Duister Hart (El cor de les tenebres)

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El cor de les tenebres (Duister hart) de Joseph Conrad Direcció de Guy Cassiers Foto: Koen Broos Crítiques i recull de premsa --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Recull de crítiques

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El cor de les tenebres (Duister hart)

de Joseph Conrad Direcció de Guy Cassiers

Foto: Koen Broos

Crítiques i recull de premsa --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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La premsa ha dit…

“Guy Cassiers, mestre del video al teatre, aconsegueix una vegada més i dóna vida a un dels més grans textos literaris”

Guy Duplat. La Libre Belgique. 29/11/11

“Posada en escena i interpretació fenomenal, sempre al servei d’un text que diu molt sobre l’home i la societat. Això ens porta a un gran espectacle”

Yves Desmet. De Morgen. 26/11/12

“Dark Heart va directament a l’essència d’aquest fascinant llibre, on la

tragedia i el misteri es fonen. Qui estima el teatre despullat de Guy Cassiers, té l’oportunitat de trovar-se una gran sorpresa”

Geert Van Der Speeten. De Standaard. 20/11/11

“Es desplacen les visions vertiginoses on les imatges de les diferents expressions de la mateixa cara es superposen. Reflecteixen una fascinació

enlluernadora del personatge.”

Emmanuele Bouchez. Telerama 3230. 10/12/11

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La Libre Belgique. 29/11/11

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De Morgen. 26/11/12

De Morgen - 26 novembre 2011

JOSSE DE PAUW et GUY CASSIERS

font étinceler Coeur ténébreux à la Toneelhuis

Sombrer dans les abysses de l’horreur

BRUXELLES. Une mise en scène et une interprétation phénoménales, toutes deux au service d’un

texte impressionnant qui dit beaucoup sur l’homme et la société. Voilà qui débouche sur un

spectacle formidable.

par YVES DESMET

Le roman de Conrad, Heart of Darkness (Au coeur des ténèbres) dont est tirée l’adaptation théâtrale

Coeur ténébreux est gravé dans la mémoire collective parce que Francis Ford Coppola s’en était

inspiré pour son film Apocalypse Now avec Martin Sheen et Marlon Brando. Sur la scène de la

Toneelhuis, vous ne verrez pas d’hélicoptères ; mais avec ses panneaux coulissants et beaucoup de

projections évocatrices, Guy Cassiers a parfaitement su rendre l’atmosphère crépusculaire du fleuve

Congo, où se déroule le roman.

Le capitaine de bateau Marlow remonte le fleuve avec l’idéalisme naïf du jeune Occidental qui part

en voyage vers l’un des derniers territoires peu connus du globe, l’une des zones blanches du grand

atlas du monde. Mais ce voyage tourne à la descente dans l’enfer de Dante, au plus profond duquel

l’attend l’agent commercial Kurtz : un pilleur d’ivoire couronné de succès, à la faconde

éblouissante, l’icône de l’idéal colonial du matérialisme et de la civilisation.

Mais la jungle a découvert l’inconsistance du personnage et l’a empoisonné, lentement mais

sûrement, lâchant sur lui ses démons et l’inoculant de sa folie : et il est devenu une épave tant sur le

plan physique que moral. Le jeune Marlow en est fasciné au point de s’identifier totalement avec

l’homme dans une scène de mort hallucinante.

Pendant son périple, Marlow rencontre plusieurs personnages, tous interprétés par Josse De Pauw

par le biais de projections vidéo de lui-même, avec lesquelles il entre en interaction. Cela exige de

travailler au millimètre près en termes de d’emplacement de l’acteur sur la scène et de minutage des

répliques. Que l’on pense aux innombrables positions des éclairages, aux éléments constamment

coulissants des panneaux de décor ainsi qu’à la foule de projections et l’on comprendra que cette

production menaçait de paraître par trop alambiquée.

