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    1931

    omment

    se développe

    chez

    Fenfant

    la notion du

    corps propre

    1)

    Etudier par quels degrés

    l'enfant

    parvient

    à

    réaliser une notion

    suffisamment cohérente et unifiée

    de son être physique, c'est, en même temps

    que poser un problème particulier de psychogenèse, montrer la complexité

    réelle

    d'une

    notion couramment

    utilisée en

    psychologie et

    en

    psychopathologie comme

    une sorte

    d'élément primitif

    ou

    de

    facteur

    ultime, que

    l'analyse

    n'aurait

    pas à

    dépasser et

    qui

    pourrait

    servir à expliquer

    certaines

    variations

    de

    la

    conscience,

    simplement

    en

    lui

    supposant

    des

    variations

    correspondantes.

    La

    nécessité, généralement incontestée,

    de reconnaître aux

    faits

    de la

    vie psychique

    des

    corrélations

    organiques fait souvent,

    en effet, donner

    comme

    substrat

    au sentiment

    de

    personnalité la

    sensibilité du

    corps

    propre,

    ou

    cénesthésie.

    Qu'à deux

    moments

    ou à

    deux périodes

    de son existence

    un

    individu

    ait peine à se reconnaître comme le même, c'est la

    cénesthésie qui

    a

    changé ;

    et

    cette explication commode a sans doute

    contribué

    pour beaucoup,

    naguère,

    à accréditer,

    la suggestion

    aidant, les

    cas

    aujourd'hui

    introuvables

    de

    double

    ou triple

    personnalité.

    Dans les délires d'influence, qui donnent

    au

    malade l'impression

    d'être

    sans frontières

    vis-à-vis

    d'autrui,

    de

    telle sorte

    qu'il

    croit tour à tour ses

    actes, ses

    paroles,

    ses

    pensées

    perçues ou imposées

    par

    d'autres, les formes

    de cette illusion

    qui

    sont usuellement

    regardées

    comme fondamentales,

    bien que les plus

    particulières

    et souvent les plus tard venues clinique-

    ment,

    sont

    celles qu'il

    paraît

    possible d'attribuer, comme à leur

    cause

    essentielle, à des

    troubles

    cénesthiques et sensoriels. Voix dans le ventre, dans la

    poitrine, dans la tête,

    et

    d'aventure dans les oreilles. Soi-disant hallucinations

    cénesthésiques ou auditives.

    Alors qu'un

    trouble primitif

    de

    la

    sensibilité

    devrait avoir pour premier

    caractère une localisation, un

    siège, sinon

    toujours

    parfaitement

    circonscrit,

    du

    moins

    suffisamment constant,

    bien

    loin

    de

    là,

    il

    arrive que les mêmes voix

    soient

    situées successivement dans le ventre

    ou dans

    la

    tête.

    Et,

    pour

    quelques malades qui affirment les

    avoir

    entendues,

    comme de juste,

    par

    les oreilles,

    tout

    clinicien

    connaît

    les hésitations,

    réticences et contradictions de la plupart, s'il s'agit de leur faire

    véritablement assimiler

    ces voix à des voix naturelles, de

    siège

    auriculaire

    et

    d'origine extérieure.

    Mais le

    besoin,

    qui

    paraît si

    impérieux chez tous,

    de

    donner

    à

    leur trouble une expression

    spatiale

    et

    de

    le situer, avec une réussite

    d'ailleurs très

    variable,

    dans

    leur

    corps ou dans le

    monde extérieur,

    est bien une

    (i)

    Article

    extrait

    du

    Journal

    de

    Psychologie,

    nov.-déc.

    193

    1.

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    122

    H.

    WALLON

    preuve

    que ces localisations

    et leur

    cortège

    sensoriel

    sont

    un

    aboutissement

    ou une

    simple rencontre,

    plutôt qu'un point

    de départ

    ou une

    cause. Ce

    que donne

    l'observation, débarrassée

    du préjugé

    sensualiste,

    c'est

    strictement, avec cette tendance

    à

    localiser

    les

    états

    de conscience

    quelque part,

    l'impuissance à maintenir la distinction de l'actif

    et

    du passif, du

    moi et

    d'autrui. Des

    troubles,

    par conséquent, qui

    sont bien

    en

    deçà du simple plan

    de

    la

    cénesthésie.

    C'est encore

    par une

    altération de la cénesthésie que sont

    communément

    expliquées les

    idées

    de négation corporelle,

    d'énormité et

    d immortalité, sans

    qu'il y

    ait

    de

    cette altération d'autre

    preuve

    que ces idées elles-

    mêmes. Est-il d'ailleurs possible d'imaginer

    une

    cénesthésie à

    leur

    mesure <

    Et

    ces idées monstrueuses ne sont-elles pas plutôt l'expression, au delà de

    toute limite imaginable, de l'angoisse éperdue

    et sans

    mesure

    qui

    toujours

    leur est synchrone (1) ?

    Abolition

    ou obtusion de la cénesthésie, dit-on souvent aussi,

    pour

    rendre

    compte

    des mauvais

    traitements ou

    des mutilations que peuvent

    s'infliger

    à

    eux-mêmes l'idiot

    et

    le

    dément.

    Mais

    leur

    prétendue insensibilité

    ne

    serait jamais

    qu'une condition purement

    négative de non-empêchement

    et ne suffirait

    pas à rendre

    compte

    du goût

    qu'ils ont

    à

    exercer

    des

    sévices

    sur

    eux-mêmes.

    Pour l'idiot,

    son

    acharnement à se

    frapper ou

    à se mordre

    coïncide

    toujours, au contraire, avec une activité très différenciée, bien

    que

    monotone, qui paraît

    ne pouvoir être réglée

    ou suscitée

    que

    par

    des

    nuances souvent très fines

    d'impressions

    cénesthésiques

    ou sensorielles (1).

    Ce que

    traduisent

    les coups

    ou

    les caresses

    qu'il

    se

    donne, c'est, je l'ai

    montré, le

    conflit,

    chez lui

    persistant

    et

    à

    son paroxysme,

    entre deux

    systèmes

    de sensibilité

    et

    de réactions,

    dont

    à l'état normal l'un réduit l'autre : le

    système des

    relations

    avec l'extérieur

    et

    le système des ébranlements

    intimes.

    Leur concurrence,

    en s'exaspérant,

    fait

    que

    les

    spasmes,

    manifestation

    combinée de

    la

    sensibilité

    et

    des

    réactions subjectives, ne

    se

    laissent

    plus réduire

    sinon par

    des excitations périphériques graduellement plus intenses. Et c'est

    ce qui s'observe,

    en

    dehors de

    l'idiotie,

    dans les crises émotives où la

    sensibilité

    organique

    et

    affective tend à

    l'emporter sur l'autre (2). Au

    sommet

    de la colère ou

    du

    désespoir

    on

    voit des

    enfants

    et même des

    adultes

    se

    frapper, se

    tordre

    les mains, se mordre, s'arracher les cheveux.

    Quant

    au dément, bien des réactions partielles, bien des fantaisies

    hypocondriaques montrent que la

    cause de

    ses

    automutilations

    n'est

    pas

    son in-

    senbilité cénesthésique.

    Ce qui semble les favoriser,

    quel qu'en soit le motif

    occasionnel,

    c'est

    la

    dissolution

    de

    cet

    ensemble

    cohérent

    et

    coordonné

    qu'une activité

    adulte

    et

    normale

    tend

    à constituer

    et

    à reconstituer

    sans

    cesse à l'égard,

    non

    seulement de ses buts extérieurs, mais

    aussi

    de l'être

    intime, condition

    de

    leur réussite. Au

    pouvoir de réalisation mentale se

    substitue l'émiettement

    des

    automatismes et

    des sensibilités,

    émiettement

    dans la durée comme

    dans

    l espace, reproduisant ce qui peut s'observer chez

    le tout petit enfant, mais avec les

    conséquences

    beaucoup plus graves

    qu'entraînent les

    occasions,

    les habitudes, les

    mécanismes d'activité propres

    à

    (i) H.

    W.

    -

    Psychologie

    pathologique,

    Alcan, 1926, p.

    58.

    (1) H.

    W.

    - L'Enfant turbulent.

    Alcan, 1925, p.

    104

    sqq.

    (2) H.

    W

    - Le

    comportement émotionnel, Revue des Cours et Conférences, 28 fé-

    vr er

    et

    30

    mars

    1930, pp.

    329-546,

    702-712.

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    LA

    NOTION

    U CORPS PROPRE

    123

    l'âge

    adulte.

    Au lieu que l'impression

    subie

    ou la velléité naissante

    suscitent la

    réponse

    se totalisent les

    intérêts et

    les possibilités du

    moment,

    il

    se produit des court-circuits souvent baroques.

    La souffrance ressentie

    reste

    comme

    .étrangère à l'automatisme

    qui

    en est la

    cause.

    Elle

    peut même

    indirectement contribuer à l'entretenir par l'ébranlement indifférencié qu'elle

    diffuse

    autour

    d'elle.

    Pour

    jouer

    les rôles

    qui

    lui

    sont

    si facilement attribués, ces exemples

    montrent que la

    cénesthésie devait

    être

    considérée

    comme tout autre

    chose

    qu'une

    sensibilité élémentaire

    et brute. Mais

    elle

    n'est

    même pas

    réellement

    envisagée comme

    telle par ceux

    qui

    l'utilisent. Faite pour donner

    l'illusion,

    sous

    le couvert

    d'un

    mot commode,

    d'introduire

    dans

    les

    problèmes

    de

    psychologie la

    considération

    de

    l'organisme,

    elle est en fait le simple reflet

    des notions

    auxquelles

    elle

    est censée

    servir de support

    et

    ne saurait

    donc

    absolument rien

    y

    ajouter.

