pratiquespeuvent être mises en lumière au regard desbilans réalisés par la DGT et des entretiensmenés dans le cadre de cette étude :

– Le rôle des CODAF, qui permettent derenforcer les actions de lutte contre lafraude à l’échelle locale.

– Le renforcement des actions de coopéra-tion entre les différents services concer-nés, qui favorise une montée en compé-tences en termes de mode opératoire etd’échanges de bonnes pratiques.

– Le renforcement des sanctions, tant admi-nistratives que pénales, qui peuvent avoirun impact direct et créer un effet dedissuasion.

– Les changements en termes d’organisa-tion de l’inspection du travail, avec lamise en place d’équipes régionales etnationales, destinées à renforcer lesmissions d’investigation et de coopération,et de lutter ainsi plus efficacement contreles fraudes complexes.

Le bilan de la DGT94 souligne l’intérêt de lacoopération interservices :

– Lors des contrôles : la coopération entreadministrations favorise la variété desinterventions et la multiplicité desacteurs. Elle permet de mener des actionsintégrant un nombre conséquent d’agentsdans des délais pouvant être courts, d’élar-gir les champs d’investigation, les plageshoraires et le nombre d’entreprises contrô-lées simultanément.

– A priori ou a posteriori des contrôles :elle enrichit les pistes de recherche, lesinvestigations et par là même le ciblage.Elle permet une meilleure efficacité desrecouvrements sociaux. La complexité dessituations de fraude nécessite de plus enplus l ’ intervention coordonnée deplusieurs corps de contrôle avec desprérogatives et des moyens différentsmais complémentaires.

– Ces contrôles exercent un fort effetpédagogique et dissuasif sur les profes-sionnels contrôlés. La presse quotidiennerégionale est souvent associée pourrévéler les opérations d’envergure etengendrer un effet de dissuasion descomportements de fraude.

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 37

L’identification des ressortissants de pays tiers en situation de travail illégal

[93] Ce paragraphe a été réalisé sur la base des entretiens menés auprès de représentants du Département du pilotage dusystème d’inspection du travail (DPSIT) et de représentants de la DNLF en janvier 2017, ainsi que des questionnairescomplétés par les DIRECCTE Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est, et Hauts-de-France, en mars 2017.

[94] Direction générale du travail, Bilan des contrôles dans les secteurs prioritaires identifiés par le plan national de luttecontre le travail illégal en 2014, op. cit.

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38 | Avril 2017 | Quatrième étude ciblée 2016 du REM

Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[95] Direction générale du travail, Bilan des contrôles dans les secteurs prioritaires identifiés par le plan national de luttecontre le travail illégal en 2014, op. cit.

[96] Le Bilan des contrôles dans les secteurs prioritaires identifiés par le PNLTI retrace les activités de contrôles des diffé-rentes administrations impliquées dans la lutte contre le travail illégal (hors police et gendarmerie). Il est dressé à partird’une grille d’analyse envoyée à chaque service départemental qui doit consolider les indicateurs d’activité pour le dépar-tement dont il a la charge.

Bilan95 des contrôles dansles secteurs prioritairesidentifiés par le PNLTI96

En 2014, 57 300 établissements relevantdes secteurs prioritaires identifiés par lePNLTI ont été contrôlés, contre près de66 000 en 2013. Le secteur du BTP concen-tre 38 % des contrôles, celui des hôtels-cafés-restaurants, 25 %, et celui de l’agri-culture, 18 %.

Parmi ces contrôles, plus de 18 800contrôles d’entreprises ont été effectuéslors d’une opération conjointe à plusieurscorps de contrôle, soit plus d’un tiers descontrôles. En 2014, 28 % de ces contrôlesconjoints ont été effectués dans le secteurdu BTP, 28 % dans les hôtels-cafés-restau-rants et 26 % dans le secteur de l’agricul-ture. Le bilan du PNLTI met en lumière lamontée en compétence engendrée par cescoopérations, en termes de modes opéra-

toires, d’échanges de bonnes pratiques et demise en œuvre d’opérations de sensibilisa-tion et de prévention des acteurs écono-miques sur les risques liés au travail illégal.

17,6 % de l’ensemble des entreprisescontrôlées sont en infraction (soit 10 100entreprises en infraction). Ce pourcentagereste stable par rapport aux années précé-dentes (18,8 % en 2013 et 18,7 % en2012).

Le bilan souligne l’hétérogénéité des infra-ctions et des organisations frauduleusesconstatées. En 2014, la principale infractiondans les secteurs prioritaires identifiés parle PNLTI concerne le travail dissimulé (83 %des constats), suivi par le prêt illicite demain-d’œuvre et le marchandage (13 %),et l’emploi d’étrangers sans titre (4 %). Onobserve donc une baisse de l’infractiond’emploi d’étrangers sans titre, qui repré-sentait 7 % des constats en 2013.

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1. Les sanctions pénales et administratives applicables auxemployeurs

1.1. Les sanctions administratives applicables aux employeurs

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 39

Les sanctions à l’encontre des employeurs

SECTION 4. LES SANCTIONS ÀL’ENCONTRE DES EMPLOYEURSL’objectif de cette section est de recenser les types de sanctionsinfligées aux employeurs qui ont été identifiés comme employantillégalement des ressortissants de pays tiers, tout en présentantdes exemples de bonnes pratiques en la matière.

Types de sanctionsà l’encontre des

employeursApplication des sanctions

Amendes Des amendes existent pour les personnes physiques et les personnes morales :– Pour travail dissimulé (dissimulation intentionnelle de tout ou partie d’un emploi

salarié, ainsi que les faux statuts: faux stagiaire, etc. ; soustraction intentionnelle auxdéclarations relatives aux salaires et cotisations sociales) ;

– Pour prêt de main-d’œuvre illicite et marchandage;– Pour emploi irrégulier d’étranger.

Voir tableau récapitulatif ci-dessous.

Les articles L. 8251-1 et suivants et L. 8253-1 et suivants du Code du travail sanctionnentd’une amende l’employeur ayant employé un étranger non autorisé à exercer une activitésalariée en France.

Les contributions spéciale (articles L. 8251-1 et suivants et L. 8253-1 et suivants duCode du travail) et forfaitaire de réacheminement de l’étranger dans son paysd’origine (article L. 626-1 du CESEDA) sont infligées à l’employeur ayant directement ouindirectement employé un étranger non autorisé à exercer une activité salariée en Franceou en situation irrégulière au regard du séjour.Ces amendes sont applicables autant de fois qu’il y a d’étrangers en situation irrégulière.

Voir tableau récapitulatif ci-dessous.

Confiscation desbénéficesfinanciers

L’article L. 8256-5 du Code du travail prévoit de confisquer tout ou partie des biens,quelle qu’en soit la nature.

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[97] Travail dissimulé, marchandage, prêt illicite de main-d’œuvre, emploi d’étranger sans titre de travail.

[98] Inspecteurs et contrôleurs du travail, officiers et agents de police judiciaire, etc.

Types de sanctionsà l’encontre des

employeursApplication des sanctions

Inéligibilité pourdes contratspublics

Lorsque l’autorité administrative a connaissance d’un procès-verbal relevant uneinfraction prévue aux 1° à 4° de l’article L. 8211-197 du Code du travail ou d’un rapportétabli par l’un des agents de contrôle mentionnés à l’article L. 8271-1-298 du Code dutravail constatant un manquement prévu aux mêmes 1° à 4°, elle peut, si la proportionde salariés concernés le justifie, eu égard à la répétition ou à la gravité des faitsconstatés, ordonner par décision motivée la fermeture de l’établissement ayant servià commettre l’infraction, à titre temporaire et pour une durée ne pouvant excéder 3mois.

Cette décision de fermeture temporaire de l’établissement n’entraîne ni rupture, nisuspension du contrat de travail, ni aucun préjudice pécuniaire à l’encontre des salariésde l’établissement.

(articles L. 8272-2 et R. 8272-7 à R. 8272-9 du Code du travail)

Dans la même situation et pour les mêmes infractions, l’autorité administrative peutordonner, par décision motivée prise à l’encontre de la personne ayant commisl’infraction, l’exclusion des contrats administratifs mentionnés aux articles L. 551-1et L. 551-5 du Code de justice administrative, pour une durée ne pouvant excéder 6mois.

(articles L. 8272-4 et R. 8272-10 et R. 8272-11 du Code du travail)

Le fait de ne pas respecter les décisions administratives mentionnées ci-dessus estpuni d’un emprisonnement de deux mois et d’une amende de 3 750 €.

Par ailleurs, les articles L. 8256-3 et L. 8256-4 du Code du travail prévoient des peinescomplémentaires pour les personnes physiques coupables d’avoir, directement ou parpersonne interposée, embauché, conservé à son service ou employé un étranger nonmuni du titre l’autorisant à exercer une activité salariée en France :

– interdiction pour une durée de cinq ans au plus d’exercer l’activitéprofessionnelle dans l’exercice de laquelle l’infraction a été commise ;

– exclusion des marchés publics pour une durée de cinq ans au plus ;– confiscation des objets ayant servi directement ou indirectement à commettre

l’infraction ;

Fermeturetemporaire oudéfinitive del’entreprise ou duchantier

Confiscation deséquipements/biens

– Voir ci-dessus pour les personnes physiques coupables d’avoir embauché, conservéà son service ou employé un étranger non autorisé à travailler.

– Pour les personnes morales condamnées lorsque l’infraction a été commise en bandeorganisée (3e alinéa de l’article L. 8256-3), ils peuvent également se voir confisquertout ou partie de leurs biens, quelle qu’en soit la nature (article L. 8256-8).

Retrait du titre deséjour sil’employeur est unressortissant depays tiers

La carte de résident peut être retirée à tout employeur (personne physique) ayantoccupé un travailleur étranger en violation des dispositions du Code du travail (article L.314-6 du CESEDA)

L’article L. 8256-3 du Code du travail prévoit pour les personnes physiques coupablesd’avoir, directement ou par personne interposée, embauché, conservé à son service ouemployé un étranger non muni du titre l’autorisant à exercer une activité salariée enFrance, une interdiction de séjour pour une durée de cinq ans au plus.

Autres sanctions >Refus et remboursement des aides publiquesLorsque l’autorité compétente a connaissance d’un procès-verbal relevant d’une desinfractions constitutives de travail illégal, elle peut, eu égard à la gravité des faitsconstatés, à la nature des aides sollicitées et à l’avantage qu’elles procurent àl’employeur, refuser d’accorder, pendant une durée maximale de 5 ans, certaines des

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Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 41

Les sanctions à l’encontre des employeurs

Types de sanctionsà l’encontre des

employeursApplication des sanctions

Autres sanctions(suite)

aides publiques en matière d’emploi, de formation professionnelle et de culture à lapersonne ayant fait l’objet de cette verbalisation.(articles D. 8272-3 et D. 8272-4 du Code du travail)Cette décision de refus n’exclut pas, par ailleurs, l’engagement de poursuites judiciairespouvant conduire au prononcé de sanctions pénales.

L’autorité administrative peut également demander, eu égard aux critères mentionnésci-dessus, le remboursement de tout ou partie des mêmes aides publiques octroyées aucours des douze mois précédant l’établissement du procès-verbal de constatation del’infraction.

(articles D. 8272-5 et D. 8272-6 du Code du travail)

Le fait de ne pas respecter cette décision administrative est puni d’un emprisonnementde deux mois et d’une amende de 3 750 €.

Sont notamment concernés les dispositifs suivants : les contrats d’apprentissage, lescontrats uniques d’insertion, les contrats de professionnalisation, les aides etsubventions de soutien à la création, à la production et à la diffusion du spectacle vivantet enregistré.

Si l’entreprise ou son responsable de droit ou de fait ont été verbalisés dans les 12 moisprécédant la demande d’aide, l’autorité compétente peut décider de refuser l’aidesollicitée.

>Annulation de certaines mesures de réduction ou d’exonération de cotisationsen cas de travail dissimuléLe bénéfice de toute mesure de réduction et d’exonération, totale ou partielle, decotisations de sécurité sociale ou de contributions dues aux organismes de sécuritésociale, appliquée par un employeur ou un travailleur indépendant, est subordonnéau respect par l’employeur ou le travailleur indépendant des dispositions de l’articleL. 8221-1 du Code du travail prohibant le travail totalement ou partiellement dissimulé(dissimulation d’emploi salarié - absence de déclaration préalable à l’embauche, absencede bulletin de paie, etc. - ou dissimulation d’activité, telles que définies ci-dessus).