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Mais c’est le contraire qui se passe : tous les éléments s’enchaînent si parfaitement que le résultat

donne l’impression d’une mise en scène toute en retenue, entièrement au service de De Pauw et du

texte. Rien n’est illustré par des images, mais tout concourt à l’évocation des ténèbres. Ce qui, pour

le spectateur, commence comme une narration se transforme en une dérive dans laquelle il se croit à

bord du bateau à vapeur. L’adaptation théâtrale est d’ailleurs de la main de De Pauw lui-même, qui

en a fait un miroir impérieux dans lequel le spectateur se retrouve face à face avec l’obscurité en

lui-même une fois que « le vernis de la civilisation s’est érodé ».

Cette critique acerbe de notre passé colonial est aussi une accusation très actuelle de la rhétorique

vide et de l’évidence avec laquelle notre civilisation se considère supérieure à toute autre, pour la

seule raison que nous avons le verbe haut.

Le naturel avec lequel De Pauw joue dans ce monologue six rôles qu’il met en regard les uns des

autres, prouve une fois de plus qu’il est l’un de nos meilleurs comédiens. Notamment dans ce

moment magique où il met Marlow et Kurtz en symbiose, et que ce dernier prononce ses fameuses

dernières paroles : « L’horreur ! L’horreur ! »

Le spectacle vaudrait d’être vu ne serait-ce que pour ce moment.

Une représentation extrêmement précise et précieuse, trompeusement simple, qui donne la place

centrale à l’acteur et à son texte.

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De Standaard. 20/11/11

LUNDI 28 NOVEMBRE 2011

LE COEUR DES TÉNÈBRES D’APRÈS GUY CASSIERS

Un voyage dans l’enfer de l’esprit

L’équipée à travers la jungle dans laquelle Josse De Pauw nous entraîne dans Coeur

ténébreux, conduit droit à l’enfer qui se déchaîne dans notre tête. Un monologue puissant,

rigoureusement mis en scène.

DE NOTRE RÉDACTEUR GEERT VAN DER SPEETEN

ANVERS

Ce n’est pas le loup de mer que Joseph Conrad décrit dans son roman Heart of darkness

que nous donne à voir Josse De Pauw : car il arrive en jeans et en chemise cubaine, une

bouteille d’eau minérale à la main. Ici, c’est un narrateur qui largue les amarres. À une

cadence incandescente et en phrases bien tournées, le capitaine de marine Marlow parle

du mince vernis qui recouvre notre civilisation. Sa fascination ultime : « ce serpent

gigantesque qui se délove » sur la carte de l’Afrique. Il veut remonter le fleuve Congo, une

terre vierge sur un continent à peine colonisé. Le périple à travers la jungle, dans un

vapeur rafistolé, commence avec beaucoup de pittoresque. Mais bientôt, il s’avère tenir

d’une descente terrifiante dans l’abysse. Finalement, il débouche sur une opération de

sauvetage à la Morton Stanley.

Au plus profond de la brousse, dans le poste commercial le plus reculé, un certain Kurtz

s’est retranché. La sauvagerie s’est infiltrée dans le sang de ce vorace chasseur d’ivoire.

Tenaillé par des idées délirantes et des terreurs paranoïaques, Kurtz s’est autoproclamé

une divinité. Les atrocités de ce « génie universel » tombé de son piédestal évoquent

celles commises sous le régime colonial de Léopold II.

Le metteur en scène Guy Cassiers ne se complaît cependant pas à nous les montrer.

Toute anecdotique est bannie de ce spectacle nu, extrêmement sobre, où seule la

suggestion règne en maître. Des bruissements électroniques composent le paysage

sonore d’un voyage au bout de la nuit. Le bouton de contrôle du volume ne monte en tout

et pour tout qu’une seule fois.

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Le fond de l’abîme

Sur les écrans vidéo se glissent de lentes ombres portées. Les images et les éclairages

sont raffinés. On voit comment l’eau s’infiltre lentement dans le spectacle, comment le

massacre au coeur de l’action colore l’écran de rouge sang. Le périple de Marlow, c’est

clair, est un voyage intérieur. Sur le mur vidéo, Josse De Pauw parle avec diverses

facettes de son personnage. Un à un, ils s’avancent vers nous dans des fragments filmés

à l’avance, en déguisements qui hélas n’ont pas tous la fraîcheur et l’originalité souhaitées.