    Ignorante des

    études

    qui

    ont

    pu

    être

    entreprises

    sur la sensibilité

    intéro-

    et proprioceptive,

    sur

    la sensibilité

    protopathique,

    sur les rapports de la sensibilité

    et

    des états

    affectifs,

    sur les écarts de vitesse

    nerveuse

    entre

    les

    diverses

    formes

    de

    sensibilité

    (1),

    elle

    reste,

    sous

    sa

    forme

    globale,

    la

    conscience du

    corps,

    c'est-à-dire

    une simple spécialisation de la

    conscience

    telle

    que la peut définir l'introspection. Elle

    consiste dans

    l application

    du sens intime à l'organisme,

    dont

    elle serait la représentation

    immédiate ;

    et cette représentation en

    exprimerait

    l'essentielle,

    l'efficace

    réalité.

    C'est donc

    toujours, non

    seulement réduire le domaine de la

    psychologie

    à

    celui

    de

    la conscience,

    mais

    vouloir, par une sorte d'illusion

    animiste,

    expliquer

    la

    conscience

    par la conscience, mettre la

    cause dans

    les effets

    eux-mêmes. Bien inutilement. Quels que soient les subterfuges employés,

    décomposition du

    tout en images particulières et

    de catégories

    diverses,

    puis

    recomposition

    par

    des

    artifices

    ou

    mécanismes variables,

    le

    résultat

    ne

    peut,

    en définitive,

    rien

    donner

    de plus

    que

    les données

    initiales. Pur jeu verbal

    ou, tout au

    plus, d'analyse conceptuelle, enfermé

    en lui-même et sans

    contact avec les

    actions,

    rencontres

    et

    conséquences du réel.

    Le remède à ce que peuvent avoir d'immobilisant

    pour

    la vie

    psychique sa réduction à

    des

    aperceptions en quelque sorte statiques et leur

    fragmentation en

    images

    également inertes

    a

    été cherché, mais vainement, dans

    l'affirmation de son

    dynamisme global ou

    dans sa fragmentation en dynamis-

    mes

    partiels,

    en tendances

    de diverse nature.

    Car ce n'est

    rien ajouter

    d'autre à leur

    définition,

    sinon que le temps et le devenir

    sont

    nécessaires à

    la

    révélation

    de

    leur

    contenu.

    Sans

    doute

    n'est-il

    plus

    alors

    donné

    qu'en

    puissance,

    au lieu d'être explicitement

    saisissable

    d'emblée,

    mais

    il n'en

    est pas

    moins une

    donnée définitive d emblée, dans

    la

    mesure du moins

    où le

    devenir

    invoqué

    est un devenir particulier, le devenir

    de

    quelque chose.

    Mettre sous

    forme

    progressive

    l'explication

    de l'effet par lui-même, ce

    n'est

    pas changer

    beaucoup

    à l'explication.

    Entre autres objets,

    l étude du psychisme peut se

    proposer de connaître

    l'origine ou le rôle de ce qui prend

    formule

    consciente et

    s'offre

    ainsi

    à

    l'introspection. Mais

    il

    n'y

    a là,

    pour

    elle, que des

    faits

    parmi les

    faits

    et

    non

    des principes d'explication.

    Au

    lieu,

    par suite, d'accorder aux

    impressions

    (i)

    Sherrington,

    Head, H.

    Wailon,

    H.

    Ptéron.

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    124 H. WALLON

    et notions de conscience le pouvoir de révéler à chacun ce qui se passe,

    non

    seulement en lui-même, mais

    chez autrui,

    et de leur

    attribuer ainsi

    une

    signification stable et

    universelle,

    le psychologue ne les envisagera

    jamais

    à

    l'état

    pur

    et pour elles-mêmes, mais il les interprétera dans leurs

    manifestations actuelles, c'est-à-dire

    dans

    leur

    façon concrète de se manifester,

    et

    dans

    leurs rapports

    avec

    les possibilités

    que

    leur

    offrent

    à

    ce moment-là

    le

    sujet

    ou

    les

    circonstances.

    C'est

    la

    seule méthode

    qui

    permette

    d'éviter

    les

    fausses assimilations, les anachronismes

    et qui puisse

    faire découvrir,

    sous

    les

    aspects ou les formules conventionnels de la vie

    psychique,

    ses vrais moyens

    de réalisation.

    Rien

    ne peut, à

    cet

    égard, être fertile, en erreurs ou en

    enseignements comme la

    psychologie

    de l'enfant. Confondre ou distinguer les

    étapes

    qui séparent ses façons de

    réagir et

    de

    penser

    de celles que

    s'attribue

    l'adulte, c'est

    ou

    prolonger les

    illusions

    de la

    psychologie introspective par

    la

    plus

    truquée des perspectives ou

    reconnaître

    plan par

    plan

    les fonctions

    qui

    ont

    successivement intervenir et s'intégrer les unes aux autres pour

    aboutir

    à

    ces unités supérieures de la vie consciente ou de la vie psychique,

    dont

    nous sommes

    souvent

    tentés

    de

    prendre

    l'unité

    actuelle

    pour

    une

    simplicité essentielle

    et primitive.

    Il importe

    donc,

    en

    étudiant l'enfant,

    de

    confronter

    entre elles ses

    manifestations

    d'activité, de

    manière

    à leur

    donner

    leur

    vraie

    signification

    en reconnaissant d'âge

    en

    âge quelles sont ses

    possibilités

    fonctionnelles.

    De même que la notion du

    moi psychique implique,

    avec

    une

    suffisante

    organisation des réactions

    soit simultanées soit successives et

    de leurs

    motifs

    intimes ou externes, l'opposition

    plus

    ou moins latente et

    virtuelle

    à

    sa

    propre

    personnalité de

    personnalités

    étrangères,

    pour

    le

    moi

    corporel, sa

    notion

    ne

    se

    borne

    pas

    à

    l'intuition,

    même

    suffisamment

    coordonnée,

    des

    organes

    et

    de

    leur

    activité

    :

    elle exige que la distinction se fasse

    entre

    ce

    qui

    doit être rapporté au

    monde

    extérieur en regard de ce qui peut être

    attribué

    au

    corps propre et considéré comme le

    définissant

    sous ses différents

    aspects.

    Une condition indispensable, sinon automatiquement suffisante, c'est

    donc

    que

    la liaison

    soit

    possible entre

    l'activité qui

    est

    tournée

    vers le

    monde extérieur

    et

    celle qui se rapporte plus

    immédiatement

    aux

    besoins

    et

    aux

    attitudes

    du

    corps.

    Or

    l'état

    du système nerveux à la naissance s'y

    oppose,

    suivant les

    constatations

    de

    l'anatomiste

    C. von Monakow. Entre

    les

    deux,

    pas d'intégration

    fonctionnelle tant que

    ne se

    sont

    pas myélinisées

    les

    fibres

    nerveuses

    du

    système

    vestibulaire,

    du

    noyau

    ventral, du corps

    trapézoïde, de l'olive supérieure, des

    noyaux

    moteurs.

    La

    soudure ne

    commence à se faire qu'après

    le

    troisième

    mois,

    elle se poursuit jusqu'au

    sixième

    et n'est pas achevée avant le douzième.

    Pour commencer,

    il

    y a

    donc

    dissociation

    entre

    les différents domaines

    fonctionnels : le domaine intéroceptif

    qui

    est celui de la

    sensibilité

    viscérale, le domaine proprioceptif

    qui

    comprend les sensations liées

    à

    l'équilibre,

    aux attitudes, aux

    mouvements,

    et le

    domaine extéroceptif

    ou celui

    de

    la

    sensibilité

    tournée

    vers

    les excitations

    d'origine

    extérieure. Entre eux l'écart

    chronologique

    que

    traduisent

    leurs manifestations est considérable. Les

    fonctions intéroceptives

    sont

    les plus précoces, les fonctions extéroceptives

    les

    plus

    tardives.

  • 8/18/2019 Wallon-Cómo Se Desarrolla en El Niño La Noción de Cuerpo Propio

    6/31

    LA

    NOTION U CORPS

    PROPRE 125

    De toutes les

    manifestations

    organiques ce sont celles

    en rapport

    avec

    le tube

    digestif

    et

    l'alimentation qui

    semblent

    avoir

    le

    plus de

    concomitants

    dans

    le développement

    psychique de l'enfant. Le

    cœur

    bat dès la période

    foetale,

    et,

    si

    son

    rythme,

    son

    rôle

    se modifient

    à la

    naissance,

    si dans tout

    le cours

    de l'existence son

    activité

    est perpétuellement

    influencée par

    les

    péripéties de la

    vie

    organique

    et psychique, s'il est

    l'origine de sensations souvent

    violentes,

    ses

    fonctions

    ne

    sont pourtant pas

    directement

    un

    motif

    d'activité.

    Mêmes

    remarques

    pour

    les

    fonctions vaso-motrices.

    La

    respiration

    commence avec la vie extra-utérine ; elle

    en

    est le

    premier événement. Le réflexe de refroidissement

    périphérique

    qui aboutit

    à la première

    inspiration

    est suivi, dès les

    premières

    minutes,

    par d'autres

    réflexes

    ou réactions qui ont

    leur

    point de départ ou leur siège dans l'arbre

    respiratoire : éternuements,

    cris et

    même

    bâillement;

    si du

    moins,

    conformément

    à l'opinion courante, le bâillement est bien

    une

    simple

    modification

    respiratoire

    ;

    je

    le rattacherais plutôt,

    par l'intermédiaire

    de

    retirement,

    à la

    sensibilité

    articulaire

    et

    aux réactions toniques, c'est-à-dire

    au

    domaine proprioceptif. Il

    n'y a

    pas révélateur

    des

    alternatives par lesquelles

    passe

    l'activité

    psychique

    plus

    sensible

    que

    les

    variations

    respiratoires

    (2).

    Elles n'obéissent pas, comme la

    circulation,

    à des commandes

    purement

    réflexes

    ou

    automatiques ; elles sont

    aussi sous

    la dépendance directe de

    la volonté. Si elles tiennent une

    place

    de premier plan dans les automatismes

    de l émotion

    : rire,

    sanglots,

    soupirs, c'est

    aussi

    d'elles

    que

    sont

    issus le

    chant et la

    parole,

    activités pleines d'automatismes sans doute, mais d'origine

    mentale

    et

    perpétuellement soumises

    au

    contrôle

    mental.

    Les impressions

    respiratoires pénètrent

    de bien des

    manières la sensibilité psychique.