Lorsque l’infraction de dissimulation d’emploi salarié ou de dissimulation d’activité estconstatée par procès-verbal, l’organisme de recouvrement (en règle générale, l’URSSAFdont relève l’employeur) procède, dans la limite de la prescription applicable en matièrede travail dissimulé (c’est-à-dire cinq ans), à l’annulation des réductions ou exonérationsdes cotisations ou contributions mentionnées ci-dessus.(article L. 133-4-2 du Code de la sécurité sociale)

Par ailleurs, l’infraction définie aux articles L. 8221-3 (travail dissimulé par dissimulationd’activité) et L.8221-5 (travail dissimulé par dissimulation d’emploi salarié) du Code dutravail entraîne l’annulation des exonérations et réductions de cotisations etcontributions sociales applicables au titre des rémunérations versées aux salariésemployés par le donneur d’ordre pour chacun des mois au cours duquel il est constatépar procès-verbal de travail dissimulé qu’il a participé au délit de travail dissimulé enqualité de complice de son sous-traitant, et ce dès l’établissement du procès-verbal.

>L’article 131-26 du Code pénal (L. 8256-3 du Code du travail) prévoit l’interdictiondes droits civiques, civils et de la famille.

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1.2. Les sanctions pénales99 applicables aux personnes physiques et auxpersonnes morales

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[99] Source : Direction générale du travail.http://travail-emploi.gouv.fr/droit-du-travail/lutte-contre-le-travail-illegal/article/les-sanctions-liees-au-travail-illegal

[100] Articles L. 8256-2 et L. 8256-7 du Code du travail.

SANCTIONSPÉNALES Travail dissimulé Prêt illicite de main-

d’œuvre et marchandageEmploi irrégulier

d’étrangers

Personnesphysiques

Emprisonnement de 3 ans etamende de 45 000 €.

En cas d’emploi dissimulé d’unmineur soumis à l’obligationscolaire, les peines encouruessont de cinq ans d’emprison-nement et de 75 000 €d’amende.

Lorsque les faits sont commisà l ’égard de plusieurspersonnes ou d’une personnedont la vulnérabilité ou l’étatde dépendance sont appa-rents ou connus de l’auteur,les peines sont de cinq ansd’emprisonnement et75 000 € d’amende.

Le fait de méconnaître lesinterdictions définies aux 1°et 3° de l’article en commet-tant les faits en bande orga-nisée100 est puni de dix ansd’emprisonnement et de100 000 € d’amende (L.8256-2 du Code du travail).

Et, le cas échéant, les peinescomplémentaires mention-nées à l’article L. 8224-3 duCode du travail.

Emprisonnement de deux anset amende de 30 000 €.

Les peines sont portées àcinq ans d’emprisonnement età 75 000 € d’amende :

1° Lorsque l’infraction estcommise à l ’égard deplusieurs personnes ;

2° Lorsque l’infraction estcommise à l’égard d’unepersonne dont la vulné-rabilité ou l ’état dedépendance sont appa-rents ou connus de l’au-teur.

Les peines sont portées à dixans d’emprisonnement et à100 000 € d’amende lorsquel’infraction est commise enbande organisée.

Et, le cas échéant, les peinescomplémentaires mention-nées à l’article L. 8234-1 duCode du travail (marchandage)ou L. 8243-1 (prêt illicite demain-d’œuvre).

Emprisonnement de cinq anset amende de 15 000 € (parétranger)*.

Ces mêmes peines s’appli-quent à celui qui a recourusciemment, directement ouindirectement, aux servicesd’un employeur sans titre(article L. 8256-2).

Les peines sont portées àcinq ans d’emprisonnement età 75 000 € d’amende :

1° Lorsque l’infraction estcommise à l ’égard deplusieurs personnes ;

2° Lorsque l’infraction estcommise à l’égard d’unepersonne dont la vulné-rabilité ou l ’état dedépendance sont appa-rents ou connus de l’au-teur.

Les peines sont portées à dixans d’emprisonnement et à100 000 € d’amende lorsquel’infraction est commise enbande organisée.

Et, le cas échéant, les peinescomplémentaires mention-nées aux articles L. 8256-3 àL. 8256-5 du Code du travail.

Personnesmorales Amende de 225 000 € Amende de 150 000 € Amende de 75 000 €

Et, le cas échéant, les peinesmentionnées aux 1° à 5°, 8°et 9° de l’article 131-39 duCode pénal**.

Et, le cas échéant, les peinesmentionnées aux 1° à 5°, 8°et 9° de l’article 131-39 duCode pénal**.

Et, le cas échéant, les peinesmentionnées aux 1° à 5°, 8°et 9° de l’article 131-39 duCode pénal**.

* Cette sanction n’est pas applicable à l’employeur qui, sur la base d’un titre frauduleux ou présenté frauduleusement parun étranger salarié, a procédé sans intention de participer à la fraude et sans connaissance de celle-ci à la déclaration auprèsdes organismes de sécurité sociale prévue à l’article L.1221-10 du Code du travail, à la déclaration unique d’embauche (DUE- depuis le 1er août 2011, la DUE a été fusionnée avec la « déclaration préalable à l’embauche » - DPAE - au sein d’uneDPAE rénovée et à la vérification auprès des administrations territorialement compétentes du titre autorisant cet étranger àexercer une activité salariée en France.

** Le prononcé de la peine complémentaire de fermeture provisoire d’établissement mentionnée au 4° de l’article 131-39 duCode pénal n’entraîne ni rupture, ni suspension du contrat de travail, ni aucun préjudice pécuniaire à l’encontre des salariésde l’établissement concerné.

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1.3. La contribution spéciale et lacontribution forfaitaire

En matière de lutte contre l’immigration irré-gulière, l’OFII apporte sa contribution à la luttecontre l’emploi d’étrangers non autorisés àtravailler. En effet, la loi de finances pour2011 a confié à l’OFII la constatation et laliquidation des contributions spéciale etforfaitaire représentative des frais deréacheminement de l'étranger dans sonpays d'origine, qui sont deux sanctions pécu-niaires administratives dont l'employeur,personne physique ou personne morale, d'unressortissant étranger démuni de titre peutêtre redevable. Ces amendes sont fondées surun procès-verbal dressé par les agents habi-lités à constater l ' infraction d'emploid'étrangers non autorisés à travailler (articleL. 8251-1 du Code du travail), et se distin-guent par la situation administrative duressortissant étranger :

– la contribution spéciale (CS) s'applique àl'employeur qui emploie des ressortissantsétrangers démunis d'autorisation de travailleur permettant d'exercer une activitésalariée sur le territoire ;

– la contribution forfaitaire (CF) s'appliqueà l'employeur qui emploie des ressortis-sants étrangers démunis de tout titre deséjour et donc en situation irrégulière.

L’employeur qui occupe un étranger non auto-risé à travailler en France s’expose, outre lespoursuites judiciaires qui peuvent être inten-tées, au paiement d’une contribution spécialeprévue par l'article L. 8253-1 du Code dutravail et, le cas échéant, d’une contributionforfaitaire représentative des frais deréacheminement de l'étranger dans sonpays d'origine, prévue par l’article L. 626-1du CESEDA, lorsque le salarié est égalementen situation irrégulière au regard du séjour.Les infractions sont constatées par les corpsde contrôle (inspection du travail, police,

gendarmerie, douanes), qui transmettent leursprocès-verbaux à l’OFII (article L. 8271-17 duCode du travail). L’OFII met alors en œuvreune procédure contradictoire préalable parlaquelle il invite l’employeur à présenter sesobservations (article R. 8253-3 du Code dutravail). Les deux contributions spéciale etforfaitaire sont ensuite liquidées par l’OFII etrecouvrées par l’État comme en matière decréances étrangères à l'impôt et au domaine(services fiscaux).

Le montant de la contribution spéciale esten principe de 5 000 fois le taux horaire duminimum garanti (3,54 euros au 1er janvier2017101), soit 17 700 euros, pour chaque sala-rié irrégulièrement employé. Il est réduit à2 000 fois ce taux (soit 7 080 euros) en casde non cumul d’infractions ou de paiementspontané des créances salariales dues au sala-rié étranger et à 1 000 fois ce taux (soit3 540 euros) lorsque les créances salarialesont été payées et que le procès-verbal nementionne qu’un salarié. En cas de récidive, lacontribution spéciale est égale à 15 000 foisle même taux (soit 53 100 euros), pourchaque salarié non autorisé.

Le montant de la contribution forfaitairereprésentative des frais de réacheminementde l'étranger dans son pays d'origine estfixé par deux arrêtés du 5 décembre 2006,dont l’un détermine les montants par zoned’éloignement au départ de la métropole(Afrique subsaharienne : 2 553 euros ;Amériques : 3 266 euros ; Asie du Sud-Est etMoyen-Orient : 2 309 euros ; Caucase/Europecentrale : 2 398 euros ; Maghreb : 2 124 euros)et l’autre, les montants par zone de destina-tion lorsque l’éloignement est effectué àpartir de la Guadeloupe, de la Guyane, de laMartinique ou de la Réunion (de 421 euros à7 709 euros).

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 43

Les sanctions à l’encontre des employeurs

[101] Décret n° 2016-1818 du 22 décembre 2016 portant relèvement du salaire minimum de croissance.https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2016/12/22/ETSX1637203D/jo/texte.

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44 | Avril 2017 | Quatrième étude ciblée 2016 du REM

Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[102] Source : OFII.

[103] Source : OFII le 30 décembre 2016 (données chiffrées consolidées pour 2016 non disponibles à cette date).

[104] Depuis le 1er janvier 2017, le produit des contributions spéciale et forfaitaire est intégralement acquis au budget del’État, la loi de finances pour 2017 ayant supprimé le principe de l’affectation au budget de l’OFII dans la limite d’unplafond (article 36 de la loi n° 2016-1917 du 29 décembre 2016).

Exemple de bonne pratique:bilan statistique des procès-verbaux transmis à l’OFII etdu recouvrement des contri-butions spéciale et forfai-taire pour l’année 2015102

En 2015103, les corps de contrôle ont trans-mis à l’OFII 1 547 procès-verbaux constatant2 449 infractions au travail, dont 2 199incluant également une infraction au séjour.En 2014, l’OFII avait été destinataire de1 568 procès-verbaux relevant 2 512 infra-ctions au travail, dont 2 276 incluant uneinfraction au séjour. Dans environ 90 % descas, l’employeur se voit donc infliger lesdeux contributions.

En 2015, 60 % des dossiers reçus, représen-tant 923 dossiers et 1 505 infractions,provenaient de huit départements : Paris, Vald’Oise, Seine-Saint-Denis, Seine-et-Marne,Guyane, Yvelines, Bouches-du-Rhône etHaute-Garonne. Inversement, pour 45 dépar-tements, l’OFII n’a reçu aucun dossier.

Sur 1 547 procès-verbaux transmis, 1 149faisaient suite à des contrôles de police(74 %), 245 de l’inspection du travail (16 %),148 de gendarmerie (10 %) et 5 desdouanes (0,3 %).

Certains secteurs d’activité sont surrepré-sentés : la construction (552 PV), l’héberge-ment et la restauration (343 PV), lecommerce (274 PV). Viennent ensuite laconfection et les industries manufacturières(61 PV), les activités de services (57 PV),l’agriculture (46 PV) et les autres secteursd’activité (214 PV).

En 2015, l’OFII a émis 1 559 décisions demise en œuvre des contributions pour unmontant total cumulé de 43,5 millions d’eu-ros dont 38,5 millions d’euros au titre de lacontribution spéciale et 5 millions d’euros autitre de la contribution forfaitaire.

Elles ont donné lieu à 568 recours gracieux(36 %), dont 545 rejets et 23 acceptationstotales ou partielles. L’OFII a défendu dans350 affaires en première instance devantles tribunaux administratifs et 84 affairesen appel. Sur 237 jugements, 173 ont étérendus par les tribunaux administratifs (TA)en faveur de l’OFII, 45 ont annulé partielle-ment la créance de l’OFII par application dubouclier pénal (article L. 626-1 alinéa 2 duCESEDA) et 19 ont prononcé une déchargetotale. L’OFII a fait appel de 8 jugements.Les cours administratives d’appel (CAA) ontrendu 10 arrêts, dont 9 en faveur de l’OFII.

Les contributions spéciale et forfaitaire sontrecouvrées par les finances publiques104. En2015, un montant total de 6,69 millionsd’euros a été recouvré par les DDFIP, dont5,595 millions au titre de la contributionspéciale et 1,098 million au titre de lacontribution forfaitaire. Le taux de recouvre-ment est faible (14 %).

S’agissant des créances salariales, l’OFII areçu 210 signalements des corps de contrôle(253 en 2014) et 7 fiches provenant desmédiateurs en centre de rétention adminis-trative (CRA). Aucune procédure de recouvre-ment des salaires, au titre de l’article L.8252-2 du Code du travail, n’a pu être enga-gée en 2015.

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Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 45

Les sanctions à l’encontre des employeurs

1.4 Les procédures applicableslorsque l’employeur n’a pas engagéintentionnellement un travailleurétranger en situation illégale

Avant d’embaucher un travailleur étrangerprésentant un titre l’autorisant au séjour et autravail en France, l’employeur doit s’assurer del’existence et de la validité de l’autorisationde travail (articles L. 5221-8 et R.5221-41 duCode du travail). Le fait d’avoir effectué cettedéclaration permet à l’employeur de s’exonérerde l’infraction d’emploi d’étranger non autoriséà travailler.