Avec ces images doubles – en direct et sur pellicule – Cassiers continue et affine la

technique employée dans Sang & roses.

L’entretien final entre Kurtz et Marlow tient du tour de force. L’image ultime ne cherche pas

à faire concurrence à la scène légendaire d’Apocalypse now, où Marlon Brando, en G.I.

dépravé aux temps de la guerre du Vietnam, évoque les « horrors ». Dans Coeur

ténébreux, Marlow est face à face avec les démons qui le possèdent. Deux têtes

agrandies à la largeur du podium se fondent l’une dans l’autre dans ce moment

d’identification extrêmement bien étudié. Un homme au fond de l’abîme : le regard

insondable, vide, révèle le délire.

Brouillard et obscurité

Ce que Josse De Pauw montre dans ce silence désolé est magnifique. Son style de jeu

souvent revêche et brut de coffre est concentré dans un style de narration nonchalant, qui

trahit simultanément une précision affilée. Il rend tangible la symbolique abondamment

présente du brouillard et de l’obscurité.

La façon dont cette adaptation théâtrale, après celle de Sous le volcan en 2099, met une

fois de plus à nu la moelle même d’un chef-d’oeuvre littéraire, est remarquable. Coeur

ténébreux va droit à la quintessence fascinante de ce livre, où le tragique et le mystère

fusionnent sans s’évaporer dans la ténuité.

Qui aime le style théâtral impassible et dépouillé de Guy Cassiers, a l’occasion d’avoir ici

une belle surprise.

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Télerama nº 3230. 20/12/11

Coeur ténébreux

Joseph Conrad

Ils étaient six à saluer, le soir de la première, fin novembre, au Toneelhuis d’Anvers.

Cinq à venir entourer l’acteur phénomè¬ne Josse De Pauw, seul en scène une heure

et demie durant... Solitaire en apparence seulement, car, dans les coulisses, ses cinq

autres compagnons (vidéaste, créateurs des lumières ou du son), s’activaient eux

aussi en direct à la représentation, démultipliée par les effets de la vidéo, comme

toujours chez le metteur en scène anversois Guy Cassiers.

Depuis le début, Josse De Pauw nous a fait face. Une stature d’homme plus que mûr,

arborant chemise enrobante sur pantalon large, et bouteille d’eau à la main, tel l’outil

assumé d’un sportif en performance. Après Malcolm Lowry (et le rôle du consul dans

Sous le volcan), le comédien accompagne cette fois encore Guy Cassiers dans son

voyage à travers l’écriture romanesque de la première moitié du XXe siècle. Il est

désormais Marlow, ce capitaine de Joseph Conrad remontant le fleuve Congo,

irrésistiblement attiré par Kurtz, sulfureux trafiquant d’ivoire.

Il faut ici oublier Coppola et son film Apocalypse now de la fin des années 1970.

Cassiers, loin de la guerre du Vietnam et des évocations psychédéliques de l’enfer sur

terre, est revenu à l’original : au Congo et aux ténèbres d’une forêt africaine, propriété

directe du roi des Belges quand le bourlingueur Conrad écrit Au coeur des ténèbres,

en 1899.

Le metteur en scène zoome sur le personnage de Marlow et sur sa quête intérieure,

tandis qu’il file lentement vers un royaume en perdition. L’acteur chuchote son récit

comme une confidence, alors que des projections sur des blocs mouvants figurent à

l’arrière ses images mentales : kaléidoscope graphique de matières ligneuses et

végétales, ou, plus surprenants encore, des personnages diaphanes dans leurs

costumes d’époque... Or ces fantômes, convoqués par Marlow - parmi lesquels Kurtz

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- sont aussi interprétés par De Pauw. Défilent alors de vertigineuses visions où les

images d’un meme visage aux expressions différentes s’enchaînent puis se

superposent. Elles traduisent de manière éblouissante la fascination du personnage,

figé dans la contemplation de Kurtz - l’homme du mal...

Emmanuelle Bouchez

Telerama n° 3230 - 10 décembre 2011