    L assimilation

    que

    fait Freud de

    l'angoisse au retour

    des

    impressions qui furent

    liées

    à

    la première inspiration

    du

    nouveau-né n'a, sans doute, que la valeur

    d'un mythe ;

    mais

    la vérité de ce mythe c'est l'altération respiratoire qui

    signale

    tout

    événement

    de

    la

    vie

    ou

    de

    l'activité

    psychiques. Pourtant

    lorsque la respiration devient

    pour elle-même

    un motif

    d'activité,

    cette

    occupation, qui est assez

    précoce chez

    le petit

    enfant

    et parfois extrêmement

    diversifiée,

    répond

    moins

    à

    des appétits

    organiques

    ou affectifs qu'à une

    gymnastique très spécialisée, qui va

    pouvoir

    fournir

    au langage ses

    mécanismes sensori-moteurs.

    Les premiers réflexes alimentaires ne retardent

    guère sur

    les réflexes

    respiratoires.

    Au cours

    de l'accouchement, alors

    que

    seule encore

    la

    tête du

    nouveau-né

    était

    sortie, Preyer a

    pu

    obtenir, par excitation

    des

    lèvres, un

    réflexe de

    succion.

    Succion

    et déglutition s'apparentent par la forme, par

    l enchaînement,

    par l'étroite

    et

    précise coordination

    de

    leurs

    mouvements,

    au

    péristaltisme

    œsophagien, gastrique, intestinal

    et n'en diffèrent

    que

    par leur

    siège périphérique

    et leur

    plus grande différenciation.

    Mais

    c'est

    une

    particularité

    de grande conséquence.

    Ayant

    à

    ouvrir ou

    fermer

    le tube

    digestif, l'activité buccale développe et affine ses connexions, ses mécanismes,

    ses aptitudes

    discriminatives.

    Elle devient une sorte

    d'intermédiaire entre

    les besoins de l'organisme

    et

    le milieu extérieur. Dans les premiers temps,

    le seul

    réflexe de

    défense

    alimentaire

    est

    la régurgitation.

    Au

    bout d'un mois,

    (1) H.

    W. Le

    comportement fonctionnel du nourrisson, Revue des Cours et

    Conférences,

    15 février 1930, p. 411.

    (2)

    Benussi.

    La

    suggestione

    e

    l'ipnosi,

    Bologne,

    N.

    Zanichelli,

    1923, p.

    58

    sqq.

  • 8/18/2019 Wallon-Cómo Se Desarrolla en El Niño La Noción de Cuerpo Propio

    7/31

    126

    H.

    WALLON

    la

    réaction devient

    préventive

    et

    se

    transporte

    sur

    le

    devant de la bouche.

    Sous

    l'influence

    de

    la

    satiété, d'un

    malaise digestif, la

    pointe de

    la

    langue

    frappe

    contre le mamelon ou la

    tétine, les

    lèvres repoussent et crachent.

    Après le

    deuxième mois,

    la

    faim peut,

    en dehors

    de

    toute

    excitation locale,

    provoquer des mouvements de succion. Avec la poussée dentaire apparaît

    la tendance à mordre. A

    un

    an,

    quand

    la soudure de Monakow s'est

    faite,

    l'enfant

    est

    capable

    de

    prendre

    spontanément

    sa

    nourriture.

    Dans

    les

    premières

    semaines de son

    existence, il

    est,

    en tétant,

    tout

    absorbé

    par

    les mouvements de sa bouche

    et

    de son parynx, paupières closes,

    poings

    légèrement fermés, avant-bras

    fléchis.

    Pendant le

    deuxième mois,

    il

    ouvre déjà largement les yeux. Après le quatrième,

    il

    sourit

    à

    sa nourrice,

    tourne la

    tête vers

    une personne proche, s'interrompt

    pour

    une faible

    stimulation auditive

    ou

    visuelle. Les

    excitations

    extéroceptives peuvent déjà

    disputer

    son attention à

    ses

    fonctions

    intéroceptives. Mais bientôt

    les

    organes

    intéroceptifs vont servir

    d organes

    extéroceptifs, le

    monde

    extérieur

    prenant

    une

    importance graduellement plus grande

    pour

    l'enfant, à mesure

    que

    des

    connexions

    s'établissent entre

    ces deux domaines de son activité. Portant

    tout

    ce

    qu'il

    saisit

    à

    sa

    bouche,

    comme

    à

    la

    région

    de

    son corps dont

    la

    sensibilité

    est

    le plus

    en

    éveil,

    il

    apprend à

    distinguer

    les

    choses

    entre

    elles.

    C'est ce que W. Stern

    appelle

    la

    période

    de l'espace buccal. Espace

    qu'il

    ne

    faut

    évidemment pas entendre au sens de l'espace homogène et

    en

    quelque

    sorte indépendant des

    choses,

    dans

    lequel

    nous avons appris à les

    distribuer

    et

    à les

    ordonner,

    mais comme le système le plus précis de

    références qui permette

    à

    un

    enfant

    de cet âge d'attribuer aux choses leurs

    qualités

    de volume et de forme. La sensibilité de la langue et des lèvres, ayant à

    régler

    leur

    délicat modelage sur le mammelon et sur le jet lacté, le

    degré

    de

    leur

    pression, la suite de

    leurs

    contractions,

    est en effet,

    dès la naissance,

    des

    plus

    différenciées

    et

    des

    plus minutieusement

    coordonnées. Mais,

    pour

    ajouter au

    contrôle de l'automatisme des fonctions d'investigation,

    il

    faut

    que, par des connexions nouvelles, elle se

    soit

    transposée

    du

    système

    intéro-

    ceptif vers le système extéroceptif.

    C'est autour d'un

    an que,

    s'intégrant

    à

    l ensemble, la sensibilité uri-

    naire permet à l'enfant de contrôler ses mictions. Mais elle

    ne

    les met pas,

    chez l'homme, comme chez le chien par exemple,

    sous

    l'étroite et

    visible

    dépendance

    de

    certains

    facteurs

    psychiques

    comme l'odorat. La dépendance

    est, sans

    doute,

    plus

    souple

    et

    moins

    exclusive. Elle

    paraît aussi intervenir

    moins

    profondément

    dans

    sa

    vie

    affective.

    Il

    n'y a

    peut-être là, d'ailleurs,

    qu'une apparence, due simplement à

    l'éducation

    et

    à

    la

    décence.

    L'intérêt

    secret

    que

    l'adulte

    peut

    prendre

    à

    ses

    fonctions

    urinaires, les

    satisfactions

    ou le

    malaise qu'elles peuvent

    lui causer s'extériorisent volontiers

    chez

    l'enfant.

    Sans doute il peut s'y mêler, par initiation

    réciproque

    ou par

    découverte personnelle, un certain appoint de curiosité et de

    jouissance sexuelles.

    Et l association peut rester

    durable.

    Mais ces

    plaisirs

    écartés, l'impatience

    urinaire est fréquente dans la vie psychique de l'enfant. Elle n'est qu'un

    prétexte lorsqu il

    trépigne pour

    se soustraire à une contrainte

    qui

    le

    tient

    écarté

    de l'occupation

    souhaitée.

    Car elle accompagne d'habitude

    ses

    moments de grande stimulation, d'attente ou

    d'angoisse.

    Quant

    à l'intérêt

    qu'il

    prend

    souvent au jet de son

    urine

    ou même

    à

    son

    urine

    récoltée

    dans un

    vase,

    ce

    sont

    des

    manifestations

    qui

    traduisent

    plutôt

    les

    sentiments élémen-

  • 8/18/2019 Wallon-Cómo Se Desarrolla en El Niño La Noción de Cuerpo Propio

    8/31

    LA NOTION

    U

    CORPS PROPRE 127

    taires et confus de puissance fonctionnelle, de création, «

    d appartenance » (1) dont l'enfance, comme d'ailleurs

    l'involution

    sénile et le simple

    état de distraction

    en

    fournissent tant

    d'exemples

    à l'occasion des actes

    organiques, des fonctions naturelles, des déjections

    et

    déchets

    corporels.

    Effacement

    de

    distinctions, qui se feront plus tard dans le sensorium

    commune,

    ou qui se sont

    abolies, entre

    le corps propre et ce qui s'y rattache par

    quelque

    lien sensible,

    entre

    l'existence

    et

    l'action,

    entre

    les

    différentes

    formes

    de l'activité, organique, psychique

    ou

    extérieure.

    Mais

    ces effets divers, liés à

    la sensibilité urinaire, sont relativement complexes, tardifs

    et s'étendent

    sur

    plusieurs années de la

    première enfance.

    La sensibilité proprioceptive

    contribue pour

    une part éminente à

    constituer la notion

    du

    corps propre.

    Ses

    premières manifestations

    sont

    contemporaines de la naissance et remontent même

    à

    la

    période

    fœtale.

    Elle

    est

    en rapport

    avec un système de fonctions qui ont suivi le

    développement de

    l'activité motrice

    depuis son

    état le

    plus archaïque

    jusqu'à ses

    possibilités actuelles,

    et qui

    répondent à la

    solidarité

    intersegmentaire de

    Torganisme dans

    le

    mouvement

    et dans la station,

    à son unité dynamique

    dans

    l'action,

    statique

    vis-à-vis

    des

    forces

    extérieures.

    Ainsi

    se sont

    graduellement superposés des mécanismes,

    depuis

    les plus rigides dans leur exécution

    et

    dans leurs conditions

    jusqu'aux

    plus

    diversifiés et aux

    plus mobiles, les

    derniers

    venus

    ayant le

    pouvoir de

    suspendre

    l'action de ceux

    qui

    les ont

    précédés.

    A la

    naissance

    certains ont déjà

    perdu toute autonomie

    et ne peuvent

    plus

    être

    mis en

    action directement et isolément. D'autres n'apparaissent

    que dans le

    cours des premiers

    mois

    et

    même des

    premières

    années.

    Tous

    consistent en systèmes

    synergiques de mouvements

    et d'attitudes,

    c'est-à-

    dire

    constitués

    de telle sorte que

    le

    déplacement effectué

    par une partie

    du

    corps et

    les

    résistances

    rencontrées provoquent dans le

    reste

    du

    corps

    les

    attitudes

    et

    mouvements

    qui

    peuvent

    le

    mieux

    maintenir

    l'équilibre général

    et

    concourir à l'action poursuivie.