Par ailleurs, l’article L. 8256-2 prévoit dansson deuxième alinéa que la peine d’emprison-nement de cinq ans et l ’amende de15 000 euros ne s’appliquent pas à « l’em-ployeur qui, sur la base d’un titre frauduleuxou présenté frauduleusement par un étrangersalarié, a procédé sans intention de participerà la fraude et sans connaissance de celle-ci àla déclaration auprès des organismes de sécu-rité sociale ».

Lorsque le titre de séjour de l’employé estretiré, ses droits sont garantis (article L. 8252-1 du Code du travail) et l’employeur peut soit

décider de garder le salarié en respectant laprocédure de demande d’autorisation detravail, soit le licencier pour faute (jurispru-dence constante Cass.Soc.18.02.2014).

2. Un cadre juridiquerenforcé en matière de luttecontre le travail illégal

2.1. Les sanctions pénales prévuesdans la législation nationale selon lescas définis dans l’article 9.1 de laDirective 2009/52/CE du 18 juin2009, dite directive « sanctions »

La loi du 16 juin 2011 relative à l’immigration,à l’intégration et à la nationalité105, qui trans-pose en droit interne la directive « sanc-tions » du 18 juin 2009106, définit un cadrejuridique plus efficace en matière de luttecontre le travail illégal et en particuliercontre l’emploi d’étranger non autorisé àtravailler. Elle introduit des sanctions denature administrative et pénale à l’égarddes employeurs, tout en renforçant certainessanctions existantes.

[105] Loi n°2011-672 du 16 juin 2011 relative à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité.https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?categorieLien=id&cidTexte=JORFTEXT000024191380.

[106] Directive 2009/52/CE du Parlement européen et du Conseil du 18 juin 2009 prévoyant des normes minimales concer-nant les sanctions et les mesures à l’encontre des employeurs de ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier.http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:168:0024:0032:fr:PDF.

Sanctions pénales àdestination des

employeursDescription

L’infraction est continueou continuellementrépétée

La répétition et la proportion de salariés concernés font partie des éléments prisen compte dans la détermination du montant des amendes ou du type ou de ladurée des peines complémentaires (articles L. 8272-2 et L. 8272-4, L. 8253-1du Code du travail).

De même, le montant de la contribution forfaitaire prévoit une modulation destaux selon le nombre de salariés concernés (voir encadré sur ce sujet dans lepoint 1 ci-dessus).

L’infraction concernel’emploi simultané d’unnombre important deressortissants de paystiers en situationirrégulière

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2.2. Les changements législatifsrelatifs aux sanctions applicables enmatière de travail illégal

Les lois n°2014-790 du 10 juillet 2014 visantà lutter contre la concurrence déloyale etn° 2015-990 du 6 août 2015 pour la crois-sance, l'activité et l'égalité des chanceséconomiques sont venues durcir les sanctionsapplicables en matière de travail illégal, etplus particulièrement concernant la responsa-bilité des donneurs d’ordre et des maîtresd’ouvrage et la lutte contre les fraudes audétachement.

Les sanctions administratives contribuent à lapolitique de maîtrise des flux migratoires parla lutte contre le travail illégal, alimenté lui-même par l’immigration irrégulière.

3. L’efficacité des sanctions

Il ressort des entretiens menés dans le cadrede cette étude que plusieurs facteurs de réus-site ont été identifiés pour améliorer l’effica-cité des sanctions à l’égard des employeurs :

– Pour combattre les comportements fraudu-leux, il est important de garantir l’effecti-vité des sanctions108 : les sanctions admi-nistratives sont aujourd’hui plusnombreuses, il est nécessaire de veiller àce qu’elles soient effectivement appli-quées. L’objectif est d’avoir un effetdissuasif auprès des potentiels fraudeurs,en communiquant sur les sanctions noti-fiées à l’égard des employeurs verbalisésau titre du travail illégal (exemple : lafermeture administrative prononcée par le

46 | Avril 2017 | Quatrième étude ciblée 2016 du REM

Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[107] Décision-cadre 2002/629/JAI du Conseil du 19 juillet 2002 relative à la lutte contre la traite des êtres humains.http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:32002F0629&from=FR

[108] Entretien mené auprès de représentants de la DNLF, janvier 2017.

Sanctions pénales àdestination des

employeursDescription

L’infraction estaccompagnée deconditions de travailparticulièrementabusives

Depuis la loi du 13 avril 2016 et l’ordonnance du 7 avril 2016 relative au contrôlede l’application du droit du travail, la compétence des inspecteurs du travail aété élargie à la constatation des infractions relatives à la traite des êtreshumains, au travail forcé et à la réduction en servitude.

Ainsi, l’ordonnance du 7 avril 2016, a introduit des procédures d’urgence pourles travailleurs mineurs. L’inspecteur pourra imposer le retrait immédiat d’untravailleur mineur en situation de danger et rompre le contrat de travail ou laconvention de stage avec maintien de la rémunération. De même, l’accès auxdocuments sera facilité en cas de harcèlement moral ou sexuel et en matière desécurité et santé au travail. Cette extension de compétence permet notammentde renforcer l'efficience du travail interministériel entre la DGT et l'OCLTI,office en charge de la lutte contre toutes les formes d'exploitation au travail.Leur action commune vise non seulement à sanctionner le non-respect des droitssociaux des travailleurs, mais aussi la soumission à des conditions derémunération, de travail et d'hébergement indignes, avec en point culminant latraite des êtres humains aux fins d'exploitation au travail. La gendarmerienationale déploie des cellules de lutte contre le travail illégal et la fraude (CeLTIF),compétentes pour lutter contre ces formes d’exploitation.

L’infraction est commisepar un employeur qui,tout en n'ayant pas étéinculpé ou condamnépour une infractionétablie conformément àla décision-cadre2002/629/JAI107, utilisele travail ou les servicesd'un ressortissant depays tiers en situationirrégulière, en sachantque ce dernier estvictime de la traite desêtres humains

L’infraction concernel’emploi illégal d’unmineur

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préfet est une action visible, qui a unimpact direct) ;

– Les fermetures administratives décidéespar le préfet et la diffusion de la sanc-tion dans la presse régionale ainsi quel’affichage de l’arrêté de fermeture surl’établissement apparaissent égalementcomme des facteurs dissuasifs pour éviterles récidives ou pour dissuader d’autresemployeurs ;

– Les sanctions relatives à la solidaritédes donneurs d’ordre adoptées dans lecadre de la loi du 10 juillet 2014 visant àlutter contre la concurrence déloyalepermettent également de mieux répartir laresponsabilité entre les différents acteurset d’accroître la vigilance des maîtres d’ou-vrages et des donneurs d’ordre vis-à-visde leurs sous-traitants et contractants.

– L’employeur qui ne peut se voir retirer sontitre de séjour (en application de l’article 8de la CEDH) peut toutefois voir son titrerétrogradé (passer d’une carte de résidentde 10 ans à une carte de séjour tempo-raire d’une durée de un an par exemple).

– En cas de traite des êtres humains, uneadmission exceptionnelle au séjour estpossible (voir la section suivante sur lesconséquences si la personne est identi-fiée comme victime de la traite des êtreshumains).

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 47

Les sanctions à l’encontre des employeurs

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La loi du 16 juin 2011 relative à l’immigration,à l’intégration et à la nationalité109, qui trans-pose en droit interne la directive « sanc-tions » du 18 juin 2009110, introduit et renforceles sanctions à l’égard des employeurs, tout eninstaurant des dispositions visant à garantirles droits sociaux et pécuniaires des étran-gers en situation de travail illégal. Parmi lesprincipales mesures, figurent l’augmentationde leurs droits pécuniaires, la présomptionde relation de travail, et un mécanismepermettant au salarié d’introduire un recoursou de faire exécuter un jugement à l’encontrede l’employeur pour tout salaire impayé ou dedemander à l’autorité compétente les procé-dures de recouvrement.

1. Les conséquences pour leressortissant de pays tiersdans les circonstancessuivantes :

1.1. Une décision de retour estprononcée

La majorité des contrôles sont menés conjoin-tement par des agents de contrôle issus dedifférents corps : inspection du travail, sécuritésociale, douanes, gendarmerie, police, etc. Ainsi,si des ressortissants de pays tiers travaillantillégalement sont identifiés lors de cescontrôles, les agents habilités à constater l’em-ploi d’un étranger non autorisé à travailler (àsavoir les inspecteurs du travail, les agents etofficiers de police judiciaire, les agents de ladirection générale des douanes) effectuerontles enquêtes nécessaires pour vérifier leursituation au regard du séjour et du travail etlanceront les procédures et les sanctions rela-tives aux infractions constatées.

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 49

Les conséquences pour les ressortissants de pays tiers identifiés en situation de travail illégal

[109] Loi n°2011-672 du 16 juin 2011 relative à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité.https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?categorieLien=id&cidTexte=JORFTEXT000024191380.

[110] Directive 2009/52/CE du Parlement européen et du Conseil du 18 juin 2009 prévoyant des normes minimales concer-nant les sanctions et les mesures à l’encontre des employeurs de ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier.http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:168:0024:0032:fr:PDF

SECTION 5. LES CONSÉQUENCES POURLES RESSORTISSANTS DE PAYS TIERSIDENTIFIÉS EN SITUATION DE TRAVAILILLÉGAL

Cette section vise à identifier les conséquences possibles et lesmesures destinées aux ressortissants de pays tiers identifiés ensituation de travail illégal en France.

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50 | Avril 2017 | Quatrième étude ciblée 2016 du REM

Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

Conformément aux dispositions de la loi definances pour 2012 (n°2011-1977 du28 décembre 2011, article 62), de nouvellesdispositions relatives à la transmission desprocès-verbaux constatant les infractionsconstitutives de travail illégal (articles L. 8271-1-3 nouveau et L. 8271-17 modifié du Code dutravail) ont été introduites. Ainsi :

– les agents de contrôle mentionnés à l’ar-ticle L. 8271-1-2 du Code du travail,habilités à constater les infractionsconstitutives de travail illégal, remettentune copie de leurs procès-verbaux aureprésentant de l’État dans le départe-ment afin que celui-ci puisse appliquer lessanctions administratives prévues par lesarticles L. 8272-1 à L. 8272-4 du Code dutravail, introduites par la loi n° 2011-672du 16 juin 2011 relative à l’immigration, àl’intégration et à la nationalité.Le préfet, traitera la situation au regard duséjour et pourra prendre une décision derefus de séjour, assortie d’une obligationde quitter le territoire français, conformé-ment à l’article L. 511-1 du CESEDA.

– les agents de contrôle mentionnés à l’ar-ticle L. 8271-17, habilités à constaterl’emploi d’étrangers non autorisés àtravailler, remettent une copie de leursprocès-verbaux au directeur général del’Office français de l’immigration et del’intégration (OFII) pour permettre la liqui-dation de la contribution spéciale (article L.8253-1 du Code du travail) et de la contri-bution forfaitaire (article L. 626-1 duCESEDA).

(Concernant l’infraction d’usurpation d’identité,voir le point 3 sur les défis et bonnespratiques concernant les mesures de préven-tion de la Section 2 sur les mesures deprévention).

1.2. Un délai de départ volontaire luiest accordé

Les obligations de quitter le territoire français,conformément à l’article L. 511-1 du CESEDA,prévoient un délai de départ volontaire de 30

jours. Toutefois, l’autorité administrative peutdécider que l’étranger quitte le territoire sansdélai dans certaines situations, par exemple encas de menace à l’ordre public, s’il y a un risqueque l’étranger se soustrait à cette obligation,ou si l’obligation de quitter le territoire françaisest assortie d’une interdiction de retour enFrance.

La procédure initiale de contrôle et de procès-verbal pour relever les infractions ne changepas.

1.3. Il se voit infliger une amende

Ce n’est pas le ressortissant de pays tiers ensituation de travail illégal, mais son employeurqui se voit infliger une amende (voir section 4sur les sanctions à l’encontre des employeurs).

Toutefois, l’étranger est passable de sanctionsrelatives au séjour irrégulier, avec une décisionde refus de séjour assortie d’une obligation dequitter le territoire français.

1.4. Il est placé en rétention

La rétention administrative est une procé-dure qui vise à priver de liberté le ressortis-sant étranger faisant l’objet d’une mesured’éloignement sans délai de départ volontaireou dont ce délai est expiré pour la prépara-tion et la mise en œuvre de son départ effec-tif du territoire.

Ce dispositif concerne ainsi les étrangers quirisquent de se soustraire à la mesure d’éloi-gnement.

En France, quelle que soit la mesure d’éloigne-ment dont fait l’objet le ressortissant de paystiers, le droit des étrangers subordonne leplacement en rétention à certaines conditions.Si, après examen de la situation individuelle, lanécessité de la rétention est établie, le place-ment s’effectue dans des lieux spécialisésdistincts des lieux pénitentiaires : les centresde rétention administrative (par principe) ou leslocaux de rétention administrative. Les condi-

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Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 51

Les conséquences pour les ressortissants de pays tiers identifiés en situation de travail illégal

tions de maintien des personnes dans ces lieuxsont encadrées par la loi et les textes régle-mentaires d’application.