    C'est

    d'eux que dépend la double

    condition

    assignée

    par Monakow au

    mouvement : unité

    et

    cohésion dans l espace,

    juste distribution et continuité dans le temps. Elle intéresse,

    à travers

    l'activité musculaire,

    la tenue

    de

    l'activité psychique (1).

    Parmi les synergies

    qui

    ont

    déjà

    perdu

    leur

    autonomie

    au

    moment de

    la

    naissance,

    Magnus et Kleijn ont su identifier

    celles

    qu'ils ont

    classées

    sous le nom de

    réflexes

    cervicaux et de

    réflexes

    labyrinthiques. Ils les ont mis

    en

    évidence

    chez l'animal par une

    section

    de

    l'encéphale,

    qui les soustrait

    au

    contrôle des centres

    s'opère

    leur

    intégration à des actions

    d'un

    type

    supérieur. Ces

    réflexes ont été rencontrés exceptionnellement

    chez

    l'homme,

    dans

    le

    cas

    de

    lésions

    ayant

    réalisé

    une

    semblable

    amputation

    des

    centres

    qui sont superposés

    à

    leurs

    centres

    d'origine. Ils s'obtiennent normalement

    durant

    une

    certaine

    période

    du

    développement fœtal. Les

    réflexes cervicaux

    ont

    leur

    point de départ

    dans

    la sensibilité articulaire des vertèbres

    cervicales,

    lorsque

    le

    pivotement de

    la

    tête

    en

    change

    la position

    réciproque.

    Ils

    ont

    pour effet de

    mettre

    les

    segments sous-jacents, en particulier les

    membres supérieurs,

    dans

    une

    attitude déterminée, qui est inverse pour les deux

    bras et qui

    se renverse si la tête pivote

    en

    sens inverse. Liés à des rapports de

    (i)

    Lévy-Bruhl.

    (i)

    H. W. L'Enfant turbulent,

    P.

    II,

    ch. Ier, Syndrome d'asynergie

    motrice et

    mentale.

  • 8/18/2019 Wallon-Cómo Se Desarrolla en El Niño La Noción de Cuerpo Propio

    9/31

    128 H. WALLON

    l'organisme

    avec

    lui-même,

    ils sont de

    type

    archaïque

    et destinés

    à être

    absorbés

    dans les

    systèmes

    de

    réactions

    qui, se

    superposant

    entre eux,

    s'orientent

    progressivement

    vers

    le

    milieu

    extérieur,

    de manière à répondre

    avec

    une

    appropriation croissante

    à

    ses excitations différenciées. Ils

    montrent,

    en

    même temps que l'origine

    intersegmentaire

    de la sensibilité pro-

    prioceptive, la prépondérance

    prise

    par le segment

    céphalique, dont

    les

    déplacements

    commandent

    ceux

    des

    autres segments.

    Avec

    les

    réflexes

    labyrinthiques,

    ce sont

    encore

    des systèmes invariables

    d'attitudes qui

    sont

    provoqués chacun par une excitation déterminée. Mais le siège de ces

    excitations est

    un

    organe spécial,

    qui

    s'est différencié dans le crâne,

    et ces

    excitations traduisent les changements de

    position

    que

    prend

    l'organisme

    par

    rapport à la pesanteur,

    et non

    plus

    par rapport à

    lui-même.

    D'autres

    synergies, qui sont

    en rapport

    avec des excitations venues

    du monde extérieur

    et non

    de l'organisme lui-même,

    au

    lieu d'être dès la

    naissance dépouillées de

    leur

    individualité,

    ne

    font

    leur

    apparition que dans

    le

    cours des premières semaines

    ou

    des premiers mois. Au septième

    jour,

    les

    globes

    oculaires n'ont

    pas

    encore

    leurs

    mouvements

    conjugués

    avec

    ceux

    de

    la tête (1)

    ;

    au douzième, ils

    s'abaissent plus

    vite que

    les

    paupières, et

    il

    faut attendre

    jusqu'à

    la dixième semaine pour constater

    un

    synchronisme

    parfait ; durant les deux

    premières

    semaines

    leurs

    déplacements sont

    asymétriques, et

    le strabisme intermittent

    ne disparaît

    complètement que dans

    le

    cours du deuxième

    ou

    du

    troisième

    mois ; les paupières commencent

    à

    s'ouvrir simultanément le onzième jour,

    mais

    durant le premier mois leur

    ouverture peut rester inégale ; le plissement du front accompagnant

    l'élévation du regard n'apparaît que passé

    trois

    mois,

    et

    une coordination

    parfaite

    entre

    les mouvements des

    yeux,

    des paupières

    et

    du

    front ne

    se réalise

    qu'à

    neuf mois. A ces

    progrès sont nécessairement

    liés ceux d'une prospection

    exacte,

    rapide,

    étendue,

    stable

    et

    bien réglée.

    En même temps que se constituent les synergies

    partielles,

    mais plus

    graduellement

    encore, vont se

    développer

    les

    synergies généralisées

    auxquelles se ramène l équilibre

    du

    corps. C'est au cervelet

    qu'est

    dévolue leur

    régulation.

    Dans

    les premiers jours et les

    premières

    semaines,

    il

    arrive bien

    que l'enfant, posé la face contre

    l'oreiller,

    puisse détourner le visage

    pour

    respirer (1)

    ;

    qu'il le déplace

    sur

    le sein

    de

    sa nourrice jusqu'à ce que ses

    lèvres

    atteignent

    le

    mamelon ;

    que sa

    tête

    ait

    des

    gestes d'évitement. Mais

    c'est seulement entre

    le premier et le second mois qu'il commence

    à

    la dresser

    vers

    la poitrine de sa mère (2),

    entre

    deux et trois mois qu'il la lève,

    étant

    en décubitus

    ventral. Entre

    la

    onzième

    et

    la

    seizième

    semaine,

    la

    tête,

    jusque-

    pendillante,

    commence

    à

    se

    fixer

    en position

    droite,

    d'abord

    pour

    quelques

    instants seulement,

    puis petit à petit de

    façon

    durable

    (Ch.

    B.).

    Pour certains

    enfants, il faut même attendre

    jusqu'au

    cinquième

    ou au

    sixième

    mois

    (Pr.).

    Entre quatre et dix mois se produisent avec un succès croissant les efforts

    pour

    s'asseoir,

    pour modifier, en

    se retournant, une

    position

    incommode (Pr.).

    Cette

    marge de six mois

    est

    grande ; mais les fonctions d'équilibre sont de

    (i) Preyer.

    L'Ame

    de

    l'enfant, trad.

    Varigny, Paris, Alcan, 1887.

    (1) Mary Gray

    Blanton.

    Psych Rev., XXIV,

    6,

    1917,

    456-483.

    (2)

    Charlotte

    Bùhler. Soziologische u.

    psychologische Studien iiber

    das erste

    Lebensjahr,

    Jena,

    Fischer,

    1927.

  • 8/18/2019 Wallon-Cómo Se Desarrolla en El Niño La Noción de Cuerpo Propio

    10/31

    LA

    MOTION U CORPS PROPRE 129

    celles

    dont le

    développement

    a la rapidité la

    plus variable

    d'un sujet

    à

    l'autre

    ;

    il a été incontestablement lent chez

    l'enfant

    de Preyer. Un

    enfant

    robuste

    et dont

    les fonctions cérébelleuses

    ne

    présentent pas de

    retard

    sait

    vers cinq mois

    s'étayer

    sur

    les

    deux mains

    (Ch.

    B.), à cinq ou

    six mois se

    tenir assis (Heyf

    elder),

    changer une position

    dorsale

    en position

    latérale

    ou

    droite et un peu plus tard une position

    dorsale

    en ventrale ou

    réciproquement

    (Ch. B.). A

    partir

    de

    ce moment,

    entre

    huit

    et

    neuf mois,

    s'annoncent

    les

    premières tentatives

    de locomotion.

    Leurs

    composantes

    d'abord

    : se

    tourner, s'asseoir,

    se

    dresser sur ses pieds, mais en s'accrochant

    des deux

    mains.

    Puis insensiblement des tentatives

    pour

    glisser

    sur le derrière,

    pour

    ramper

    et enfin pour

    marcher à quatre pattes.

    L'enfant

    peut alors commencer

    à

    faire

    des

    rétablissements pour mieux

    voir

    ce

    qui

    l'intéresse.

    Entre neuf

    et

    dix

    mois

    il lui

    arrive de se tenir debout tout seul, d'essayer quelques pas,

    mais

    à

    condition d'être soutenu. La marche debout n'est possible, suivant

    les enfants,

    qu'à

    des dates très

    variables,

    qui peuvent s'échelonner

    entre

    dix

    et

    dix-huit

    mois. La rapidité

    de

    ses progrès, ses procédés d'équilibre, sa

    stabilité, sa vitesse, son rythme présentent

    de

    grandes différences

    individuelles.

    Et

    cette

    diversité

    se

    retrouve dans

    tous

    les

    domaines

    interviennent les

    fonctions de synergie posturale et motrice, c'est-à-dire dans ce

    qui

    sert de

    support,

    non

    seulement à l'activité

    motrice, mais aussi à

    l'activité sensorielle

    et psychique.

    L'importance, à cet égard, des aptitudes synergiques

    s'annonce

    dès les

    premiers efforts d'équilibre

    qui s'imposent

    à l'enfant. Mme Bûhler a

    constaté (1)

    qu'à dix

    semaines, s'il

    est mis

    en position

    assise ou si

    seulement

    sa

    tête est maintenue droite, même

    en

    position commode, son regard devient

    errant et

    ne

    sait

    plus

    rien voir. Cette impuissance persiste

    tant

    qu'il n'est

    pas maître de son équilibre.

    Cinq

    ou six semaines plus tard,

    il

    peut,

    couché,

    retirer

    la

    serviette

    posée

    sur

    son

    visage, mais

    n'en

    est

    plus

    capable

    assis.

    A

    cinq ou

    six

    mois encore, placé

    vis-à-vis

    d'un

    autre

    enfant, il

    fait des

    gestes vers

    lui

    s'il est couché, mais assis, il devient

    insensible à sa

    présence.

    Est-ce

    simplement,

    comme elle suppose, impuissance de l'enfant

    à

    se

    partager entre

    deux occupations

    quelconques ? Mais

    l'équilibre en est

    une

    qui

    accompagne nécessairement et essentiellement

    toutes les

    autres, sauf le cas

    du sommeil

    et celui aussi

    du

    décubitus avec résolution complète

    des muscles,

    où fatalement la

    pensée

    se dissout

    en

    songerie.

    Rien

    ne

    peut, comme les

    défaillances momentanées de l'équilibre, suspendre totalement l'activité

    psychique (2)

    : vertiges d'origine diverse ; abolition du tonus

    musculaire, sous

    l'influence

    de

    la

    peur par

    exemple

    ;

    secousses

    labyrinthiques

    ou

    encore

    obstacle

    aux réactions

    d'équilibre

    par suite

    des

    circonstances

    extérieures

    :

    dérobement

    des

    points d'appui, chute ou projection dans l'espace, accidents

    de montagne, de cheval ou d'auto. A

    violence

    égale ou très

    supérieure,

    d'autres

    atteintes de

    l'organisme,

    même

    soudaines, mais qui

    ne

    mettent

    pas

    l'équilibre

    en jeu, n'entraînent

    pas

    non

    plus

    cette brusque suppression

    de

    toute possibilité motrice

    et

    mentale.

    Au sentiment habituel de son

    insuffisance

    se

    lie un

    état

    latent

    d'angoisse qui se traduit

    par

    des

    phobies.

    A son

    insuffisance réelle, une inaptitude

    d'adaptation

    exacte, régulière et continue

    (1) Loc. cit.

    (2)

    H. W.

    Psychologie

    pathologique,

    p.

    85

    sqq.

  • 8/18/2019 Wallon-Cómo Se Desarrolla en El Niño La Noción de Cuerpo Propio

    11/31

    130

    H.

    WALLON

    aux objets de l'activité qui se traduit par des trous et des

    erreurs dans

    l'effort

    sous

    toutes

    ses formes : motrice,

    sensorielle

    et

    mentale (1).

    La dépendance où

    l'équilibre

    tient le

    mouvement se comprend aisément.

    Il

    lui assure

    à

    chaque instant de son exécution le point

    d'appui

    nécessaire.

    Ce

    point

    d'appui

    doit

    pouvoir

    proportionner

    sa résistance aux

    résistances

    rencontrées

    ;

    faute

    de

    quoi

    il

    est

    disloqué,

    renversé

    ou

    laisse

    le

    mouvement

    sans force. Il doit

    pouvoir s'étendre à des

    segments nouveaux

    du

    corps et

    les fixer

    en position

    voulue, à

    mesure

    que

    le

    mouvement devenant plus

    minutieux, se

    limite davantage

    aux extrémités des

    membres ;

    sinon

    il lui

    interdit d'être précis, libre,

    souple

    et ferme. Il doit au contraire, si le

    mouvement intéresse le

    corps

    entier, comme

    dans

    la

    course

    ou

    dans

    le

    bond,

    faire place

    à

    toute la

    suite

    d'attitudes

    compensatrices

    et

    de mouvements

    qui permettent

    de

    retrouver

    l'équilibre

    au contact

    du sol. En réalité, même

    sous son aspect rigide de point d'appui, l'équilibre

    n'est

    qu'un système

    incessamment modifiable de réactions compensatrices, qui semblent

    à

    tout

    instant modeler

    l'organisme

    sur les forces

    opposées

    du monde

    extérieur et

    sur

    les

    objets

    de

    l'activité

    motrice.

    Les synergies nombreuses que les sens mettent

    en

    jeu

    pour

    s a c commoder à

    leurs

    objets, les

    transformations et

    agencements

    successifs

    qu'exigent

    d'elles les besoins de

    l'investigation

    sont une

    activité

    exactement de même

    ordre, qui

    met

    en

    jeu des

    attitudes

    et, dans les appareils accommodateurs,

    la fonction

    plastique des

    muscles, tout comme

    les

    attitudes

    des muscles

    locomoteurs.

    Malgré l'extrême différenciation de ses organes

    et

    l'individualisation

    de ses

    centres, il

    n'est donc pas surprenant que l'activité

    sensorielle

    participe

    aux mêmes causes de

    fléchissement ou

    d'insuffisance que la fonction

    des

    attitudes et

    de l'équilibre. Leur

    manque

    simultané de

    sûreté et

    de

    résistance

    dans

    la neurasthénie en est un exemple,

    de même que

    la discontinuité

    de

    leur

    action

    et

    leurs

    défaillances

    chez

    l'enfant

    asynergique.

    Entre

    l'activité psychique

    enfin et

    les fonctions d'accommodation

    musculaire

    la concordance

    est

    semblable. Leurs

    désordres

    sont également

    simultanés.

    Mêmes

    irrégularités dans l'ajustement

    et le débit

    de

    l'effort. Mêmes

    à-coups

    et mêmes trous dans le rendement. Même défaut de

    cohésion dans

    l'espace

    et

    dans le temps. A ce que Rossolimo appelait

    tonus

    psychique

    répond bien une

    régulation organique. Et

    cette

    régulation de son

    activité

    par l'organisme

    lui-même relève

    des

    fonctions proprioceptives. Sans

    leur

    intervention, pas d'unité

    stable

    dans l'action, ni

    dans

    les formules qui lui

    répondent au physique et au moral : le

    sentiment

    immédiat du corps

    propre

    et

    de

    la

    personnalité.

    Les réactions à des impressions proprioceptives sont des tout premiers

    moments de la vie. C'est d'impressions se produisant dans l'appareil vesti-

    bulaire que

    résultent,

    selon

    Magnus, les

    premiers

    mouvements

    d'orientation

    des

    yeux.

    Leur pouvoir

    est le seul qui

    puisse se

    mesurer,

    chez

    le

    nouveau-né,

    avec celui de la faim. Ses cris s'apaisent s'il

    est bercé

    latéralement

    ou balancé

    de

    haut en

    bas,

    en position

    verticale

    ou

    horizontale. Impressions encore

    toutes passives.

    Mais

    bientôt, dans

    la

    tiédeur de son

    bain ou libéré

    de

    ses

    langes,

    il

    se livre à des

    gesticulations et

    à des

    soubresauts,

    puis à des explo-

    (i) H.

    W.

    L'Enfant

    turbulent,

    P.

    H.,

    ch.

    Ier.

  • 8/18/2019 Wallon-Cómo Se Desarrolla en El Niño La Noción de Cuerpo Propio

    12/31

    LA

    NOTION

    U CORPS PROPRE

    131

    sions vocales

    et

    à des gazouillements

    dont l'origine est manifestement une

    sensibilité qu'ils

    satisfont

    et

    qui

    devient l'origine de la

    joie

    (1).

    Vers cinq

    mois, cette exultation motrice se produit à propos de tout ce qui semble

    un

    succès à l'enfant,

    par

    exemple lorsqu'il lui arrive

    pour

    la

    première fois

    de

    pouvoir

    suivre

    des

    yeux un

    objet qui se déplace. A

    sept

    mois,

    il

    opère entre

    tous ces

    mouvements

    et leurs sièges une sorte de discrimination et de

    repérage.

    L'agitation

    cesse

    d'être

    complètement

    diffuse

    et

    les

    différentes

    parties

    du

    corps d'y

    intervenir

    au

    hasard ou

    par

    simple

    impulsivité

    motrice. A

    propos du

    même acte l'enfant

    use

    alternativement de ses deux mains ou

    de ses deux pieds, comme s'il découvrait la bilatéralité

    du

    corps

    et,

    complé-

    mentairement, l'unité de ses parties, capables

    à

    volonté

    d'exécuter

    le même

    acte. C'est

    ainsi

    qu'il

    fait à

    plusieurs reprises passer sa

    jambe

    d'une

    main

    dans l'autre

    ;

    qu'il porte un lange

    à sa bouche

    alternativement

    de

    la main

    droite et de la main gauche

    ;

    ou même qu'il frappe un

    objet

    suspendu

    tour

    à

    tour

    de la

    main

    droite

    et

    de la

    main

    gauche (Ch.

    B.).

    Ces jeux se

    répètent

    et

    se diversifient durant plusieurs semaines. Pendant

    un

    temps,

    stéréotypie

    fréquente chez

    l'idiot,

    il

    a

    pour occupation

    de

    regarder tantôt

    d'un

    œil

    et

    tantôt

    de

    l'autre,

    sans doute

    intéressé

    par

    les

    ressemblances

    et

    les différences simultanément éprouvées dans le champ de ses impressions

    visuelles et

    de

    ses impressions musculaires (neuf mois). Dès lors ses exercices

    vont

    bifurquer, les

    uns tournés vers la

    reconnaissance du corps propre

    et

    les autres vers les eSets extérieurs de son activité.

    La

    sensibilité

    extéroceptive, qui seule peut

    donner

    l'ensemble des

    impressions opposables, comme monde extérieur, au corps propre, commence

    par

    ne

    susciter que des effets sans rapport avec le monde extérieur.

    Aux

    excitations sensorielles ou périphériques répondent, dans

    les deux

    premières

    semaines,

    soit des réflexes locaux,

    isolés et élémentaires, soit

    des

    réactions

    qui

    appartiennent, non

    à

    la

    vie

    de relation,

    mais

    exclusivement

    à

    celle

    de

    l'organisme. Sans

    doute, la

    lumière

    retient le regard

    du

    nouveau-né,

    mais

    il ne

    semble pouvoir se détourner d'une tache

    claire

    vers

    une autre que

    vers

    le

    quatorzième jour, ni accompagner

    un objet en

    déplacement

    lent

    que vers le vingt-troisième, et il faut attendre une

    période

    très ultérieure,

    la

    huitième

    semaine,

    pour

    que

    l'enfant

    sache

    suivre un

    objet mobile avec

    suffisamment de rapidité, de

    précision et une mine satisfaite

    ou

    attentive.