Toutefois, depuis la loi du 16 juin 2011, lesautorités souhaitent donner la priorité auretour volontaire et dans les cas où celui-ci nepeut être effectué, prévoit l’application demesures moins coercitives que la rétention. Àcette fin, elle a introduit un nouveau dispositif :l’assignation à résidence administrative alter-native à la rétention. Cette mesure astreint unressortissant étranger faisant l’objet d’unemesure d’éloignement ne lui ouvrant pas ouplus de délai de départ volontaire, à résiderdans un lieu déterminé et à se présenter pério-diquement aux services de police ou degendarmerie.

1.5. Il reçoit une autorisation de travailou un titre de séjour

Un travailleur étranger en situation irrégulièrepeut solliciter, au titre de l’admission excep-tionnelle au séjour, une carte de séjourportant la mention « vie privée et fami-liale », « salarié » ou « travailleur tempo-raire ». Conformément à l’article L. 313-14 duCESEDA, la carte de séjour temporaire peut êtredélivrée, sauf si sa présence constitue unemenace pour l’ordre public, à l’étranger nevivant pas en état de polygamie dont l’admis-sion au séjour répond à des considérationshumanitaires ou se justifie au regard desmotifs exceptionnels qu’il fait valoir.

La circulaire du 28 novembre 2012 relative àl'admission exceptionnelle au séjour des étran-gers en situation irrégulière111 précise les condi-tions d'examen des demandes déposées pardes ressortissants étrangers en situation irré-gulière sur le territoire français en vue de leurdélivrer un titre de séjour portant soit lamention « vie privée et familiale », soit la

mention « salarié » ou « travailleur tempo-raire », en application de l'article L. 313-14 duCESEDA.

Il s’agit de régularisations au cas par cas.Plusieurs éléments d’appréciation sont pris enconsidération. S’agissant de l’admission auséjour au titre du travail, le ressortissant depays tiers doit être en possession d’un contratde travail ou d’une promesse d’embauche. Ildoit en outre remplir des conditions d’ancien-neté de séjour et de travail en France : uneancienneté de séjour en France de 5 ans mini-mum, sauf exception, et une ancienneté detravail de 8 mois sur les 2 dernières années oude 30 mois sur les 5 dernières années.

Le fait d’avoir reçu une décision de refus deséjour, assortie d’une obligation de quitter leterritoire français, ne donne pas droit à unexamen systématique au titre de l’admissionexceptionnelle au séjour (« régularisation »).Toutefois, les ressortissants de pays tiers danscette situation peuvent déposer un dossier autitre de l’admission exceptionnelle au séjourdès lors qu’ils apportent des éléments permet-tant au préfet d’apprécier si des motifs excep-tionnels permettent une régularisation. Dans lecadre de la circulaire du 28 novembre 2012relative à l'admission exceptionnelle au séjourdes étrangers en situation irrégulière112, leséléments d’appréciation de la situation del’étranger concernent la vie privée et familiale,le travail, des considérations humanitaires ou ladurée de séjour. En tout état de cause, la duréede séjour, la durée de scolarisation des enfantsou la durée de l’emploi précédemment occupésuivant le titre sollicité sont des éléments d’ap-préciation. Des critères d’insertion, tels qu’uneinsertion dans la société française et lamaîtrise de la langue française, au moins defaçon élémentaire, y sont également pris encompte.

[111] Circulaire NOR INTK1229185C du 28 novembre 2012 relative à l'admission exceptionnelle au séjour des étrangers ensituation irrégulière.http://www.interieur.gouv.fr/content/download/36914/279112/file/2012-circulaire-conditions-demandes-admission-sejour.pdf.

[112] Idem.

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Dans le cas où l’étranger fait l’objet d’une obli-gation de quitter le territoire français (OQTF),seuls des éléments nouveaux produits parl’étranger qui n’auraient pas été portés à laconnaissance du préfet au moment de la déci-sion de l’OQTF peuvent permettre de reconsidé-rer cette mesure et d’examiner le droit auséjour de l’étranger.

Le préfet peut accorder un titre de séjour aprèsexamen du dossier du ressortissant de paystiers et instruction de la promesse d’embaucheou du contrat de travail par le service de lamain-d’œuvre étrangère de la DIRECCTE.

1.6. Il a été reconnu victime de latraite des êtres humains

L’article 8 de la loi du 13 avril 2016 prévoitque la première délivrance de la carte de séjourtemporaire portant la mention « vie privée etfamiliale » est désormais accordée de pleindroit au ressortissant étranger qui remplit lesconditions définies à l'article L. 316-1 et R.316-3 du CESEDA :

– l’absence de menace à l’ordre public ;– justifier avoir déposé plainte contre une

personne qu’il accuse d’avoir commis à sonencontre les infractions relatives à la traiteou au proxénétisme ou témoigner dans uneprocédure pénale concernant une personnepoursuivie pour ces mêmes infractions ;

– justifier avoir rompu tout lien avec lesauteurs présumés de ces infractions.

Par ailleurs, le renouvellement de la carte deséjour temporaire est également accordé deplein droit (depuis la loi du 4 août 2014 surl’égalité réelle entre les femmes et leshommes), dès lors que l’étranger continue desatisfaire aux conditions ci-dessus et ce duranttoute la durée de la procédure pénale. En casde condamnation définitive de la personnemise en cause, une carte de résident est déli-vrée de plein droit (depuis la loi du 4 août2014) aux victimes de la traite des êtres

humains (Alinéa 2 de l’article L. 316-1 duCESEDA).

Enfin, la loi du 13 avril 2016 insère un nouvelarticle L. 316-1-1 au CESEDA113, qui prévoitqu’une autorisation provisoire de séjourd’une durée de 6 mois peut être délivrée auxvictimes de traite des êtres humains et deproxénétisme engagées dans le parcours desortie de la prostitution indépendamment deleur coopération avec les services judiciaires.

1.7. Il est en situation régulière auregard du séjour mais en situationirrégulière au regard du travail

Le fait de travailler sans y être autorisé, parexemple en détenant un titre de séjour autori-sant le séjour en France, mais n’autorisant pasl’exercice d’une activité salariée est passibledes mêmes sanctions que celles mentionnéesci-dessus. L’étranger pourra se voir retirer (ounon renouveler) son titre de séjour dès lorsqu’il n’aura pas respecté les termes de son titrede séjour.

2. Le paiement rétroactif dessalaires et le droit à d’autresindemnités

2.1. Les obligations de l’employeur encas d’emploi d’étranger sans titre

Aux termes du décret du 30 novembre 2011relatif à la protection des droits sociaux etpécuniaires des étrangers sans titre et à larépression du travail illégal, les agents verbali-sateurs ont l’obligation de communiquer desinformations à l’OFII, dès qu’une infraction àl’emploi d’étranger non autorisé à travailler estrelevée, afin que l’office intervienne éventuel-lement pour recouvrer au nom de l’étrangerses salaires et accessoires (article R. 8252-5du Code du travail).

52 | Avril 2017 | Quatrième étude ciblée 2016 du REM

Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[113] Le décret du 28 octobre 2016 pris pour l'application de la loi n° 2016-274 du 7 mars 2016 et portant diverses dispo-sitions relatives à l'entrée, au séjour et au travail des étrangers en France.

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Lors de la rupture de la relation de travail, lesalarié dont l’employeur a dissimulé l’emploi adroit à une indemnité forfaitaire égale à sixmois de salaire (article L. 8223-1 du Code dutravail) ; cette indemnité forfaitaire est due,quel que soit le mode de rupture de la relationde travail (licenciement, démission, rupture duCDD arrivé à son terme…).

Les dispositions de l’article L. 8223-1 du Codedu travail ne font pas obstacle au cumul de l’in-demnité forfaitaire qu’elles prévoient avec lesindemnités de toute nature auxquelles le sala-rié a droit en cas de rupture de la relation detravail : indemnité pour violation de l’ordre deslicenciements, indemnité pour licenciementsans cause réelle et sérieuse, indemnitécompensatrice de préavis, indemnité de congéspayés, indemnité pour non-respect de la procé-dure de licenciement, etc.

Le salarié étranger a droit au titre de la périoded’emploi illicite (article L. 8252-2 du Code dutravail) :

– au paiement du salaire et des accessoiresde celui-ci, conformément aux dispositionslégales, conventionnelles et aux stipulationscontractuelles applicables à son emploi,déduction faite des sommes antérieurementperçues au titre de la période considérée. Àdéfaut de preuve contraire, les sommesdues au salarié correspondent à une rela-tion de travail présumée d’une durée detrois mois. Le salarié peut apporter par tousmoyens la preuve du travail effectué ;

– en cas de rupture de la relation de travail,à une indemnité forfaitaire égale à troismois de salaire, à moins que l’applicationdes règles figurant aux articles L. 1234-5(indemnité compensatrice de préavis),L. 1234-9 (indemnité légale de licencie-ment), L. 1243-4 (indemnité due au salariéen cas de rupture anticipée du CDD à l’ini-tiative de l’employeur), et L. 1243-8(indemnité de précarité due à la fin d’unCDD) du Code du travail, ou des stipulationscontractuelles correspondantes ne conduiseà une solution plus favorable. Le conseil deprud’hommes saisi peut ordonner par provi-

sion le versement de cette indemnitéforfaitaire ;

– le cas échéant, à la prise en charge parl’employeur de tous les frais d’envoi desrémunérations impayées vers le pays danslequel il est parti volontairement ou a étéreconduit.

Les dispositions mentionnées ci-dessus ne fontpas obstacle au droit du salarié de demanderen justice une indemnisation supplémentaires’il est en mesure d’établir l’existence d’unpréjudice non réparé au titre de ces disposi-tions.

2.2. Les obligations du donneurd’ordre ou du maître d’ouvrage en casd’emploi d’étranger sans titre

L'article L. 8254-2 du Code du travail prévoit lasolidarité financière des donneurs d'ordre, en casd'emploi d'un étranger dépourvu de titre l'autori-sant à exercer une activité salariée en France.

Cette solidarité financière s’applique à l'ensem-ble des sommes dues à l'étranger non autoriséà travailler : les arriérés de salaire et des acces-soires de celui-ci, l'indemnité forfaitaire pourrupture de la relation de travail, les frais d'en-voi des rémunérations impayées vers le paysdans lequel l'étranger a été reconduit, le caséchéant et le paiement des contributionsspéciale et forfaitaire (article L. 8254-2 duCode du travail).

Par ailleurs, le maître d'ouvrage ou le donneurd'ordre a l’obligation d'enjoindre le cocontrac-tant principal de faire cesser toute situationdélictueuse qui lui serait signalée. À défaut dediligence, le maître d'ouvrage peut résilier lecontrat aux frais et risques de son cocontrac-tant (article L. 8254-2-1 du Code du travail).

2.3. Les bonnes pratiques liées aupaiement rétroactif des salaires

La possibilité de fixer une modulation du tauxminoré pour la contribution spéciale en cas depaiement spontané par l’employeur des

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 53

Les conséquences pour les ressortissants de pays tiers identifiés en situation de travail illégal

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salaires et indemnités dus au salarié étrangersans titre est une bonne pratique puisqu’ellel’encourage à régulariser au plus vite sa situa-tion: en effet, le taux est abaissé de 5000 à2000 fois le taux horaire du minimum garantien cas de paiement spontané des créances sala-riales dues au salarié étranger et à 1000 fois cetaux lorsque les créances salariales ont étépayées et que le procès-verbal ne mentionnequ’un seul salarié (voir la partie consacrée à lacontribution spéciale dans la Section 4 sur lessanctions à l’encontre des employeurs).

3. Les droits des ressortis-sants de pays tiers employésillégalement de déposerplainte contre leur employeur

Un ressortissant de pays tiers employé illégale-ment peut déposer plainte contre sonemployeur.

Le salarié étranger peut saisir le conseil deprud’hommes afin d’obtenir le paiement dessalaires et des indemnités.

En outre, il peut demander en justice uneindemnisation supplémentaire s’il est enmesure d'établir l'existence d'un préjudice nonréparé au titre de ces dispositions (article L.8252-2 du Code du travail).

Les organisations syndicales représentativespeuvent exercer en justice toutes les actionsrésultant de l’application des dispositions duCode du travail relatives à la lutte contre letravail dissimulé, en faveur d’un salarié, sansavoir à justifier d’un mandat de l’intéressé. Ilsuffit que celui-ci ait été informé par toutmoyen conférant date certaine et ne s’y soitpas opposé dans un délai de 15 jours à compterde la date de réception de l’information. L’inté-ressé peut toujours intervenir à l’instance enga-gée par le syndicat et y mettre un terme à toutmoment. Les règles applicables sont fixées parl’article D. 8223-4 du Code du travail.