    Le réflexe

    palpébral

    de

    protection

    oculaire

    ne

    se produit pas

    encore

    dans

    les

    premières

    semaines à moins que la clarté

    ne soit

    intense ou que le doigt

    n'arrive au contact

    des

    cils et

    de la cornée. La réaction

    au

    bruit

    n'est

    pas

    auditive ; c'est le

    sursaut, qui

    appartient

    au

    domaine proprioceptif.

    La

    sensibilité

    au

    contact semble,

    de

    toutes

    les

    sensibilités

    périphériques,

    la

    plus

    précoce.

    Mais elle est encore obtuse et

    ne

    provoque pas de réaction chez

    l'enfant en

    train de téter. De

    toutes

    les sensibilités qui

    en réalité

    la

    composent, elle

    ne

    manifeste que les plus organiques, les plus affectives, à

    l'exclusion de celles

    qui établissent

    une

    discrimination

    entre

    la

    qualité

    des

    excitations et qui

    sont davantage tournées

    vers

    la

    connaissance

    du monde

    extérieur. La sensibilité à la piqûre, qui est de ces

    dernières,

    manque durant

    les huit premiers jours. Les réactions

    consécutives

    à

    un

    contact ne sont pas

    orientées,

    elles se propagent de façon diffuse en

    ébranlements

    et

    en

    gestes

    (i)

    H.

    VV.

    Les sources et les

    formes de

    l'émotion,

    Revue

    des

    Cours et

    Conférences, 30

    juin

    1930, p.

    549-560.

  • 8/18/2019 Wallon-Cómo Se Desarrolla en El Niño La Noción de Cuerpo Propio

    13/31

    132

    H. WALLON

    sans objet

    au lieu

    de se localiser

    et

    de

    s'ordonner en

    réponse appropriée (Pr.)-

    C'est

    dans la vie

    proprioceptive et

    affective qu'elles ont

    leur raison

    d'être

    et

    non dans l'activité de

    relation (1). Parfois

    elles se produisent à

    distance

    et isolées :

    à

    l'attouchement

    du

    pied répond une contraction

    du

    visage.

    Si l'excitation se fait insistante ou intense,

    il

    arrive qu'elle provoque le retrait

    de la partie touchée, mais c'est habituellement avec torsion du tronc

    et

    soubresauts

    généralisés

    :

    par

    exemple

    l'enfant

    que

    l'on

    essaie

    de

    mouch er (Ch.

    B.). En tout cas les

    gestes

    d'évitement

    précèdent

    ceux de défense

    et les gestes de défense ceux

    qui

    s'orientent vers la source de l'excitation

    et

    s'adaptent à sa cause.

    Avec

    le deuxième mois

    s'ouvre

    une

    période

    où la motilité de type

    affectif fait

    progressivement place

    à une actiyité d'aspect plus sensori-

    moteur (2). En même temps que se constituent les synergies sensorielles

    (disparition

    du strabisme

    intermittent), le

    visage

    prend les traits

    de

    l attention

    et

    de la

    préparation

    aux impressions extérieures :

    tension

    du front,

    plus grande ouverture des yeux, pointe de la bouche,

    avance

    de la

    langue

    entre

    les lèvres.

    Mais

    ces

    efforts

    sont

    d'abord

    de

    courte

    durée

    ;

    tout

    s'efface

    brusquement

    et,

    après avoir

    quelques instants fixé

    un

    objet

    avec

    intensité,

    le regard

    se

    perd en

    errances

    et loucheries sans but.

    Pourtant

    l'attitude

    devient beaucoup plus

    discriminative vis-à-vis des

    excitations extérieures. Les

    yeux font

    plusieurs

    fois retour vers la même tache lumineuse, suivent

    l'objet

    en

    mouvement. Au cinquante-septième

    jour les paupières

    battent

    à

    l'approche du père

    (Pr.)

    ; de

    la

    septième à

    la huitième

    semaine

    (Soltmann),

    parfois seulement après le troisième

    mois, elles

    battent

    alors

    que

    l'œil

    n'est

    que menacé d'un brusque

    contact.

    L'enfant commence à écouter,

    mais

    d'abord uniquement les sons qu'il émet lui-même (3) ;

    parfois il

    se met à

    en répéter d'isolés. Il tâtonne

    vers les

    objets, sans

    manifestement les

    identifier

    encore

    comme

    tels

    (Ch. B.)

    ;

    mais

    il

    les

    touche

    avec

    ses mains, ses

    lèvres,

    sa

    langue de

    façon

    vraiment active. Dès la naissance, une simple

    excitation de la paume amenait la flexion des doigts ; entre le cinquantième

    et le soixantième

    jour la

    main

    peut parcourir

    une

    surface même

    discontinue

    sans

    nécessairement se fermer ;

    et le geste

    de

    saisir, quand il

    se produit,

    est

    authentique, actif. Il peut résulter au

    soixante-douzième jour (G.-C.

    Myers)

    d'un contact sur une partie

    quelconque

    de la main :

    dos

    ou doigts. C'est

    le début

    de la préhension

    et

    de l'activité manuelle,

    qui est

    de si grande

    importance dans

    le

    développement

    psychique. Toutes ces

    réactions sont

    orientées, cherchent à

    s'adapter, deviennent positives et ne rétrogradent

    vers

    leur forme négative

    ou organique du stade

    précédent

    que si

    l'excitation

    est

    violente.

    Mais

    elles

    restent

    sans

    cohésion

    et

    cantonnées

    chacune dans

    son

    domaine sensoriel.

    C'est

    encore

    le

    stade

    une difficulté d'équilibre abolit

    la perception.

    Avec

    la fin

    du

    troisième

    mois

    commencent

    à

    se faire jour les associations

    intersensorielles,

    en même temps que

    débute

    la soudure myélinique

    entre

    les domaines intéro-

    et proprioceptifs d'une part et le

    domaine

    extéroceptif

    (1) H.

    W. Revue des Cours

    et

    Conférences, 1930, p. 533-534,

    703-707.

    (2)

    V.

    dans

    L'Enfant turbulent, la succession des stades émotif et

    sensori-moteur,

    P.

    I,

    ch.

    I

    et

    II.

    (3)

    Sur

    l'importance

    des effets

    sensoriels

    produits par l'enfant

    lui-même

    pour

    l'iridividualisation

    de

    ses

    impressions

    sensorielles,

    v.

    L'Enfant

    turbulent,

    P.

    I,

    ch.

    II.

  • 8/18/2019 Wallon-Cómo Se Desarrolla en El Niño La Noción de Cuerpo Propio

    14/31

    LA NOTION U CORPS

    PROPRE

    133

    de l'autre.

    C'est

    aussi le moment

    où l'enfant commence

    à pouvoir

    tenir sa

    tête droite. Un

    résultat

    capital des

    associations

    intersensorielles

    c'est

    d individualiser les sources d'excitation

    en

    unifiant le champ de la

    perception.

    Chaque impression

    est

    dépassée

    par

    son

    motif,

    puisqu'il peut

    donner

    lieu à

    d'autres impressions

    encore. L enfant commence

    à

    chercher

    des

    yeux le verre

    qui

    a

    tinté. Même quand l'excitation

    a

    cessé,

    il

    s inquiète de sa source. Il se

    retourne

    vers

    l'objet

    dont il

    vient

    de

    s'éloigner. Il

    réagit

    à

    un

    effleurement,

    à un

    souffle par

    des

    gestes qui

    semblent

    en matérialiser la

    cause

    quelque

    part

    dans

    l'espace. Petit

    à

    petit ses gestes de défense s'organisent

    pour faire

    exactement front

    à

    la menace.

    L'orientation

    de son

    attention

    devient plus

    abstraite.

    Il continue

    de

    regarder

    dans

    la direction où

    a disparu

    un

    jouet

    ou

    une personne. Leur réapparition

    lui

    cause

    un étonnement joyeux. Il cherche

    du

    regard

    les personnes de son entourage ;

    suit celle qui s'éloigne d'une

    mine

    réfléchie et interrogative.

    Sa perception devient moins simple

    et

    moins

    successive. A ce qu'elle

    saisit actuellement et

    immédiatement s'ajoute du

    possible,

    du

    prévu,

    de l'attendu. Sa mimique répond à ces progrès.

    Il a

    des

    attitudes

    d'étonnement,

    la bouche et

    les

    yeux

    ouverts,

    le front rigide,

    les

    bras

    étendus

    latéralement

    ou

    le

    buste

    penché

    vers

    la

    source

    des

    impressions

    qui

    l'occupent.

    Par

    une sorte

    d'effet inverse et

    complémentaire,

    en

    même

    temps

    qu'il

    ramène

    à

    leur source commune ses impressions de même origine,

    il

    devient

    plus

    capable de s'en

    détacher,

    de distribuer ailleurs son intérêt. Se

    familiarisant

    avec ce

    qui est en

    expectative,

    il est

    plus apte à

    délaisser ce qui est.

    Passage

    entre impressions de même source

    et

    passage

    d'une

    source à

    l'autre

    vont de pair. Au lieu

    d'impressions isolées

    qui l'accaparent chacune

    totalement et dont la succession

    ne

    peut être qu'une sorte de

    morcellement

    psychique, s'opère, avec l'unification de son champ perceptif, celle de sa

    continuité

    mentale.

    Pendant qu'il

    tète, il

    sait

    regarder

    une

    personne

    à

    ses

    côtés,

    sourire

    à

    sa nourrice, s'interrompre un instant pour

    s'intéresser à

    une

    excitation auditive

    ou visuelle

    de

    faible

    intensité. La possibilité de ces

    progrès

    est

    évidemment liée à la maturation concomitante des centres

    qui

    gouvernent l'équilibre et les synergies

    fonctionnelles.

    C'est au début de

    cette période (cent unième

    jour)

    qu'il arrive

    à

    l'enfant

    de suivre de la tête

    avec

    une précision mécanique le va-et-vient d'un pendule.

    Le rôle de la main,

    dans

    les

    associations

    intersensorielles,

    prend

    une

    importance

    croissante.