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

La protection des droits desétrangers sans titreemployés irrégulièrement

Les sanctions administratives qui lui sontapplicables n’exonèrent pas l’employeurd’un étranger sans titre de son obligationde verser au salarié étranger :– les salaires et indemnités dus aux sala-

riés étrangers sans titre sont portés à sixmois de salaire au total : trois mois au titrede la présomption salariale et trois moisau titre de la rupture de la relation detravail ;

– les travailleurs étrangers sans titrepeuvent plus facilement recouvrer leurssalaires et indemnités, même en cas deretour contraint dans leur pays d'origine,l'OFII étant alors chargé par l’étranger derecouvrer, le cas échéant, les sommesconsidérées, à sa place puis de les luirétrocéder ;

– les travailleurs étrangers sans titre dispo-sent enfin d'une meilleure informationsur leurs droits. Un document leur expli-quant leurs droits, disponible en françaiset traduit en six langues, est systémati-quement remis aux étrangers concernés,par les agents de contrôle habilités ;

– la solidarité financière des donneursd’ordre s’applique à l ’ensemble dessommes dues à l’étranger sans titre : lesarriérés de salaire et des accessoires decelui-ci, l'indemnité forfaitaire pour rupturede la relation de travail, les frais d'envoides rémunérations impayées vers le paysdans lequel l'étranger a été reconduit, lecas échéant, et le paiement des contribu-tions spéciale et forfaitaire (article L.8254-2 du Code du travail).

Par ailleurs, le maître d'ouvrage ou ledonneur d'ordre a l’obligation d'enjoindre lecocontractant principal de faire cesser toutesituation délictueuse qui lui serait signalée.

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4. Les informations sur lesdroits des ressortissants depays tiers employés illégale-ment

Les ressortissants de pays tiers employés illé-galement sont informés sur leurs droits. Cetteinformation est prévue dans la législation.

La loi du 16 juin 2011 relative à l’immigration,à l’intégration et à la nationalité114 prévoit queles étrangers sans titre soient informés deleurs droits sociaux et pécuniaires et qu’ilsaient la garantie de percevoir les salaires etaccessoires qui leur sont dus. Le décret du30 novembre 2011 relatif à la protection desdroits sociaux et pécuniaires des étrangerssans titre et à la répression du travail illégal115,pris pour son application, dispose à cette finqu’un document d’information soit remis àl’étranger par les agents verbalisateurs, lorsdes opérations de contrôle du travail illégal(article R. 8252-1 et R. 8252-2 du Code dutravail).

L’article R. 8252-1 du Code du travail préciseque lorsqu’un agent de contrôle constatequ’« un travailleur étranger est occupé sansêtre en possession d’un titre l’autorisant àexercer une activité salariée en France, il luiremet un document l’informant de sesdroits ».

L’article R. 8252-2 du Code du travail définit lecontenu de ce document :

– le droit aux salaires et à diverses indem-nités116 ;

– l'obligation qui incombe à l'employeur deremettre les bulletins de paie, le certificatde travail et le solde de tout comptecorrespondant à la période d'emploi dansl'entreprise ;

– la possibilité, lorsque l'étranger est placéen rétention administrative ou assigné àrésidence ou lorsqu'il n'est plus sur leterritoire national (article L. 8252-4 duCode du travail), d'obtenir le recouvrementdes salaires et des indemnités auprès del'Office français de l'immigration et de l'in-tégration ;

– la possibilité, le cas échéant, de saisir lajuridiction compétente en matièreprud'homale aux fins d'obtenir le paiementdes salaires et des indemnités, pour lapartie non recouvrée par l'Office françaisde l'immigration et de l'intégration, notam-ment par l'intermédiaire d'une organisationsyndicale représentative ;

– la possibilité de saisir également la juridic-tion compétente en matière prud'homaleafin de réclamer des dommages et inté-rêts s'il est en mesure d'établir l'existenced'un préjudice non réparé au titre desdispositions de l'article L. 8252-2 ;

– la possibilité de porter plainte contre unepersonne qu'il accuse d'avoir commis àson encontre les infractions visées auxarticles 225-4-1 à 225-4-6 et 225-5 à225-10 du Code pénal (traite des êtreshumains et proxénétisme) et de pouvoirbénéficier à cet effet d'une carte de séjourtemporaire « vie privée et familiale »durant la procédure, au titre de l'article L.316-1 du CESEDA ;

– l'indication de l'indemnité forfaitaire, encas de rupture de la relation de travail.

Ce dépliant d’information est traduit en sixlangues : anglais, arabe littéral, chinois, espa-gnol, portugais et russe.

Ces informations sont également affichéesdans les centres de rétention, dans ces diffé-rentes langues.

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 55

Les conséquences pour les ressortissants de pays tiers identifiés en situation de travail illégal

[114] Loi n°2011-672 du 16 juin 2011 relative à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité.https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000024191380&dateTexte=&categorieLien=id.

[115] Décret n° 2011-1693 du 30 novembre 2011 relatif à la protection des droits sociaux et pécuniaires des étrangers sanstitre et à la répression du travail illégal.https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=?cidTexte=JORFTEXT000024881074&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id.

[116] Voir les 1° et 2° de l’article L. 8252-2 du Code du travail.

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Ces mesures (paiement rétroactif des salaireset droit à d’autres indemnités, informations surles droits des travailleurs étrangers en situa-tion irrégulière, droit de déposer plainte contrel’employeur) ont été introduites ou renforcéesdans la législation française par :

– la loi du 16 juin 2011 relative à l’immigra-tion, à l’intégration et à la nationalité pourles sanctions de nature administrative etpénale à l’encontre des employeurs délin-quants et pour les dispositions visant àgarantir les droits sociaux et pécuniairesdes étrangers en situation de travail illégal ;

– la loi du 10 juillet 2014 visant à luttercontre la concurrence sociale déloyalenotamment pour la lutte contre les fraudesau détachement, l’obligation de vigilance etla responsabilité des maîtres d’ouvrage etdonneurs d’ordre vis-à-vis de leurs sous-traitants et contractants.

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

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Étude de cas 1 :Un ressortissant de pays tiersen situation irrégulière auregard du séjour et du travail

M. Adawe Shire, un charpentier de 38 ansoriginaire de Somalie, est entré en Franceillégalement avec sa femme et sa fille dedeux ans. Ils sont en France depuis trois ans.M. Shire travaille sans contrat de travail dansune entreprise de construction commeouvrier. Aujourd’hui, il a trouvé un travaildans sa profession et aimerait signer uncontrat et faire une demande de titre deséjour. Que se passe-t-il après que l’inspec-tion du travail ait repéré des irrégularitéslors d’un contrôle aléatoire? Quelles sont lesconséquences pour lui ? Si M. Shire n’avaitpas été identifié mais qu’un nouvel emploilui était proposé, est-ce que sa situationpeut être régularisée?

Lors d’un contrôle d’un agent de l’inspection dutravail, si M. Shire est identifié comme étanten situation irrégulière au regard du travail,l’agent de contrôle peut transmettre un procès-verbal au procureur de la République, afin d’en-gager des sanctions pénales à l’encontre de l’em-ployeur de M. Shire, pour emploi illégal d’unétranger démuni d’un titre de travail (article L.8256-2 et s. du Code du travail). Ce procès-verbal est également transmis à l’OFII pour l’ap-plication de l’amende administrative dite« contribution spéciale ». De plus, la relation detravail étant illicite, l’employeur est tenu decesser immédiatement de faire travailler M. Shire.

Le préfet, également informé, pourra décider demettre en œuvre les sanctions administrativesou pénales complémentaires sanctionnant l’em-ployeur et traitera la situation du salarié étran-ger au regard du séjour et pourra prendre unedécision de refus de séjour, assortie d’uneobligation de quitter le territoire français,conformément à l’article L.511-1 du CESEDA.

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 57

Études de cas

SECTION 6. ÉTUDES DE CAS

Afin de mieux comprendre les différentes procédures mises enœuvre lorsque les autorités détectent des ressortissants de paystiers en situation de travail illégal, plusieurs études de cas ont étéélaborées. Elles visent à décrire la procédure mise en œuvre aprèsavoir constaté une infraction constitutive de travail illégal, tout enprésentant les conséquences pour le ressortissant de pays tiers.

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L’employeur fera l’objet de sanctions adminis-tratives (L. 8253-1 du Code du travail et lecas échéant, article L. 626-1 du CESEDA, etarticle L. 8272-1 et suivants du Code dutravail) et pénales (L. 8256-2 et suivants)pour avoir employé un étranger non autoriséà travailler. L’inspecteur du travail transmetun procès-verbal au procureur de la Répu-blique117 pour mettre en œuvre les sanctionspénales et à l’OFII pour mettre en œuvre lescontributions spéciales et forfaitaires duespar l’employeur. En effet, en France, l’article L.8251-1 du Code du travail prévoit une inter-diction formelle d’emploi d’un étranger nonautorisé à exercer une activité professionnellesalariée. Par ailleurs il est important de préci-ser qu’un dispositif dit du « bouclier pénal »est prévu en cas de cumul de ces sanctions.

Si M. Shire justifie d’une offre d’emploi, sasituation peut être régularisée au vu deséléments d’appréciation qui seront exami-nés par le préfet dans le cadre de sademande d’admission exceptionnelle auséjour.Un travailleur étranger en situation irrégulièrepeut solliciter, au titre de l’admission excep-tionnelle au séjour, une carte de séjour sala-rié ou travailleur temporaire. Conformément àl’article L. 313-14 du CESEDA, la carte deséjour salarié ou travailleur temporaire peutêtre délivrée, sauf si sa présence constitueune menace pour l’ordre public, à l’étranger nevivant pas en état de polygamie dont l’admis-sion au séjour répond à des considérationshumanitaires ou se justifie au regard desmotifs exceptionnels qu’il fait valoir.

La circulaire du 28 novembre 2012 relative àl'admission exceptionnelle au séjour desétrangers en situation irrégulière118 précise lesconditions d'examen des demandes déposées

par des ressortissants étrangers en situationirrégulière sur le territoire français en vue deleur délivrer un titre de séjour portant soit lamention « vie privée et familiale », soit lamention « salarié » ou « travailleur tempo-raire », en application de l'article L. 313-14 duCESEDA.

Il s’agit de régularisations au cas par cas.Plusieurs éléments d’appréciation sont prisen considération. S’agissant de l’admission auséjour au titre du travail, le ressortissant depays tiers doit être en possession d’uncontrat de travail ou d’une promesse d’em-bauche. Il doit en outre remplir des conditionsd’ancienneté de séjour et de travail enFrance : une ancienneté de séjour en Francede 5 ans minimum, sauf exception, et uneancienneté de travail de 8 mois sur les 2dernières années ou de 30 mois sur les 5dernières années.

Le fait d’avoir reçu une décision de refus deséjour, assortie d’une obligation de quitterle territoire français, ne donne pas droit à unexamen systématique au titre de l’admissionexceptionnelle au séjour (« régularisation »).Toutefois, les ressortissants de pays tiersdans cette situation peuvent déposer undossier au titre de l’admission exception-nelle au séjour dès lors qu’ils apportent deséléments permettant au préfet d’apprécier sides motifs exceptionnels permettent unerégularisation. Dans le cadre de la circulairedu 28 novembre 2012 relative à l'admissionexceptionnelle au séjour des étrangers ensituation irrégulière119, les éléments d’appré-ciation de la situation de l’étranger concer-nent la vie privée et familiale, le travail, desconsidérations humanitaires ou la durée deséjour. En tout état de cause, la durée deséjour, la durée de scolarisation des enfants

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[117] La copie du PV doit également être transmise à l’OFII pour mise en œuvre de la contribution spéciale et de la contri-bution forfaire comme le prévoit l’article L. 8271-17 du Code du travail.

[118] Circulaire NOR INTK1229185C du 28 novembre 2012 relative à l'admission exceptionnelle au séjour des étrangers ensituation irrégulière.http://www.interieur.gouv.fr/content/download/36914/279112/file/2012-circulaire-conditions-demandes-admission-sejour.pdf

[119] Idem.

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ou la durée de l’emploi précédemment occupésuivant le titre sollicité sont des élémentsd’appréciation. Des critères d’insertion, telsqu’une insertion dans la société française etla maîtrise de la langue française, au moinsde façon élémentaire, y sont également prisen compte.

Dans le cas où l’étranger fait l’objet d’uneOQTF, seuls des éléments nouveaux produitspar l’étranger qui n’auraient pas été portés àla connaissance du préfet au moment de ladécision de l’OQTF peuvent permettre dereconsidérer cette mesure et d’examiner ledroit au séjour de l’étranger.

Le préfet peut accorder un titre de séjouraprès examen du dossier du ressortissant depays tiers et instruction de la promesse d’em-bauche ou du contrat de travail par le servicede la main-d’œuvre étrangère de la DIRECCTE.