    Elle

    commence, vers la

    seizième

    semaine,

    à

    attirer le

    regard quand elle

    entre

    en

    contact avec

    l'objet

    ; les

    yeux la

    guident

    quand

    elle

    essaie de

    l'atteindre

    ;

    son geste

    de

    saisir

    n'est plus

    étroitement

    subordonné à une impression

    tactile,

    il

    se

    porte

    vers

    des

    objets

    à

    distance, qui

    n'appartiennent qu'au champ visuel. Sa dextérité fait alors

    des progrès

    considérables tant

    dans

    ses

    conditions

    motrices que

    sensorielles. A

    la

    fin du

    troisième mois

    les deux bras

    s'agitent encore

    simultanément

    et

    symétriquement

    ; les poings restent fermés ;

    ils

    se

    rapprochent ou s'écartent

    trop,

    et

    n'arrivent pas

    à saisir

    ou

    à retenir l'objet (Ch. B.).

    Mais bientôt l'enfant ne

    se lasse plus de tâter, d'empoigner les objets à sa

    portée,

    de les heurter, de

    les

    frotter contre sa

    langue,

    ses

    lèvres,

    ses

    bras,

    ses

    jambes, de les

    agiter,

    de

    les attirer, de les

    repousser,

    de les

    laisser tomber et comme

    d'en éprouver

    tous les effets possibles dans le champ de toutes ses

    sensibilités.

    Il apprend

    à

    saisir

    son biberon

    des

    deux

    mains

    et

    parvient

    à

    en

    introduire

    la

    tétine

  • 8/18/2019 Wallon-Cómo Se Desarrolla en El Niño La Noción de Cuerpo Propio

    15/31

    1-34

    r

    *

    H.

    WALLON

    dans

    sa

    bouche. Dans

    le cours du cinquième mois,

    il

    réussit

    à

    saisir avec

    une

    seule main,

    c'est-à-dire par

    flexion

    bien adaptée des doigts. Il

    ne

    fait

    encore qu'un

    usage rudimentaire

    des

    objets

    saisis. Il

    se

    plaît

    à faire

    du

    bruit

    en froissant le

    papier

    ou

    à

    le mettre en

    morceaux.

    La période qui

    débute

    avec la fin

    du sixième

    mois est

    surtout

    marquée

    par les progrès de

    l'aptitude à

    anticiper sur la perception directe des choses

    et

    par

    ceux

    de

    l'activité

    instrumentale.

    Au

    moment

    de

    manger, d'être

    tiré

    de

    son

    lit, habillé, de

    partir en

    promenade,

    la

    simple attente de l'événement

    met déjà

    l'enfant

    dans

    un

    état d'excitation joyeuse.

    L'intérêt

    qu'il prend aux

    choses

    n'est

    plus seulement

    consécutif

    à l'impression qu'elles font sur lui.

    Il

    en regarde qui n'ont

    rien de

    particulier,

    comme

    s'il cherchait

    à y découvrir

    quelque

    chose d'attrayant.

    Il

    prend les

    devants sur l'excitation pour la

    susciter.

    Sans

    doute

    il ne

    sait pas encore suffisamment pressentir un effet

    rapide pour être capable d'en suivre le

    cours. Dans

    sa trentième semaine

    il

    laisse tomber les objets sans les

    accompagner

    du regard, bien qu'il ait pu

    quelques jours plus

    tôt

    suivre

    des

    yeux le vol d'un

    moineau

    (Pr.).

    Dans

    sa

    trente-quatrième

    semaine

    il lui

    arrive,

    mais

    exceptionnellement, de

    prêter

    quelque attention

    à

    leur

    chute. Deux

    semaines

    plus

    tard

    il

    commence à- les

    regarder, mais de

    façon

    intermittente

    et

    avec un air

    d'intérêt

    beaucoup

    moins

    soutenu

    que pour

    des

    objets

    à

    déplacement lent comme la fumée.

    A quarante-trois semaines, en même

    temps

    qu'il réussit

    à les

    suivre des yeux,

    il a une mine étonnée. A quarante-sept semaines c'est le visage amusé et

    très

    attentif qu'il

    les lâche

    et

    les

    regarde

    tomber,

    répétant cet

    exercice

    jusqu'à

    huit

    fois

    de suite.

    Mais

    si

    l'action

    se

    complique,

    aptitude

    et

    intérêt

    déclinent ensemble

    et c'est

    seulement dans

    sa cent

    vingt-quatrième

    semaine

    qu'ayant

    jeté

    une

    balle

    il

    arrive à la suivre des

    yeux

    avec précision.

    Introduits dans le

    circuit

    de

    l action, les

    objets la font

    se

    diversifier

    et

    se

    transformer.

    De

    simple

    excitation

    au

    mouvement

    ils peuvent devenir

    instrument

    ou but. Dès que

    deux objets sont

    capables

    de l'occuper

    simultanément,

    l'enfant ne peut faire

    autrement

    que

    de les combiner

    d'une

    façon quelconque et

    d'en faire

    un

    tout

    unique.

    La

    loi

    de ces

    assemblages

    présente

    des degrés. C'est

    d'abord,

    entre

    sept et

    huit mois, la simple

    coalescence

    ou juxtaposition et

    son

    contraire,

    la dilacération. L enfant rapproche,

    groupe

    en

    séries

    plus ou moins informes ou comprime l'un contre l'autre les

    objets qu'il

    manipule.

    Quelques semaines

    plus

    tard,

    il

    cherche

    à

    les

    introduire

    les uns dans les autres ; c'est le

    stade

    de l inclusion, auquel la boîte

    pourrait servir

    de

    symbole. Puis

    les

    combinaisons

    deviennent plus

    spécifiques, sont

    inspirées par la configuration des objets et par leurs

    possibilités

    d'agencement.

    Et

    enfin

    elles

    deviennent

    capables

    de

    se

    subordonner

    et

    de

    s'ajuster

    à

    un résultat utile : un

    objet

    est employé

    et,

    au besoin, modifié

    de manière à

    servir d'instrument

    pour

    en atteindre

    un

    autre. C'est ce

    que

    K. Biihler

    appelle

    le stade chimpanzé, l'enfant, lorsqu'il y parvient, vers

    un

    an,

    étant devenu capable de trouver

    les

    mêmes

    solutions que les

    chimpanzés

    observés

    par

    Kôhler. C'est de cette aptitude encore rudimentaire

    que

    naîtront les

    premières

    techniques de l'homme.

    Bien entendu, le simple rapprochement des

    choses,

    si évidente

    que

    puisse

    paraître leur

    convenance

    mutuelle, ne

    saurait

    expliquer

    automatiquement la

    découverte

    qu'en font

    l homme, l'enfant

    ou

    l'animal.

    C'est en eux

    qu'il

    faut mettre

    le

    pouvoir d'intuition

    ou

    d'imagination

    qui

    leur

    font

    réaliser

  • 8/18/2019 Wallon-Cómo Se Desarrolla en El Niño La Noción de Cuerpo Propio

    16/31

    LA

    NOTION

    U

    CORPS PROPRE 135

    effectivement ou

    mentalement

    cette

    convenance.

    De même que l'assemblage

    brut des données sensorielles

    ne

    suffit pas à rendre compte de l'objet, ni la

    disposition

    réciproque des objets de

    l'espace où il

    est possible de les

    ordonner

    entre eux.

    Mais notre

    pensée appliquant

    nécessairement aux choses ses

    plus

    efficaces moyens d'intuition, de compréhension ou de connaissance,

    qui sont

    aussi les

    plus évolués

    et les plus récents, il est assez naturel que

    nous

    les

    prenions

    pour

    un

    point de

    départ nécessaire,

    pour

    des principes

    sans

    histoire,

    parce

    que sans antécédents

    imaginables. Et

    le

    psychologue qui

    entreprend

    d'en

    connaître la

    genèse, se

    défend

    mal

    lui-même contre la

    tentation de se

    donner

    co.mme déjà réalisé aux échelons inférieurs ce

    qu'il est

    parti

    pour

    expliquer, mais dont

    il

    se représente

    trop

    difficilement la

    non-existence.

    Voir

    l'enfant tourné

    vers une source

    d'excitations, vers un motif

    à

    mouvements, et attaché

    à

    en

    éprouver les diverses possibilités, fait aisément croire

    qu'il leur reconnaît pour support

    un

    objet. Pourtant, dans les cas d'agnosie

    ou

    d'apraxie, les possibilités sensorielles, l'usage automatique des objets

    sont conservés, bien que

    ne puisse

    plus

    se

    réaliser la notion de l'objet, dont

    nous ferions

    si volontiers dépendre la connaissance de ses

    qualités

    et de son

    emploi.

    Il

    faut

    donc

    bien

    que

    le

    système

    des

    données sensorielles ou

    motrices

    qui

    répondent

    à l'objet ne puissent le faire exister

    comme objet

    à moins

    d'être

    intégrées, sur un autre plan

    de la

    vie psychique,

    à

    un ordre différent

    d'opérations,

    où intervient l'activité symbolique.

    À

    plus forte raison, la

    notion

    d'espace ne saurait

    être

    considérée

    comme une donnée

    première.

    Différents

    cas

    de

    désorientation montrent qu'elle est en

    réalité la

    superposition de plusieurs espaces,

    qui nous

    servent

    tour à tour pour ordonner

    les choses

    entre

    elles,

    nos actions parmi les choses, nos symboles ou nos

    pensées, sans même que nous nous doutions du

    moment

    où nous

    passons

    de l'un à

    l'autre.

    Ainsi encore, la notion de corps propre

    ne

    saurait être le

    résultat d'une combinaison automatique

    entre

    les

    sensibilités diverses

    que

    nous

    venons

    d'envisager.

    Sur

    le

    plan

    sensori-moteur, les réactions de

    l'enfant vis-à-vis

    de son

    propre

    corps

    présentent

    des

    étapes successives,

    qui

    coïncident avec

    celles

    de son développement

    extéroceptif.

    Il

    ne

    s'en produit pas

    avant l'époque

    où commence,

    avec

    la myélinisation

    des

    connexions intéro-proprioceptives

    et

    extéroceptives, l'établissement de

    relations intersensorielles.