La circulaire du 28 novembre 2012 préciseque la durée de la scolarisation de l’enfantdoit être d’au moins trois ans. Or il sembleque ce critère ne puisse être pris en considé-ration dans le cas de M. Shire, étant donnél’âge de sa fille à son arrivée en France.

Le fait que le métier de M. Shire (charpentier)connaisse des difficultés de recrutement etsoit répertorié dans la liste des 30 métiersen tension120 (« Façonneur bois et matériauxassociés (production de série) ») peut être unélément que le préfet pourra apprécier favora-blement si la région où il exerce son activitéest reconnue comme une région où ce métierest en tension.

Étude de cas 2 :Un ressortissant de paystiers muni d’un titre deséjour « étudiant » travail-lant au-delà du nombred’heures autorisé

Mme Svitlana Ivanenko, une étudiante denationalité ukrainienne, âgée de 22 ans,s’est installée en France il y a un an. Svit-lana est inscrite dans un programme demaster de deux ans à l’université. Elle esttitulaire d’un titre de séjour « étudiant ».Durant les six derniers mois, elle étaitégalement employée 10 heures parsemaine dans un café local1 2 1. Durantcertains mois de l’année universitaire, ainsique pendant les vacances d’été, Svitlana acommencé à effectuer davantage d’heuresau café, aboutissant à des semaines depresque 45 heures de travail pendant l’an-née scolaire durant trois mois, sans modifi-cation apportée à son contrat d’étudiant àtemps partiel. Que se passe-t-il après quel’inspection du travail ait repéré que Svit-lana travaillait 40 heures par semaine ?Spécifier le nombre maximum d’heures detravail autorisées par semaine pour lesétudiants en France.

L’article R. 5221-26 du Code du travail auto-rise l’étudiant ressortissant de pays tiers ettitulaire d’une carte de séjour temporaire« étudiant » à exercer une activité profes-sionnelle à titre accessoire dans la limitede 60 % de la durée de travail annuelleautorisées par l’article L.317-7 du CESEDA,soit 964 heures annuelles durant l’année devalidité du titre de séjour. Toutefois, l’étu-diant peut utiliser ce quota d’heures, quireprésente une durée hebdomadaire moyenne

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 59

Études de cas

[120] Voir la liste des régions concernées dans l’arrêté du 18 janvier 2008 relatif à la délivrance, sans opposition de la situa-tion de l’emploi, des autorisations de travail aux étrangers non ressortissants d’un État membre de l’Union européenne,d’un autre État partie à l’Espace économique européen ou de la Confédération suisse.https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000017937372

[121] Conformément à la directive 2016/801 relative aux conditions d’entrée et de séjour des ressortissants des pays tiersà des fins de recherches, d’études, de formation, de volontariat et de programmes d’échange d’élèves ou de projetséducatifs et de travail au pair (refonte) permettant aux étudiants d’avoir un emploi d’au moins 15 heures par semaine.L’Irlande et le Royaume-Uni ne participent pas à cette directive.

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de 18,5 heures, tout au long de l’année dansle cadre de contrat(s) de travail à temps pleinou à temps partiel, dès lors qu’il respecte lesdispositions du Code du travail. Conformé-ment aux dispositions de l’article L. 313-5 duCESEDA, la préfecture peut refuser de renou-veler ou retirer le titre de séjour à l’étudiantressortissant de pays tiers lorsqu’il nerespecte pas la limite de 60 % de la durée detravail annuelle prévue.

Svitlana Ivanenko a dans un premier tempstravaillé 10 heures par semaine durant sixmois puis elle a travaillé 45 heures parsemaine durant trois mois. Au total, elle atravaillé 780 heures. Ce volume est inférieuraux 964 heures annuelles autorisées par l’arti-cle L. 317-7 du CESEDA. Elle ne peut donc pasvoir son titre de séjour retiré ou non renouvelépar la préfecture en application de l’article L.313-5 du CESEDA.

Par ailleurs, les 45 heures par semaine durant12 semaines consécutives effectuées par Svit-lana Ivanenko ne contreviennent pas auxdispositions des articles L. 3121-20 et L.3121-22 du Code du travail122, ni aux disposi-tions123 de la convention collective nationaledes hôtels, cafés restaurants (HCR) du30 avril 1997124.

Cependant, l’article R. 5221-28 du Code dutravail impose à l’employeur souhaitant recruterun étudiant étranger d’effectuer une déclara-tion nominative auprès de la préfecturecomportant notamment le nombre d'heures detravail annuelle prévu par le contrat de travail.Si ces dispositions venaient à être méconnues,l’employeur serait passible d’une amendeprévue pour les contraventions de la 5e classe,tel qu’énoncé dans l’article R. 5224-1 du Codedu travail.

L’employeur n’a apporté aucune modificationau contrat à temps partiel de SvitlanaIvanenko et n’a pas signalé de changementauprès de la préfecture. Les heures effec-tuées correspondent à un emploi à tempscomplet.

En cas de contrôle de l’inspection du travail,l ’employeur pourrait être condamné àl’amende prévue par l’article R. 5224-1 duCode du travail.

Le Code du travail ne prévoit pas de sanction àl’égard d’un étudiant étranger dépassant soncontingent d’heures de travail autorisées. Lesalarié ne pourra être poursuivi que danscertains cas : fraude aux revenus de remplace-ment (allocation de retour à l’emploi par exem-ple), usurpation d’identité par utilisation dedocuments d’identité appartenant à un tiers(qui est punie de 5 ans d’emprisonnement etde 75 000 euros d’amende). Cette incriminationa été introduite à l’article 441-8 du Code pénalpar la loi du 7 mars 2016.

Étude de cas 3 :Un ressortissant de paystiers en situation régulièreau regard du séjour et dutravail, mais dont le titre deséjour a expiré

Jiao Bao, une web-designer de 33 ans venuede Chine, est arrivée en France il y a deuxans, munie d’un titre de séjour temporaireobtenu par la société informatique qui l’em-ploie. Elle a perdu son travail et a trouvé unautre emploi dans un bar local qui n’est pasautorisé au regard de son titre de séjour.

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[122] Ces articles disposent que la durée de travail maximale hebdomadaire ne peut dépasser 48 heures sur une mêmesemaine et 44 heures par semaine en moyenne sur une période de 12 semaines consécutives.

[123] Cette convention collective régit les règles s’appliquant au café local et autorise le dépassement de la durée moyennede 44 heures dans la limite de 46 heures sur une période de 12 semaines consécutives.

[124] Convention collective nationale des hôtels, cafés restaurants (HCR) du 30 avril 1997.https://www.legifrance.gouv.fr/download_code_pdf.do?cidTexte=KALITEXT000005670044&pdf=KALITEXT000005670044

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Après avoir travaillé quatre mois dans ce barlocal, elle postule pour un emploi dans uneautre société informatique et reçoit uneoffre d’emploi. Toutefois, entre-temps elle aété identifiée par l’inspection du travailcomme étant en situation de travail illégaldans le bar local. Que se passe-t-il aprèscette procédure, en tenant compte du faitqu’elle a reçu une offre d’emploi ?

L’article L. 5221-5 du Code du travail disposeque le ressortissant de pays tiers autorisé àséjourner en France ne peut exercer une acti-vité professionnelle salariée en France sansavoir obtenu au préalable une autorisation detravail.

Jiao Bao était en situation régulière au regarddu séjour et du travail pour un emploi spéci-fique. Toutefois, elle a ensuite travaillé sans yêtre autorisée puisqu’elle a occupé un autreemploi dans un secteur d’activité différent et aprobablement perçu une rémunération diffé-rente. Si le préfet est informé de sa situation,même si elle dispose d’une nouvelle offre d’em-ploi, il pourra lancer une procédure de retraitde son titre de séjour ou refuser son renou-vellement car elle ne remplit plus les condi-tions exigées pour son titre de séjour initial,conformément au 8° de l’article R. 311-14 duCESEDA. En cas de retrait de son titre deséjour, elle est tenue de quitter le territoirefrançais (article R. 311-16 du CESEDA).

Si son titre de séjour a expiré et qu’elle occupeun nouvel emploi, Jiao Bao est en situation irré-gulière au regard du séjour et du travail. En casde contrôle, un refus de séjour éventuelle-ment assorti d’une OQTF lui sera délivré parle préfet. L’employeur pourra également fairel’objet de sanctions pénales et administratives.

Étude de cas 4 :Un ressortissant de pays tiersentré sur le territoire enqualité de touriste

Marija Bogdanovic, une citoyenne serbe âgéede 45 ans, est entrée en France en tant quetouriste il y a un mois. En raison de la libé-ralisation du régime des visas des pays desBalkans occidentaux, Marija a le droit deséjourner en France jusqu’à 90 jours parpériode de six mois en qualité de touristesans avoir à demander de visa125. Durant sonséjour en France, Marija a travaillé pour unefamille, qu’elle a rencontrée par l’intermé-diaire d’amis, en tant que femme de ménageet babysitter. Elle a vécu chez cette familleet a été payée en espèces pour son travail.Deux mois après, la famille demande àMarija de rester et de travailler pour elle àplein temps. Ils lui proposent un contrat detravail et lui demandent de faire unedemande de titre de séjour. Marija souhaitefaire une demande de titre de séjour enFrance durant la période de 90 jours qui luipermet de bénéficier d’une exemption devisa. Toutefois, Marija est identifiée par lesautorités françaises avant de faire sademande de titre. Quelles sont les consé-quences pour Marija ?

L’article L. 5221-5 du Code du travail disposequ’un étranger autorisé à séjourner en Francene peut exercer une activité professionnellesalariée en France sans avoir obtenu au préala-ble une autorisation de travail (l’employeurdoit également s’en assurer en vertu de l’arti-cle L. 8251-1 du Code du travail). Par ailleurs,conformément aux dispositions du 8° du I del’article L. 511-1 du CESEDA, le ressortissant depays tiers qui ne réside pas régulièrement enFrance depuis plus de trois mois et qui améconnu l’article L. 5221-5 du Code du travailpeut se voir délivrer une obligation de quitterle territoire français.

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 61

Études de cas

[125] Conformément à la décision d’exemption de visas, adoptée par les États membres de l’UE le 30 novembre 2009.http://europa.eu/rapid/press-release_IP-09-1852_fr.htm

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Marija est arrivée en France en qualité detouriste, sous couvert d’une dispense de visade court séjour au motif de sa nationalitéserbe et dès lors qu’elle est titulaire d’unpasseport biométrique. Elle a travaillé durantdeux mois pour une famille en situation irrégu-lière au regard du travail, sans avoir de contratde travail. Par ailleurs, au regard du séjour, laloi du 7 mars 2016 relative au droit des étran-gers prévoit de nouvelles dispositions enmatière de dispense d’autorisation de travaildes ressortissants étrangers venant travail-ler en France pour une durée inférieure ouégale à trois mois. L’article D. 5221-2-1 duCode du travail, créé par le décret n°2016-1461 du 28 octobre 2016, dispose que l’étran-ger qui entre en France afin d’y exercer uneactivité salariée pour une durée inférieureou égale à trois mois dans un certain nombrede secteurs n’est pas soumis à une autorisa-tion de travail. Cette dispense d’autorisationde travail s’applique pour le secteur où Marijatravaille (domaine des services à la personne etdes employés de maison) uniquement pour lesétrangers employés comme personnel demaison accompagnant leur employeur enFrance, ce qui n’est pas le cas de Marija.

Après avoir été détectée en situation irrégu-lière au regard du travail, Marija pourra se voirremettre une obligation de quitter le terri-toire français. Bien qu’elle dispose désormaisd’un contrat de travail, elle ne peut pas sollici-ter une demande d’admission exceptionnelle auséjour.

La circulaire du 28 novembre 2012 relative àl'admission exceptionnelle au séjour des étran-gers en situation irrégulière126 précise les condi-tions d'examen des demandes déposées pardes ressortissants étrangers en situation irré-gulière sur le territoire français en vue de leurdélivrer un titre de séjour portant soit lamention « vie privée et familiale », soit lamention « salarié » ou « travailleur tempo-

raire », en application de l'article L. 313-14 duCESEDA. Plusieurs éléments d’appréciationsont pris en considération. S’agissant de l’ad-mission au séjour au regard du travail, leressortissant de pays tiers doit être en posses-sion d’un contrat de travail ou d’une promessed’embauche. Il doit en outre remplir des condi-tions d’ancienneté de séjour et de travail enFrance : une ancienneté de séjour en France decinq ans minimum, sauf exception, et uneancienneté de travail de huit mois sur les deuxdernières années ou de 30 mois sur les cinqdernières années. À titre exceptionnel, leressortissant de pays tiers séjournant depuistrois ans en France peut aussi demander untitre de séjour s’il prouve avoir travaillé 24mois, dont 8 dans les 12 derniers mois.

Par ailleurs, son employeur peut être sanc-tionné pénalement pour avoir d’une partemployé un étranger non muni du titre l'autori-sant à exercer une activité salariée en France :pénales (article L. 8256-2 et suivants du Codedu travail) et d’autre part, pour avoir dissi-mulé cet emploi (article L. 8221-5 du Codedu travail). À ces sanctions pénales peuvents’ajouter des sanctions administratives etciviles (redressement forfaitaire de cotisa-tions sociales).

Il peut également faire l’objet des peinescomplémentaires prévues à l’article L. 8256-3et des sanctions administratives telles queprévues aux articles L. 8272-1s et L. 8253-1du Code du travail et L. 626-1 du CESEDA.

De plus, faute d’avoir vérifié la situation deMarija avant son embauche, l’employeur seraégalement passible des amendes prévues pourles contraventions de 5e classe (article R.5224-1 du Code du travail).

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[126] Circulaire NOR INTK1229185C du 28 novembre 2012 relative à l'admission exceptionnelle au séjour des étrangers ensituation irrégulière.http://www.interieur.gouv.fr/content/download/36914/279112/file/2012-circulaire-conditions-demandes-admission-sejour.pdf.

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Étude de cas 5 :Un ressortissant de pays tiersentré en France commetravailleur saisonnier

M. Karim Harrak, 25 ans, originaire du Maroc,est entré en France comme travailleursaisonnier pour la cueillette des fraises souscouvert d’un titre de séjour « travailleursaisonnier ». Il lui est demandé de quitter laFrance après que la durée légale de séjourautorisée ait expiré127. Le contrat avec sonemployeur actuel est valable six mois. Toute-fois, après que son contrat soit arrivé àterme, il est resté en France et a occupé unautre emploi dans un hôtel. Il séjourne parconséquent en France plus longtemps que ladurée légale autorisée. Après quelques moisdans ce deuxième emploi, il postule ànouveau en tant que travailleur saisonnierpour la cueillette des fraises. Cependant, ilest identifié comme ayant séjourné dans lepays au-delà de la période autorisée. Quellessont les conséquences pour Karim ?

Conformément à l’article L. 313-23 du CESEDA,le ressortissant de pays tiers titulaire d’unecarte de séjour pluriannuelle portant lamention « travailleur saisonnier » a le droitde séjourner et de travailler en France pendantla ou les périodes fixées par la carte de séjour,lesquelles ne peuvent toutefois dépasser unedurée cumulée de six mois par an.

Karim est en situation irrégulière au regarddu séjour et du travail. Il a travaillé commetravailleur saisonnier durant six mois souscouvert du titre de séjour correspondant. Il aensuite travaillé dans un hôtel sans y êtreautorisé, puisque la condition relative à ladurée cumulée de six mois par an n’a pas étérespectée. S’il est identifié, son titre de séjourlui sera retiré et il ne pourra bénéficier d’unenouvelle autorisation de travail. Il se verra déli-vrer une OQTF, conformément à l’article L. 511-

1-I du CESEDA. En outre, il pourrait ne pasdisposer du délai légal de 30 jours à compterde sa notification si l’autorité administrativeestime, au titre de l’article L. 511-1-II duCESEDA, qu’il existe un risque que l'étrangerse soustraie à cette obligation.

Étude de cas 6 :Un ressortissant de pays tiersen situation irrégulière et quia travaillé dans une entreprisede commerce international

Mme Awa Diop est arrivée du Sénégal enFrance en situation irrégulière il y a un an eta travaillé pour une entreprise de commerceinternational durant cette période, toujoursen situation irrégulière. Durant les cinqderniers mois, son salaire n’a pas été payépar son employeur. Elle a décidé de poursui-vre en justice l’entreprise et d’abandonner safausse identité, dont son employeur avaitconnaissance. Quelles sont les conséquencespour Mme Diop?

Même en étant non déclaré ou en situationirrégulière au regard du travail, le salarié étran-ger possède des droits dont il peut réclamerl’application en s’adressant, selon le cas, à l’ins-pection du travail, au conseil des prud’hommesou, en ce qui concerne sa situation au regardde la sécurité sociale, à la caisse primaire d’as-surance maladie ou à l’URSSAF.

En effet, en application des dispositions de l’ar-ticle L. 8252-1 du Code du travail, ce salariéest assimilé, à compter de la date de sonembauche, à un salarié régulièrement engagéau regard des obligations de l’employeur.

L’article L. 8252-2 du Code du travail dispose

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 63

Études de cas

[127] Conformément à la directive 2014/36/UE « travailleurs saisonniers » permettant aux ressortissants de pays tiers deséjourner dans un État membre pour une durée comprise entre cinq et neuf mois par période de 12 mois. Le titre deséjour est renouvelable. L’Irlande et le Royaume-Uni ne participent pas à cette directive.

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que « le salarié étranger a droit au titre de lapériode d'emploi illicite :

1° Au paiement du salaire et des acces-soires de celui-ci, conformément auxdispositions légales, conventionnelles etaux stipulations contractuelles applicablesà son emploi, déduction faite des sommesantérieurement perçues au titre de lapériode considérée. À défaut de preuvecontraire, les sommes dues au salariécorrespondent à une relation de travailprésumée d'une durée de trois mois. Lesalarié peut apporter par tous moyens lapreuve du travail effectué.

2° En cas de rupture de la relation detravail, à une indemnité forfaitaire égaleà trois mois de salaire, à moins que l'appli-cation des règles figurant aux articles L.1234-5, L. 1234-9, L. 1243-4 et L. 1243-8 ou des stipulations contractuellescorrespondantes ne conduise à une solu-tion plus favorable.

3° Le cas échéant, à la prise en charge parl'employeur de tous les frais d'envoi desrémunérations impayées vers le paysdans lequel il est parti volontairement oua été reconduit.

Lorsque l'étranger non autorisé à travailler aété employé dans le cadre d'un travail dissi-mulé, il bénéficie soit des dispositions de l'arti-cle L. 8223-1128, soit des dispositions duprésent chapitre si celles-ci lui sont plus favo-rables.

Le conseil de prud'hommes saisi peut ordonnerpar provision le versement de l'indemnitéforfaitaire prévue au 2°.Ces dispositions ne font pas obstacle au droitdu salarié de demander en justice une indem-nisation supplémentaire s'il est en mesured'établir l'existence d'un préjudice non réparéau titre de ces dispositions. »

Awa Diop est en situation irrégulière au

regard du séjour et du travail depuis son arri-vée en France il y a un an. Son employeurencourt des sanctions pénales et administra-tives pour l’avoir employée illégalement etdevra également s’acquitter du paiementrétroactif du salaire d’Awa Diop, ainsi que descotisations sociales. En raison de sa situationau regard du séjour et du travail, Madame Dioppourra se voir remettre une OQTF (article L.511-1 du CESEDA). Elle ne pourra pas bénéfi-cier d’une admission exceptionnelle au séjourdes étrangers en situation irrégulière, dans lamesure où elle ne remplit pas les conditionsd’ancienneté de séjour et de travail en France.

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[128] Lors de la rupture de la relation de travail, le salarié dont l’employeur a dissimulé l’emploi a droit à une indemnité forfai-taire égale à 6 mois de salaire (article L. 8223-1 du Code du travail). Cette indemnité forfaitaire est due, quel quesoit le mode de rupture de la relation de travail (licenciement, démission, rupture du CDD arrivé à son terme…).

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Le travail illégal constitue un ensemble defraudes à l’exercice d’une activité économiqueet à l’emploi de salariés ayant pour consé-quence des pertes importantes pour lesfinances publiques, en termes de recettesfiscales et de cotisations sociales. Il porteégalement atteinte aux droits des salariésvictimes du travail illégal, qui ne peuventbénéficier de la législation relative au travail età la protection sociale. Face à ces enjeuxmajeurs, le dispositif institutionnel et juri-dique de lutte contre les différentes formesdu travail illégal a été renforcé en France aucours des dernières années et a fait l’objet deplusieurs mesures légales et réglementairesvisant à améliorer les moyens de contrôle etles pouvoirs des agents habilités, à favoriser lacoordination interministérielle et à durcir lerégime des sanctions pénales et administra-tives. Il met également l’accent sur la garantiede la protection des droits des employés.

En 2014, plus de 15 300 infractions ont étéconstatées en France. L’emploi d’étrangersnon autorisés à travailler est la deuxièmeinfraction la plus relevée en 2014, correspon-dant à 12,6 % du total des infractions.

La lutte contre le travail illégal est une prio-rité du gouvernement, reposant sur un travailinterministériel. Le renforcement de la luttecontre le travail illégal au cours des dernièresannées s’est traduit par des résultats significa-tifs, grâce à la mobilisation des services decontrôle des différentes administrations et desorganismes de protection sociale. L’ensembledes acteurs de la lutte contre le travail illégalreste toutefois confronté à d’importants défis,en particulier à l’adaptation constante desactions de contrôle, rendue nécessaire face àde nouveaux enjeux et à des fraudes de plusen plus complexes et sophistiquées.

Plusieurs bonnes pratiques ont été identifiées,sur la base des entretiens et questionnairesmenés dans le cadre de cette étude :

– la signature de conventions de partena-riat, au niveau national et local, avec lespartenaires sociaux de différentesbranches professionnelles ;

– les réunions de sensibilisation à destina-tion des entreprises, permettant de préve-nir les situations d’infraction ;

– la communication sur les sanctions à l’en-contre des employeurs et le renforcementdes sanctions, tant administratives quepénales, qui peuvent avoir un impact directet créer un effet de dissuasion ;

– la création récente de plusieurs outilsvisant à faciliter les contrôles et à lutterplus efficacement contre les différentesformes de travail illégal, tels que la carteBTP ;

– la déclaration préalable à l’embauche etla déclaration sociale nominative, facili-tant la détection du travail illégal ;

– le rôle des CODAF, qui permettent derenforcer les actions de lutte contre lafraude à l’échelle locale ;

– le renforcement des actions de coopéra-tion entre les différents services concer-nés, qui favorise les échanges d’informa-tions et renforce l’efficacité des opérationsde contrôle.

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 65

CONCLUSION

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1. Inspections et sanctions à l’encontre des employeursTableau 1 : Nombre d'infractions d'emploi d'étranger sans titre de travail

(ESTT)129 en France130

Source : Données issues de l'application Tadees (Traitement automatique des données statistiques), DGT/BPSIT, février 2017

Tableau 2 : Mise en œuvre des contributions spéciales et forfaitaires131

Source : Rapport au Parlement, Les étrangers en France, 2015 (données : OFII)

Tableau 3 : Bilan statistique relatif aux sanctions administratives pour travailillégal et en conformité avec l’article 7 de la directive UE/2009/52

Source : Rapport au Parlement, Les étrangers en France, 2015 (données : DNLF)

Nombre d'infractions année 2014 année 2015

Emploi d'étrangers sans titre de travail 1 930 1 388

DONT:

Emploi d'étranger sans titre de travail 1884 1349

Responsabilité pénale d'une personne morale pourl'emploi d'un étranger sans titre de travail

46 39

Année 2013 2014 2015 2016Nombre de dossiers parvenus à l’OFII 3 376 3 030 2 958 2 377Nombre d’infractions constatées (emploid’étrangers sans titre) 5 906 4 788 4 648 3 828

Nombre moyen d’infractions par dossier 1,75 1,58 1,57 1,61

Nombre de décisions ou d'arrêtés

2012 2013 2014 2015

Exclusion des aides, refus et subventions y comprisfonds de l'UE 1 2 13

Exclusion des procédures de marchés publics pourmoins de 5 ans, contrats administratifs 1 2 1 1

Remboursement aides subventions publiques perçuespar l'employeur et fonds UE si infraction TI 12 mois 2 3 13

Fermetures temporaires ou définitives d'établissementsuite à procès-verbal de travail illégal pour emploid'étrangers sans titre

194 291 270 261

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 67

ANNEXE 1 : STATISTIQUES[ ANNEXE 2 : LISTE DES ACCORDS BILATÉRAUX ]

ANNEXE 1 : STATISTIQUES

[129] Sans possibilité de distinction entre les ressortissants de l’UE et les ressortissants de pays tiers.

[130] À la date de la rédaction de l’étude, les données pour l’année 2016 ne sont pas disponibles.

.[131] Le nombre de dossiers parvenus à l’OFII additionne le nombre de procès-verbaux reçus au titre des contributions spécialeset le nombre de procès-verbaux faisant apparaître une infraction au séjour justifiant des contributions forfaitaires (lorsquele salarié n’était pas autorisé à travailler, ni à séjourner, le même procès-verbal est compté deux fois).

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Tableau 4 : Bilan du travail illégal - État 4001 - résultats cumulés des index93, 94 et 95 en métropole132

En 2015, sur les 11 188 personnes mises en cause pour infraction à la législation du travail, lapart des étrangers s’établit à 29,7 % du total des personnes mises en cause, soit 3 323 personnes(contre 3 654 en 2014).