    Dans une

    première

    période qui va de trois à six

    mois,

    l'entrée comme

    fortuite

    de ses

    membres dans son

    champ

    perceptif

    paraît

    le

    surprendre

    et

    suscite un

    effort

    visible

    de

    reconnaissance

    et

    de discrimination.

    Dès la fin

    de

    la

    douzième semaine,

    selon Guillaume (1),

    l'enfant

    suivrait

    des

    yeux le

    déplacement

    de ses

    mains,

    et dans le courant de la dix-neuvième, il

    s'intéresserait aux mouvements de

    ses

    pieds

    et

    de

    ses orteils.

    Ce décalement de

    date

    n'a, par lui-même,

    rien de surprenant. Il

    s'observe constamment entre

    la main

    et

    le pied dans leurs rapports avec l'activité

    psychique.

    Ayant moins

    souvent

    l'occasion, même

    chez

    l'enfant, d'entrer

    dans le champ visuel et

    n'ayant pas avec le monde

    extérieur

    les contacts multipliés et

    diversifiés

    de

    la

    main, les

    membres

    inférieurs

    ne peuvent

    qu'appartenir de façon beau-

    (i)

    P.

    Guillaume.

    L'imitation

    chez

    l'enfant,

    Paris,

    Alcan,

    1925.

  • 8/18/2019 Wallon-Cómo Se Desarrolla en El Niño La Noción de Cuerpo Propio

    17/31

    136

    H. WALLON

    coup plus tardive

    et

    plus incomplète à la

    sphère

    de la vie psychique.

    Cette

    dénivellation fonctionnelle

    a,

    d'ailleurs, son équivalent

    anatomique.

    Au sujet

    du

    faisceau pyramidal, qui transmet aux neurones

    périphériques

    les

    incitations de la motilité volontaire issues de l'écorce cérébrale, A. Tournay a

    reconnu

    que

    sa

    maturation fonctionnelle, c'est-à-dire le moment où ses

    fibres

    sont myélinisées, paraît,

    pour

    le pied, retarder d'environ trois semaines sur

    la

    main

    (2).

    Si

    l'écart est

    plus grand pour

    les

    réactions

    combinées

    que

    signale Guillaume que

    pour

    les simples réflexes recherchés

    par

    Tournay,

    c'est

    sans doute qu'il s'exagère avec la

    complexité

    croissante

    des connexions

    nerveuses et

    à

    mesure qu'il s'agit

    de fonctions plus élevées

    où le

    pied

    est

    de moins en moins

    directement

    intéressé.

    A moins de

    constater des marques

    particulières

    d'intérêt, rien

    ne

    permet

    d'ailleurs d'affirmer qu'en suivant sa main des yeux,

    l'enfant

    fasse

    autre

    chose

    qu'un

    acte unisensoriel,

    comme lorsqu il

    suit

    des

    yeux

    un corps

    étranger.

    Et

    dans l'observation très minutieuse

    de Tournay,

    c'est en

    fait à

    une

    date

    sensiblement plus

    tardive,

    le cent-quinzième

    jour,

    c'est-à-dire dans

    la

    dix-septième

    semaine,

    qu'il

    fait

    véritablement

    attention

    à

    sa

    main

    droite,

    l'arrête

    devant

    ses yeux,

    regarde

    ses

    doigts s'agiter

    et

    recommence plusieurs

    fois par

    jour

    à la

    fixer de façon relativement prolongée

    et

    soutenue. Pour

    sa main gauche, elle continue

    jusqu'au cent quarante

    et

    unième

    jour

    à

    passer

    dans son champ visuel sans susciter

    à

    aucun degré cette concentration

    manifeste

    d'intérêt. Soit

    donc

    un écart

    de vingt-six jours, incontestablement

    en

    rapport

    avec un retard

    de

    maturation

    fonctionnelle entre les deux

    moitiés

    droite et

    gauche du système

    nerveux.

    Un

    fait

    semblable à ceux de Tournay est d'ailleurs

    noté

    par Guillaume

    à une

    date

    presque

    identique.

    A

    la fin

    du

    quatrième mois, c'est-à-dire aux

    alentours du cent-quinzième ou du cent-vingtième jour, l'enfant, au

    moment

    de

    saisir

    un

    objet,

    tombe en

    arrêt

    devant

    sa

    main,

    la déplace

    à

    hauteur

    de

    ses yeux. Les actes plus précoces d'attention semblent beaucoup plus

    contestables

    et ne

    sont

    pas, en tout cas spontanés

    :

    quinzième

    semaine, attention

    portée par l'enfant

    à

    sa main, quand

    on lui

    fait

    jouer

    du

    piano ;

    dix-

    septième semaine,

    quand on

    lui

    coupe les ongles. Outre les sensations

    dont

    elle est

    alors

    le

    siège,

    elle est

    un objet

    d'attention pour

    l'adulte,

    ce qui

    peut exercer une sorte

    d'induction

    sur l'attention de l'enfant.

    Egalement concordantes

    sont

    les dates indiquées par Preyer. Dix-septième

    semaine,

    l'enfant

    s'étant efforcé, non sans

    maladresse, de saisir un

    objet, le

    contact attire son

    attention

    sur

    l'objet,

    mais davantage encore sur sa main,

    qui

    devient ainsi

    une

    sorte

    d'objet

    privilégié dans

    le

    dédoublement

    qui

    s'opère entre

    elle

    et

    l'objet. Dix-huitième

    semaine,

    dans l'acte de préhension,

    ce

    sont

    ses doigts exclusivement qu'il contemple, c'est-à-dire uniquement les

    rapports

    de ses sensations

    proprioceptives

    et visuelles qui l'accaparent.

    Vingt-troisième

    semaine,

    s'il

    lui

    arrive,

    au

    cours de mouvements sans but,

    de saisir l'une de ses

    mains

    avec

    l'autre, il

    regarde la

    première

    avec

    surprise,

    la

    main inerte

    retenant davantage son attention parce que,

    sans

    doute, la

    suite

    des sensations y

    est moins

    prévue

    que dans la main active. Vingt-

    quatrième semaine,

    il

    contemple alternativement pendant plusieurs minutes

    (2)

    A.

    Tournay. L'asymétrie dans le développement sensitivo-moteur de l'enfant,

    Journal

    de

    Psychologie,

    1924,

    XXI,

    p.

    136-144.

  • 8/18/2019 Wallon-Cómo Se Desarrolla en El Niño La Noción de Cuerpo Propio

    18/31

    LA

    NOTION U CORPS PROPRE 137

    le

    gant

    qu'il

    tient

    et

    les doigts

    qui le

    tiennent, indiquant

    semble-t-il par

    sa

    perplexité

    la

    différenciation qui

    se

    fait entre

    ce qui peut être siège de

    sensations et ce

    qui

    ne

    l'est

    pas. Enfin, trente-quatrième semaine, avec l'écart

    de

    temps

    qui est de

    règle

    entre

    les membres supérieurs et inférieurs, se

    trouvant étendu sur le dos, il

    lui

    arrive

    souvent de

    contempler ses

    jambes

    dressées verticalement, comme si c'étaient

    des

    objets étrangers.

    Surpris ou, du moins, rendu

    attentif

    par

    l apparition

    et

    les

    déplacements

    de

    ses

    membres dans

    son

    champ

    visuel, l'enfant est donc,

    durant

    cette période,

    incapable

    de les prévoir. Non seulement

    il

    n'existe pas une

    intuition

    primitive et nécessaire

    du corps propre

    sous tous ses aspects et

    dans son ensemble,

    mais

    c'est très partiellement d'abord

    qu'il

    se

    forme des

    associations entre

    les différentes impressions qui

    y

    répondent.

    Le

    travail

    d'ajustement

    entre celles

    qu'offre la perception externe et

    la sensibilité

    proprioceptive est,

    chez un enfant de

    cet âge,

    d autant plus graduel

    et

    sporadique

    que

    son

    état

    persistant

    d'asynergie

    lui

    interdit encore

    de

    rassembler

    instantanément

    en

    un seul

    et

    même équilibre toutes

    ses

    attitudes

    et

    toutes

    les

    parties

    de

    son

    corps.

    Pourtant

    ceux de

    ses

    membres

    qui

    entrent

    dans son

    champ

    extéroceptif ne

    sont

    déjà plus

    comme

    un

    objet

    indifférent

    et quelconque.

    L'enfant sait se sentir

    à la fois

    présent dans l'impression

    visuelle

    et

    dans le membre

    en mouvement,

    d'où la possibilité

    et

    le besoin

    de déchiffrer

    comment

    les deux sensibilités se correspondent.

    Il

    sépare, en

    les regardant, le

    gant

    insensible des

    doigts qui le

    tiennent,

    il regarde ses

    doigts agir. Pareil dédoublement peut être éprouvé même entre les domaines

    dont l'unité pourrait sembler primitive

    et

    irréductible, comme

    entre

    les

    sensibilités dont ses mains

    sont

    le siège.

    Ce

    qui le

    surprend,

    s'il

    saisit

    l'une

    avec

    l'autre,

    ce

    n'est

    ni leur dualité ni

    leur

    similitude,

    dont ses impressions

    visuelles

    ou

    motrices lui donneraient

    une

    intuition

    bien plus

    décisive.

    Ce

    sont

    les effets

    du contact,

    doublement et

    différemment sentis dans

    les

    deux

    mains,

    et

    ce sont les

    correspondances qu'il

    découvre entre

    ces

    effets.

    La

    période

    qui suit

    va de six

    à

    douze mois

    et

    même au-delà.

    Vis-à-

    vis

    du

    monde extérieur, c'est celle où

    l'enfant

    commence

    à

    lui reconnaître

    assez

    de

    réalité

    pour

    en attendre certains effets et pour

    y amorcer

    son

    activité

    en

    quelque sorte complémentaire,

    dont

    le

    résultat est

    de

    l'individualiser

    et d'y faire

    prédominer

    sur les sensibilités

    organiques

    et

    subjectives

    la

    sensibilité

    de relation.

    Prenant

    intérêt

    à l'explorer, à le mettre,

    de façon diverse

    et répétée,

    en contact

    avec

    lui-même, il

    finit par

    lui

    faire produire avec des

    gestes

    prévus

    des

    impressions