Source : Rapport au Parlement, Les étrangers en France, 2015 (données : Ministère de l’intérieur-DCPJ)

2. Emploi d’étrangers sans titre

Tableau 5 : Nombre de victimes de l’infraction d’emploi d’étranger sans titrede travail

Source : Données issues de l'application Tadees (Traitement automatique des données statistiques), DGT/BPSIT, février 2017

Tableau 6 : Bilan de l'emploi d'étrangers sans titre - État 4001- Index 94 -Évolution du nombre total de personnes mises en cause pouremploi d’étranger sans titre de travail de 2011 à 2014

Au cours des années 2004 à 2014, environ une personne mise en cause sur deux pour emploid’étrangers sans titre était étrangère, soit un peu moins en 2015 avec 910 personnes en métropole.

Source : Rapport au Parlement, Les étrangers en France, 2015 (données : Ministère de l’Intérieur-DCPJ)

2013 2014 Évolution2013/2014 2015 Évolution

2014/2015

Total des personnesmises en cause 12 907 12 024 -6,8% 11 188 -7,0%

Étrangers mis en cause 4 495 3 654 -18,7% 3 323 -9,1%

Pourcentage des étrangers 34,8% 30,4% -12,7% 29,7% -2,3%

Nombre de victimes de l'infraction d'emploi d'étranger sans titre de travail (ESTT)issues de pays tiers et de l'UE en 2015 1 946

Dont ressortissants de pays tiers 1774

Nombre de victimes de l'infraction d'ESTT issues de pays tiers et de l'UE en 2014 2 760

Dont ressortissants de pays tiers 2311

2011 2012 2013 2014 2015 Évolution2015/2014

Évolution2015/2011

Total des personnesmises en cause 2 687 2 689 2 401 2 063 1 977 -4,2% -26,4%

dont étrangers 1426 1334 1215 989 911 -7,9% -36,1%

Part des étrangers 53,1% 49,6% 50,6% 47,9% 46,1% -3,9% -13,2%

68 | Avril 2017 | Quatrième étude ciblée 2016 du REM

Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

[132] Les résultats obtenus en 2015 par les services de police et de gendarmerie en métropole sont retraduits dans troisindex de l’état 4001 (base de données recensant les crimes et délits constatés par la police et la gendarmerie) mesurentl’ensemble des incriminations de travail illégal :

- Index 93 - Travail dissimulé ;- Index 94 - Emploi d’étrangers sans titre de travail ;- Index 95 - Marchandage et prêt illicite de main-d’œuvre.

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Tableau 7 : Conséquences pour les ressortissants de pays tiers identifiés ensituation de travail illégal

3. Principaux secteurs touchés sur le marché du travail

Tableau 8 : Répartition des infractions d’ESTT133 par secteur134

Source : Données issues de l'application Tadees (Traitement automatique des données statistiques), DGT/BPSIT, février 2017

Ressortissants de pays tiersemployés illégalement 2014 2015 2016 Notes méthodologiques

Nombre de titres de séjouret/ou d’autorisations detravail délivrés auxressortissants de pays tiersidentifiés en situationirrégulière au regard duséjour et du travail ou ensituation régulière au regarddu séjour mais en situationirrégulière au regard dutravail

32 244 29 658 Nondisponible

Ces données concernent lesvolumes d'admissionexceptionnelle au séjour desressortissants étrangers(France entière, tous pays) etincluent la délivrance de titrede séjour pour un motif « vieprivée et familiale », salarié »et « étudiant ».Source : AGDREF/DSED,Rapport au Parlement, Lesétrangers en France, 2015

Nombre de décisionsobligeant les employeurs àverser un paiementrétroactif/un montant égalaux impôts et aux cotisationssociales

En 2015, l’OFII a reçu 210 signalements des corps de contrôle(253 en 2014) et 7 fiches provenant des médiateurs en CRA.Aucune procédure de recouvrement des salaires, au titre de l’articleL. 8252-2 du Code du travail, n’a pu être engagée en 2015 (source :OFII)

2014 2015

Agriculture 79 50Industries 57 38Construction 755 494Commerce 325 249Hôtels et restaurants 410 333Transport 65 40Activité de services 72 41Activités financière, immobilière, scientifique et technique 26 21Information et communication 4 2Arts, spectacles et activités récréatives 8 14Autres 129 106Total Établissement 1930 1388

Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 69

ANNEXE 1 : STATISTIQUES

[133] Sans possibilité de distinction entre les ressortissants de l’UE et les ressortissants de pays tiers.

.[134] À la date de la rédaction de l’étude, les données pour l’année 2016 ne sont pas disponibles.

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ANNEXE 2 : LOGIGRAMME

Ministère de l’Intérieur,Direction Générale desÉtrangers en France (DGEF)

Direction de l’immigration

– Adèle HONGOISCheffe du bureau de la lutte contre le travailillégal et les fraudes à l’identité (BLTIFI)

Ministère du Travail, de l’Emploi,de la Formation professionnelleet du Dialogue social,Direction générale du travail(DGT)

Département du pilotage du systèmed’inspection du travail (DPSIT)

– Philippe DINGEONChef du département du pilotage du systèmed’inspection du travail

– Magali ANCEL-DECROSSASEn charge des statistiques sur le travail illégal

– Raymond POINCETChargé de mission au pôle travail illégal etdétachement, Bureau des relations individuellesdu travail

– Christelle AKKAOUIAdjointe au chef du bureau relationsindividuelles du travail

Ministère de l’Économie etdes Finances

Délégation nationale à la lutte contrela fraude (DNLF)

– Christine RIGODANZO,Directrice du travail, chargée de mission

– Geoffroy FOUGERAYCommissaire divisionnaire, chargé de mission

– Rémi FAVIERChargé de mission

ANNEXE 2 : LISTE DES PERSONNESINTERROGÉES OU AYANT CONTRIBUÉÀ L’ÉTUDELes entretiens et les questionnaires ont été réalisés entre novem-bre 2016 et février 2017 par Christelle Caporali-Petit (responsabledu Point de contact français du REM), Anne-Cécile Jarasse (chargéede mission au sein du REM), Tamara Buschek-Chauvel (chargée demission au sein du REM) et Chloé Tinguy (stagiaire au sein du REM).

1) Liste des entretiens menés

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Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

Ministère de l’Intérieur,Direction Générale desÉtrangers en France (DGEF)

Direction de l’immigration

– Sophie DEKNUYDTAdjointe au chef du bureau de l’immigrationprofessionnelle (BIP)

– Virginie SACCAZESChef de la section travail illégal, Bureau de lalutte contre le travail illégal et les fraudes àl’identité (BLTIFI)

Direction régionale desentreprises, de la concurrence,de la consommation, du travailet de l’emploi (DIRECCTE)

– Marc-Henri LAZARDirecteur régional adjoint, responsable du pôlepolitique du travail, DIRECCTE Auvergne-Rhône-Alpes

– Philippe SOLDD irecteur du pôle travail et relations sociales,DIRECCTE Grand Est

– Angélique ALBERTIAdjointe au chef du pôle travail, DIRECCTE GrandEst

– Brigitte KARSENTIDirectrice régionale adjointe, pôle politique dutravail, DIRECCTE Hauts-de-France

– Philippe SUCHODOLSKIDirecteur adjoint du pôle travail, DIRECCTEHauts-de-France

Office français de l’immigration et del’intégration (OFII)

– Odile DORIONCheffe du Pôle de veille juridique et de suivi ducontentieux

– Isabelle DAUGAResponsable du Pôle lutte contre l’immigrationirrégulière

2) Liste des questionnaires complétés et des contributionsreçues

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Quatrième étude ciblée 2016 du REM | avril 2017 | 73

ANNEXE 5 : BIBLIOGRAPHIE

1. Textes, rapports et études

– ACOSS, Rapport d’activité thématique 2015, Lecontrôle et la lutte contre la fraude auprélèvement socialhttp://www.acoss.fr/files/contributed/Acoss%20et%20les%20Urssaf/RA%20RT%202015/Contrôle%20et%20lutte%20contre%20la%20fraude

– Commission nationale de lutte contre le travailillégal, Plan national de lutte contre le travailillégal, 2016-2018http://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/dnlf/PNLTI_2016-2018.pdf

– Cour des comptes, La lutte contre les fraudesaux cotisations sociales, des enjeux sous-estimés,une action à intensifier, septembre 2014

– Direction générale du travail, Analyse de laverbalisation du travail illégal en 2014,décembre 2015h t t p : / / t r a v a i l - e m p l o i . g o u v . f r /IMG/pdf/rapport_verbalisation_en_2014.pdf

– Direction générale du travail, Bilan des contrôlesdans les secteurs prioritaires identifiés par le plannational de lutte contre le travail illégal en 2014,février 2016 http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/controle_des_secteurs_prioritaires_en_2014.pdf

– DNLF, Lutte contre la fraude, Bilan 2015, bilanDNLF 2015http://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/dnlf/ra-dnlf-2015-bat%281%29.pdf

– Glossaire 2.0 du Réseau européen desmigrations, version française, 2012,http://www.immigration.interieur.gouv.fr/content/download/37115/280472/file/13_REM_Glossaire_version_française.pdf

– OCDE, Combattre l’emploi illégal d’étrangers,août 2000http://www.oecd-ilibrary.org/fr/social-issues-migration-health/combattre-l-emploi-illegal-d-etrangers_9789264282391-fr

– OCDE, Perspectives des migrations internatio-nales 2015, septembre 2015http://www.oecd-library.org/social-issues-migra-tion-health/perspectives-des-migrations-interna-tionales-2015_migr_outlook-2015-fr

– Point de contact français du Réseau européendes migrations, Rapport annuel 2015 sur les poli-tiques d’asile et d’immigration, Partie 2, avril 2016http://www.immigration.interieur.gouv.fr/Europe-et-International/Le-reseau-europeen-des-migra-tions-REM2/Rapports-politiques-annuels-sur-l-im-migration-et-l-asile2

Rapport au Parlement sur les données de l’année2015, Les étrangers en France, Treizième rapportétabli en application de l’article L. 111-10 du Codede l’entrée et du séjour des étrangers et du droitd’asilehttp://www.immigration.interieur.gouv.fr/content/download/102786/811173/file/Rapport-politique-du-REM-2016.pdf

ANNEXE 3 : BIBLIOGRAPHIE

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2. Textes législatifs

a) Législation nationale

• LOIS

– Loi n° 2016-274 du 7 mars 2016 relative au droitdes étrangers en Francehttps://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?idTexte=JORFTEXT000032164264&categorieLien=id

– Loi n°2011-672 du 16 juin 2011 relative àl’immigration, à l’intégration et à la nationalitéhttps://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?categorieLien=id&cidTexte=JORFTEXT000024191380

– Loi n° 2006-911 du 24 juillet 2006 relativeà l'immigration et à l'intégrationhttps://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000266495

Loi n°97-210 du 11 mars 1997 relative aurenforcement de la lutte contre le travail illégalhttps://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000565041&categorieLien=id

• CODES

– Code de l’entrée et du séjour des étrangers et dudroit d’asilehttps://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006070158

– Code pénalhttps://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006070719

– Code de la sécurité socialehttps://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006073189

Code du travailh t t p s : / / w w w . l e g i f r a n c e . g o u v . f r /affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006072050

• DÉCRETS, ARRÊTÉS, CIRCULAIRES

– Décret n° 2013-467 du 4 juin 2013 relatifau montant de la contribution spéciale instituéepar l'article L. 8253-1 du Code du travailhttps://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027506882&fastPos=1&fastReqId=439284270&categorieLien=cid&oldAction=rechTexte

– Circulaire du 28 novembre 2012 relativeà l'admission exceptionnelle au séjourdes étrangers en situation irrégulièrehttp://www.interieur.gouv.fr/content/download/36914/279112/file/2012-circulaire-conditions-demandes-admission-sejour.pdf

– Décret n° 2011-1693 du 30 novembre 2011relatif à la protection des droits sociaux etpécuniaires des étrangers sans titre et à larépression du travail illégalhttps://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000024881074&dateTexte=20170306

b) Directives européennes

Directive 2009/52/CE du Parlement européen etdu Conseil du 18 juin 2009 prévoyant des normesminimales concernant les sanctions et lesmesures à l’encontre des employeurs deressortissants de pays tiers en séjour irrégulierhttp://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:168:0024:0032:fr:PDF

74 | Avril 2017 | Quatrième étude ciblée 2016 du REM

Le travail illégal des ressortissants de pays tiers en France

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« L’objectif du Réseau européen des migrations(REM) est de fournir à l’Union européenne, auxÉtats membres et à la société civile des informa-tions actualisées, objectives, fiables et compara-bles dans les domaines des migrations et del’asile afin d’appuyer l’élaboration des politiqueset la prise de décision en la matière.

Ce réseau, institué par la décision du Conseil du14 mai 2008, est coordonné par la Commissioneuropéenne, sous la responsabilité directe de laDirection générale de la migration et des affairesintérieures. Il est organisé en Points de contactnationaux dans chaque État membre ainsi qu’enNorvège. »

Ministère de l’IntérieurPlace Beauvau75800 Paris CEDEX 08

ISBN 978-2-11-152142-1

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de la gendarmerie à LimogesSDG 17-40419-100